Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede bipbip » 10 Sep 2015, 13:09

Dans ce sujet avec regard rétroactif, à Lyon

Antimilitarisme et carnet B à Lyon entre 1880 et 1914

Le Centre de Documentation Libertaire de Lyon http://rebellyon.info/article2591.html propose cet article, paru originellement dans le fanzine punk Nycthémère n°3, qui nous éclaire sur comment les autorités de l’époque montraient leur hostilité aux idées anarchistes et antimilitaristes.

En juillet 1880, le gouvernement vote l’amnistie pour les anciens communards, donnant ainsi un nouvel élan à la reconstruction du mouvement ouvrier. Au même moment, la séparation institutionnelle s’opère de façon définitive entre les anarchistes et les autres fractions du courant socialiste. A échelon local, une scission au sein de la Fédération Révolutionnaire de la région de l’Est se produit en mars 1881, scission consommée à l’échelon national lors du congrès ouvrier de la région du Centre ouvert deux mois plus tard. Dès lors, le mouvement anarchiste allait mettre en place ses propres actions et ses propres organisations [1]

Le 1er août 1914, la mobilisation était décrétée en France. Le même jour, le ministre de l’Intérieur demandait aux préfets de ne pas mettre en application les disposition du Carnet B et de ne pas emprisonner préventivement les antimilitaristes. Cette surprenante mesure de modération ne peut être comprise que par l’analyse du mouvement antimilitariste et l’évolution du Carnet B, en prenant pour exemple le cas de la ville de Lyon.

1 - Les actions contre le recrutement

Le recrutement se passe en deux étapes : la conscription c’est-à-dire le recensement des jeunes en âge d’être incorporé et le tirage au sort. A l’issu de ce dernier, ceux qui tirent un mauvais numéro se voient dans l’obligation de faire un service long de 4 à 6 ans, et ceux qui tirent un bon numéro, un service court jusqu’à un an.

En septembre 1882, Antoine Cyvoct, jeune anar lyonnais, organise la grève des conscrits. C’est le 9 septembre 1882 qu’Antoine Cyvoct lança dans une réunion à la salle de l’Élysée à Lyon l’idée d’une grève des conscrits. [2] Les jeunes incorporables peuvent venir s’inscrire au bureau du journal anarchiste, Le Droit Social, les noms des signataires devant rester secrets en attendant d’être suffisamment nombreux pour mener à bien cette grève d’un genre particulier. Au final, cette entreprise s’avère être un échec cuisant, deux personnes seulement s’étant inscrites dont Cyvoct [3]. A peine un mois plus tard, le bureau de recrutement était l’objet d’un attentat à la bombe. Un engin explosif était déposé au pied d’un des murs du bureau, vers 23 heures 45 occasionnant des dégâts matériels relativement importants.

La veille, un autre attentat avait été commis contre un café honnis des anarchistes et fréquenté par la petite bourgeoisie lyonnaise, coûtant la vie à un des employés. Pour ces deux attentats, c’est le même Cyvoct qui fût dans le collimateur de la justice mais la preuve de sa participation n’a pu être établie [4]. 10 ans après ces échecs, les compagnons lyonnais forment un groupe dit de « La jeunesse anti-patriote » dont les missions étaient la grève des conscrits, la propagande antimilitariste et l’agitation lors du tirage au sort. Ils ne tardent pas à avoir l’occasion de mettre ces principes en action puisque deux d’entre eux doivent tirer au sort les 26 et 27 janvier 1892. Les résultats sont là aussi décevants, les autorités estimant que les « manifestations anti-patriotiques projetées par les anarchistes à l’occasion du tirage au sort [n’ont données] lieu hier à aucun incident » [5]. Même volonté et même résultat lorsque, moins d’un mois plus tard, un autre anarchiste, J. M. Rivoire tire son numéro [6] . Des dispositions sont pourtant prises pour aller arborer des cocardes, le drapeau rouge ou bien pour distribuer des manifestes. A plusieurs reprises, la vue des gendarmes dissuade de mener à bien la propagande (ils s’exposaient à des mesures plutôt contraignantes même pour des délits mineurs.)

2 - insoumission, désertion et propagande dans l’armée

Le jeune Rivoire a été incorporé au 114ème régiment d’infanterie dès le 15 novembre 1892. Nommé Clairon le 2 octobre 1893, il obtient de l’avancement comme caporal-clairon vingt jours après et il peut rentrer chez lui, son certificat de bonne conduite en poche [7]. Il est vrai que dans son cas, son engagement anarchiste était très fragile et les autorités l’ont radié des listes d’individus à surveiller dès son retour. Cas similaire pour un contemporain, Eugène Faty qui à l’issu de ses 5 années de service est retourné parmi les siens avec le grade de sergent [8]. Comme pour le précédent, le séjour à l’armée semble avoir été la cause d’un éloignement d’avec les idées libertaires et d’avec ses relations d’avant.

Pour un troisième, le passage sous les drapeaux ne semble pas avoir eu d’incidence sur ses idéaux : Marius Monfray a été condamné une première fois, pour motif politique, par le tribunal correctionnel, puis une seconde pour outrage à magistrats lors de son audience [9]. En fait, lorsque les anarchistes sont incorporés, les autorités s’inquiètent surtout de leur propension à diffuser des brochures antimilitaristes. Dès 1882, le commissaire spécial, dans un rapport transmit au préfet souligne qu’il paraît certain que des hommes « ont des rapports clandestins avec les anarchistes lyonnais et leur organe, L’Etendard Révolutionnaire, mais il ne semble guère possible de les connaître et de les désigner d’une manière précise car ils ne se nomment pas » [10] Au mois de mars 1883, la brochure A l’armée, est distribuée de manière clandestine au fort Lamothe. Les exemplaires de cette brochures sont jetés par dessus les enceintes du fort et en janvier de la même année, un note mentionne que des militaires introduisent des brochures et des manifestes anarchistes [11].

Cette brochure donne les indications à suivre lors du déclenchement de la révolution : éventrer les tuyaux de gaz pour favoriser les incendies, vol des fusils et des munitions, etc. Plusieurs militants mettent en pratique les idéaux de désertion et d’insoumission lorsque l’institution militaire les réclame. Ainsi, le jeune Cyvoct s’est-il réfugié en Belgique au moment de son incorporation, avant d’être extradé vers la France pour y être jugé. Le frère de Toussaint Bordat, anarchiste condamné aux côtés de Pierre Kropotkine lors du procès de 1883, est lui aussi porté déserteur. Et l’un des compagnons d’infortune de Toussaint Bordat, condamné mineur lors de ce grand procès, Joseph Bruyère est quant à lui insoumis. Il n’a pas répondu à son ordre d’appel de 1882 et s’est en conséquence réfugié en Suisse [12]. Pour les insoumis ou les déserteurs, il n’existe pas d’alternative au départ pour l’étranger. La Suisse, traditionnel refuge pour les révolutionnaires, berceau de l’anarchisme jurassien, et à proximité de Lyon, est tout naturellement terre d’élection pour ces réfractaires au service militaire.

