avant garde ou minorité agissante

avant garde ou minorité agissante

Messagede Berckman » 08 Aoû 2008, 15:49

Je propose d'ouvrir un topic specifique sur la distinction à faire à mon sens fondamentale entre la conception de "minorité agissante" et celle "d'avant-garde".
Cela suite aux debats ouverts sur Che Guevara et sur le post de Pia (minoritaires, et alors)...

Il existe en général dans la théorie marxiste deux conception de l'avant-garde :
_ chez les marxistes de tendances conseilliste, l'avant-garde est constituée par la partie du prolétariat la plus consciente d'elle même, donc de ses intérêts de classes, et par là la plus active : elle ne se confond pas avec un parti formel (au sens que nous donnons à ce mot aujourd'hui), mais à un ensemble de prolétaires (non nécessairement organisé formellement ou au sein de la même organisation) qui "prennent partie" (selon l'acception du mot "parti" au XIXème qui ne désignait pas nécessairement une organisation formelle mais un positionnement idéologique).
Cette conception est minoritaire chez les courants se réclamant du marxismes (car la plupart sont socio-démocrates ou léninistes)

_ Chez les marxistes de tendances léninistes ou socio-démocrates, l'avant garde est constituée par le parti révolutionnaire, qui du fait de son usage de la méthode "scientifique" (sic) dégagent les "intérêts historiques" du prolétariat, selon la méthode dialectique matérialiste. C'est donc le parti qui est le dépositaire de la conscience de classe (pour soi), amené au prolétariat de l'extérieur (par les intellectuels marxistes), car la position de la plupart des prolétaires en système capitaliste ne leur permet pas de libérer du temps suffisant pour l'analyse théorique et stratégique (position de Kautsky et de Lénine).
Dans cette conception donc, le parti révolutionnaire est l'avant-garde (éclairée par les soins de la méthode "scientifique" (sic) marxiste) du prolétariat, et ses dirigeant (du fait de l'usage de la méthode scientifique du marxisme), dépositaire de la conscience de classe "pour soi" -le prolétariat n'ayant que la conscience de classe "en soi"- ceux qui expriment les intérêts historiques du prolétariat...
Dans cette acception le parti est ici une organisation formelle hiérarchique, reposant sur les principe du "centralisme démocratique", telle qu'on la connait aujourd'hui (dans les organisations léninistes, maoistes, trotskystes, sociales-démocrates)...

Le second point de vue débouche logiquement sur une vision substitutiste dans laquelle c'est le parti -parce que dépositaire de la conscience de classe- qui agit pour et au nom du prolétariat.
Le premier point de vue, même s'il semble à priori moins directement substitutiste, pose également problème, puisqu'il suppose l'existence "d'intérêts historiques du prolétariat" extérieure aux prolétaires concrets, réellement existants, ce qui renvoit en quelque sorte à l'idée d'une "mission historique du prolétariat" que seuls certains prolétaires seraient amenées à exprimer : soit spontanément (pour les conseillistes les plus spontanéistes), soit par la maitrise des méthodes "scientifique" (sic) du marxisme.
On retrouve ainsi ici aussi une facette idéaliste du marxisme, qui conçoit la classe ouvrière comme un concept et non comme l'ensemble des prolétaires bréels et concrets à un moment historique donné. Dans cette acception, peut importe finalement l'action et l'intérêt de ces prolétaires telles qu'ils l'entendent, leurs aspirations, puisque la conscience de leurs intérêts supposés "réels" "de classe" leur est extérieur, leur vient non de leur pratique quotidienne leur expérience vécue, mais de la théorie "scientifique". C'est donc l'analyse "scientifique" intellectuelle qui détermine à un moment donnée quels prolétaires se trouvent à l'avant-garde.
Le principal problème c'est que donc dans les deux cas c'est la classe intellectuelle qui est dépositaire de la conscience en soit du prolétariat, du simple fait que celle-ci émerge d'une analyse "scientifique" dont la plupart des exégètes sur le plan théorique sont des intellectuels :
Autre aspect critique de la conception "conseilliste" de l'avant-garde, elle ne peut être composé que d'ouvriers puisque elle correspond à l'idée que la classe ouvrière est la classe révolutionnaires : les autres travailleurs et travailleuses (paysan-ne-s, employé-e-s) sont de facto écarté-e-s de cette "avant-garde" en acte, puisqu'ils ne font pas partie de la "classe révolutionnaire" (en soi)

