Le souverainisme en slip

Le souverainisme en slip

Messagede Pïérô » 18 Aoû 2015, 10:20

Deux textes de Yannis Youlountas à partie de la question grecque pour replacer le débat hors du champ d'un consensus qui placerait le capitalisme comme forme d'horizon indépassable et comme champ de réformes ou d'aménagement possibles. Au delà de la social-démocratie pro-libérale ou de la social-démocratie souverainiste il y a un autre champ du possible, et même du nécessaire, celui de la révolution sociale, de l'autogestion, et du communisme-libertaire...

LE PIÈGE DU SOUVERAINISME DANS LA DÉBÂCLE GRECQUE
Un contresens répandu sur les causes et les conséquences du troisième mémorandum qui vient d’être signé par Tsipras.

LE PIÈGE DU SOUVERAINISME DANS LA DÉBÂCLE GRECQUE

13 août 2015. Athènes est tombée. La chose est entendue depuis un mois exactement. Ceux qui en discutent encore ne s’opposent plus que sur des chiffres situés après la virgule et sur des éléments de langage, notamment l’épineuse question d’utiliser ou pas le mot « trahison » pour qualifier la volte-face de Tsipras et de ses conseillers. Certains m’ont écrit pour me suggérer de ne pas utiliser ce mot. D’autres voulaient, au contraire, que je tire sur l’ambulance.Lassé par ces chamailleries d’apothicaires, j’ai choisi le silence fin juillet. L’essentiel était dit. Le reste devenait fioritures, toilette mortuaire et embaumement. Mais sans messe funèbre : la plupart de mes amis français continuaient à veiller inexorablement et à espérer l’impossible réveil d’un cadavre en décomposition politique. Le Tsipras de la victoire du 25 janvier était momifié amoureusement par ses fans dévastés, mêlant le déni de réalité à la thanatopraxie. Je n’avais plus rien à faire là et je suis sorti du débat anachronique sur la pointe des pieds.Sortie de la zone euro, abracadabra !Depuis, j’observe parfois le délire des analyses et des commentaires, la confusion des causes et des solutions. Et un mot, un seul mot, plus que tout autre, revient sur toutes les lèvres : souverainisme. Autrement dit, la cause principale du problème serait l’hétéronomie politique du gouvernement grec dominé par les institutions supranationales. Et la solution, élevée au rang de formule magique, se résumerait en une seule phrase : « sortie de la zone euro, abracadabra ! »

Permettez-moi de sourire. Le problème du souverainisme est l’arbre qui cache la forêt et occulte le vrai débat. Pire encore, appelons un chat un chat : le souverainisme est le principal piège de la débâcle grecque, tant avant qu’après le 13 juillet.

Même sous la pression, un choix reste un choix

Pourquoi ? Parce que, contrairement à ce que raconte tout le monde, ou presque, personne n’a imposé la capitulation à Tsipras. Il y a eu des débats, certes. Des combats, bien sûr. Un bras de fer, évidemment. Mais il n’y a eu ni épée, ni revolver, ni bombe, ni missile qui ait menacé la vie des protagonistes. Aucun de ces notables, confortablement installés entre fauteuils en cuir et table en chêne, café et croissants, douceurs et jus d’orange, n’a été décapité, affamé, licencié, expulsé de son domicile, privé de soins. Arrêtons de dire n’importe quoi. Il ne s’agissait que de pressions politiques, aussi fortes fussent-elles. Et même sous la pression, un choix reste un choix. Ne pas entendre les propositions de la plateforme de gauche de Syriza, depuis des mois, n’était pas lié à un problème auditif, mais à une volonté politique. Se couper du mouvement social et des chercheurs indépendants en économie et en philosophie politique ne relevait pas d’une panne de téléphone, mais d’une préférence réfléchie pour d’autres conseillers véhiculant des idées modérées et le germe de la renonciation. Ne consacrer qu’une seule après-midi au travail colossal de la commission pour l’audit de la dette grecque pour, ensuite, ne pas en tenir compte et feindre d’oublier la possibilité d’annuler la dette, n’était pas le fait d’une amnésie passagère due au surmenage, mais d’une option politique claire et même d’un choix paradigmatique.

Bref, le gouvernement Tsipras a été pleinement souverain dans sa décision, face aux instances supranationales, et prétendre le contraire, c’est oublier un peu vite que la vie politique, comme la vie en général, est l’objet de tensions incessantes, parfois très vives, qui n’éliminent pas pour autant toute capacité à choisir nos pensées et nos actes. Oui, le gouvernement grec a été souverain et, oui, il avait d’autres options possibles que la capitulation. Le nier, c’est contribuer au TINA imaginaire qui altère la volonté et renforce la résignation. Un mois après, il est temps de se réveiller et d’ouvrir les yeux.

Les deux débats corollaires, sur les moyens et sur la légitimité de la décision, ont également été tronqués. Je ne reviendrai pas sur les moyens, souvent abordés ici. Tout ce qui est évoqué plus haut suffit à réfuter totalement le discours mensonger qui parle d’absence d’alternative : les propositions de la plateforme de gauche, du mouvement social très créatif, notamment dans l’autogestion, des chercheurs indépendants ou encore de la commission pour l’audit de la dette ont purement et simplement été rejetées.

Stopper l’austérité, un point c’est tout

L’autre débat occulté concernait la légitimité de sortir ou pas de l’euro. Là encore, plus le stratagème est gros, mieux il passe. Quel était exactement le mandat principal du gouvernement Syriza-Anel, au lendemain de sa formation le 27 janvier ? Plus que jamais, les choses étaient claires, très claires. C’était même le seul sujet de la campagne électorale en janvier : stopper l’austérité, un point c’est tout. Le reste, rarement abordé, n’était que discussion annexe. Le mandat principal de Tsipras n’était pas d’éviter ou d’oser, au contraire, une sortie de l’euro, mais précisément d’éviter un nouveau mémorandum avec son lot de casses sociales, de coupes budgétaires et de dilapidations du bien commun. Ou, pour le dire autrement : s’il n’avait certes pas de mandat explicite pour sortir de la zone euro, il en avait encore moins pour imposer trois ans d’enfer supplémentaire, de surcroît juste après le OXI à 61% au référendum du 5 juillet. Virguler aujourd’hui autour de son mandat concernant l’euro pour justifier son choix, c’est tout simplement se moquer du monde.

Tsipras a joué la carte de l’unité nationale

Non seulement la décision du gouvernement Tsipras a été souveraine, mais en plus elle est intervenue au terme d’une dérive politique qu’il est indispensable d’évoquer ici. Le salut national — qui nous rappelle de mauvais souvenirs politiques en France — a progressivement remplacé le discours sur les inégalités sociales, au fil des mois. La misère des plus démunis s’est progressivement transformée en nation en péril. Les rapports de classes ont été balayés au profit des rapports en pays, plus ou moins amicaux ou rivaux à l’égard de la Grèce. Tsipras a joué la carte de l’unité nationale et de l’amalgame de l’identité grecque des victimes de « la crise », et, ce faisant, il a gagné son statut de chef en Grèce, aux yeux d’une majorité de la population. Chef du gouvernement en l’occurrence. Et surtout chef d’état parmi ses semblables. L’ancien gendre idéal au regard si doux est devenu l’homme de confiance, mûr, posé et réfléchi, puis le guide inflexible, autoritaire, mais dévoué faisant de son mieux dans l’intérêt du pays tout entier. Un pays uni, selon lui, dans le mélange de situations sociales non seulement hétérogènes, mais surtout antagonistes.

