Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Rocky_Balboa » 04 Juil 2014, 10:44

Salut tout le monde !

Une annonce pour un livre en souscription actuellement :

Guillaume Davranche
Trop jeunes pour mourir. Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914)

L'Insomniaque/Libertalia, 544 pages.

Sortie le 21 novembre 2014.

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Une souscription est ouverte afin d’assurer au livre un prix modique (20 euros) malgré sa douillette épaisseur. Plusieurs possibilités sont offertes aux souscripteurs et souscriptrices. L'objectif est de réunir 2000 euros d'ici le 12 août.

Toutes les infos sont sur le blog http://tropjeunespourmourir.com

La présentation par Libertalia :

Trop jeunes pour mourir. Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914) raconte l’histoire de l’opposition ouvrière à la montée vers la guerre, et notamment celle de sa fraction antimilitariste et « antipatriote » la plus radicale, incarnée par la Fédération communiste anarchiste (FCA), qui menace ouvertement de « saboter la mobilisation ». Animée par de jeunes ouvriers révolutionnaires de la « génération de 1906 », cette organisation était jusqu’ici très mal connue, n’ayant fait l’objet d’aucune étude spécifique.

En suivant le fil rouge de la FCA, ce livre dévoile le contexte de l’avant-guerre, souvent éclipsé par le cataclysme de 1914, et explore le mouvement ouvrier d’alors : son organisation, ses passions, ses fractions, ses controverses, ses petites et ses grandes luttes.

Il fait le récit des grèves des PTT en 1909, du rail en 1910, du bâtiment en 1911, marquées par le sabotage des lignes de communication et par la « chasse au renard ». Il narre les grandes affaires : Ferrer, Aernoult-Rousset, Métivier, Bonnot. Il raconte l’enthousiasme de la FCA pour la Révolution mexicaine, six ans avant la Révolution russe. Il explique la force motrice qu’a représenté l’hebdomadaire La Guerre sociale, adoré puis renié par les révolutionnaires. Il aborde la résurgence de l’antisémitisme et de l’antimaçonnisme en 1911, et les affrontements du Quartier latin.

Le livre explore également une période négligée du syndicalisme révolutionnaire français, alors que l’âge « héroïque » de la CGT (1901-1908) est révolu et que, frappée par l’État, elle se déchire sur la stratégie à adopter. Il pointe la montée des femmes et de la « main d’œuvre étrangère » dans le débat syndical à cette époque. Enfin, dans un climat militariste et belliciste que l’on peine aujourd’hui à imaginer, il détaille la répression contre les syndicalistes et les anarchistes : le retour des « lois scélérates » de 1894, la menace du bagne militaire (« Biribi »), du Carnet B et du peloton d’exécution.
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 24 Aoû 2014, 13:16

"Trop jeunes pour mourir" : souscription bouclée à 125% !

Merci à toutes celles et ceux qui ont participé !

Grâce à cet apport, un tiers des frais d’impression est d’ores et déjà couvert. Ce livre sera en effet mis sous presse non pas dans un pays à bas coût (contrairement à un usage trop répandu chez les éditeurs “de gauche”), mais dans une imprimerie de Clermont-Ferrand.

Grâce à cet apport, ce livre sera disponible en librairie, en novembre 2014, pour un prix raisonnable (20 euros) malgré sa douillette épaisseur (544 pages).

Il est toujours possible de le commander auprès des
éditions Libertalia http://editionslibertalia.com/trop-jeunes-pour-mourir
ou des
éditions L’Insomniaque http://www.insomniaqueediteur.org/publi ... nes-mourir



Le Blog "Trop jeunes pour mourir. Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914)"
offre de nombreux éléments, parcelles d’Histoire, et illustrations.
http://tropjeunespourmourir.com/
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 12 Nov 2014, 12:22

Samedi 15 novembre à Saint-Denis

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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 16 Nov 2014, 02:55

La tournée Trop jeunes pour mourir

18 novembre :
sur Radio libertaire, à 20h, dans l’émission Lumière noire, avec Agnès Pavlowski

21 novembre :
à Erquery (60), à 20h30, à la Grange-Erquery, 16, rue de la République
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 27 Nov 2014, 14:39

La tournée Trop jeunes pour mourir

4 décembre :
à Montreuil (93), à 19h, à la médiathèque Robert-Desnos, 14, boulevard Rouget-de-Lisle

8 décembre :
à Bordeaux (33), à 20h, à l’Athénée libertaire, 7, rue du Muguet

9 décembre :
à Agen (47) [horaire à venir], au cinéma Les Montreurs d’images, 12, rue Jules-Ferry

10 décembre :
à Toulouse (31), dans le cadre de l’Université populaire, de 18h à 19h, à la librairie Terra Nova, 18, rue Léon-Gambetta ; puis à partir de 20h45 au Bijou, 123, avenue de Muret.

