Anarchisme, liberté et égalitarisme

Anarchisme, liberté et égalitarisme

Messagede Mahnrikwé » 15 Aoû 2014, 15:10

Bonjour,

J'aimerais amener un débat (départ court à l'étranger sous peu oblige, je répondrai à mon retour) sur un sujet auquel je ne trouve pas de solution, ou du moins, pas qui me satisfait. (et c'est là que votre aide pourrait m'être précieuse).

Est-ce qu'une société anarchiste doit être égalitariste (égalité absolu, autant social, que juridique et surtout économique) et donc communiste ?

Est-ce qu'une société communiste libertaire, qui serait donc égalitariste, pourrait-elle réellement exister ?
C'est bien là où je trouve que cela commence à coincer. Comment créer une société égalitariste/communiste sans structure de mise en commun, sans "comité centrale", gouvernement ? Même si ce gouvernement est citoyen, nous en sommes uniquement arrivés à une démocratie athénienne au final. Est-ce réellement l'abolition de l'Etat, donc tout le contraire de l'anarchie ? Ce comité central ne pouvant pas être extra-territorial, mais bien avec de réel frontière, tant bien même sont elles municipales. Et la gestion de ce territoire dépendant alors de l'ensemble des citoyens, ne serait-ce pas là l'aliénation de l'individu à la collectivité, et donc une forme vicieuse de totalitarisme ?

D'un autre côté, est-ce qu'une société anarchiste saurait exister sans égalitarisme, qui semble nécessairement provenir d'une répartition des richesses, donc d'un comité central, et donc d'Etat, tant bien même sont-ils des micro-Etats avec leurs frontières et tout le tralala ?
Comment imagineriez vous alors cette société ? Je ne la vois que former autour du travail, de l'entreprise coopérative : au final autour du syndicat gérant lui-même l'entreprise. Autogestion et coopération au sein de l'entreprise, mais au final, ce ne serait qu'une entreprise gérée par ses propres actionnaires, sans perdre toutes les caractéristiques capitalistes que cela engendre : mise en concurrence, tromperie du consommateur, production massive pour toujours plus d'enrichissement et de production. Aucune caractéristique de la sortie de l'aliénation du travail en somme, la seule différence avec le capitalisme de connivence que nous connaissons actuellement se trouveraient alors uniquement dans la libre-concurrence la plus totale (anarcho-capitalisme) et dans l'autogestion de l'entreprise. Au fond, nous arriverions seulement au libertarianisme autogéré. Autant dire qu'à ce moment-là, nos problèmes écologiques et de surproduction et surconsommation sont loin d'être réglés : et je ne parle même pas de l'abolition de la propriété privée des moyens de production qui aura été bien cours. (par exemple, un artisan seul montant son entreprise, qui réussit très bien grâce au marché, décide d'employer sans pour autant autogéré, considérant que le seul mérite lui revenait, et voilà le capitalisme revenant à l'assaut et au galop)
Et dans ce côté basé sur l'inexistence de frontières administratives et donc de gestion de territoire, je ne parle même pas des différences de richesse qu'il pourrait alors exister très rapidement entre les différents travailleurs-actionnaires, ainsi que les rapports sociaux qui se créeraient entre la société de classe se créant à nouveau.


Au final, l'anarchie peut-elle réellement exister ? Ou alors : où est-ce que je me trompe dans ma définition de l'anarchie ?
J'avoue me perdre dans toutes les contradictions que je semble voir.

J'espère, camarades anarchistes, que vous saurez m'aider.
(ce post sera sûrement publié sur plusieurs forums, uniquement pour avoir le maximum de réponse possible, et d'aide pour me sortir de cette impasse intellectuelle)
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Re: Anarchisme, liberté et égalitarisme

Messagede Blackwater » 15 Aoû 2014, 15:56

Je pense que l'anarchisme a pour but le communisme, et pour éviter toute structure étatique, toute "dictature du prolétariat" débouchant sur une dictature sur le prolétariat, le fédéralisme libertaire est un bon fonctionnement.
L'égalitarisme, c'est un mot que je n'utilise pas et que je ne maîtrise pas.
Article intéressant : http://www.causecommune.net/publication ... taire.html
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Re: Anarchisme, liberté et égalitarisme