A celles et ceux qui, dans l’aile gauche de Syriza ou au-delà dans la gauche et dans le mouvement social, rappelaient que l’Allemagne, c’est douze millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté, que la France, c’est toujours plus de laissés pour compte dans tous les domaines et, surtout, que la Grèce, c’est aussi des patrons rapaces et leur lot de collaborateurs complices dans la hiérarchie des entreprises et des administrations, Tsipras insistait souvent sur la gravité du moment : ne pas se désunir, éviter les conflits sociaux et faire les bons choix dans l’intérêt de tous.

L’incroyable pouvoir de décider et de signer au nom de millions de personnes

C’est précisément une attitude souverainiste. Oui, vous avez bien lu : à ceux qui vous parlent de souverainisme comme d’une baguette magique qui eut été nécessaire en Grèce, vous pouvez les envoyer jouer aux billes. Car c’est exactement le chemin qu’a malheureusement pris Tsipras, ces derniers mois, en déplaçant la tension nécessaire entre les classes sociales sur le terrain des tensions — d’un autre type — entre gouvernements au prétexte illusoire de régler, par la négociation à l’échelle des états, de profondes inégalités sociales au sein de chacun d’entre eux. Il s’agit tout simplement d’un transfert de compétence depuis les mouvements sociaux des territoires en luttes vers le petit groupe de notables disposant de l’incroyable pouvoir de décider et de signer au nom de millions de personnes. C’est la réunion spectaculaire des puissants au prétexte frauduleux d’améliorer le sort des faibles, avec, fort logiquement, le résultat inverse.

Est-ce vraiment cela une politique de gauche ? Est-ce un mode d’action cohérent pour un gouvernement d’inspiration marxiste ?

Et c’est là qu’intervient le dernier point. Rappelez-vous qui est au pouvoir, depuis janvier, aux côtés de ministres Syriza : le principal parti souverainiste en Grèce, ANEL, aussi appelé Grecs indépendants. A-t-il critiqué ce mode d’action ? Non, bien sûr, il l’a approuvé, après avoir fait semblant de râler, le temps de reprendre du dessert. Ses députés ont-ils refusé l’accord du 13 juillet, lors des votes du 15 et du 22 juillet au parlement ? Non, ils ont voté la totalité des mille pages organisant le désastre, avant de retourner à la buvette. Le ministre membre des Grecs indépendants a-t-il finalement démissionné et quitté le gouvernement ? Pas du tout. Les Grecs indépendants ont obtenu un deuxième portefeuille ministériel, et hop ! Tout va bien pour eux ! Ça continue !

Alors, le souverainisme est-il la solution ? Non, comme on vient de le voir, c’est au contraire l’un des problèmes principaux de ces derniers mois.

C’est pourquoi, en France et ailleurs, en dépit des pleurnicheries tous azimuts — qui sont parfois des larmes de crocodiles — et des lamentations sur l’hétéronomie politique du gouvernement Syriza-Anel (désormais sans l’aile gauche de Syriza) sous la dictée des institutions supranationales, il serait bon d’arrêter de rejeter toutes les responsabilités sur les autres et de se cacher derrière son petit doigt. Bien sûr la responsabilité de ces institutions est immense, mais ce n’est pas elles qui ont littéralement décidé de tout ce qui vient de se passer pour les classes populaires en souffrance en Grèce, comme pour les pans entiers de nature mis en vente. Non, au bout du compte, c’est le gouvernement grec qui a refusé toutes les autres options depuis six mois, en allant jusqu’à dire qu’elles n’existaient pas.

La baguette magique du souverainisme cache en réalité un sceptre

Et la sortie de l’euro ? Ce moyen, parmi d’autres, n’est en rien l’apanage des uns ou des autres. Il n’y a aucun brevet « sortie de l’euro » déposé à l’INPI. Et rien ne prouve qu’un parti se proclamant souverainiste serait plus à même de l’organiser, surtout au vu de l’expérience grecque. En réalité, la sortie de l’euro n’est qu’un outil dans une boite à outils qui en compte des dizaines. Et l’utilisation des uns n’empêche pas celle des autres. Pendant que le souverainisme ressasse, comme un disque rayé, la solution magique de la sortie de l’euro, la vraie gauche et les mouvements révolutionnaires projettent bien au-delà d’innombrables formes d’actions qui caractérisent leurs analyses respectives et objectifs politiques. Et rien ne doit être laissé au hasard. Les rapports de classes et de dominations ne s’effaceront pas au prétexte de l’unité nationale et du pouvoir plein et entier d’élus bonhommes et repus chantant la Marseillaise devant une foule émue. Car la baguette magique du souverainisme cache en réalité un sceptre et le pouvoir ne sert que le pouvoir.

Nous unir, classe contre classe, par-delà les frontières

Sortir de la zone euro pour sortir de la zone euro ne suffit pas. Crier au loup venu d’ailleurs pour détourner les brebis nationales de la menace des loups nationaux est une vieille recette éculée. Une ficelle, un piège, une potence. C’est lutter contre tous nos prédateurs qui est nécessaire, urgent, vital. C’est nous unir, classe contre classe, par-delà les frontières. C’est, au moins, nous mettre en synergie, attentifs et solidaires, face à l’internationale du capitalisme triomphant. C’est nous rappeler le chemin parcouru, pour en comprendre les échecs et redécouvrir les rêves de celles et ceux qui nous ont précédé, il y a un siècle-et-demi. C’est ouvrir de nouvelles perspectives, décoloniser l’imaginaire, inventer des chemins de traverses, oser au-delà de ce qui paraît possible et, en aucun cas, se replier sur soi.

Depuis un mois, ce n’est pas Athènes qui est tombée, en réalité. Ce sont les persécutés et les insoumis de partout qui avaient les yeux rivés sur la Grèce, d’un bout à l’autre du monde, et qui ont été frappés une fois de plus.

C’est pourquoi l’heure n’est en aucun cas à l’union des tyrans avec leurs victimes, même au prétexte de la coexistence sur un même bout de territoire, mais au soulèvement simultané et solidaire des damnés de la Terre.

TINA ? En effet, mais dans le sens contraire. Oui, il n’y a pas d’alternative. Il n’y a pas d’autre issue possible pour sortir de l’impasse. Il n’y a rien à attendre, mais tout à faire. Il n’y a pas d’alternative : lutter.

