Prison ?

Re: prison?

Messagede charlelem » 15 Fév 2010, 08:42

Roro a écrit: Et perso, si un mec bute un pote, en ce qui me concerne, si on me dit "il faut discutter avec lui, calmement" ben sorry, mais au mieux, ce sera les deux genoux pétés.

C'est pas aussi simple que ça, je ne te souhaite d'être confronté à ce genre de problème mais tu risques d'être surpris par tes réactions.
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Re: prison?

Messagede Tuxanar » 15 Fév 2010, 11:41

En faite, je pense que le problème de la prison est lié de manière totale à celle du reste de ce qu'on appelle aujourd'hui la procédure pénale. C'est à dire l'arrestation + l'enquête + le procès + la sanction (si condamnation il y a).

Bien que la prévention soit la meilleure solution. Il ne faut pas se voiler la face, il y aura toujours des délits, des crimes. Il n'y a qu'à voir les moyens de transports, même à vélo, je pourrais blesser quelqu'un sans le vouloir, j'imagine aussi qu'on se contrôle moins quand on est bourré, sans compter les fous dangereux comme Francis Heaulme ou Patrick Henry.

Dans ce cas comment on fait dans une société libertaire ?

On laisse passer le comportement en lui disant "au revoir, va faire tes conneries ailleurs" ?

Comment on va enquêter sur le comportement ? Je rappelle que dans le cas des serial killer genre Francis Heaulme, des accidents de la route, on retrouve pas le coupable tout de suite. Il ne faut donc pas éluder cette question.

Avant d'avoir un coupable, il faut d'abord juger un homme. Donc comment on va le juger ? un arbitre ? Un jury populaire ? Des mandatés exprès ?

Et enfin, la question qu'on se pose actuellement, quelle est la sanction qu'on peut appliquer ? Prison ? mutilation ? exclusion ? Je rappelle que l'exclusion est aussi une limitation du droit de circuler puisqu'on interdit à quelqu'un d'aller dans un lieu précis.
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Re: prison?

Messagede RickRoll » 15 Fév 2010, 22:20

Je suis plutôt sur la position d'abel, de tuxanar et de roro. Bien que comme le dise charlelem, on ne sait pas vraiment ce qu'on ferait dans une telle situation.

Pour ma part, je ne m'interdis pas de m'interroger sur un moyen libertaire de faire respecter des règles communes, contrairement à fabou ou kartoch. Je me demandais d'ailleurs comment ça se fait que vous ayez l'air de penser qu'il ne peut exister de sanction libertaire à une injustice. Vous l'avez lu où ?
Et puis aussi je me demande comment vous gérer la contradiction entre certains de vos discours (je pense en particulier au discours pro-violence dans les manifs de kartoch, genre on va se colleter les flics) et vos idéaux anti-coercitifs ? Est-ce que vous hiérarchisez les atteintes à la liberté et considérez qu'un flic qui vous tape c'est plus grave qu'une personne qui viole ? Ou bien vous n'avez jamais réfléchi à la question tellement ça vous paraît une évidence que les flics = méchants et violeurs = victimes du système carcéral ?
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Re: prison?

Messagede Pïérô » 15 Fév 2010, 23:15

J'ai du mal à me retrouver dans ces échanges, comme dans ce qui est développé, enfin le peu qui est développé. Entres ceux qui se la jouent plus anar que moi tu meurts, sans apporter le moindre élément participant à étoffer le projet de société libertaire qu'il me semble important de développer, et ceux qui posent des questions, se posent des questions, ce qui est déjà mieux, mais semblent jouer aussi dans la caricature, n'y aurait-il pas des pistes à élaborer ? Le projet communiste-libertaire aurait pourtant bien besoin que l'on s'attache à ce type de questions récurentes, et d'une manière un peu plus conséquente, en terme de contenus comme en terme de propositions, d'éléments, de pistes.