_ Les minorités agissantes : elle sont composé des travailleurs et des travailleuses qui agissent dans les luttes, immédiates, réformistes, révolutionnaires . Tous les travailleurs et les travailleuses n'agissent pas (la situation de classe ne produisant pas mécaniquement l'entrée dans la lutte), ou du moins pas tout le temps. Toutes et tous ne partagent pas les mêmes manières d'agir, la même représentation de leurs intérêts, la même conception de la manière d'en finir avec leur situation d'exploité-e-s. Certaines et certains pensent qu'une révolution est nécessaire, d'autre que le système politique et sociale capitaliste et étatique est aménageable dans le sens de leur intérêts, par la voie réformiste.
Les minorités agissantes ne se situent pas en dehors et/ou au dessus des travailleuses et des travailleurs, ce sont celles et ceux des travailleuses et des travailleurs qui prennent des initiatives, non pas au nom des classes travailleuses ou d'une "mission" historique, mais pour elles mêmes, défendre leurs propres intérêts... Parmi ces minorités agissantes, les anarchistes (ou tout du moins les anarchistes-communistes) sont une force de propositions et d'actions qui se rejoignent sur la base de principes, de perspectives et de méthodes antiautoritaires et révolutionnaires : ils et elles n'aspirent pas à dirigier les mouvements de luttes ou la société, mais à défendre des idées et des stratégies concernant l'organisation sociale, ainsi que le changement social, ses méthodes et ses buts.
Cela ne signifie ni attendre d'être majoritaire pour agir, ni agir au nom des autres ou en nom et place d'une classe sociale (non comme concept, mais comme réalité sociale), ni refuser les discussions stratégiques : comment faire pour que les actions entreprises ne s'annulent pas les unes les autres mais au contraire s'enrichissent et se renforce les unes les autres, quelles actions tendent à élargir et developper les luttes ou au contraire à les étouffer, etc...
Le fait de ne pas attendre d'être majoritaire pour agir (agir est une nécessité immédiate) n'est pas contradictoire avec la nécessité d'articuler ces actions avec une autre necessité : celle de diffuser plus largement certaines idées et méthodes, car une révolution sociale n'est possible que si certaines aspirations, idées, méthodes et pratiques cessent précisément d'être minoritaires.
Bref agir ici et maintenant n'empêche pas au moment de choisir les moyens d'actions de réfléchir sur une base très simple : ce type d'action contribue t'il à élargir l'opposition au capitalisme, à l'état et à la domination en général, crée t'il des ponts, ou au contraire des murs, des limites, de l'isolement ?....
Cette préoccupation est la base de l'anarchisme social...

En rab, un petit extrait de l'anarchisme aujourd'hui, sur ce problème...
Par ailleurs, les résultats obtenus étant conditionnés par les méthodes employées, nous affirmons que la fin ne justifie pas les moyens mais qu’elle y est contenue. L’avant-gardisme, qui correspond au rôle dirigeant d’une “élite auto-proclamée” sur la “masse”, est contre-révolutionnaire par essence.

Aucune formation idéologique, aucune organisation ne pourra émanciper les individus en leur imposant l’obéissance, en les dirigeant. Cette vision des choses conduit au résultat inverse: elle tue toute liberté, fait naître de nouveaux chefs, pires que les précédents!Notre émancipation ne pourra se faire que par notre propre action, directe, c’est-à-dire sans charger quiconque de nous conduire, de nous guider! Au concept d’avant-garde, nous opposons ceux de “forces d’influences” et de “minorités agissantes”. Selon les contextes, il existe en permanence des individus, des groupes, des organisations qui prennent des initiatives, qui jouent, à un moment donné, des rôles d’instigateurs, de catalyseurs.

