anarchistes, sommes-nous du même monde ?

Re: anarchistes, sommes-nous du même monde ?

Messagede vroum » 31 Aoû 2009, 21:49

La Fédération communiste anarchiste fondée en 1911 avait pour secrétaire Louis Lecoin qui est un des représentants de l'anarchisme humaniste proche de l'individualisme que tu dénonces continuellement

Une Fédération Communiste Révolutionnaire Anarchiste (il devait manquer quelque chose) succède à la FCA en 1913 avec pour secrétaire Sébastien Faure, père du synthésisme anarchiste que tu vomis à chacun de tes postes

Ce qui pourrait paraître surprenant, c'est que les militants anarchistes se situant proches de la sensibilité anarchiste ont été des constructeurs acharnés de l'organisation anarchiste : Maurice Laisant, Georges Vincey ou Charles-Auguste Bontemps pour ne citer qu'eux

Tandis que souvent les militants se situant proches de la sensiblité communiste-libertaire ou anarchiste-révolutionnaire comme tu écris ont multilplié intrigues et scissions au cours de l'histoire agitée du mouvement communiste libertaire empêchant celui-ci de construire des bases solides d'organisation de l'après-guerre jusqu'à une période récente quand ils n'ont pas rejoint pour certains les rangs du PCF (FCL), des maos, LO ou la Ligue communiste (ORA)...

Que serions nous sans toi ô grand qierrot qui, seul contre la marée des nullistes et des vaseux entreprend de toute ces forces de ramener le mouvement anarchiste et ses brebis égarées sur le terrain du réel et de l'efficacité révolutionnaire
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Re: anarchistes, sommes-nous du même monde ?

Messagede luco » 02 Sep 2009, 10:40

Bon, il me semble que le message de JPD comme celui de Qierrot sont de simple bon sens.

Les lignes de démarcation politiques, au quotidien, ne recoupent que très rarement les distinctions théoriques/historiques (voire culturelles) héritées du passé type anarchistes contre "léninistes" etc...

On voit bien sur ce forum que peu de choses pourraient permettre de faire fonctionner ensemble, dans une même orga, des individualistes, des mystiques, des anarcho-communistes, des communistes libertaires...

La "synthèse" anarchiste ne peut se faire que sur équivoque notamment sur la caricature facile des "autoritaires" ou des "soc-dem", une caricature qui en réalité permet d'évacuer les problèmes réels, concrets, que pose la lutte politique au quotidien, mais aussi en terme de projet révolutionnaire.

Les questions de front commun dans les luttes entre différents groupes, de fédérations, d'interventions communes,... se posent de manière différente à chaque fois.

Il n'y a pas plus de synthèse possible "anarchiste" que de synthèse possible "socialiste" ou "communiste" (qui réunirait bordiguistes, maos, stals et trots ?).
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Re: anarchistes, sommes-nous du même monde ?

Messagede arvn d » 02 Sep 2009, 10:53

luco a écrit:Bon, il me semble que le message de JPD comme celui de Qierrot sont de simple bon sens.

Les lignes de démarcation politiques, au quotidien, ne recoupent que très rarement les distinctions théoriques/historiques (voire culturelles) héritées du passé type anarchistes contre "léninistes" etc...

On voit bien sur ce forum que peu de choses pourraient permettre de faire fonctionner ensemble, dans une même orga, des individualistes, des mystiques, des anarcho-communistes, des communistes libertaires...

La "synthèse" anarchiste ne peut se faire que sur équivoque notamment sur la caricature facile des "autoritaires" ou des "soc-dem", une caricature qui en réalité permet d'évacuer les problèmes réels, concrets, que pose la lutte politique au quotidien, mais aussi en terme de projet révolutionnaire.

Les questions de front commun dans les luttes entre différents groupes, de fédérations, d'interventions communes,... se posent de manière différente à chaque fois.

Il n'y a pas plus de synthèse possible "anarchiste" que de synthèse possible "socialiste" ou "communiste" (qui réunirait bordiguistes, maos, stals et trots ?).


Oui, il y a une question de contexte et de configuration d'accord avec ça, par contre le "bon sens" c'est pas vraiment un argument...
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Re: anarchistes, sommes-nous du même monde ?

Messagede JPD » 06 Sep 2009, 08:13

Quelle chance tu as, Conan, d’avoir trouvé quelqu’un capable de résumer une tienne longue tartine en une phrase. N’ayant pas mon Willo je vais devoir faire plusieurs phrases !

Pourquoi, Conan et Alayn, vous fixer sur une supposée critique d’une brochure de JMR ? La référence portait sur celle, postérieure, signée certes par JMR mais aussi par Babar (animateur d’alternative libertaire belge) et JC (ex FA, OCL, Reflex, Offensive et tourangeau). En outre ce n’était qu’un élément dans une liste de tentatives unitaire ou je citais Claac, Vaag et autres..
Où avez vous sorti cette histoire de plateforme que j’aurai prêté à la brochure ? Pas trace dans mon texte d’une accusation faite à ce texte de « vouloir plateformiser ». La plateforme vous obsède ! (1) Ce sont bien les tentatives unitaires que j’interrogais et évidemment pas les tentatives unificatrices organisationnelles qui n’ont aucun sens, j’en conviens avec Willo.

Non, Alayn, je n’envoie pas de piques, j’ai la prétention, en revanche de rester sur le terrain de la critique politique. Et l’une d’entre elle c’est bien sûr l’appel à voter Chirac (mais j’en abordais d’autres dans le texte !). C’est bizarre, personne n’y fait allusion dans cette discussion alors que c’est quand même, à mes yeux, un élément de taille. Pourquoi, alors qu’il n’est pas cité dans mon texte, y voyez vous JMR comme s’il était écrit en capitales. L’appel à voter Chirac fut largement partagé dans le « mouvement » anar, bien au-delà de JMR, hélas !

