la Retirada et l'exil

Re: la Retirada et l'exil

Messagede bipbip » 14 Fév 2017, 15:41

Langon (33) mardi 14 février 2017

conférence-débat "Las Retiradas"
Las Retiradas / Les Exils, hier et aujourd'hui »

Mardi 14 février de 20h à 22h au Lycée Jean Moulin à Langon 1 boulevard François Mauriac,
Conférence-débat organisée par l'AAGEF-FFI de la Gironde et conduite par Laure Lataste, Vice-Présidente.

Dès 1937, La France voit affluer des Républicains espagnols fuyant l'avancée du fascisme…

Janvier / Février 1939, Il lui faut faire face à l'arrivée massive de réfugiés civils et de combattants de l'armée républicaine ayant lutté contre Franco jusqu'au bout.

C'est la fin de cette Guerre d'Espagne, présage de la seconde Guerre mondiale.

Las Retiradas :

L'exode massif de républicains espagnols sur les routes de Catalogne jusqu'aux frontières des Pyrénées, de fin janvier à février 1939, a bien été identifié historiquement sous le nom de « Retirada ».

Mais il convient de parler de «Las Retiradas», une appellation mise volontairement au pluriel pour mieux rendre compte de l'ampleur du désastre humain que fut la fin de la guerre sous les coups des franquistes et souligner que cet exil fut pluriel.

Celui du Sud « la Carretera de la Muerte », de l'Ouest : de Extremadura vers Portugal, du Nord : País basco et l'exil maritime vers Trompeloup, La Rochelle et même l'Angleterre (Southamton), et ceux terrestres de Aragón, de la Bolsa de Bielsa y Cataluña.

Quelles furent les conditions de ces « Retiradas », quel accueil fut réservé aux réfugiés, quelle place trouvèrent-t-ils après ces déracinements et quel fut le prolongement de leur engagement pour la liberté?

Autant de questions qui restent d'une brûlante actualité et seront abordées lors de cette rencontre largement ouverte au public.

Quand l'Histoire éclaire le présent...

https://gironde.demosphere.eu/rv/7146
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Re: la Retirada et l'exil

Messagede Pïérô » 16 Fév 2017, 20:35

Mémoires de la Retirada

documentaire sur le site du CNRS :
http://videotheque.cnrs.fr/index.php?ur ... d_doc=3776
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Re: la Retirada et l'exil

Messagede bipbip » 27 Mar 2017, 10:10

Paris jeudi 30 mars 2017

La mémoire d'un accueil tragique
Projection débat « Camp d'Argelès »
Levez- le poing camarades !
Un film de Felip Solé. 55'

à 19h, Centre d’animation Place des Fêtes, 2-4 rue des Lilas, Paris 19e

Entrée gratuite

Février 1939, près de 500 000 réfugiés traversent la frontière française, c'est la Retirada. Destination : les camps sur la plage...

Ce documentaire-fiction relate la vie quotidienne et tragique des réfugiés, jusqu'en septembre 1941, date de la fermeture du camp, après la grande grève des femmes d'Argelès. Leçon de courage et de solidarité. De ces camps, pourtant jaillirent des héros de la libération.

Parlons ensemble de l'accueil tragique des Espagnols en 1939 pour que l'accueil des réfugiés aujourd'hui soit solidaire, digne et humain.

Le jeudi 30 mars 2017, venez nombreux partager leurs histoires passées et présentes, avec la projection de :
Camp d'Argelès
Levez- le poing camarades !

Un débat fera suite à la projection en présence du réalisateur, Felip Solé, et de représentants des organisations de bénévoles qui apportent leur soutien sans compter aux exilés d'aujourd'hui dans le 19 e arrondissement dont Madame Violette Baranda.

https://paris.demosphere.eu/rv/53779
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Re: la Retirada et l'exil

Messagede bipbip » 30 Mar 2017, 13:26

Jiras en Aymare

1936, le Front Populaire, 1936, la révolution républicaine espagnole, 2016 était riche d’invocations mémorielles pour le mouvement ouvrier. Le week-end des 17 et 18 juin 2016, l’association Jiras en Aymare, nous a fait revivre une page de l’histoire des exilés républicains telle qu’elle pris corps dans ce petit coin du Lot qui accueillit la collectivité libertaire d’Aymare. Elle dresse un pont qui la relie aux collectivités d’hier et d’aujourd’hui et invite à faire la fête pour des lendemains meilleurs. Au Château d’Aymare, le lieu qui accueillit pendant près de trente ans une petite communauté utopique et autogestionnaire.