11 décembre :
à Montpellier (34), 19h, à la librairie Scrupules, 26, rue du Faubourg-Figuerolles

12 décembre :
à Marseille (13), à 18h30, au Centre international de recherches sur l’anarchisme (CIRA), 50, rue Consolat.

13 décembre :
Grenoble (38), à 17h30, à la librairie Antigone, 22, rue des Violettes

14 décembre :
Lyon (69) [précisions à venir]

15 décembre :
à Dijon (21), à 19h, au Black Market, 59, rue Berbisey

20 décembre :
sur Radio libertaire, à 13h30, dans l’émission Chroniques rebelles, avec Christiane Passevant
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 08 Jan 2015, 15:46

9 janvier :
à Bobigny (93), à 18h30, à la librairie A la librairie, 23 boulevard Lénine

10 janvier :
à Paris, à 15h30, en débat avec Anne Steiner, dans le cadre du RDV des Editions Libertalia, au CICP, 21 ter rue Voltaire
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 10 Jan 2015, 15:34

Sabotages, meetings monstres et chaussettes à clous... quand les anarchistes tenaient le haut du pavé

Juste avant 1914, l’anarchisme a donné le "la" de la contestation ouvrière. Guillaume Davranche le raconte dans "Trop jeunes pour mourir". Entretien.

On ne le sait pas : aujourd’hui relégué à la périphérie du paysage politique, l’anarchisme fut, au début du XXème siècle, l’un des grands animateurs de la gauche française. Sa présence était particulièrement marquante à la CGT, qui était le cœur de la contestation politique et où cohabitaient trois écoles de pensées: le réformisme (incarnés par Jaurès), les vieux marxistes (héritiers de Guesde et Blanqui) et les libertaires.

Dans « Trop jeunes pour mourir », l’historien Guillaume Davranche décrit les derniers feux de l’anarchisme, juste avant la guerre de 14-18: la lutte contre la montée du militarisme, la propagande, les sabotages, les débats autour de la bande à Bonnot, les tiraillements au sein de la CGT… jusqu’au divorce final. Car, aux lendemains de la guerre, sous le double effet de la fièvre patriotique et de la Révolution russe, l’anarchisme sera balayé du paysage politique français.

Pour BibliObs, l’historienne Marianne Enckell s’est entretenue avec l’auteur de cette fresque étonnante.


Marianne Enckell
Les 500 pages de votre livre racontent, presque au jour le jour, cinq années d’affirmation et de luttes du mouvement ouvrier, principalement syndicaliste et anarchiste, en France, de 1909 à 1914. On comprend que l’histoire se termine à la date de la guerre; mais pourquoi débute-t-elle en 1909 ?


Guillaume Davranche
Dans l’histoire du mouvement ouvrier français, les années 1909-1914 constituaient jusqu’ici une période très mal connue, peu étudiée, sans doute en raison de son caractère intermédiaire entre la «période héroïque» de la CGT (1902-1908) et la Grande Guerre. En effet, à partir de 1909, la CGT marque le pas, puis enchaîne les revers. Peu à peu, l’organisation perd confiance et entre en crise. Malgré cela, c’est une période pleine de luttes passionnantes et de débats dont certains restent d’actualité.

L’histoire de la lutte contre la guerre, qui domine l’action ouvrière entre 1911 et 1914, est totalement méconnue. Du point de vue anarchiste, cette période 1909-1914 voit l’émergence de la première organisation nationale, la Fédération communiste anarchiste (FCA). L’année 1909 voit les premières réactions, au sein du milieu libertaire, contre l’influence prépondérante de Gustave Hervé et de son journal, «la Guerre sociale». Se méfiant d’Hervé, dont ils avaient décelé les équivoques, un groupe de militants parisiens a, cette année-là, commencé à le contester. De leurs efforts, au terme de vifs débats et de diverses péripéties, va naître fin 1910 la FCA, dont l’histoire constitue le fil rouge de ce livre.

Quel fut le rôle de la FCA, petite organisation anarchiste, par rapport à la grande CGT ?

La FCA influence la gauche de la CGT, dont les bastions sont les syndicats parisiens du Bâtiment et certains syndicats des Métaux (dont Paris et Saint-Etienne), animés par des anarchistes ou par des syndicalistes révolutionnaires «ultra», en osmose avec les anarchistes. Mais la FCA est également en phase avec la direction confédérale de la CGT, pour des raisons d’affinités idéologiques. Le syndicalisme révolutionnaire, qui est la doctrine majoritaire au sein de la confédération, est en effet proche de l’anarchisme sur des points essentiels : le mépris pour l’action parlementaire, la primauté donnée à l’action directe des travailleurs.

