A propos d'Affinités Révolutionnaires.

A propos d'Affinités Révolutionnaires.

Messagede spleenlancien » 27 Aoû 2014, 20:17

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Manuel Cervera-Marzal est chercheur en science politique. Il est l’auteur de « La Gauche et l’oubli de la question démocratique » (2014, éd. D’ores et déjà).

Il voit dans le livre à paraître d’Olivier Besancenot et Michael Löw, « Affinités révolutionnaires. Pour une solidarité entre marxistes et libertaires », des pistes pour résoudre la crise politique actuelle.

Forcément, ça intrigue

Manuel Cervera-Marzal pour Rue89 a écrit: Après deux longues semaines de trêve estivale, la politique revient enfin sur le devant de la scène. Et pas par la petite porte. Pour sonner le coup d’envoi, la gauche fait les choses en grand ! Ça bouge dans tous les sens.

Au premier plan, le changement de gouvernement. Fidèle à son cap « austéritaire » plutôt qu’à son électorat populaire, Hollande congédie les trublions Montebourg, Hamon et Filippetti.

Déçu par la trahison du pouvoir exécutif, le reste de la gauche s’organise pour jeter les bases d’une alternative « rose-vert-rouge ». On s’observe, on se tend des perches, on se jauge du regard. Avec en ligne de mire 2017, et cette question lancinante : partir chacun dans son coin ou porter une candidature unitaire contre la ligne social-libérale de Hollande-Valls ?
Le peuple renvoyé au statut de spectateur

Cette tentative de recomposition politicienne est pourtant moins novatrice qu’elle ne le prétend. Car ce qui se joue là, c’est l’éternelle conception de la politique par en haut, où la solution aux problèmes du moment ne peut venir que de tractations entre dirigeants des grands partis. Le peuple est renvoyé comme toujours au simple statut de spectateur. On le laisse contempler sagement les arrangements entre professionnels de la chose publique mais, par pitié, qu’il se contente de « bien voter » en 2017 et, surtout, qu’il reste calme d’ici là.

« Affinités révolutionnaires » d’Olivier Besancenot et Michael Löwy (Ed. Mille et une nuits)

Dans ce paysage mouvementé de la rentrée politique, un événement risque de passer inaperçu, alors qu’il est pourtant crucial pour le salut de la gauche et, plus encore, pour notre avenir à tous. Je pense à la parution, le 20 août, d’un ouvrage cosigné par Olivier Besancenot et Michael Löwy, intitulé : « Affinités révolutionnaires. Pour une solidarité entre marxistes et libertaires » (éd. Mille et une nuits).

Le message est parfaitement résumé dans le titre. Pour l’ancien candidat du NPA aux présidentielles et pour son camarade chercheur au CNRS, la question qui compte aujourd’hui à gauche n’est pas : comment mon gouvernement pourrait-il satisfaire encore mieux les exigences du Medef ? Elle n’est pas non plus : comment remporter l’élection présidentielle dans trois ans ? Mais, de manière bien plus féconde : comment les classes populaires peuvent-elles se réapproprier l’exercice de la politique et la gestion de l’économie ? Comment le pouvoir des politiciens peut-il revenir dans les mains des simples citoyens et comment les travailleurs peuvent-ils reconquérir le pouvoir que les financiers ont sur eux ?
Marxistes et anarchistes main dans la main

Les auteurs se gardent d’apporter une solution miracle. Simplement indiquent-ils qu’une véritable démocratie politique et sociale ne pourra surgir que d’un soulèvement populaire, c’est-à-dire d’une transformation révolutionnaire de la société, au cours de laquelle marxistes et libertaires, plutôt que de s’entredéchirer, avanceront main dans la main.

Ce livre ne cherche pas à ressusciter les fantômes de Marx et Bakounine, mais à montrer comment la convergence du marxisme et de l’anarchisme porte en germe la réponse à des défis politiques éminemment actuels.

Comment faire la révolution sans s’emparer du pouvoir d’Etat ? Car, l’Histoire l’a montré, ceux qui croient prendre ce pouvoir sont surtout pris par lui.
Comment concilier solidarité collective et épanouissement individuel ? De sorte que la lutte contre l’atomisation néolibérale ne conduise pas à un nouvel écrasement des individus par leur communauté d’appartenance.
Comment inventer une économie guidée par la satisfaction des besoins sociaux et le respect des équilibres environnementaux plutôt que par la maximisation des profits privés ?
Comment remédier au déficit démocratique des régimes politiques représentatifs sans nourrir l’illusion d’un monde débarrassé des conflits politiques ?
Comment mener le combat écologique sans en confier les rênes à une clique de technocrates ?

Telles sont quelques unes des interrogations auxquelles le rapprochement des idées marxistes et anarchistes nous invite à réfléchir.

Mais en quoi ce rapprochement théorique apporte-t-il de nouvelles réponses aux interrogations susmentionnées ? Sur l’aliénation individuelle, par exemple, l’analyse marxiste enseigne que le système capitaliste fait naître de nouveaux besoins personnels (en termes d’accès à la culture, à la connaissance, aux voyages) que, paradoxalement, il ne peut satisfaire que pour une minorité de privilégiés alors qu’il suscite ces aspirations auprès du plus grand nombre.

