dans un élan révolutionnaire supprimons la valeur

Re: dans un élan révolutionnaire supprimons la valeur

Messagede Floran Palin » 24 Jan 2015, 10:52

luco a écrit:Question à cent balles :

Quelle est la valeur du théoricien Moishe Postone et des autres penseurs de la théorie critique qui ne vont quand même pas jusqu'à refuser leur salaire d'universitaires appointés par l'Etat ?

Question de détail :

En quoi cette "nouvelle" théorie se distingue de la critique marxiste du fétichisme de la marchandise ?

Enfin question subsidiaire :

Il ne suffit pas de vouloir abolir la valeur (c'est la critique marxiste depuis le début), mais de dire comment.

C'est malheureusement là que ça se corse.

Car débarrassé de son jargon universitaire et son charabia marxien, la Théorie critique se résume à l'An 01 de Gébé : on arrête tout.

Mais le scénario de Gébé avait l'avantage de poser quelques critiques à sa critique...

Bref, la théorie critique est certainement un outil utile contre le kéynésiannisme anti-libéral des alter-capitalistes, mais je ne suis pas sûr qu'il apporte grand chose par rapport au marxisme d'une part, et aux débats théoriques qui secouent le mouvement d'émancipation socialiste depuis bientôt deux siècles, d'autre part.


C'est très bien de développer des outils contre le keynésianisme de gauche, on en a grand besoin, car le mouvement social semble largement traversé par cette logique.
La Wertkritique à le mérite de ré-attirer l'attention sur le fétichisme de la marchandise non seulement du point de vue idéologique, ce qui à été fait par Lukacs, Debord, Marcuse, etc. mais aussi du point de vue économique.
Elle pose une autre interprétation de la crise financière, reliée à la crise première (baisse tendancielle du taux de profit).

Quant à la question du comment, on trouve des pistes dans le manifeste contre le travail:
http://espritcritiquerevolutionnaire.revolublog.com/ou-nous-mene-la-critique-de-la-valeur-a113952766

En termes de stratégie de basculement, je pense que le mouvement communiste libertaire à déjà développé son idée : luttes sociales, autogestion, démocratie directe, contre-société autonome... Et sera capable de s'adapter.
Manque peut-être un travail d'explication sur la possibilité d'une société débarrassée du procès de valorisation capitaliste, qui n'est aujourd'hui mené par quasiment aucune organisation militante (au mieux, on peut espérer des formules incantatoires comme : "on abolira la propriété privée des moyens de production", "on produira en fonction des besoins", et parfois, "l'argent sera supprimé", apparaissant comme de grands principes, sans plus d'explications).

En termes de fonctionnement :

économie capitaliste :
Argent (somme disponible pour l’investissement) → investissement financier : équipement + main d’oeuvre→ travail → échange sur le marché (fétichisme marchand : pas vendu selon le coût de production, mais en fonction de la loi de l’offre et de la demande, création et manipulation des besoins) → + d’argent → extorsion de la plus-value (le capitaliste s’accapare le profit plutôt qu’il soit distribué aux travailleurs) → encore + d’argent → puis reprise du cycle au départ.
Mais en réalité :
Concurrence → investissement technique → avantage concurrentiel → plus d’argent → rattrapage technique → crise de surproduction (offre>demande pour une même production, la société ne peut acheter tout ce qui est produit, création de stocks, diminution des couts de vente pour écouler davantage que le concurrent) → moins d’argent → baisse des salaires et hausse du chômage → arrêt de la production → nouvelle hausse du chômage et pénuries.
Il existe évidemment des stratégies de contournement, qui font réapparaitre d'autres crises, toutes liées à la première.

Physionomie sociale (terme inventé par Kropotkine) et communisme libertaire :
besoin recensés → moyens matériels à disposition → nombres de personnes impliquées + prise en compte des contraintes de soutenabilité → répartition égalitaire des tâches et du temps d’activité → distribution des fruits de la production en fonction des besoins → satisfaction des besoins.

Pas besoin d'argent. Si les besoins sont correctement recensés, pas de risque de pénurie. La surproduction ne pose plus problème au niveau économique et social car la la satisfaction des besoins ne dépend plus d'un revenu lié à la vente du produit. Le seule problème d'une surproduction réside dans le franchissement des seuils de soutenabilité biologiques (emprunte écologique, épuisement des ressources, dégradations climatiques), ce qui implique une réflexion de la société sur l'autolimitation et la pertinence de la satisfaction ou de la non-satisfaction de certains besoins.

F. ECR
Avatar de l’utilisateur-trice
Floran Palin
 
Messages: 45
Enregistré le: 05 Jan 2015, 10:33

Re: dans un élan révolutionnaire supprimons la valeur

Messagede bipbip » 11 Oct 2015, 17:56

Crise économique et révolution : se débarrasser des interprétations mécanistes de la théorie de Marx

La critique de la valeur et de l’économie politique sont bien souvent assimilées à des schémas déterministes, selon lesquels les individus ne seraient que les agents, les vecteurs, et non les acteurs de la construction du communisme. Le passage du capitalisme au communisme est envisagé comme un processus donné à l’avance et le dépassant largement. Ce type d’interprétation de la théorie de Marx à donné lieu à deux conséquences majeures au sein des mouvements révolutionnaires : l’attentisme et le dirigisme bureaucratique. Si la révolution suppose une stratégie différente, la critique systémique du capitalisme n’en demeure pas mois valide pour autant.

... http://espritcritiquerevolutionnaire.re ... a117753986
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 10:05

Précédente

Retourner vers Débats théoriques

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun-e utilisateur-trice enregistré-e et 6 invités