Il y a eu d'autres topics, hérités du changement de forum avec la base de donnée du défunt "forum anarchiste" première mouture, dans lequel on retrouve un début de réflexion, sans plus d'avancée d'ailleurs. Dans l'un on retrouve un lien vers le FMR, dans lequel un camarade anarchiste, berckman, tentait justement d'apporter des éléments par un libertaire : http://revolution.celeonet.fr/index.php ... c=8429&hl= . Je met là donc ce post en question et questionnement collectif et élément d'élaboration collective :

Je me permets de me joindre à la discussion. Je ne suis pas entièrement d'accords avec la façon dont tu amène les choses, contout, même si je pense que nous nous retrouvons sur le fond (sans surprise . Tu dis que tu es contre des institutions judiciaires dans une société libertaire. Pourtant peu après, tu réponds à la question "qui prends les décisions ?" : "une justice autogérée localement", ce qui me semble contradictoire.
Il s'agit bel et bien d'une institution judiciaire (c'est à dire d'un outil de décision). Ce qui a mon avis diffère fondamentalement entre la logique étatiste et la logique libertaire, c'est le caractère permanent pour l'une, délimité dans le temps pour l'autre de cette institution. c'est la question de la spécialisation :faut il ou non un corps judiciaire permanent, c'est à dire un corps dont c'est le métier. L'existence d'un corps permanent pose tout simplement le problème :
1/ du non contrôle de ce corps par sa permanence même
2/ des logiques de défenses des intérêts du corps et des individus qui le compose passant avant les intérêts "supérieurs" de la justice en tant que valeur indissociablement lié, pour les libertaire, à la notion d'égalité sociale et économique.

C'est justement ce qui fait que l'Etat et ses fonction régaliennes, police justice armée, ne peuvent être des instruments neutres tout simplement parce qu'elles reposent sur des individus de chair avec leurs intérêt bien matériels, individuels, économiques, politiques et sociaux, et parce qu'elles correspondent à des intérêts qui n'ont rien à voir avec de quelconque valeur.
Ca c'est pour la phase "critique de l'institution judiciaire permanente -étatique- actuelle".
si on y ajoute les critiques des bases sociales de la criminalité :
Economiques pour le vol
Patriarcales (politico-socio-économique) pour les agressions sexuelles et les viols

On peut dès lors effectivement dire qu'on ne peut combattre la criminalité -ou déviance- qu'en s'attaquant à ses racines : capitalisme, patriarcat, mais aussi étatisme.

Dans une société ou le vol est permanent et légal (la plus-value apropriée), dans une société dont les valeurs sont la domination des femmes par les hommes et leur exploitation économique, sexuelle, sociale, la lutte contre ces phénomène nécessite
1/ de raisonner hors des critères de la légalité : ce qui est légal n'est pas forcément juste. Ce qui est illégal n'est pas forcémment injuste. toute société est basé sur un droit formel, qui lui même est basé sur un droit positif (principes liées à des valeurs et à un consensus social)
2/ De saisir que combattre les logiques de domination et d'exploitation dont les viols et les meurtres sont des éléments passe par l'abolition des systèmes sociaux qui les alimentent
3/ De remmettre en cause la lecture étatiste d'un certain nombre de fait qualifiés comme "crimes" ou "délits" : de quoi parle t'on ? aujourd'hui il est "légal" d'assassiner des gens sous prétexte de "guerre" ou de "pacification" ou de "maintien de l'ordre". Est-ce juste ? Aujourd'hui il est "légal" de voler quotidiennement le fruit de leur travail au travailleurs-euses, de détourner l'argent public. Il ne l'est pas de voler de quoi manger dans un magasin.
Une lecture libertaire serait d'analyser les phénomène en terme de domination : l'acte est il facteur de domination ou s'oppose t'il à une logique de domination. Un même fait (je ne parle pas ici pour les viols, que je traiterais à part) peut avoir une signification bien différence selon les protagonistes qu'il met en jeu.
Ex : le vol : Qui vole ? qui est volé ? si celui qui vole est un travailleur sous payé, et celui volé est un patron qui s'engraisse sur le boulot des prolo, peut on parler de vol ou de restitution.
le meurtre : l'acte d'une femme qui tue son mari qui la bat en se défendant n'a pas la même signification qu'un mari qui tue sa femme dans un cadre de violence conjuguale. Dans un cas, c'est une logique de défense, dans l'autre une logique de domination.