Mais, comme le rappelle le souci anarchiste de la singularité, la solution à cette contradiction n’est pas du côté d’un socialisme formaté pour un troupeau de moutons. L’épanouissement individuel n’est pas plus soluble dans le conformisme généralisé que dans le consumérisme néolibéral. Aussi la lutte pour l’égalité est-elle inséparable de celle pour la diversité.
Usines argentines et zapatistes mexicains

Comment sortir de la course au profit sans retomber dans le règne d’une bureaucratie omnipotente ? Autrement dit, comment mettre en œuvre une économie planifiée qui ne cède pas aux tentations autoritaires bien illustrées par la tragique expérience stalinienne ?

Coincé dans l’alternative entre libre marché et capitalisme d’Etat, le monde contemporain semble n’offrir aucune solution à ce problème. Pourtant, le marxisme libertaire attire notre attention sur des expériences méconnues et occultées, comme les usines argentines autogérées après la crise de 2001 ou encore la riche épopée des zapatistes mexicains. Ces exemples prouvent par la pratique qu’il est possible de concilier le souci marxiste d’une économie organisée rationnellement et le souci anarchiste d’une économie organisée démocratiquement.

D’aucuns verront dans ce plaidoyer en faveur d’un « marxisme libertaire » une idéologie périmée, une dangereuse soif de vengeance ou, tout simplement, une impossible tentative de réconcilier deux traditions (marxistes et anarchistes) que tout oppose. Les autres, que la mascarade gouvernementale et les arrangements politiciens ont fini par lasser, ouvriront par curiosité ce précieux petit livre dédié à la mémoire du militant antifasciste Clément Méric. Ils y trouveront matière à débattre des meilleures étoiles (rouges et noires ?) susceptibles d’orienter notre lutte pour un monde plus humain.


http://rue89.nouvelobs.com/2014/08/26/a ... ion-254414
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Re: A propos d'Affinités Révolutionnaires.

Messagede Pïérô » 29 Aoû 2014, 00:54

"Affinités révolutionnaires.
Nos étoiles rouges et noires.
Pour une solidarité entre marxistes et libertaires",

d'Olivier Besancenot et Michael Löwy

Présentation de l'éditeur : L’histoire du mouvement ouvrier raconte en détail les désaccords, les conflits et les affrontements entre marxistes et anarchistes, jamais les véritables alliances et solidarités agissantes entre ces deux mouvements. Olivier Besancenot et Michael Löwy ont choisi d’éclairer ce versant ignoré, souvent délibérément, qui révèle la fraternité de leurs combats depuis la Commune de Paris jusqu’à nos jours, souvent au cœur de sanglants affrontements. De Louise Michel au sous-commandant Marcos, en passant par Walter Benjamin, André Breton et Daniel Guérin. Un livre militant et sensible, porté par l’espoir que l’avenir sera rouge et noir. »

• Ancien candidat à l'élection présidentielle, Olivier Besancenot est membre de la direction du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) • Directeur de recherches émérite au CNRS,
Michael Löwy a travaillé sur l'histoire du marxisme en Amérique latine et sur l’écosocialisme. Ex de la LCR et proche du NPA.
Editions Mille et une nuits, collection Les Petits Libres n°85,
260 pages, format poche, 5 euros. Sorti le 20 août.

AU SOMMAIRE
Convergences solidaires : la 1re Internationale et la Commune de Paris ; le 1er Mai et les Martyrs de Chicago ; le syndicalisme révolutionnaire et la Charte d'Amiens ; Révolution espagnole : la révolution rouge et noire ; Mai-68 ; de l'altermondialisme aux Indignés.
Portraits : Louise Michel, Pierre Monatte, Rosa Luxemburg, Emma Goldman, Buenaventura Durruti, Benjamin Péret, le sous-commandant Marcos.
Convergences et conflits : la Révolution russe (octobre 1917, la rupture en rouges et noirs, parti et soviets) ; Retour sur la tragédie de Kronstadt (les deux versions du conflit ;
un point de vue dissident - Victor Serge ; une erreur et une faute) ; Makhno, rouges et noirs en Ukraine.
Quelques marxistes libertaires : Walter Benjamin, André Breton, Daniel Guérin.
Questions politiques : individu et collectif ; faire la révolution sans prendre le pouvoir ? ; autonomie et fédéralisme ; planification démocratique et autogestion ; démocratie directe et démocratie représentative ; syndicat et parti ; écosocialisme et écologie libertaire.
Conclusion pour un marxisme libertaire.


ET NOUS, ON EN PENSE QUOI ?