Dans le Lot, ce domaine agricole de 120 hectares a été le théâtre d’une expérience historique singulière. Des exilés républicains anarchistes de la SIA (Solidarité Internationale Antifasciste) et du MLE (Mouvement libertaire espagnol) en ont fait l’acquisition en 1939. Elle avait initialement pour fonction durant la retirada d’accueillir les exilés libertaires et de les exfiltrer des camps d’internement en leur offrant un emploi et un statut. La plupart de ses occupants étaient membres de la célèbre colonne Durutti. La guerre viendra compliquer leur installation, et ce n’est qu’en 1949 avec l’appui de la CNT espagnole qu’elle formalise dans ses statuts la création d’une colonie régie par les principes du communisme libertaire : autogestion, égalité de salaires, abolition de la notion de profit, égalité entre les sexes… L’expérience perdurera jusque dans les années 1960 et bien que méconnue aura fait la démonstration d’une utopie concrète appuyée par des émanations originales. Une radio clandestine émettra durant quelques mois pour porter en Espagne la parole de la résistance au franquisme. Un dispensaire accueillant des malades et mutilés de guerre y figurera une expérience moderne d’autogestion médicale. De nombreuses rencontres, débats, y ont eu lieu. Des rencontres internationales et festives y réuniront des foules immenses.

Le terme jiras, inconnu des dictionnaires est issu de la terminologie propre des libertaires et anarchistes espagnols et désignait des moments de vie collective. L’association entend interroger les persistances de ce modèle, invite à faire un pas de coté pour faire mémoire et témoigner « que lorsque les combats sont perdus militairement ils ne sont pas perdus dans l’histoire des hommes et des femmes et peuvent vivre concrètement à l’écart de la société ». L’association inscrit cette expérience dans une perspective historique, dressant le parallèle avec les luttes du Larzac, de l’usine LIP, des ZAD pour parvenir à une gestion partagée et non autoritaire de la vie collective.

http://www.autogestion.asso.fr/?p=6592#more-6592
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Messagede bipbip » 17 Avr 2017, 16:42

La colonie d’Aymare (1939-1967)

1939-1967 1 : La Colonia de Aymaré – Colonie d’Aymare 2 se situe dans le Lot en Pays de Haute-Bouriane, à Gourdon-Le-Vigan. Il s’agit d’une exploitation de moins de 120 ha 3 (dont 28 ha de bonnes terres) qui jouxte un château en ruines. Il y a de nombreuses dépendances (qui sont remises en état et parfois rajoutées ultérieurement), des greniers et granges, une bergerie, des poulaillers, une ancienne chapelle qui contient un four à pain et un silo à grains. L’exploitation agricole a fonctionné jusqu’à l’été 1939. Encore aujourd’hui (2016) les bois et prairies sont dominants dans tout le secteur, et le site pas simple d’accès ; on comprend qu’il a pu servir de refuge.

L’avocat de gauche André BERTHON (1882-1968), en février 1939, accepte de vendre sa propriété à un représentant du CG-Conseil Général du MLE-Mouvement Libertaire Espagnol et à l’entrepreneur libertaire marseillais Jean ROUMILHAC (1892-1949), membre de la Franc-maçonnerie et de la SIA-Solidarité Internationale Antifasciste, qui sert volontiers de prête-nom. L’achat se réalise au milieu de l’année, en mai. Les fonds proviennent essentiellement du CAER-Comité d’Aide à l’Espagne Républicaine, du SIA et de la CNT. Les liens sont forts avec Pedro HERRERA (1909-1969) chargé d’aider des réfugiés espagnols libertaires à s’insérer dans le tissu économique français, et avec Jacques RAMBAUD (né en 1898) qui a créé une coopérative de réfugiés espagnols. Les premiers réfugiés, sans doute provenant du Barcarès puis du Vernet d’Ariège, arrivent fin juillet et début août 1939 ; il y aurait 36 hommes établis au Vigan en septembre 1939 4, voire plus (71 ?) 5. La plupart sont aragonais, cénétistes et membres de la 26° division, ex-Colonne DURRUTI. Beaucoup ont eu l’expérience des collectivités de 1936-38 et du travail agricole. Très vite ils remettent en état l’exploitation. Femmes et enfants arrivent pratiquement tous plus tard. En fin 1939 on compte 90 personnes : 31 hommes, 24 femmes, 33 enfants et 2 personnes âgées 6. En janvier 1940 le total des présents atteint les 71 personnes selon les autorités françaises 7. Ainsi Aymare est d’abord un lieu d’accueil et de prise en charge de réfugiés libertaires ; en fin 1939, Jean ROUMILHAC devient propriétaire et se lance dans la création d’une coopérative agricole. Mais la préfecture ordonne les reclassements et le travail forcé des réfugiés (loi du 27 septembre 1939) et ne laisse à Aymare qu’une quinzaine de personnes ; la plupart des hommes valides sont employés dans l’agriculture et le travail du bois. Le projet de coopérative est donc reporté.