Dès 1909, plusieurs responsables cégétistes, libertaires ou non, ont vu d’un bon œil l’émergence d’une organisation anarchiste susceptible de faire contrepoids, sur la gauche de la CGT, à l’influence du Parti socialiste [autre nom de la SFIO, NdlR] sur sa droite. L’organisation syndicale est neutre et indépendante mais, jusqu’en 1914, bon nombre de ses responsables n’hésitent pas à parrainer individuellement l’action anarchiste. On est entre gens de confiance.

Un divorce cruel intervient à l’été 1913. La CGT est alors confrontée à une violente répression et, ne se sentant pas la force de durcir le bras de fer, choisit de faire le dos rond, malgré l’insistance de sa gauche. Dès lors, une crise violente éclate en son sein. Pendant plusieurs mois, la gauche de la CGT, dont l’hebdomadaire de la FCA, «Le Libertaire», se fait le porte-voix, mène une polémique intense contre la direction confédérale, l’accusant de recentrage, de trahison, de capitulation, de bureaucratisation… C’est la fin d’une époque.

Vous prenez honnêtement et ouvertement parti. Le moins qu’on puisse dire, c’est que vous n’aimez pas les anarchistes dits «individualistes» et que vous ne perdez pas une occasion de les maltraiter; je suppose que ce sont les éditeurs qui se sont amusés à faire figurer en cul-de-lampe les Pieds Nickelés… Les travaux d’Anne Steiner ou de Gaetano Manfredonia ne donnent-ils toutefois pas une image plus fine d’eux ?

Les pages que je consacre aux anarchistes individualistes doivent justement beaucoup aux travaux d’Anne Steiner («Les En-dehors», 2008) et de Gaetano Manfredonia («L’Individualisme anarchiste en France [1880-1914]», 1984) qui, eux-mêmes, se montrent critiques sur ce courant. Cependant, je ne pense pas les avoir spécialement malmenés.

Si le livre donne cette impression, cela peut tenir à deux raisons. La première, c’est que la période 1909-1914 voit la déliquescence de cette mouvance, qui s’entredéchire dans des querelles internes assez peu politiques. Les rixes sanglantes qui, en 1910, opposent les «scientifiques» et les «sentimentaux», écœurent de nombreux individualistes qu’on retrouvera ensuite à la FCA, à la CGT ou à «La Guerre sociale». En 1912-1913, la cavale de la bande à Bonnot s’achève dans une atmosphère de délation, de retournements de veste et de sauve-qui-peut qui accélérera cette désagrégation du milieu individualiste.

La seconde raison, c’est que ce livre étudie les réactions des syndicalistes et anarchistes à ces diverses péripéties, et notamment à l’affaire Bonnot. Curieusement, cela n’avait jamais été vraiment fait. Or les révolutionnaires, après être restés sur leur réserve pour ne pas paraître crier avec les loups, publient des analyses politiques sans concession de toute cette affaire. Et, en coulisse, leur sentiment est sévère : dépit, consternation, colère contre ce gâchis… Apporter l’éclairage critique des contemporains ne pouvait pas aider à redorer le blason de l’individualisme.

Vous décrivez les grèves avec les séquestrations, la machine à bosseler et la chaussette à clous…. Quand les techniques de sabotage se sont-elles développées? Puis quand et comment ont-elles disparu, si elles ont disparu des milieux syndicalistes ?

La « machine à bosseler » et la « chaussette à clous », ce sont en fait les coups de poing et de pied qu’on promet aux « jaunes » pendant les grèves. C’est une pratique courante au sein de la puissante fédération du Bâtiment, qui forme l’épine dorsale du syndicalisme révolutionnaire. Cette formule imagée circule beaucoup à l’époque – que ce soit pour la dénoncer, dans la presse et à l’Assemblée, ou pour la revendiquer avec ironie. Le poète Gaston Couté en tirera même une chanson provocatrice en 1910: «Brave Chaussette à clous».

Dans le registre de l’action directe, on peut aussi citer la campagne contre les bureaux de placement (les agences d’intérim de l’époque) en 1903, et celle contre l’ouverture des magasins le soir et le dimanche, en 1911. Dans les deux cas, les militants de la CGT ne se contentent pas de revendiquer: ils brisent des vitrines et renversent des étals pour obliger le patronat et le législateur à les écouter.

