Michel Onfray

Re: Michel Onfray

Messagede bipbip » 27 Avr 2016, 08:29

Nuit debout : le crachat de Michel Onfray pour défendre Alain Finkielkraut

Nous avons signalé, dans un précédent article, à quel point les mésaventures d’Alain Finkielkraut sur la place de la République ont indigné l’éditocratie qui, à l’unisson, a témoigné de sa bouleversante solidarité avec le philosophe pour médias. L’occasion rêvée pour jeter le discrédit sur une mobilisation qui n’a, selon eux, que trop duré.

Même si nous n’imaginions pas que « l’affaire » allait être rapidement enterrée, nous pensions toutefois que le pire était passé, a fortiori dans la mesure où la version unanimement reprise par les défenseurs d’Alain Finkielkraut dans les heures qui ont suivi l’incident a été depuis largement remise en cause [1]. Mais c’était sans compter sur l’inénarrable Michel Onfray.

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réponses à Onfray

Messagede sureau » 02 Juil 2016, 18:08

Du post-anarchisme au néo –anarchisme de Mère – Grand

(réponse à Miche Onfray)

1 De la mythification linguistique :

L’apposition des préfixes post ou néo serait devenue, ces dernières années, une référence en matière d’anarchisme.
A en croire certain(e)s, elle serait garante d’une régénération du corpus théorique anarchiste et d’une certaine modernité des idées libertaires.
L’apposition préfixale post n’est en fait qu’une argutie lexicale qui permet à l’énonciation théorique nouvelle de se prétendre plus aboutie que les précédentes et le préfixe néo n’est, quant à lui, que la prétention à un renouveau complet du corpus théorique .Le plus souvent, il construit son nid dans la déconstruction du précédent, sans se soucier du processus de construction de cette pensée, historiquement déterminée.
En fait, les préfixes néo et post servent à magnifier la pensée novatrice. Véritables artifices de langage, le post ou/et le néo anarchisme sont avant toute chose deux mouvements prétendument novateurs qui inviteraient à une vision progressiste et non sclérosé de l’anarchisme.
Le post et le néo-anarchisme ont en commun d’être des contractions du temps des idées. Le passé est minoré pour mettre en avant l’œuvre présente et, le futur, n’est que le développement, la suite ou aboutissement des préceptes édictés au présent.
Mais qu’en est-il réellement de cette prétendue modernité anarchiste ?
Le questionnement « post-anarchiste » reviendrait à en croire Michel Onfray, à s’interroger sur le « Comment être anarchiste en dehors de l’anarchie et dans l’anarchie ? »

N’en déplaise au philosophe, le propos n’est pas nouveau . Il est bon de se remémorer cette citation d’Errico Malatesta :
« L’anarchie [...] est l’idéal qui pourrait même ne jamais se réaliser, de même qu’on n’atteint jamais la ligne de l’horizon qui s’éloigne au fur et à mesure qu’on avance vers elle, [par contre] l’anarchisme est une méthode de vie et de lutte et doit être pratiqué aujourd’hui et toujours, par les anarchistes, dans la limite des possibilités qui varient selon les temps et les circonstances. » Errico Malatesta, « Repubblicanesimo sociale e anarchismo », Umanità Nova, n° 100, Roma, 1922, in Scritti, Ginevra, 1936, volume II, p 42.43

Comment être anarchiste ? revient à questionner l’anarchisme dans le cadre d’un Étant et pose la viabilité d’un être anarchiste, là, où, personnellement, je poserais l’existant.
Pour le philosophe, la réflexion devrait s’orienter alors autour du questionnement suivant: Comment conserver l’anarchisme en le dépassant en même temps ?
Voilà bien la gageure : Que faut –il conserver et en quoi le dépasser ?
L’oxymoron ouvre alors un droit d’inventaire. Et quel inventaire !
L’idée générale serait de s’autoriser à effectuer une « logique du prélèvement, en essayant de « saisir et capter l’esprit anarchiste », en prenant « l’esprit mais pas forcément la lettre» et en désacralisant un certain nombre de dogmes.