C’est dans ce sens que les organisations anarchistes spécifiques sont indispensables à la construction et à la politisation d’un mouvement social révolutionnaire. C’est aux militant(e)s anarchistes de se regrouper pour constituer un pôle d’influence: pour convaincre, pour apporter critiques, analyses et propositions anarchistes, pour défendre les principes d’auto-organisation, pour impulser des luttes sur les bases de la révolution sociale... Mais ces organisations ne peuvent et ne doivent prétendre à l’encadrement ou à la direction de ces mouvements.
In "L'anarchisme aujourd'hui"
Berckman
 

Re: avant garde ou minorité agissante

Messagede Clown » 08 Aoû 2008, 16:44

Juste comme ça, lorsque tu parles de "minorités agissantes" (terme dans lequel je me reconnais globalement), tu inclus les chômeurs dans la "classe" des travailleur-ses ?

:wink:

Sinon je suis d'accord avec la fin de ton texte, sur le fait qu'action et propagation (orale ou écrite) de la théorie ne sont nullement incompatibles.
Clown
 

Re: avant garde ou minorité agissante

Messagede Berckman » 08 Aoû 2008, 17:07

Juste comme ça, lorsque tu parles de "minorités agissantes" (terme dans lequel je me reconnais globalement), tu inclus les chômeurs dans la "classe" des travailleur-ses ?

Nan ! D'abord, les chomistes c'est rien keu des fainéants, pi c'est trop pauvre et ça paie pas ses cotis' syndicales, alors zou, du balais, pas de ça chez nous !
:lol:

Plus sérieusement : oui évidemment. Pour moi les chômeurs-euses sont des "travailleurs et travailleuses sans emploi" : CQFD : la plupart des chômeuses et chômeurs sont des prolétaires précaires, qui alternent période de chômage et missions intérim, contrats précaires, etc...
Je pense que ça a été justement le travail idéologique du pouvoir d'en faire une catégorie à part (aidé en cela par les bureaucraties syndicales qui en participant à la gestion répressive des caisses ASSEDICS contre les chômeurs, en se contrefoutant de la situation des chômeurs et chômeuses du fait d'une conception clientéliste du syndicalisme, etc...), ce qui permet de monter les "travailleurs stables" (sic) contre les "chômeurs", sur le bon vieux modèle du diviser pour mieux règner...

:wink:

Sinon je suis d'accord avec la fin de ton texte, sur le fait qu'action et propagation (orale ou écrite) de la théorie ne sont nullement incompatibles
Je ne parle pas uniquement de propagation en terme d'idée, mais de propagation sociale, c'est à dire le soucis permanent d'élargir les mouvements de luttes, de les sortir de l'isolement, de les décloisonner (car l'inverse permet à l'état de réprimer plus facilement, sans trop de conséquences négatives pour lui)
Berckman
 

Re: avant garde ou minorité agissante

Messagede Clown » 08 Aoû 2008, 17:44

Le problème du décloisonnement des luttes, c'est que, malgré les efforts que l'on peut faire dans ce sens ( et qui reste une oeuvre de diffusion), en dernier recours, cela repose sur ceux et celles qui ne participent pas encore à telle ou telle lutte, te qui potentiellement pourrait s'y joindre. En dernier recours, c'est le choix de ces personnes de décider si elles vont ou pas lancer une lutte elles-mêmes, ou se joindre à une lutte déjà lancée.

Des grévistes qui luttent sur leur site de travail, ils sont aussi "minorité agissante", et comme n'importe qui d'autre, ils ne peuvent pas faire en sorte, d'un coup de baguette magique, que la population de la ville ou se situe leur usine (par exemple) les rejoignent. Ils peuvent balancer 10 000 tracts aux gares, dans la rue, mais en derniers recours, c'est aux gens qu'il revient la responsabilité de se solidariser, et la meilleure façon de se solidariser, c'est d'initier d'autres luttes, à d'autres endroits.

J'aurais pas du employer le terme "théorie", parce qu'on parle de la même chose: la propagande d'idées est une propagnade sociale; à l'inverse, propager des témoignages de lutte permet aussi de diffuser une idée: "seule la lutte paye".
Clown
 

Re: avant garde ou minorité agissante

Messagede RickRoll » 08 Aoû 2008, 21:24

Ce texte est très intéressant, et comme le dit clown, le problème réside dans ce que les gens ne veulent pas forcément suivre les minorités agissantes. Même si personne ne remet en cause leur liberté de lutter ou non.