Le sabotage ouvrier, lui, a été adopté par la CGT dès son congrès de 1897, sur proposition d’un groupe de délégués anarchistes, dont Émile Pouget. À l’instar de la grève et du boycott, il s’agit d’une tactique de lutte qu’on peut résumer par le slogan «À mauvais salaire, mauvais travail». Il peut s’agir de ralentir la production, ou de la rendre inutilisable. Dans la réalité, cette tactique semble avoir été peu usitée.

En revanche, les années 1909 à 1911 sont marquées par des milliers d’actes de sabotage en soutien à la grève des PTT, puis à la grève du rail. Dans les régions où le mouvement anarchiste est fort, des équipes grimpent, la nuit, aux poteaux télégraphiques, et sectionnent les fils. Et «Mamzelle Cizaille», comme la surnomme «La Guerre sociale», poursuit son œuvre pendant des mois après, pour contraindre le gouvernement à réintégrer les grévistes révoqués.

C’est donc un sabotage d’une nature différente de celui défini en 1897. Il semble tomber en désuétude après qu’en 1911 un sabotage maladroit sur une voie ferrée ait failli provoquer des morts. Devant le scandale, «La Guerre sociale» prend alors ses distances et estime publiquement que cette tactique de lutte n’est plus appropriée.

Vous mentionnez aussi à plusieurs reprises la formation des militants, syndicalistes ou propagandistes. Était-elle systématique, à Paris et en province ?

On apprenait essentiellement l’art oratoire sur le tas. Il faut dire que le meeting constituait, à l’époque, une des activités militantes de base. La télévision n’existait pas, les gens sortaient beaucoup le soir et allaient volontiers écouter des conférences, des orateurs, assister à des débats contradictoires.

La FCA pouvait attirer 80 à 100 personnes dans de petites salles de proximité, et 600 à 1000 dans de grandes salles. Les syndicats, eux, attiraient dans des proportions bien supérieures : jusqu’à 10.000 ou 15.000 personnes dans les «meetings monstres» à l’occasion d’une grève ou d’une campagne d’opinion. Et tout cela sans sonorisation !

Il fallait donc avoir du coffre pour monter à la tribune et se faire entendre. S’essayer à une petite tribune, puis à des tribunes de plus en plus impressionnantes faisait partie de l’apprentissage du militant, qui pouvait parfois, en outre, bénéficier d’une formation. En 1912, la FCA mit ainsi sur pieds une «école du propagandiste» où des camarades expérimentés pouvaient dispenser des cours sur la pensée anarchiste ou sur la technique oratoire.

L’expérience la plus intéressante que j’aie relevée est celle du «Comité féminin», actif en 1912-1913, et principalement animé par des militantes de la FCA. Avec l’aide d’Henri Antoine (le fils d’André Antoine, fondateur du Théâtre libre), elles ont organisé des cours de théâtre et de diction pour former des oratrices ouvrières – une espèce alors très rare !

Dans votre livre, vous mélangez allègrement les citations: presse quotidienne, presse militante, archives de police, mémoires et travaux… Des historiens pointilleux pourraient vous le reprocher.

J’ai détaillé mes sources dans une interview au blog Samarra http://samarrablog.blogspot.fr/2014/12/ ... rs-et.html, réalisé par un collectif d’enseignants d’histoire-géographie. La matière première, je l’ai trouvée aux archives de la préfecture de police de Paris, et extraite de volumineux cartons bourrés des rapports d’indicateurs infiltrés dans la FCA.

Mais on sait quelle distance critique il faut avoir vis-à-vis des rapports d’indicateurs, dont certains travestissaient la réalité pour se faire bien voir de leurs employeurs à la Sûreté générale. J’ai donc systématiquement recoupé leurs informations avec d’autres sources – notamment la presse militante et la presse quotidienne – en visant l’exactitude factuelle.

Toutefois l’exactitude factuelle ne suffit pas. Je voulais également approcher au plus près l’état d’esprit des militants de l’époque, comprendre leurs motivations et évaluer l’importance réelle que certains débats avaient pour eux. Pour cela encore, il est indispensable de recouper les sources, de faire dialoguer la presse militante dans toute sa pluralité.