2. De la fragmentation de l’anarchisme :

A raison, Michel Onfray fait le constat de l’anarchisme comme étant « un corpus doctrinal très explosé, très fragmenté », contenant « des choses éminemment contradictoires », tout et le contraire de tout.
Mais, curieusement, lui, qui semble fort attaché à une historiographie des idées libertaires, semble ignorer toute la singularité de la formation de l’histoire des idées anarchistes et c’est peut-être cela toute la déconvenue. Il convient de s’interroger sur cette formidable aventure des idées au sein de la première internationale, véritable laboratoire idéelle.
L’esprit de l’anarchisme réside peut-être là, dans cette spécificité de la formation de l’idéologie anarchiste.
L’aspect morcelé de la pensée anarchiste est, avant toute chose, le témoin de son mode de formation, de sa genèse idéelle et de la suite de son élaboration théorique collective.
Michel Onfray se veut élogieux à l’encontre de l’anarcho-syndicalisme et de son rapport de l’action à la pensée mais, pour autant, il semble ignorer que ce mode de fonctionnement n’est pas l’apanage de l’anarcho-syndicalisme mais qu’il se retrouve largement dans le mode de fabrication du discours anarchiste.
L’aspect fractionné de la pensée libertaire est patent dans le procès de construction discursif. Soit, comme l’indique René Furth : « L'anarchisme est un obstacle permanent pour l'anarchiste. » (, la question anarchiste)
Il témoigne certes de fragilités théoriques, de contradictions mais il peut, tout aussi bien être le révélateur de la multiplicité et de la complexité de la pensée anarchiste et de son mode de production discursif.
Le constat que René Furth porte sur l’anarchisme est lucide même s’il est pénible à admettre.
Pour lui, l’anarchisme « disperse plus qu'il ne réunit. Il gaspille les énergies au lieu de les concentrer. Il dilapide l'acquis quand il faudrait le mobiliser pour des acquisitions nouvelles. »
L’anarchisme a pour lui, cette singularité de la pluralité de son discours, véritable expression de ce que devrait être la complexité du discours politique, conçu comme émanation démocratique plurielle et non comme expression unique du discours politique étatiste.
Pour appréhender l’anarchisme, il faut donc, en tout premier lieu, évacuer l’idée d’un corpus théorique unique, définitif et homogène puis admettre sa dimension créatrice plurielle.
La diversité est à l’image de la pluralité et de la complexité. Ce désordre idéel apparent est à terme, créateur d’ordre.

3. De l’anarchisme comme idéologie unifiante :

A mon sens, il est essentiel d’appréhender l’anarchisme comme une idéologie.
Mais il faut considérer cette idéologie au sens d’un système plus ou moins cohérent de valeurs, d'idées, de principes éthiques, de représentations globales, de discours mythiques ou philosophiques, d'images, d'aspirations, de gestes et de structures collectifs, de techniques d'expressions et d'organisation des pouvoirs.
Comme tel, l’anarchisme est une production collective à la base et l’a toujours été et, au cœur même de cette idéologie, il est un élément primordial : l’éthique.
« L’anarchisme est une éthique et un éthos (un caractère, un ordre normatif intériorisé, un ensemble de notions éthiques qui règlent la vie), tout en étant une théorie politique. » (Eduardo Colombo, l’espace politique de l’anarchie, atelier de création libertaire, 2008)
C’est avec ce grand angle libertaire qu’il faut approcher l’anarchisme.
C’est tout l’enseignement de la pensée de Bakounine, de Kropotkine ou de Reclus.
L’anarchisme est une forme de pensée totalisante qui s’articule autour de grands principes éthiques.
Il constitue le point focal de tout raisonnement sur l’anarchisme.
Les jugements sommaires et les vestiges des vieilles vulgarisations doivent être certes dépassés par des méthodes d'analyses et les connaissances précises qui font bien souvent défaut mais en tenant compte de la spécificité de formation du discours politique de l’anarchisme.

4 De l’anarchisme comme praxis :

L’ anarchisme est une pratique politique ennoyée dans des rapports sociaux, un système complexe de concepts se développant par des pratiques parfois contradictoires, en lien direct avec l'action et en cohérence avec des concepts généraux et de ce fait, le travail de théorisation de l'anarchisme n’a pas été le fait que de penseurs (seuses) mais aussi de travailleuses (eurs) qui ont été directement impliqué(e)s dans les luttes sociales et qui ont contribué à formaliser et diffuser des idées et des ressentis latents au sein de mouvement de masse.
Il n’est qu’à se référer à l’histoire de la pensée anarcho-syndicaliste pour percevoir cela mais pas uniquement. L’ histoire de la première internationale est révélatrice notamment si l’on regarde de plus près les positionnements des fédérations espagnoles ou helvètes et celle de Bakounine.
Le corpus théorique de l’anarchisme doit donc être conceptualisé comme des théories et des pratiques collectives, développant des actions résolues et conscientes, historiquement déterminées.
L’anarchisme est une philosophie politique dont l'objectif premier est de s’interroger sur le pouvoir, d'imprimer le désir de transformation sociale dans la société et de concevoir d’autres modes de rapports sociaux non fondées sur la domination.
Par ses évolutions théoriques mais aussi par ses pratiques, l’anarchisme a contribué, au sein des mouvements sociaux, à développer des pratiques et des théories de transformations sociales et il a su intégré en sa réflexion les apports de ces mouvements sociaux. Parfois même, les apports du fait des mouvements sociaux se sont avérés plus émancipateurs que ceux imaginés par le mouvement anarchiste (se référer à la révolution espagnole).
En conséquence, l’idéologie anarchiste a articulé la formulation d’objectifs finaux conçus comme un ensemble de valeurs abstraites et d'idées non déconnectées du réel, plus ou moins en cohérence avec des objectifs médias et immédiats.
Cette énonciation a connu bien des soubresauts qui peuvent sembler contradictoires et qui le furent a-posteriori mais qui, tous, avaient en commun cette volonté de transformation des rapports sociaux, à un moment donné, dans le sens émancipateur.
On ne peut comprendre les attentats anarchistes, la propagande par le fait et les revirements de Kropotkine et de Malatesta qu’à l’aune de cette singularité de la praxis anarchiste.