Messagede Mahnrikwé » 15 Aoû 2014, 18:41

BlackBombA a écrit:Je pense que l'anarchisme a pour but le communisme, et pour éviter toute structure étatique, toute "dictature du prolétariat" débouchant sur une dictature sur le prolétariat, le fédéralisme libertaire est un bon fonctionnement.
L'égalitarisme, c'est un mot que je n'utilise pas et que je ne maîtrise pas.
Article intéressant : http://www.causecommune.net/publication ... taire.html


Je connais bien le fédéralisme libertaire effectivement, mais en rien il ne répond à ma problématique...
Le fédéralisme parle d'associer librement des communautés avec d'autres communautés, d'individus avec d'autres individus.
Pour citer ce que dit ton article :
A contrario, le fédéralisme libertaire est pensé dans une dimension intégrale; l'ensemble de la société, dans tous les domaines, doit fonctionner sur le mode fédéraliste.

J'en suis on ne peut plus d'accord. Je dirai même que c'est un fondement de ma pensée et un élement majeur qui m'amène à mes contradictions.
La simple existence des communes comme unité de base de la société et comme unité territoriale met toujours en cause ce principe de fédéralisme des individus (au fond, qu'on appelle libre association). Ce n'est pas une volonté d'adhésion à la commune, mais par la force des choses, l'obligation de l'individu à se joindre à tel ou tel unité de base territorial (la municipalité donc ici) uniquement en fonction de sa localisation.
Tu comprendras qu' "obligation" sonne mal ici : on outrepasse déjà les principes de fédéralisme, au niveau des individus, qui n'ont pas le choix de rejoindre tel ou tel groupe, uniquement en fonction de leur localisation. (moi qui aime ma bonne campagne, mon bon village et les environs dans lesquelles j'ai toujours vécu, cela me dérangerait fortement de devoir déménager uniquement parce que la municipalité/système politique en place ne me convient pas, tant bien même l'anarchie serait arrivé sur ces terres provinciales)
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Re: Anarchisme, liberté et égalitarisme

Messagede Pïérô » 16 Aoû 2014, 00:09

Comme tu l'annonces tu as posté sur d'autres forums et j'ai répondu sur un autre en premier lieu dans la mesure où il commençait à y avoir des éléments ici, et notamment des éléments partagés avec BlackBombA. Je mets donc ce que j'ai pondu là bas ici aussi en rapport au premier post et ensuite donne mon point de vue par rapport au deuxième. :)

Anarchisme et projet communiste sont liés. Communisme libertaire permet de se dissocier de communisme dit autoritaire et des caricatures qui ne sont que capitalisme d'Etat. Et libertaire n'est pas libéral, c'est à dire que l'économie n'est plus une économie de marché, et les moyens de production comme les "services publics", services utiles à la collectivité, seront collectivisés, socialisés. Il est bien question d'égalité, des mêmes droits et devoirs pour tous et toutes. J'entends par devoirs, le respect de l'individu et des autres individus, la participation aux taches collectives selon ses capacités, pour exemples. Il y a mise en commun, et partage selon des modalités à définir par la, les, collectivité(s). La question du pouvoir est importante. On parle de pouvoir par en bas, mais il n'y aura rien de ce type en haut, et évidemment plus d'Etat. Il faut par contre des éléments de coordination, car il est bien question aussi de forme de planification à petite comme à grande échelle (sur le plan local comme sur le plan mondial). Il faut trouver une articulation entre des outils comme l'autogestion/gestion collective directe, la démocratie directe, le fédéralisme, la coordination sur base de mandatement (à différents titres et endroits, commune/région et activité de production ou de service). Il n'existe pas de recette toute faite, il n'est pas non plus question de construire un programme unique et uniforme qui vaudrait dans un endroit du monde et pas dans un autre, car il est évident que contexte, conditions de vie, Histoire, culture, etc... joueront en différents types de construction, de fonctionnement de par le monde, même débarrassé des frontières. En même temps il est important d'y réfléchir et d'échafauder, c'est d'ailleurs une véritable carence chez certaines sensibilités anarchoïdes individualistes notamment. Si l'on veut faire partager une utopie révolutionnaire et en rupture avec un système capitaliste qui s'offre au plus grand nombre en horizon indépassable, il faut construire du contenu et des réponses un peu plus concrètes que de vagues énoncés vaporeux. Il y a un bouquin bien fait du côté d'Alternative Libertaire : "Un projet de société communiste libertaire".
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Je pense que tu vois bien la problématique libérale qui n'est pas la construction libertaire, et les dérives que cela peut amener. Tu ne me parait donc pas aussi désarmé que tu le crois ou le laisse entendre. Mais tu parts sur une réflexion sur le communisme libertaire et tu te prends le nombril dans des considérations très individualistes. Comment comptes tu vivre à un endroit dans ton coin et participer aux décisions ailleurs ? D’un côté tu passeras pour un paria, et de l’autre pour un martien. :D
Blague à part, il y a aussi autre chose que le domaine de la cabane au fond du bois, du paté de maison, de la commune, ou de la région au sens très local comme plus large, c’est celui de l’activité, productrice ou de service (santé, transports, éducation, etc...). Il y a donc des lieux différents de participation et d’autogestion/gestion collective directe. Tu peux habiter à un endroit et exercer ton activité ailleurs. Même si l’on parle de relocalisation et de circuits les plus courts possible il n’est pas question d’autarcie. Même sur le plan "communal" il s'agit d'entendre le pouvoir à la base, dans le bled, le quartier, mais aussi bien au delà car il n'y aura pas forcément un hôpital dans chaque paté de maisons, et pour autre exemple le transport ferroviaire s'organise à autre échelle.
Sur l’approche de la libre association, elle me parait très stirnerienne, qui est une approche très individualiste et plutôt ultra-libérale de mon point de vue. Il y a dans l’association une articulation entre individu et collectivité. La collectivité offre des services que ne sont pas en capacité d’offrir des individus isolés. La contractualisation se formalise, ou plutôt la vie collective s'organise (je préfère dit comme ça), d’avantage par la participation à la vie et l’activité collective et en retour on bénéficie des services collectifs, pour résumer car ce n’est pas forcément en terme d’échange direct que se pense le communisme qui va au delà du collectivisme. L'individu et son épanouissement est au cœur du projet et il s'agit de chercher une harmonie collective car c'est complètement lié, nous sommes des êtres sociaux.
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Re: Anarchisme, liberté et égalitarisme