Si on remet en cause les base sociales, et qu'on aboutit à une situation égalitaire au niveau économique et social (société communiste libertaire), on ne supprime pas les déviances mais
1/ On les réduit de fait en supprimant les bases sociales qui la sous tendent
2/ Elles changent de sens : quand la société assure à toutes et tous la possibilité de vivre de manière égale et digne (selon le principe "de chacun selon sa capacité, à chacun selon ses besoins", le vol ne peut plus être lu comme un acte de survie, mais à l'instar du capitalisme, comme l'apropriation du travail d'autrui. et la société doit se défendre comme elle se défend contre tout exploiteur.
De même, la révolution n'abolira pas "miraculeusement" les logiques patriarcales. Ce sont sur ces représentations genrées que se développent les logiques qui sous tendent les agressions sexuelles"objéification des femmes, apropriation des corps, dictat du désir masculin, construction d'un rapport à la sexualité fondé sur la "légitimité " patriarcale de la satisfaction masculine immédiate". Ce sont ces logiques qu'il faut combattre, parce qu'il y a un lien direct entre les représentation liées à la sexualité (représentation guérrière, négation de l'humanité des femmes par les processus d'objeification) et les logiques de domination et d'agression sexuelles, entre les processus psychologiques et sociaux de la violence-domination (dénigrement, images des femmes liées à la soumission, harcèlement, insulte) et leur aboutissment physique (coups, crimes "passionnels"(sic) en fait possessionnels-patriarcaux).
c'est une lutte qu'il nous faut mener dès maintenant et poursuivre dans toute société, et elle implique une remise en cause y compris des représentations et pratiques personnelles.

A côté de ce travail à l'échelle individuelle et sociale, si nous refusons l'enfermement (facteur de récidive et échec patent pour ce qui est de la liquidation des processus de violence et de domination) il y a quatre choses indispensable (et c'est là, surtout, que je trouve que tu fait l'impasse sur cet aspect, contout)
1/ Une souvent négligée dans les milieux anticarcéraux et libertaire et pourtant fondamentale : la protection des victimes. c'est à mon avis une des première choses à s'assurer, dans les cas de viol, d'intimidation, de violences physiques ou de meurtre. Y renoncer c'est admettre que la victime soit celle qui parte, parce que la coexistence du bourreau et de la victime dans le même espace est impossible. Un choix est à faire. Ne pas protéger la victime et lui garantir que son espace est sur, et qu'elle s'y trouvera à l'abris de son agresseur, c'est entériner la situation de domination.
2/ Protéger le corps social : celui-ci doit se défendre contre toute tentative de lui imposer des logiques de domination et de contrainte. Se défendre contre une contrainte ou une domination n'est pas contraindre, sauf à équivaloir dominant et dominé, et donc par exemple, à dire que le résistant qui tue un nazi fait un acte équivalent que le nazi qui tue un résistant.
Cela signifie mandater des personnes pour garantir l'éloignement de l'auteur de la violence. Cet éloignement n'est pas enfermement mais suppose une forme de "contrainte" pour l'agresseur, qui est la garantie pour la victime et le corps social de ne pas être "contraint" par l'agresseur. c'est ce qui différencie la conception de la liberté par les libertaires et celle des libéraux : notre liberté n'est pas celle du renard dans le poulailler, ce n'est pas un idéal égoiste (au sens libéral) hors du temps.
3/ Penser à la dimension "réparation". Se soucier de la victime c'est envisager tous les moyens de lui reconnaitre son statut, mais aussi de l'aider à le dépasser. C'est donc réfléchir aux possibilités, quand elles existent, de demander à l'auteur de "réparer" le tort commis.
4/ Penser l'accompagnement de l'auteur et la possibilité d'une "deuxième chance" pour celui-ci, avec des conditions différentes selon la gravité du crime , et dans un lieu autre que celui de la ou des victimes.

Pour moi la société libertaire est fondée sur la libre association, donc le contrat entre productrices et producteurs. L'association productive suppose le respect de règle commune, dont la plus fondamentale est le refus de toute domination. Ces contrats sont la source d'un droit libertaire (comme l'a bien montré notre camarade Gandini, dans un certain nombre d'article écrits dans le monde libertaire il y a quelques années)
Le non respect de ses règles romp l'association?