Revenir parfois sur cet épisode, à mes yeux, un sens. Celui de montrer qu’il existe une permanence libérale (et ce depuis les origines), républicaine et citoyenniste dans laquelle je ne me reconnais pas (voir http://oclibertaire.free.fr/spip.php?ar ... s%20onfray).
Je dis bien « dans laquelle je ne me reconnais pas ! », je ne dis pas « que je considère comme d’ignobles crapules ! » (je ne suis ni dans la « totoland » ni « insurrectionnaliste », ni « post-situ »). En effet j’essaie (en général, et par écrit surtout, nul n’est infaillible !) de ne pas cracher, surtout en ces temps viraux, sur quiconque et en tous les cas pas sur les citoyennistes ni, kaptow, sur les individualistes.


A Vroum : En 1911, Lecoin n’avait pas les mêmes positions que celles qu’il a développé par la suite (je te renvoie à ce beau texte « qu’il n’a pas pu lire » à son procès pendant la grande guerre. Mais même plus tard, le rattacher à l’individualisme est un peu tiré par les cheveux. Par ailleurs te référer aux tranfuges des cocolib (je sais, tu n’utilises pas le terme, mais moi je l’aime bien, merci Alayn de le populariser !) vers des orgas moins « recommandables » est un terrain très glissant. Il y en eu pas mal de la FA, et puis aussi des individualistes et des syndicalistes devenus fascisants, antisémites, et collabos aussi. Ce ne sont pas des arguments recevables à moins de montrer clairement que le phénomène fut important, sinon massif, et d’en démonter les racines idéologiques.

Ce que je dis est assez simple. Tous les gens qui s’habillent du terme anarchiste ne sont pas forcément de la même famille idéologique, philosophique, ou politique et c’est très illusoire et dévastateur de le croire a-priori. Mais cela ne signifie nullement qu’il n’y a aucun débat ni aucune pratique commune possible ! Il m’est arrivé de faire grève ou de manifester avec des chrétiens ou des musulmans.

Et puisque nous en somme à la religion, en passant…

Je trouve qu’il y a un aspect souvent religieux dans ces débats sur ce forum.
Certains passent leur temps à discuter sur ce qui est anarchiste ou ne l’est pas et, bien entendu, sans jamais être d’accord. On fait ainsi, consciemment ou inconsciemment, de l’anarchisme, un ensemble qui devrait avoir vocation à réponse à tout, mais qui, ce qui revient au même, ne peut avoir de réponse sur rien puisque tout est acceptable, fédérable et synthétisable au nom de la liberté !

On devrait ainsi sauter, aimer, courir, lire, baiser, militer, manger, parler, séduire, jouer, draguer, boire, travailler (ou ne pas…), rire,… ANARCHISTE. Il règnerait alors comme un parfum de « politiquement correct » et de « puritanisme ».
Eh bien merde, non ! Je n’en suis pas.

(1) A ce propos je veux préciser (le flou est présent dans de nombreux… « topics »… c’est comme ça que vous dites ?) qu’on peut être communiste libertaire - (cocolib) - (je préfère personnellement le terme d’anarchiste-communiste, mais bon !) sans être plateformiste. Que les organisations qui s’en revendiquent ne le font plus de manière stricte (y compris AL, je pense) mais qu’il s’agit d’une filiation indiquant une démarcation d’avec le mouvement anar non lutte de classes et anti-organisationnel, et d’une volonté d’en finir avec les conceptions anti-politiques (amérique latine).
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Re: anarchistes, sommes-nous du même monde ?

Messagede oclstnaz » 06 Sep 2009, 09:50

Petit rappel pour ceux et celles que ces questions autour "du" mouvement anarchiste travaillent....

UNITÉ DES LIBERTAIRES ?
MYTHES ET RÉALITÉS DU MOUVEMENT ANARCHISTE http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article602!

En janvier 2001, les éditions du Monde libertaire et les éditions Alternative libertaire (Belgique) publiaient une brochure intitulée : Unité Pour un mouvement libertaire, signée Jean-Marc Raynaud avec la complicité de Roger Noël dit Babar. Ce texte était l’occasion de sortir des archives un document datant de 1934, « La synthèse anarchiste » selon Voline.

Le 22 mars suivant, les deux auteurs, rejoints par un troisième camarade, J.C., rendaient public pour signatures individuelles ou collectives un second texte Unité ! Appel pour un mouvement libertaire http://oclibertaire.free.fr/ocl/debat_unite.html, annonçant une première rencontre entre signataires pour les 13 et 14 octobre 2001, dans la perspective « d’une initiative pour la tenue des états généraux du mouvement libertaire ».

Fin août, L’Appel comptait près de 400 signataires issus de la militance anarchiste francophone, dont une centaine devraient se rencontrer à Niort cet automne.

Ce type d’initiative est récurrent dans le milieu anarchiste. Les personnes au fait de l’histoire des quarante dernières années de ce courant politique auront en mémoire La Lettre au mouvement anarchiste international de l’UGAC (Union des groupes anarchistes communistes) en 1966, ou plus récemment l’Appel pour une Alternative libertaire, initié par l’Union des travailleurs communistes libertaires en 1990. Textes qui à leur manière proposaient également des débats en vue de regroupement pour gagner en cohésion politique et en efficacité.

La particularité de l’Appel 2001 est qu’il émane non pas d’une tendance communiste libertaire, ou révolutionnaire, mais de militants de la Fédération anarchiste francophone, plutôt partisans d’une stratégie de synthèse organisationnelle, et qui, jusqu’ici, nous avaient habitué à une défense inconditionnelle de la Fédération Anarchiste, considérée comme LA structure anarchiste, centre de gravité d’une « mouvance » jugée peu significative et parfois méprisée.

Cet appel paraît également dans une période de redynamisation des luttes politiques et sociales à l’échelle nationale et internationale, dans lesquelles des anarchistes sont présents, et tirent même certains succès, au moins médiatiques. Cependant, il est vrai que ce succès d’image est générateur de frustrations, au moins à l’échelle du mouvement anarchiste hexagonal : l’incohérence de l’intervention des différentes structures se réclamant de l’anarchisme lors des manifestations contre le sommet européen de Nice en est une illustration éloquente. A l’échelle internationale, les regroupements et les restructurations sont également à l’ordre du jour, et l’Espagne ou l’Amérique du Nord nous fournissent des pistes intéressantes.