5. Du fondement éthique de l’anarchisme :

L’idée défendue par Michel Onfray, de fabriquer une « éthique minimale » s’avère la pierre angulaire non pas d’une théorisation post ou néo anarchiste mais tout bonnement anarchiste.
Trier l’acceptable ou non, refuser de « contextualiser » certains errements ou pensées inacceptables au regard de cette éthique minimale n’est pas nouveauté dans le mouvement de pensées anarchistes. Le mouvement anarchiste l’a souvent pratiqué de par le passé et continue à produire des analyses critiques de l’anarchisme mais peut-être et sûrement, ne va – t-il pas assez loin. Et ira-t-il un jour assez loi ?
Mais « contextualiser » n’est pas excuser mais essayer de comprendre avec humilité le rapport entre une idéologie fondée sur une éthique bien ancrée et le réel, en toute sa complexité. D’imminents penseurs anarchistes s’y sont brisés et pour autant, leur anarchisme était il en cause ou en péril ?
Le manifeste des seize de Kropotkine et d’autres, non moins éminents, et l’opposition qu’il suscita est révélateur du mode de production de la pensée anarchiste et la réflexion de Hem Day dans l'Encyclopédie anarchiste : « Cette longue polémique, si elle a provoqué, dans les milieux anarchistes, des scissions et peut-être amené quelques bons camarades à devoir rompre toutes relations entre eux, n’aura pas manqué d’être fructueuse en enseignements, car elle aura démontré comment un accord parfait, établi par près d’un demi-siècle de propagande pour un idéal commun, s’est trouvé brusquement rompu devant un événement d’une exceptionnelle gravité. [...] dans l’ensemble, le mouvement anarchiste fut nettement hostile [au Manifeste] ».
« Des anarchistes peuvent-ils, un seul instant, accepter cet état de choses, sans renoncer a tout droit de s’intituler anarchistes ? »
Question fondamentale que posa Malatesta.

6. De l’actualisation de l’anarchisme :

Écarter tout ce qui relève d’un contexte daté et faire l’économie de pensées qui ne sont plus en phase avec le réel présent semble une recommandation louable mais comment faire le tri dans le réel présent et exclure ce qui est suranné ? L’histoire est riche d’enseignements et s’invite volontiers dans le réel présent.
Prenons la problématique du pouvoir. Si l’approche récente à travers les travaux de Foucault ou de Deleuze convie à une démarche prospective des micros pouvoirs plus qu’à une appréhension par les grands organismes, force est de constater que les micros réalités apparentes s’articulent dans des ensembles macroscopiques et que la question de la puissance s’organise différemment suivant les époques mais avec une continuité historique et des invariants comme l’a démontré Lewis Mumford.
Le long temps est indissociable du court temps. Il l’irrigue à travers des constructions archétypales de la pensée que sont les mythes et les rites.
Mais pour être, le néo ou le post doit postuler le dépassement historique et bien souvent la dénonciation des erreurs passées.
Dans le cas de l’anarchisme, il va de soi qu’il faut sans cesse actualiser et réactualiser des idées fortes de l’anarchisme, puisque le corpus théorique de l’anarchisme n’est pas un ensemble abouti mais en continuelle évolution. Les gardiens du temple de l’orthodoxie anarchiste constituent des contre-vérités vivantes de la philosophie anarchiste.
Se débarrasser de certains schémas de pensées…cela aussi ne fait aucun doute.
Mais là encore, il convient de ne point perdre de vue la singularité de l’anarchisme et la signification de l'action anarchiste et auto-émancipatrice des classes exploitées.
« resignifier l'action de l'anarchisme signifie non seulement donner une voix et une dignité théorique aux innombrables initiatives de base qui constituèrent la trame où l'anarchisme put quotidiennement s'exprimer, mais aussi découvrir dans cette trame les articulations d'un discours avec son contenu, son sens, c'est-à-dire y déchiffrer sa grammaire et sa syntaxe. » (Nico BERTI , L'ANARCHISME DANS L'HISTOIRE MAIS CONTRE L'HISTOIRE)
Ce qui est, aujourd’hui suranné, a eu sa raison d’exister en des temps antérieurs et les convictions d’aujourd’hui sont certainement porteuses d’errements.