Durant la Seconde guerre mondiale, le groupe s’étiole ; il ne compterait plus qu’une douzaine de personnes, dont 9 résidents 8. Francisco DIEZHANDINO (né en 1904) semble désormais le vrai coordinateur du milieu libre. Les autres familles ont été dispersées, mais certaines vivent à proximité d’Aymare et parfois y travaillent et viennent y passer leurs congés. La vie économique est rude, la production restreinte, l’élevage dérisoire ; on tente cependant l’élevage des porcs à plus grande échelle. On trafique également avec l’entreprise marseillaise de ROUMILHAC, ce qui est une forme déguisée d’entraide. En 1940 Aymare accueillerait des militants blessés ou handicapés qui nécessitent une aide immédiate. Le lieu fonctionnerait un peu également comme base d’appuis ou de refuges de résistants, réfractaires ou clandestins : des maquisards du Lot s’y réfugient en 1943. Mais s’il admet le côté refuge, Olivier HIARD affirme que l’activité résistante parfois évoquée n’est pas prouvée 9.

Dès 1944 et dans l’après-guerre, c’est la reprise par le MLE. Le responsable anarcho-syndicaliste Juan GÓMEZ CASAS évoque en 1992 l’appui des militants et la visite très positive que font à Aimare (sic) au sortir de la Seconde guerre mondiale Fausto et Aurora, les héros du roman ; dans ce court extrait l’auteur relie cette expérience «à échelle réduite» et les collectivités de 1936 10. Mais le mouvement libertaire, divisé entre «orthodoxes» (majoritaires en France, minoritaires en Espagne) et «politiques ou collaborationnistes» (minoritaires en France, majoritaires en Espagne), fait d’Aymare un enjeu. La situation juridique devient stupide, conflictuelle et désespérante, d’autant que Francisco DIEZHANDINO appartient au deuxième courant et qu’il a l’appui de la CNT d’Espagne. La communauté accueille cependant malades et handicapés, d’où le nom de Colonia de Enfermos y Mutilados qu’on lui attribue parfois ; ce qui explique d’autres appuis ou interventions comme ceux du SIC-Section des Invalides Confédérés (Roque LLOP), de LM-La Liga de Mutilados de la Guerra de España (avec Antonio TRABAL), ou de l’IRO-Organisation Internationale des Réfugiés alors animée par Mme Suzanne BOREL-BIDAULT, femme d’un des responsables de la IV° République. Les productions céréalières et l’élevage reprennent, avec une production animale relativement développée, mais «toujours dans une économie de subsistance, les rendements restant assez faibles» 11.

La communauté du Vigan compte 51 personnes en 1946 dont 46 réfugiées, mais une dizaine d’entre elles seulement vivent au château 12. En fin 1947, près d’une vingtaine de personnes y logent. Elle accueille une douzaine de valides plus les malades vers 1948, et atteint la bonne trentaine de personnes vers 1953 13. On le voit, les statistiques sont difficiles à réaliser, car il y a pas mal de passages, et la comptabilité entre résidents, compagnons extérieurs réguliers, compagnons extérieurs irréguliers… n’est pas simple.

Après 1947, les anciens quittent la place ; de nouveaux libertaires espagnols exilés en France (dont Vicente SÁNCHEZ MIGALLÓN 1915-1993 et son épouse Miguela) veulent transformer la Colonia de Aymaré – Colonie d’Aymare 14 en une vraie collectivité libertaire autogérée (une forme de coopérative agricole). Ils sont une petite vingtaine en 1949. La Colonie se dote de Statuts (Cooperativa de producción de la Colonia de Mutilados de Aymare 15) le 18/09/1948, et vote ses règlements (Plan de Derechos y Necesidades 16) et ses plans de travail tous les ans ; des contrôles de trésorerie ont lieu tous les 3 mois. Le tout est approuvé par CNT, SIC, LM, SIA. 5 administrateurs se succèdent : Vicente SÁNCHEZ (1948-54), Antonio MORALES GÚZMAN (54-56), José ROMERO (56-58), LÓPEZ GALI (58-60) et José VERGARA (jusqu’en 1963) 17.

Ce lieu est en grande partie auto-construit, les militants de passage donnant de nombreux coups de mains, surtout pour les récoltes et pour rénover les bâtiments et surtout pour les travaux d’aédduction d’eau ; on fait appel parfois à une coopérative du bâtiment composée en partie par des libertaires de la région bordelaise dont Federico GALLAGO (Coopérative pessacaise du bâtiment). Par exemple le Pavillon pour les mutilés (7 chambres et 14 lits), soutenu par l’OIR, est inauguré en 1950. Des militants se cotisent pour l’achat d’un tracteur (1948) ce qui permet d’épauler les 2 bœufs et le cheval qui étaient alors les seules vraies forces motrices 18. Le nouveau tracteur acheté en août 1955 est dû au succès d’une souscription lancée par la CNT. L’agronome libertaire bulgare Georges BALKANSKI (né GRIGOROFF 1906-1996) est sollicité pour donner des conseils. Il semble que le géologue libertaire Alberto CARSÍ LACASA (1876-1960) a également été sollicité ; ses remarques sont sans doute fondées, il avait en son temps étudié le système hydraulique de la région catalane.

