Philosophie anarchiste?

Philosophie anarchiste?

Messagede Bacxo » 14 Mar 2015, 17:39

Bonjour à tous! Alors, voilà, j'ai une question qui va certainement paraître profondément débile à tout le monde... j'en ai bien conscience!... raison de plus pour me donner un coup de main. :D

Dans trois mois à peu près, je passe le bac (général, série S), et évidemment, ça commence par la philo.

Comme vous le savez, les sujets tombent sur la Politique, l'Etat, la Liberté (carrément, je ne sais pas comment on peut traiter de ça intelligemment à 18 ans, mais bon), et ainsi de suite.

Je viens de remettre une dissertation sur la philosophie de l'anarchie pour le dernier bac blanc, et je n'ai probablement dit que des bêtises, mais ça m'a accroché, et je me suis mis à chercher. D'abord, je me suis rendu compte, en lisant vraiment Proudhon, que ça n'avait rien à voir avec ce qu'en disent les manuels scolaires pour classes terminales. Ca m'a permis de comprendre un peu mieux comment il avait pu être récupéré par des pétainistes. Là, je suis en train de piocher Bakounine et... c'est totalement incompatible!

Donc ma question, suite à ça, c'est: Y a-t-il une philosophie anarchiste? Je veux dire, une philosophie dans laquelle tous les anarchistes puissent se reconnaître?

Merci!

(P.S. J'ai déjà posé cette question dans un autre forum, et je vais encore le reposter ailleurs pour être sûr d'avoir au moins une réponse, au cas - quand même vachement probable - où on me snoberait au motif qu'il s'agit vraiment d'une question de gros naze... :D )
Modifié en dernier par Bacxo le 16 Mar 2015, 19:16, modifié 1 fois.
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Re: Philosophie anarchiste?

Messagede Pïérô » 15 Mar 2015, 00:30

C'est pas un club philo pour intellos de salon ici, donc ne commence pas par te dévaloriser, il est courant sur ce type d'espace, d'ailleurs fait aussi pour ça, de se confronter à des questions de ce type. Et puis, commencer à faire différence entre Proudhon et Bakounine c'est déjà le signe que tu portes de l'intérêt à cetaines questions qui font enjeu, et pas que philosophiques mais aussi politiques, et que tu ne pars pas de rien. Et je te souhaite la bienvenue sur cet espace d'infos et d'échanges. :wink:


Je ne pense pas qu'il puisse y avoir une "philosophie anarchiste" qui rassemble tout ce qui se réclame de cette philosophie justement, ou d'une étiquette souvent bien malmenée et déformée. Aborder l'anarchisme par ce bout risque de t'amener à planer, non seulement dans certaines formes d'abstraction, mais aussi dans un éventail politique qui dépasse largement ce courant politique, social, et révolutionnaire, qui émerge au sein du courant socialiste au sens large du 19e siècle, et du mouvement ouvrier, de la lutte des classes.
Il y en a pour se revendiquer de "l'anarchisme de droite", de "l'anarcho-capitalisme", de "l'anarchisme-individualiste", de "l'anarcho-primitivisme", et j'en passe..., et évidemment c'est l'idée même de révolution sociale et de projet de société communiste-libertaire qui se trouve noyée dans un fatra dans lequel les repères se perdent.

Pour faire court, et cela se ressent sur ce forum, les points d'achoppement se trouvent et se construisent entre libéral et libertaire, individualisme et communisme, "anarchisme lifestyle" et construction et dynamique collective. De ce point de vue, ce qui t'es servi sur un plateau sur un autre forum, le forum anarchiste (et c'est en partie d'ailleurs assez révélateur de ce qui fait aussi les divergences dans le mouvement anarchiste qui ne peut se penser en "un" mais en pluriel) est très interrogeable, et critiquable.

La question de l'idéologie dominante dans ce qu'elle a de prégnante est à prendre en considération dans ce qui relève aussi d'un exercice qui devrait tendre à s'en émanciper le plus possible, et non pas la reproduire ou la décliner de diverses manières, tout en pensant être super radical par exemple en confondant libertaire et ultra-libéral.