"Affinités", "nos étoiles", "marxiste et libertaire"... Au vu de la couverture de l'ouvrage, tout portait à croire que nous allions avoir droit à un dialogue, forcément enrichissant, entre un marxiste (de la IVe Internationale, donc un gentil) et un anarchiste (de type communiste libertaire, le plus karlocompatible on va dire), confrontant leurs idées, leurs convergences, leurs points de désaccord, le tout conclu par une embrassade chaleureuse, un échange de tshirts (ton Che contre mon Bakou) et un baiser sur la bouche (sans la langue). De quoi nous faire saliver...

Besancenot, on ne le présente plus. Löwy, je dois reconnaître que j'ai dû chercher sur le Net pour savoir qui il était (honte à moi !). Serait-ce LE libertaire qui souleverait enfin sa lourde cape noire pour parler sans langue de bois à son camarade facteur anti-capitaliste ? Mystère, suspense... Résultats des courses : le dialogue aura lieu entre un militant du NPA (Olivier) et un militant de la LCR (Michael) proche du NPA, pote du premier. Ouf. Difficile de faire plus convergent, en effet.

Donc le lieu n'est pas au débat, mais à une leçon de révolution(s) : oui, les libertaires ont des choses à apporter aux orga marxistes, cette petite brise de liberté qu'ils savent si bien cuisiner. Mais, quand même, quand on devra passer aux choses sérieuses, ils seraient bon que ces grands enfants idéalistes rejoignent leurs tontons marxistes-léninistes qui ont réfléchi, en toute modestie, et qui croient, humblement, avoir sûrement peut-être raison. Tout est dit ici avec le sourire bonhomme, bienveillant et sympathique que notre camarade Olivier nous a appris à apprécier depuis quelques années.

Dans ces pages, reconnaissons que l'on n'a pas peur de soulever les lièvres qui fâchent sans se cacher derrière son petit doigt, ou presque : la répression de Kronstadt ? C'était pas bien et ça aurait pu être évité si on avait écouté les anarchistes US prêts à jouer les intermédiaires, mais bon... d'autre part, si on les avait laissé faire, c'était la contre-révolution, les tsaristes et les puissances étrangères, qui risquaient d'en profiter. Makhno ? L'ex-anar devenu léninophile, Victor Serge, ne l'a-t-il pas lui-même décrit comme un "buveur, sabreur, inculte, idéaliste, stratège-né" et souligné que certaines choses (?) qui se passaient dans le mouvement de Makhno auraient sûrement indigné les anarchistes américains, Berkman et Goldman... ? Mais ici comme on converge et qu'on est les gentils, on ne dira rien des horreurs qui auraient été perpétrées par cette armée paysanne...
On est potes, non ?

On ne dira rien des personnalités prises pour exemples pour les portraits (cf. sommaire ci-dessus). La liste est assez transparente. On détournera le regard de certaines approximations, notamment sur l'individualisme anarchiste, qu'on croirait sorties d'une dé-leçon de contre-filosofie de Michel O. On se penchera plutôt sur la dernière partie, "Questions politiques", là où ça fait mal et où la peau pèle (retour de vacances d'été oblige). Et là on note que les fameuses convergences ont du plomb dans l'aile, dès qu'on tente de parler du fond. On partage souvent les mêmes mots mais on ne leur donne pas exactement le même sens. Les anars ont de bonnes intuitions, et on les aime de tout cœur pour ça, mais ils sont un peu brouillons. Ils ont besoin d'être recadrés pour que la nouvelle société que nous bâtirons ensemble soit viable et réaliste-socialiste.

En conclusion, "vous, les ados, qui écoutaient du punk et aimaient vous draper de cuir noir mais n'aimaient pas lire les livres trop gros, rejoignez-nous. On est aussi cool que les anars - vous en retrouverez de gros morceaux dans nos pizzas - mais on est plus sérieux pour changer la société. Enfin, on dit ça mais on peut se tromper (ou pas), on ne détient pas l'évangile (ou que si, peut-être), même si Che est notre prophète." Tous marxistes libertaires et alors, là, les capitalos vont se faire pipi dessus ! Yo !

Pour finir, pour de bon, je tiens à m'excuser si j'ai été trop dur et injuste avec ce, malgré tout, charmant petit livre, au style simple et sobre, avec des phrases moins longues que les miennes (bref, lisible), qui se veut consensuel, pédagogique, ouvert, accessible aux plus jeunes, et qui nous change des anathèmes aux œillères staliniennes dont on voit encore parfois ressurgir quelques exemples dans les librairies. Même si le concept de marxisme libertaire n'est ni nouveau ni révolutionnaire (au sens commun du terme) et si la convergence se fait naturellement sur le terrain des luttes sans avoir à être théorisée, ce bouquin pas cher se feuillettera sans déplaisir dans les rayons de votre marchand. Même si on a vu plus inspiré (mais ce n'était pas le but recherché).