Messagede Mahnrikwé » 25 Aoû 2014, 15:28

Merci Piero encore pour ta réponse. Juste pour se mettre d'accord, je vais regrouper nos échanges ici pour choisir un forum et discuter sans diviser et répéter nos propos !
J'avais ainsi répondu à ta première partie de texte :
Mahnrikwé a écrit:Merci pour ta réponse Pit, marquée indéniablement par le communisme libertaire, tant mieux, puisque je ne fais qu'au final affronter mes deux penchants communiste et individualiste. L'egalitarisme et la non-surbordination de l'individu étant deux principes qui me paraissent fondamentales, d'où peut-être mon penchant synthesiste à tenter d'allier les deux.

Je lirai à l'occasion le document d'Alternative Libertaire.
Mais voilà un problème qui me tracasse :
Le communisme, libertaire ou autoritaire, repose sur la mise en commun et la redistribution, nécessitant alors dans tous les cas un certain centralisme, la différence étant alors l'échelle de ce centralisme. On ne peut alors dissocier ce système d'un ensemble de frontières, administratives soient elles pour déterminer la répartition en fonction des secteurs/communes/territoires. Au final, grosso merdo, comme Marinaleda, cela en résulte une démocratie athénienne : un micro-État.
J'en viens à me demander alors qu'appelle t'on État, celui que nous anarchistes voulons détruire ?

Le problème est aussi que le principe quasi-fondamental de l'anarchie qu'est le fédéralisme, entre autre ici précisément, la libre association entre individus, semblerait être violé par la naissance de ce type de structure: un individu aurait obligation vitale (s'il veut pouvoir vivre en société) de s'unir aau communisme locale d'où il vit. Il ne se serait pas uni avec la communauté par association mais uniquement parce qu'il n'en avait pas le choix en fonction de sz localisation (et cela me ferait bien du mal de devoir quitter ma bonne campagne où j'ai toujours vécu, parce que le système, tant bien même anarchiste, en place ne me convient pas).

La finalité se trouve sûrement que je cherche à unir mes quelques idées individualistes (et non libéral au fond) avec le communisme que je ne vois comme unique ciment de la société, pour écarter tout rapport de domination entre nous, humains.