Le mouvement anarchiste en France est pour sa part composé d’un nombre conséquent d’organisations politiques et syndicales, de groupe locaux, d’associations, d’individualités, qui successivement et en fonction des événements se trouvent en positions phares ou en retrait, travaillent ensemble ou séparément, de concert ou en concurrence, plus ou moins à la recherche d’une hégémonie organisationnelle sur « le mouvement », ce qui se traduit généralement par d’avantage d’inertie que de dynamique.

L’intérêt de « l’Appel » est donc de proposer un questionnement à l’ensemble du courant anarchiste, qui peut éventuellement conduire vers une pratique d’échanges et de débats qui fait cruellement défaut à tout ce petit monde.

Cependant, la bonne volonté affichée ne doit pas conduire à une fausse naïveté, et nous faire prendre les vessies de l’unité pour les lanternes de la révolution sociale. Il existe, entre tous ceux et toutes celles, structures ou individus, qui se réfèrent à l’anarchisme, des clivages fondamentaux qui structurent l’histoire comme l’état actuel du courant anarchiste, et qui déterminent des conceptions radicalement opposées, théoriquement et pratiquement, de l’anarchisme. Et l’abandon de l’idée même de révolution, perceptible dans la dynamique en cours ainsi que dans certains articles publiés récemment à Lyon ou ailleurs, n’est ni des moindres, ni anodine.

Il est donc nécessaire de questionner ces clivages si l’on souhaite qu’un débat réel s’instaure et que des pratiques communes émergent, de façon à ne pas vivre sur l’illusion d’une possible unité de l’ensemble des libertaires, dont on ne tarderait pas à constater qu’il s’agit de l’union impossible de la carpe et du lapin.

Ce numéro hors série de Courant Alternatif se propose de contribuer à ce questionnement, en livrant un certain nombre d’éléments historiques et contemporains, théoriques et pratiques, qui fondent les lignes de fractures qui traversent « le » mouvement, sans prétendre retracer son histoire complète. Seuls ont été pris, à des périodes différentes, quelques exemples qui nous ont paru illustrer nos remarques précédentes. On pourrait en citer d’autres aussi importants et aussi éclairants à nos yeux. En revanche ce numéro reste très hexagonal ce qui est une lacune, que nous comblerons peut-être lors d’une prochaine livraison.

Mais il propose également un certain nombre de pistes de travail possibles pour tous ceux et toutes celles qui, comme nous, tentent de réduire cette fracture pour aller toujours plus loin sur les chemins d’une révolution communiste et libertaire.

Le 3 octobre 2001 / OCL

Sommaire


Unité des libertaires ? p. 3
Appel à l’unité p. 4
Voie étroite d’une convergence nécessaire p. 5
Lecture critique p.16
Quelle unité des révolutionnaires ? p. 18
Lutte des classes et racines du mouvement anarchiste p. 21
Ni plateforme, ni synthèse p. 25
Anarchistes et francs-maçons p.27
La question coloniale p. 29
Unité dans les luttes ? p. 32
Appel à une solidarité internationale p. 33
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Re: anarchistes, sommes-nous du même monde ?

Messagede leo » 06 Sep 2009, 14:10

Je crois que tout cela revient à parler d’une unité des anarchistes à géométrie variable.

Je n'aborde pas ici la question du sectarisme. Je crois qu'il renvoie partiellement à la dimension "religieuse" et doctrinaire sous-jacente de toute pensée politique (et l'anarchisme est champion là-dedans car il se veut plus que politique) et à des modes d'appartenance de l'individu à un groupe où l'identification est particulièrement forte. Mais aussi à d'autres dimensions subjectives, individuelles et collectives : les personnes sont ou deviennent plus ou moins sectaires selon qu'elles se pensent dans une situation défensive, qu'elles sont plus ou moins fragiles, mal assurées, pessimistes, en peur d'échouer, etc. En bref, le sectarisme en tant que tel ne renvoie pas à un courant politique particulier et il est à ce titre assez bien distribué dans les différents groupes, chapelles, sous-groupes...

Là où l'unité des anarchistes ne pose pas trop de problème, c’est quand les positions les plus variées peuvent cohabiter. Cohabiter au sens qu’elles sont placées les unes à côté des autres, juxtaposées. Sans recherche de “fusion”, de convergence et autre unité.
C’est ce qui peut se passer lors d’évènements du type salon du livre anarchiste (qui est une sorte de grande librairie anar provisoire). Là c’est l’aspect “vitrine”, et aussi promotionnel et commercial qui l’emporte et cela ne pose pas plus de problème dans n’importe quel salon littéraire où coexistent des éditeurs et des auteurs qui ne peuvent pas se saquer…

Cette grande “unité” anarchiste, on la retrouve surtout dans des aspects un peu “patrimoniaux” et historiques. Une bibliothèque, un centre de documentation, un centre de recherche sur l’anarchisme peuvent faire cohabiter des pensées les plus diverses et contradictoires sous le parapluie commun de l’anarchisme. Dans ce genre de lieux, il y a les rayons “anarcho-syndicalisme”, “individualisme”, “communisme libertaire”, “illégalistes”, “non-violents”, “végétariens”, “culturels”, et j’en passe… Comme il y a des rayons “art”, “histoire”, “philosophie”...Cela peut fonctionne parce qu’il n’y a pas de confrontation, il n’y a pas de recherche d’une cohérence que suppose l’action politique, l’intervention dans le réel social, historique, politique.

Cette “unité” de toutes les variétés les plus extravagantes de l'anarchisme, ce qui se dénomine comme la “synthèse” mais qui n’en est pas une, c’est l’idée d’une “maison commune” (d’où le côté patrimoine), avec ses compartiments, ses différentes pièces, dépendances, lieu de “mémoire”, d’archivage, de conservation et aussi pourquoi pas de recherche pour étudiants doctorants en histoire de l’anarchisme ou sociologie politique.

