Licenciements, délocalisations/ socialisation, expropriation

Re: Licenciements, délocalisations/ socialisation, expropriation

Messagede conan » 17 Aoû 2009, 14:15

Bien entendu RickRoll, et je crois qu'on est tou-te-s d'accord là-dessus. Toute avancée est bonne à prendre, fût-elle infime : la lutte demeure le meilleur moyen de rencontrer du monde, de voir que certaines choses sont possibles, bref de s'ouvrir des portes -on en est tou-te-s passé-e-s par là.
Le problème réside pour moi (et je ne pense pas me tromper en parlant pour quelque autres aussi), dans le fait que des anarchistes fassent le choix tactique de poser comme objectif de mobilisation, bref de cautionner des revendications comme une fin, quelque chose qui ne peut guère être qu'une étape incomplète, issue d'un rapport de force contextuel, et même pas toujours un moyen adéquat.
Vouloir être un maximum d'accord : le nombre fait la force, dans la plupart des cas. Mais pas au prix de rallier de façon déclarée des plate-formes d'objectifs au final nuisibles à nos idées politiques.
Pour ma part, je préfère prôner, au risque de paraître utopique, mes idées anarchistes sans compromission, parce que je suis persuadé de leur justesse et qu'elles ne souffrent pour moi aucun compromis : l'abolition du salariat, de la monnaie, de la contrainte et de l'exploitation de quiconque par qui que ce soit, l'accaparation privée de ressources limitées, ainsi que toute activité nuisible à l'humanité et à la pérennité de l'écosystème planétaire (etc...)
Evidemment, on n'y est pas. Mais tout ce qui est à grapiller dans ce sens est bon. mais déjà, en se fixant à terme des objectifs différents, les moyens diffèrent pour y arriver. Ce n'est pas de la philosophie, cun débat stérile, ça se vérifie tous les jours dans les choix tactiques que cela implique.
Ainsi, ce n'est pas parce que je ne signe rien qui puisse compromette un tant soit peu les buts que je me propose en tant qu'anarchiste, que cela m'empêche, partout où je peux intervenir modestement, de pousser vers toujours plus, ne voyant les calcifications en route que comme ce qu'elles sont : le résultat d'une répression directe (justice etc...) et/ou insidieuse (manipulations politiques et syndicales, étouffements réformistes), l'aboutissement d'un rapport de force qui a échoué, faute aux adversaires de toute sorte. Et qu'il faudra clairement critiquer.
Ce débat doit avoir lieu chez les anars sans pour autant qu'AL soit taxée de réformisme, ou les discours plus radicaux de dogmatisme.
conan
 

Re: Licenciements, délocalisations/ socialisation, expropriation

Messagede RickRoll » 17 Aoû 2009, 16:16

conan a écrit:Le problème réside pour moi (et je ne pense pas me tromper en parlant pour quelque autres aussi), dans le fait que des anarchistes fassent le choix tactique de poser comme objectif de mobilisation, bref de cautionner des revendications comme une fin, quelque chose qui ne peut guère être qu'une étape incomplète, issue d'un rapport de force contextuel, et même pas toujours un moyen adéquat.
Vouloir être un maximum d'accord : le nombre fait la force, dans la plupart des cas. Mais pas au prix de rallier de façon déclarée des plate-formes d'objectifs au final nuisibles à nos idées politiques.

A quoi tu pense ?

Ainsi, ce n'est pas parce que je ne signe rien qui puisse compromette un tant soit peu les buts que je me propose en tant qu'anarchiste, que cela m'empêche, partout où je peux intervenir modestement, de pousser vers toujours plus, ne voyant les calcifications en route que comme ce qu'elles sont : le résultat d'une répression directe (justice etc...) et/ou insidieuse (manipulations politiques et syndicales, étouffements réformistes), l'aboutissement d'un rapport de force qui a échoué, faute aux adversaires de toute sorte. Et qu'il faudra clairement critiquer.

Parce que t'as l'impression que c'est pas ce qui est fait dans l'AL ?
RickRoll
 

Re: Licenciements, délocalisations/ socialisation, expropriation

Messagede conan » 17 Aoû 2009, 17:14

Non pas assez, justement. J'ai pas mal de désaccords sur ce que je peux lire de AL, trouvant que cette organisation pense vachement davantage à pénétrer les mouvements larges en y élaborant des compromis pour lutter ensemble, que d'affirmer clairement l'objectif utopique, le revendiquer librement et sans compromis, et de s'associer éventuellement à des gens, sans hésiter à leur dire merde s'ils trahissent. Enfin, ce n'est pas un scoop, sinon je serais chez AL. Pour avoir été à la Ligue un moment, je suis désormais viscéralement anti-compromis avec mes idées et mesméthodes lorsque je me lance dans un truc.
Néanmoins je respecte la démarche, je ne prétends pas détenir la vérité... et je souhaite d'ailleurs que chaque personne se revendiquant anar ait la liberté de s'organiser librement, d'expérimenter et de lutter comme elle le souhaite. Toute initiative est bonne à prendre, toute orga a son utilité et on ne me prendra jamais à défoncer du AL ; j'en fais au contraire régulièrement la promotion, en tâchant de rester objectif, lorsque je sens une sensibilité plateformiste chez des militants.
conan
 

Re: Licenciements, délocalisations/ socialisation, expropriation

Messagede Antigone » 17 Aoû 2009, 18:45

@ berneri
Non. Une révolution, ce n'est pas un changement de régime, c'est un changement de société.
Il ne s'agit pas de prendre le pouvoir, de faire un coup d'Etat ou de mettre en place un régime à la place d'un autre. Pas de Grand Soir ni de charge héroïque, mais un mouvement de fond qui submerge l'ensemble de la société, avec à un moment, un point au-delà duquel tout bascule définitivement, irréversiblement, malgré des pas en arrière qui seront inévitables.

La Révolution française a duré plusieurs années, mais ce n'est qu'en 1792 qu'elle a réellement basculé. Ce n'était que la prise du pouvoir de la bourgeoisie pour prendre en main la conduite du capitalisme moderne et avoir les mains libres pour en gérer les affaires. Mais cela a constitué un bouleversement tel qu'elle s'est poursuivie durant tout le XIXe siècle malgré des retours à l'ordre monarchique.
On peut s'attendre à ce qu'une révolution qui mettra un terme à l'exploitation, au salariat, à la dictature de la marchandise connaisse les mêmes aléas. Mais tant que le point de bascule ne sera pas atteint, rien ne sera acquis.
Cette possibilité de transformation complète de la société doit être constamment affirmée. Si les révolutionnaires ne le font pas, qui le fera à leur place ?