(UtopLib)



Commentaire en éléments de débats

ECR-DCL a dit…
Pour avoir feuilleté ce bouquin, et notamment lu la conclusion, je rejoins assez la synthèse que vous en donnez. J'irais même plus loin. Lowy est proche du NPA et de la Gauche Anticapitaliste ( scission électoraliste du NPA, depuis devenu "Ensemble" en fusionnant avec quelques autres scissions droitières du NPA, pour espérer constituer le 3ème pole du front de gauche).
Besancenot, tout libertaire qu'il se revendique, s'est rallié en congrès et a défendu des orientations très réformistes du type : faire alliance de préférence avec le front de gauche, front unique dans les luttes sociales et aux élections, proposition de la perspective d'un gouvernement gauche plurielle (hors PS) contre l'austérité.
Après, il vient dire que les libertaires sont cool et qu'ils faut qu'ils viennent au NPA. C'est un peu le but de ce bouquin. Mais il ne faut pas se leurrer. On peut bien partager un ensemble de pratiques et de modes de fonctionnements dans les luttes sociales avec des militants du NPA, il n'en reste pas moins que l'assimilation des idées libertaires dans ce parti est loin d'être gagné et qu'il y existe des levées de bouclier rouges et des résistances farouches.
F. ECR-DCL



http://utoplib.blogspot.fr/2014/08/vien ... re_25.html
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Re: A propos d'Affinités Révolutionnaires.

Messagede Ian » 29 Aoû 2014, 10:12

Le sujet a fait l'objet d'un débat commun avec l'AL à l'université d'été du NPA, qui était très intéressant.

Je n'ai pas lu le bouquin, donc je m'abstiendrai de remarques par rapport aux critiques postées par Piero.
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Re: A propos d'Affinités Révolutionnaires.

Messagede Pïérô » 08 Sep 2014, 18:54

Je ne l'ai pas lu encore, mais je pense que l'on peut critiquer quand même, la démarche.
Critiquer d'ailleurs ce n'est pas forcément descendre, d'autant que ce bouquin est prétexte à relancer un peu ce qui semble éteint au sein du NPA, le domaine du fond, de l'objectif révolutionnaire. C'est que j'ai fait d'ailleurs en profitant d'un rassemblement de soutien à la Palestine, pour tâter le terrain auprès de camarades du NPA, camarades avec lesquels on partage de nombreux terrains de luttes et de constructions collectives (syndicalisme, collectifs, etc...). Ceux là n'étaient pas au courant de la sortie du bouquin alors qu'ils sont pourtant de premier plan au sein du NPA (en même temps et de toute manière il ne reste pratiquement plus qu'une partie noyau de la LCR en touraine). Besancenot n'en fait donc pas forcément un enjeu interne mais tente bien de jouer de la gratte vers les libertaires (pour tenter de renflouer le navire ?).

En tout cas cela peut relancer du débat de fond à partager au moment où des fronts anticapitalistes surgissent sans véritablement de fond et de contenus réel quant à ce qu'est l'anticapitalisme et ce qui pourrait faire objectif commun au delà de la construction sans doute éphémère de cartels opportunistes. Cette question de fond, qui manque au NPA et qui est de mon point de vue source d'une partie du délitement de cette organisation qui semble s'ancrer de plus en plus dans le paysage social démocrate et dont les militants-es et ex finissent par partir dans des espaces jugés sans doute plus efficaces dans le domaine.
Voir encore aujourd'hui posé la "nationalisation des banques" montre combien le NPA reste encore dans une dimension qui fait réellement fossé avec les socialistes révolutionnaire et communistes libertaires qui portent la socialisation des moyens de production, l'autogestion, et la destruction du capitalisme et de l'Etat.

Quelle transition entre capitalisme et communisme ? Qu'en est-il au sein du NPA sur les questions de fond qui ont divisé la première internationale ? Si le "socialisme d'Etat" reste de mise, je ne vois pas comment recoller les morceaux d'avantage aujourd'hui.

Cela m'amène aussi à réinterroger ce fameux "marxisme libertaire" dont je n'ai trouvé nulle part réel corpus, même chez Daniel Guérin. Il y a une part de l'analyse partagée, en héritage aussi d'autres "penseurs" qui ont participé à apporter une contribution importante dans le développement des idées socialistes et du mouvement ouvrier révolutionnaire, et que Marx à utilisé au profit de l'ouvrage du Capital, qui reste une base partagée en partie. Mais au delà de l'analyse, ce que Marx et Engels ont bossé, et ce que portent en héritage ceux qui se rangent dans le champ du marxisme-léninisme au sens large (et pas que de la caricature des ML) c'est surtout des élément politiques qui restent dénonçables pour les communistes (pas les escrocs, mais les conseillistes, les libertaires...) tant dans les idées que dans les mises en œuvre dans l'Histoire. Alors que serait un "marxisme libertaire" débarrassé de ce qui fonde une grande partie de ce que portait Marx ? Et bin, je trouve pas. Ce n'est donc pas comme cela qu'il faut prendre le bon bout de l'affaire si l'on veut avancer réellement, plutôt que de ce passer mutuellement de la pommade en pensant que ça vaut toujours mieux qu'un réel traitement.

Il faut reprendre ce qui fait division politique, une division politique importante et dont les éléments doivent être mis sur la table des débats.