Yannis Youlountas

http://blogyy.net/2015/08/13/le-piege-d ... e-grecque/



LE SOUVERAINISME EN SLIP

Suite à mon texte « Le piège du souverainisme dans la débâcle grecque », voici quelques réponses à diverses questions ou remarques…

LE SOUVERAINISME EN SLIP

1 – A quoi reconnaît-on un homme politique souverainiste ?

a) Il se prétend le plus souvent « ni droite ni gauche » (comme la moitié des politiciens de droite, ce qui est parfois très drôle, par exemple quand il est démasqué par ses éléments de langage et autres marqueurs politiques).
b) Il est champion toutes catégories en retournement de veste (plusieurs CV sont accablants) et, le cas échéant, en abandon des promesses électorales (dernier exemple en date avec les « Grecs indépendants », principal parti souverainiste en Grèce, aussi appelé ANEL, qui soutient joyeusement l’austérité en échange d’un deuxième portefeuille ministériel, à la différence de Syriza qui est en crise et qui va scissionner) ;
c) Il se pose en « sauveur de la nation face aux instances supranationales » jugées seules responsables des maux qui s’abattent sur le pays ;
d) A ce titre, appelant au rassemblement tous azimuts autour de sa personne, il appelle à « ne pas se désunir » (union entre les classes dominantes et dominées au prétexte de la coexistence sur un même territoire, face à un ennemi commun, exactement comme en temps de guerre), à « éviter les conflits sociaux » (donc pas de lutte de classes) et à « faire les bons choix dans l’intérêt de tous » (car l’élu national du peuple souverain sait ce qui est bon pour « son peuple », même à son insu, et ne pense qu’à l’intérêt général en amalgamant toutes les situations sociales, même les plus antagonistes).

2 – Comment distinguer le souverainisme du nationalisme ?

En déplaçant « l’ennemi du peuple » au-delà des frontières (instances supranationales), le souverainisme procède exactement comme le nationalisme, à la différence que ce dernier vise plutôt les immigrés et/ou les pays voisins : dans les deux cas, il s’agit d’un détournement de la lutte essentielle qu’est la lutte de classes, principe fondamental de la vraie gauche et des mouvements révolutionnaires (chacun l’analysant et l’organisant à sa façon avec diverses conceptions de l’égalité et de la liberté).

3 – Que signifie le mot souverainisme ?

Attention aux abus de langage courants. Le souverainisme n’est pas un vague concept philosophique relatif à la souveraineté d’un sujet (individu ou collectif), c’est-à-dire à sa faculté de choisir, de disposer de lui-même. Le souverainisme est encore moins un synonyme de la démocratie au prétexte de la souveraineté d’un peuple (sous quelle forme ? à travers qui ?) et/ou de ses représentants (principalement issus des classes dominantes). Non, en réalité, comme son suffixe l’indique et comme son histoire le confirme, le souverainisme est une idéologie, rien de plus, c’est-à-dire un système d’idées politiques qui propose une interprétation du monde et des modes d’actions. En l’occurrence, le souverainisme est une idéologie simpliste et mensongère qui prétend, sans rire, que les maux qui s’abattent sur nous proviennent du manque de moyens (donc de pouvoir) de ceux qui prétendent nous gouverner. D’abord, c’est totalement faux : on peut toujours désobéir, à tous les niveaux (même Hollande « l’ennemi de la finance », Tsipras « le chasseur de la troïka », etc.), si on en a le désir, la volonté et le courage, et ce, dans tous les domaines (dette, traités, monnaie, répartition des richesses, etc.). Les preuves historiques ne manquent pas. Ensuite, c’est un détournement total de la lutte : de la « guerre sociale » (par exemple, on pourrait commencer par la réquisition des banques, l’occupation des terres, la multiplication des assemblées partout, y compris parmi les enfants, la transformation des structures hiérarchiques ou exécutives en collectifs horizontaux et autogérés, l’expropriation et la destruction de Vinci, Total, Bouygues, etc.) vers la « guerre nationale » (renforcement de la bourgeoisie nationale contre une supposée bourgeoisie supranationale ou celle d’un pays voisin, un peu comme une mobilisation générale sous l’égide de généraux mythifiés qui donneront leurs noms à des boulevards). Bref, le souverainisme est un subterfuge de la bourgeoisie pour conserver le pouvoir en promettant de l’utiliser autrement. Une roue de secours, au même titre que le fascisme.

4 – Comment expliquer les liens étroits entre les figures du souverainisme et du confusionnisme ?

Ce n’est pas un hasard si, en France comme ailleurs (au Royaume-Uni, par exemple, avec Nigel Farage et l’UKIP), le souverainisme pratique abondamment le confusionnisme* et entretient d’excellentes relations avec ses têtes de gondoles (axe Asselineau-Chouard, par exemple, comme auparavant Dupont Aignan-Marion Sigaut, etc.). Tout d’abord, l’idéologie souverainiste et le processus confusionniste ont en commun un simplisme stupéfiant (dans les deux sens du mot stupéfiant : effet de surprise produisant un choc et effet narcotique produisant une addiction) tant au niveau des causes que des solutions. Plus précisément, le souverainisme est dans l’analyse des solutions ce qu’est le confusionnisme dans l’analyse des causes : une diversion, un brouillage, un détournement. Dans un cas comme dans l’autre, en dépit de leurs relations parfois orageuses, ce sont des passerelles vers l’extrême-droite, et ce, avec un processus similaire*. D’autant plus que le souverainisme et le confusionnisme s’implantent aisément parmi les naïfs et les plus vulnérables, exactement comme des germes ou, pire, des virus (organismes très simples, creux et sans vie, basés sur la réplication et la répétition, d’ailleurs le mot virus vient du latin « poison ») qui se développent sur la base de lieux communs, de phrases toutes faites, de mélanges de références comme autant de masques, et de contresens répétés, tant au niveau des causes que des solutions, mais sans jamais remettre en question l’essentiel : les rapports de classes et de dominations qui altèrent la liberté et ruinent l’égalité. C’est ainsi que le souverainisme et le confusionnisme affaiblissent non seulement la vraie gauche, mais aussi les mouvements révolutionnaires dans leur diversité, en captant une partie de la révolte.

5 – Le souverainisme n’est-il pas une opposition louable au « mondialisme » ?

L’opposition mondialisme/souverainisme est un leurre, comme l’est l’opposition capitalisme/fascisme. Car, dans les deux cas, le premier nourrit le second, alors que le second consolide le premier (en détournant son opposition critique dans une impasse). C’est exactement une relation de parasitisme, au sens biologique, appliqué à un écosystème politique, qui relève également du commensalisme (la présence de l’un favorise celle de l’autre et réciproquement, notamment quant à leurs besoins pour se perpétuer simultanément sur un même territoire, d’où les termes vermine et charognard fort justement attribués au fascisme au sein de la société capitaliste dont il est le nécrophage, à chaque crise sociale). Le premier a besoin du second pour neutraliser toute opposition véritable, pour affaiblir l’organisation des persécutés et des insoumis, en orientant à contresens le mouvement social, en distillant de fausses causes et de fausses solutions. L’histoire l’a abondamment montré, d’un bout à l’autre du monde, c’est la même rengaine.