Tu m'as alors répondu ceci :
Piero a écrit:Cela va être dur vu le nombre d'être humains.
Et je pense pour prendre un exemple très concret qu'il te sera difficile de prendre le train, car il te faudra aussi trouver la et les personnes qui entretiennent les voies. Et pour en rajouter, on peut imaginer négocier un poulet contre un soin dentaire, mais pour une opération à cœur ouvert dans un hôpital équipé, le poulailler n'y suffira pas. :wink: [...]
Suivi d'une partie de ton argumentation déjà présente ici-même.



La question que je me pose est celle que j'ai déjà soulevé dans ma quote au-dessus, par rapport à la nature de la commune libertaire. Si nous plongeons dans l'exemple concret de Marinaleda que j'ai déjà cité, nous pouvons alors nous demander tout simplement si elle n'est pas dans la conjoncture un Etat (communal) dans l'Etat (espagnol).
Quel est l'Etat réellement que nous, anarchistes, voulons détruire ?
Est-ce qu'une commune libertaire serait ainsi considérée autrement que comme un Etat ? Si j'en prends la définition de la convention de Montevideo, une municipalité ayant adoptée le communisme libertaire ne restera pas moins un Etat : elle possèdera un territoire déterminé sur lequel s'exerce son pouvoir et sur lequel réside une population jouant le rôle de gouvernement (démocratie directe) avec la capacité de dialoguer et de s'organiser avec les autres Etats (d'autres communes par extension, par le biais du fédéralisme libertaire). J'en reviens toujours à la même constatation que le communisme au final nécessite obligatoirement un Etat, une organisation du pouvoir de par la politique de planisme et de répartition du travail. Je n'ai pas l'impression d'y voir la destruction de l'Etat mais juste le retour à la démocratie athénienne, à la constitution de nombreux micro-Etats ayant relation entre eux, la seule différence entre cette forme d'Etat et l'actuelle se trouveraient dans la forme du gouvernement : d'un côté, tout le peuple exercerait le pouvoir à travers la démocratie directe, alors qu'actuellement, le peuple abdique le pouvoir au main d'une élite oligarchique.
D'un point de vue individualiste et même du point de vue de la convention de Montevideo, l'Etat ne pourrait donc ne pas exister uniquement dans le cas où les individus s'unissent librement comme je l'ai exposé plus haut, et non pas en fonction de leur situation géographique. On pourra me répondre alors que rien n'empêche l'individu de changer de lieu d'habitation pour changer de mode de vie : mais cela ne change rien qu'au problème d'Etat actuel. Sans compter qu'en imaginant que le monde entier soit régi par le communisme libertaire, l'individualiste aura beau se mouvoir à travers le monde entier, il ne se confrontera jamais à la situation d'absence total d' "Etat" (comme je l'ai défini plus haut) et ne pourra jamais assouvir sa soif de détermination personnelle. Je citerai alors un texte paru dans le Monde Libertaire, en mai dernier :
Mon individualisme anarchiste, par Thierry, groupe Germinal de la FA. Mai 2014
[...]Ce qui m’effraie particulièrement chez les compagnons et les compagnes qui ont des idées sur l’organisation postrévolutionnaire, c’est quand ils pensent que l’émancipation individuelle ne peut se faire qu’à travers l’émancipation collective ; ainsi la puissance individuelle devient la résultante des besoins collectifs satisfaits. Nous voyons bien là un risque non négligeable d’un autoritarisme anarchiste obligeant à suivre les règles fixées par les plus éclairés quant au bonheur nécessaire aux individus. Pour moi, les exigences de l’individu passent avant celles de la société, c’est l’affirmation du Moi qui est ma propre finalité et toute action n’a d’autre valeur que pour Moi.
Je me souviens d’une discussion avec des compagnons sur la possible économie libertaire. Chacun y allait de son idée, de ses projets quant à la façon de s’organiser. Ces moments me font toujours un peu peur. En effet, quelle place pour la déviance ? Qu’arrivera-t-il, dans ces paradis sociaux, si je refuse d’y participer ? Mais qu’on ne s’y méprenne pas, si les projections de redistribution des richesses des copains et des copines sont très attirantes, ce sont leurs convictions qui m’effraient. J’ai toujours cette impression qu’il ne me sera pas possible de m’épanouir comme je l’entends. Un exemple : si je dénonce un métier comme aliénant même en dehors d’un système capitaliste mais que le groupe, la commune, en décide autrement, dois-je m’aliéner ou résister à ce paradis ? Quelle est alors la place pour mon autonomie individuelle ? Dans ces discussions, j’ai trop souvent l’impression que les murs sont déjà construits pour les déviants.[...]