Je pense que ce que tu dis de Proudhon est d'ailleurs révélateur d'une conscience qui s'aiguise, car dépeint souvent comme précurseur, comme s'il fallait qu'il existe des maîtres à penser, il est limite dans pas mal de domaines. Le courant dit bakouninien (collectiviste à l'époque, alors que le mouvement anarchiste est majoritairement communiste aujourd'hui) participera lors de la première international à mettre le courant proudhonien (mutuelliste et plutôt libéral) en minorité sur les questions de débat de projet de société notamment qui faisaient et font toujours enjeu. Il y a une forme d'articulation entre théorie et expériences révolutionnaires et autogestionnaires qui fait que l'anarchisme n'est pas figé dans le marbre, et qu'il se nourrit constamment, qu'il est changeant et qu'il évolue.

Alors, de mon côté, parce que je n'ai pas dans ce domaine (philosophique, si tant est que l'on puisse n'aborder l'anarchisme que sous cet angle biaisé) de sainte bible à énoncer, je t'invite plutôt à continuer dans cette démarche que tu as entreprise et qui t'amène déjà à certains positionnements, et à parcourir le forum pour mesurer l'étendue de ce que représente, et pas que sur un plan philosophique, ce courant politique, dans le sens révolutionnaire, tant en terme de projet de société communiste-libertaire, que dans les actes de la vie réelle, les luttes et les combats, et les expériences d'autogestion (de gestion collective, de démocratie directe)... :)
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Re: Philosophie anarchiste?

Messagede LeNouveau » 15 Mar 2015, 10:39

Est-ce qu'on pourrait définir la philosophie anarchiste comme la recherche
d'une éthique personnelle conduisant à une pratique contestant la soumission à une autorité
non-consentie ?
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Re: Philosophie anarchiste?

Messagede PN Poitiers » 15 Mar 2015, 13:13

Je souscris à ce que dit Piero sur le caractère abstrait, idéologique de la philosophie. L'anarchisme historique, jusqu'à nos jours, se distingue radicalement des idéologies au sens où il s'inscrit dans les luttes réelles. Si la théorie est nécessaire, elle n'est qu'un retour sur les pratiques, en forme d'aller-retour. C'est d'ailleurs ce que dit Proudhon. Proudhon a aussi remarqué parmi les premiers que le collectif dépasse la somme des individualités, et que les phénomènes collectifs, sociaux, acquièrent une forme d'existence propre influençant à son tour les individus qui le nourrissent ; le mouvement social a sa propre dynamique. Il est créé par les individus, mais transforme profondément les individus.
Debord, en tant que théoricien, a bien qualifié la philosophie de "pouvoir de la pensée séparée, et pensée du pouvoir séparé".
Mais je pense tout de même que l'on retrouve dans tous les courants de l'anarchisme certaines convictions, issues du refus de l'abstraction et de la transcendance, notamment sur la liberté : cette notion n'est pas abstraite, la liberté c'est ce qu'on prend, pas ce qu'on nous donne. La liberté s'acquiert dans la lutte elle-même. Par ailleurs, la liberté ne saurait être purement individualiste, même les anarchistes individualistes en convenaient : la liberté des uns ne s'arrête pas là où commence celle des autres (notion bourgeoise de la liberté, compatible avec la propriété privée, séparée, excluant le partage). Bakounine, dans une phrase très célèbre, dit que la liberté des autres étend la mienne à l'infini. En effet, si la propriété privative est mise en pièces, plus l'autre est libre, plus il réalise sa puissance créatrice, plus je peux jouir des fruits de cette créativité en les partageant avec lui, et inversement car je suis ainsi plus disponible pour créer moi-même. En abattant les murs de la propriété privative, tout le monde a accès à l'usage. Cela ne dispense pas de trouver ensemble des règles permettant d'optimiser cet usage. Même Stirner critique la liberté "en soi", "absolue", soulignant que notre liberté concrète, pour se développer, nécessite l'association, qui implique des restrictions consenties sur certaines libertés pour en assurer d'autres, plus vastes.
Bref l'anarchisme n'a rien à voir avec la liberté des libéralistes bourgeois, il reconnaît que nos existences sont sociales, au sens où elles s'inscrivent dans des relations aux autres et au monde. C'est paradoxalement en partant de l'exigence de ne rien céder sur ce que nous sommes en tant qu'individus, que nous pouvons tisser un commun responsable, une expérience commune.
Par ailleurs, la critique anarchiste des religions (qui s'inscrit historiquement dans la lutte contre la puissance du clergé) va avec le refus politique de la représentativité : pour définir ses besoins et ses modalités de vie, l'être humain ne saurait se soumettre à des dogmes extérieurs à son expérience, ni se soumettre au commandement de pseudo représentants.
Bref, l'anarchisme est pragmatique plus que philosophique. C'est un peu ce que tu synthétises dans ta phrase, en parlant d'éthique pratique (et donc de refus de ce qui nous est imposé au nom d'un idéal qui nous échappe). C'est le primat d'une certaine présence concrète au monde dans lequel nous vivons, contre les abstractions et les idéologies qui nous détournent de nos intérêts réels (matériels, donc de classe, mais aussi affectifs, esthétiques, etc.). Si l'on tenait absolument à le rattacher à des écoles de philosophie, on peut remonter aux sceptiques grecs mais je ne vois pas trop l'intérêt.
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Re: Philosophie anarchiste?

