Merci de l'intérêt que tu portes à ce sujet.
Je vais faire court pour l'instant. On y reviendra peut-être, si c'est possible...
Disons, pour faire simple, que l'antispécisme ne m'intéresse pas : je n'en ai pas besoin pour défendre la cause animale. Je n'ai pas besoin de siècles de pensée philosophique pour ne pas supporter la douleur que nous infligeons aux animaux. Bien sûr qu'elle n'est pas directe cette douleur : il est tellement facile de se voiler la face pour l'ignorer. Tellement facile de caresser un petit cochon tout mignon au salon de l'agriculture, sans se préoccuper de savoir que le saucisson ou le pâté d'à côté c'est justement un cochon qui a connu des souffrances insoutenables avant une mort certaine, programmée. Je n'ai besoin d'aucune justification idéologique pour refuser ça et je refuse d'être enfermée dans une pensée binaire (spéciste-antispéciste) qui peut donner lieu à des centaines de pages d'échanges intellectuels, peut-être intéressants d'un point de vue théorique, mais, au bout du compte, inutiles.
Car, contrairement à ce que l'on pourrait croire, je ne suis pas du tout une intello. Le veganisme est venu petit à petit chez moi et ce n'est pas un mode de pensée, mais de vie. Et, comme je ne suis pas une intello, je vais parler de moi. J'ai déjà dû le dire sur d'autres topics (mais là, je ne vais pas les rechercher) mais c'est quelque chose qui a été très progressif chez moi.
J'ai commencé, comme beaucoup de gens, par aimer les animaux : les chiens, les chats. Et, comme la plupart des gens, ça ne m'empêchait pas de me régaler d'un bon steak ou d'un bon pot de rillettes. Puis, comme j'habitais la campagne, j'ai eu l'occasion de discuter avec des chasseurs (parce que, bien entendu, j'étais anti-chasse et je le suis toujours ça va de soi). Et ils sont logiques les chasseurs quand ils te disent :"Qu'est-ce qui est pire ? Un faisan tué d'un coup de fusil ? Ou un boeuf tué dans un abattoir ?" Là, j'avoue que je n'avais pas grand chose à répondre.
Ça a mijoté un bon moment, je vous épargne les détails de ma vie trépidante. Mais je me suis mise à m'intéresser de plus près au sort des animaux qu'on ne voit pas ou qu'on ne veut pas voir, ou qu'on ignore parce qu'ils sont moins mignons et moins sympas que nos chiens et que nos chats. Et là, j'ai découvert qu'il n'était pas suffisant de signer des pétitions contre la corrida, de mitrailler du regard les bourgeoises en fourrure, d'agresser (verbalement !) les amis qui mangent du foie gras à Noël. C'est ainsi que j'ai fini par arrêter de manger de la viande. Difficile de faire ses courses quelques jours avant Noël dans ces conditions !
C'était pas mal pour ma conscience : ne plus manger de chair animale, tu te dis que tu fais ton maximum... Ben non, ce serait trop beau.
Parce que, pour avoir du lait (et tous les produits dérivés, fromage, beurre, crème, etc) on sépare les veaux (ou les agneaux, ou les chevreaux) de leur mère et, tant qu'à faire, ils vont aussi à l'abattoir. Alors j'ai aussi arrêté ça et je suis devenue ce que l'on appelle végétalienne.
On te dira que le corps humain a besoin de protéines animales, de produits laitiers pour le calcium et la vitamine D : c'est faux. Scientifiquement, la seule chose qui va manquer au corps humain, c'est la vitamine B12 que l'on file aux animaux de boucherie et qui se retrouve dans notre organisme. D'où un besoin de se complémenter en B 12, mais c'est tout. Comme je te l'ai dit, je ne suis pas une scientifique, mais, outre les bouquins dont j'ai mis les références, il y a plein de sites qui t'expliqueront tout ça beaucoup mieux que moi.
Et surtout on en a marre d'entendre la "bonne vieille sagesse populaire" qui nous dit qu'il faut manger de tout pour être en bonne santé car c'est scientifiquement faux ! Et aussi, on en a marre d'entendre "oh moi j'en mange pas souvent, et puis chez mon boucher c'est de la bonne"... Ça lui fait bien plaisir au petit veau, de savoir qu'il est bon en escalope, tu peux pas savoir...
Quant on est végétalien-ne, on passe souvent au veganisme : car ça n'a aucun sens d'éviter tout produit d'origine animale dans son alimentation si c'est pour en consommer par ailleurs. Donc, je mets encore les vieux cuirs qui me restent mais j'essaie de ne plus en acheter. Je dis bien "j'essaie" : car c'est ça qui nous fout en rogne (entre autres^^^), c'est le fait que la vie soit si compliquée si on veut être 100 % vegan. Trouver des pompes sans cuir, des fringues d'hiver sans laine (voir le lien sur les moutons que j'ai posté plus haut), c'est quelquefois le parcours du combattant. Là aussi je te renvoie à ce lien et à l'intervention de niouze sur le rapport entre l'exploitation animale et le capitalisme.
Les vegans en ont souvent marre d'être considérés comme des tarés sectoïdes : d'où, je pense, chez certains, une certaine agressivité qui est, certes, contre-productive, mais également compréhensible.
Je te mets des liens qui peuvent t'intéresser :
http://veggie-biquette.info/index.phphttp://veggiepoulette.blogspot.fr/2015/ ... baine.htmlet aussi, pour revenir au sujet du rapport avec l'anarchisme :
http://www.c-g-a.org/article/anarchisme-et-antispecismeVoilà, je voulais faire court et c'est raté... et très incomplet puisque j'ai surtout parlé de moi, mais je pense que l'évolution de chacun-e n'est pas anodine. À suivre, peut-être !
"Si les abattoirs avaient des vitres, tout le monde deviendrait végétarien ! ", Paul McCartney