Ce qui me gène dans ton argumentation, ce sont ces objectifs à court terme, ces petits pas en avant qui, mis les uns à la suite des autres devraient nous mener vers une autre société. J'y reconnais le discours des réformistes de la 2e moitié du XIXe siècle. Ils croyaient transformer petit à petit le capitalisme vers une société de transition plus libre, plus juste, plus égalitaire... et c'est le capitalisme qui les a transformés en réformistes parlementaires et gouvernementaux.

L'autogestion des moyens de production (à supposer que cela soit possible dans les services et dans les grosses boites) ne sera qu'une autre façon de générer de la valeur pour qu'elle soit échangée contre d'autres valeurs. Car le capitalisme est un mode de relation basé sur une valeur travail qui s'incarne dans une valeur marchande qui elle-même se transmet à l'ensemble de la société au point qu'il ne soit pas possible aux individus d'envisager entre eux un autre mode de rapport social que celui de l'intéret, du chacun pour soi, de l'atomisation et qui ne soit conduit par la contrainte et la peur.
Qu'est ce que le fait de gérer de la valeur à partir de quelque chose qui nous appartient (ou appartiendrait au domaine public pour reprendre tes termes) aurait de plus libérateur, de plus émancipateur, que gérer la même valeur à partir de quelque chose qui ne nous appartiendrait pas ? La socialisation ou la collectivisation ne changeront rien à l'exploitation, à part qu'on fera croire qu'elle sera consentie, démocratiquement consentie, en plus d'être imposée, ce qui la rendra encore plus aliénante.

Le capitalisme n'est pas une affaire de propriété, mais de soumission à des valeurs abstraites. La question de la propriété ne fait que découler de la domination de la marchandise à laquelle il faut donner un droit pour que la loi s'applique et que le pouvoir puisse s'exercer en toute légitimité.
Bref, tu prends les effets pour des causes et tu penses qu'en s'y attaquant, on resoudra les problèmes. C'est une erreur. La propriété n'a de sens que si il y a une valeur à défendre. Si la valeur tombait en désuétude et disparaissait, à quoi cela servirait de se battre pour en avoir la possession ?

Pour finir, la démocratie directe pourrait parfaitement s'appliquer dans des AG convoquées par les CE. Ceux qui auraient la connaissance des dossiers auraient les moyens de faire voter n'importe quoi et faire passer les exposés pour de la transparence.
A propos d'autogestion, j'ai encore en souvenir le premier congrès de SUD où la référence à l'autogestion à été votée à plus de 90% (on se serait cru à Pyongyang) sans que le terme, sa signification n'ait été précisé ne serait-ce que dans une phrase, sans que la manière de l'appliquer n'ait été définie, ni même débattue.
Je suis certain que si on avait placé les délégués devant une feuille blanche, on aurait obtenu des réponses très différentes (CFDT-Lip, PSU-Rocard, Cuba-étatisme...) voire surprenantes. En plus, avancer le principe de l'autogestion dans une entreprise de l'Etat, cela aurait dû appeler un minimum de développement... mais non, tout le monde avait l'air de savoir comment ça se passerait, comme si tout cela était évident ! Comment développer une critique en partant d'une ignorance aveuglément partagée par autant de moutons ?
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Re: Licenciements, délocalisations/ socialisation, expropriation

Messagede Pïérô » 17 Aoû 2009, 20:37

Il s'agit pour les anarchistes, en tout cas pour les anarchistes révolutionnaires et communistes-libertaires, depuis toujours d'être dans les luttes pour y porter des pratiques et des contenus. Il y en a aussi toujours qui sont restés en marges des luttes et des mouvements sociaux. Comme on le voit ici la question n'est pas nouvelle et le discours qui est tenu par certains pourrait l'être dans tous les topics de la rubrique "luttes et manifestation" ou dans cette rubrique aussi "débats de société". Celà serait tranquille en plus il n'y aurait qu'un post à faire au début et du copier/coller ensuite à faire partout. Sur la lutte des sans papiers y a qu'à dire qu'il faut faire ou attendre la révolution, sur l'antipatriarcat, y a qu'à dire qu'il faut faire ou attendre la révolution, plus besoin d'aller dans les manifs et les rassemblements, sauf éventuellement pour y dire qu' y a qu'à faire ou attendre la révolution, Conan lutte avec d'autres dans sa région contre la construction d'une nouvelle prison sur un axe d'abolition des prisons, mais là je ne comprend pas car il suffit qu'il y ait une révolution et il n'y aura plus de prisons, conan a participé à la grève dans l'enseignement mais là non plus je ne comprend plus son discours décalé, parce qu'il n'a pas fait grève pour dire que y a qu'à faire ou attendre la révolution, etc, etc...

Et donc, s'il y en a qui vont rester à la maison en disant qu'y a qu'à faire ou attendre la révolution, d'autres ont envie de continuer à être aux côtés de ceux qui luttent, et qui pensent que si l'on ne lutte pas çà n'avance pas, et que les anarchistes ne sont pas que des prêcheurs.
Et d'ailleurs on en est bien aussi dans le cadre posé ici et cette proposition de démarche non plus sur le seul terrain des luttes revendicatives avec leurs limites mais aussi leur dynamique, mais sur le terrain du contenu révolutionnaire, et ici sur cette question d'autogestion et de socialisation. Parce qu'on veut sortir du "y a qu'à" et que ce n'est pas facile, ce contenu, comment le décliner, c'est bien le sujet du présent débat et du "faire ensemble", pour ne plus en rester aux appels incantatoires à la socialisation et l'autogestion, pour un après que la classe ouvrière à du mal à imaginer ou a espèrer. C'est pour celà que c'est posé en dynamique.