3 - Les manifestations ponctuelles

En mai 1883, les socialistes-révolutionnaires de Paris, créaient une ligue pour l’abolition des armées permanentes dont le but était la propagande en vue du remplacement des armées permanentes par des milices nationales sédentaires. Le mois suivant, cette idée sera reprise par un regroupement des différentes fractions du socialisme, anarchistes compris. Le premier meeting organisé sera un franc succès, 2 000 auditeurs viendront écouter les orateurs présents. Mais, les anarchistes lyonnais quitteront petit à petit ce comité, jugé trop frileux et au sein duquel ils devaient cohabiter avec des partis politiques [13].

En été 1886, ils créèrent en conséquence une ligue des antipatriotes afin d’inviter les soldats à la désertion et à la propagande révolutionnaire. La grève des conscrits est de nouveau évoquée, sans plus de succès toutefois. Les actions de cette nouvelle ligue semblent n’être pas sortis de l’affichage de placards séditieux sur les murs lyonnais. Perquisitions policières et faiblesse de l’entrain ne permettront pas un développement de cette organisation de fait. Si l’affaire Dreyfus n’a guère mobilisé les anarchistes [14], ce ne sera pas le cas de l’affaire Rousset. Rousset a eu le tort d’être témoin des sévices de gradés à l’encontre du soldat Aernoult, qui décédera quelques jours plus tard, et d’avoir dénoncé ces agissements. En 1910, il est condamné à 5 ans de travaux forcés. Toutes les forces de la gauche parlementaire française, des syndicats, de la Libre Pensée, de la presse et des anarchistes se sont mobilisées pour rendre justice au soldat Rousset et flétrir l’armée. Des comités de défense des victimes des conseils de guerre se mettent en place sur tout le territoire. Deux années de meeting de protestation et de manifestations unitaires, où la violence verbale ne sera plus la singularité des seuls anarchistes, aboutiront le 26 septembre 1912 à un non-lieu favorable à Rousset. La mobilisation contre l’armée repris dès les débuts de 1913, contre la loi des 3 ans. Cette loi visait à rallonger le temps du service militaire de 2 à 3 ans (il avait été écourté en 1905.) Les anarchistes ne seront secondés que par la C.G.T. Mais des dissension se font jour : des réunions unitaires se terminant en pugilat. L’ importante mobilisation contre ce projet n’empêche pas le vote de la loi le 7 août, une nouvelle crise franco-allemande à propos du Maroc incite à redorer le blason de l’armée et donc à ne pas se laisser infléchir [15].

4 - Le carnet B

Le carnet B [16] est originellement le fichage de tous les individus suspects d’espionnage.

Créé probablement en 1886, il contient donc dans ses premières années, surtout des étrangers présents sur le sol français, des Alsaciens qui n’auraient pas opté pour la nationalité française après la guerre Franco-Prusse et toute personne suspecte aux yeux des autorités et dont certains critères étaient pour le moins subjectifs : aller trop souvent à l’étranger faisait de vous un suspect idéal même si les voyages avaient des raisons professionnelles, rechercher la compagnie des officiers en était un autre, ou encore être étranger et vivre à proximité d’un pont !

Un carnet A recense tous les étrangers, mais on se doute que beaucoup des noms figurant dans le carnet B pouvaient aussi être présents dans le carnet A, d’où l’abandon de ce dernier en 1909. Le carnet B du Rhône n’existe plus en tant que registre complet, mais des indications fragmentaires nous renseignent sur son contenu. 7 fiches de la fin du siècle nous révèle la présence de deux Suisses, de quatre Allemands et d’un Italien, tous jugés suspects « au point de vue national » selon la phraséologie d’alors. En 1909, si le carnet A est abandonné, les pouvoirs publics jugent opportun d’ajouter les noms des individus suspectés d’entraver la bonne marche de la mobilisation.

Donc, les antimilitaristes sont compris sur ce nouveau Carnet B. Sur 118 noms, 15 sont expressément signalés comme étrangers, 24 ont une consonance étrangère ce qui a probablement présidé à leur inscription (des noms finissant en « i » laissant penser une origine italienne. C’est ainsi que lors des incidents consécutifs à l’assassinat du président Carnot par l’italien Casério, les commerces étaient détruits en fonction de la consonance du nom du propriétaire. La xénophobie anti-italienne avait alors son pendant dans les décisions des autorités), 13 sont dits antimilitaristes, qualification valable pour au moins une vingtaine d’autres. Pour la plupart des noms cependant, aucune indication n’est donnée. Quelques noms célèbres figurent dans ce carnet B dont celui de Jules Bonnot, au numéro d’ordre 52.

En septembre 1911, la nature du Carnet B change : les individus dont les noms sont présents ne sont plus à simplement surveiller mais à arrêter sur ordre du préfet. L’antimilitarisme s’étant radicalisé entre 1906 et 1909 (à la même époque, les mouvements de grèves atteignent des records, et l’armée était fréquemment envoyé pour la répression, consolidant dans un cercle vicieux la haine de l’armée) les pouvoirs publics devaient prendre des mesures, la guerre ayant été évitée pour bien peu de choses à plusieurs reprises.

Les attitudes divergeaient sur la conduite à tenir en cas de conflit. Certains jugeaient que l’occasion était rêvée pour conduire une action révolutionnaire, quand d’autres pensaient qu’il serait préférable « d’aller grossir les rang de l’armée afin d’y former de nouveaux révolutionnaires pour l’avenir » [17]. Les idéologues de l’anarchie n’avaient pas de ligne de conduite unifiée, ce qui permit à P. Kropotkine, dès 1905, de se prononcer en faveur de la France dans l’hypothèse d’un conflit armé avec le voisin Allemand. Il percevait la France comme étant le seul pays en Europe dans lequel la révolution sociale pouvait émerger, et que la défendre était défendre la révolution.

C’est cette même croyance qui a abouti à la signature du Manifeste des 16 en 1916, dans lequel 15 (le dernier nom était en fait celui d’une localité) anarchistes parmi les plus connus se sont déclarés hostiles à l’expansionnisme Allemand. L’exemple des actions entreprises par les libertaires lyonnais nous montrent que les autorités ne prenaient guère au sérieux la « propagande par l’exemple », de type désertion, car individuelle et ne pouvant conduire à des prises de conscience en masse, tandis que la propagande par l’écrit ou par la parole étaient jugées beaucoup plus subversives. Les rares actions qui ont eu un impact semblent être celles qui ont vu les libertaires lyonnais s’associer aux autres branches du socialisme ou qui bénéficiaient d’un capital sympathie conjoncturel dans la population comme c’était le cas de l’affaire Rousset.