A mon avis, l'institution judiciaire temporaire ne peut être composée de personnes vivant sur les lieux de l'acte ou liées aux protagonistes. Sinon on se retrouve dans des logiques d'intérêt et de contrôle social dignes des plus caricaturals logiques de village ou de panoptyques à la Foucault.
Il faut donc mandater les personnes.
Reste la logique du droit. Je pense que s'il faut le rendre accessible au plus grand nombre, il doit y avoir possibilités pour différents points de vue et interprètations de s'exprimer, ce qui suppose un approfondissement de cette connaissance. Donc la formation de "techniciens du droit". Ce qui est fondamental, c'est que le processus décisionnels ne soient pas en leurs mains mais qu'ils n'aient voix au chapitre qu'à titre d'expert, avec la possibilité pour la "défense"


Pour ce qui est de ta deuxième question : Pour moi comme je l'ai dit précédemment, la liberté n'est pas un idéal hors du temps. La condition de l'association productive est de participer au processus de production, en fonction de ses moyens (on ne demandera pas par exemple à un travailleurs handicapé le même type de travail qu'un travailleur valide, sauf si le premier le souhaite). Une société doit garantir à tous et toutes la possibilité d'un épanouissement artistique, culturel, donc du temps libre. Mais une société communiste libertaire refuse que les un-e-s profitent du travail des autres (ça c'est justement le principe du capitalisme). Donc pour que la liberté des uns ne soient pas la négation de celle des autres, tout le monde doit travailler pour bénéficier du produit du travail commun, mais aussi pour rendre la création artitistique et poétique accessible à chacun, par une réduction massive du temps de travail et par une réorganisation de l'économie au service des besoins réels (ce qui suppose la suppression des métiers inutiles liées à la société capitaliste et aux logiques consumméristes liées au capitalisme).
Pour l'abolition du salariat dont, mais pour le partage égal du temps et de la pénibilité du travail, comme du produit du travail.

Voilà, je sais pas si j'ai été très clair...
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Re: prison?

Messagede fabou » 15 Fév 2010, 23:24

interressant ce texte ... Ca me fait penser à un numéro d'offensive libertaire sur "l'industrie de la punition".

Cela correspond à ton avis sur la question carcérale Piérrot ?
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Re: prison?

Messagede sebiseb » 15 Fév 2010, 23:28

Que pensez-vous de cette prison à ciel ouvert, qui existe depuis la seconde guerre mondiale tout de même ?

Casabianda, une prison Corse unique en Europe

À 70 kilomètres au sud de Bastia, dans la plaine orientale de Corse, s’étend une prison hors normes. Dans cette exploitation agricole sans mur d’enceinte, les détenus, condamnés à 80 % des cas pour de graves affaires de mœurs, sont bien plus qu’un numéro d’écrou