Pour en revenir au sujet parce que ce n'est pas un sujet généraliste ou un sujet de philosophie abstraite, et sur la question de la participation aux mouvements qui semblent se dessiner contre les licenciements et avec une revendication centrale qui serait l'interdiction des licenciements, je pense que le gouvernement en bon gérant des intérêts capitalistes va avoir du mal à pouvoir intègrer une telle revendication évidemment et cette revendication, qui n'en est pas vraiment une de fait pose la question du pouvoir. Elle peut être interessante en ce sens, et l'on peut, nous, porter cette question sur le pouvoir à construire par le bas. Mais en même temps, parce que cette stratègie n'est pas lisible par tous les intéressés, à part peut-être pour les services publics, et que ceux-ci savent par contre bien que ce n'est pas une revendication tenable, j'ai peur que la mobilisation peine s'il elle ne prend que cet axe d'affrontement. C'est bien pourquoi, et parce que la gauche de la gauche va nous renvoyer vers des propositions de l'ordre de l'alternative politique, mais gouvernementale et étatique (nationalisation et pas socialisation), il nous faut développer quelque chose qui soit parlant et pas que incantatoire. Ce n'est évidemment pas facile, mais il me semble que c'est dans la période fondamental, si l'on veut que notre mouvement ne soit pas comme souvent à la ramasse, ou dans l'incantation et la culture de la marge.
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Re: Licenciements, délocalisations/ socialisation, expropriation

Messagede berneri » 17 Aoû 2009, 21:19

Antigone a écrit:@ berneri
Non. Une révolution, ce n'est pas un changement de régime, c'est un changement de société.
Il ne s'agit pas de prendre le pouvoir, de faire un coup d'Etat ou de mettre en place un régime à la place d'un autre. Pas de Grand Soir ni de charge héroïque, mais un mouvement de fond qui submerge l'ensemble de la société, avec à un moment, un point au-delà duquel tout bascule définitivement, irréversiblement, malgré des pas en arrière qui seront inévitables.


Je te remercie de ta réponse, mais dans ton message tu me fais dire des choses que je n'ai pas dites. j'en conclu donc que probablement je n'ai pas été assez clair

Je suis d'accord avec toi qu'il ne s'agit pas de faire un coup d'état, mais il s'agit de passer du régime capitaliste à un régime
(pour moi) communiste libertaire. Le côté "tout" bascule me laisse très scéptique ( cela relève de ce que j'appelle la génération spontanée des anarchistes, à laquelle je ne crois pas).
Je ne comprends pas "l'irréversible malgré des pas en arrière" c'est très contradictoire. Effectivement c'est un changement de société, mais la précision du changement de régime, à pour but de ma part d'appuyer sur le fait que ce dont on part c'est bien de là où l'on est et de ce que l'on a construit avant comme organismes de luttes et alternatives sociales.

La Révolution française a duré plusieurs années, mais ce n'est qu'en 1792 qu'elle a réellement basculé. Ce n'était que la prise du pouvoir de la bourgeoisie pour prendre en main la conduite du capitalisme moderne et avoir les mains libres pour en gérer les affaires. Mais cela a constitué un bouleversement tel qu'elle s'est poursuivie durant tout le XIXe siècle malgré des retours à l'ordre monarchique.
On peut s'attendre à ce qu'une révolution qui mettra un terme à l'exploitation, au salariat, à la dictature de la marchandise connaisse les mêmes aléas. Mais tant que le point de bascule ne sera pas atteint, rien ne sera acquis.
Cette possibilité de transformation complète de la société doit être constamment affirmée. Si les révolutionnaires ne le font pas, qui le fera à leur place ?



La révolution française est bien un changement de régime, qui, au final, à permis aux detenteurs du pouvoir économique de s'assurer le pouvoir politique ( avec l'appui du peuple, duppé dans l'affaire).
La Bourgeoisie, a pu s'appuyer sur son pouvoir financier et industrielle pour imposer son régime, perpetuant l'exploitation mais desormais à son unique profit.

Ce qui me gène dans ton argumentation, ce sont ces objectifs à court terme, ces petits pas en avant qui, mis les uns à la suite des autres devraient nous mener vers une autre société. J'y reconnais le discours des réformistes de la 2e moitié du XIXe siècle. Ils croyaient transformer petit à petit le capitalisme vers une société de transition plus libre, plus juste, plus égalitaire... et c'est le capitalisme qui les a transformés en réformistes parlementaires et gouvernementaux.


Justement je précise que ce n'est pas la stratégie des petits pas additionnés comme autant de reformettes que je soutiens.
Cette stratégie permet justement au capitalisme de s'adapter et de se perpetuer malgré ses contradictions donc elle est mauvaise pour changer de société.

La conquête de nouveaux droits doit effectivement s'accompagner de la contestation du régime capitaliste et de l'Etat. Cela n'empêche que ces nouveaux droits (conquis) améliorent le quotidien. Montrer que la lutte paye, que l'ont peut faire autrement, que les droits ne sont conquis que lorsque le système à peur d'être remis en question, que la solidarité à la base , l'organisation autonome des travailleurs face au pouvoir de l'état et du patronat sont utiles pour gagner. voilà ce que parmi ,d'autres choses, je défends. La méthode : lutte sociale, organisation democratique et fédéraliste des travailleurs pour lutter, expérimentations alternatives couplées à la lutte sociale et à ses organismes, refus du parlementarisme où les dés sont pipés ( la constitution defend d'ailleurs la propriété) c'est une "gymnastique révolutionnaire", une dynamique pour se reapproprier le pouvoir d'agir directement sur la société, son travail, sa vie locale, son quotidien. La méthode importe, elle est le moyen qui permet la fin. En bâtissant des contre-pouvoirs et des espaces d'autonomie sociale et politique, des "vivre, échanger, partager, ensemble autrement" et en tentant de rendre ces pratiques répendues massivement, nous contribuons à rendre caduc le régime en place. Et il ne nous laissera pas faire certes, d'une part parce que la légalité nous sera opposée y compris de manière répressive. D'où l'intérêt que nos revendications soient largement perçues comme légitimes(travail de propagande et de mise en pratique). D'autre part parce que la classe dirigeante ne voudra pas abandonner sans affrontement son pouvoir et ses prérogatives.
Pour moi il convient donc de s'organiser dans l'ancienne société, pour lutter et pour bâtir les fondations de ce que nous souhaitons demain.
Le réformisme politique vise à changer la société par l'accumulation des reformes obtenues par l'action du parlement ... Je ne vois donc pas ce qu'il y a de commun avec le reformisme dans mon propos.
Quant au reformisme syndical , il limite l'action syndical à l'action économique strictement, à faire au mieux du lobbying pour obtenir des lois plus favorables aux travailleurs.
C'est rapide comme explication mais ça devrait un peu éclaircir mon propos.