Messagede Bacxo » 16 Mar 2015, 00:47

Merci vraiment beaucoup pour vos réponses, qui me sont très utiles!

Oui, je crois que j'ai bien compris ce que Bakounine entend par liberté. Son attaque de Rousseau, que j'approuve totalement, et de la soi-disant "règle d'or" qui suppose un Etat pour justement régler les rapports est limpide, et tout prouve aujourd'hui qu'elle était parfaitement justifiée: le petit bonheur mesquin de chacun, la jouissance privée immédiate et la liberté bourgeoise considérée comme un bien extérieur - et non un caractère essentiel de l'homme - destiné à nous couper des autres pour satisfaire notre égoïsme et notre indifférence - tout ça, pour moi, c'est clair.

Avec Proudhon, j'ai ééénormément de mal, mais ça vient peut-être de moi, parce que je n'arrive à le voir qu'en rétrospective, définitivement "polarisé" à travers la récup qui a été faite par les pétainistes et ensuite par la ND. Car, quoi qu'ils en disent, l'un prolonge l'autre, c'est évident - un constat dont j'ai d'ailleurs trouvé la confirmation méticuleuse et "académiquement" référencée à la ligne chez Eugen Weber (dans la postface à son opus de référence, "L'Action française"). Le soi-disant Cercle Proudhon et ses activités en sont l'illustration quasi-parfaite.

Par exemple, dans la phrase de PN Poitiers: "C'est d'ailleurs ce que dit Proudhon. Proudhon a aussi remarqué parmi les premiers que le collectif dépasse la somme des individualités, et que les phénomènes collectifs, sociaux, acquièrent une forme d'existence propre influençant à son tour les individus qui le nourrissent ; le mouvement social a sa propre dynamique. Il est créé par les individus, mais transforme profondément les individus", je distingue instantanément le germe de "l'organicisme", du "holisme organiciste" et du "réalisme biologique" des philosophies crypto-néo-nazies de la ND des années 80 et de ceux qui en sont restés là ou y sont revenus.

Bref, je vois dans la philosophie de Proudhon, vraiment, quand même quelque chose d'éminemment récupérable par des mouvements comme "l'anarcho-nationalisme" piloté par la Nouvelle Droite, et dont je perce à jour toutes les intentions, qui sont absolument transparentes en ce qui me concerne, et pourtant je suis pas extra-lucide. C'est un mystère qu'ils arrivent à trouver des pigeons assez naïfs pour se faire enfumer.

Concernant Bakounine, c'est totalement différent, mais l'héritage philosophique est également transmis d'une manière qui me déroute complètement, bien qu'ici ce ne soit pas par des crypto-nazis. Par exemple, Elysée Reclus... Comment peut-on adopter les principes de Bakounine et entrer dans une loge maçonnique (donc jurer allégeance aveugle à des "Supérieurs inconnus", etc.)?! Pour moi c'est radicalement incompatible. Radicalement. Plus j'examine la question, moins je trouve d'excuses. Il y a un Grand Architecte et des Supérieurs initiés à ses projets qui gouvernent des pantins dociles dans l'anonymat... et un anar adhèrerait à ça?!?