À Aymare on peut ainsi noter une volonté de réaliser une application à petite échelle du «communisme libertaire» note José BORRÁS 19 (ou de « liberté collectiviste » nous dit Augustin SOUCHY 20), un peu à l’image des collectivités de la guerre civile que tous les deux connaissent très bien. Les responsabilités sont assumées collectivement (une assemblée générale mensuelle), elles sont tournantes (en général la durée est de 6 mois). La ferme doit produire pour assurer l’autosuffisance, et chacun y met ce qu’il y peut et théoriquement peut puiser au tas-tomar del montón (« de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins », si on rappelle l’antique formule communiste). La paie n’y existe pas au début.

Un potager, le petit élevage, les cultures diversifiées (légumes, tabac…) avec une grande étendue en blé, le travail du bois, les cueillettes dans les proximités d’Aymare permettent d’obtenir le minimum. La vie y est dure, dans des conditions difficiles, et le travail important : longues journées et peu de vacances (12 jours par an). Les aides et dons permettent cependant de s’équiper en gros matériel et en animaux, de capter l’eau, et de rénover les dépendances ou d’en créer de nouvelles (lapinière, poulaillers 21…). L’irrigation tardive (l’eau courante n’est possible que vers 1954) permet de diversifier les cultures (tout en améliorant le confort). À côté de la centaine de moutons et des porcs de plus en plus nombreux en semi-liberté, les colons décident de tenter une production semi-industrielle de poules et de lapins. Il est donc à noter qu’ils ne sont pas antiproductivistes, car l’urgence c’est d’obtenir si possible l’autonomie et de pouvoir mieux vivre.

Quelques activités propagandistes sont mises en place, notamment un essai de radio libertaire (liée au MLE) en juin 1948 avec le célèbre intellectuel anarchiste Felipe ALÁIZ (1887-1959) et avec l’artiste et intellectuel Téodoro MONGE. Mais la radio est vite interdite par le gouvernement français de Maurice SCHUMANN ; elle ne dure que 3 semaines. Le 18 juin 2016 les causeries d’Aymare se sont faites auprès du lieu de l’émetteur proche du château dont il reste une partie de socle.

Entre autogestion et autoproduction, cette Colonie va vivoter jusqu’en 1961. L’apogée de la production semble se situer au milieu des années 1950. Après, mauvaises récoltes, épizooties, climat rigoureux, manque d’agriculteurs… ne permettent plus l’autosuffisance. Aymare ne peut survivre que grâce aux aides extérieures, qui persistent et même parfois s’organisent, comme avec l’association Les Amis d’Aymare créés en 1956. La colonie donne alors une mauvaise image des réalisations libertaires, et prive la CNT espagnole et la lutte clandestine des subsides qu’elle immobilise. Des 1955-56, CNT et MLE, tout en maintenant une aide minimale, pensent abandonner l’expérience. La colonie se vide progressivement, et le désastre et la fraude comptables révélés vers 1960 sonnent le glas. En 1961, la CNT réunifiée décide l’abandon de cette expérience communautaire, qui manque de fonds et d’hommes, et qui ne permet qu’un confort minimal à ses occupants. De 1961 à 1963 trois couples autour de José VERGARA tentent de remettre sur pied une ultime société d’exploitation. En été 1963 les matériels sont vendus. Il faut attendre décembre 1967 pour que l’exploitation soit vendue avec l’appui du fils du maire du Vigan (et à son profit – Familles DELCHIÉ), et dans de bonnes conditions grâce aux descendants de ROUMILHAC, mais en laissant bien des amertumes pour celles et ceux qui poursuivaient le rêve communautaire libertaire.