6 – Conclusion : un labyrinthe politique rempli d’impasses

Que répondre à tout cela ? Exactement le contraire : pas de paix entre les classes, pas de guerre entre les peuples, pas de leurre à Bruxelles ni ailleurs : nos tyrans sont en France, en Allemagne, en Grèce, en Espagne, aux Etats-Unis… partout. Et ils n’ont pas besoin des chemtrails, des illuminatis, des Juifs, des francs-maçons, des reptiliens, des musulmans, des technocrates ou des extra-terrestres pour nous exploiter. Pas contre, ils ont besoin de notre respect du chef et de la Loi, de l’ordre politique, économique et social. Ils ont besoin de notre envie de consommer et de nous divertir au point de nous abrutir et, plus encore, de notre peur du changement radical. Nos tyrans se régalent de nous voir confiner notre réflexion dans un cadre réducteur, tant politique que géographique, ce que produit le souverainisme, ou en nous détournant de l’analyse raisonnée au moyen de contrefeux illusoires, ce que produit le confusionnisme.

Le souverainisme et le confusionnisme ne sont donc pas des solutions : ils font partie du problème. Ce sont des mythes systémiques, des contes de fées politiques, comme le sont également, au sein de l’idéologie capitaliste :
a) la main invisible du marché (basé sur la croyance à l’autorégulation des échanges financiers) ;
b) le rejet de la coopération au profit de la compétition (basé sur la croyance à l’équivalence parfaite entre la somme des intérêts particuliers et l’intérêt général) ;
c) la théorie du ruissellement (basé sur la croyance aux bienfaits d’un enrichissement des plus riches qui serait, via la consommation, profitable à tous, jusqu’aux plus pauvres).

Tout cela n’est que spectacle dans les catacombes d’un monde qui se meurt.

Aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes bien dans un labyrinthe politique rempli d’impasses. Nous n’avons pas de fil d’Ariane, c’est-à-dire ni solution toute faite ni guide providentiel. Mais, grâce à notre diversité, nous disposons de trois atouts majeurs : la pensée, l’expérience et la volonté.

Nos tyrans et leurs complices ont raison de se méfier, eux qui renforcent, chaque jour, leurs dispositifs contre nous : surveillance, répression, fabrique de l’opinion. Ils ont raison de se méfier, mais ça ne suffira pas.

Les mauvais jours finiront.

Yannis Youlountas

http://jeluttedoncjesuis.net

* Du confusionnisme à l’extrême-droite :
http://lahorde.samizdat.net/2015/05/22/ ... t-possible

http://blogyy.net/2015/08/14/le-souverainisme-en-slip/
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Re: Le souverainisme en slip

Messagede sureauDOMINIQUE » 20 Aoû 2015, 21:19

Souverainisme étatisme et autonomie

La question sous-jacente à la différenciation terminologique est celle de la capacité politique de contrôle du pouvoir.

Le souverainisme s’arc-boute sur le concept de souveraineté nationale. C’est un prolongement du jacobinisme et il se caractérise par une empreinte nationale indéniable.

Le souverainisme se définit par une défense de la souveraineté nationale par opposition au transfert de l'exercice du pouvoir à un niveau supranational. Les partisans du souverainisme dénoncent ce transfert de souveraineté comme pouvant nuire à l'identité nationale et conduisant à un déficit démocratique.

La souveraineté définit, en droit, la capacité de détention de l’autorité suprême. Cela pose la problématique du seuil de la détention du pouvoir absolu dont tous les autres dépendraient et qui ne dépendrait que de soi.

La souveraineté est donc une manifestation idéologique de l’état et sa forme est idéologiquement conjuguée avec la configuration étatique dominante, à un moment donné.

Ainsi en France, la souveraineté est nationale comme le souligne l’article 3 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 : "Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément".

Comme telle, la souveraineté ne peut être exercée par un homme, un despote, ni divisée entre plusieurs fractions du peuple. La souveraineté est le fait d’un être collectif et indivisible : la nation.

L’exercice du pouvoir implique également que cette souveraineté soit déléguée : le peuple, même constitué en corps politique, ne peut délibérer directement sur les affaires publiques. Cette mission est confiée à des représentants élus, dont les décisions constituent l’expression de la volonté générale : "la loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation. (...)"’article 6 de la Déclaration de 1789.

La souveraineté nationale s’oppose donc à toute notion de gouvernance populaire, qui impliquerait des mécanismes de démocratie directe, comme les assemblées de citoyens, le mandat impératif ou les référendums.

La notion de souveraineté nationale légitime la représentation du peuple par un corps législatif élu par lui et doté d’une véritable autonomie dans la prise de décision.

Conséquemment,
• le pouvoir exercé ne peut être délégué ou partagé : concept d’indivisibilité du pouvoir;
• le mandat des représentants doit être limité dans le temps ; concept d’inaliénabilité du pouvoir
• la nation ne peut déléguer l’exercice de la souveraineté de manière définitive : concept d’imprescriptibilité du pouvoir.
• L’interdiction de fait du mandat impératif : théoriquement, les membres des assemblées parlementaires sont des élus, d’un ensemble indivisible. Ils représentent l’ensemble de la nation, dans une portion du territoire national. Les parlementaires ne représentent donc pas les seuls électeurs qui les ont choisis, mais la nation dans son entier. Ce sont "les représentants du peuple". L’interdiction du mandat impératif s’impose logiquement dans une telle conception idéologique du pouvoir. Le principe de mandat impératif reviendrait à lier le représentant à la volonté des représentés. Le représentant ne ferait alors que traduire la volonté exprimée par ses électeurs, sans pouvoir se prononcer en conscience. Le système du mandat impératif est en fait fondé sur une conception différente de la souveraineté.

Le principe de la souveraineté nationale a pu être mis en œuvre différemment dans le cadre d’un suffrage censitaire, restreignant le cadre électoral et les personnes éligibles ou dans le sens de l’inamovibilité de certaines instances notamment dans des régimes parlementaires avec une continuité royale .Ce ne sont que des déclinaisons singulières.

Dans les systèmes démocratiques, le suffrage se présente toujours comme universel, égal et secret. L’universalité dissimule une prétention au non dépassement dans l’espace et dans le temps, ambition que partagent bien des formes de pouvoir.

Le souverainisme n’est donc qu’un avatar de la souveraineté nationale. Il exprime un conflit d’instance de pouvoir entre le national, le supra national et le mondial. Il n’est qu’une conjugaison particulière de l’étatisme. Il dit tout à la fois le constat de perte de contrôle national des décisions importantes par des élites, l’affirmation du transfert des compétences décisionnelles à des instances supranationales et la nécessité idéologique de maintenir un mythe régional, national fédérateur de proximité pour faire sens auprès des populations.

Le souverainisme est à la croisée des chemins politiques de ses conceptions nationales et internationales. Ses représentants ne s’y sont pas trompés. Tous participent des instances nationales et supranationales. Tous espèrent dans l’enrichissement possible du fait de la supranationalité. Le souverainisme est le même visage de la possession et de la dépossession du pouvoir. L’autonomie en question n’est que la capacité de profit direct par ces instances dépossédantes. Ils veillent au grain à moudre les peuples.

Dans le jeu de rôles des étatistes, le souverainisme joue la fonction de soupape de sécurité pour éviter l’implosion du système de domination par perte de sens auprès des populations. Les différents scrutins électoraux attestent d’une désaffection chronique pour le politique et parfois pour la recherche de l’être providentiel. C’est là que le souverainisme joue sa carte par des propositions ne remettant en rien le système mais offrant une capacité à capter des voix par une mythique centraliste et volontariste. Il assure la fonction de maintien illusoire de la cohésion nationale et en rien sociale.