Enfin, je dis ça, c'est uniquement pour faire partager des réactions primaires que j'ai eues en attaquant le sujet pour la toute première fois. Je n'attends pas nécessairement de réponses là-dessus.

Encore une fois: merci beaucoup pour votre aide! Elle m'est très utile. Et je vais continuer à piocher dans cette direction. En fait, à dire vrai, je crois que je me suis sérieusement accroché. :)
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Re: Philosophie anarchiste?

Messagede Bacxo » 16 Mar 2015, 05:34

"La liberté s'acquiert dans la lutte elle-même. Par ailleurs, la liberté ne saurait être purement individualiste, même les anarchistes individualistes en convenaient : la liberté des uns ne s'arrête pas là où commence celle des autres (notion bourgeoise de la liberté, compatible avec la propriété privée, séparée, excluant le partage)."

N'importe comment, là aussi les choses semblent très compliquées, la preuve:

"This basic principle forms the basis of all anarchist law, and indeed of virtually all anarchist theory. "It is best summed up by the maxim 'do unto others as you would have them do unto you'" (quoting Kropotkin), with the additional provision that if others try to do things to you that violate your rights you have the right to stop them. In short, ANARCHIST PHILOSOPHY includes the 'GOLDEN RULE' (= "la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres"...)"

Source: https://en.wikipedia.org/wiki/Anarchist_law
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Re: Philosophie anarchiste?

Messagede Pïérô » 16 Mar 2015, 17:51

C'est dans le champ de la problématique entre libéral et libertaire. Bon, en plus, Wikipédia, c'est pas forcément un espace suffisant pour se faire une idée. :wink: Je pense que la phrase de Bakounine est communément admise dans le mouvement anarchiste. Mais je parle de celui dont je parle plus haut, le mouvement anarchiste social, révolutionnaire, et communiste libertaire, car dans les variantes confusionnistes d'un "anarchisme" parfois très libéral (et dans lequel on peut en retrouver qui font effectivement référence à Proudhon) on peut trouver des pro-propriété privé, même des moyens de production, et des individus pour lesquels ni Bakounine, ni ce qui est communément porté, ne font référence ("anarcho-capitalistes", libertariens, etc...). C'est bien pourquoi je redis que si on cherche à trouver un corpus commun, il faut bien s'attacher à voir et mesurer où on met le nez. Après on peut discuter philo...mais tu vois bien par exemple que malgré quelques divergences on s'entend quand même un minimum sur cette question de corpus partagé, commun, avec PN Poitiers. Du coup l'approche philosophique de LeNouveau révèle bien aussi le problème de ce type d'approche, car dans sa recherche de définition il ramène à l'individualité, et oblitère toute la partie collective, dynamique collective, force collective. Or le courant anarchiste se situe dans le champ de la lutte des classes et d'un courant collectif.
Et comme je ne voudrais pas présenter une lecture qui laisserait penser qu'il y a là négation de l'individualité, il faut rappeler aussi que l'individu prend toute sa part dans cette construction collective, que ce soit en termes de luttes ou de projet de société, et que son émancipation, et aussi une émancipation collective de par le fait, est bien au cœur de ce projet de société. Les anarchistes ne parlent pas d'un communisme de caserne, et il y a une recherche d'articulation en terme d'intérêt entre ces dimensions importantes que sont l'individu (et sa liberté) et le collectif.
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Re: Philosophie anarchiste?

Messagede Bacxo » 16 Mar 2015, 18:36

Merci! :)

Oui, (je crois que) je comprends bien tout ça. Ne t'inquiète pas, concernant Wikpédia, ça ne constitue pas une référence sérieuse en ce qui me concerne, donc je n'en tire aucune conclusion définitive - c'est seulement un élément mineur.