Ce côté patrimonial, maison commune, outre que c’est l’endroit où l’on collectionne des idées, des textes, des documents, peut assez vite générer chez ceux qui s'y réfèrent un côté propriétaire inquiet, gardien de la maison (du temple ?), soucieux de son entretien, de vérifier continuellement qu’il n’y a pas de fuite, que les murs et la toiture sont bien solides, que les fondations bien profondes (quitte pour se rassurer à les creuser jusqu’à l’aube de l’humanité), que les ouvertures ne sont pas trop béantes pour ne pas risquer d’être contaminé ni par des idées étrangères, ni par le “réel” et son actualité. D’où souvent le côté doctrinaire, presque religieux, idéologique, figé, sectaire et intemporel d’une conception de l’anarchisme qui se veut la plus “unitaire”, en apparence la plus ouverte, ce qui ne l’empêche pas d’être totalement opportuniste sur le plan politique (participation à des structures unitaires avec le PS, appel à voter Chirac…) !
Là la maison doit surtout avoir (et se concevoir comme) une belle vitrine, où elle peut exposer ses joyaux, ses belles idées, la multiplicité de ses publications, ses livres, la richesse et la diversité de son patrimoine.

Cette “unité” peut fonctionner fondamentalement parce qu’il n’y a pas de débat et en tout cas pas de recherche de positions communes. C’est un paradoxe mais c’est ainsi. Cela fonctionne surtout quand les idées, points de vue, analyses, comptes-rendus, informations sont mises les unes à côté des autres, les unes à la suite des autres comme on met des livres sur une étagère ou que l’on organise thématiquement sa bibliothèque.
Le CIRA, le site “Recherches sur l’anarchisme” sont aussi des lieux “synthésistes” ou “unitaires”. Il y en a d'autres comme ceux qui veulent faire la biographie de tous les anarchistes, vivants ou morts !
La revue Réfractions n’est pas explicitement synthésiste mais elle n’a pas non plus d’orientation précise : elle accueille voire suscite des points de vues et analyses assez différenciées du moment que les contributions se placent dans une certaine intellectualité. Des sites comme A-infos aussi remplissent cette fonction. Ces différentes structures, lieux virtuels, bibliothèques réelles, forums, salons du livre anarchiste, etc. ne sont pas inutiles, ils remplissent une fonction (mémoire, documentaire, informative…) mais cela n’en fait absolument pas des structures orientées vers l’action politique dans le champ social.

Maintenant pour tout le reste, je suis d’accord avec Luco quand il parle de bon sens à propos du texte qui a ouvert ce topic. Il faut une assez grande proximité politique pour que le débat et l’action soient possibles. Et cette proximité est à la fois le préalable et le produit d’une expérience commune. Cela s’appelle des “acquis” communs, partagés, qu’il ne faut pas en permanence réinterroger ou remettre à plat (même s’il est bon de les questionner de temps en temps !) pour avancer et fonctionner ensemble dans l’action et la réflexion.
Dans les faits, les anarchistes, comme n’importe qui, se regroupent selon leurs affinités en fonction des buts qu’ils visent. C’est pourquoi il existe des organisations différentes, des options assez peu compatibles les unes avec les autres : elles renvoient à des problématiques différentes, à des manières distinctes d’aborder le rapport au réel et d’intervenir dessus. Tout bien sûr n’est pas figé et le “donné” peut évoluer.

Enfin, entre la “maison commune de tous et toutes les anarchistes” et la dispersion entre un grand nombre de groupes, organisations, collectifs, il y a de la marge pour des unités ponctuelles, circonstancielles, locales et/ou dans le cadre d'une lutte avec d'autres, au sein d'un collectif par exemple. Pas seulement parce que ces formes d'unité auront été décidées de manière volontariste mais parce qu'elles apparaissent à un moment donné comme presque évidentes, du moins possibles et donc souhaitables.
Le possible ici a autant à voir avec le rapprochement “objectif” des points de vue qu’à l’élasticité, à la variabilité d’une géométrie politique assumée, propre à telle circonstance, à tel sujet, à telle lutte, à tel moment historique, à tel état des formes de la subjectivité collective, chez les militant-e-s mais aussi et surtout à une échelle plus globale.
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Re: anarchistes, sommes-nous du même monde ?

Messagede conan » 06 Sep 2009, 15:15

Puisque tu vises la FA sur le vote Chirac, je me permets tout de même de rappeler que si, par nature garante des autonomies de chacun et de la libre-association, cette organisation a en effet pu avoir des gens en son sein qui ont eu cette position, au fédéral elle n'a pas prôné du tout le vote Chirac. Ce qu'au final, désapprouvant le vote Chirac, je trouve néanmoins très positif - qu'il y ait eu un refus fédéral, autant qu'il y ait eu des gens pour de façon individuelle.
Je conçois d'autre part que des gens ayant une ligne politique précise et se désintéressant d'autres côtés comme tu le dis "extravagants" de l'anarchisme voient la synthèse comme un patchwork sans cohérence, une espèce de bibliothèque. Mais je pense qu'il s'agit d'une vision bien tronquée, la plupart des synthésistes n'ayant pas une position d'assembler le bric et le broc, mais de les relier en une cohérence.
Pour ma part, mais je l'ai déjà dit, je comprends la vision de chacun, et vois une certaine pertinence dans pas mal de critiques que l'on pourra reprocher à certaines personnes de la FA, mais vois tout de même (et ce, avec mes tripes) la synthèse comme ce qui me convient le mieux ; car non seulement je m'intéresse à tous les aspects de l'anarchisme et à toutes ses réflexions diverses, mais en plus de cela, les considère complémentaires, voire indissociables s'il s'agit de les rendre pertinents, même isolément.
A mon sens l'anarchisme communisme seul ne résout pas tous les problèmes de l'autorité, ni l'individualisme anarchiste, ni l'anarchosyndicalisme, ni la recherche de solutions alternatives plus ou moins temporaires d'autonomie "ici et maintenant", ni une lutte antipatriarcale isolée d'une réflexion globale, ni la lutte vegan seule, ni.... C'est leur mise en relation, en réseau et même en articulation, qui pour ma part donne à chacune de ces visions et champs de lutte tout leur sens. Et je ne me contente pas que de philosopher là-dessus, puisque je m'investis dans tous ces champs de lutte, dans l'action concrète, au maximum de mes moyens et du contexte.
Je conçois donc que l'on puisse préférer un champ de lutte (et même un seul, en se collant une étiquette précise, genre communiste, indiv, anarcho syndic, antipat' etc...), mais conçois un peu moins que l'on puisse parfois rejeter tant d'autres aspects comme n'étant pas "du même anarchisme", y voyant pour ma part une complémentarité certaine. Du reste à la FA, si beaucoup de gens ont tendance à se "spécialiser" un peu dans un champ de luttes (anticarcéral pour certain-e-s, lutte de classe pour d'autres, art subversif pour encore d'autres etc...) j'ai plutôt l'impression qu'il y a respect mutuel de ce qui est considéré comme des luttes à d'autres endroits du même front contre l'autorité en général.
Si ça vous intéresse, dans le ML de la rentrée j'ai vu qu'il y aurait un article à ce sujet - plus précisément sur le cas précis de la critique d'un anarchosyndicalisme isolé.
conan
 