Le souverainisme est national et en rien internationaliste. C’est toute la difficulté du front de gauche, du PCF et d’autres. La revendication nationale prend le pas sur l’internationalisme comme l’idéologie colbertiste réduit le champ de la critique anticapitaliste au profit d’une mise en avant d’un productivisme national.

L’actuelle déconcentration étatique nationale au profit de la sphère privée ou/et supranationale, commencée il y a longtemps, n’est qu’une facette d’une phase nouvelle du contrôle du pouvoir.

« Le monstre froid » se recompose autour des pôles décisionnels les plus fondamentaux tout en essayant de se prémunir contre une perte de légitimité politique et d’isolement de la représentation politique par rapport à son électorat. Le spectacle politique a besoin de ses sectateurs et de spectateurs. L’adhésion à une mythique politique est fondamentale à la permanence dans le temps.

Le souverainisme est une figure rhétorique du pouvoir et rien de plus.

La question de l’autonomie politique telle qu’il la pose, même enrubannée de fédéralisme prétendument proudhonien, n’est qu’un argumentaire marchand de l’idéologie politique dominante. Le piège de l’autonomie brandit par tous les souverainistes ne recouvre pas le champ de l’autonomie politique.

Rappelons-nous que la notion d’autonomie doit être reliée à celle de milieu social – historique dans laquelle elle prend forme et se développe .La volonté d’autonomie est fonction de l’évolution, de l’histoire de la collectivité dans laquelle elle va prendre corps, et pouvoir développer son aptitude à s’autodéterminer elle-même et à se transformer en sujet actif, -particulièrement lors des crises et des recompositions majeures.
La question grecque par rapport à l’Europe est emblématique.

Fallait-il qu’ils restent ou quittent l’Europe ?

Pour des libertaires, la problématique n’existe pas.

Dans ou hors de l’Europe, cela reste toujours à l’intérieur du capitalisme.

La vraie question reste celle de la capacité politique du prolétariat à réagir, que ce soit au niveau national ou international. Or ne nous voilons pas la face elle reste faible. Quelles mobilisations ont vu le jour en France ou dans d’autres pays de la zone euro ? Qui s’est mobilisé au niveau des grandes centrales syndicales ? Les plans de rigueurs se succèdent partout et les réactions sont à peine perceptibles.

Existe-t-il une réelle volonté de participer à l’émergence d’une capacité politique du prolétariat ?

Sorti des sphères militantes, cela semble bien faible en regard des violentes attaques subies.

« je désire qu’autrui soit libre, car ma liberté commence là où commence la liberté de l’autre » Castoriadis

L’autonomie engage le collectif, et rompt avec le narcissisme initial.

Bakounine l’avait théorisé et avait introduit l’idée que les concepts d’autonomie et de liberté sont relationnels, et non que des sentiments intérieurs.

Le souverainisme et bien des courants politiques pensent encore selon un narcissisme national ou supranational …là où la seule réponse plausible est internationaliste. La force de proposition des anarchistes est dans cette propension à s’adresser à l’humain par-delà les frontières.




s'y ajoute une contribution d'un camarade fort pertinente : merci Jacques

Le point "Fallait-il que les grecques restent ou quittent l’Europe ? Pour des libertaires, la problématique n’existe pas. Dans ou hors de l’Europe, cela reste toujours à l’intérieur du capitalisme" me semble un peu faible.

Certes c'est indiscutable ! Mais il me semblerait nécessaire d'en rajouter un peu, du genre "L'émancipation du peuple grecque ne peut se réaliser à l'intérieur des institutions de l'Union Européenne, pas plus qu'elle ne pourra se réaliser à l'intérieur du système capitaliste de l'état grecque. Un processus révolutionnaire en Grèce et/ou dans d'autres partie du territoire de l'union Européenne débutera par des mobilisations d'ampleur des classes sociales dominées, se donnant pour objectif la mise en place de contre-pouvoir dans les régions où elles se développent. Ces mobilisations se traduiront pas une remise en cause, non seulement des règles de l'Union Européenne, mais en parallèle de celles des états nationaux concernés. Il s'agit d'un scénario totalement étranger aux illusions souverainistes, même si nous devons constater qu'aujourd'hui les perspectives politiques révolutionnaires paraissent très lointaines. Mais n'en rajoutons pas dans la confusion en entraînant des franges militantes dans des impasses politiques. Au contraire, nous devons continuer notre combat pour l'autonomie des classes sociales dominées, seule perspective ouvrant la possibilité d'un futur émancipé".

Voilà, voilà !

cordialement amitiés libertaires
dominique youpeee
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Re: Le souverainisme en slip

Messagede bipbip » 14 Sep 2015, 10:32

Sortir de l’euro : le dernier boniment à la mode

C’est la dernière lubie en vogue dans une certaine gauche étatiste : à bas l’euro ! Il faut sortir de l’euro ! Tous unis – souverainistes de droite comme de gauche – sous la bannière du franc français ! Les technocrates new-look du Front national triomphent...

L’idée est maintenant répandue, à gauche, de faire de la sortie de l’euro non seulement un enjeu... mais un objectif en soi. La sortie de l’euro serait devenue la condition première de tout changement !

Ce discours est dangereux. Non seulement il escamote la seule façon de rompre avec le système capitaliste, la socialisation des moyens de production et d’échange, mais en plus il crédibilise les mensonges du FN et entraîne une partie des forces militantes à gauche vers un nationalisme malsain et même des alliances criminelles.

Un curieux panel

Qui l’eut cru ? Chevènement, ce visionnaire, avait donc quinze ans d’avance… Dès 1999, son Mouvement des citoyens avait mené une (modeste) campagne d’affiches titrant « L’euro, c’est pas franc »…

Ce profond slogan semble aujourd’hui devenir le cri de ralliement d’un curieux panel de fachos-dédiabolisés, d’intellectuels à bout de souffle, de neuneus complotistes, de post-staliniens et d’une certaine gauche étatiste dépourvue d’imagination.

On trouve même des convertis à cette brillante idée dans certaines franges du syndicalisme et de l’altermondialisme, persuadés que plus ils trépigneront contre l’euro, plus ils paraîtront radicaux ! Ou quand la lubie monétariste devient un substitut à la lutte des classes…


Pour approfondir cette question, lire l’analyse d’Alternative libertaire sur la fausse alternative protectionnisme/libre-échange http://alternativelibertaire.org/?Contr ... -echange-l


Chevènement, Dupont-Aignan, Sapir, Onfray et les autres

Jacques Sapir, l’économiste qui ne déteste pas Poutine, partant du constat que la gauche anti-euro ne peut être majoritaire seule, appelle à créer un « front » sur ce point précis, avec toutes les forces dont les valeurs ne sont pas incompatibles avec celles de la gauche. Il exclut « aujourd’hui » d’y intégrer le FN mais le voit très bien ouvert à Dupont-Aignan (encore lui) !

Chevènement a d’ailleurs participé à l’université d’été de Debout la France, le groupuscule patriotard de Nicolas Dupont-Aignan pour préparer une alliance aux élections régionales [1].