Notes

[1] Cf Jean Maitron, Histoire du mouvement anarchiste, T.1, pp.111-113.

[2] Note du modère.

[3] Archives Départementales du Rhône, carton 4M321, rapport de police du 14 septembre 1882.

[4] A.D.R. 4M306. Attentats divers 1882-1888. Antoine Cyvoct fût néanmoins condamné à la peine de mort pour avoir incité à l’attentat par le biais d’un article incendiaire paru dans le Droit Social. Devant le nombre des protestations, sa peine a été commuée en travaux forcés à perpétuité. Il revient du bagne en 1898 à la suite d’une intense campagne en sa faveur, il faut dire qu’il n’était probablement même pas l’auteur de l’article incriminé !

[5] A.D.R. 4M312, télégramme du 27 janvier 1892.

[6] A.D.R.4M326, dossier Rivoire, note du 19 février 1892. Le jeune Rivoire a renoncé à « son intention de causer quelque scandale » car il espérait être exempté au motif de soutien de famille, son père étant infirme et placé dans un asile de vieillards.

[7] A.D.R. 1RP929

[8] A.D.R. 4M329, dossier Faty, notice biographique.

[9] A.D.R.1RP877. Le fait qu’il n’a pas été jugé par un tribunal militaire nous indique qu’il a agit lors d’une perme.

[10] A.D.R. 4M321 rapport du 5 octobre 1882.

[11] Cf Pierre Cordonier, la propagande libertaire non violente sous la 3ème République, de 1880 à 1914. Mémoire de maîtrise, 2003.

[12] Il sera incorporé après avoir purgé sa peine consécutive au procès de 1883.

[13] Cf Marcel Massard, histoire du mouvement anarchiste à Lyon (1880-1914). D.E.S. 1954 ;

[14] Sébastien Faure notamment y porta un intérêt.

[15] Cf Pierre Cordonier.

[16] Tous les renseignements proviennent de Jean-Jacques Becker, Le Carnet B...197, des A.D.R. 3M300 et 4M301.

[17] A.D.R. 4M307, lettre du commissaire spécial adressée au préfet, datée du 09-11-1883

http://rebellyon.info/Antimiliarisme-et-carnet-B-a-Lyon
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 16 Sep 2015, 07:53

Révolutionnaires et ouvriers contre la Première Guerre mondiale

Entretien inédit de Guillaume Davranche pour le site de Ballast

http://www.revue-ballast.fr/guillaume-davranche/
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 05 Nov 2015, 02:44

La tournée Trop jeunes pour mourir
Les prochaines dates :
. 11 novembre : à Lyon 7e, à 14 heures, à l’Atelier des canulars, 91, rue Montesquieu
. 10 novembre : à Alès (30), à 19 heures, à la bibliothèque La Rétive, 42, faubourg d’Auvergne
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede bipbip » 27 Fév 2016, 12:51

La 2e édition de Trop jeunes pour mourir comporte une annexe supplémentaire, sur cette tactique de combat prisée du syndicalisme révolutionnaire. Les acheteuses et acheteurs de la 1re édition n’en seront pas frustrés : elle est disponible intégralement ici.

Le sabotage ouvrier (1909-1913) : http://tropjeunespourmourir.com/post/13 ... -1909-1913
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede bipbip » 29 Fév 2016, 11:57

Jeudi 3 mars à Strasbourg

Présentation-débat du livre "Trop jeunes pour mourir- Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914)" en présence de l’auteur, Guillaume Davranche

à 18h30, au Molodoï, 19, rue du Ban-de-la-Roche, à Strasbourg

Apéro et repas convivial, puis présentation du livre soirée soutenue par Alternative libertaire Alsace
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 29 Fév 2016, 12:30

Ce lundi 29 février à Liévin (62)

Guillaume Davranche vient présenter son livre Trop jeunes pour mourir - Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909 - 1914).

à 19h, Le LAG, 23 avenue Jean Jaurès, Liévin
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 02 Mar 2016, 02:54

La tournée Trop jeunes pour mourir
Les prochaines dates :

4 mars : à Metz (57), à 19h30, au local de la CNT, 5, place des Charrons

5 mars : à Nancy (54), à 14h30, au Centre culturel autogéré de Nancy, 69 rue de Mon-Désert
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede bipbip » 22 Avr 2016, 11:31

Saint-Etienne mercredi 27 avril 2016

Guillaume Davranche présentera son livre "Trop jeunes pour mourir"

à 19h à la Dérive, 91 rue Antoine Durafour, Saint-Etienne

La soirée se poursuivra autour d’un buffet à prix libre

http://lenumerozero.lautre.net/Guillaum ... our-mourir
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 16 Mai 2016, 03:11

Mardi 16 mai 2016 à Presles (95)

de 11h à 12h, sous le chapiteau Karl-Marx de la fête de Lutte ouvrière, Parc du château de Bellevue.
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 08 Juin 2016, 23:22

Paris, jeudi 9 juin 2016

à Paris 13e, à 14h15, à la Maison du Livre, 94 boulevard Auguste-Blanqui, à l’invitation de l’Institut CGT d’histoire sociale du Livre parisien

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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede bipbip » 25 Juil 2016, 14:03

Un siècle après l’affrontement inter-capitaliste, une histoire du mouvement révolutionnaire 1881-1914 – avec Guillaume Davranche

Un siècle après l’immense boucherie capitaliste mondiale de 1914-1918, une histoire du mouvement révolutionnaire, libertaire et anti-guerre (1881-1914) – avec Guillaume Davranche (historien-militant libertaire)

Un siècle après l’immense boucherie de 1914-1918 dont est coresponsable l’État capitaliste français, 110 ans après une première tentative de grève générale en Mai 1906 et une Charte d’Amiens du syndicalisme révolutionnaire appelant à une abolition du salariat aux moyens d’une grève générale, une émission d'histoire du mouvement révolutionnaire, libertaire et anti-guerre de 1881 jusqu’à 1914, avec Guillaume Davranche, auteur de Trop jeunes pour mourir. Ouvriers et révolutionnaire face à la guerre (1909-1914) aux éditions L’insomniaque/Libertalia (2014).

La première partie de l’émission (1h15) est consacrée, après une introduction de critique du rôle de l’État français dans l’engrenage vers l’affrontement de 1914-1918, au mouvement révolutionnaire (et surtout aux libertaires/anarchistes) de 1881 jusqu’en 1909 (phase insurrectionnaliste 1880-1889, phase grève-généraliste 1889-1901, phase « héroïque » du syndicalisme révolutionnaire 1901-1909).