Re: anarchistes, sommes-nous du même monde ?

Messagede Seitanarchist » 07 Sep 2009, 01:42

la différence entre un copain et un camarade ?

Un camarade ou compagnon qui te fais une crasse, c'est toujours un camarade ou un compagnon.
Un copain qui te fais une crasse, c'est plus un copain.

D'où la faiblesse de "l'affinitaire" du copinage.
Moi je peux avoir des camarades ou compagnons qui ne sont pas mes "copains" ou mes "copines".
Et des copains et copines (sous entendu que j'aime beaucoup) avec qui je ne suis pas d'accord politiquement sur beaucoup de choses.
Même si, évidemment, à certains degrès : les deux deviennent forcement inconciliables (grosse embrouille politique, ou confiance trahie entre amiEs ou autre).
J'envisage pouvoir être d'accord avec des gens politiquement sans que ce soit mes amiEs.

Je ne prône pas la "séparation" entre ces concéptions. Juste que lorsqu'on ne fais aucune différence on finit par s'emmêler les pinceaux et reproduire des schémas de la domination et des luttes intestines de pouvoir.
Mon expérience personelle avec certaines personnes (bien endehors de ce forum) m'a largement permit de le comprendre : même au sein de certaines orgas.

Quant au "vote chirac" et aux embrouilles inter-orgas de type " vieux dossier ", on est un peu hors sujet là.
Même si rien ne vous empêche d'ouvrir un nouveau topic.

C'est vrai que la chapelle OCL réunit vachement + et fait plus l'unité avec plus de monde: 50 pékins à tout casser... (pouf...pouf...)


C'est à qui pisse le plus loin ?
Tu sais que dans ce cas il va falloir faire gaffe à la street credibility de la FA si tu la compare au nombre de militants du NPA...
"We can protest untill death, they won't listen, don't sit back and think It will happen. They won't give up what they've robbed, stand up and resist." Conflict
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Re: anarchistes, sommes-nous du même monde ?

Messagede Alayn » 07 Sep 2009, 02:10

Bonsoir ! La brochure "Unité" de JMR avait pour objectif principal de réunir sur leurs points communs, au lieu de se tirer dans les pattes comme d'ab, un mouvement large d'anars, au-delà même des orgas estampillées. (et ce qui fut réalisé un certain temps concrètement !)

Elle égratignait au passage, mais logiquement aussi, les travers et les défauts de toutes les chapelles et orgas (y compris la FA où est affilié l'ami JMR), avec peut-être certes plus ou moins de justesse et de pertinence à tous les coups, mais, au final, recherchait les complémentarités possibles:

"Anars de toutes les tribus...": tel était le message essentiel (du moins à mes yeux).

Salutations Anarchistes !
Alayn
 

Re: anarchistes, sommes-nous du même monde ?

Messagede luco » 08 Sep 2009, 10:28

Juste une question de détail, mais qui m'intéresse, à JPD :

Tu dis que tu aimes "leur morale et la nôtre" de Trotsky. Pour ma part c'est plutôt l'un de ses écrits qui montre la "face obscure" du Trotskysme, celui de ce pragmatisme accoucheur de l'histoire qui d'une certaine manière contient toutes les dérives futures.

Qu'est-ce qui te plaît dans ce bouquin ?
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Re: anarchistes, sommes-nous du même monde ?

Messagede JPD » 08 Sep 2009, 16:37

Mon cher Conan, dans ton message du 6 tu écris sans détour et dès le début, que la FA était visée dans la critique faite au vote Chirac en 2002. Or, dans le post de leo, la FA n’est nullement citée ni évoquée. Quant à moi j’ai écrit « L’appel à voter Chirac fut largement partagé dans le « mouvement anar » - au-delà de JMR, hélas ! ». Donc, à moins de considérer que « hors la FA point de salut » (ce que JMR – là je le cite ! – affirmait quelques années avant l’appel en question – les non FA étant, par lui, considérés comme « la mouvance » !) pas de raison de voir la FA continuellement visée ici. Tu n’es à la FA que depuis très peu, ne te livre pas à la surenchère des converts et lit mieux les post des autres (ceci dit sans méchanceté ni agressivité !).
J’ai un peu l’impression que tu introduis des nuances un peu spécieuses entre les mots. Il ne s’agit pas d’assembler, mais de relier, dis-tu… épaisseur d’une feuille de cigarette ! Mais je suis d’accord qu’aucune doctrine, aucune tendance, aucun -isme ne résoud tous les problèmes… et heureusement ! Et pas plus le fédéralisme que le reste.
C’est bien joli la mise en réseau, l’articulation de points de vue divers et varié. Mais explique moi comment tu vas articuler vegan/antispécistes avec moi, par exemple, qui suis spéciste convaincu et qui revendique de manger de la viande ! Difficile de cohabiter (sauf peut-être à un salon du livre comme dit Leo) car s’ils et elles militent pour que je ne mange plus de viande, moi je ne milite pas pour qu’ils et elles en mange ! Des exemples comme ça il y en a d’autre. En revanche les uns comme les autres pouvons nous retrouver sur d’autres terrains, sans doute.