Propos recueillis par Marianne Enckell
(Centre International de Recherches sur l'Anarchisme, Lausanne)

http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20 ... -pave.html
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 26 Jan 2015, 00:59

[Audio] Trop jeunes pour mourir - présentation :
https://soundcloud.com/guillaume-davran ... esentation

C'est vraiment une mine d'or sur cette période, avec un éclairage important tant sur le plan de l'Histoire du mouvement ouvrier que du mouvement anarchiste.
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede dom » 26 Jan 2015, 10:24

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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 02 Fév 2015, 12:16

Tournée de l’Ouest

3 février 2015 : à Orléans (45), à 18h30, à la librairie Les Temps modernes, 57 Rue Notre-Dame-de-Recouvrance

4 février : à Tours (37), à 19h, dans l’émission Demain le Grand Soir sur Radio Béton ; à 20h30 au bar des Colette’s, 57, quai Paul-Bert

5 février : au Mans (72), à 19h, à la librairie L’Herbe entre les dalles, 7 rue de la Barillerie

6 février : à Angers (49), à 20h30, à l’Étincelle, 26, rue Maillé

7 février : à Rennes (35), à 17h, à la librairie Pecari amphibie, place Sainte-Anne
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 24 Fév 2015, 11:48

Samedi 28 février à Paris,
. de 13h30 à 15h30, sur Radio libertaire, en débat avec Jean-Claude Lamoureux, auteur des Dix derniers jours, dans l’émission Chroniques rebelles de Christiane Passevant.
. de 16h30 à 19h, à la librairie Publico, 145, rue Amelot.
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 11 Avr 2015, 12:05

Rencontres avril

14 avril : à Ivry-sur-Seine (94), à 19h, à la librairie coopérative Envie de lire, 16, rue Gabriel-Péri

18 avril : à Rouen (76), à 16h30, pour la Journée de l'édition libertaire de la librairie L'Insoumise, 128 rue Saint-Hilaire
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 02 Mai 2015, 17:43

8 mai : à Montreuil (93), au festival de la CNT-F à la Parole errante, 9 rue François-Debergue


«Une véritable découverte»

Plusieurs sujets actuels et des aspects moins connus font de ce livre une lecture passionnante.

Le premier attrait est que la période1909-1914 de l’histoire sociale française est mal connue. Et même,presque un trou noir sur le plan de l’activité anarchiste. C’est donc un éclairage, non seulement nouveau, mais c’est une véritable découverte. […]

Guillaume Davranche a su tirer partie de la platitude apparente du moment historique étudié, en tissant son récit selon les élans, les émois, les conflits qui surgissaient. On a, par conséquent, une chronique très vivante, accompagnée d’une riche iconographie fondée sur des caricatures de l’époque, constamment présentes, mais non pas envahissantes.

Elles commencent, d’ailleurs, par de truculents portraits d’individualités et de tendances, contradictoires, qui ont animé ces années 1909-1914.

Pourquoi « contradictoires » ?

Janvion, par exemple, a été anarchiste, puis syndicaliste critique de la charte d’Amiens « neutraliste » et des fonctionnaires syndicaux (quasi inamovibles).

Jusque là, tout va bien, mais Janvion était obsédé par le complot juif et maçonnique qu’il flairait et gonflait dans les milieux prolétariens. Tant et si bien, qu’une fois directeur du périodique Terre libre, il finit par devenir un bon xénophobe en 1914.

Bref, après les portraits, le lecteur est séduit, et il peut aborder les 450 pages (moins en en retranchant l’iconographie), à lire ou à consulter selon ses préférences, comme le propose l’auteur. Sur ce plan, les index de matières et de noms sont une aide précieuse, indispensable.

Un second aspect qui me tient à cœur est la CGT. Face au militarisme et au pacifisme, elle a tellement hésité sur quel pied danser qu’elle s’est enlisée définitivement dans l’impuissance en 1914. Gustave Hervé, grand démagogue, belle plume et grande gueule, a longtemps courtisé la CGT, puis a voulu la marier au PS. Mais même sans Hervé, la CGT, là aussi, hésitait. […]

Un troisième aspect, très intéressant, renforce nos convictions libertaires sur le climat politique et patronal presque constamment nauséabond, et les compromissions inévitables des tendances du Parti socialiste. Et pour la dégringolade dans le réformisme, la CGT va finir par être à la remorque des socialistes et des gouvernants, avant l’apothéose de la négation de la lutte de classe durant presque tout le temps de la Première Guerre mondiale. […]

Quatrième plan, qui ne concerne pas que la CGT, bien entendu, c’est le système des « permanents » ou « fonctionnaires syndicaux », termes plus exacts, puisqu’il s’agit de salariés d’une centrale syndicale.