« Bonjour chef ! J’ai du poisson. Je peux faire un barbecue sur la plage ce soir ? – Oui, oui, pas de problème puisque la Sécurité Civile ne nous a pas avertis d’un risque incendie ».
Arrivée depuis quelques heures au centre de détention de Casabianda, je vais d’étonnement en stupéfaction. D’abord l’entrée qui ressemble plus à un poste frontière franco-belge qu’à une prison : pas de portes sécurisées, pas de sas de contrôle, juste une barrière qui permet aux véhicules d’entrer et de sortir. « Impossible de clôturer 1800 hectares traversés par une route nationale. De plus, le domaine s’étend sur sept kilomètres de littoral », indique Thierry Guilbert, directeur de l’établissement (lire l’interview). Et pourtant, Casabianda n’accueille pas des voleurs de carottes.
Sur les cent quatre-vingt-huit places occupées, 82 % le sont par des personnes incarcérées pour des affaires de mœurs. Et cent vingt-huit ont été condamnées à des peines d’emprisonnement supérieures à dix ans. Des affaires de pédophilie, de viols et/ou de meurtres.
À gauche, le poste où les surveillants contrôlent les allées et venues. Des écrans transmettent les images enregistrées en permanence par les caméras installées sur les trois bâtiments de détention. Dans le même esprit, un système de détection à rayons infrarouges a été mis en place il y a quelques années. « Il arrive qu’il sonne la nuit mais c’est souvent à cause des sangliers », reconnaissent les surveillants.
Avant la barrière, au niveau du parc de stationnement, un bâtiment attire mon attention. « Ce sont les parloirs », montrent négligemment les hommes en tenue. Plus tard, j’apprends qu’il comprend deux chambres réservées aux détenus qui veulent recevoir leur femme ou leur compagne. Eh oui, à Casabianda les parloirs intimes existent depuis 1984 !
Au poste, je présente une pièce d’identité et m’apprête à demander un coffre pour y déposer mon téléphone portable. « Vous pouvez le garder », devance le surveillant. Contrairement aux autres établissements, les visiteurs peuvent donc conserver sur eux leur téléphone portable. « Ici, c’est comme ça. Les détenus ont facilement accès à la cabine téléphonique. Personne n’aurait l’idée de vous voler votre mobile », m’explique l’un des trois surveillants de service.
Sur le coup, je ne prête pas attention à ce « ici, c’est comme ça ». C’est le premier de ce reportage ; je l’entendrai ensuite des dizaines de fois : de la bouche des détenus, des surveillants, du personnel de direction, des travailleurs sociaux. De fait, quelques coups d’œil par ci par là me démontrent que j’ai bien à faire à une réalité carcérale exceptionnelle : pas de barreaux aux cellules mais des moustiquaires, des bâtiments de détention qui sont fermés de 21 heures le soir (20 heures l’hiver) à 6 heures le matin ou encore des détenus qui ont jour et nuit la clé de leur cellule. Pour autant, les fouilles existent. « Nous sommes également dans le symbolique puisque par exemple, quasiment tous les détenus portent leur couteau dans leur poche. Mais la visite de la cellule est l’occasion pour le surveillant de parler au détenu, d’avoir des indications sur la façon dont la sphère privée est tenue et aussi de vérifier l’état du matériel électrique », développe le directeur. Quant aux rondes sur le domaine, elles ont lieu toutes les heures et demie. Surveillance des détenus mais aussi occasion de dissuader les intrus : les indépendantistes corses ont à plusieurs reprises plastiqué le site.
Voilà pour les aspects matériels. Mais si Casabianda est un centre de détention qui ne ressemble à aucun autre – « Il est unique en Europe », s’enorgueillit le directeur –, c’est aussi parce que l’ambiance y est très différente des autres prisons.
Extrêmement rigoureux sur l’observation du règlement intérieur et notamment la présence aux trois appels quotidiens, les personnels de Casabianda – tant les surveillants que les travailleurs sociaux – utilisent la menace de Borgo (ndlr, la prison de Bastia) pour rappeler aux détenus qu’il est des limites à ne pas dépasser. « Bien souvent, dans les parcours de détention, du fait de leur statut de « pointeur », certains sont victimes de brimades, voire pire. Avant de venir ici, la plupart d’entre eux étaient d’ailleurs à l’isolement afin d’être « protégés » des autres détenus. Arrivés ici, la perspective de retourner dans une prison classique suffit souvent à calmer les esprits », constate Jean-Baptiste Paoli, professeur des écoles au centre de détention depuis dix ans. Et de raconter comment dans sa classe, deux détenus qui en venaient aux mains, se sont immédiatement calmés en entendant leur prof prononcer « Borgo, Borgo ».
Très peu d’incidents

Extrêmement efficace, cette épée de Damoclès se traduit dans les statistiques de l’établissement. Plus précisément, le rapport d’activités de l’année 2006 ne mentionne ni incident collectif ou individuel tel que tentatives de suicide, mutineries, rixes, grèves de la faim ou encore agressions du personnel. Quant aux infractions à la discipline, elles sont rares : aucune ne relevant du premier degré et onze des deuxième et troisième degrés. Correspondant à cela, les sanctions tombent. Pour l’année 2006, cinq avertissements, cinq peines de cellule disciplinaire avec sursis, une cellule disciplinaire. « Dans ce dernier cas, cela signifie le transfert à Borgo », commente un surveillant.
Sans vouloir idéaliser, ce climat apaisé est palpable. « Nous n’avons pas du tout le même stress qu’ailleurs. Jamais ici je ne suis venu travailler avec une boule dans l’estomac », témoigne Pascal Colin, premier surveillant. « Qu’on soit détenu ou personnel, ça abîme moins de passer cinq ans à Casabianda qu’à Clairvault », estime ce dernier qui a notamment travaillé à la Santé. Un de ses collègues ajoute : « Ici, nous mangeons notre pain blanc. Il n’y a pas la coursive. Le travail n’est plus du tout le même ».
Chez le directeur, le ressenti est le même : « À l’occasion de convocation de détenus dans mon bureau, il est arrivé que mes propos aillent bien plus loin que le simple rappel à l’ordre. Je me suis quelquefois étonné à aller assez loin dans la discussion », ajoute-t-il. Il suffit de voir les rapports que les détenus entretiennent avec le personnel pour le croire : les uns et les autres se serrent la main ou se saluent. Mais il paraît que c’est la même chose dans les deux autres prisons de l’île. Marysa, une surveillante qui travaille au restaurant du personnel, a sous ses ordres trois détenus : « Mes parents étaient également surveillants, je suis née à Casabianda. Je ne me fais pas de souci ; si l’administration pénitentiaire les a affectés au mess, c’est qu’ils correspondent au profil. Ici, on se tutoie. On est là pour les réinsérer, voir s’il y a obéissance, compréhension, etc. Avec moi, pour que ça fonctionne, il faut qu’ils travaillent et qu’ils se sentent bien. Le système Casabianda est intéressant car on n’y assiste pas les gens », explique cette femme décidée.
Le travail au cœur du dispositif

