Quelle stratégie adopter face aux syndicats ?

Quelle stratégie adopter face aux syndicats ?

Messagede Nico37 » 14 Juil 2010, 12:53

Quelle stratégie adopter face aux syndicats ?

Quelle stratégie adopter face aux syndicats ?
Par Partigiano :: 08/07/2010 à 12:08 :: Textes divers


Les militants révolutionnaires prolétariens ont deux gros boulets à affronter : la bourgeoisie, et les appareils politiques et syndicaux issus du réformisme social-démocrate et du stalinisme. La tâche est particulièrement rude face à ces derniers car ils s’affichent comme des représentants de la classe laborieuse. De plus ils jouissent encore d’une certaine confiance aveugle de beaucoup de travailleurs.

Les militants qui veulent pousser les masses à la révolution prolétarienne mondiale se heurtent à la collaboration de classe des centrales syndicales. La Charte d’Amiens fait désormais parti des archives tabous de la CGT :
« Le Congrès confédéral d'Amiens confirme l'article 2, constitutif de la CGT : " La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat ". Le Congrès considère que cette déclaration est une reconnaissance de la lutte de classe, qui oppose sur le terrain économique, les travailleurs en révolte contre toutes les formes d'exploitation et d'oppression, tant matérielles que morales, mises en œuvre par la classe capitaliste contre la classe ouvrière. » XVe Congrès national corporatif - IXe de la CGT - Amiens, 8-16 octobre 1906.

Les syndicats sont désormais des intermédiaires entre le salariat et le patronat. Les délégués syndicaux sont les négociateurs de la condition ouvrière. Les récupérations par les IIème et IIIème Internationales tout au long du 20ème siècle ont complètement bureaucratisé le fonctionnement et les programmes syndicaux. La perspective révolutionnaire a été remplacée par une adaptation aux conditions d’exploitations capitalistes.

Les centrales syndicales emploient des centaines de salariés, qu’on appelle communément permanent, délégués ou trésoriers. Les syndicats sont de véritables entreprises. Et le but d’une entreprise est de prospérer et non de s’auto-dissoudre à cause d’une révolution victorieuse pour le prolétariat. Les syndicats ont un pouvoir énorme sur les travailleurs. Si ils appelaient à la grève générale demain, beaucoup de mes camarades descendrait dans la rue avec la rage. Mais tel n’est pas leur objectif. Ils ont leurs places bien au chaud et le jeu de la négociation avec les patrons et l’Etat les valorisent dans leurs actions. Ils sont donc cloitrés dans le cadre de la société de classe et du capitalisme.

Il existe donc une différence entre la classe ouvrière et les syndicats. La classe ouvrière doit regarder au-delà du capitalisme, tandis que le syndicalisme est entièrement confiné dans les limites du système capitaliste. Le syndicalisme ne peut représenter qu’une part, nécessaire mais infime, de la lutte des classes. En se développant, il doit nécessairement entrer en conflit avec la classe ouvrière, qui, elle, veut aller plus loin. Anton Pannekoek, Le syndicalisme, 1936.

Dans l’analyse des syndicats, il existe une forme de compréhension abstraite qui associe leurs caractéristiques aux attributs qu’ils avaient lors de la création au siècle dernier. Dans cette interprétation, les syndicats sont considérés séparément de leur processus d’évolution. Ils sont considérés seulement comme des outils défensifs pour les travailleurs dans la défense de leur niveau de vie, de leur situation économique et dans leurs conditions de travail. Pourtant, toute analyse des syndicats doit prendre en considération les points suivants :
- L’évolution historique des syndicats en sections ouvrières des partis bourgeois sociaux-démocrates et réformistes.
- L’évolution d’une bureaucratie conservatrice dans les syndicats et le contrôle des travailleurs par le biais de cette bureaucratie.
- L’installation des syndicats au sein des structures dirigeantes de la bourgeoisie en Europe comme organes pour contrôler les protestations ouvrières, pour prévenir la radicalisation des travailleurs, pour imposer des compromis dans les négociations collectives, pour les assujettir aux mesures d’austérité, à la hausse du chômage et ainsi de suite.
- Dans les périodes révolutionnaires, les syndicats se confrontent aux organisations radicales des travailleurs, comme les conseils et les comités d’usine, particulièrement sous le prétexte d’être les représentants exclusifs et « indépendants » de la classe en ce qui concerne les questions économiques et sociales. De toutes les organisations de travailleurs, dans les périodes révolutionnaires, les syndicats sont du côté de la faction conservatrice (…) Mansoor Hekmat, Conseils ouvriers et syndicats, 1986.