A seitanarchiste. La différentiation copain/camarade dans le titre était à prendre au sens historique du terme. Sinon je suis Ok avec ce que tu dis.
En France, dans le mouvement ouvrier socialiste (pas dans le sens du PS actuel !) on disait en général camarade, alors qu’en Italie « camerata » était utilisé par les fascistes. Les socialistes s’appelaient compagni. En Espagne on dit aussi compagneros… et c’est pour ça que, souvent par mimétisme et osmose avec le mouvement espagnol a été introduit, surtout dans l’anarcho syndicalisme le terme de compagnon en France. Mais ce terme est aussi celui utilisé par les francs-maçons et donc une branche non lutte de classe, libérale, dans le mouvement ouvrier… C’est là aussi le sens pour moi de cette différenciation qui n’est quand même qu’un clin d’œil dans un titre. En outre, camarade est masculin et féminin ce qui évite bien des turpitudes de la « politiquement correcte » féminisation du langage. Le féminin de compagnon est compagne ce qui, conviens-en a un tout autre sens. Compagnonne ? Cela existe mais est peu usité et laid. Je me sens en outre plus proche de quelqu’un avec qui je partage la chambre (camarade) qu’avec qq avec qui je ne partage que le pain ou surtout le travail (compagnon). Mais bon, seul chose à retenir, j’aime pas les franc-macs. Le reste est digression
Plus sérieusement seita… je ne pense pas que "vote chirac" et aux embrouilles inter-orgas de type " vieux dossier ", on est un peu hors sujet là, comme tu dis.
Je pense que c’est quelque chose d’important et c’est pour ça aussi que j’ai fais ce texte. Important car je crois que cela va se reproduire (pas sur Chirac, bien sûr, mais sans doute contre Sarkozy). Et si je critique ça, ce n’est pas parce que je suis fidèle au « Voter c’est abdiquer » - mais parce que faire de la politique au sens positif, réintroduire le politique, le vrai, c’est aussi être capable de déterminer les moments qui sont plus importants que d’autres (nous ne sommes pas dans un monde d’équivalence ou tout se vaut), et dans les cas qui nous occupent, les moments où on pense qu’il faut justement s’abstenir. Car là l’enjeu ce n’était pas de barrer la route à le Pen, mais de ne pas donner un quitus écrasant à la bourgeoisie et permettre au gouvernement Chirac de mener une contre offensive que nous avons tous payé et que beaucoup ont regretté ensuite.

L’important ce ne sont pas les habillages en isme ni les recettes pour être un bon anarchiste, mais les analyses sur la société actuelle, les analyses en terme de classes, sur les grandes forces qui la traverse et les signes d’autonomie qui appraissent ici ou là (je ne parle évidemment pas de l’Autotonomie caricaturale de nos amis insurrectionnalistes). Il me semble qu’il y a un enjeu actuellement c’est comment réintroduire le politique dans l’entreprise, dans les lieux de production, mais là c’est dans le forum licenciements, délocalisation etc… qu’il faut développer cela.)

Enfin Luco concernant leur morale et la nôtre je suis d’accord avec ce que tu dis et analyses du fond du bouquin. Mais j’aime bien un certain côté décapant qui interroge le prêt-à-penser de l’époque tendant à mettre au rencart l’idée de révolution sous prétexte de critique du stalinisme… (on a connu ça plus tard). Nous sommes au milieu des années trente et les attaques de la bougeoisie internationale et de ses idéologues contre l’URSS se font avec des arguments irrecevables qui ne sont pas ceux de l’ultra gauche ou des anarchistes. Il y a aussi la crique de la morale bourgeoise qui ne prône que des règles en sa faveur. Bien sûr les « solutions de trotsky » et nombre de ses démonstrations sont à rejeter vertement. Ça m’a ouvert jadis à l’idée qu’il y a une critique de droite et une critique de gauche (et qu’ils n’y a jamais que deux solution, que les ennemis de mes ennemis ne sont pas forcément mes amis, etc). Mais bon, ça fait longtemps que je l’ai lu et, du coup, je vais aller y faire un retour.

Pardon de toutes ces digressions et d’avoir été si long.
JPD
 
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Re: anarchistes, sommes-nous du même monde ?

Messagede conan » 08 Sep 2009, 18:05

JPD a écrit:Mon cher Conan, dans ton message du 6 tu écris sans détour et dès le début, que la FA était visée dans la critique faite au vote Chirac en 2002. Or, dans le post de leo, la FA n’est nullement citée ni évoquée. Quant à moi j’ai écrit « L’appel à voter Chirac fut largement partagé dans le « mouvement anar » - au-delà de JMR, hélas ! ». Donc, à moins de considérer que « hors la FA point de salut » (ce que JMR – là je le cite ! – affirmait quelques années avant l’appel en question – les non FA étant, par lui, considérés comme « la mouvance » !) pas de raison de voir la FA continuellement visée ici. Tu n’es à la FA que depuis très peu, ne te livre pas à la surenchère des converts et lit mieux les post des autres (ceci dit sans méchanceté ni agressivité !).
J’ai un peu l’impression que tu introduis des nuances un peu spécieuses entre les mots. Il ne s’agit pas d’assembler, mais de relier, dis-tu… épaisseur d’une feuille de cigarette ! Mais je suis d’accord qu’aucune doctrine, aucune tendance, aucun -isme ne résoud tous les problèmes… et heureusement ! Et pas plus le fédéralisme que le reste.
C’est bien joli la mise en réseau, l’articulation de points de vue divers et varié. Mais explique moi comment tu vas articuler vegan/antispécistes avec moi, par exemple, qui suis spéciste convaincu et qui revendique de manger de la viande ! Difficile de cohabiter (sauf peut-être à un salon du livre comme dit Leo) car s’ils et elles militent pour que je ne mange plus de viande, moi je ne milite pas pour qu’ils et elles en mange ! Des exemples comme ça il y en a d’autre. En revanche les uns comme les autres pouvons nous retrouver sur d’autres terrains, sans doute.