A partir de là, et d'ailleurs ça fera pas de mal non plus aux anars (au sens large, pas que les communistes-libertaires) de se confronter et de rebosser ces questions, on peut envisager de rebâtir ce qui faisait socle lors de la première internationale, et d'avantage même au regard de l'Histoire, en apportant des contenus (sur le projet communiste...) et du sens (quelle stratègie ...), et réactualiser ce domaine du projet anticapitaliste et révolutionnaire pour le partager encore ensuite bien plus largement. Et c'est à partir de là que je pense que l'on pourrait construire du front anticapitaliste qui ne serait pas une nouvelle baudruche.
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Les affinités entre marxistes et libertaires

Messagede nemo3637 » 02 Oct 2014, 15:47

Notes de lecture.
AFFINITES REVOLUTIONNAIRES - Nos étoles noires et rouges - De Olivier BESANCENOT et Michael LÖWY - Editions Mille une Nuits.


Par Nemo3637.

En plein mois d'août 2014 est sorti ce petit ouvrage qui évoque les relations entre anarchistes et marxistes. D'emblée le lecteur est averti que c'est avant tout ce qui rassemble qui sera mis en avant. Sur des sujets qui font encore controverses comme la Commune de Paris, l'Ukraine anarchiste, Cronstadt...les deux versions libertaire et marxiste, sont énoncées. On y ajoute parfois un troisième regard qui prend l'aspect d'une synthèse.

On trouve des personnages qui représentent des ponts entre les deux courants tels Victor Serge ou Pierre Monatte. Cet historique est intéressant même si les lecteurs les plus informés ont déjà lu Daniel Guérin (1). Mais, bien sûr, on a hâte d'en arriver à notre vécu présent, à ce que peut représenter aujourd'hui concrètement les "affinités révolutionnaires" entre marxistes et anarchistes.

Tout d'abord il conviendrait de cerner qui représente chacun de ces courants. Les marxistes, dès l'origine, veulent s'emparer des leviers de l'Etat pour que celui-ci, qui tendrait alors vers son extinction, agisse en faveur du peuple. Mais les héritiers les plus directs des premiers marxistes, de ceux-là mêmes qui côtoyaient Marx et Engels en personne, ne sont-ils pas les sociaux-démocrates actuels ? Même s'ils ne sont plus des révolutionnaires, ils se proclament encore, du moins en France, héritiers du marxisme.

Il y a aussi d'autres courants marxistes que les auteurs de ce livre ne peuvent évoquer. Un courant marxiste-léniniste qui parfois, inspiré de maoïsme, prit une allure libertaire, comme VLR (2) au début des années 1970. Des groupes et petites organisations à l'idéologie marxiste-patriotiques ressurgissent glorifiant Krasucki (3), Thorez et même Staline avec lesquels les anarchistes ne devraient donc rencontrer aucune affinité.
Alors qui sont les marxistes avec lesquels les anarchistes devraient trouver lesdites affinités ? Vous l'aviez deviné à la lecture des noms des auteurs du livres: ne serait-ce pas avec une mouvance issue du trotskysme, ayant entamé une critique du Prophète? Le NPA par exemple ? Bravo, vous avez trouvé. Et du côté des libertaires, encore plus difficiles à cerner, la préférence irait bien sûr vers certains groupes historiquement proches du trotskysme. Là je ne cite personne mais, perspicace comme vous l'êtes, vous allez sûrement deviner de qui il s'agit.

Pour part, je dois quand même dire que, sur le terrain, mes camarades et moi-même, avons eu maille à partir avec des trotkystes qui se comportaient en abominables bureaucrates (4). Mais bien sûr suivant la ligne de nos auteurs, je n'en parlerai pas ici.

La perspective ainsi dégagée par nos auteurs, laissant la porte ouverte à l’électoralisme, remplira d'espoir un certain nombre d'intellectuels. Mais sur le terrain, parmi les "masses" lors d'un conflit social, que se passe t-il ? Aujourd'hui comme hier, quand il s'agit d'une sérieuse confrontation de classes, ce sont les assemblées générales qui constituent l'organisme premier sur lequel va reposer la volonté et l'action des salariés. Et le fonctionnement, si l'on veut une unité dans l'action et une réelle dynamique, ne peut se faire que par la démocratie directe. Et c'est là que se retrouve les anarchistes, dans des principes d'action très anciens qui font partie de la nature humaine et de la tradition de lutte des exploités. Et dans ces luttes, ces dernières années, s'est-on soucié des affinités entre marxistes et anarchistes ? Sur le terrain, dans le combat, nous étions évidemment tous unis. Mais, compte tenu de l'expérience acquise, on surveille aussi avec attention tous ceux, qu'ils soient anarchistes ou marxistes qui prétendent parler, ou même signer des accords, sans que les décisions ne passent par la base. Encore une fois j'évoque ici des luttes "sérieuses".