Aymare a pourtant énormément rayonné bien au-delà de ses membres. C’est une colonie qui intrigue le voisinage, mais qui sait très bien se lier avec lui ; l’entraide, les visites… semblent nombreuses et les rapports seraient «excellents» avec les paysans proches 22. La Colonie, très liée à la CNT, à la SIA et à La ligue des mutilés, a souvent été citée dans les organes militants (comme Solidaridad Obrera, CNT ou Cénit). Elle a même accueilli des réunions officielles : en juillet 1951 le 1° regroupement CNT de Montauban et Fumel, ou en juillet 1952 le III° Plenum Intercontinental de la CNT en Exil, avec présence de John ANDERSON, secrétaire général de l’AIT. La colonie propose à ses membres, aux amis et soutiens et aux voisins des fêtes, expositions (de photographies en février 1953), conférences et charlas, séances de théâtre et de cinéma à ciel ouvert, soirées conviviales, «jiras» (excursions) et «concentraciones» (pique-niques et regroupements souvent militants)… Elle ouvre une assez copieuse bibliothèque, et héberge bien des compagnons de passage, parfois sous la forme de camping militant, par exemple, notamment avec les Jeunesses Libertaires, dès 1952. La collectivité reçoit un grand nombre d’aides et/ou de vacanciers solidaires. Nombreux sont les libertaires parfois célèbres qui y séjournent quelque temps : Diego ABAD DE SANTILLÁN, Felip ALAÍZ, Federica MONTSENY, Valentin MONTANÉ, José BORRÁS CASCAROSA, Juan FERRER, Alberto CARSI, le français Paul LAPEYRE, l’allemand Augustin SOUCHY, la sympathisante étatsunienne Nancy MACDONALD fondatrice en 1953 du SRA-Spanish Refugee Aid, le bulgare Georges BALKANSKI ou le fameux GANDHI connu par son seul surnom, le suédois de la SAC Nils LÄTT… Les docteurs militants répondent aussi présents, comme le local RABAL, l’anarchiste José PUJOL GRÚA sur Toulouse, ou la responsable de Mujeres Libres Amparo POCH Y GASCÓN (1902-1968). Il semble que des militants de l’intérieur (Espagne) aient été parfois discrètement accueillis. Si des responsables et des militants de la lutte armée y passent occasionnellement, Aymare n’est vraisemblablement pas une base arrière, ni une école de cadres.

En 1996-1997 le propriétaire Roland DELCHIÉ accepta que se tiennent deux journées rétrospectives dans l’exploitation. Il faut dire qu’il était le fils de l’ancien maire qui avait été très solidaire avec les réfugiés espagnols. En 2009 sort le DVD Aymare collectivité libertaire chez Iris-Le Coquelicot. En 2012 le CTDEE avec Jean REVERTER organise une visite-commémoration à Aymare. Avec les livres de José VERGARA (1996), du SIA (2005), de Vicente SÁNCHEZ (2007), celui très bien construit d’Olivier HIARD (2014), et le dossier du REHIC (2015) la collectivité est enfin sortie de l’oubli. En juin 2016 y sont programmées des discussions sur l’autogestion. Elles aboutissent à une belle rencontre sur l’exil, les collectivités et colonies libertaires, le retentissement local, et une évocation du cas argentin. Malgré un temps médiocre, le site, la qualité de l’accueil et des intervenants et une superbe paella ont permis de passer une fort belle journée. L’eau abondante n’a pas gaché la journée, et même cela renvoyait de manière amusante au dessin satirique de CALL de 1954 qui montrait déjà un lieu quasiment sous l’eau 23.

Pour tenter de conclure Aymare reste «un objet unique dans l’histoire du mouvement anarchiste» 24 car elle ne fut ni un milieu libre, ni une collectivité comme celles de 1936, ni un simple lieu sanitaire pour anciens ou handicapés. Elle fut un peu tout cela. Dépendant de l’extérieur, ne parvenant pas à l’autosuffisance, elle n’en demeure pas moins une collectivité qui a tenté d’appliquer au mieux les principes libertaires d’égalité et de solidarité, tout en veillant à promouvoir cette culture chère aux anarchistes pour ses membres, ses amis et tous les visiteurs.


Notes:

1.J’adopte en juin 2014 la nouvelle chronologie proposée par HIARD Olivier Aymare 1939-1967. Une collectivité anarchosyndicaliste espagnole dans le Lot, Saint-Georges d’Oléron: Éditions libertaires, 176p, 2014

2.SÁNCHEZ Vicente La colonia de Aymaré (1848-1954) : collectividad libertaria del exilio español en Francia, Madrid : FAL, 190p, 2007

3.HERRERÍN LÓPEZ Ángel La CNT durante el franquismo. Clandestinidad y exilio (1939-1975), Madrid, Siglo XXI, 468p, 2004, p.387

4.HIARD Olivier Aymare 1939-1967. Une collectivité anarchosyndicaliste espagnole dans le Lot, Saint-Georges d’Oléron: Éditions libertaires, 176p, 2014, p.27

5.REDHIC – Recherche et documentation d’histoire contemporaine Dossier. La «Colonia» d’Aymare. Un lieu de mémoire dans le Quercy, -in-Les Cahiers du CTDEE, Toulouse: n.4, p.54-78, décembre 2015, p.58