Ya un sociologue qui appelle ça les "passagers clandestins" des gens qui ne prennent pas de risques dans la lutte (parce qu'ils ne veulent pas), mais recueillent quand même les fruits de cette lutte. Ils laissent les autres lutter pour eux.
RickRoll
 

Re: avant garde ou minorité agissante

Messagede Clown » 09 Aoû 2008, 10:19

La délégation de la lutte fait malheureusement partie et n'échappe pas au système de délégation de la vie entière. C'est un mécanisme qu'il faut briser.
Clown
 

Re: avant garde ou minorité agissante

Messagede Vilaine bureaucrate » 10 Aoû 2008, 03:05

Bonjour. Après ça, je comprends mieux, :wink: .

Parmi ces minorités agissantes, les anarchistes (ou tout du moins les anarchistes-communistes)
les autres anarchistes attendent?

Je suis d'accord avec ce que tu dis ainsi que le texte.

Je pense que ça a été justement le travail idéologique du pouvoir d'en faire une catégorie à part (aidé en cela par les bureaucraties syndicales qui en participant à la gestion répressive des caisses ASSEDICS contre les chômeurs, en se contrefoutant de la situation des chômeurs et chômeuses du fait d'une conception clientéliste du syndicalisme, etc...)

"les bureaucraties syndicales qui en participant à la gestion répressive des caisses ASSEDICS contre les chômeurs" Par contre ça je n'ai pas compris.
"en se contrefoutant de la situation des chômeurs et chômeuses du fait d'une conception clientéliste du syndicalisme" les syndicats de chomeurs ça existe je crois. Ya la CGT-chomeurs, ya meme la CGT pour les retraités.. Enfin concernant les syndicats je te rejoins, on en a deja parlé.
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Re: avant garde ou minorité agissante

Messagede Berckman » 10 Aoû 2008, 15:12

les autres anarchistes attendent?
Non, mais je doute que les individualistes se conçoivent comme une force de proposition a l'echelle sociale. Quand aux anarchosyndicalistes, pour moi ce sont des anarchistes-communistes qui ont choisit un outil partculier, le syndicat (ou l'anarchosyndicat), comme se suffisant à lui-même sur le plan organisationnel pour l'ensemble des luttes.



"les bureaucraties syndicales qui en participant à la gestion répressive des caisses ASSEDICS contre les chômeurs" Par contre ça je n'ai pas compris.
Les ASSEDICS sont gerées paritairement par des représentants du patronat et des syndicats. En l'etat de la bureaucratisations des grosses confederations, cela signifie par des représentant de la bureaucatie syndicale). Ces representant - et donc les bureaucraties- sont donc co-decisionnaires des mesures répressives contre les chômeurs (radiations, reductions des allocations, mesures accrues de contrôle, etc...)
"en se contrefoutant de la situation des chômeurs et chômeuses du fait d'une conception clientéliste du syndicalisme" les syndicats de chomeurs ça existe je crois. Ya la CGT-chomeurs, ya meme la CGT pour les retraités.. Enfin concernant les syndicats je te rejoins, on en a deja parlé.

Bien sur : c'est pour cela que je parle des bureaucraties syndicales et non des syndicats : je n'ai pas dit que "les syndicats se contrefoutent de la stuations des chômeurs" mais que les bureaucraties syndicales se contrefoutent de la situation des chômeurs. Enfin, la création d'un syndicat CGT chômeurs n'a jamais rien eu d'évident au départ, et la bureaucratie confédérale CGT s'y est résignée par crainte de se laisser déborder par les regroupement autonomes de chômeurs lors du mouvement des chômeurs
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Re: avant garde ou minorité agissante

Messagede Vilaine bureaucrate » 10 Aoû 2008, 15:30

Vilaine bureaucrate a écrit:
Bien sur : c'est pour cela que je parle des bureaucraties syndicales et non des syndicats : je n'ai pas dit que "les syndicats se contrefoutent de la stuations des chômeurs" mais que les bureaucraties syndicales se contrefoutent de la situation des chômeurs. Enfin, la création d'un syndicat CGT chômeurs n'a jamais rien eu d'évident au départ, et la bureaucratie confédérale CGT s'y est résignée par crainte de se laisser déborder par les regroupement autonomes de chômeurs lors du mouvement des chômeurs
ah ok. merci.

