de Antigone » 20 Juil 2009, 17:07
Le bug a détruit le débat de ces derniers jours... mais j'ai réussi à retrouver des brouillons dans ma poubelle.
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Ce n'est pas l'argent qui fait le capitalisme. c'est le capitalisme qui fait l'argent. S'il suffisait de faire un feu de joie monétaire pour changer de société, ça se saurait et ça se serait fait depuis longtemps.
Le capitalisme ne correspond pas seulement à une forme de propriété, il désigne aussi un mode de relation entre les individus. C'est avant tout un système qui repose sur la valeur donnée à l'activité humaine. Ainsi, tout ce que les êtres humains produisent et les moyens qu'ils emploient pour y parvenir est déterminé par les rapports qu'ils entretiennent entre eux et avec leur environnement.
Le capitalisme a créé un monde où toutes les activités humaines, y compris les rêves et l'affectif, sont réduites à l'échange de marchandises. Tout se vend, tout s'achète, tout est révalé au rang d'objet, de chose. Tout est soumis aux nécessité du produit. Tout est négociable, en fonction d'un prix déterminé par la rareté du produit (l'offre), une rareté entretenue et savamment orchestrée par ce qu'on appelle le Marché. Il s'agit d'inventer en permanence de nouveaux "besoins" (la demande), de faire subir de nouvelles pénuries, de nouveaux manques que les êtres humains combleront en acceptant de se vendre pour avoir l'argent qui leur permettra de les obtenir.
Nous en sommes arrivés à une situation ou l'essentiel de ce que nous fabriquons est censé répondre à la nécessité de vendre (et d'abrutir), puisqu'aux besoins humains, le capital répond par la profusion de satisfactions factices. Pour le capitalisme, ce sont des richesses; pour moi (ou nous ?), ces richesses sont le produit de notre aliénation.
Les hommes crèvent autant de l'obsession de l'argent qui est dans leur tête que du manque d'argent sur leur compte en banque (quand il ne sont pas en interdit bancaire). La misère , ce n'est pas simplement de manquer d'argent pour se payer ses surgelés, sa bagnole ou sa baraque. La vraie misère, c'est d'être contraints de vendre sa vie à toute heure, afin d'obtenir de quoi se nourrir, se loger, se vêtir, se déplacer, et prendre du bon temps (la récompense suprème !...)
Tous les moments de notre vie sont organisés en fonction de l'argent. Il n'existe pas un secteur de l'activité humaine où le capitalisme n'attribue une valeur chiffrée. L'argent, n'est donc que la valeur d'échange de notre vie. C'est la valeur de l'homme traduite en chiffres.
Pour en finir avec l'argent, d'une façon générale avec notre soumission à des valeurs abstraites, il faudra en finir avec la domination de la marchandise, et avec les notions de compétition et de concurrence qui vont avec.
Lorsque les hommes ne seront plus contraints de vendre leurs forces, leurs facultés, leur activité pour acheter en contrepartie celles d'autres hommes, ils n’auront plus besoin d’estimer leur valeur en chiffres, ils n’auront plus besoin de payer. Dans l'absolu, pas plus l'activité humaine que l’homme lui-même, n’ont de prix.
L'argent n'est qu'un symbole attaché à un système d'exploitation, celui de notre esclavage. Que ce système disparaisse, l'argent disparaitra avec lui.
Les systèmes de transition ne font pas disparaitre les divisions entre dirigeants et dirigés. C'est ce qui les amène à devenir permanents, car on prendra toujours prétexte des problèmes non résolus "dans les premiers temps" pour péréniser la division sociale et prolonger un système qui sera toujours un système d'exploitation. On connait le capitalisme d'Etat géré par le Parti. Je m'opposerai à un capitalisme d'Etat géré, même "provisoirement" par les syndicats, avec les "sacrifices révolutionnaires" qui iront avec. Il n'y a qu'une transition qu'il faudra considérer et résoudre, ce sera celle de l'héritage que nous laissera le capitalisme (déchets, inutilité, dangerosité...)
La monnaie flottante, c'est une donnée des marchés financiers. Toutes les monnaies fluctuent. A supposer qu'il ne resterait qu'une monnaie, elle fluctuerait par rapport à quelle valeur étalon ?
Quant à l'idée d'une monnaie "périssable" qui s'auto-détruirait comme la K7 de M-I, elle est ridicule.
La question des échanges varie de tout au tout suivant les logiques et les mentalités qu'on y met. Si l'on conçoit les échanges entre les hommes de façon désintéressée et solidaire, la monnaie sera inutile. Les échanges eux-memes se dissoudront dans une mise en commun universelle. Dans le cas contraire, on maintiendra une echelle de valeurs et on restera dans le même système de domination.
Une monnaie répond à une inégalité de valeurs qui elle-même est le reflet d'une inégalité sociale. A quoi servirait alors de faire une révolution si c'est pour lui faire succéder un autre système inégalitaire ?