6.ALTED VIGIL Alicia El exilio de los anarquistas, -in-CASANOVA Julián Coord. Tierra y Libertad. Cien años de anarquismo en España, Barcelona: Editorial Crítica, Colección Crítica contrastes, 320p, p.167-190, 2010, p.176

7.HIARD Olivier Aymare 1939-1967, op.cit, 2014, p.31

8.HIARD Olivier Aymare 1939-1967, op.cit, 2014, p.36

9.HIARD Olivier Aymare 1939-1967, op.cit, 2014, p.42

10.GÓMEZ CASAS Juan Entre dos tiempos (novela), Mostoles: Madre Tierra, 246p, 1992, p.174

11.HIARD Olivier Aymare 1939-1967, op.cit, 2014, p.57

12.HIARD Olivier Aymare 1939-1967, op.cit, 2014, p.56

13.ALTED VIGIL Alicia El exilio de los anarquistas, -in-CASANOVA Julián Coord. Tierra y Libertad. Cien años de anarquismo en España, Barcelona: Editorial Crítica, Colección Crítica contrastes, 320p, p.167-190, 2010, p.176

14.SÁNCHEZ MIGALLÓN Vicente La colonia de Aymaré (1848-1954) : collectividad libertaria del exilio español en Francia, Madrid : FAL, 190p, 2007

15.SÁNCHEZ MIGALLÓN Vicente La colonia de Aymaré (1848-1954), op.cit., 2007, p.33-39

16.SÁNCHEZ MIGALLÓN Vicente La colonia de Aymaré (1848-1954), op.cit., 2007, p.42-46

17.HIARD Olivier Aymare 1939-1967, op.cit, 2014, p.69

18.Cf. photos dans REDHIC Dossier. La «Colonia» d’Aymare, op.cit., 2015, p.63

19.SÁNCHEZ MIGALLÓN Vicente La colonia de Aymaré (1848-1954), op.cit., 2007, p.158-161

20.SOUCHY Augustin Attention anarchiste ! Une vie pour la liberté (1977), Paris, Éditions du Monde libertaire, 258p, 2006, p.160

21.HIARD Olivier Aymare 1939-1967, op.cit, 2014, p.82-83

22.REDHIC Dossier. La «Colonia» d’Aymare, op.cit., 2015, p.67

23.REDHIC Dossier. La «Colonia» d’Aymare, op.cit., 2015, p.54

24.REDHIC Dossier. La «Colonia» d’Aymare, op.cit., 2015, p.73


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Re: la Retirada et l'exil

Messagede Pïérô » 08 Juin 2017, 16:37

Le fantôme de la guerre d’Espagne

À la fin des années 1930, face à la guerre qui ravage leur pays, de nombreux Espagnols cherchent l’asile en France. Tandis que le Front populaire, arrivé au pouvoir en 1936, impose un accueil solidaire des réfugiés, les derniers gouvernements de la IIIe République mettent en place une législation restrictive qu’utilisera le régime de Vichy.

... http://www.monde-diplomatique.fr/2017/0 ... MAND/57481
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Re: la Retirada et l'exil

Messagede Pïérô » 15 Juin 2017, 10:53

Paris, jeudi 15 juin 2017

Projection débat « Angel »
Documentaire de Stéphane Fernandez.

Angel a 86 ans. Né à Barcelone, il voit sa mère mourir sous ses yeux en 1937. À 10 ans, part en exil sur les routes catalanes, seul responsable de sa sœur et de son frère âgés de 6 et 4 ans. Enfermée dans les camps de concentration français d'Argelès-sur-Mer, la fratrie retrouve finalement à Sarlat le père disparu. Plusieurs années plus tard, Angel revient en Espagne et se fait arrêter, torturer et condamner à mort.

Tout au long du film, Angel sera accompagné par son ami Dominique, lui-même fils d'exilés espagnols. Son père est mort des suites d'une blessure reçue durant la guerre d'Espagne. C'est à Dominique qu'Angel va confier son histoire, raconter ses souvenirs, montrer ses notes, ses photos, ses dessins…Le réalisateur, Stéphane Fernandez, a su nous captiver en entrecoupant les scènes de récits de séquences graphiques animés, une vraie belle trouvaille.

Venez nombreux, pour la première fois à Paris ce film d'histoire, d'émotion et de vie !

Le jeudi 15 juin 2017 à 19h Centre d’animation Place des Fêtes, 2-4 rue des Lilas, Paris 19e

Projection suivie d'un débat avec le réalisateur, Stéphane Fernandez.