Dans la période 1909-1914, le problème va souvent se reposer violemment (p. 147) et ressurgir durement à propos de la non-rééligibilité des fonctionnaires syndicaux (pp. 423, 427-431, 460-463). Je crois que tout le problème tient en deux remarques liées à la pratique (p. 461) : « Si nous voulons pouvoir tabler sur la valeur morale des individus que nous plaçons à notre tête, il ne faut pas que les postes qu’ils occupent soient considérés par eux comme une sorte de sinécure à vie ». Mais « il y a pénurie de gens qui veulent prendre des responsabilités ». Et le résultat a été que dans la CGT, entre 1909 et 1914, la non-rééligibilité des fonctionnaires syndicaux n’a presque jamais été adoptée. […]

Un cinquième attrait concerne la moitié du prolétariat et de la société : les femmes d’en bas, dans le sens des ouvrières et des ménagères. Et ces dernières vont lancer spontanément un mouvement d’action directe pour obliger « les marchands à vendre le lait, le beurre, les œufs au prix fixé par elles » (p. 189), et elles créent, de surcroît, des ligues ou des syndicats de ménagères, avec l’aide des bourses du travail et de syndicalistes hommes qui se rendent compte de l’efficacité des femmes. D’autres aspects sont présentés par l’auteur, notamment les rapports des femmes ouvrières ou ménagères avec leur famille (pp. 325, 327), et avec les féministes : « Théoriquement favorables à la journée de huit heures, ces dernières jugeaient en effet inconcevable que leurs petites bonnes puissent en bénéficier » (p. 322)

Le sixième point souvent abordé est la franc-maçonnerie (F.M.) et le mouvement syndical et anarchiste (voir l’index des matières et surtout la p. 446). […]

Un septième aspect très important concerne les facettes puantes et respectables de l’anarcho-individualisme en proie à un paroxysme de tensions (p. 41), parfois meurtrières (p. 108), puisque les discussions entre individualistes (« scientifiques » et « sentimentaux », p. 42) – du moins en 1910 – utilisaient les balles pures et dures. Ce comportement peut expliquer une certaine attirance pour les délinquants, vus comme des révoltés, des libertaires en puissance. […]

Enfin, l’anarchisme organisé, social, responsable (ou presque) émerge, puis se développe avec force. C’est la FCAR : Fédération communiste anarchiste révolutionnaire, dont le Manifeste (pp. 525-526) est bref et clair, tout en étant sans ambigüité sur le syndicalisme, l’illégalisme et l’individualisme (abordé intelligemment à mon avis). L’anarcho-individualisme est « erroné et décevant », mais la FCAR « respecte l’indépendance des individus et le but recherché est que tous les individus débarrassés de l’autorité politique […] puissent, physiquement, intellectuellement et moralement, s’épanouir dans la vigueur, le savoir et la bonté. »

L’ouvrage foisonne de multiples centres d’intérêt avec l’actualité et chacun-e y trouvera les siens.

Frank Mintz, 24 mars 2015

http://www.fondation-besnard.org/spip.php?article2333
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Lila » 14 Mai 2015, 20:31

A lire : Un extrait de "Trop jeunes pour mourir. Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914)" de Guillaume Davranche

Les grèves de midinettes et la semaine anglaise

Les années 1911-1914 marquent une reprise de l’intérêt du mouvement ouvrier pour les luttes et l’organisation des femmes. La révolte contre la vie chère, en août-septembre 1911, a vu la CGT s’impliquer aux côtés des ménagères1. Mais ce sont surtout les grèves des couturières – les « midinettes » – de la maison Esders, entre juillet 1910 et janvier 1912, qui marquent un tournant.

La chaîne de magasins Esders fait travailler des centaines de confectionneuses à domicile ou en atelier. Celles-ci entrent en lutte plusieurs fois entre juillet 1910 et mars 1911, tantôt à Paris, tantôt à Lyon, pour des questions de salaire ou de simple dignité ouvrière. La Voix du peuple lesencourage sans relâche et les appelle à former des syndicats2. La fédération de l’Habillement, avec son secrétaire Pierre Dumas, est à fond derrière elles. À Lyon, l’Union des syndicats du Rhône organise pour elles des "soupes communistes" avec l’aide du syndicat des cuisiniers. En conséquence, les midinettes affluent à la fédération de l’Habil­lement, qui recueille 800 adhésions en quelques semaines3.

En novembre 1911, un nouveau conflit éclate chez Esders. Ce sera la plus importante lutte de midinettes jusqu’aux fameuses grèves de 1917-1918.

Elle va cependant être éclipsée par la grève épique des taxis autos qui s’étale sur près de cinq mois et connaît force rebondis­sements, avec rixes sanglantes entre jaunes et grévistes, interventions policières et incendies de voitures4.

La grève des midinettes va quant à elle durer huit semaines, jusqu’en janvier 1912. Quasi ignorée de la presse bourgeoise, elle va en revanche être suivie de près par La Bataille syndicaliste, L’Humanité et La Voix du peuple. La Guerre sociale et Le Libertaire s’en font également l’écho5.