Il me vient une seconde interrogation auquelle j'aimerais qu'un communiste libertaire me réponde : suite à mon argumentation tendant à montrer que la commune libertaire n'est qu'une forme de démocratie et de micro-Etat comme il a pu exister par le passé, que répondrez-vous comme argumentation à un patriote communiste prônant dans son pays la démocratie directe, réfutant l'élitisme léniniste, pour former un gouvernement citoyen, participant alors aux élections actuelles pour changer de gouvernement et seulement changer de système pour une organisation "citoyenne" ?
Puisqu'au final, de mon point de vue (actuel), j'ai l'impression que ce qui sépare le communiste libertaire du communiste prônant une démocratie directe nationale, ce n'est que l'échelle. L'un visant la municipalité, l'autre visant le national. Qu'on m'éclaire ce point, s'il vous plaît.


Pour en revenir très brièvement à ton jugement sur mes conceptions très stirneriennes comme tu disais Piero (il est vrai que j'ai découvert que très récemment l'anarchisme et y ai plongé dedans comme si j'avais été destiné à ça, les lectures m'ayant le plus influencé étant la Morale anarchiste de Kropotkine, et comme on le devine, des extraits de Stirner), je ne pense pas que cela puisse paraître si absurde dans le sens que des systèmes similaires existent pour l'instant : on peut par exemple noter l'existence toute simple des mutuels, des banques, des assurances, auxquels nous choisissons d'adhérer sans pour autant qu'elle est de caractère territoriale, nous associant avec un ensemble de personnes. C'est au final la même chose au moment d'un échange commercial (en en extrayant toute composante capitaliste évidemment) : mais si j'achète à une ferme ou à une coopérative un produit, la transaction signe un contrat de libre-association en quelque sorte avec l'ensemble des personnes ayant produit ce que je veux consommer et leur achète. Il y a libre-association parce que j'ai choisi à eux et pas à autre le produit que je veux et qu'ils produisent.
Bien évidemment, ce point de vue n'échappe pas au paradoxe que je soulevais plus haut, qui nous enferme encore dans une société capitaliste.
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Re: Anarchisme, liberté et égalitarisme

Messagede Pïérô » 29 Aoû 2014, 00:03

Je ne comprends pas avec ce que je dis auparavant où tu trouves ton truc de “micro Etat”, ni ne vois vraiment de parallèle à faire avec les citadelles athéniennes, pour décrier le communisme libertaire. Tu ne prends pas en compte plusieurs éléments pourtant importants : l’espace productif ou de service, qui est lieu de décision qui n’est pas celui de la Collectivité locale (mais qui s’articule avec lui en terme de gestion des besoins), et la question des services qui dépassent le localisme, comme celui de la question des transports pour exemple, et celui du transport ferroviaire notamment.
Tu sers l’exemple d’un militant de la FA qui revendique un individualisme qui semble le pousser à condamner la perspective révolutionnaire tellement il a peur de brimer son Moi et ne plus pouvoir exercer sa posture déviante qui semble le motiver à être "anar" dans ce présent système, alors que j’appelle ça un nanar folklorique.
Tu en remets une couche sur la libre association d’individus alors que je dis que c’est un concept libéral et complètement nébuleux en terme d’organisation collective à autre échelle que celle d’un bled autarcique doté d’un sorcier guérisseur, et de transport en charrette à bras.
Dans la même veine prendre appui sur Stirner, qui d'ailleurs ne se revendiquait pas vraiment anarchiste et n'est qu'un libéral et certainement pas un libertaire, t’amène bien sur un terrain libéral qui n’est pas celui du communisme libertaire.
Alors tu veux en venir où exactement ?
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Re: Anarchisme, liberté et égalitarisme