L'autogestion des moyens de production (à supposer que cela soit possible dans les services et dans les grosses boites) ne sera qu'une autre façon de générer de la valeur pour qu'elle soit échangée contre d'autres valeurs. Car le capitalisme est un mode de relation basé sur une valeur travail qui s'incarne dans une valeur marchande qui elle-même se transmet à l'ensemble de la société au point qu'il ne soit pas possible aux individus d'envisager entre eux un autre mode de rapport social que celui de l'intéret, du chacun pour soi, de l'atomisation et qui ne soit conduit par la contrainte et la peur.


Moi je vois ru rapport social et des échanges au quotidien, au delà de la marchandise, avec mon boulanger , mon boucher, le vendeur du marché, au delà du travail avec mes colllègues ... je ne me sens pas dans un monde si atomisé et effrayant que toi. De l'altruisme il y en a plein partout ce n'ets pas cela la question. Soit on parle à un niveau social, soit on parle au niveau de l'individu, mais les aller-retour de l'un à l'autre incessant (selon qu'on en a besoin) ne permettent pas d'établir une argumentation rationnelle.

Qui a dit que l'échange de produits était strictement capitaliste? D'autre part, il serait naïf de croire que les êtres humains cesserons d'être égoïste, et je dirais tant mieux, car il en faut une dose. Après sinon c du post-christianisme. je ne crois pas que les gens cesseront d'être méchants, qu'il n' y aura ni vol, ni délit, etc... Il y aura m^me des règles pour vivre , règles qui seront définies autrement et c'est cela qui sera important à mon avis.

Je pense que les produits et les services pourront avoir selon leur rapport à la localité, la distance , la rareté, la nécessité, une valeur ou non. Que certains seront échangeables entre les êtres humains qui en auront l'usage et d'autres inéchangeables, que les entités locales ou industrielles ( ce n'est pas un gros mot ça depend de ce qu'on en fait) devront avoir des moyens d'échange entre-elles. Je pense que la gratuité pourra recouvrir de large champ du domaine public, mais pas partout.

Qu'est ce que le fait de gérer de la valeur à partir de quelque chose qui nous appartient (ou appartiendrait au domaine public pour reprendre tes termes) aurait de plus libérateur, de plus émancipateur, que gérer la même valeur à partir de quelque chose qui ne nous appartiendrait pas ? La socialisation ou la collectivisation ne changeront rien à l'exploitation, à part qu'on fera croire qu'elle sera consentie, démocratiquement consentie, en plus d'être imposée, ce qui la rendra encore plus aliénante.


Je pense qu'effectivement on aura toujours besoin de travailler pour vivre, appelle cela avoir une " activité socialement utile "si tu veux. J'avoue que là je ne comprends pas tes arguments et tes liens au sujet de la valeur et de l'exploitation. Le projet social libertaire ne ressemble pas pour moi aux mondes imaginaires tels que nous le proposent les croyants... Les êtres humains resterons faits de ce qu'ils sont, le contexte , l'organisation, les rapports sociaux, voilà ce que nous voulons changer, je me méfie de ceux qui veulent " changer l'homme".

Le capitalisme n'est pas une affaire de propriété, mais de soumission à des valeurs abstraites. La question de la propriété ne fait que découler de la domination de la marchandise à laquelle il faut donner un droit pour que la loi s'applique et que le pouvoir puisse s'exercer en toute légitimité.


Voilà un discours sur la marchandise, qui pour moi relève d'un discours néo-religieux.

Bref, tu prends les effets pour des causes et tu penses qu'en s'y attaquant, on resoudra les problèmes. C'est une erreur. La propriété n'a de sens que si il y a une valeur à défendre. Si la valeur tombait en désuétude et disparaissait, à quoi cela servirait de se battre pour en avoir la possession ?


Un jour la valeur apparu, tombée du ciel alors qu'il n'y avait encore rien à échanger....
Merci pour le théorème de la poule et de l'oeuf. Ni l'échange , ni la transaction , ni la valeur ne sont mauvais par nature, à mon avis, ce sont les règles, l'organisation et les principes qui les regissent qu'il faut changer.


Pour finir, la démocratie directe pourrait parfaitement s'appliquer dans des AG convoquées par les CE. Ceux qui auraient la connaissance des dossiers auraient les moyens de faire voter n'importe quoi et faire passer les exposés pour de la transparence.
A propos d'autogestion, j'ai encore en souvenir le premier congrès de SUD où la référence à l'autogestion à été votée à plus de 90% (on se serait cru à Pyongyang) sans que le terme, sa signification n'ait été précisé ne serait-ce que dans une phrase, sans que la manière de l'appliquer n'ait été définie, ni même débattue.
Je suis certain que si on avait placé les délégués devant une feuille blanche, on aurait obtenu des réponses très différentes (CFDT-Lip, PSU-Rocard, Cuba-étatisme...) voire surprenantes. En plus, avancer le principe de l'autogestion dans une entreprise de l'Etat, cela aurait dû appeler un minimum de développement... mais non, tout le monde avait l'air de savoir comment ça se passerait, comme si tout cela était évident ! Comment développer une critique en partant d'une ignorance aveuglément partagée par autant de moutons ?



Je partage avec toi ce souhait de clarifier, préciser et nommer les choses et les divergences pour avancer.
fraternellement
berneri
 

Re: Licenciements, délocalisations/ socialisation, expropriation

Messagede willio » 17 Aoû 2009, 22:50

qierrot a écrit:Et donc, s'il y en a qui vont rester à la maison en disant qu'y a qu'à faire ou attendre la révolution, d'autres ont envie de continuer à être aux côtés de ceux qui luttent, et qui pensent que si l'on ne lutte pas çà n'avance pas, et que les anarchistes ne sont pas que des prêcheurs.


Tu es de mauvaise foi qierrot. Antigone, conan et moi avons proposé des alternatives concrètes à la lutte autogestionnaire qui s'intègre dans le capitalisme. Ton "faire ensemble" c'est bien beau mais là on se demande quoi faire ensemble. Tu dis apporter des pratiques et des contenus mais quelles pratiques et quels contenus ?

