joe dalton a écrit:redifinir, réinventer, j'aimerais que tu précise un peu plus, par ce que sur le coup je vois pas ou tu veux en venir, repenser la méthode, la tactique, mais la notion elle même ?
Nous ne sommes pas dans une situation révolutionnaire, il est donc difficle de tirer des plans sur la comète.
Ce dont on peut déjà être certains, c'est qu'à l'avenir, les contacts internationaux par en haut vont devenir ringards, les informations circuleront plus directement grâce à des structures horizontales et internet devrait jouer un grand rôle. La société a changé et je ne vois pas comment les formes qui permettront à l'internationalisme d'apparaitre ne seront pas redéfinies d'une manière ou d'une autre.
Depuis que je ne suis plus organisé, je suis surpris par le fait que les organisations révolutionnaires restent cantonnées dans leur enclos national, comme si elles cherchaient à y préserver une spécificité. Par exemple, il n'existe pas d'orgas à cheval entre plusieurs pays, ne serait-ce même que bi-nationales (ce serait déjà un début); à croire qu'une frontière puisse empêcher d'appartenir à une même organisation. (la CNT est un cas particulier)
Greenpeace a bien des antennes nationales mais c'est toujours sous la même bannière qu'elle apparait et intervient dans le monde entier.
Je constate que ce n'est le cas ni des marxistes (mais d'une certaine façon, ça se comprend), ni des anarchistes... et là, ça se comprend moins. Pourquoi reproduire l'absurdité des frontières dans notre manière de nous organiser ? La barrière de la langue existe, mais ce n'est pas une explication suffisante . Pourquoi ne pas lancer des ponts entre des villes frontalières ou presque... entre Perpigan et Barcelone, Lille et Bruxelles ou Londres etc. ?
Je suis surpris aussi par le fait que les révolutionnaires n'aient jamais cherché à tirer parti de la construction européenne. Quand l'espace Schengen a été instauré, j'ai pensé que ça allait faciliter les échanges entre les militants dans les zones excentrées, permettre de passer plus souvent d'un pays à un autre et de tisser davantage de contacts... et en fait, les comportements n'ont pas (ou si peu) changé. Pourtant, je connais des milieux, dans le domaine culturel, qui organisent depuis une quizaine d'années des rassemblements européens en été dans des pays chaque fois différents.
Les altermondialistes ont leur Forum Social Mondial; mais dans le milieu révolutionnaire, les seuls points de rencontres internationaux sont les contre-sommets anti-OMC, FMI, OCDE, BM, G7-8 etc. et où les gaz lacrymogènes ne permettent pas de discuter tranquillement.
Cette absence de carrefour inter-organisationnel international, c'est quelque chose que je déplore... bon d'accord, c'est vrai que ma jeunesse a été bercée par la fête de LO, mais ça n'explique pas tout...
S'il y a un pays avec lequel les militants français entretiennent un rapport particulier, c'est l'Espagne.
Mais on le doit aux réfugiés de la guerre civile qui se sont établis en France, aux militants espagnols de la CNT qui, pendant les années 50 à 80, sont restés fidèles à leurs idées et ont transmis leur expérience. Ce n'était pas forcément gagné d'avance.
Je me souviens d'un meeting de la CNT fin des années 70 à la Mutu un dimanche matin (il y avait la messe à côté), où la salle était remplie de vieux messieurs qui parlaient tous espagnol et qui semblaient tous se connaitre. La plupart des interventions à la tribune étaient en français mais ça faisait un peu bizarre. Les seuls français de mon âge présents vendaient des brochures anarcho-syndicalistes et leur hebdo (Espoir-CNT) au fond de la salle. Quand je suis sorti, je me suis démandé ce qui allait en rester dans quelques années... et puis voila, ça existe toujours.
Aller vers l'international n'est pas une réaction naturelle dans notre société qui préfère bien sur que tout le monde reste chez soi. L'internationalisme est une valeur qui se nourrit de la curiosité pour ce qui ne nous est pas connu.
Les barrières nationales ne tomberont pas d'elles-mêmes, c'est sûr, mais c'est dans les esprits, les mentalités et les habitudes qu'elles sont le plus difficile à faire tomber. Et puisque la dominaton marchande est plus que jamais mondialisée, sa contestation devra l'être tout autant. On n'a pas le choix.
Il faudra lancer des initiatives, créer des points de rencontres. Il faudra y mettre de la volonté, quitte à forcer un peu les choses, sinon la question de l'internationalisme continuera de se poser comme un voeu.