Mettons tout le monde à l'aise. Dans le syndicalisme, dans les organisations libertaires, parmi les anarchistes, il y a eu des bureaucrates. Bien des cénétistes ou ex-cénétistes vous en parleraient. L'idéologie ne fait pas le moine. Ce qui ne dévalorise en rien la ou les CNT et les organisations anarchistes, et surtout pas les principes qu'elles défendent.
Si l'on avait réellement cherché une unité entre anarchistes et marxistes pourquoi ces derniers ne se sont-ils jamais prononcés, par exemple, pour un appui à ladite CNT ? Aux Etats-Unis l'IWW réunit depuis longtemps trotskystes et anarchistes. Mais c'est à ma connaissance, dans le monde, la seule organisation où coexistent ouvertement les partisans des deux courants.

Du point de vue idéologique, il est vrai aussi que le trotskysme, comme l'avait prédit Daniel Bensaîd, semble sur le déclin. Pour l'anarchisme, divisé en nombre de groupes, c'est un peu différent car ses principes, comme le disent les auteurs de ce livre, se retrouvent dès qu'une lutte prolétarienne d'importance surgit, comme par exemple en Afrique du nord. Ce qui ne veut pourtant pas dire que les acteurs de ces luttes, basées sur la démocratie directe, se réclament ouvertement de l’anarchisme.

A travers la crise que traverse ou qu'ont traversé certains groupes et organisations, le petit ouvrage de Besancenot et Lôwy, qui en lui-même n'annonce rien de nouveau sinon une volonté de rapprochement avec les libertaires, nous montre néanmoins une nécessité de sortir des chemins battus, de quitter les ornières en mettant en avant des principes et des modes d'action libertaires.

(1) Daniel Guérin sait être acrobate, présentant par exemple, Nestor Makhno en aimable Robin des Bois et Trotsky en leader révolutionnaire incontestable – in « Ni Dieu ni maître », Paris, 1970, tome III, p. 134 et tome IV pp.5-6 et p.53.

(2) VLR – Vive La Révolution – fut un groupe d’origine maoïste né en 1969 et qui finit par s’auto dissoudre en 1972

(3) Voir des groupes comme le PCRF – Parti communiste Révolutionnaire de France - dont une des icones est Henri Krasucki, grand résistant, trahissant néanmoins les travailleurs en mai-juin 1968 en négociant secrètement avec un émissaire du gouvernement d’alors, un certain Jacques Chirac…

(4) Voir « Tchôk », Editions Armaguedon, Lutte972@orange.fr .8 euros, les chapitres sur les luttes sociales en Martinique.
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Re: Les affinités entre marxistes et libertaires

Messagede Blackwater » 02 Oct 2014, 17:14

nemo3637 a écrit:
(1) Daniel Guérin sait être acrobate, présentant par exemple, Nestor Makhno en aimable Robin des Bois et Trotsky en leader révolutionnaire incontestable – in « Ni Dieu ni maître », Paris, 1970, tome III, p. 134 et tome IV pp.5-6 et p.53.



C'est à mon sens un peu trop vite résumé. Daniel Guérin n'était pas trotskyste et s'est toujours démarqué de Trotsky, sur les points habituels où divergent trotskystes et libertaires. Dans beaucoup de ses écrits, il condamne d'ailleurs la position de "leader incontestable" que veut avoir Trotsky et qu'il a sur la IVème Internationale.
Il le fait notamment à plusieurs reprises dans "Ni Dieu Ni Maître", dans "Front Populaire : révolution manquée", etc. Bref, cette manière de vouloir à tout prix montrer que Daniel Guérin serait un traître au dogme anarchiste est apparemment toujours d'actualité :baille: .
Mais bon je partage un bon nombre de positions avec toi sur le livre et la démarche des auteurs d' "Affinités Révolutionnaires".
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Re: Les affinités entre marxistes et libertaires

Messagede SchwàrzLucks » 02 Oct 2014, 19:22

Les IWW, la seule organisation au monde où trotskistes et libertaires cohabitent ???

Il n'y aurait donc ni trotskistes ni libertaires à la CGT, à SUD, à la FSU, etc. ?
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Re: A propos d'Affinités Révolutionnaires.

Messagede marsel » 05 Oct 2014, 15:39

La synthèse des faux-culs
http://www.vosstanie.blogspot.com/2014/ ... -culs.html

L’idéologie creuse du "marxisme libertaire"
http://www.zones-subversives.com/2014/0 ... taire.html
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Re: A propos d'Affinités Révolutionnaires.

