Ils pensent simplement que la planète se porterait mieux avec nettement moins de monde, moins de technologie, moins de civilisation et que si on laisse la biosphère retourner à un état d'équilibre, c'est ce qui se passera.
"Laisser la biosphère retourner à un point d'équilibre"... Jolie formule, sauf qu'on ne peut "laisser" quand on fait de la politique.
Si on "laisse", les capitalistes continueront à tout pourrir. Donc il faut "faire".
Que veulent faire les anarcho-primitivistes pour aller vers cet équilibre, cette régénération de la biosphère ? C'est la seule question qui vaille.
Et la seule réponse qu'ils aient apporté pour l'instant, c'est la "désertion" de la civilisation, par petits groupes ou individuelle, pour aller fonder des communautés dans les forêts (Green anarchy). Désertion en général, totalement fantasmée et qui passe par des petites annonces... sur Internet. Et qui en plus, en bon néo-colonialisme qui s'ignore, projette parfois d'aller s'installer dans les alentours de la guyane.
L'autre réponse à moyen terme qui a été avancée c'est la tenue de "camps" d'été anarcho-primitivistes où les organisateurs prennent bien soin de préciser qu'il ne faut pas oublier d'emporter, tentes, duvets, matériel pour faire la popote...
Autant d'objets en effets qui nous sont nécessaires au camping, mais qui datent d'un peu moins loin que le paléolithique.
Il y a bien une imposture "anarcho-primitiviste" (et le fait que Zerzan et bien d'autres prennent l'avion pour leurs tournées de conférence en fait partie), c'est celle qui consiste à faire rêver un futur "néo-primitiviste" inaccessible à des gens qui, à juste titre, ne supportent plus l'enfer de nos sociétés de contrôle.
Mais c'est un rêve qui ne peut trouver le moindre début de commencement de réalisation aujourd'hui.
Le projet des "anti-industriels" (néo-luddites) est d'une certaine manière plus crédible, plus désirable, plus concret et il peut trouver des débuts d'expérimentation dès aujourd'hui, même s'il ne règle pas le problème fondamental de l'Etat, de la propriété privée des multinationales et leur emprise sur le monde. Il incorpore la question des luttes, du politique, de la délibération démocratique, de la formation de réseaux de solidarités... tout ce qui fait partie des apports libertaires, et d'une certaine "modernité", celle des Lumières (mais avec une approche critique du progrès et de la technologie).
Mais en tous cas il permet de poser les bases de quelque chose, des ferments, des lieux de replis, de résistance...
Tant que je ne vois pas des hordes de chasseurs cueilleurs habillés de peaux de bêtes déambuler dans nos forêts, j'aurais du mal à prendre les anarcho-primitiviste au sérieux. Des sociétés sans tissage, sans agriculture... faudrait être gonflé pour des gens issus de sociétés occidentales.