Tu n'as pas répondu à tout ça :
conan a écrit:Profiter d'un mouvement de grève pour se réapproprier les usines et discuter avec les gens concernés pour un autre mode de production, pour moi c'est du blabla insuffisant, au mieux du divertissement pour urbain en mal de frisson romantique. Pour toi c'est du concret ça ? C'était quand la dernière fois que tu as vu ça ? Tu vis au pays des bisounours ? Tu vas aller avec AL dans une usine et dire arrêtez tout, discutons avec les habitants, on va faire autre chose des usines ? Tu vas faire rêver les gens c'est sûr, un peu comme Patrick Sébastien... après ils retourneront au taf pour payer les haricots en conserve et pour régler la facture de l'énergie nucléaire.


conan a écrit:L'autonomisation et la relocalisation progressives des moyens de vie (jardins collectifs locaux, techniques de cueillette/herboristerie, investissement et/ou création de logements sur des terrains avec savoirs en construction alternative, développement ici et maintenant d'énergies alternatives, presse indépendante...), en vue d'avoir les reins assez solides pour pouvoir vivre si possible hors du salariat, c'est-à-dire de l'exploitation consentie. Ces savoirs-faires à réacquérir sont indispensables, en termes pratiques et politiques. Ca, c'est concret. Tu fais quoi dans ta vie, pour ça ?


willio a écrit:Mes pistes sont donc de toujours garder (en tout cas dans le discours si des expériences autogestionnaires, qui seraient néanmoins à soutenir, advenaient) la perspective d'une organisation sociale débarrassée du capitalisme et concrètement de déserter les métiers "purement capitalistes", c'est à dire destinés à amasser du capital à coup de travail/plus value/consommation, d'arrêter de consommer le superflu et de créer nos propres réseaux de production/distribution/socialisation. Il faut évidemment dans la création de ces réseaux penser l'utilité de ce qu'on produit... je t'assure que ça éliminera du boulot...

Je ne vois que cette solution : déserter la machine capitaliste et construire à côté. Il faut s'autonomiser, apprendre à vivre sans tout ce qui nous lie au système, apprendre à se substituer au système pour fabriquer ce dont nous aurons toujours besoin bref acquérir les connaissances et créer les conditions matérielles d'une autonomie réelle. Pour le reste, pour toutes les stratégies qui composent avec le capitalisme et le salariat faut pas se faire d'illusions, le capitalisme s'en arrangera toujours et récupérera toujours tout. Plier à sa logique c'est partir battu d'avance, enfin c'est juste mon sentiment...


...et tout ça ne signifie pas "abandonner les travailleureuses", on peut très bien participer aux luttes pour se réapproprier des outils de production utiles et aller porter notre perspective révolutionnaire partout ailleurs.
Tout ça c'est concret, tu peux répondre concrètement (autrement qu'en disant qu'on attend la révo dans notre fauteuil)?

La question c'est doit-on se battre pour 100€ de plus et consacrer un peu plus notre esclavage parce que "c'est mieux que rien" ou doit-on enfin dire qu'il n'y a rien de bon à tirer de ce système ?
Et crois-tu vraiment que ce soit mieux que rien d'obtenir quelques euros avec l'aide d'un syndicat cogestionnaire ? J'ai tendance à penser que ça n'arrange rien, et si c'est un petit répit matériel, c'est aussi une abdication...on plie sous la logique du système, ya rien de révolutionnaire, au contraire, on s'enlise jusqu'au cou, on se condamne presque à n'en jamais sortir.
willio
 

Re: Licenciements, délocalisations/ socialisation, expropriation

Messagede conan » 17 Aoû 2009, 23:17

qierrot a écrit:Il s'agit pour les anarchistes, en tout cas pour les anarchistes révolutionnaires et communistes-libertaires, depuis toujours d'être dans les luttes pour y porter des pratiques et des contenus. Il y en a aussi toujours qui sont restés en marges des luttes et des mouvements sociaux. Comme on le voit ici la question n'est pas nouvelle et le discours qui est tenu par certains pourrait l'être dans tous les topics de la rubrique "luttes et manifestation" ou dans cette rubrique aussi "débats de société". Celà serait tranquille en plus il n'y aurait qu'un post à faire au début et du copier/coller ensuite à faire partout. Sur la lutte des sans papiers y a qu'à dire qu'il faut faire ou attendre la révolution, sur l'antipatriarcat, y a qu'à dire qu'il faut faire ou attendre la révolution, plus besoin d'aller dans les manifs et les rassemblements, sauf éventuellement pour y dire qu' y a qu'à faire ou attendre la révolution, Conan lutte avec d'autres dans sa région contre la construction d'une nouvelle prison sur un axe d'abolition des prisons, mais là je ne comprend pas car il suffit qu'il y ait une révolution et il n'y aura plus de prisons, conan a participé à la grève dans l'enseignement mais là non plus je ne comprend plus son discours décalé, parce qu'il n'a pas fait grève pour dire que y a qu'à faire ou attendre la révolution, etc, etc...

Et donc, s'il y en a qui vont rester à la maison en disant qu'y a qu'à faire ou attendre la révolution, d'autres ont envie de continuer à être aux côtés de ceux qui luttent, et qui pensent que si l'on ne lutte pas çà n'avance pas, et que les anarchistes ne sont pas que des prêcheurs.


Qierrot, je suis communiste de coeur comme toi, révolutionnaire à donf. N'importe qui me connaît et me lit le sait.
Quant à m'accuser de poser et rester chez moi. Tu ne connais rien à ce que je fais sur le terrain. Malgré mon gamin, j'ai été de toutes les luttes possibles cette année, partout à courir. Je ne suis pas resté à la maison et partout où des gens ont commencé à se bagarrer, j'ai essayé d'être, et j'ai essayé de faire en sorte que les processus de lutte collective tiennent. Je ne dis pas ça pour la pose, mais juste parce que je trouve tes dénigrements sempiternels vraiment injustes.
Quant à la grève que j'ai entreprise, j'ai appelé à la grève générale reconductible ici et maintenant et TOUS ENSEMBLE, dans un cadre global. Que ce soit dans le tract ou dans le "Tous Ensemble en grève reconductible" que j'ai porté, à bout de bras devant mon taf, sept jours de suite, sans néanmoins culpabiliser personne par le moindre mot, pendant que les syndicats majos me poignardaient dans le dos en disant que c'était individualiste.
En te lisant, que ce soit dans la shout ce soir ou ici-même, j'ai l'impression de revivre ce genre de dénigrement ignoble sur mon compte.
Moi qui croyais que tu étais sincère dans ta façon de parler, et qui ai même pris ta défense (sans que tu le saches forcément) pour dire que tes points de vue étaient intéressants et que tu n'étais pas un autoritaire ni un manipulateur, je dois avouer que j'en prends un coup ce soir dans ma confiance en toi. :cry:
conan
 