Messagede nemo3637 » 05 Oct 2014, 20:01

Certes les anarchistes et les trotskystes peuvent adhérer à la CGT et aux autres syndicats. Mais là j'évoque une organisation SYNDICALISTE REVOLUTIONNAIRE, les IWW. Les IWW ont du se défaire des staliniens et post staliniens dans les années 1920, qui voulaient faire de l'organisation syndicale une "courroie de transmission" du Parti. Les trotskystes et les anars s'y sont cotoyés ensuite sans trop de heurts à ma connaissance.
Danierl Guérin nous a tous inspiré, surtout à une époque où il était difficile de trouver des ouvrages expliquant avec assez d'objectivité ce qu'était l'anarchisme. Mais enfin les expériences libertaires qu'il met en évidence, comme l'autogestion yougoslave, me paraissent un peu tirées par les cheveux. C'est lui qui a promu le terme de "marxisme libertaire". Son analyse du mouvement makhnoviste reste plutôt superficielle. Mais Skirda n'avait pas encore publié ses bouquins et il était un des premiers a en parler. Sur Trotski, avec le temps et l'apport de nombreux témoignages et éléments, on en est revenu, - même parmi les trotskystes ! - sur le rôle effectif du premier chef de l'Armée Rouge.
Merci pour vos commentaires.
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Re: A propos d'Affinités Révolutionnaires.

Messagede nemo3637 » 06 Oct 2014, 20:22

A propos de l'idéologie creuse du marxisme libertaire et de l'analyse de "zones dangereuses" je suis d'accord.
Reste que sur le terrain les "conseillistes" refusant toute flétrissure ou souillure qui pourrait leur échoir en cotoyant des "gauchistes" se retrouvent dans un splendide et souvent confortable isolement.
J'y fais allusion dans TCHÔK à propos de la grève d'octobre 2010.
Pour ma part je me suis retrouvé par la force des choses (hé hé hé) "syndicaliste" tout en ayant une vision pour le moins critique du syndicalisme et de son inévitable évolution. Mais quand on défend sa croûte on fait flèche de tout bois. La morale prolétarienne ne peut être celle de la "pureté" et de "l'honnêteté " des bourgeois.
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Re: A propos d'Affinités Révolutionnaires.

Messagede quico » 10 Oct 2014, 01:59

J'ai lu ce livre et je le trouve très interessant. Tout d'abord je trouve très constructif que de vouloir converger les marxistes et les anarchistes. Les anarchistes parlent toujours des épisodes historiques les ayant opposer au marxistes (Kronstadt, Makhno etc...) ou des communistes sabreurs d'anarchistes pendant la guerre d'espagne. Certains anarchistes ayant en plus tendance à s'accaparer nombre de luttes. Il n'y avait pas que des anarchistes dans le soviet de Kronstadt mais aussi beaucoup de marxistes (pas tous les marxistes étaient léninistes), socialistes etc... Les marxistes n'étaient pas que des tueurs d'anar en Espagne. Beaucoup de collectivités furent aussi crée dans des endroits ou le POUM ou l'UGT était majoritaire et Andreus Nin fut assassiné par les stals. Et puis je n'ai jamais compris ce rejet total du marxisme chez certains anars. Je ne vois pas comment on peut être anarchiste sans être aussi marxiste. Je ne parle pas de Marxisme en tant que dogme mais en tant qu'analyse etc... Le socialisme est une mosaique de pensée, Bakounine était d'accord sur une grande majorité des choses avec Marx sauf bien sûr la question de l'état. Mais ce n'est qu'un point (certes très important) de la pensée de ces deux hommes. Marx était lui même admirateur de Proudhon avant de s'en séparer. Les pensées s'imbriquent les unes les autres. Enfin rejeter le marxisme n'est-ce pas penser que l'anarchisme est un courant de pensée dorée, parfait n'ayant subit aucune influence philosophique extérieur et finalement reproduire la vanité de certains marxistes qui présenté leur pensée comme LE SOCIALISME SCIENTIFIQUE et les autres courants comme utopiques. Qu'on le veuille ou non la révolution ne peut se faire qu'avec des énergies différentes et des pensées aussi différentes, c'est ces différences qui font aussi notre force et notre puissance créatrice d'éffervescence d'idées. Bien sûr tout en gardant nos divergences et nos spécificités idéologiques. Enfin bref, malgré le fait que je sois anarchiste et notamment abstentionniste j'ai trouvé cette initiative de Besancenot et Lowy plutôt salutaire. (je suis personnellement loin d'être d'accord sur tout).
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Re: A propos d'Affinités Révolutionnaires.

Messagede Pti'Mat » 10 Oct 2014, 12:19

Quico, tu cherches a faire culpabiliser les anar pour des méfiances acquises avec le temps et qui sont légitimes ? Ou bien à nuancer le fait que les marxistes de partis (et je considère que toute l'importance est là, dans "parti") se sont sans cesse imposés par la force contre l'idéal libertaire ? Tu dis qu'il faut faire attention en généralisant les marxistes, c'est vrai (moi-même me considérant comme marxiste), mais attention à ne pas généraliser sur le mouvement anar aussi par rapport à ce que les anar peuvent penser des marxistes.

Tu dis "J'ai lu ce livre et je le trouve très interessant. Tout d'abord je trouve très constructif que de vouloir converger les marxistes et les anarchistes". Ce bouquin est surement intéressant, mais bon il réinvente un peu l'eau chaude non? Comme si il avait fallu attendre Olivier Besancenot et ses échecs cuisants en terme d'organisation et d'influence pour réaliser que des convergences entre communistes et libertaires étaient possibles... N'était-ce pas le but de la Première Internationale ? Les questions d'unité au sein du socialisme existent depuis le début du mouvement. Le syndicalisme révolutionnaire, depuis plus de 120 ans propose l'unité des courants socialistes au sein du syndicalisme, lui-même devant être réunifié. Tant qu'on raisonnera sur le modèle de partis et d'organisations politiques (les idéologies devant les intérêts de classe), une réelle convergence ne sera pas possible.
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Re: A propos d'Affinités Révolutionnaires.