La deuxième partie de l’émission (1h15) est consacrée à un résumé de certaines parties de Trop jeunes pour mourir, notamment celles consacrées aux mutations du courant anarchiste-communiste, au syndicalisme révolutionnaire, au mouvement de grève des cheminots de 1910, au mouvement anti-guerre, aux revirements de La Guerre Sociale, au Parti Socialiste et aux derniers jours d’avant-guerre.

à écouter : http://sortirducapitalisme.fr/156-un-si ... -davranche
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 03 Sep 2016, 23:15

Le sabotage ouvrier (1909-1913)

La 2e édition de Trop jeunes pour mourir comporte une annexe supplémentaire, sur cette tactique de combat prisée du syndicalisme révolutionnaire. Les acheteuses et acheteurs de la 1re édition n’en seront pas frustrés : elle est disponible intégralement ici.

« Sus aux saboteurs » titre à la Une le supplément illustré du Petit Journal, le 6 août 1911. La gravure représente un personnage à l'allure de conspirateur, foulard rouge autour du cou, une clef à molette dans une main, une torche dans l'autre, fuyant les lieux de son forfait. Des rails tordus, une locomotive en flammes couchée sur le flanc, les tronçons brisés d'un poteau télégraphique jonchant le sol. Au-dessus de lui, une allégorie de la justice s'apprête à le saisir au col. Si cette vision apocalyptique est caractéristique de la presse illustrée – a fortiori lorsqu'il s'agit de discréditer le syndicalisme – elle n'en repose pas moins sur des faits très réels.

Adoptée par le congrès CGT de 1897 – à l'issue de la toute première opération anarchiste concertée dans des assises confédérales [1] –, le sabotage a mis un certain temps à s'imposer dans les pratiques. Jusqu'en 1902, son assise est mal assurée. La campagne victorieuse pour la fermeture des bureaux de placement [2], en 1903, caractérisée par de nombreux bris de vitrines, marque le passage spectaculaire de la théorie à la pratique [3]. La grande presse sonne l’alarme en 1905-1907 en véhiculant diverses rumeurs, dont la plus fameuse porte sur les boulangers cégétistes prêts à empoisonner le pain au verre pilé. Émile Pouget prend alors la plume pour défendre l’honneur du sabotage ouvrier devant l’opinion publique [4]. Mais c’est la vague de sabotage des lignes de télécommunications en 1909-1911 qui défraiera le plus la chronique, et mettra la police et le gouvernement sur les dents [5].

Tout au long de ces années, cette tactique restera cependant sujette à controverse au sein du mouvement ouvrier.

Parmi ses détracteurs : la majorité du Parti socialiste – notamment les guesdistes – et les syndicalistes réformistes [6]. Parmi ses partisans : les anarchistes, les syndicalistes révolutionnaires et, bien évidemment, les hervéistes première manière. Mais entre les deux camps, le débat est parfois confus au point qu’on se demande s’ils parlent bien de la même chose.
Et pour cause : sous le même terme, coexistent plusieurs pratiques dissemblables.

Premièrement, il y a ce qu'on pourrait appeler le sabotage-ralentissement, application du principe « À mauvaise paie, mauvais travail ». C'est, le go canny (« Vas-y mollo ») des mineurs et des tisseurs britanniques que Pouget dépeignait, au retour de son exil londonien, comme « le tirage à cul conscient, […] le ratage d'un boulot, […] le coulage du patron… Tout ça pratiqué en douce, sans faire de magnes ni d'épates ». [7] Le problème du sabotage-ralentissement est que, nécessairement clandestin, il se pratique en solo, voire en groupe restreint – on le qualifie alors parfois de « grève perlée ». C'est donc une arme difficilement maniable par les syndicats. Ils peuvent en chuchoter le mot d'ordre, mais guère en vérifier l'application. « Le gréviste “perleur” ne se confie à personne. Il agit seul et avec prudence », explique Édouard Sené en 1911 au sujet du sabotage sur le réseau ferroviaire du Nord [8]. La même année, après la grève du Bâtiment de la Seine, un tract anonyme circulant sur les chantiers va dans le même sens : « Agir seul. Ne se fier à personne, mieux vaut passer pour un braillard incapable de faire de l'action que de se vanter de ce que l'on a fait. » [9] Pour cette raison, le sabotage-ralentissement est impossible à quantifier mais, de l'aveu même d'un éminent syndicaliste, Victor Griffuelhes, il est peu pratiqué. « La raison est dans la difficulté de l’appliquer », explique-t-il, car il « exige de la part de l’ouvrier une conscience développée, une ténacité extrême et une persévérance calculée ; ce n’est pas, comme la grève, la manifestation d’un geste de colère, spontané, enthousiaste » [10].

Deuxièmement, il y a ce que Pouget nomme le sabotage par la bouche ouverte [11]. Là, il s'agit pour les ouvrier consciencieux – que l'on qualifierait aujourd'hui de « lanceurs d'alerte » – de dénoncer, auprès des consommateurs, le « sabotage patronal » commis pour augmenter les profits au péril de la santé publique. Ce sont les ouvriers du bâtiment qui informent le propriétaire d'un immeuble des vices de construction cachés par l'entrepreneur ; ce sont les garçons épiciers qui avisent les ménagères, par voie d'affiche, des trucs et filouteries du métier ; ce sont les cuistots qui dénoncent les immondes expédients utilisés en cuisine… Si le sabotage patronal « frappe au ventre », le sabotage ouvrier, lui, ne frappe qu'au « coffre-fort » : « il ne ruine pas la santé, mais simplement la bourse patronale » [12]. Ce thème du « saboteur intelligent » qui est un ami du consommateur est abondamment utilisé dans la propagande syndicaliste [13].

Troisièmement, il y a ce que Pouget nomme le sabotage-obstructionnisme, et que l'on connaît de nos jours sous le nom de « grève du zèle ». Ce sabotage-là consiste à appliquer les règlements à la lettre et avec une méticulosité exagérée, de telle façon que l'ensemble du processus de production se retrouve grippé. Ce type de sabotage, utilisé avec succès par les cheminots italiens en 1905 et autrichiens en 1907 [14], n'a pas pris en France avant 1914.

