La propriété, c'est le vol ?

Re: "La propriété, c'est le vol" ?

Messagede sebiseb » 09 Jan 2010, 12:56

Black Sun a écrit:Tout le monde reve d'un monde ideal ..

Pas sûre..

Black Sun a écrit:La grande question est de savoir comment y parvenir ?
Comment passer , evoluer du monde d'aujourdhui vers un monde meilleur et plus juste .

Il nous faut des objectifs realisable .. Et les moyens et un plan pour y parvenir . Dans se cas nous resterons des idealistes et entrainerons le peuple avec nous.

Si nous choississons des objectifs irrealistes avec aucun moyens d'y parvenir nous resteront et serons toujours qualifier d'utopiste et de secte d'illuminer .

Tu n'as pas tort, cependant, qu'est-ce qu'un objectif réaliste ? Et est-ce que les objectifs qui pourraient unanimement être reconnus comme "réalistes" permettront de transformer "réellement" la société ?
Bref, c'est l'équilibre entre propositions ambitieuses et "real" politique (comme dirait les parvenus de journalistes) qui est difficile à atteindre quand on est militant !
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Re: "La propriété, c'est le vol" ?

Messagede T.B. » 01 Nov 2016, 14:33

Je n'ai pas l'impression qu'une réponse nette ait été apportée à la question première.
En quoi la propriété est-elle un vol?

Proudhon (Qu'est-ce que la propriété?) : "Si j'avais à répondre à la question suivante : qu'est-ce que l'esclavage ? et que d'un seul mot je répondisse : c'est l'assassinat, ma pensée serait d'abord comprise. Je n'aurais pas besoin d'un long discours pour montrer que le pouvoir d'ôter à l'homme la pensée, la volonté, la personnalité, est un pouvoir de vie et de mort, et que faire un homme esclave, c'est l'assassiner. Pourquoi donc à cette autre demande : qu'est-ce que la propriété ? ne puis-je répondre de même : c'est le vol, dans avoir la certitude de n'être pas entendu, bien que cette seconde proposition ne soit que la première transformée ?"

1) Les maîtres charitables existent et certains affranchissent leurs esclaves. Ce que critique ici Proudhon c'est le principe, le fondement d'un rapport de domination présent dans les deux cas (la propriété comme l'esclavage).

2) Comme l'esclavage est le pouvoir d'ôter la liberté d'action, la propriété est une confiscation, une mainmise, c'est pourquoi elle est considérée par Proudhon comme le vol. La propriété est confiscation quand le patron s'adjuge l'exclusivité du bien produit par l'ouvrier moyennant salaire, et que c'est au nom de ce droit à la propriété (garanti par toutes les constitutions capitalistes) qu'il peut confisquer légalement la plus-value. La propriété est confiscation quand le propriétaire foncier exproprie les petits paysans, en rachetant leurs terres et les forçant à se soumettre au rapport salarial (cf. en Amérique du Sud, le mouvement des paysans sans terre en lutte contre les latifundiaires).

3) La meilleure illustration de cette confiscation première me semble être cet extrait de Rousseau (Discours sur les fondements de l'inégalité parmi les hommes) : "Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargné au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne !"

4) A mon sens (mais il faudrait que je relise Proudhon), il n'y a pas de jugement moral dans l'expression "la propriété, c'est le vol", il s'agit plutôt de rapprocher ce que le langage ordinaire considère comme des termes antinomiques, des contraires paradigmatiques (je cite : "Propriétaire et voleur furent de tout temps expressions contradictoires..."), en mettant en évidence leurs similitudes et leur divergence : la partialité du droit qui défend une forme d'appropriation et punit l'autre. En effet, quel mal y a-t-il à voler un pain quand on est affamé ?

5) La propriété en régime capitaliste, et donc particulièrement celles des moyens de production ou de capitaux monétaires (car c'est là que résident les inégalités originelles), est le résultat d'un rapport de forces déséquilibré, d'une appropriation violente et dont la violence se reproduit aussi longtemps que le régime de propriété est en vigueur.
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