Le conflit éclate le 25 novembre contre une baisse des tarifs à la pièce, aux ateliers Esders du 77, avenue Philippe-Auguste, à Paris 11e6. Chaque jour, une assemblée générale se tient à la bourse du travail, avec le soutien du syndicat de l’Habillement de Paris, qui verse 2 000 francs à la caisse de secours. Les midinettes partent ensuite manifester dans les beaux quartiers, où sont situés les quatre magasins Esders de Paris, dûment gardés par la police. Au total, 500 femmes et 100 hommes participent au mouvement7.

Bientôt, les rayonnages se dégarnissent, gênant Esders à l’approche des fêtes de fin d’année. Le 13 décembre, l’Union des syndicats de la Seine fait placarder une affiche appelant « les ouvriers, les ouvrières, les employés, les ménagères, tous les prolétaires » à boycotter Esders "qui nie à des femmes le droit de vivre en travaillant." 8Une notion qui, dix ans auparavant, n’allait pas de soi !

Les manifestations, elles, se durcissent. La police brutalise les midinettes et procède à des arrestations. Quelques-unes sont condamnées pour "outrage et rébellion" 9.

Le dimanche 24 décembre 1911, l’Union des syndicats de la Seine appelle à manifester en solidarité avec elles. De nombreux militants ouvriers – dont ceux de la FRC – accourent, et 3 000 personnes défilent du pont Neuf à la tour Saint-Jacques en conspuant Esders. Aux abords des magasins, de violentes bousculades ont lieu avec la police. Des vitrines sont abattues avant que les rideaux de fer aient pu être baissés. Les Bakounistes, le groupe de choc de la FRC, qui fait sa première apparition dans la rue à cette occasion, échange des coups avec la police10. Bien que boiteux, Pierre Dumas, secrétaire de l'Habillement, est molesté et placé en garde à vue11.

Quelques jours plus tard, la fédération de l’Habillement constate qu’Esders a augmenté les effectifs dans son atelier lyonnais pour assurer la production bloquée à Paris. On envisage d’étendre le mouvement à Lyon, mais sans succès.

Finalement, voyant la fin des fêtes se profiler sans qu’Esders ait daigné négocier, les grévistes votent la reprise du travail pour la 2e semaine de janvier mais "tous ensemble ou pas du tout" : il faut que le patron reprenne tout le personnel sans discrimination12. Au sortir de cette grève mémorable, malgré la défaite, le syndicat de l’Habillement a le vent en poupe. Plusieurs militantes ou sympathisantes de la FRC – Thérèse Taugourdeau, Berthe Vauloup, Berthe Lemaître, Henriette Tilly, Émilie Jacquemin – elles-mêmes couturières, sont vraisemblablement actives au syndicat.


La grève Esders marque un tournant dans l’intérêt que la CGT porte au prolétariat féminin. Pour la première fois, les femmes vont faire l’objet d’une propagande spécifique à l’occasion de la campagne pour la "semaine anglaise", qui débute quelques semaines plus tard13.

Lors de sa conférence extraordinaire de juin 1911, la CGT avait décidé de relancer l’action pour la réduction du temps de travail mais, en modifiant l’axe revendicatif. Les huit heures par jour, qui avait porté la remarquable campagne de 1905-1906, avaient été jugées trop rigides, pas forcément adaptées à chaque corporation. La semaine anglaise – c’est-à-dire l’interdiction de travailler le samedi après-midi – avait paru plus facile à manier, notamment pour les salariés du commerce. La CGT retrouvait ainsi un objectif structurant, avec lequel même les fédérations réformistes étaient en accord. Déjà, lors de cette conférence de juin 1911, Pierre Dumas, de l’Habillement, avait insisté sur l’attrait de cette revendication auprès de "l’ouvrière" : "Prise à la fois par l’atelier ou l’usine et son intérieur, elle mène le plus souvent l’existence d’une esclave : le repos du samedi après-midi sera, pour elle comme pour l’employé, comme pour le coiffeur, la conquête du repos hebdoma­daire." 14

Un mois plus tard, la CGT adressait à chaque bourse du travail un questionnaire sur le travail des femmes, afin d’en évaluer plus précisément la situation15. Bien peu de réponses sont remontées, signalant le désintérêt persistant pour cette question chez les militants de base16.