Quatrièmement, il y a le sabotage-blocage qui, contrairement aux trois précédents, se pratique en temps de grève – en solo, en petit groupe d'affinité ou à la faveur d'une émeute. En clair, il s'agit d’empêcher l'approvisionnement ou de mettre l'outillage hors service pour neutraliser les jaunes. Ce sont des sachetières en grève de Saint-Junien (Haute-Vienne) qui, en août 1904, brûlent le stock de marchandise [15]. Ce sont des métallurgistes des établissements Riquier (Somme) qui, en 1906, saccagent leur usine, pillent et incendient en partie le château des patrons [16]. Ce sont des bonnetiers en grève de chez Amos (Vosges) qui, en juillet 1907, bloquent les vannes du bief alimentant l'usine, et coupent ses lignes téléphoniques. Ce sont des carriers de Draveil (Seine-et-Oise) qui, en juillet 1908, détériorent un élévateur et jettent à l'eau une partie du matériel. Ce sont des ardoisiers de Renazé (Mayenne) qui, la même année, inondent des galeries après avoir saboté les pompes [17].

Cinquièmement, il y a ce qu'on pourrait appeler le sabotage-grabuge, c'est-à-dire le saccage délibéré, le vandalisme conscient, la casse spectaculaire pour faire entendre une revendication hors période de grève. C'est l'équipe syndicale qui surgit pour briser une vitrine pendant la campagne de 1903 contre les bureaux de placement. C'est celle qui, entre 1902 et 1906, « badigeonne » de liquides corrosifs la devanture du salon de coiffure refusant d'appliquer la journée de huit heures [18] . C'est celle qui, en 1911, renverse les étals des magasins qui s'obstinent à rester ouvert après 19 heures [19] .

* * *
Les années 1909-1911 sont, à la faveur de la grève des PTT puis de celle du rail, marquées par une vague de sabotages qui tiennent dans un premier temps du blocage, et dans un second temps du grabuge : la destruction des fils téléphoniques et télégraphiques pour épauler les grévistes, puis pour exiger la réintégration des révoqués.

Prenant la mesure de ce « sabotage par représailles » courant 1910, Émile Pouget y verra la possibilité d'un nouveau champ d'application. « Jusqu’ici, écrira-t-il, le sabotage n'avait été envisagé « que comme un moyen de défense utilisé par le producteur contre le patron. Il peut, en outre, devenir un moyen de défense du public contre l’État ou les grandes compagnies. »

Cette fois cependant, ce n'est pas la CGT qui apparaît comme le principal porte-parole du sabotage. La Voix du peuple, en organe officiel respectueux du fédéralisme, est en effet contrainte de publier les communiqués du syndicat des sous-agents des PTT. Or celui-ci est dirigé par des réformistes qui condamnent le sabotage. Les révolutionnaires des PTT et d'ailleurs se tournent donc vers un journal que le grand public va rapidement apprendre à connaître : La Guerre sociale. Celle-ci endosse le rôle avec éclat. L'hebdomadaire compile les actes de sabotage dont on l’informe, les restitue sous la forme de communiqués triomphalistes d'une pseudo-Organisation de combat (OC), publie des articles pédagogiques à destination d’un public ouvrier encore rétif, et imagine même une mascotte, vengeuse masquée : Mam'zelle Cisaille [20]. En bref, La Guerre sociale glorifie le sabotage et le met à la portée de tous.

Preuve de son influence, c’est ce même journal qui fait suspendre cette première vague de sabotages. Prenant acte de la décision gouvernementale de réintégrer les postiers révoqués, un communiqué de « l’OC » demande à ses troupes de raccrocher provisoirement Mam'zelle Cisaille [21].

La seconde vague de sabotage des lignes débute en octobre 1910 avec la grève du rail. Massive, elle est le fait aussi bien des grévistes que des groupes révolutionnaires qui les soutiennent. D'octobre 1910 à juin 1911, la police dénombre près de 3.000 actes de sabotage. La CGT ne désavoue pas cette « arme dont se servira de mieux en mieux le prolétariat » [22]. Lancée en avril 1911, La Bataille syndicaliste lui consacre une rubrique dédiée, « La petite guerre ». Quant à La Guerre sociale, elle relance de plus belle ses encouragements à Mam'zelle Cisaille.

Embarrassés par cette guérilla insaisissable, les pouvoirs publics peinent à trouver la réponse appropriée. En décembre 1910 [23], puis en juin 1911, le gouvernement étudie la possibilité de légiférer contre le sabotage, sans aboutir.

La police, elle, paraît dépassée par le phénomène : en huit mois, entre octobre et mai 1911, elle ne procède qu'à 93 interpellations de saboteurs présumés [24]… dont près des neuf dixièmes sans suite judiciaire, faute de preuves [25].

Cependant, un événement qui aurait pu être tragique va, semble-t-il, semer le doute parmi les révolutionnaires : l'accident ferroviaire de Pont-de-l'Arche.

Le soir du 29 juin 1911, le train Le Havre-Paris déraille à plus de 100 kilomètres/heure à hauteur de Pont-de-l'Arche, non loin de Rouen. Un rail avait été déboulonné dans un virage. C'est un miracle qu'il n'y ait aucun blessé. De leur mode opératoire, l'enquête conclut que les saboteurs étaient deux, dont au moins un du métier, et qu’ils ont délibérément visé ce train de voyageurs. Non loin du rail déboulonné, la police découvre des outils et une musette contenant un exemplaire de La GS et un de La BS.

L'événement, même relativement occulté par la crise d'Agadir qui débute le lendemain, provoque une vive émotion. Le Syndicat national des chemins de fer condamne formellement [26]. La presse s'indigne et réclame des sanctions. Les saboteurs « ont une organisation avouée, dont on connaît les chefs », menace Le Temps [27].

La Guerre sociale, justement, paraît bien embarrassée. Elle proteste de ses intentions et rappelle que le mot d'ordre a toujours été : « Tout contre le matériel ; rien contre la vie des voyageurs ou des employés de chemin de fer. » [28] Pour La GS, il ne serait pas étonnant qu'il s'agisse d'une manipulation policière, mais « si ce sont des révolutionnaires exaspérés qui ont travaillé à Pont-de-l'Arche, ils auraient voulu nous aliéner l'opinion publique, déshonorer nos méthodes de combat, qu'ils ne s'y seraient pas pris autrement ». C'est l'occasion pour l'hebdomadaire, qui en juin 1911 est en plein recentrage, de prendre ses distances : Hervé décrète que si « l'on ne peut préconiser des sabotages intelligents sans provoquer aussitôt des sabotages idiots, nous n'hésiterons pas à supprimer de notre feuille de combat la rubrique de Mam'zelle Cisaille » [29]. De fait, elle ne réapparaîtra plus.

Pourtant les actes de sabotage se poursuivent bien après Pont-de-l'Arche, même si une décélération semble se faire sentir.