En te lisant, et en relisant tout ce qui a été écrit ici, je me demande si la position d'ensemble ne se trouve pas plus ou moins formulée dans Sartre quand il écrit:

"L'homme ne peut vouloir que s'il a d'abord compris qu'il ne peut compter sur rien d'autre que sur lui-même; qu'il est seul, délaissé sur la terre au milieu de ses responsabilités infinies, sans aide ni secours, sans autre but que celui qu'il se donnera à lui-même, sans autre destin que celui qu'il se forgera sur cette terre. Cette certitude, cette connaissance intuitive de sa situation, voilà ce que nous nommons désespoir. [...] Avec le désespoir commence le véritable optimisme, celui de l'homme qui n'attend rien, qui sait qu'il n'a aucun droit et que rien ne lui est dû, qui se réjouit de compter sur soi seul, d'agir seul pour le bien de tous"

Evidemment, il faut faire abstraction de Sartre, considérer le propos en quelque sorte en valeur absolue... Et évidemment aussi, agir seul n'exclut pas d'agir avec les autres. C'est seulement qu'on ne compte sur rien ni personne d'autre que sur soi-même pour donner l'impulsion de la révolte.

Je me trompe?

P.S. Concernant ce que je disais du "Kuklos" Proudhon et de sa philosophie maréchalo-néo-droitiste, on est en plein confusionnisme (enfumage et intox délibérés), c'est sûr, mais on sort totalement du débat libéral-libertaire, à mon avis, ou alors il s'agit du heili, heilo, heilibertaire... :D

Mais d'autre part, c'est vrai: aux plusieurs centaines de pages de Proudhon - parfois indigestes - que je viens de me taper, je constate qu'il n'est pas contre la propriété privée - seulement contre la propriété intellectuelle et la détention des moyens de production (bref, le capitalisme).

Quant au soi-disant "anarcho-capitalisme", on n'est même plus dans le confusionnisme, à ce niveau. C'est du délire pur et simple. Il ne peut sérieusement y avoir qu'un anarchisme, c'est l'anarchisme révolutionnaire. Reste seulement pour moi à bien comprendre la perspective, mais je crois que ça vient. Et je crois aussi que je suis d'accord. :)
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Re: Philosophie anarchiste?

Messagede Pïérô » 19 Mar 2015, 17:48

Sur Proudhon, il y a un bouquin que je recommande de Daniel Guérin : "Proudhon oui et non"
http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLI ... oui-et-non


Bacxo a écrit:
En te lisant, et en relisant tout ce qui a été écrit ici, je me demande si la position d'ensemble ne se trouve pas plus ou moins formulée dans Sartre quand il écrit:

"L'homme ne peut vouloir que s'il a d'abord compris qu'il ne peut compter sur rien d'autre que sur lui-même; qu'il est seul, délaissé sur la terre au milieu de ses responsabilités infinies, sans aide ni secours, sans autre but que celui qu'il se donnera à lui-même, sans autre destin que celui qu'il se forgera sur cette terre. Cette certitude, cette connaissance intuitive de sa situation, voilà ce que nous nommons désespoir. [...] Avec le désespoir commence le véritable optimisme, celui de l'homme qui n'attend rien, qui sait qu'il n'a aucun droit et que rien ne lui est dû, qui se réjouit de compter sur soi seul, d'agir seul pour le bien de tous"

Evidemment, il faut faire abstraction de Sartre, considérer le propos en quelque sorte en valeur absolue... Et évidemment aussi, agir seul n'exclut pas d'agir avec les autres. C'est seulement qu'on ne compte sur rien ni personne d'autre que sur soi-même pour donner l'impulsion de la révolte.

Je me trompe?


Je trouve cette phrase très réductrice, je dirais encore une fois :wink: . Kropotkine, par exemple, a amené la question en dynamique de l'Entraide, du facteur entraide*, qui me parait importante, et il y a d'autres éléments, que n'aurait pas nié Sartre d'ailleurs, sur le fait que l'Homme est un être social, et que par conséquent on ne peut l'imaginer se démerder tout seul, ou faire valoir une conception très/trop individualiste, voire égoïste, dans ce qui nous mène ici pour arriver à dégager des éléments d'une philosophie, d'une idée et d'une conception politique, qui ne peut pas faire abstraction de la dimension sociale et collective.

* . http://www.monde-libertaire.fr/expressi ... kropotkine
. http://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%9 ... A9volution
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