Messagede Mahnrikwé » 29 Aoû 2014, 12:38

Tu deviens réellement orchidoclaste Piero à m'accuser d'être un petit manipulateur libertarien, ou je ne sais quoi. Où est-ce que je veux en venir ? Je ne sais pas moi-même puisque comme je le dis depuis le début, il me semble voir des contradictions dans l'anarchisme, qui selon moi est le courant "philopolitique" le plus à même de libérer l'humanité de toute domination qui a pu la soumettre depuis la nuit des temps, notamment parce que la réalisation d'une société idéale ne peut se trouver que dans le communisme libertaire, mais qui me laisse l'impression de brimer les libertés individuelles. Point, à la ligne. Il n'y a rien d'autre chose à dire, je suis venu avec cette impression sur 3 forums pour demander aide et orientation aux différents anarchistes cotoyant les 3 forums, rien de plus. Il n'y a pas besoin de vouloir me jeter au goulag, de me traîter d'anti-révolutionnaire ou de manipulateur je ne sais quoi, je suis venu ici uniquement avec l'aboutissement de ma réflexion personnelle pour voir si certains avaient réponse à mes questions. Pas besoin de me chier dans les bottes toutes les 30 secondes parce que j'ai le malheur de me soucier d'un aspect de la liberté que tu ne considères pas et qui te fait me ranger immédiatement dans une catégorie de personnes que tu n'as absolument pas l'air d'apprécier.
Enfin ce que je ne comprends pas, c'est que tu continues à me sauter à la gueule malgré que tu as dû certainement lire mes interventions sur le FA, et où tu as du voir mes penchants communiste libertaire. Si tu veux étriper chaque personne remettant en doute ses convictions communistes libertaires pour X raisons avec si peu d'amabilité, et bah merde, tu seras un sacré bourreau pendant la Révolution sociale et libertaire.

Pour en revenir à nos affaires : effectivement, tu me parles de quelque chose dont je ne connais pas ici, me référant plus à un système comme Marinaleda pour m'illustrer le communisme libertaire, d'où ma référence aux micro-Etats, que je vois toujours à travers Marinaleda (je te pose alors la question : est-ce que selon toi cette ville est un Etat ou non dans son organisation ?)
N'ayant pas nécessairement les moyens d'investir dans un livre comme tu me l'avais conseillé depuis le début, si dans un moment d'amabilité, tu pouvais m'indiquer où est-ce que je pourrai m'informer plus amplement sur les concepts que tu cites d'espace productif ou de service, etc etc, ce serait idéal. Un lien, ou plusieurs, serait par exemple parfait. Merci.
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Re: Anarchisme, liberté et égalitarisme

Messagede Kzimir » 29 Aoû 2014, 18:27

Je pense que le truc par rapport à l'Etat n'est pas tellement intéressant : Est ce que la société libertaire sera composée de structures ayant autorité sur un territoire donné, oui, en ce sens ce sera des Etats. Est ce que ces structures seront le reflet d'un système de classe et de l'oppression des classes dominantes sur les classes dominées ( ce qui signifie la permanence du système répressif, etc.), non, et en ce sens ce ne sera pas un Etat. Tout dépend de la définition qu'on applique : définition socialiste ou définition légaliste.
Par contre la question sur l'individu et la collectivité est réelle. Je pense que la liberté individuelle ne peut se concevoir qu'au sein d'un certain système social égalitaire et démocratique. En ce sens, la liberté individuelle ne peut s'entendre pour moi que dans un système réellement communiste. La solution au manque de démocratie, au centralisme, etc. c'est le fédéralisme libertaire, qui fera en sorte que chaque décision soit prise de la base, et qui permettra une réelle autonomie des collectifs de base et de l'individu (si besoin est par le droit de retrait). Après il est clair qu'une société comme ça n'est pas la baguette magique qui crééra le pays des schtroumpfs, il pourra toujours y avoir oppression et inégalités, mais ce sera à ceux qui vivront là de mener un combat politique permanent pour l'éviter.
Bref, tu le comprends, la base pour moi c'est l'abolition du système de classe.
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Re: Anarchisme, liberté et égalitarisme

Messagede Mahnrikwé » 29 Aoû 2014, 20:26

Dans tous les cas, on est d'accord, le système de classe ne se discute pas, il s'abolit.
C'est aussi pour ça que je demandais l'avis de communistes libertaires sur la critique de l'Etat qu'ils apportent. Sauriez-vous où je pourrai trouver la critique de l'Etat par un communiste libertaire entre autre ? Effectivement, je ne partage pas ton point de vue au sujet de la définition de l'Etat qui a pour fonction de protéger la propriété privée (quid du capitalisme d'Etat soviétique par exemple ?)
Je suis par ailleurs tout à fait d'accord au sujet de la réalisation de la liberté à travers une société communiste et égalitaire. Mais toujours comme je le ramène à la question, la cellule de base de la société est la localité (collecif de base) ou l'individu ?
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Re: Anarchisme, liberté et égalitarisme

Messagede abel chemoul » 30 Aoû 2014, 13:07

Mahnrikwé a écrit:la cellule de base de la société est la localité (collecif de base) ou l'individu ?