C'est durant cette phase de décrue que la gendarmerie peut, enfin, se féliciter d'une belle prise. Dans la nuit du 20 au 21 septembre 1911, près de Brest, elle prend un groupe en flagrant délit le long de la voie ferrée. Deux hommes s'enfuient dans la nuit, mais le troisième est contraint de descendre du poteau télégraphique où il avait grimpé, une cisaille à la main [30]. Il s'agit de Paul Gourmelon, un responsable de la bourse du travail de Brest et de la CGT du Finistère. Son geste était lié, semble-t-il, tant à la grève des cheminots qu’à la lutte contre la guerre. En pleine crise marocaine, syndicalistes et anarchistes brestois protestent en effet contre la venue du belliciste ministre de la Marine, Delcassé, pour le baptême d'un cuirassé [31].

Révoqué de l'arsenal, Gourmelon est condamné par le conseil de guerre à deux ans de prison et à 900 francs d'amende. Soutenu sans relâche par la presse révolutionnaire, il sera libéré à l'été 1913.

* * *
Quand Gourmelon recouvre la liberté, la vague de sabotages des lignes de télécommunications est retombée. D'une moyenne mensuelle de 348 actes en 1911, on chute à 27 en 1912, et à 21 sur le premier semestre 1913 [32].
Le débat sur le sabotage ouvrier n'est pourtant pas clos. Il fournit même le motif d'une des dernières controverses doctrinales d’avant-guerre entre le socialisme et le syndicalisme.

En septembre 1913, alors que la polémique sur la « rectification de tir » déchire la CGT, Jean Jaurès sent que le moment est propice à une réfutation théorique, point par point, du syndicalisme révolutionnaire. Il va y consacrer une série de sept articles, dont le premier s'attaque à ce qu'il estime être son maillon faible : le sabotage. Comment se fait-il « que le syndicalisme ne se soit pas débarrassé de ce haillon de faux anarchisme » ? [33]

Le sabotage, écrit Jaurès, ne peut être une tactique de lutte car, si elle « était appliquée vraiment et à fond, elle aboutirait à des actes de destruction brutale » qui attireraient sur la classe ouvrière « les plus terribles répressions pénales, les colères implacables de l'opinion et les révoltes de la conscience » [34]. Le sabotage relève donc du bluff et, dans les faits, « n'existe pas ». Le syndicalisme n'y aurait d'ailleurs aucun intérêt, parce que sa croissance est liée à la croissance de l'industrie. Le sabotage de la production, « s'il était autre chose qu'un mot, serait […] l'arrêt du syndicalisme comme de l'industrie » [35].

Le sabotage est donc foncièrement contraire au syndicalisme et au socialisme. Mais, ajoute Jaurès, il ne peut être davantage revendiqué par l'anarchisme. Celui-ci, en effet, prêche l'action exemplaire qui réveille les masses ; quel rapport avec « la malfaçon obscure, sournoise, où l'ouvrier trompe petitement sur la qualité de son travail ? » [36] Ce sabotage-là, qui répugne à « la valeur technique de l'ouvrier », est de toute façon condamné par la mécanisation : « Là où la machine gouverne, il est impossible que l'individu se soustraie à son rythme ». Quant au travail à la tâche, « l'ouvrier ne peut en diminuer la quantité ou la qualité sans se frapper lui-même, sans diminuer son salaire » [37].

Pour Jaurès, les syndicalistes ne peuvent, pour se défendre, arguer du sabotage patronal, car enfin, « à quel jeu se livreraient-ils en dénonçant la malfaçon capitaliste si eux-mêmes se proposaient d'introduire dans la production la malfaçon ouvrière ? » [38]

Si Jaurès s'en était tenu à ces arguments, le débat serait sans doute resté courtois, appelant des contre-arguments des syndicalistes. Mais il commet l'erreur de verser dans la polémique en réduisant la vague des sabotages de 1910-1911 à « l'opération d'une bande de voleurs qui profitaient savamment de la campagne de presse » pour s'emparer de fils de cuivre qui furent par la suite « retrouvés chez le receleur » [39].

Cette sortie pour le moins maladroite attire une riposte cinglante. « Méchantes allégations », s'agace La Voix du peuple [40]. « Calomnies » et « mensonges », dénonce Le Libertaire [41]. « Misérables élucubrations » pestent Les Temps nouveaux [42]. Tout ce que démontre le député du Tarn, raille une Guerre sociale pourtant déjà bien recentrée, c'est « qu'il vit joliment loin de la classe ouvrière, qu'il est joliment étranger à ses passions et à ses colères, et qu'il n'a pas vu les meetings de cheminots en grève applaudissant l'annonce de nouveaux sabotages ». Cette pratique, qui a été massive et populaire, « a cessé uniquement quand le sabotage a été saboté par de dangereux imbéciles qui, au lieu de sabotages inoffensifs pour les voyageurs, on a essayé de faire dérailler un rapide » [43].

Jaurès rebondit sur cet aveu pour placer un argument qui, cette fois, va faire mouche : il existe un hiatus entre l'action syndicale, nécessairement collective, et le sabotage, nécessairement solitaire. La tactique du sabotage, écrit-il, est « celle qui aurait le plus besoin d'être contrôlée pour que la violence contre le patronat ne dégénère pas en destruction inutile et funeste ou en attentat contre les consommateurs. Et c'est précisément la méthode qui, par sa nature même, échappe le plus au contrôle », parce qu'elle « substitue l'action occulte, individuelle, sournoise, incontrôlable, à l'action publique et collective. » [44] C'est donc la porte ouverte à des dérives soit mortelles, comme aurait pu l'être Pont-de-l'Arche, soit crapuleuses, comme le recel des fils de cuivre. Lorsque le sabotage prend cette tournure, il est « si trouble, si équivoque, que la révolution prolétarienne ne peut le revendiquer avec certitude et qu'elle est même […] contrainte de le désavouer » [45].

Cette série d'articles de Jaurès provoque une salve de répliques de militants syndicalistes et révolutionnaires. Leur argumentaire puise abondamment dans la brochure publiée en 1910 par Pouget, Le Sabotage.

Ceux-ci ont beau jeu de démontrer que, pour l'essentiel, le député du Tarn manque sa cible, car il n'a tout simplement pas compris la nature du sabotage ouvrier. Le secrétaire de la fédération de la Voiture, Léon Calinaud, indique qu'il n'a jamais été question d'en faire une pratique « permanente », et qu'il ne peut avoir de sens que lié à une lutte collective [46]. Le syndicalisme, explique Léon Jouhaux, n'élève pas le sabotage « à la hauteur d'une institution », mais il ne renoncera pas à « lutter avec les armes que l'atelier, le chantier placent entre les mains des salariés ». Répondant enfin à d'autres insinuation de Jaurès, le secrétaire de la CGT démythifie : le sabotage ouvrier n'est ni « la paresse et la lâcheté », ni « la destruction systématique de la machine », ni le « verre pilé » dans le pain [47].

