willio a écrit:Durruti a écrit:Un bien numéraire est simplement un bien qui sert d'unité de mesure de valeur des autres biens. Par exemple, dans les sociétés antiques, certaines statuettes faisaient office de bien numéraire. Chaque bien produit avait une valeur exprimée en statuette et ceci permettait donc d'établir une échelle de valeur des biens et donc des échanges. Il n'y a donc aucun intérêt à accumuler un bien numéraire puisqu'il n'a pas de valeur en soi mais constitue au contraire une mesure de valeur des autres biens.
J'avoue ne pas comprendre. Que tu comptes en statuettes, en coquillages, ou en pièces de monnaie, plus tu possèdes de ce bien numéraire, plus tu possèdes potentiellement de biens matériels, car il y a équivalence entre les deux.
Durruti a écrit:Oui du moment que cela ne nuit pas à autrui.
Ok c'est l'idée que je me fais de la possession.
Durruti a écrit:Apparement tu es contre le fait de possèder un bien si on ne l'utilise pas c'est-à-dire qu'on ne le consomme pas. Mais ceci n'est pas applicable. Imagine : je possède un vélo. D'après toi je n'ai pas le droit de le conserver quand je ne l'utilise pas. Donc finalement je n'ai pas le droit de possèder un vélo puisque ceux-ci appartiennent à la société qui m'en distribue seulement quand j'en ai besoin (je passe sur la difficulté et la pertinence d'établir les conditions qui déterminent si l'on a besoin ou non d'un vélo). Autre exemple : un lit. Je possède un lit. Mais je n'ai pas le droit de le conserver quand je ne l'utilise pas. Donc avec le même raisonnement je ne peux posséder un lit que lorsque je dors dedans.
Ce qui tu dis ne peut s'appliquer que dans un chant très restreint : les biens qui s'auto-détruisent lorsqu'ils sont consommés c'est-à-dire la bouffe. Mais là encore je trouve très liberticide de tenir comme raisonnement : "tiens, on te distribue de la bouffe proportionnellemnt au travail que tu as accompli pour la société, mais tu n'as pas le droit de la stocker, tu dois la manger".
En effet il faut préciser ce que signifie "se servir" de quelque chose. C'est un peu comme l'histoire de la brosse à dents dont j'ai parlé plus haut, il ne faut pas prendre ça à la lettre, ça n'a aucun sens.
Et par exemple pour le vélo, il me semble qu'on peut produire suffisamment de vélos pour tout le monde.
Mais prenons l'exemple des tondeuses à gazon. Regarde comme c'est débile de voir tous ces petits particuliers avec chacun leur tondeuse qu'il sortent deux fois par mois pour tondre leurs 20 m² d'herbe... C'est typiquement quelque chose qui n'a pas besoin d'appartenir à quelqu'un. On pourrait très bien en mettre à disposition une demi-douzaine par quartiers, que chacun pourrait venir chercher quand il en a besoin.
Pareil pour les voitures (si elles sont toujours autorisées), ça coûte énormément en travail et en énergie à la production, pourquoi ne pas aller prendre une voiture dans un parking commun au lieu de prendre la sienne alors que celle de son voisin dort inutilement dans son garage 300 jours par an ?
Pour les vélos idem mais je pense quand même que si l'utilisation est assez fréquente, ce qui est probable en anarchie, il serait plus pratique d'en produire suffisamment pour tout le monde.
Pour le lit, évidement que tu n'es pas toujours dedans, mais tu y es régulièrement, ça suffit à justifier que tu puisses le garder. Pareil pour la bouffe, tu peux en accumuler pour des raisons pratiques, sachant que tu la mangera un jour ou l'autre.
Plus globalement, tout est question d'appréciation et il va de soi que la plupart des objets courants doivent pouvoir appartenir entièrement à soi. C'est dans le cas où l'individualisation des objets devient débile (tondeuses, voitures, gros outils de bricolage...) qu'il faut songer à une rationalisation de leur utilisation, qui passe par une mise en commun.
Et dans les deux cas (objets persos ou partagés), je pense qu'il faut permettre d'y accéder non pas par la monnaie ou une soit disant mesure de l'effort mais par les besoins et bien sûr les capacités productives que se fixe la société.
De plus la première démarche reviendrait à sacraliser le travail, à rendre l'effort source de bonheur, avec toutes les dérives qu'on connaît. Je pense d'ailleurs qu'une bonne part de notre vision d'une société libertaire est tronquée par l'importance qu'on donne aujourd'hui au travail.
Je suis convaincu que quand celui ci aura retrouvé sa place de simple moyen et de parenthèse dans la journée, on trouvera ridicule de se demander si machin en a fait plus que bidule, et si le travail de truc aujourd'hui était plus pénible que celui de machin demain...
L'égalité ce n'est pas tout décompter et partager rigoureusement, l'égalité c'est un esprit. C'est un esprit solidaire, où justement la souplesse et l'inexactitude sont les piliers de l'égalité. Et dans cet esprit, le travail n'est plus un problème, il devient un plaisir.