A l’échelle nationale

Les confédérations syndicales sont dirigées par des anciens travailleurs qui sont devenus des gros traitres. Elles ne cessent d’appeler au calme et à la négociation avec leurs homologues du patronat et l’Etat. Elles sont clairement conservatrices et deviennent par conséquent des ennemies de classe pour tous les militants qui aspirent à la révolution.

En tant qu'organisation des couches supérieures du prolétariat, les syndicats, comme en témoigne toute l'expérience historique, y compris l'expérience toute fraîche des syndicats anarcho-syndicalistes d'Espagne, développent de puissantes tendances à la conciliation avec le régime démocratique bourgeois. Dans les périodes de luttes de classes aiguës, les appareils dirigeants des syndicats s'efforcent de se rendre maîtres du mouvement des masses pour le neutraliser. Cela se produit déjà lors de simples grèves, surtout lors des grèves de masse avec occupation des usines, qui ébranlent les principes de la propriété bourgeoise. En temps de guerre ou de révolution, quand la situation de la bourgeoisie devient particulièrement difficile, les dirigeants syndicaux deviennent ordinairement des ministres bourgeois. Léon Trotsky, Programme de transition, Les syndicats dans l'époque de transition, 1938.

Les fonctionnaires syndicaux, du fait de la spécialisation de leur activité professionnelle ainsi que de la mesquinerie de leur horizon, résultat du morcellement des luttes économiques en périodes de calme, deviennent les victimes du bureaucratisme et d'une certaine étroitesse de vues. Ces deux défauts se manifestent dans des tendances diverses qui peuvent devenir tout à fait fatales à l'avenir du mouvement syndical. Rosa Luxemburg : Grève de masse, parti et syndicat, VIII, 1906.



Dans l’entreprise

Les sections syndicales au sein des lieux d’exploitation peuvent être dirigées par des permanents ou des semi-permanents appartenant et influencés par diverses chapelles réformistes ou staliniennes. Certains collègues syndicalistes sont sûrement sincères dans leur volonté d’émanciper les prolétaires du joug capitaliste mais ils ne représentent pas la majorité des adhérents de la section. Les ordres, les outils de propagande et les positions politiques viennent des condéfédérations. Les sections qui veulent faire remonter un point de vue différent sont marginalisées voir exclues.

Les prolétaires peuvent obtenir certaines victoires ponctuelles face à leur patron. Ce n’est pas négligeable car ce sont souvent des périodes de conflit qui régénèrent la solidarité et la conscience de classe entre les collègues. Il faut cependant veiller à ne pas se faire freiner par les sbires peureux aux ordres des confédérations. Les travailleurs en lutte doivent décider par eux-mêmes et pour eux dans des comités de lutte autonomes. Attention aux délégués syndicaux qui vont jouer le jeu du soutien dans un premier temps pour mieux récupérer le mouvement pour ensuite l’endormir et l’anéantir dans des compromis.

Les prolétaires conscients et déterminés doivent toujours penser à la révolution comme objectif primaire à atteindre. Il est certain que chaque conflit dans une entreprise n’amène pas à la révolution mais la propagande faite aux collègues doit aller dans le sens de la remise en cause du système économique capitaliste et du pouvoir politique. Je pense que l’heure n’est plus aux négociations avec la bourgeoisie. Elle nous lamine de tous les côtés. L’heure est à l’affrontement classe contre classe. Et pour l’instant ce sont les bourgeois qui marquent des points.