Pour répondre à ta première remarque ("mon" cher JPD !), il me semble pour le coup que c'est toi qui joues sur les mots en disant que la FA n'est ni citée ni évoquée par Leo... Leo fait explicitement une critique de la synthèse d'une part, mais d'autre part le met en articulation avec des allusions qui ne laissent guère de doute, comme "l'unité", ou "le vote Chirac"... Je ne connais pas mille orgas se revendiquant de la synthèse, mais une seule à ma connaissance, dont Leo ne parle bizarrement pas, lui qui évoque pourtant le CIRA etc... et (sans doute par hasard), cette organisation compte une personne (en l'occurence JMR, tu le cites d'ailleurs à ce sujet) qui a revendiqué de voter Chirac et a écrit une brochure sur l'unité. Je passe sur des allusions qui ressemblent à s'y méprendre aux monceaux de caricatures que je peux lire ou entendre, malgré le peu de temps que j'y suis, à l'adresse de "la FA". Parle-t-on d'individus ? de position fédérale ? Bien trop souvent, d'individus (par définition très variés), pour mieux discréditer l'organisation synthésiste, comme si parce qu'un individu disait telle ou telle chose, ou avait telle ou telle activité, l'association avec lui sur tel ou tel autre point serait impossible !
Du reste, concernant JMR, je ne suis pas d'accord avec pas mal de ses positions, et ne me prive pas de lui dire. Mais ne me prive pas de bosser avec lui sur telle ou telle autre chose avec laquelle je me sens plus en accord. Nul dogmatisme ; la synthèse en est profondément l'opposé...
Pour en revenir à Leo, j'ai donc eu la surenchère du convert d'en tirer la conséquence qu'il parlait de la FA.
Mais... je me suis sans doute égaré, tu as raison... :wink:

Tu affirmes ensuite qu'assembler et relier n'ont guère de différence, que c'est jouer sur les mots de façon spécieuse, et dis rejeter le fédéralisme comme dogme qui apporterait toutes les solutions, préférant (si j'ai bien compris) te retrouver avec des gens sur les terrains de lutte.
Or précisément, la fédération est ce qui assure ET de ne permettre à aucun "isme" d'imposer à quiconque son joug, ET de permettre de mettre en relation un maximum de gens malgré tout, pour qu'ils puissent s'associer librement dans des terrains de lutte proposés par tout un chacun.
La fédération, c'est le principe de l'autonomie doublée de la libre-association.
Je ne comprends d'ailleurs pas ton exemple sur les vegans : aucun vegan à ma connaissance ne va refuser de bosser avec toi dans une lutte de soutien à des ouvriers en grève, ou pour des sans-papiers, ou dans un syndicat, au prétexte que tu bouffes de la viande... autonomie. Par contre, si un jour ses infos t'intéressent, tu pourras te documenter grâce à cette personne qui s'intéresse au veganisme... fédéralisme, sans en partager forcément les actions : libre-association. Est-ce à dire que vous seriez incapables de bosser ensemble comme tu le dis ?
Il n'y a pas que les salons du livre où tu peux les rencontrer et bosser avec, mais dans les luttes réelles aussi. Veganisme, ce n'est qu'un champ de réflexion et de lutte, mais un individu ne se résume pas à un seul champ de lutte qu'il investit. Et si une personne s'intéressant (entre autres) au veganisme est dans une orga synthésiste, par définition il respectera ton autonomie et le fait que tu ne te reconnaisses pas dans cette lutte spécifique ne sera pas un obstacle selon lui pour bosser par ailleurs dans d'autres choses. Je le sais, je suis organisé avec des gens dont certain-e-s s'intéressent au vegnisme (entre autres). Pourtant, je mange encore de la viande. Mais leurs réflexions, documentations et les débats que j'ai eux avec ces personnes m'ont permis de réfléchir et de clarifier ma réflexion pour l'orienter de nouvelles attitudes face à la viande, très différentes de celles que j'avais jusque là. Librement.
Pour ma part, je ne comprends pas que l'on puisse dire que relier ce soit juste assembler, comme si les luttes étaient étanches... Si certaines luttes peuvent le paraître pour certaines personnes, elles ne le seront pas forcément pour d'autres, voire même complémentaires, voire même indissociables... au gré des individus.
La fédération des individus, dès lors qu'elle n'amène aucune obligation pour tou-te-s d'agir sur une ligne ou une action, mais laisse à chacun-e la liberté de s'associer ou non à telle ou telle propostion venue de n'importe quel individu, me paraît le meilleur moyen de faire communiquer, se rencontrer, débattre et puis agir les libres volontés, qui auront décidé de s'associer, ponctuellement ou durablement, à telle ou telle lutte.
Je ne comprends donc toujours pas la critique de la synthèse.
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Re: anarchistes, sommes-nous du même monde ?

Messagede leo » 08 Sep 2009, 19:55

@ Conan

Je n'ai pas "visé la FA" dans le texte précédent. J'ai simplement essayé de faire une critique de la synthèse, en disant en gros qu'elle était inopératoire politiquement, qu'elle parvenait à mettre d'accord des militant-e-s sur des positions très générales et très idéologiques (en gros : contre l'Etat, toutes les oppressions, les armées, les élections, etc...), donc les plus "puristes" au regard de la doctrine anarchiste mais que cela n'empêchait pas certains (qui se réclament de la synthèse) de prendre des positions opportunistes. La radicalité idéologique peut cohabiter avec des positions et attitudes réformistes.

Quant à "JMR" et l'appel à l'unité des libertaire qu'il avait lancé avec d'autres, je l'ai vécu à l'époque comme quelque chose de complètement synthésiste, mais sur des contenus plus "modernes", plus actualisés. Je crois que sa critique de l'époque envers la FA était de dire qu'elle avait failli dans la mise en oeuvre de son projet (synthésiste) et qu'il fallait le reprendre sur de nouvelles bases (et pas rechercher un autre projet avec d'autres références.)