Quant à Emile Pouget, il rappelle ce que le sabotage a déjà obtenu comme résultat : « Si aujourd'hui, à Paris, sur les chantiers du bâtiment, les vieux ouvriers sont moins brutalement éliminés qu'il y a une huitaine d'années, c'est parce que des camarades plus jeunes, plus vigoureux, ont consciemment restreint leur production au niveau de celle des vieux… ce qui n'empêche pas les maisons de sortir du sol comme par enchantement. Faut-il rappeler encore que c'est au badigeonnage des devantures que les coiffeurs parisiens doivent le repos hebdomadaire et la fermeture quotidienne à des heures moins tardives ? » [48]

Mais les contre-attaques les plus éloquentes viennent de deux militants, l'un de l'Alimentation, l'autre du Bâtiment, qui enfourchent des chevaux de bataille éprouvés : d'une part, « le vrai sabotage, c'est la malfaçon capitaliste » ; d'autre part, « le sabotage intelligent est l'ami du consommateur ».

Louis Henriot, secrétaire du syndicat des ouvriers bouchers, détaille : « Sabotage préjudiciable aux patrons, mais profitable à la collectivité, quand le garçon laitier prévient la clientèle que le lait a été mouillé, allongé avec des produits plus ou moins chimiques ; quand le commis épicier dénonce aux consommateurs que les confitures, si appétissantes, si agréables à l’œil, ne sont qu'un affreux mélange d'acide et de glucose ; quand il ajoute que les pétroles vendus à différents prix sont de la même qualité. » Saboteur courageux, « l'ouvrier boucher qui dit à son patron : “Je ne volerai point, je ne compterai pas la viande à un prix supérieur aux prix affichés” » ou qui refuse « à vendre du cheval pour du bœuf ! » Saboteur intelligent, l'ouvrier confiseur qui « jette dans les bassines en ébullition, non point les différentes gammes d'acides préparées par le patron et destinées à colorer ou à parfumer la matière, mais le sucre, les fruits, les produits naturels et sains qui, d'après les ordres du patron, ne devaient être employés que dans une faible proportion ». Cette action-là, le « sabotage des marchands d'alcools frelatés, des marchands de viandes avariées, des chimistes de cuisine » devrait, pour Louis Henriot, être « érigé en principe ». [49]

Achille Picart décoche également un article énergique. Cet ancien socialiste – il a déchiré sa carte en 1912, après que le congrès PS de Lyon eut passé l'éponge sur l'affaire Ghesquière/Compère-Morel [50] – est membre du noyau de La Vie ouvrière et un des dirigeants de la fédération du Bâtiment. Pour lui, « le sabotage ouvrier ne peut être l’œuvre que de techniciens accomplis, d'ouvriers d'élite […]. Quand nous disons à l'ouvrier : “Fais bien” et non “Fais vite”, quand nous lui disons “Perle ton boulot” : c'est du sabotage. Quand le cheminot applique strictement ses règlements : c'est aussi du sabotage. Quand le coiffeur badigeonne quelques boutiques : c'est encore du sabotage ». Et le risque de bavure ou de crapulerie pointé par Jaurès ? Picart relativise : « Ah ! sans doute, comme toute chose humaine, comme toute action, le sabotage a ses dangers. Mais le parlementarisme a ses renégats. Ils ont créé cette atmosphère de j’m'enfoutisme et de méfiance qui a empoisonné et démoralisé tout le pays. Techniquement, moralement, révolutionnairement, le sabotage, arme de lutte, est parfois une inéluctable nécessité. » [51]

Ce moyen de lutte, ajoute Le Libertaire, « a un avantage sur beaucoup d'autres : c'est qu'il peut correspondre à toutes les phases de la bataille. Non seulement il peut être employé dans les deux tactiques : offensive et défensive. Mais il peut encore servir à harceler le vainqueur, à lui rendre la vie impossible, à le ruiner et à l'amener à résipiscence, si nous sommes tenaces dans notre action de combattants. » [52]

Pour Georges Yvetot qui, en cet automne 1913, s'efforce d'éteindre la zizanie au sein de la CGT, cette controverse avec le rival socialiste est une aubaine. Quoi de tel pour resserrer les rangs ? « Le sabotage intelligent, écrit-il, n'a jamais cessé d'être considéré par les ouvriers les plus conscients et les plus pénétrés de leur utilité sociale comme un moyen d'action directe pour s'attaquer à l'intérêt de l'exploiteur. L'évangile selon saint Jean n'y changera rien du tout, c'est certain. » Et Yvetot d'apostropher Jaurès : « ne ridiculisez pas le sabotage ouvrier. S'il déplaît aux gouvernants, c'est parce qu'il les frappe d'impuissance. S'il déplaît aux patrons, parce qu'il lèse leurs intérêts. S'il déplaît aux politiciens, c'est qu'il compromet leur importance. » [53]

* * *
Le sabotage ouvrier reste foncièrement lié aux années 1900-1910. Passé 1914, il disparaît de l'horizon politique. La génération syndicaliste révolutionnaire d'après-guerre ne le répudiera pourtant pas. En 1922, au Ier congrès de la CGTU, à Saint-Étienne, il sera tout juste mentionné dans une résolution secondaire, considérée comme si consensuelle que la présidence du congrès jugera superflu de la mettre aux voix [54]. Mais dans les faits, à cette date, le sabotage ouvrier sera déjà largement tombé en désuétude.

La grande grève des cheminots de 1920, sanctionnée elle aussi par des centaines de révocations, enregistrera très peu d'actes sabotages, en comparaison de celle de 1910.

C'est finalement au sein des bastions anarcho-syndicalistes du Bâtiment, fidèles à la geste héroïque du syndicalisme d'avant 1914, que le sabotage ouvrier survivra le plus longtemps. La fédération du Bâtiment, affiliée à la CGTU puis à la CGT-SR, continuera à s'en revendiquer et à le pratiquer durant les années 1920 [55]. Quant à ses épigones suisses de la Ligue d'action du bâtiment, à Genève, ils en en feront un usage systématique durant leurs « safaris » sur les chantiers, en démolissant tout travail accompli par des jaunes [56]. Jusqu'au milieu des années 1930, le sabotage sera pour eux bien plus qu'une tactique : une marque de fabrique.