Que faire ? Quelques idées à développer

Les syndicats sont pourris ; ils peuvent au mieux nous aider pour des luttes locales, ponctuelles et individuelles au Conseil des Prudhommes. Les prolétaires conscients et déterminés (certains peuvent être des syndiqués) doivent se rassembler en groupe autonome et informel sur leurs lieux d’exploitation. Pour arriver à cela, les premières actions doivent être la propagande subversive envers les collègues au quotidien (par exemple la dénonciation des méthodes et de la politique conservatrice des confédérations syndicales) ; et la radicalisation des assemblées générales face à la mollesse syndicale afin de déclencher des réactions chez les collègues.

Biensûr, il faut toujours agir en groupe, ne jamais ouvrir sa gueule tout seul. Les prolétaires qui agiront dans ce sens seront « grillés » par leurs collègues mais aussi par la hiérarchie et les syndicats. Veillez toujours à faire votre travail correctement pour éviter tout reproche ou angle d’attaque de la part des supérieurs. Les syndicats vont réagir de plusieurs façons, soit ils vont « gauchir » leurs discours sous la pression, soit ils vont essayer d’intimider par des pressions et des menaces ; soit les deux possibilités selon le poids des syndicats dans l’entreprise et l’état des luttes en cours.

Le groupe autonome devra faire bloc face aux basses menaces. Plus on montrera de la détermination, plus ils auront peur.
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Re: Quelle stratégie adopter face aux syndicats ?

Messagede Pïérô » 21 Juil 2010, 13:15

Il y a des éléments que je partage ici dans la critique des syndicats et du syndicalisme en général. Mais voilà, le problème c'est que çà ne reste que du général et une analyse trop simplificatrice. La réalité est un petit peu plus complexe, et reflète une diversité qui n'apparait pas ici.
Il y a encore des sections combatives qui se positionnent dans un syndicalisme de lutte de classes à la CGT, et il y a des syndicats, SUDs et CNT, qui font référence au syndicalisme de lutte et de transformation sociale.
Ces espaces sont des outils qui ont le mérite d'exister, alors que les groupes autonomes d'entreprise, et il y en a eu, n'existent pas vraiment. Ces espaces syndicaux offrent aussi une dimension fédératrice et coordinatrice dont ne nous parle pas ce texte, qui n'en reste qu'à de l'auto-organisation à la base.
Pour moi tout cela n'est pas antinomique, d'autant que ces syndicats appellent justement aussi à l'auto-organisation, comités de lutte dans les entreprises et de coordinations locales réunissant syndiqués et non syndiqués à la base. Cà a été le sens d'appels locaux depuis deux ans, et nous avons participé à prendre ce type d'initiative dans le 37, sans résultat réel dans la durée et en terme de développement pour l'instant, et justemenent parce que je pense qu'à un moment, en partant de l'existence de ces appels, il aurait fallu fédérer et coordonner à une autre échelle.
J'aurais préféré donc plutôt que "quelle stratègie adopter face aux syndicat" trouver "quelle stratègie adopter face aux bureaucraties syndicales", parce que notre lutte anticapitaliste pour moi passe aussi et entres autres par le développement d'espaces syndicaux de lutte, et de lutte des classes, dans lesquels le politique, la question du choix de société n'est pas absent. Evidemment, ces espaces ne sont pas suffisants et il nous faut imaginer au dela ce qui reste un outil indispensable à mon sens, et surtout participer à créer des espaces aussi extra-syndicaux (dont évidemment des syndicats et syndiqué-es peuvent faire partie), non seulement localement, mais évidemment aussi à une autre échelle si l'on tient compte de la dimension internationale de notre combat. Il y a du boulot, et je pense que ce texte ne répond pas à grand chose et n'amène pas non plus vraiment beaucoup d'éléments à part une forme d'incantation.
Et je dis "participer à" parce qu'une phrase du texte
texte a écrit:Les militants qui veulent pousser les masses à la révolution prolétarienne mondiale

me gène plutôt. C'est encore un texte de l'ultra gauche, ou de "maos", qui n'arrivent pas à rompre avec le léninisme ?
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Re: Quelle stratégie adopter face aux syndicats ?