Messagede marsel » 10 Oct 2014, 19:49

Pti'Mat a écrit:Tant qu'on raisonnera sur le modèle de partis et d'organisations politiques (les idéologies devant les intérêts de classe), une réelle convergence ne sera pas possible.

Je suis d'accord avec ceci. Néanmoins il ne faut pas négliger l'idéologie. Car les anarchistes savent qu'en période insurrectionnelle ou révolutionnaire les marxistes-léninistes ne leurs font pas de cadeau. Et c'est aussi valable pour des marxistes anti-léninistes ; certains sont des dangers sur les plans sociétal et culturel, au même titre que les trotskistes, ou les maoïstes dont par exemple l'anti-nationalisme est purement formel.
Lorsque les prolétaires s'organiseront en masse - sil s'organisent - ils auront raison de se méfier des marxistes autoritaires de toutes sortes et de s'organiser en conséquence afin que chacun d'entre eux ne finissent enfermés ou / et assassinés d'une balle dans la nuque. Voilà pourquoi il ne faut négliger l'idéologie anarchiste, même si certain.Es qui s'en revendiquent se comportent comme de véritables bolchéviques (voire plus rarement comme leurs pires ennemis fascistes) et qu'il faut les combattre avec la même ferveur que les autres autoritaires.
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Re: A propos d'Affinités Révolutionnaires.

Messagede quico » 10 Oct 2014, 20:45

Je ne crois pas au grand soir qui fut à mon sens un fantasme du XIX ème siècle comme l'idée que le prolétaire porte l'essence même de la révolution en lui même. Je suis assez d'accord avec Jérome Baschet lorsqu'il préconise l'idée que la révolution se fasse par la multiplication de zones libérés du capital comme le chiapas, le brésil avec les quilombos, des ZAD (zones d'autonomie définitives) etc... Les gens s'organise spontanément en AG, développe des démocraties directes etc... sans jamais pour certains avoir entendu parler de Bakounine. Dans ces mémoires le sous commandant Marcos explique qu'au début ou il a établit des liens avec les indiens en vue de créer une dynamique de lutte, il a du laisser tomber toute sa réthorique marxiste pour s'adapter à leur culture de lutte et ainsi laisser tomber une sorte d'occidentalisme idéologique qui l'aurait condamner à rester en marge.
Enfin bref, tout ça pour dire qu'un grand soir idéologique ou les anarchistes devront se méfier des méchants léninistes me parait assez dépasser.
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Re: A propos d'Affinités Révolutionnaires.

Messagede marsel » 11 Oct 2014, 00:16

quico a écrit:Je ne crois pas au grand soir qui fut à mon sens un fantasme du XIX ème siècle comme l'idée que le prolétaire porte l'essence même de la révolution en lui même.....

S'il n'est pas essentiellement révolutionnaire cela voudrait dire qu'il est essentiellement contre-révolutionnaire. Ou qu'il est in-essentiellement et révolutionnaire et son contraire. Hors non seulement l'essence en elle-même n'existe pas parce que produite par des rapports historiques, mais en plus l'histoire du mouvement ouvrier montre que seul.e.s les prolétaires sont capables de faire la révolution. La conscience de classe s'acquiert par la lutte, la lecture et la réflexion individuelle et collective. Les situs et d'autres disaient qu'un prolétaire est un travailleur (productif de plus-value) conscient de sa position dans le rapport social de production capitaliste et ce partout sur la planète où l'exploitation (au sens capitaliste) existe. Par bien des égards les situs et même les Marx-Engels du Manifeste sont plus que actuels et lucides que les Baschet, Lapierre et autres Holloway qui font l'éloge de l'autonomie régionaliste - et le chauvinisme qu'elle implique. La révolution produite par des rizhomes en séries (pensée 68tarde) je n'y ai jamais cru.

quico a écrit:Enfin bref, tout ça pour dire qu'un grand soir idéologique ou les anarchistes devront se méfier des méchants léninistes me parait assez dépasser.

Une insurrection ou une révolution est imprévisible. Et vu leurs histoires les anarchistes ont toujours raison de se méfier des marxistes dans leurs variantes léninistes. Si c'est dépasser de s'en méfier c'est qu'aucune leçon de l'histoire n'a été tirée.... Ceci dit des anarchistes sont bien plus léninistes qu'ils ne l'affirment quand ils croient qu'une révolution se produit à coup de propagande et de "directives" externes au mouvement. Trop d'anarchistes fonctionnent comme des militants de partis politiques. Quand certain.es parlent de parti anarchiste ce n'est pas totalement déplacé.
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