Onfray-la-girouette propose, lui, de « fédérer tous les souverainistes des deux bords » [2]. Pour Onfray, la gauche et la droite antilibérales peuvent s’unir en dépassant le blocage des partis (FN, PCF, PG...) pour une candidature gagnante aux présidentielles de 2017. La sienne ? !

C’était mieux du temps de Raymond Barre !

Mélenchon suit de près avec son « plan B » qui voit une solution miracle dans le retour aux monnaies nationales coordonnées à l’intérieur d’un Système monétaire européen (SME) renouvelé. Ce nouveau SME (copie de celui des années 1970) permettrait le bonheur des peuples en ouvrant des possibilités négociées et encadrées de faire varier les taux de change, en clair d’opérer des dévaluations monétaires plutôt que de dévaloriser les acquis sociaux. Pouvoirs magiques de la monnaie ! Sauf que les plus anciens se souviennent que le premier plan d’austérité infligé aux travailleurs en France fut réalisé par Raymond Barre, alors Premier ministre de Giscard, justement à l’époque du SME...

Une monnaie, qu’elle soit nationale ou transnationale, n’est jamais qu’un outil du capitalisme. On peut changer de monnaie, la débaptiser, la rebaptiser et s’en gargariser… la vraie question c’est : qui décide ? Qui possède les moyens de production et d’échange ?

Les recettes réformistes ne feront pas les solutions d’avenir. La mondialisation capitaliste ouvre la voie pour un véritable internationalisme prolétarien. Si les travailleurs n’ont pas de patrie comment croire à l’utilité des vieilles frontières, des vieilles monnaies ?

Balayer les frontières et les monnaies

On pourrait facilement clore le débat en rappelant qu’une vraie révolution sociale, c’est-à-dire l’expropriation des capitalistes, actionnaires et multipropriétaires, balayera d’un coup les frontières et les monnaies, au moins à l’échelle de l’Europe.

Les rythmes seront bien évidemment plus compliqués, hélas. Aussi il est fort probable que, durant l’affrontement social ouvert par une crise révolutionnaire limitée à un ou quelques pays, la rupture avec l’ensemble des institutions européennes sera inéluctable.

Le savoir et s’y préparer est une chose. Mais en faire l’alpha et l’oméga de sa politique en est une autre, surtout s’il s’agit de se rapprocher des souverainistes et des fascistes pour y parvenir !

L’ennemi ce n’est pas la monnaie mais les intérêts bourgeois qui grouillent derrière. Ni franc, ni euro : abolition du salariat !

Jean-Yves (AL 93), Guillaume (AL Montreuil)


[1] « Chevènement en piste électorale. L’alliance avec Dupont-Aignan devrait se concrétiser pour les régionales », L’Est républicain, 19 juillet 2015

[2] Sur France Culture, le 5 septembre

http://alternativelibertaire.org/?Sorti ... le-dernier
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Re: Le souverainisme en slip

Messagede abel chemoul » 24 Oct 2015, 21:57

Le souverainisme et bien des courants politiques pensent encore selon un narcissisme national ou supranational …là où la seule réponse plausible est internationaliste. La force de proposition des anarchistes est dans cette propension à s’adresser à l’humain par-delà les frontières.



d'accord mais quand AL c'est 250 pinpins ou le NPA 2000 adhérents, est-ce que l'option internationaliste telle que vous la voyez est réalisable demain? on est dans l'incantation gratuite. Sans compter que l'internationalisme est une notion occidentalo-centrée dont une grande partie du monde se fout. La plupart des cultures raisonnent en termes de collectivités organiques plutot qu'en terme d'internationalisme d'individus éclatés.

Le souverainisme, tel que défini par dominique sureau (et pas le trucmuche de Youlountas qui ne correspond à rien) n'est-il pas tout simplement une forme de "penser global-agir local" ?
on a l'impression en lisant les libertaires que poser une limite géographique à l'action (c-a-d une frontière) c'est déjà du nationalisme. pourtant, on agit toujours dans un cadre: un tract sur la loi Macron n'a pas de sens hors du cadre français par exemple. on ne peut pas peser sur ce qui est illimité, sans bords, la politique c'est définir son champ d'action, l'internationalisme vague c'est l'universel chrétien laïcisé, c'est aussi flou et aussi abstrait.
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Re: Le souverainisme en slip

Messagede Pïérô » 09 Jan 2016, 20:36

Ce n'est pas très clair ta position, parce qu'évidemment cela laisse penser qu'il puisse y avoir une forme de souverainisme acceptable, et que ce souverainisme serait bien ramené dans un cadre de frontière qu'il faudrait accepter et avaler, malgré une Histoire de l'humanité qui montre que ces traits sur la carte sont pourtant récents.

Un article pas mal qui revient sur ce nationalisme de gauche que tu semblerais partager :


La mascarade du nationalisme de gauche

Le nationalisme de gauche est présenté comme la solution pour sortir de l'austérité. Contre l'Europe, le repli sur l’État-nation doit permettre de construire une République sociale.
Cette imposture idéologique demeure une impasse.

... http://www.socialisme-libertaire.fr/201 ... auche.html
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Re: Le souverainisme en slip

Messagede abel chemoul » 12 Jan 2016, 21:59

si protectionnisme=nationalisme maintenant...
vous êtes contre les délocalisations non? si j'étais dans la même logique que vous je dirais que vous êtes natio parce que vous refusez que la production aille ailleurs, qu'elle passe la frontière, c'est une forme de souverainisme. Ou alors explique moi la différence.

Le protectionnisme et la lutte contre les délocalisations c'est la même chose: on essaye d'empêcher les mouvements du capital dans sa recherche de profit pour éviter qu'il foute en l'air des vies supplémentaires.
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Re: Le souverainisme en slip

Messagede Pïérô » 14 Jan 2016, 22:11

Comment détacher protectionnisme, souverainisme, et nationalisme ?
Je voudrais bien savoir...
Ton raccourcis qui tend à vouloir rassembler dans ce qui me semble divergent est un peu cavalier, mais je sais que tu aimes ça le côté provo. Je ne sais pas trop vers où tu t'éloignes mais il est clair qu'il y a un positionnement qui n'est pas aussi proche que tu pourrais le laisser entendre dans ce domaine où les révolutionnaires et communistes libertaires que nous sommes articulent la question de la relocalisation de la production, et le circuit le plus court possible entre producteur et consommateur, avec les luttes contre les délocalisations dans un champ internationaliste de lutte qui amène évidemment à soutenir les luttes pour les salaires un peu plus décents dans les pays où l'on bosse pour la misère encore plus qu'ici. C'est là qu'est l'enjeu, et pas dans un court terme protectionniste qui rame à contre-sens d'un capitalisme mondialisé qui tente de s'inscrire dans le long terme en s'appuyant aussi sur l'absence de contre projet de société, pour les révolutionnaires et communistes libertaires qui portent bien un autre projet de société à l'échelle monde.
Et c'est aussi la gestion des matières premières et du pétrole et gaz qui est au centre de la question à se poser, que ce soit dans un système protectionniste que tu sembles favoriser, ou dans un cadre de projet de société à porter, parce que c'est un bon exemple justement pour démonter l'entreprise du repli sur soi, et une des questions à se poser en terme de projection sans frontières d'un monde communiste libertaire.
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Re: Le souverainisme en slip

Messagede luco » 16 Jan 2016, 18:39

Quand les salariés d'une entreprise entrent en grève pour défendre leurs salaires ou leur emploi, ils le font forcément sans se soucier de savoir si d'autres travailleurs pourraient faire le même travail ailleurs pour moins cher et si ça pourrait créer de l'emploi ailleurs.