Messagede leo » 06 Sep 2010, 10:16

La mécanique de l’institutionnalisation du syndicalisme et ses conséquences…

Des syndicats coupés des salariés,
entretien avec Dominique Andolfatto


Le syndicalisme français peine à recruter. Selon Dominique Andolfatto, il n’y a là aucune fatalité. C’est leur manque d’indépendance financière et leur professionnalisation qui ont éloigné les syndicalistes de leurs bases.
Émiettement entre confédérations, bureaucratisation, faible rajeunissement de ses adhérents… Le syndicalisme français connaît maintes difficultés. Alors qu’en moyenne un quart des salariés européens sont syndiqués (les trois quarts dans les pays scandinaves ou au Danemark), le taux de syndicalisation français s’élève à 7 %.
Selon le sociologue Dominique Andolfatto, l’histoire montre néanmoins qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Avec davantage d’indépendance financière, et une moindre « fonctionnarisation » de leurs représentants, les syndicats français pourraient retrouver vitalité et adhérents…

Le taux de syndicalisation français est aujourd’hui l’un des plus faibles parmi les grandes démocraties occidentales. Peut-on l’expliquer par une faiblesse historique, structurelle, du syndicalisme à la française ?

Absolument pas. C’est un type d’argument bien commode pour normaliser la situation actuelle, mais il est démenti au regard de l’histoire du XXe siècle. À la Libération, près d’un salarié français sur deux était syndiqué et le chiffre est resté proche de 25 % des effectifs salariés jusqu’en 1978. Ces données sont d’autant plus remarquables que durant cette période le taux d’emploi a considérablement augmenté (notamment avec l’arrivée massive des femmes sur le marché du travail). Par ailleurs, le syndicalisme « à la française » était vivant. Il reposait sur de petites cellules regroupées sur le lieu de travail autour de militants actifs. Ces derniers passaient beaucoup de temps au contact des syndiqués, pour collecter les cotisations, gérer les œuvres sociales, défendre individuellement les salariés contre les licenciements, les sanctions, les mutations… Ce syndicalisme de réseau reposait aussi sur une appartenance professionnelle commune (cheminots, instituteurs, ouvriers du livre…), et contribuait ainsi à créer des identités sociales. La vie syndicale était alors intense dans les établissements – tracts, interventions à la cantine, débrayage… – et bénéficiait d’une assez forte participation (bénévole) des adhérents.

Comment expliquer alors les difficultés connues depuis les années 1980 ?

On souligne souvent que le syndicalisme français souffre de problèmes exogènes : le contexte économique, l’individualisme croissant et l’infidélité des salariés, les discriminations de l’employeur qui touchent les syndiqués dans certaines entreprises… Toutes ces explications éclairent le problème, mais ne concernent-elles pas tous les pays industriels ? Or nulle part ailleurs on a assisté à un recul de la syndicalisation aussi important qu’en France. Il faut donc pointer aussi d’autres facteurs propres aux syndicats : extinction des équipes de base, problèmes organisationnels, politisation… Mais surtout, depuis les années 1980, la professionnalisation des syndicalistes les a éloignés des salariés. Ils vivent désormais en vase clos, absorbés par les tâches institutionnelles, en disposant de ressources financières assez abondantes. Le mouvement s’est d’ailleurs accentué avec les lois Auroux (1982) qui facilitent le financement des sections syndicales par les employeurs. Pourquoi les délégués syndicaux se donneraient-ils du mal auprès des salariés pour recruter des adhérents si l’employeur leur fournit toutes les ressources nécessaires ?