Re: Licenciements, délocalisations/ socialisation, expropriation

Messagede Pïérô » 18 Aoû 2009, 00:24

:roll:
bon, écoutes conan, très sincèrement et si tu ne veux pas recevoir ce type de retour sur investissement alors essaies d'amener des pistes sur ce sujet "Licenciements, délocalisations/ socialisation", plutôt que de faire ce qui s'apparente à du trollage, même habile, et surtout très très manipulateur (avec à nouveau là un truc avec la ficelle affective et l'infantilisation des rapports, etc...), car il me semble important que ce débat puisse se mener, et que l'on puisse avancer, enfin ceux qui le veulent. Que penses tu, et willio aussi, de cette revendication qui va être portée sur l'interdiction des licenciements, de ce que cette revendication pose, en bien ou/et en mal ? Quelles pistes autre que la prêche sur la révolution tu peux participer à amener pour que l'on puisse faire autre chose que d'être absents de ce type de dynamique qui se passe aussi aujourd'hui à partir de la base en auto-organisation (appel des New Fabris, etc...) et pas que dans les manoeuvres de l'extrème gauche ?
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Re: Licenciements, délocalisations/ socialisation, expropriation

Messagede fu hsang » 18 Aoû 2009, 06:16

mais ça passera jamais
deja dans les petites boites , ils y croient pas , ils savent que cela ne peut pas marcher
bref cela va encore donner un enieme mouvement
alors qu on ferait mieux d arreter de faire les faux culs et d avancer visage decouvert
fu hsang
 
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Re: Licenciements, délocalisations/ socialisation, expropriation

Messagede leo » 19 Aoû 2009, 14:10

En tout cas, si l'on en croit cette information, l'autogestion, c'est pas de la tarte !


Argentine : Expulsion d’une entreprise récupérée

Jeudi 13 août, les travailleurs de la Coopérative textile Quilmes ont été délogés pour un important dispositif policier. (Voir Courant Alternatif juin 2009 : http://oclibertaire.free.fr/upl/191_CA08.pdf)

Une décision de justice favorable aux anciens propriétaires en est l’origine alors que le projet d’expropriation présenté par les travailleurs avait été approuvé par la chambre des députés de la province de Buenos Aires et reste en attente de confirmation par le Sénat.

Les informations qui suivent sont traduites du quotidien local El Sol

Haute tension à la suite de l’expulsion de la Febatex

Les travailleurs de l’usine ont manifesté au siège de l’usine face à une importante présence policière. Aujourd’hui ils vont marcher vers la ville de Buenos Aires


Dans les premières heures de la matinée d’hier, une grande colonne de la police de Buenos Aires et le groupe GAD se sont rendus à la coopérative textile Quilmes (Ex Febatex) pour procéder à l’expulsion du site. Les travailleurs ont souligné que les forces de police sont arrivés vers 8 heures du matin, lorsqu’il y avait peu de travailleurs (seulement trois) sur place. « Ils ont escaladé les murs pour exécuter l’expulsion », ont-ils constaté. La mesure a été ordonnée par le tribunal n° 4 de Quilmes. Il faut rappelé qu’il y a quelque temps, les travailleurs ont résisté à un ordre d’expulsion et avaient obtenu un accord préliminaire de la Chambre des députés de la province pour l’expropriation de l’entreprise et que celle-ci est restée entre les mains de travailleurs qui ont déclaré qu’ils continueraient « à résister ».

Vanesa Castro Borda, l’avocate des travailleurs, qui mène un travail important avec les entreprises récupérées depuis 2001, a précisé qu’ « il y a déjà eu plusieurs tentatives. Apparemment, ils ont réitéré la demande d’expulsion et l’ont obtenu » et a ajouté que « nous sommes toujours en attente du vote du Sénat sur l’expropriation, qui ne l’a pas encore voté. ». « Cet ordre est surprenant », a souligné l’avocate, qui a ajouté que « les travailleurs sont dans la rue, après huit mois de résistance. Nous allons faire un autre appel et continuer à lutter pour l’expropriation », a-t-elle dit.

Les travailleurs ne cachaient pas une grande tristesse face à la situation, mais, en même temps, leur esprit de lutte reste intact. En organisant des coupures de rues et en manifestant, ils assurent qu’ils vont continuer à rester fermes dans leur exigence de récupérer cet espace qu’ils considèrent comme leur, malgré que l’avenue Rodolfo Lopez ressemblait à une zone militarisée par le grand nombre de policiers surveillant l’usine.

Les ouvriers

Alberto Mena, l’un des employés de la coopérative, a souligné que « il y avait beaucoup de policier pour l’expulsion », et a ajouté que « nous sommes en train de définir les actions, parce que à partir de maintenant commence une autre phase de la résistance pour poursuivre la lutte. » Sur le même mode, il a déclaré : « nous allons continuer de se réunir en assemblée pour prendre des décisions » et sur leur état psychologique il a expliqué que « nous sommes blessés parce qu’ils agissent au service de ceux qui veulent écraser et soumettre les travailleurs. Cela fait déjà huit mois que nous luttons et nous n’allons pas nous résigner, nous allons continuer de lutter envers et contre tout et tous pour ce qui nous appartient. » Pendant ce temps, Eduardo Santillán a déclaré : « Nous étions en train de travailler et de produire, mais, malheureusement, le juge veut rendre l’usine aux escrocs. Nous étions en train de récupérer l’entreprise et eux ils l’ont liquidé ».