Cela ne décourage pas Pierre Dumas, qui développe une argumentation très moderne pour l’époque. Grâce à la semaine anglaise, explique-t-il, l’homme « sera amené à prendre sa part des travaux qui sont exclusivement abandonnés à la femme. Il n’est plus possible de se cantonner derrière le préjugé que les soins ménagers sont du ressort exclusif de la femme. […] Puisqu’elle doit, comme l’homme, être une salariée, passer dix heures à l’atelier, apporter sa paye, les travaux qui lui prenaient tout son temps doivent être partagés. » 17

En raison sans doute des événements extérieurs – coup d’Agadir, 1re affaire du Sou du soldat, réactivation des lois scélérates, mouvement contre la vie chère – il faut attendre mars 1912 pour que débute la campagne pour la semaine anglaise.

L’article de cadrage paru dans La Voix du peuple reste dans un schéma patriarcal en expliquant que si cette revendication triomphe, les femmes pourront concilier travail salarié, travail domestique et repos dominical, oubliant au passage la question du partage des tâches ménagères18. Quelques semaines plus, le journal publie un dessin s'adressant spécifiquement aux ouvrières : on y voit une femme à l’atelier en semaine ; s’occupant de son intérieur le samedi après-midi ; passant son dimanche en loisir19.

Émile Pouget a une vision moins traditionnelle quand il évoque le « double fardeau » des femmes, salarié et domestique, et qu’il écrit que le temps libéré leur permettra de revendiquer davantage : "si, jusqu’ici, la femme s’est tenue à l’écart des syndicats, c’est parce que les préoccupations de la “tant-bouille” s’y opposaient »20.

Georges Yvetot surprend, avec un article féministe virulent dans Le Libertaire : « Oui, que les femmes pensent à elles, puisque les hommes n’y pensent que pour en jouir et pour les faire souffrir. […] La femme a sa part, sa trop large part dans la misère sociale, dans l’esclavage ouvrier et nous nous devons, militants ouvriers, de la sortir de sa situation encore plus affreuse que la nôtre. […] Disons-lui : femme, ne compte que sur toi-même, aide-toi et… ce n’est pas le ciel qui t’aidera, mais tous ceux d’entre nous qui ont des sentiments purs et une conviction forte. »21

La semaine précédente, Thérèse Taugourdeau signalait que les « appels aux femmes » étaient devenus la mode dans les milieux militants. Malgré cela, se plaignait-elle, seule une minorité d’hommes amènent leurs compagnes en réunion. D’autres rechignent à leur présence. Sa conclusion était que, pour aider les femmes à agir, il fallait « féminiser les hommes » – sans préciser ce qu’elle entendait par là22.



[Pages 322-325 - Extrait du chapitre "La FCA et les femmes".]
1. Lire "Ménagères et locataires contre la vie chère", page 188.
2. "Les vaillantes midinettes", La Voix du peuple, 17 décembre 1911.
3. Madeleine Guilbert, Les Femmes et l’organisation syndicale avant 1914, CNRS, 1966, p. 242.
4. La grève des taxis-autos, qui dura du 28 novembre 1911 au 18 avril 1912, a été narrée dans le détail par Aragon dans Les Cloches de Bâle.
5. E. Duté, "La femme dans la lutte ouvrière", Le Libertaire, 9 décembre 1911.
6. Émile Pouget, La Guerre sociale, 6 décembre 1911.
7. Émile Pouget, La Guerre sociale, 3 janvier 1912.
8. Affiche citée dans L’Humanité, 14 décembre 1911.
9. Le Petit Parisien, 19 décembre 1911.
10. Arch Ppo BA/1513.
11. L’Humanité, 25 décembre 1911.
12. L’Humanité, 31 décembre 1911.
13. Guilbert, 1966, pp. 419-420.
14. Compte rendu de la conférence extraordinaire de la CGT du 22 au 24 juin 1911, p. 40.
15. Séance du 21 juillet 1911 du comité fédéral de la section des bourses.
16. Guilbert, op. cit., p. 418.
17. Pierre Dumas, « La semaine anglaise », La Vie ouvrière, 20 décembre 1911.
18. Léon Jouhaux, «La diminution des heures de travail. La semaine anglaise », La Voix du peuple, 24 mars 1912.
19. La semaine anglaise », La Voix du peuple, 12 mai 1912.
20. Émile Pouget, « Pour syndiquer les femmes", La Guerre sociale, 24 avril 1912.
21. Yvetot, « Pour que les femmes soient avec nous », Le Libertaire, 20 avril 1912.
22. Thérèse Taugourdeau, « Féminisons les hommes », Le Libertaire, 13 avril 1912.


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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 05 Sep 2015, 14:08

La tournée Trop jeunes pour mourir

Les prochaines dates :

13 septembre : à La Courneuve (93), à 11 heures, à la fête de L’Humanité, sur le stand de l’UD-CGT de Paris.

24 septembre : à Montreuil (93), au Musée d’histoire vivante, 31, boulevard Théophile-Sueur
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