Le problème est donc surtout celui de l’indépendance financière…

Tout à fait. En théorie, l’indépendance est selon la loi un critère de représentativité syndicale. Mais en réalité, l’essentiel du financement syndical provient de subventions de l’État, des collectivités territoriales et du paritarisme, mais aussi, on l’oublie souvent, des employeurs. Au final, les cotisations des adhérents ne représentent que 20 % environ des ressources ! Dans les négociations collectives, les représentants syndicaux ne sont-ils pas inévitablement en position de faiblesse quand ils doivent négocier avec un employeur qui les aide en argent ou en nature ?
Ainsi, il serait nécessaire d’enquêter sur le contenu des accords d’entreprise conclus entre délégués syndicaux et employeurs. Car il arrive que des acquis sociaux de l’entreprise soient remis en cause dans des accords qui octroient, aussi, davantage de droits syndicaux aux représentants des salariés…
Il serait nécessaire aussi de faire la transparence sur les postes de détachés syndicaux financés par les entreprises, comme chez Total ou à la SNCF… Jusqu’en 2008, nous étions là dans une zone grise du droit. La nouvelle loi sur la représentativité légalise cela. Or, le principe d’indépendance et, de façon sous-jacente le risque de corruption, supposerait que l’on revienne sur ces pratiques, comme cela a d’ailleurs été fait pour les partis politiques depuis 1995.

La loi d’août 2008 est aussi censée améliorer la représentativité syndicale en la fondant sur le résultat des élections professionnelles. Est-ce un progrès ?

On peut avoir différentes lectures de la réforme. En liant la représentation syndicale, et donc la possibilité de négocier dans l’entreprise, aux résultats des élections professionnelles, la loi contraint les organisations à une remise en cause régulière et à un certain retour sur le « terrain » pour obtenir des voix. De même, en fixant des seuils de représentativité (10 % des votes au niveau de l’entreprise, 8 % dans les branches), elle a tendance à clarifier le paysage syndical français.
Néanmoins, ces seuils contribuent aussi à éliminer les organisations minoritaires, y compris certaines disposant d’une réelle légitimité historique. À la SNCF, la représentation syndicale est ainsi passée de 9 à 4 organisations ! FO et la CFTC ont été éliminées ! Cela peut choquer. Mais l’application de cette réforme interroge aussi la nature du syndicalisme car elle a provoqué un véritable « mercato » parmi les permanents syndicaux. Ceux qui risquent de se faire éliminer du jeu ou dont les positions sont fragiles n’hésitent pas à aller se vendre aux organisations majoritaires. Ces transferts entre organisations mettent à jour un carriérisme assumé…

Dans les débats sur la réforme du « dialogue social », État et organisations patronales semblent jouer un rôle ambigu auprès des syndicats…

Officiellement, chacun souhaite des syndicats « forts ». Mais dans les faits, derrière une vision souvent compatissante, l’État et le patronat souhaitent-ils vraiment remédier aux faiblesses actuelles ? Ils ont surtout tendance à donner toujours plus de ressources aux syndicats, ce qui s’apparente à un piège puisque cela renforce leur institutionnalisation. Regardez l’affaire récente du comité d’entreprise d’Air France, qui a mis à jour un « trou » d’environ 20 millions d’euros dans les comptes, lié à des dépenses fantaisistes des organisations syndicales responsables (1)…
Notons au passage qu’il est difficile de parler de manière indépendante de la question syndicale en France, car lorsque l’on pointe ce genre de problèmes, on est rapidement accusé de « tirer sur l’ambulance » et de contribuer à son tour à la désyndicalisation.

En 2009, la crise financière a provoqué en France des pratiques spectaculaires parmi les salariés : séquestration de dirigeants, menaces de destructions d’usines… Assisterait-on à un renouveau des mobilisations ?