C'est un "protectionnisme" circonscrit qu'ils défendent.

Au niveau national c'est pareil. On défend les emplois ici, simplement parce qu'on en a besoin et une mesure douanière protectionniste protège aussi les travailleurs face à la concurrence internationale.

Etre contre le protectionnisme, c'est être pour la concurrence des pays à bas coût. Point.

Marx était évidemment contre le protectionnisme et pour la mondialisation capitaliste au nom de son millénarisme révolutionnaire total.

Les socialistes réels, jauréssiens, syndicalistes et autres, ont fini par être pour au nom de la réalité.

On ne PEUT PAS défendre les circuits courts écologiques SANS MESURES PROTECTIONNISTES (locales, régionales, nationales...).
C'est du blabla.

Qu'il faille lier ces combats locuax ou nationaux au niveau international est une évidence à condition de les avoir d'abord menés localement et nationalement. Ca s'appelle la lutte contre la division internationale du travail par le capitalisme. La souveraineté (agricole, industrielle...) est facteur d'égalité et de liberté.

La preuve : les capitalos sont contre.
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Re: Le souverainisme en slip

Messagede abel chemoul » 16 Jan 2016, 20:16

Pïérô a écrit:Comment détacher protectionnisme, souverainisme, et nationalisme ?
Je voudrais bien savoir...


Comment établis-tu une chaine d'équivalence entre ces trois concepts? c'est quoi le dénominateur commun? Le premier est un concept économique, le second un concept politique, le troisième une idéologie. Comment sont-ils reliés selon toi?

je vois vraiment pas comment tu veux réindustrialiser, faire des circuits courts sans fausser le jeu de la libre concurrence internationale via le protectionnisme.

C'est là qu'est l'enjeu, et pas dans un court terme protectionniste qui rame à contre-sens d'un capitalisme mondialisé qui tente de s'inscrire dans le long terme en s'appuyant aussi sur l'absence de contre projet de société, pour les révolutionnaires et communistes libertaires qui portent bien un autre projet de société à l'échelle monde.

oui, non mais IRL? tu comptes passer direct au communisme libertaire demain? quant au court-termisme, quelle orga libertaire est pour les 32h-pas-révolutionnaires-du-tout déjà?...

Ton raccourcis qui tend à vouloir rassembler dans ce qui me semble divergent est un peu cavalier, mais je sais que tu aimes ça le côté provo. Je ne sais pas trop vers où tu t'éloignes mais il est clair qu'il y a un positionnement qui n'est pas aussi proche que tu pourrais le laisser entendre dans ce domaine où les révolutionnaires et communistes libertaires que nous sommes articulent la question de la relocalisation de la production, et le circuit le plus court possible entre producteur et consommateur, avec les luttes contre les délocalisations dans un champ internationaliste de lutte qui amène évidemment à soutenir les luttes pour les salaires un peu plus décents dans les pays où l'on bosse pour la misère encore plus qu'ici.

Devant cette phrase de 6 lignes sans respiration, très alambiquée, qui noie le poisson avec l'eau du bain, je persiste: Le protectionnisme et la lutte contre les délocalisations c'est la même chose: on essaye d'empêcher les mouvements du capital dans sa recherche de profit.
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Re: Le souverainisme en slip

Messagede Pïérô » 16 Jan 2016, 20:40

Je pense que l'on ne pense pas dans la même dimension. C'est ce qui fait une grande différence entre sociale-démocratie, même radicale, et anticapitalisme (enfin pas la novlangue à la sauce du NPA ou de l'extrême gauche mais de révolution sociale reliée à un projet réellement communiste).

Toute la question doit se situer en dynamique et pas en repli, relié à un projet communiste libertaire http://boutique.alternativelibertaire.o ... rubrique=3, et c'est dans ce sens qu'il faut accompagner ce type de lutte et de positionnement. Et en ce sens je vois autant le lien qu'il peut y avoir entre le côté dynamique révolutionnaire, même s'il n'est pas question de se la jouer sur notre réalité à peser dans notre état d'un mouvement révolutionnaire exsangue et qu'il est évidemment important de développer sur des bases anticapitalistes claires et communiste libertaire, et le lien qu'il y a justement entre protectionnisme, souverainisme, et nationalisme. Lorsque je parle d'articulation, c'est parce qu'il y a bien enjeu à articuler résistance et projet révolutionnaire, et dans ce cadre il n'est pas question de protectionnisme. Sur la question du souverainisme, qui rassemblerait "le peuple" sans distinction d'intérêt et de classe, je préfère le terme en sens dynamique d'autogestion pris au sens de gestion directe collective, et de socialisation des moyens de production.

Et luco fait l'impasse, dans cette dimension certe minoritaire mais importante au regard de l'enjeu, sur le boulot de construction de réseau international qui se mène dans le champ syndical alternatif : viewtopic.php?f=66&t=7116
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Re: Le souverainisme en slip

Messagede abel chemoul » 16 Jan 2016, 20:59

Lorsque je parle d'articulation, c'est parce qu'il y a bien enjeu à articuler résistance et projet révolutionnaire, et dans ce cadre il n'est pas question de protectionnisme.

donc tu luttes pour qqch mais tu te refuses à en assurer la pérennité par des protections adéquates? donc soit c'est révolution dans la foulée soit démantellement à court terme de ton acquis.

Sur la question du souverainisme, qui rassemblerait "le peuple" sans distinction d'intérêt et de classe, je préfère le terme d'autogestion

Dans une assemblée, tu as de tout socialement. en soi l'autogestion n'est pas un concept de classe.

enfin pas la novlangue à la sauce du NPA ou de l'extrême gauche mais de révolution sociale reliée à un projet réellement communiste

bravo! tu es nominé pour les sectos awards! vive la révolution par les 200 pinpins d'AL!
effectivement, on ne parle pas au même niveau, toi tu es dans l'absolu, l'idéal, pas dans le concrètement possible à court terme. Le révolutionnarisme tuera les idées révolutionnaires.
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Re: Le souverainisme en slip

Messagede Pïérô » 16 Jan 2016, 21:19

Tu sais que je peux être très ouvert dans l'action, et au delà, tout en restant droit dans les convictions.
C'est même je pense ce qui fait l'intérêt d'être dans une organisation communiste libertaire qui justement cherche à articuler présence et animation dans les luttes et porter un projet sociétaire, sans se marginaliser et en tentant le moins possible de se compromettre. L'autogestion, et je précise souvent pris en terme de gestion directe collective, est développé en filigrane chez Bakounine, et appartient bien à l'Histoire du mouvement ouvrier révolutionnaire. Il y a une différence entre ne voir qu'à court terme, et d'ailleurs d'un point de vue assez réactionnaire, et celui de se placer en dynamique entre court terme et long terme en objectif révolutionnaire.
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Re: Le souverainisme en slip