bon j'ai une question.. :mrgreen: Un autonome qui lutte avec les sans pap', il n'a pas de conscience de classe (evident oui ^^) alors pourquoi il lutte? Il partage quand meme les choses en dominés et dominants, sans idéalisation et biensurs sans penser que tous (je ne parle plus des sans pap' en particulier) seraient près a lutter, et tout en sachant qu'ils pourraient meme etre des opposants. Et comment tu appelles ça? c'est pas de la conscience de classe, puisque la conscience de classe serait exclusivement dictée par un parti.
Modifié en dernier par Vilaine bureaucrate le 10 Aoû 2008, 15:36, modifié 2 fois.
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Re: avant garde ou minorité agissante

Messagede Alayn » 10 Aoû 2008, 15:33

Bonjour ! Je confirme: la CGT voyait d'un très mauvais oeil les Comités CGT-chômeurs. Elle ne faisait pas grand-chose pour les soutenir et faisait même plutôt tout pour les freiner.

Nous avons bien vu ce phénomène lors du mouvement des chômeurs(ses). A tel point que par exemple, ici en Creuse, à l'époque, lors de l'occupation des ASSEDIC et de la mairie (+ de 15 jours tout de même) le délégué CGT se demandait s'il n'allait pas jeter sa carte à la poubelle !

Les Comités CGT-chômeurs étaient loin aussi d'être les plus combatifs. Vite rebriefés par les grands pontes des fédérations...

Salutations Anarchistes !
Alayn
 

Re: avant garde ou minorité agissante

Messagede Sins We Can't Absolve » 10 Aoû 2008, 16:47

Berckman a écrit:Non, mais je doute que les individualistes se conçoivent comme une force de proposition a l'echelle sociale.

Effectivement, vu que les individualistes ne cherchent pas à imposer un quelconque modèle social...
Sins We Can't Absolve
 

Re: avant garde ou minorité agissante

Messagede Berckman » 11 Aoû 2008, 15:26

Sins We Can't Absolve a écrit:
Berckman a écrit:Non, mais je doute que les individualistes se conçoivent comme une force de proposition a l'echelle sociale.

Effectivement, vu que les individualistes ne cherchent pas à imposer un quelconque modèle social...

J'adore le raccourcis et l'amalgame entre se concevoir comme une "force de proposition" et "chercher à imposer un modèle social"...
Berckman
 

Re: avant garde ou minorité agissante

Messagede Berckman » 11 Aoû 2008, 16:04

bon j'ai une question.. :mrgreen: Un autonome qui lutte avec les sans pap', il n'a pas de conscience de classe (evident oui ^^) alors pourquoi il lutte? Il partage quand meme les choses en dominés et dominants, sans idéalisation et biensurs sans penser que tous (je ne parle plus des sans pap' en particulier) seraient près a lutter, et tout en sachant qu'ils pourraient meme etre des opposants. Et comment tu appelles ça? c'est pas de la conscience de classe, puisque la conscience de classe serait exclusivement dictée par un parti.

Non, je n'ai jamais dis que la conscience de classe serait exclusivement dictée par un parti : j'ai dit que c'était là la vision léniniste.
Pour moi la conscience de classe est justement le résultat d'une prise de conscience autonome des travailleuses et travailleurs (pas le résultat d'un enseignement extérieur d'une "vérité scientifique" sur la "mission historique" du prolétariat, sur ses "intérêts"), et cette conscience "en soi" est liée à l'expérience quotidienne des conditions d'exploitations capitaliste et étatique (prise de conscience de la position sociale), à la mutualisation avec d'autres de cette expérience, qui permet de se rendre compte que cette condition n'est pas individuelle mais commune. Cette mutualisation est l'oeuvre de mécanismes multiples, mais parmi ceux-ci les luttes jouent un rôle important, car elles favorisent la circulations d'idées, à partir de questions stratégiques ou tactiques, qui imposent des discussions.