« Nous accusons Rubén Ballini, l’ancien propriétaire de l’entreprise Mario Federicci et le juge Damián Vendola d’être les responsables de la violence utilisée contre les ouvriers et les organisations sociales et politiques qui soutiennent les travailleurs dans la récupération de leur dignité », ont-il écrit dans un communiqué. Dans l’attente de la décision complémentaire du Sénat et de la réponse de la part des autorités, les 27 travailleurs à la rue vont manifester aujourd’hui depuis les avenues Yrigoyen et Rivadavia jusqu’à la Maison de la Province de Buenos Aires.

Quotidien El Sol du 14 août 2009


Source : http://oclibertaire.free.fr/spip.php?breve169
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Re: Licenciements, délocalisations/ socialisation, expropriation

Messagede Antigone » 19 Aoû 2009, 17:07

@ berneri

- Je reprenais l'exemple de la Révolution française pour son développement. Elle n'est pas partie de rien. Tout aurait pu rentrer dans l'ordre en 1790, il n'en a rien été. Tout a effectivement basculé en quelques mois, au point que l'Ancien régime soit rentré dans le langage commun, et que même plus tard la Restauration monarchique de 1815 soit restée dans l'Histoire anachronique, presque anecdotique.

- Les droits dont nous bénéficions viennent des luttes, mais viennent aussi des marges bénéficiaires permises par le dévelopement capitaliste. Dans bien d'autres pays développés, les mêmes droits existent sans qu'ils aient été arrachés à la suite d'un affrontement de classe. En France, les congés payés viennent des grandes grêves de juin 36, mais ils avaient été donnés plus tôt dans des pays plus avancés. Bismark a été le premier à les concéder parce que le dynamisme économique de son pays le permettait.
La 3e semaine a été accordée en France en 1956, sans aucune mobilisation ouvrière, uniquement parce que le tourisme et le loisir étaient devenus des industries en pleine expansion et qu'il fallait permettre que la demande réponde à l'offre.

La lutte paye, certes, mais elle paye dans des limites qui sont définies par l'estimation que l'on fait de la valeur de la force de travail, et qui est déterminée, comme celle de toute autre marchandise, par le temps de travail socialement nécessaire pour la produire et la reproduire. Les syndicats sont là pour veiller à ce que nous recevions bien en paiement le prix exact de ce que nous vendons. Ainsi pour l'essentiel, les luttes économiques ne menacent pas le système puisque les négociations, qui interviennent pour sanctionner la permanence d'un rapport de force, les intégrent dans un rôle de régulation et de remise à niveau directe ou indirecte.

Je pense que tu as tendance à sous-estimer les capacités du système. Tu imagines facilement le patronat dos au mur dès qu'il doit faire face à une mobilisation d'importance, et chiant dans son froc à l'idée de perdre ses prérogatives supposées. C'est l'image de victimes harcelées mais toujours dignes et responsables que les patrons et les tenants du pouvoir aiment se donner, mais ça ne correspond pas ou très rarement aux positions réelles qu'ils occupent dans leur domaine et sur le marché. C'est vrai que c'est un milieu feutré que l'on connait mal, qu'on n'a pas l'occasion de fréquenter tous les jours et où rien ne s'ébruite... mais quand même.

- Tu te contredis en parlant d'une société regorgeant d'altruisme, pas si atomiée ni effrayante que ça... mais où les gens ne peuvent s'empêcher d'être méchants et égoistes.
Ceci dit, je ne crois pas en la nature humaine. On trouve de tout dans ce monde, tout et son contraire. Personnellement, je n'imagine pas une société idéale, exempte de conflits (pour faire court).

- Mon "discours" sur la marchandise et l'abolition du salariat n'a rien de "néo-religieux". C'est l'esprit de Salaire, prix, profit de Marx (1865).

- Quand à ta conclusion: "Ni l'échange , ni la transaction , ni la valeur ne sont mauvais par nature, à mon avis, ce sont les règles, l'organisation et les principes qui les régissent qu'il faut changer."
Je la traduirais par: Le capitalisme n'est pas mauvais en soi, tout dépend comment on s'en sert. (hum)

°°°°°°°°°°°°°

Retour au sujet de ce topic.

J'aime bien me mettre de temps en temps dans la peau d'un syndicaliste à responsabilités qui se demanderait ce qui le ferait le plus chier dans la conjoncture actuelle.
Une mobilisation sur les salaires, l'emploi ? Non, parce que c'est gérable. L'expérience est là. En fait j'aurais peur de ce qui serait inhabituel, imprévisible, de ce que je ne sais pas forcément gérer, des trucs qui ne sont pas solubles dans une plate-forme revendicative.
Or il n'y a rien qui ne soit moins maitrisable que la vie.

Comme l'a déjà dit leo, les grandes grêves ne sont jamais parties d'une revendication béton, mais de petites merdes insignifiantes qui ont immédiatement rencontré un echo et traduit quelque chose de plus global. Ces petites choses, elles se sont développées et multipliées parallèlement aux ravages que l'idéologie libérale fait peser sur l'entreprise: stress, rendement, objectifs, tracasseries, pression, harcèlement, flicage, contrôles, divorces, suicides... Le mal-être reste encore individualisé, enfoui, maintenu à l'état d'impuissance et de résignation, mais il se révèle brusquement au détour d'une phrase ou d'un entretien. Il est tellement partagé que la souffrance pourrait percer et donner lieu à une flambée de révolte dont personne ne peut juger la portée.

Le mal est là, dans un état déjà bien avancé. Si j'étais syndicaliste, je me dirais que négocier en urgence de meilleures conditions de travail ne suffirait pas. j'en aurais des cauchemars...
Antigone
 

Re: Licenciements, délocalisations/ socialisation, expropriation

Messagede berneri » 20 Aoû 2009, 00:07

@ Antigone, ta réponse merite une longue réponse que je ferai plus tard. Pour ce soir je vais me contenter de preciser que je comprends ton propos partiellement : la question peur se préciser et s'éclaircir effectivement autour de l'analyse de Marx, afin que nous mettions les mêmes définitions derrière les mots.

En attendant que je relise Marx pour bien te comprendre ,ce que je voulais émettre prosaiquement c'était l'hypothèse que m^me en société libertaire nous aurions toujours besoin d'échanger des choses entre communautés (communes, etc...) afin de nous procurer ce que nous ne pouvons trouver ailleurs etc...
Peut-être ai je tort... La prise au tas et le partage spontané après tout seront-ils capables de réguler les échanges afin que chacun puisse vivre à l'abri du besoin , de manière égalitaire et libertaire.