Pas d’assistanat, le mot est lâché. Sur le domaine, tout le monde travaille. Actuellement, une quarantaine de détenus sont inoccupés, des prisonniers âgés ou ceux qui refusent. Le plus souvent, il s’agit de travaux fatigants. Restauration pour certains, buanderie pour d’autres, élevage d’animaux, culture des champs ou encore exploitation forestière. « Me lever à 5 heures du matin a vraiment été difficile au début. J’ai mis six mois pour m’y habituer. Mais ce travail est nécessaire, au moins pour retrouver un rythme, pour ne pas végéter. Ici, quand quelqu’un est en arrêt maladie, on voit bien, au bout de trois jours, il tourne en rond », constate un détenu (lire la parole de détenus).
Après leur journée, ils peuvent suivre des cours, faire du sport mais aussi se baigner sur la plage qui leur est réservée. D’ailleurs, Michel, employé au restaurant de la résidence du personnel ne s’en prive pas : « Je suis un des seuls qui en profite très régulièrement. Aux beaux jours, dès le service du midi terminé, c’est-à-dire vers 14h 30, je vais là bas », se réjouit-il. D’autres préfèrent le sport, la salle informatique où dix ordinateurs sont en accès libre, la bibliothèque, la pêche ou les multiples activités qui sont proposées (lire article sur les activités).
Mais qu’on ne s’y méprenne pas, la responsabilisation et l’autonomie sont un des piliers de cette prison corse. « Il ne s’agit pas de faire les choses à la place des gens. Quand un détenu a un projet, nous l’écoutons et nous lui demandons de s’investir, ne serait-ce qu’en nous présentant un document écrit. Ensuite, nous avons un détenu responsable de chacune des activités », précise Sandrine Mestre, conseillère d’insertion et de probation. Arrivée ici il y a deux ans et demi, cette dernière a rendu payantes les activités : 3 € par mois pour la chorale, 5 € pour les arts plastiques ou la musique. « Je ne supporte pas l’assistanat. Mon objectif est de préparer au mieux les détenus à la sortie », continue-t-elle. Pourtant, quand elle a exigé 2 € de cotisation pour participer au traditionnel loto, nombreux sont les détenus qui ont boycotté l’activité. « Comme nous avions prévu des bons d’achat pour les premiers lots, la mauvaise humeur a très vite passé », glisse la jeune femme.
L’éloignement

En demandant leur transfert à Casabianda, les détenus savent qu’ils auront moins accès au parloir. Si le règlement prévoit des visites en semaine de 17 à 19 heures et les samedi et dimanche de 9 à 19 heures, l’éloignement annihile cette mesure. Même chose pour les neuf jours consécutifs chaque trimestre, permettant à un détenu de recevoir une visite neuf jours de suite. « Les juges comprennent très bien l’importance des liens familiaux. Nous privilégions les permissions », note Sandrine Mestre. Reste qu’à près de trois cents euros le billet d’avion et la note de taxi, nombreux sont ceux qui ne les prennent pas.
Ils restent donc à Casabianda, à regarder la mer, aller à la pêche, jouer de la musique ou s’occuper de leur jardin. Une chose est certaine, cette prison si différente reste une prison. Personnel et détenus vous le diront : ici, les barreaux sont dans la tête.