Messagede digger » 17 Jan 2016, 08:08

Je ne suis pas très doué en économie. Peut être parce que l'économie a toujours été pour moi un moyen (pour que tout le monde puisse avoir accès de manière égalitaire aux produits nécessaires) plus qu'une fin. En gros pour moi, c'est produire ce dont on a besoin, fourguer aux autres les surplus dont on a pas besoin qu'ils ne produisent pas eux-mêmes ou en quantité insuffisante et se procurer, de la même façon, ce dont on a besoin mais qu'on ne produit pas ou pas de manière suffisante.
Pas de quoi remplir des bibliothèques de théories.
Donc, je ne vois pas l'intérêt du protectionnisme, sinon dans le cadre de sur-production, ce qui serait la source du problème. (alors qu'on nous dit qu'il faut plus de croissance)
Dans une logique concurrentielle, capitaliste, le protectionnisme est inévitable, mais aussi, me semble t-il, contradictoire. Parce qu'on délocalise, on produit à plus bas coût et on ré-importe le produit fini. Et en même temps, on prône un "patriotisme économique". Alors le protectionnisme est à géométrie variable, un outil et une arme de géopolitique internationale. (avec un nationalisme sous-jacent) On parle aussi de "guerre économique".
On ne PEUT PAS défendre les circuits courts écologiques SANS MESURES PROTECTIONNISTES

Dans une logique capitaliste, je ne sais pas. Dans une logique libertaire, le protectionnisme n'aurait pas lieu d'être, mais certains circuits ne seraient sans doute pas "courts". D'ailleurs des circuits "courts" peuvent être polluants et des circuits longs écologiques.
Et cela amène aux divergences avec Piero, qui se place dans un contexte idéal communiste libertaire.
La seule chose avec laquelle je ne suis pas d'accord est
Il y a une différence entre ne voir qu'à court terme, et d'ailleurs d'un point de vue assez réactionnaire, et celui de se placer en dynamique entre court terme et long terme en objectif révolutionnaire

Pour moi, il n'y a pas de différence entre le court et long terme. Le long terme sera ce que l'on construira dans le court terme. L'objectif révolutionnaire est aussi et avant tout dans le court terme.
On a rien inventé de mieux que le "Agir localement. Penser globalement" qui n'est plus très jeune et Piero le sait et le fait, comme militant communiste libertaire. (Et tu le sais aussi Abel)
Ensuite il existe des différences d'approches, sur lesquelles on peut soit discuter, soit faire des procès d'intention.
Autre point de divergence avec Piero, bien secondaire également, le mouvement révolutionnaire n'est pas "exsangue". Il n'a plus le visage qu'il avait, ou il a de multiples visages. Il est en mutation et formation perpétuelle.
Mais nous sortons du sujet.
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Re: Le souverainisme en slip

Messagede luco » 17 Jan 2016, 10:59

Dans une logique capitaliste, je ne sais pas.


Mais nous vivons dans un monde capitaliste.

Le marché commun unifié de l'UE a consisté justement à faire tomber toutes les barrières douanières, tous les freins à la libre circulation des marchandises. Le TAFTA fait de même avec le bloc américain. Super !

Après, comment s'étonner que nos marchés intérieurs soient pleins de produits, de fruits et légumes... provenant de pays à bas coût de production (espagne), avec moins de contraintes sanitaires et écologiques... Dans un marché unifié, sans protectionnisme, seule la "vérité des prix" compte.

Il est où là le slogan "vivre et travailler au pays" ? Elle est où l'écologie ? "Agir local, penser global" ? Tu as agi sur quoi au niveau local quand ce que tu bouffes est produit ailleurs, par d'autres sans droits syndicaux ou moins, et quand tu n'as plus de boulot ?

Seules des mesures "protectionnistes", volontaristes, peuvent venir contrecarrer la "vérité des prix" et favoriser des productions locales. C'est du protectionnisme dont le protectionnisme national et continental font partie parmi d'autres mesures possibles.

En régime capitaliste aussi, si les travailleurs arrivaient à imposer que ne soit importé que ce qui ne peut être produit sur place, ce serait une avancée. Vers le plein emploi, vers la souveraineté alimentaire et économique donc vers la souveraineté politique et donc vers un monde multipolaire et anti-impérialiste.

Ceux qui sont en slip, ce sont les travailleurs du monde entier. Et il faut compter maintenant avec l'EG pour le mettre complètement à poil avec son mondialisme qui emboîte le pas à celui du MEDEF : à bas le protectionnisme ! Vive la libre-circulation des marchandises ! (et accessoirement) Vive la libre-circulation de la main-d'oeuvre bon marché au service des patrons (comme les patrons allemands qui après avoir mis à genoux les travailleurs et les chômeurs allemands avec l'appui des socio-démocrates, ont besoin d'aller chercher de la main d'oeuvre corvéable dans les pays du sud.
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Re: Le souverainisme en slip

Messagede Pïérô » 18 Jan 2016, 20:09

Je me retrouve dans ce que dit digger.
Et j'ai écris un peu vite, le mot "exsangue" n'est effectivement pas le bon. C'est regarder le mouvement par la réalité des organisations révolutionnaires en laissant de côté ce qui est important, et notamment le développement d'un mouvement social, et plus que social mais aussi politique dans un sens large, qui se développe et participe de fissurer le consensus capitaliste (et qui apparait de manière coordonné autour de la lutte contre l'aéroport de Notre Dame Des Landes pour prendre un exemple). Des luttes pour l'augmentation des salaires et l'amélioration des conditions de vie se mènent de plus en plus dans les pays qui offrent un paradis pour le système capitaliste avec main d'œuvre à bas cout et système autoritaire et très répressif, comme par exemple en Chine actuellement viewtopic.php?f=66&t=2222&start=60#p223277. L'enjeu est bien là d'en parler, de soutenir, et de participer à créer et renforcer du lien et du réseau à l'international au niveau de la lutte des classes et pas de se renfermer sur soi, pour répondre à luco.

Je ne fais pas de rupture entre court et long terme dans le domaine des alternatives en actes, et parle bien d'une dynamique. Cela ne veut pas dire qu'il puisse y avoir une dynamique sans rupture, en même temps, car le capitalisme peut avaler et absorber et que la rupture révolutionnaire reste un nouveau point de départ. Et je rejoins digger sur la question importante de ce qui se construit aujourd'hui et ici, et servira à construire comme formes de points d'appui le monde de demain. C'est le domaine des alternatives en actes, qui peuvent participer en pratiques à poser des jalons pour construire l'alternative autogestionnaire généralisée.

Et c'est en ce sens que je ne peux évidemment pas entendre une argumentation qui mettrait cela sur le même plan qu'une politique protectionniste avec le même enjeu. Le protectionnisme c'est l'Etat qui le met en œuvre, pas les alternatives en actes. Et il y a dans cette construction une dynamique qui s'inscrit ou peut s'inscrire dans un cadre mondialisé. Après, j'interroge la question de l'idéalisme rapportée à ce débat, parce que je pense qu'il est sans doute plus "décalé" d'attendre de l'Etat qu'il rame à contre sens d'une politique portée depuis longtemps par la bourgeoisie que de participer à porter de l'utopie en reliant alternatives en actes aujourd'hui et alternative communiste libertaire.
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