C'est dans le cas où ça ne marcherait pas "la prise au tas" que je n'écarte pas à priori la possibilité d'établir des valeurs ponctuellement, des transactions, encadrées par l'abolition de la possibilité d'accumuler du capital pour les collectivités ou les individus et le conditionnement de ces transactions au bien être respectif des collectivités et individus.

Peut-être faut-il abolir / interdire la valeur, les échanges, les transactions ... par quoi remplace-t-on celà?
Comment empêche t on le marché noir?
Qui garantit celà? un état?(hum) (c'est un peu provocateur je ne pense pas que ce soit ton propos)

Il faut bien des règles et des principes qui garantissent et protègent les droits de celles et ceux qui sont les moins avantagés par les richesses naturelles, leslieux géographiques, etc... Ceux qui évoquent l'idée de l'absence de régles prônent souvent en fait la liberté du loup dans la bergerie, ou encore de la grande gueule dans l'organisation.

Je ne te fais pas ce procès.

Ne me fais pas le procès de penser que le capitalisme est aménageable pour le bien être de tous.

La Propriété n'est effectivement qu'un pilier du capitalisme, et elle en est un des piliers fondamentaux.
Au travers de ce topic j'essayer de voir comment nous pouvions avancer ensemble pour élaborer ensemble des pistes d'actions à partir des luttes d'aujourd'hui pour attaquer celle-ci et faire avancer un projet social libertaire.

J'ai l'impression que t on propos repose sur une forme de propension spontanée des "masses" vers les propositions libertaires.
Peut-être ai je mal compris.
De mon point de vue la colère, le degout, la révolte peut aussi bien mener à adhérer à des idées totalitaires qu'à des propositions libertaires.
Aussi j'espère travailler à faire gagner les idées et propositions libertaires, d'où mon engouement pour des precisions, des pistes, des tentatives réponses... de l'imagination.
Afin que le totalitarisme (fasciste ou autre) soit pas l'ultime rempart securisant pour celles et ceux qui se sentent en colère contre cette société, pour que le totalitarisme ne soit pas la seule reponse face aux crises.

Effectivement des mouvements important remettant largement en cause le système peuvent partir de revendication benigne, et souvent , faute d'alternative crédible, c'est les tenants modérés du système qui finissent par gagner en le reinstaurant (sauvant)tout ou partie devant l'absence de réponse construite et cohérente des opposants au système.
C'est pour cela qu'il faut, à mon humble avis, avancer sur du "contenu" comme dirait Qierrot que j'ai lu un peu plus haut.

C'est tout pour ce soir.
Fraternellement.
berneri
 

Re: Licenciements, délocalisations/ socialisation, expropriation

Messagede Berckman » 21 Aoû 2009, 00:02

Désolé de rejoindre un peu tardivement cette discussion fort intéressante,
J'aimerais faire quelques remarques :

D'abord je partage tout à fait l'approche de Berneri sur le fait d'articuler la défense claire du projet libertaire avec des propositions immédiates, pratiques, présentées non pas comme la panacée mais comme des alternatives au recours à l'Etat, permettant à la fois d'amener une dynamique de lutte et des perspective immédiate, hors périodes révolutionnaires, mais qui ne soient pas contradictoire avec le développement d'un processus révolutionnaire mais constituent des points d'appuis.

En ce sens je pense contrairement à JPD, (même si je partage l'analyse selon laquelle une revendication n'a pas la même dimension selon qui la porte), que la revendication "interdiction des licenciement" est une impasse parce qu'elle contient intrinsèquement le recours à l'étatisme, et donc soit une propension à l'attentisme, soit à écarter les réflexion stratégique sur comment lutter contre les licenciement sans attendre une intervention illusoire de l'Etat.
Ce parce que justement cela représente une perspective immédiate en contradiction avec le développement de la lutte directe, et plus encore avec la possibilité d'un développement révolutionnaire"
Je pense que si l'on veut du slogan, "zéro licenciement", "reprise des entreprises sous forme coopérative par les travailleuses et travailleurs"/exproprions les patrons
Je partages le point de vue sur le caractère ambigue du terme "autogestion" : d'abord parce que ce mot d'ordre est utilisé par des courants qui l'entendent dans un sens radicalement des anarchistes, en le vidant de son contenu antihiérarchique : il s'agirait "d'élire" ses dirigeants, tout en maintenant le rapport dirigeant/dirigé, comme on l'a vu en Yougoslavie et en Algérie. C'est en ce sens que le terme "autogestion" est utilisé par le NPA.
Le terme gestion ouvrière, ou gestion directe des entreprises par les travailleuses et travailleurs, me semble plus approprié.

Ensuite, se pose la question du marché. La reprise des boites sous forme coopérative n'est absolument pas une fin en soi : c'est une réponse immédiate, qui donne une perspective hors de l'alternative chômage/intervention de l'Etat/reprise capitaliste. Elle permet aux travailleuses et aux travailleurs non seulement de défendre leur travail, leur outil de travail, mais d'en reprendre un contrôle partiel. Bien entendu il y a pression du marché et du système banquaire. D'où la nécessité de poser d'emblée la perpective d'une entraide entre entreprises coopérative, c'est à dire du fédéralisme.
Après, il y a aussi une réflexion critique à avoir sur le statut juridique de coopérative, qui a largement dévoyé l'approche coopérativiste, en autorisant par exemple l'inégalité salariale, en obligeant les boites à payer les cotisations sociales patronales, en maintenant la division hiérarchique du travail dans la plupart des cas.
Il est clair qu'une entreprise dite "coopérative" qui reproduirait les relations de travail capitaliste n'est absolument pas une perspective même à court terme.

A mon sens le projet communiste libertaire exclue le marché sous toute ses forme, c'est à dire qu'il romp avec l'échange, avec le système marchand, qui est le principal moteur d'accumulation du capital. Cela signifie qu'il faut raisonner en terme de distribution et non d'échange, en terme de planification fédéraliste.
Berckman
 

Re: Licenciements, délocalisations/ socialisation, expropriation

Messagede berneri » 23 Aoû 2009, 14:51

Salut, une synthèse du topic est en cours.
ça serait bien si Berckman pouvait developper sur la plannification fédéraliste ( ouvre un autre topic ) pour avancer encore.
berneri
 

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