Il y a des intérêts communs basiques qui fondent la conscience de classe, et qui ont émergé des luttes ouvrières et non pas du cerveau de quelques "intellectuels révolutionnaires" ou "scientifiques" ayant prétenduement découvert la "loi historique" : Travailler moins (= perdre moins sa vie pour un patron), gagner plus (= reprendre le plus possible de ce que le patron vole), avoir du contrôle sur son outil de travail et sa production, l'organisation de son travail (= mettre la production au service du producteur, et non du profit) : y correspondent les grandes revendications historiques du mouvement ouvrier : baisse du temps de travail, augmentation des salaires, contrôle ouvrier sur les outils de production. Or ces revendications sont justement en elles-mêmes contradictoires avec les intérêts capitalistes, puisque le but des capitalistes c'est "faire travailler plus, payer moins, contrôler la totalité du processus de production et son organisation"...
Berckman
 

Re: avant garde ou minorité agissante

Messagede Alayn » 11 Aoû 2008, 16:15

Bonjour ! Sur ce point, perso, je nuancerais:

-A mon sens, le courant individualiste effectivement ne cherche pas ou n'a pas un "programme" fédérateur comme peuvent l'avoir plus les communistes-libertaires ou les anarchistes sociaux, mais je pense quand même que le courant individualiste (qui a avant tout la préoccupation de l'individu et sans être un courant de pensée égoïsto-individualiste au sens péjoratif du terme) a quand même réalisé quelques expériences collectives très intéressantes. Je pense notamment aux communautés libertaires, aux Milieux Libres, etc...

-D'un autre côté, je ne pense pas non plus que le communisme libertaire ou l'anarchisme social cherchent à imposer des modèles sociaux. Ils proposent des formes d'organisation (synthésiste, plate-formiste, etc...).

Par contre, celles et ceux qui semblent en dehors de ces 2 conceptions sont par définition les autonomes que je vois plus comme des situs...Quoique encore çà reste assez aléatoire...

Salutations Anarchistes !
Modifié en dernier par Alayn le 11 Aoû 2008, 21:00, modifié 1 fois.
Alayn
 

Re: avant garde ou minorité agissante

Messagede Pïérô » 11 Aoû 2008, 18:07

:v: ah oui, ah oui !... et merci, merci... :prier:

Désolé pour cette forme d'éffusion camaraderesque (liée à l'amitié et la fraternité, et toute proportion gardée dans la mesure où Alayn et moi ne nous situons pas dans la même tendance, en même temps que le terme "anarchisme social" peut nous unir, ce qui a été le cas à la FA).
J'en ai un peu marre (même si çà peut m'amuser quand même parfois :wink: ) de passer pour le communiste-libertaire "hard core" du coin, alors que je me tue depuis un moment à expliquer cette "géographie" du mouvement, et essaie, en restant dans la réalité du possible, de proposer de construire du lien et du liant, tout en interogeant des tendances "extraterrestres", voire des espèces jusqu'ici inconnues...ce qui n'est pas le cas d'un certain individualisme dont tu parles ici Alayn.
Voilà, pour l'effusion, mais effusion qui montre bien qu'il peut y avoir un possible et un avenir entre différentes sensibilités, à condition de le vouloir...
Et donc, je trouve que Berckman a eu raison de relever ce raccourcis de Sins, raccourci qui va, pour moi, justement dans le sens contraîre...!

Et dans le cadre des minorités agissantes,ce qui est actuellement un peu notre lot quotidien, il est évident que nous devons tendre dans nos pratiques à un dépassement de cette situation, pour construire des organisations libertaires plus conséquentes, un mouvement libertaire fédéré qui porte et pèse, et contribuer à développer des mouvements de masses, appeler à et permettre des convergences, et participer à construire non seuleument un front de luttes, mais aussi un mouvement anticapitaliste d'ampleur, en y apportant du sens et du contenu, et notamment en terme de projet de société.

Et on se trouve là au coeur de la question sur les minorités agissantes :

Est-ce que c'est pour se faire plaisir, jouer au rebelle, et être condamné à disparaître dans les poubelles de l'Histoire, ou justement pour participer à construire cette Histoire...?

Et je rajouterais bien que celà peut être un des enjeux de ce forum...
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