7. Démythifier l’anarchisme :

Tout un travail critique sur les mythes est plus que salutaire même s’il faut être conscient que cela dépasse la seule problématique anarchiste et est le fait que toute pensée est historiquement configurée et qu’un certain nombre de référentiels appartiennent à un imaginaire inconscient collectif qu’il faut s’essayer à débusquer et à démythifier.
Ainsi en va-t-il du schéma chrétien qui est parfois implicite dans l’inconscient de la pensée anarchiste et au travers de bien des mythes révolutionnaires et socialistes : mythe de l’âge d’or, de l’abondance recouvrée, de la fraternité idyllique…
Il faut en être conscient comme il faut ne pas perdre de vue que nous sommes des êtres portant en eux les contradictions de la détermination du monde environnant.

8. Pour une pensée positive de l’anarchisme :[/color]

En finir avec la négativité de l’anarchisme, la pulsion de mort est à écarter
Célébrer le positif. Voilà bien une curieuse invite.
Il est bon de souligner à Michel Onfray quelques textes de Malatesta !
« Est anarchiste par définition, celui qui ne veut être ni opprimé ni oppresseur, celui qui veut le maximum de bien-être, le maximum de liberté, le plus grand développement possible pour tous les êtres humains sans exceptions.
L’anarchiste sait bien que l’individu ne peut pas vivre hors de la société et qu’il n’existe même en tant qu’individu humain que parce qu’il porte en lui la somme totale du travail d’innombrables générations passées et bénéficie, tout au long de sa vie, de la collaboration de ses contemporains.
Il sait que l’activité de chacun a une influence directe ou indirecte sur la vie de tous et, par là-même, il reconnaît la grande loi de la solidarité qui prévaut dans la société humaine comme dans la Nature.(~ Volonta, Juin 1913 ~)
La haine de l’oppression, le désir d’être libre et de pouvoir développer sa propre personnalité dans toute sa puissance ne suffisent pas pour faire de quelqu’un un anarchiste. Cette aspiration à la liberté illimitée, si elle n’est pas tempérée par l’amour des hommes et le désir que tous jouissent d’une égale liberté, peut donner des révoltés, révoltés qui deviennent rapidement, s’ils sont assez forts, des exploiteurs et des tyrans, mais ne suffit pas pour façonner des anarchistes.(~ Umanita nova, Septembre 1922 )
Que de négativité dans cela ! Bien des textes anarchistes célèbrent la positivité de l’humanité mais déplorent la négativité de la domination et de l’exploitation et la combattent. La revendication de Liberté est le négatif de la prétendue positivité de la domination et de l’exploitation.
La citation d’Irène Pereira qui suit abonde en ce sens et donne toute sa dimension à la positivité de l’anarchisme.
Nuls doctes enseignements ne semble argumenter plus avant :
« Cette conception qui tend à considérer autrui comme la condition de possibilité de l’extension de ma liberté et non comme une limite, se retrouve également chez Bakounine. Celui-ci s’oppose également à la liberté négative, qu’il considère comme une liberté de propriétaire. Autrui ne doit pas empiéter sur ma liberté car la liberté est pensée sur le modèle de la propriété privée. Or, au contraire, en tant que je ne suis non pas un individu au sens atomistique, mais que mon individualité est une résultante sociale, alors la liberté des autres augmente la mienne infiniment. Cela signifie qu’étant un être social autrui n’est pas une limite à ma liberté, mais que la solidarité est la condition de possibilité de ma propre liberté.
Ainsi, pour les auteurs de la tradition anarchiste, la liberté individuelle est indissociable de la solidarité. La liberté n’est pas un principe négatif, mais positif qui se rattache à une conception morale positive. L’existence humaine la plus riche est celle qui est tournée vers autrui. » (L’anarchisme Contre La Liberté Négative , Rapport « critique » d’un texte de Ruwen Ogien en vue du séminaire ETAPE, Irène Pereira– Novembre 2014 –)