à mon avis, posée comme ça la question n'a pas grand sens, c'est trop unilatéral. c'est plus une question existentielle qu'une question politique, on ne pourra jamais y apporter une réponse tranchée.
Politiquement l'individu est la brique de base pour la prise de décisions (une personne= un vote/une prise de parole), donc c'est la brique de base.
Mais dans une société, de fait, sa décision importe peu, c'est la somme des décision personnelles qui compte au final. Qu'un individu se retire ou vote contre une décision collective majoritaire n'entravera jamais la marche collective (sauf à la FA...), donc socialement, c'est le collectif qui est la brique de base.
Que faire? Contradiction dans l'analyse? Pas du tout. Simplement nous sommes dans une société qui prend l'individu "absolu" comme mètre-étalon, c-a-d coupé de son environnement social, un certain anarchisme ayant poussé la question à son paroxysme jusqu'à la caricature (Stirner) alors que la société est autre chose qu'une simple juxaposition de personnes.
la question que tu te poses repose sur un pré-requis qu'il faut interroger: l'individu peut être défini uniquement par sa personne physique sans tenir compte de ses liens avec le reste du monde. Pourtant, d'autres sociétés considèrent l'individu sous un regard "collectif": on n'existe que sous le regard des autres, que par nos liens sociaux avec les autres, "l'individu occidental" n'a alors aucun sens, c'est un non-individu puisque non-inclue dans la collectivité. c'est la vision de pas mal de sociétés asiatiques.

Ainsi, peut-on réellement considérer que l'individu est la brique de base d'une entreprise? s'il est minoritaire dans la prise de décision ou s'il se retire de l'entreprise, la production continuera bien sans lui, preuve qu'il n'est pas la cellule de base de l'entreprise. Pareil pour une collectivité. Bien souvent être une cellule de base se résume à pouvoir se retirer de la vie collective, donc à être une cellule pas très indispensable et donc pas très de base et pas très Unique... c'est pour ça que perso, voir tout au prise de l'individu me laisse un peu perplexe, c'est un réflexe civilisationnel que certains anars ont poussé au bout de sa logique mais qui est en fait peu opérant dans la réalité sociale. D'où des anars comme toi qui se torturent l'esprit sur une question sans réponse...
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Re: Anarchisme, liberté et égalitarisme

Messagede Winston » 09 Sep 2014, 00:33

reduire une pensée politique par un biais genre "egalité" n'a pas vraiment de sens...

Pour ma part je considere que se regrouper procede par un processus centralisateur, quelque soit les orientations politiques, seul les modalités du regroupement different.
De meme l'anarchisme fait parti du courant liberal, qui en rupture avec la conception precedente, a mis l'individu au centre de la construction sociale.
Je considere que l'anarchisme organise des convergences pour permettre des divergences et qu'il est le plus a meme de le faire.

Tout centraliser en un point pose un probleme, entre autre parce que chaque probleme a une echelle de pertinence propre, par exemple : trouver un partenaire de vie/sexuel necessite pas les memes convergences que se partager les ressources carbonés (fossiles ou renouvelable).

La brique de base est l'individu, un individu conscient de la necessité de se regrouper pour s'entendre sur ses conditions de vie, de meme que le groupe/les groupes qui en resultent, sont conscient du respect a avoir envers les aspirations individuels, ca me parait etre ca, la vision anarchiste.

Contrairement a certains, je ne crois pas que tout doit devenir collectif, tant d'un point de vu societal qu'economique, le collectif doit maitriser les facteurs lies aux conditions de vie , le "necessaire", mais laisser sa place au superflu, un espace individuel.

Il y'a une egalité necessaire sur certains point pour permettre la diverites.
Il est difficile de fixer les criteres du necessaire sauf a minima : eau nourriture, abris etc.... chaque collectif en un sens doit pouvoir le definir, mais doit respecter les conditions d'un épanouissement individuel.
Ce genre d'equilibre se concoit collectivement parce qu'on est des etres collectifs et que nos conditions de vie dependent du collectif dont on depend.
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