Entrée gratuite

http://www.24-aout-1944.org/ANGEL-a-tra ... s-yeux-des
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Re: la Retirada et l'exil

Messagede bipbip » 28 Oct 2017, 14:23

EXPOSITION
Robert Capa et l'"accueil" par la France des réfugiés républicains en camps

à Biarritz jusqu'au 17 novembre 2017

Du mardi au vendredi
Jusqu'au 17 novembre

Musée d'Histoire de Biarritz

entrée 4 euros

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Re: la Retirada et l'exil

Messagede Pïérô » 07 Nov 2017, 14:32

Paris, jeudi 9 novembre 2017

Projection débat « Fugir de l'oblit » (Fuir l'oubli)
un film d'Abel Moreno - 93mn

Image

Pitu a passé toute sa vie en fuite. Fuite du franquisme, du camp de réfugiés d'Argeles-sur-Mer, du camps de concentration de Dachau, du camps d'extermination de Treblinka, du massacre d'Oradour-sur-Glane…

Maintenant à 91 ans, la maladie d'Alzheimer de la Mercè, sa femme, le pousse à retourner à tous les lieux desquels il s'est échappé, se lançant paradoxalement dans ce qui sera sa dernière fuite. Celle de l'oubli.

Venez nombreux, pour la première fois à Paris ce parcours de vie d'une grande dignité.

Le jeudi 9 novembre 2017 à 19h suivi d'un débat avec le réalisateur

Entrée gratuite

Nous vous proposons de regarder déjà la bande annonce: https://vimeo.com/191635024

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Re: la Retirada et l'exil

Messagede Pïérô » 29 Jan 2018, 03:58

Dossier : « Anarchistes espagnols en France : de la Guerre Civile à la fin du franquisme »

Lutter et résister dans les centres d'hébergement et les camps d'internement français : l'exemple des femmes espagnoles anarchistes (1939-1942)

Résumés

Qu'advient-il des femmes lors de la Retirada ? Elles sont entre 75 000 et 95 000 à se réfugier en France en janvier et février 1939. Parmi ces milliers de femmes se trouvent des anarchistes dont il est difficile de quantifier le nombre, du fait de la surveillance moindre dont elles font l'objet par les autorités françaises. Aux prises avec des stéréotypes de genre qui les confinent dans des registres d'actions apolitiques, les réfugiées ne retiennent pas l'attention de leurs encadrants. Il est donc complexe de retracer leur vécu sur le sol français, plus encore lors des premiers mois et des premières années de leur exil, alors même qu'elles subissent, comme des milliers de compatriotes du même sexe, une prise en charge étatique au sein des centres d'hébergement et des camps d'internement. Pour autant, ces espaces coercitifs n'altèrent en rien leurs idées et leurs positionnements politiques. Mais, contraintes dans leurs faits et gestes, les femmes anarchistes militent alors selon de nouvelles modalités que l'usage de l'archive orale permet de mettre au jour.

Plan

Les centres d'hébergement : la subversion du quotidien

Des espaces disparates

Repenser les modes de contestation féminine

Les camps d'internement : résister derrière les barbelés

Le large prisme de la suspicion féminine

Discuter, s'instruire, se révolter : les multiples postures de résistance des femmes anarchistes dans les camps

Texte intégral : http://journals.openedition.org/ccec/6732
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Re: la Retirada et l'exil

Messagede bipbip » 02 Juin 2018, 19:35

Montseny - mémoires de l'exil espagnol

Après-midi culture et mémoire

Paris dimanche 3 juin 2018
à 14h, CNT, Confédération Nationale du Travail, 33, rue des Vignoles

Image

Dans le cadre des rencontres de l'Espace Mémoire vivante de l'Espagne républicaine, antifasciste et libertaire, l'association Les Pas sages des Vignoles vous convie à une journée sur Federica Montseny.

14h : Une brocante du livre espagnol et des livres plus généralement sur l'histoire du mouvement libertaire en Europe.
16h30 : présentation en avant-première du livre de Federica Montseny traduit par Serge Utgé-Royo, publié par les éditions de la CNT-RP et l'association 24 août-1944 : Révolutionnaires, réfugiés et résistants. Témoignages des républicains espagnols en France (1939-1945)
18h : projection du documentaire Federica Montseny, l'Indomptable suivie d'un débat avec le réalisateur Jean-Michel Rodrigo et Marian Paugam
19h : pot convivial de solidarité avec l'association Les Pas Sages.

Federica Montseny
Federica Montseny Mañé est une intellectuelle et une militante anarchiste espagnole, ministre de la Santé entre 1936 et 1937, sous la Seconde République espagnole, pendant la guerre civile déclenchée par l'armée. Elle est ainsi la première femme espagnole à devenir ministre.
Elle est également active dans l'organisation féminine libertaire Mujeres Libres.

http://www.cnt-f.org/urp/agenda-cnt/mon ... che-3-juin
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Re: la Retirada et l'exil

Messagede bipbip » 28 Aoû 2018, 18:07

Les camps de la honte

Informer encore et encore du sort réservé aux républicains espagnols réfugiés en France, après qu’ils eurent combattu, durant deux ans et demi, les forces franquistes soutenues par les armées nazie, fasciste et celle du dictateur portugais Salazar, c’est leur rendre hommage et rappeler quelques vérités. Parmi ces Espagnols, nombreux étaient des anarchistes dont l’histoire tisse le fil de la nôtre.
Nous ne pouvons exposer toutes les situations vécues dans les « camps du mépris », mais nous pouvons évoquer les souffrances endurées dont les traces indélébiles affectent souvent les descendants, de manière plus ou moins profonde.

