Qu'entends tu précisément par une doctrine unifiante et cohérente ?
un agencement des idées qui donne une forme de cohérence et d'unité dans les concepts prônés par l'orga et dans la vision du monde qu'elles portent: l'AL essaye une synthèse entre les apports du marxisme et de l'anarchisme et pour dépasser le clivage historique entre les deux, mais aussi pour échapper à la gêne psychologique que créé le fait de se revendiquer de deux histoires "ennemies", utilise la notion de "meilleurs apports de part et d'autre au mouvement ouvrier". Ce qui permet de prendre ce qui intéresse dans les deux théories, de rejetter ce qui déplait et de les unifier a posteriori comme deux composantes d'un même mouvement.
Les théories post-modernes, de leur côté (même si les intéressés, par manque de culture, récusent le terme), produit aussi une grille de lecture unifiante dans l'interprétation du monde. là c'est plutôt les concepts de domination, de pouvoir qui fournissent l'interprétation du monde. L'idéologie de la CGA est un conglomérat entre lutte des classes et théories post-modernes. Comme les deux théories se ressemblent de loin, ça leur procure une vision unifiée du monde, avec une vision qui leur donne l'impression d'un continuum qui irait de l'exploitation économique aux faits sociaux (racisme, homophobie); là où pour l'AL, il faut bien le dire, les questions comme l'islamophobie sortent un peu du cadre théorique.
Après, la cohérence idéologique d'une orga, ça relève beaucoup de la psychologie de ses membres, perso je vois pas la cohérence de la CGA actuellement mais pour eux ça fait sens.
Unifiante parce que unité théorique quoi, du coup, tout le monde dans l'orga se réfère à la même grille de lecture pour interpréter le monde, ce qui évite les divergences d'appréciations.
Par exemple, la CGA et l'AL ont en grande partie les mêmes terrains d'intervention mais si les deux orgas fusionnaient de bute en blanc sous prétexte de luttes communes, je suis persuadé que l'orga-fille éclaterait rapidement
C'est un peu ce que je retire de mes expériences organisationnelles: on peut avoir des terrains de luttes privilégiés différents, mais il faut avoir la même vision du monde, qu'on appelle ça unité théorique/pratique ou non.
pourquoi tu mets la CGA sur le même plan que la FA sachant qu'eux même sont à tendance plateformiste
ah non, le seul plateformiste de la CGA c'était moi ! la CGA n'est pas non plus spécifiste officiellement même si qq groupes ont des pratiques qui s'en réclament plus ou moins. Avant la scission de janvier la CGA était un agglomérat de groupes se revendiquant de l'anarchisme social, qui pourraient être à la FA et de groupes com' lib' lorgnant vers un spécifisme. Donc c'était assez hétérogène.
Qu'entends-tu ensuite par question "identitaire" ?
les valeurs auxquelles le groupe s'identifie fortement, avec lesquels il ne transige pas. Un marqueur identitaire de la Gauche par exemple c'est l'antiracisme lié à une forme d'universalisme.
Pour certains groupes de la CGA, c'était l'anti-électoralisme qui était un marqueur identitaire fort, alors qu'à l'AL, on n'en fait pas un drame si un membre se présente sur une liste aux municipales à titre individuel. Ou encore l'athéisme, du coup, le concept d'islamophobie à fait éclater l'orga.
Pour la CGA c'est inexacte si on prend en compte la deuxième scission (Lyon, Lille, etc) ayant rejoins la première (Perpi, Toulouse, Montpellier)
Peut-on réellement considérer qu'il y a eu deux scissions à la FA? perso j'y vois plutot deux vagues de défédérations. Des défédérations à un an d'intervalle et en partie sur les mêmes raisons, venant d'une même orga, c'est pas réellement deux scission différentes.
Sans compter que la 2ème vague n'a pas rejoint en bloc la CGA, certains groupes se sont incorporés un à un. Nantes n'a pas rejoint la CGA et à Bordeaux ce sont plutôt des individus que le groupe lui-même. Quant aux discussions théoriques avant leur incorporation, elles ont été extrêmement lights!
Pourquoi des évolutions personnelles différentes seraient-elles "négatives" ? Chaque groupe peut y retrouver une homogénéité et un nouvel élan et les individus un plus grand confort.
ah mais tout à fait! se séparer n'est pas forcément négatif, mais actuellement il faut bien le reconnaitre, les scissions dans le mouvement libertaire n'ont jamais permis à une partie des scissionnaires de trouver ensuite un élan important. Sauf peut-être la CNF Vignoles pour qui la scission de 1993 a permis d'être en phase temporairement avec du monde et à grossir de façon surprenante. m'enfin à part ça, jusqu'ici le bilan des scissions est plutot négatif pour la propagation de nos idées.