Prenons garde que la positivité ne soit pas autre chose qu’un artefact de la domination. On peut s’épanouir individuellement au beau milieu de la plus haïssable domination.
Là, encore, pour se prévaloir le néo et le post se doivent de déconstruire l’étant et en le faisant basculer dans le négatif cela permet l’émergence encore plus forte de la positivité des nouvelles constructions.
La célébration du néo ou du post appartient aux mythes de la modernité et au travers de bien des mythes laïcisés sur l’individu, la liberté, la réalisation hédonique de soi dissimule inconsciemment un égoïsme voire un égotisme qui ne s’encombre que fort peu du devenir de ses semblables…L’actuelle célébration des individualistes anarchistes du XIX ° siècle mériterait plus prudence dans l’appréciation des dires.
« Louise Michel a été une individualité bien plus riche que Nietzsche ou Stirner. Il s’avère donc ainsi nécessaire de distinguer l’individualisme et l’individualité. La liberté négative aboutie à une conception pauvre de l’existence humaine. » (L’anarchisme Contre La Liberté Négative , Rapport « critique » d’un texte de Ruwen Ogien en vue du séminaire ETAPE, Irène Pereira– Novembre 2014 –) :slt:
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Re: réponses à Onfray

Messagede digger » 03 Juil 2016, 09:24

Je ne suis pas sûr que Onfray mérite un tel développement. Toutes les questions que tu soulèves sont évidemment justes. L'inutilité du néo- et du -post, par exemple. Mais si l'on aborde ce sujet à travers un Onfray, le néo se justifie par la prétention d'une pseudo pensée nouvelle. Il ne va tout de même pas écrire des bouquins pour dire qu'il n'a rien de nouveau à dire.

Ce qui manque à Onfray, entre autres choses, c'est bien la praxis. Et même cette praxis au XXIème siècle n'a rien de néo-. Où se passe-t il quelque chose de nouveau, sinon que l'occupation des commun par les diggers de Gerrard Winstanley n'étaient pas appelée ZAD et que la question environnementale au XVIIeme siècle n'avait pas la même acuité qu'aujourd'hui ? La pratique de la communauté égalitaire, construite ou non à travers une occupation de terre, n'a rien de néo.

Si comme tu le soulignes, comme tant d'autres, que l'anarchisme est une pratique, l'intellectuel à la Onfray ne fonctionne que sur un piston. Des intellectuels comme Graeber ou Gordon, par exemple, avec un passé de militants et d'action directe, sont mieux équipés et plus crédibles, si ils arrivent à prendre ou à garder leurs distances avec les conventions et les diktats du milieu universitaire. Et si ils ne désertent pas le terrain, non seulement pour observer mais pour être acteurs.

Le nœud de la question me semble être ici, autant que les débats plus ou moins stériles qui traversent le milieu libertaire, la critique du milieu intellectuel, ses dérives libérales dont Onfray est un bon exemple, qui doit, pour exister, créer du toc, du simili, pour s'ouvrir des marchés, puisqu'on est bien, ici comme ailleurs, dans une logique économique. Le cerveau, comme les mains, est un outil de travail et une source de revenu.

Existe-t'il en philosophie sociale, en sciences politique, des terrains à explorer, ou bien les intellectuel-les aujourd'hui sont-illes condamné-es à faire du neuf avec du vieux ? Un-e intellectuel-le aujourd'hui, comme hier, peut ille aller réellement à contre-courant sans se tirer une balle dans le pied ? (si ille veut passer à la TV et vendre ses bouquins)

Rien de nouveau non plus là-dedans. Emma Goldman dénonce cet état de fait dans Intellectual Proletarians, en 1914. D'autres sans doute, l'ont fait dans le contexte de leur époque, avant.

On pourrait longuement débattre des "contradictions", qui est pour moi ce que tu abordes ensuite dans le thème de la "complexité". par exemple la relation entre "individualité" et "collectif" est complexe, mais non contradictoire, si l'on est d'accord sur les deux concepts. Et la praxis démontre cette complexité pour celles et ceux qui l'ont vécue. Si l'on aborde cette question sur le seul plan théorique, elle restera inutile et sans effet. Un peu ce que tu dis
il faut ne pas perdre de vue que nous sommes des êtres portant en eux les contradictions de la détermination du monde environnant
(et nous avons les nôtres propres)

En réalité Onfray ignore, consciemment ou inconsciemment, tout cela et bien d'autre chose, tout occupé qu'il est dans sa démarche narcissique doublée d'une exigence économique, avec son cerveau conçu comme un gagne-pain.
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