Nathalie Bougeard.


source : http://www.lien-social.com/spip.php?article1901&id_groupe=12
autre lien : http://gontard.fr/?p=17

Certes, c'est la réhabilitation par le travail, mais bon c'est quand même mieux que l'enfermement !
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Re: prison?

Messagede fabou » 15 Fév 2010, 23:32

C'est une "prison plus humaine" mais ça reste une prison ...
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Re: prison?

Messagede Pïérô » 15 Fév 2010, 23:35

en effet, même que sebiseb le dit en présentation,
as tu des éléments, une piste, une pincée de réflexion pour faire avancer fabou89 ?
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Re: prison?

Messagede Parpalhon » 16 Fév 2010, 00:37

fabou89 a écrit:Je range la "prison libertaire" sur l'étagere à coté du "développement durable", du "capitalisme à visage humain" et de l'esclavage équitable. Quelqu'un justifiant l'existence des prisons à pour moi autant de légitimité à se proclamer "libertaire" que Nicolas Sarkozy de se réclamer de Jean Jaures.

Et moi je range "l'anomisme vivable" dans la malle avec les peluches en bisounours ...

J'ai l'impression que le problème dans le débat c'est que d'une, certains n'ont aucune conscience de l'horreur des prisons, et qu'on ne peut jamais être sûr de la culpabilité de certains, et de deux que certains n'ont pas conscience que les détraqués ça existe, les maladies psychiatrique tout ça, ça va pas se régler d'un coup de baguette magique ...
Et c'est là le problème, la prison c'est le mal on est pour la plupart d'accord là-dessus, maintenant il faut réfléchir sur ce qu'on peut faire pour empêcher les malades de faire du mal autour d'eux sans leur faire forcément prendre des médocs ou les enfermer ...
je pense que personne n'a la réponse, mais se rendre compte des limites de nos raisonnements c'est un bon début ....


Ahh et puis je propose que le prochain qui fait un parallèle entre des membres du forum et Sarkozy, ou MAM ou qui ce soit dans ce genre, se fasse exclure du forum :mrgreen:
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Re: prison?

Messagede sebiseb » 16 Fév 2010, 00:50

Parpalhon a écrit:Ahh et puis je propose que le prochain qui fait un parallèle entre des membres du forum et Sarkozy, ou MAM ou qui ce soit dans ce genre, se fasse exclure du forum :mrgreen:

Le point Godwin d'un forum anarchiste :mrgreen:

Sinon, je suis d'accord avec la nécessité de s'interroger sur le système ? Mais je ne suis pas contre une médication de certaine maladie mentale, qui dans certain cas permettent aux patients (ils le disent eux-mêmes) de se sentir mieux. Le traitement des maladies psychiatriques ne consistent plus forcément à un abrutissement par des "calamants, mais elles sont traités avec des médicaments comme d'autres maladies métaboliques sur des pathologies précises - certains semblent ici l'ignorer quand ils en parlent !
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Re: prison?

Messagede charlelem » 16 Fév 2010, 09:08

J'ai un copain que je connaissais depuis 30 ans qui est mort suite à une agression. Le dossier a été "classé" par les flics, en gros ils savent qui a fait le coup mais "il et ils" vont leur servir d'indics. Maintenant cela fait 2 ans que le pote est mort et j'aimerai maintenant tout simplement qu'il soit reconnu qu'il a été assassiné (peut être involontairement mais quand même assassiné), le reste : vengeance, punition, justice bof il est mort et il est mort bêtement c'est tout.
Sa compagne est aussi sur la même position : la seule "justice" qu'elle réclame c'est que l'on reconnaisse son meurtre.
Voilà, c'est pour ça que je disais qu'on peut être étonné par ses réactions quand on est confronté au problème.
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Re: prison?

Messagede sebiseb » 16 Fév 2010, 11:07

charlelem a écrit:J'ai un copain que je connaissais depuis 30 ans qui est mort suite à une agression. Le dossier a été "classé" par les flics, en gros ils savent qui a fait le coup mais "il et ils" vont leur servir d'indics. Maintenant cela fait 2 ans que le pote est mort et j'aimerai maintenant tout simplement qu'il soit reconnu qu'il a été assassiné (peut être involontairement mais quand même assassiné), le reste : vengeance, punition, justice bof il est mort et il est mort bêtement c'est tout.
Sa compagne est aussi sur la même position : la seule "justice" qu'elle réclame c'est que l'on reconnaisse son meurtre.
Voilà, c'est pour ça que je disais qu'on peut être étonné par ses réactions quand on est confronté au problème.