Maintenant, si je gratte, je peux également dire que des organisations plate-formistes prennent parfois des positions du même acabit (lors des élections, lors de la guerre en Yougoslavie...)

Sinon, cette discussion ne m'intéresse pas plus que cela (car cela revient vite à distribuer des bons et mauvais points, à personnaliser les échanges et a faire enfler la polémique).

Ce que j'essaie de dire c'est que les unités peuvent être multiples, circonstancielles, variables selon les sujets, les terrains de luttes, les particularités locales éventuellement, mais qu'il fallait oublier toute idée d'un regroupement général des anarchistes dans leur ensemble dans une structure unique et unitaire qui, en plus, ne pourrait exister que sur des bases minimales (par soustraction).
Je suis personnellement favorable aux unités possibles, celles qui permettent d'être plus fort, plus audibles/visibles, plus intelligents aussi (c'est pas seulement une question de nombre comme des petits soldats dans la bataille mais l'unité qui m'intéresse est celle qui permet d'avoir plus d'arguments, plus de moyens y compris intellectuels de se faire entendre et comprendre), et non celles qui font perdre du temps et de l'énergie.

Je préfère les unités militantes et politiques qui fabriquent des additions que des soustractions.
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Re: anarchistes, sommes-nous du même monde ?

Messagede conan » 08 Sep 2009, 20:32

Tu penses, j'ai l'impression, l'organisation en termes d'unité globale, centrale, de décision appliquée à tou-te-s.
Et non d'unité sur le mode fédéral, du reste sur ce point, nous disons la même chose : "les unités peuvent être multiples, circonstancielles, variables selon les sujets, les terrains de luttes, les particularités locales éventuellement" : c'est exactement ainsi que je vois la libre association au sein de mon orga "synthésiste", ce qui ne m'empêche pas de bosser davantage, et de façon plus carrée, en m'associant librement avec des gens dont je partage des intérêts (réflexions, actions).
Ce qui est exactement ce que tu dis sur les "unités possibles, celles qui permettent d'être plus fort, plus audibles/visibles, plus intelligents aussi (c'est pas seulement une question de nombre comme des petits soldats dans la bataille mais l'unité qui m'intéresse est celle qui permet d'avoir plus d'arguments, plus de moyens y compris intellectuels de se faire entendre et comprendre)"
Alors, pourquoi ? Pourquoi ne pas les faire au sein d'une fédération de tous les anarchistes, permettant justement de créer un réseau de communication où l'information puisse passer ? Tout en respectant l'autonomie et la libre-association d'individus, y compris sur des points communs d'analyse politique ? des groupes libres, qui pourraient se constituer librement pour un temps, une tendance plus ou moins formelle, produire leur journal, leur analyse commune... Le maintien au sein de la structure fédérale permettant, sur d'autres luttes ou questionnements, de jeter des ponts, de se tenir au courant de ce qui se passe ailleurs pour s'y joindre ou pas. L'avantage, c'est que contrairement aux orgas fonctionnant sur des "lignes" politiques affinitaires par principe, des individus impliqués dans un groupe spécifique pourraient se retrouver dans d'autres groupes spécifiques en parallèle, pour d'autres analyses et actions qu'ils seraient libres de juger complémentaires, et non antinomiques avec ladite ligne.
Le regroupement sur des principes a minima, que tu vois comme soustractif, permet au sein d'elle la libre-association sur telle ou telle commission, tel ou tel événement... qui permettra la libre addition, aura toute liberté pour produire ses anlyses... après c'est sûr que si les individus/groupes ne proposent rien, c'est stérile - mais c'est un autre débat, relevant davantage des personnes avec qui l'on se fédère. Pour ma part, il est clair qu'à la FA il y a des gens avec qui je risque fort de bosser très peu, d'autres avec qui je peux bosser beaucoup plus, mais je suis content que tout le monde puisse se tenir malgré tout informé de ce qui se passe partout, afin de laisser à chacun-e la liberté de s'associer à tel ou tel projet.
En conclusion, la "soustraction", je la vois au contraire de toi dans la (relative) étanchéité produite par la scission en plusieurs groupes ayant des lignes politiques s'affichant divergentes, et qui à cause d'une divergence qu'ils jugeraient irrémédiable ne communiqueraient plus entre elles, sinon au hasard d'un mouvement circonstantiel : "oh machin, t'es là toi aussi ?", ce qui en termes d'efficacité pour l'action anarchiste en général, est quand même pas top.
Heureusement, la réalité des outils actuels de communication nous permet de faire sauter ces étanchéités dommageables, pour nous fédérer librement, organisés ou non, sur des unités circonstantielles.
Mais bien plus grâce à (hélas) internet (ce forum par exemple), que par un réseau fédéral cohérent. Je le déplore. Si demain un tel outil, un tel réseau se mettait en place avec une réelle volonté d'un espace libre, respectueux des autonomies, varié, riche de la diversité de ses questionnements et de ses lignes politiques, de libre association, je n'aurais aucune vergogne à quitter la FA. Mais pour l'instant, c'est elle qui me paraît, de par ses structures et ses principes, la plus fidèle à tout ce que je viens d'énoncer. Fétichisme organisationnel mis évidemment à part (fétichisme auquel du reste, pas plus que quiconque j'espère, je ne trouve quoi que ce soit d'intéressant).
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Re: anarchistes, sommes-nous du même monde ?

Messagede Pïérô » 26 Sep 2009, 20:24

Il me semble que l'attitude de membres de la FA sur le forum anar vient contredire cette histoire de "synthèse", puisqu'ils ne supportent pas l'anarchisme-communisme, le communisme libertaire, jusqu'à vouloir en chasser ceux et celles qui s'en réclament . Au delà si une telle "synthèse" avait été possible dans l'histoire, il n'y aurait pas d'organisations anarchistes-communistes et communiste-libertaire, ni un nouveau forum...
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