1.Lire à ce sujet la notice consacrée à Émile Pouget dans le Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone.
2.Sortes d’agences d’intérim de l’époque.
3.Compte rendu du congrès CGT de 1904, pages 8 et 35.
4.Émile Pouget, « Le sabotage moralisateur », Le Matin, 2 avril 1907.
5.Lire pages 65, 119 et 124.
6.Leroy, 1913, tome II, pages 628 à 630.
7.« Le sabottage », Le Père Peinard, 19 septembre 1897.
8.Édouard Sené, « La grève perlée continue », La Voix du peuple, 8 janvier 1911.
9.« Leçon de sabotage pratique », La Bataille syndicaliste, 8 septembre 1911. Ce tract reproduit dans La BS a probablement été édité clandestinement par le Syndicat des charpentiers de la Seine.
10.Griffuelhes, 1909.
11.Pouget, 1910, page 43.
12.Émile Pouget, « Le sabotage moralisateur », Le Matin, 2 avril 1907.
13.Yvetot, 1908 ; Griffuelhes, 1909 ; Pouget, 1910.
14.Pouget, 1910, page 55.
15.Dupuy, 2003, page 130.
16.Leclercq/Girod de Fléaux, 1909, page 250.
17.« Principaux actes de sabotage commis depuis environ deux années », rapport du 10 juin 1909, Arch. Nat. F7/13065. Cité dans Pinsolle, 2015.
18.Pouget, 1910.
19.Lire page 159.
20.Lire pages 65, 119 et 124.
21.La Guerre sociale, 30 juillet 1909.
22.Sartoris, « En guerre contre le sabotage », La Voix du peuple, 4 décembre 1910.
23.Le Journal des débats, 23 décembre 1910.
24.Arch. Nat. F7/13325, « État des arrestations opérées pour actes de sabotage par les Brigades de Police mobile du 1er octobre 1910 au 31 mai 1911 », 17 juin 1911. Cité dans Pinsolle, 2015.
25.« La multiplication des sabotages et les saboteurs introuvables », Le Matin, 18 juin 1911.
26.« Assez de surenchère et de violence », La Tribune de la voie ferrée, cité dans Le Temps, 17 juillet 1911.
27.« La prime contre le sabotage », Le Temps, 17 juillet 1911.
28.« Une note de l'Organisation de combat », La Guerres sociale, 5 juillet 1911.
29.« Où les bons bougres ne trouvent pas matière à se réjouir », La Guerre sociale, 5 juillet 1911.
30.« Pincé sur un poteau », Le Matin, 22 septembre 1911.
31.« Procès d'un saboteur », Le Radical, 28 octobre 1911.
32.Arch. Nat. F7/13332, « État numérique des sabotages commis sur les voies ferrées d’octobre 1910 au 18 juin 1913 », juin 1913. Cité dans Pinsolle, 2015.
33.Jean Jaurès, « Le principe d'erreur », L'Humanité, 20 septembre 1913.
34.Jean Jaurès, « Le sabotage impossible », L'Humanité, 18 septembre 1913.
35.Jean Jaurès, « Le syndicalisme contre le sabotage », L'Humanité, 11 septembre 1913.
36.Jean Jaurès, « Le sabotage impossible », L'Humanité, 18 septembre 1913.
37.Ibidem.
38.Jean Jaurès, « Syndicalisme et éducation », L'Humanité, 12 septembre 1913.
39.Jean Jaurès, « La légende du sabotage », L'Humanité, 13 septembre 1913.
40.G. Y., « Le sabotage n'est pas une légende », La Voix du peuple, 28 septembre 1913.
41.Francis Liberton, « Sabotage et politique », Le Libertaire, 4 octobre 1913.
42.Un saboteur, « M. Jaurès et le sabotage », Les Temps nouveaux, 27 septembre 1913.
43.« Jaurès et le sabotage », La Guerre sociale, 17 septembre 1913.
44.Jean Jaurès, « Le sabotage impossible », L'Humanité, 18 septembre 1913.
45.Jean Jaurès, « “Agis seul” », L'Humanité, 27 septembre 1913.
46.L. Calinaud, « Invitation à la valse », La Voix du peuple, 13 octobre 1913.
47.Léon Jouhaux, « Le sabotage », La Bataille syndicaliste, 27 septembre 1913.
48.Emile Pouget, « Autour d'une discussion : le sabotage ouvrier », La Guerre sociale, 8 octobre 1913. Cette référence manquait dans la réédition 2016 de Trop jeunes pour mourir.
49.L. Henriot, « L'ouvrier consciencieux et honnête pratique le sabotage intelligent », La Bataille syndicaliste, 3 octobre 1913.
50.Lire page 179.
51.A. Picart, « L'ouvrier et le sabotage », La Bataille syndicaliste, 1er octobre 1913.
52.Michel, « Ne dédaignons pas les moyens d'action », Le Libertaire, 11 octobre 1913.
53.G. Y., « Le sabotage n'est pas une légende », La Voix du peuple, 28 septembre 1913.
54.Compte-rendu du congrès CGTU de 1922, pages 469-470.
55.Ratel, 2000, page 181.
56.Elsig, 2015, pages 73-79.

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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 12 Sep 2016, 23:08

Vendredi 16 septembre 2016

Débat autour du livre {Je n’irai pas. Mémoires d’un insoumis}

Rencontre et débat avec Guillaume Davranche autour du livre d’Eugène Cotte, 1914-18

Eugène Cotte, jeune soldat blessé lors de la première guerre mondiale écrit ses mémoires sur son lit d’hôpital, et le panorama est saisissant : l’enfance bigote sur une terre ingrate ; l’adolescence ballottée de ferme en ferme ; l’éveil de la conscience, la rencontre avec des militants anarchistes paysans ; l’insoumission et le chemin de l’exil ; la condition ouvrière puis l’arrestation, la prison, la vie militaire et enfin, la guerre. Les propos de Cotte sont d’une étonnante modernité : ses propos sur les femmes, sur l’éducation, les innombrables questions qu’il se pose sur l’individu et la société, le déterminisme. Tout résonne en nous : c’est bien à une conversation avec nous-mêmes et avec notre temps, que nous invite Eugène Cotte dans ses mémoires écrites il y a tout juste cent ans.

Vendredi 16 septembre à 19h30
Librairie Publico, 145 rue Amelot, Paris 11
métro République, Oberkampf ou Filles du Calvaire


P.-S.
Je n’irai pas. Mémoires d’un insoumis d’Eugène Cotte, préface et appareil critique de Guillaume Davranche, avant-propos de Philippe Worms, Éditions La Ville qui brûle.

https://paris-luttes.info/debat-autour- ... -irai-6645

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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 06 Jan 2017, 09:03

Trop jeunes pour mourir
Le Mardi 10 janvier à Millau (12), à 20h30, à la Fabrick, 9, rue de la Saunerie
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Re: Trop jeunes pour mourir (1909-1914)

Messagede Pïérô » 18 Jan 2017, 20:48

[Audio] Trop jeunes pour mourir - présentation

Présentation en public, par l'auteur, du livre "Trop jeunes pour mourir. Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914)". Enregistré à la librairie Black Market, à Dijon, le 15 décembre 2014.

à écouter : https://soundcloud.com/guillaume-davran ... esentation
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Pïérô
 
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