Malgré l’existence de ce type d’actions dures et très médiatisées, il faut d’abord rappeler que la conflictualité a tendance à régresser en France. En 2004, le nombre de jours de grève est tombé à un chiffre historiquement bas : 351 000, soit dix fois moins que dans les années 1970 ! Depuis, la grève a probablement connu un regain (les statistiques publiques ont changé leur méthode sur le sujet), mais la tendance à l’affaiblissement sur longue durée demeure.
À en croire l‘administration du travail, il y aurait effectivement une tendance à la diversification des conflits : grèves perlées, grèves du zèle, refus des heures supplémentaires, pétitions… En fait, ce type de conflits est traditionnel, mais la statistique n’en a jamais été faite avant les années 1990. Il est donc impossible de juger l’évolution de ces pratiques sur le long terme.

NOTE :
(1) Sur le sujet, lire « CCE d’Air France : un trou de 20 millions d’euros », http://www.lefigaro.fr, 11 janvier 2010.

Dominique Andolfatto

Maître de conférences en science politique à l’université de Nancy. Il est notamment l’auteur, avec Dominique Labbé, d’une Sociologie des syndicats, La Découverte, 2de éd. 2007, et de Toujours moins ! Déclin du syndicalisme à la française, Gallimard, 2009.


http://www.scienceshumaines.com/des-syn ... 24988.html
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Re: Quelle stratégie adopter face aux syndicats ?

Messagede abel chemoul » 07 Sep 2010, 22:15

Des syndicats coupés des salariés, entretien avec Dominique Andolfatto


Le syndicalisme français peine à recruter. Selon Dominique Andolfatto, il n’y a là aucune fatalité. C’est leur manque d’indépendance financière et leur professionnalisation qui ont éloigné les syndicalistes de leurs bases.
Émiettement entre confédérations, bureaucratisation, faible rajeunissement de ses adhérents… Le syndicalisme français connaît maintes difficultés. Alors qu’en moyenne un quart des salariés européens sont syndiqués (les trois quarts dans les pays scandinaves ou au Danemark), le taux de syndicalisation français s’élève à 7 %.


Je suis pas allé au delà de ce paragraphe. ça suinte l'hypocrisie. au Danemark et en Suède, les syndicats gèrent les caisses chômages et/ou les caisses de retraites, normal qu'il y ai 75% de syndiqués! c'est pas les mêmes conditions qu'en France. D'ailleurs, dans ces pays les syndicats sont des instruments de paix sociale, ils négocient les régressions sociales, pas étonnant que leurs Etats respectifs les laisse gérer des outils qui pourraient, dans d'autres circonstances, être des outils d'émancipation des travailleurs.
Bref, Andolfatto, c'est soit un réformard pro-cédétisation du syndicalisme français, soit un mec qu'a rien compris à la politique.
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Re: Quelle stratégie adopter face aux syndicats ?

Messagede leo » 08 Sep 2010, 23:20

Comparer le syndicalisme français aux autres syndicats européens est sans aucun doute la partie la plus faible de l'interview.

Ce qui est intéressant par contre, c'est la mise en perspective historique : ce qu'est devenu maintenant, en 2010, le syndicalisme en France par rapport à ce qu'il a été il y a encore 20, 30 ou 40 ans, à quoi cette chute correspond, à quelles logiques cela répond. Aux modifications du capitalisme lui-même, à la configuration des centres de production (la fin de la grande entreprise taylorienne), aux cadres juridiques et institutionnels, aux logiques d'appareils, etc...

Le point de vue est certes partiel, discutable, mais je crois qu'il est assez éclairant sur quelques fondamentaux de la situation du syndicalisme français actuel.

Après, chacun peut conserver ses avis, opinions et convictions sur les possibilités ou non de transformer le syndicalisme (je parle là des "syndicats réellement existant") en autre chose que ce qu'il est.
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