Perso, je suis un peu près sur la même position que Pïérô ; les anarchistes ne doivent pas traiter sommairement du sujet, c'est d'ailleurs souvent sur ce point que nous sommes critiqués. On ne peut pas parler des prisons, et faire comme si les personnes qui y étaient enfermées étaient toutes innocentes ! On sait, que c'est faux, et dire le contraire est démagogue. Il y a même des mafieux qui ont érigés un système politico-capitaliste, qui ressemble à un état dans l'état - À l'opposé de nos convictions, et probablement près à nous faire la peau pour nous empêcher de nuire à leur business !

Bref, pas simple ... Mais une réflexion nécessaire à porter sur la question !
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Re: prison?

Messagede Pol@ck » 16 Fév 2010, 15:25

parpalhon : les maladies psychiatrique tout ça, ça va pas se régler d'un coup de baguette magique ...


les maladies psychiatiques ne sont pas une cause significaive de criminalité... deuxième fois.

allez hop un pti parralelle avec sarko and co : c'est un de leurs cheval de bataille ! (oh oui excluez moi... :mrgreen: )

Pour le reste ce débat sent la mort... je ne sais pas moi si vous pensez qu'on ne peut pas se passer d'un système d'enfermement ben réfléchissez y concrètement : comment il est organisé ? où ? qui on met dedans ? pour combien de temps ? qu'est ce qu'on en fait une fois à l'intérieur ? etc etc... par contre n'appelez pas ça "libertaire". Vous pouvez réfléchir à une prison "moins dégradante", "plus humaine".... mais pas à une "prison libertaire". Et puis pourqu'il y ait prison il vous faut aussi des juges, des flics... bref je crois que tout ça on l'a déjà. Donc si c'est gérer l'existant et le rendre plus "humaniste" qui vous intéresse ben adhérez a PS ou à je ne sais quel parti et faites passer des lois du type : dépénalisation du cannabis et de totes les drogues et légalisation pur désengorger les prisons et faire du fric dans les caisses de l'etat, développement des "alternatives" (bracelets electroniquesetc..), bref tout un tas de trucs qui s'intègrent à la société actuelle.
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Re: prison?

Messagede Parpalhon » 16 Fév 2010, 19:46

Pol@ck a écrit:
les maladies psychiatiques ne sont pas une cause significaive de criminalité... deuxième fois.

raison de plus pour castrer les violeurs alors !!!

dépénalisation du cannabis et de totes les drogues
je suis autant contre les prisons que contre les drogues, les deux sont aliénantes ... d'ailleurs devinez, le trafics de drogue dans les prisons sont très courants, ça permet aux prisonniers de rester calmes :roll:
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Re: prison?

Messagede Tuxanar » 17 Fév 2010, 00:29

Pour répondre à Polack, il suffit qu'il y ait un comportement oppressif pour qu'il y ait besoin d'enquêteur. Ne vient pas m'expliquer qu'il faudrait des milices citoyennes ou des comité de vigilance, ça a déjà été essayé et ça n'a produit que des lynchages.

Ensuite, une fois que l'enquête est finie, que l'on sait exactement ce qui s'est passé, qui est responsable et pourquoi porter atteinte à la liberté d'autrui, on peut penser à la sanction. Cette sanction ne sera pas forcément la prison.

Comme tu peux le voir, la prison est indépendante de la présence d'enquêteur ou de "juge". Alors, bien sure que les flics abusent de leur pouvoir et répriment les mouvements sociaux, mais il faudra bien qu'il y ait des personnes pour faire respecter les décisions collectives, des personnes avec un mandat précis. Autrement, ça ne servirait à rien de prendre des décisions.

Alors, venir nous sous entendre qu'il ne faudrait personne pour faire appliquer les décisions collectives, c'est accepter qu'en cas de comportement oppressif, le responsable soit à l'abris de toute riposte collective. C'est donc choisir le coupable plutot que la victime. Je trouve ça très libertaire également.
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