Vous savez, dans un seul esprit, beaucoup d'idées et des pas des plus rationnelles toujours se tamponnent à d'autres... Pour faire court, je comprends le souci des primitivistes ce qui ne veut pas dire que j'adhère becs et ongles à leur programme s'ils en ont un. Je trouve simplement que la techno-science d'aujourd'hui n'est pas réformable. On nous dit de faire confiance au progrès etc, que ça crée des problèmes que ça résout aussitôt. Je ne demande pas plus et n'incrimine aucun ingénieur ou autre ni ne le victimise d'ailleurs. C'est toute la place de la science et de la technique dans une societé donnée qui est ici en jeu. J'estime qu'un cran d'arrêt doit être activé de temps à autre pour voir ce qu'il en est, une sorte de moratoire latent et permanent imbriquée dans la structure de l'organisation sociale même et non pas un organisme consultatif éthique d'experts comme c'est le cas présentement. Ca serait l'occasion d'asseoir un débat sur le pas à poursuivre dans le but que ça aille mieux pour tous.
C'est un secret pour personne que la science et sa valorisation (positive, négative, indifférente) est un produit du contexte politique du moment. Il ne s'agit pas d'un retour à l'âge de pierre mais de faire cesser le gaspillage actuel des ressources mentales notamment (travail en miettes détaché du point de vue individuel) et le primitivisme est une piste parmi d'autres pas en tant que programme ordonné prêt à l'emploi mais de référence écologiste qui conduit à penser que l'individu ne doit consommer que ce dont il a besoin vitalement en ressources finis et non de s'empêtrer dans une course compétitive pour seulement faire marcher la machine productiviste. Un exemple parmi d'autres, le mouvement des freegans déjà cité par chaperon rouge, ce sont des gens qui font les poubelles des ménages, réstos, superette,... et récoltent ce qui est encore comestible. On imagine que si tout le monde faisait comme eux, de nouveaux marchés se mettraient aussitôt en place pour se faire du fric dessus, ça s'appelerait l'Ordurama. Il y a aussi cette affaire de décroissance économique dont je ne suis pas sûr: ça a des relents réformistes car après un seuil soutenable d'exploitation, devrions-nous revenir à la croissance d'avant et boucler la boucle ? C'est pas fiable mais bon, à suivre. Plus philosophiquement, il y a le mouvement de la simplicité volontaire qui rejoint un peu le désengagement face au capitalisme que j'ai évoqué auparavant.
Une civilisation est un groupe étendu de personnes organisés en classes divisées selon le rang aristocratique (famille régnante, clan dominant), religieux (prêtre, sorcier), technique (ingénieur, executant) chapeauté par une bureaucratie politico-gestionnaire infiltrée dans les strates de la societé.
Une anti-civilisation est un groupe restreint de personnes organisées sans classes dont le but est la satisfaction directe des besoins des individus égaux et solidaires en vue de profiter au maximum des plaisirs et loisirs en ayant une ou plusieurs activités par personne adaptables à la vie de la commune.
Pourquoi ne pas s'inspirer des modes de vie non-modernes, qu'avons-nous à perdre, nous qui avons massacré nos semblables pour asseoir un modèle menacé de disparition et la terre avec lui ? Sans faire de malthusianisme de bazar, ne faudrait-il pas penser dès maintenant à une décroissance démographique mondiale adaptée à un mode de vie en rapport étroit avec une nature exploitée écologiquement ?
2) Pourquoi le primitivisme serait la seule alternative au capitalisme ou au productivisme ?
Sans une redéfinition de la place de l'individu dans la societé, sans une autonomie de gestion et de création de valeurs communes et viables, sans l'exploration avancée des limites de l'être humain et du cosmos à travers une recherche scientifique poussée et une recherche philosophico-spirituelle sans bornes, le primitivisme est intenable et de toutes façons ne saurait être l'unique vecteur de changement vers et dans l'anarchie. Encore la science et le savoir, vous me direz, qui reviennent à l'assault, je sais et ces derniers ne sont pas non plus dissociables du contexte de la modernité telle qu'on la vit alors comment faire pour dépasser la contradiction ? Je crois qu'on n'est simplement pas préparé
collectivement sur le court terme à vivre selon un mode non-moderne pour des raisons objectives que sont: La concentration démographique dans les villes et l'innovation technique que ça sous-tend, la production et la consommation de masse standardisées, la spécialisation et l'effritement de l'activité professionnelle. En contrepartie, ça serait trop façile et vain de disperser les gens sur les routes de campagne (l'épisode des khmers rouges est là pour rappel), ni d'arrêter machinalement la production des denrées indipensables agricoles et industiels. Ce qui serait interessant c'est de mettre en avant des modèles de vivre-ensemble auxquelles on se reconnaitrait affinitairement et changerait par rapport à ça radicalement de mode de vie si on le souhaitait en pleine conscience, ceci tout en travaillant à élargir les manières volontaristes de se prendre en charge sur une base autonomiste et "municipaliste". Une sorte d'autarcie en fédération.