Les réfugiés espagnols, cherchant un refuge contre le franquisme, sont entrés en France entre 1938 et 1940. En 1939, entre fin janvier et mars, lors de la Retirada (la retraite de l’armée républicaine vaincue), ils sont arrivés en masse : plus de 500 000 personnes, dont environ 350 000 ont séjourné dans des camps. À leurs côtés se trouvaient des brigadistes.
L’hiver était rude ! Sous la pluie, la neige, tenaillé par la faim et la soif, sous le feu de l’aviation franquiste, un flot humain se pressait à travers les Pyrénées, attendant que le gouvernement français ouvre la frontière. Celle-ci s’est entrouverte le 28 janvier 1939 pour les enfants, les femmes et les vieillards. Le 5 février au matin, les représentants de la Seconde République espagnole ont suivi. Le soir, les autorités françaises permettaient aux hommes d’entrer en France.
Le pays, dépassé par cette arrivée massive, n’a pu mettre en place rapidement la logistique nécessaire à un accueil décent. Pourtant, cet exode était prévisible, puisque chaque conquête des franquistes entraînait de nouveaux départs en nombre. Fin 1938, environ 45 000 Espagnols avaient été hébergés dans des colonies, dans des familles françaises et des familles d’origine espagnole. En outre, dès 1937, les services de l’ambassade française à Madrid avaient averti que la France devait se préparer aux conséquences de la défaite des républicains.
Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas pris en considération cette alerte ? Pourquoi les camps militaires n’ont-ils pas été mis à disposition ? Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas dirigé les blessés et les malades vers les hôpitaux militaires plutôt que vers les établissements civils, moins bien équipés ? Pourquoi certains – des milliers – n’ont-ils même pas été soignés, comme le père de Serge Utgé-Royo, soldat dans l’armée républicaine, issu de la colonne Durutti, au haut du poumon transpercé par une balle. Il en gardera des séquelles. Ainsi a-t-il séjourné d’abord à Mont-Louis, sans soins, dormant à même le sol, dans un pré enneigé. Le souvenir de ce froid glacial restera gravé dans sa mémoire. Comme ses compagnons, il n’avait rien, ou pas grand-chose, pour s’en protéger.
Une telle tragédie s’explique par le contexte international, la situation spécifique de la France et les stratégies adoptées par le gouvernement.
Rappelons que durant la guerre d’Espagne, Léon Blum optait pour ce qu’il appelait une « non-intervention relâchée ». Il fermait les yeux sur quelques livraisons d’armes françaises, léger manquement à l’embargo auquel la France s’était engagée, avec nombre d’États. Bien que ses convictions le portaient à soutenir les républicains espagnols, sa peur d’une montée de l’opposition, dans une France craignant une nouvelle guerre – la plupart des Français n’avaient pas conscience qu’elle avait déjà commencé en Espagne –, le conduisait à ce louvoiement.
Le gouvernement de Léon Blum avait assuré un accueil convenable aux premiers réfugiés espagnols, mais celui d’Édouard Daladier menait une politique plus restrictive, fermant la frontière, ne l’ouvrant, en 1939, que sous la pression de l’urgence humanitaire, tout en prévoyant le rapatriement des réfugiés.
La Retirada eut lieu alors que la situation financière du pays se dégradait. La droite et l’extrême droite, le vent en poupe, au diapason avec une partie de la population, se plaignaient de « l’invasion » espagnole. La xénophobie ambiante était relayée et exaspérée par une presse malveillante, en particulier dans les Pyrénées. L’exode espagnol avivait les clivages politiques français.
La solidarité n’était pas de mise, sauf chez certains militants de gauche, des anarchistes et quelques entités caritatives, telle les quakers. Que ce soit dans la métropole ou au Sahara colonisé, le gouvernement recevait ces Espagnols antifascistes, contraint et forcé, sans aucune anticipation, dans des conditions indignes, confinant aux mauvais traitements.
La préoccupation était sécuritaire, d’où des fouilles strictes des bagages, des vêtements au passage de la frontière. « Malgré la fatigue et l’abattement, les scènes conflictuelles ne sont pas rares à la frontière car la brutalité et le mépris qui leur sont parfois manifestés ne laissent pas les réfugiés sans réaction 1. » Les préfets ont élaboré des rapports sur les mentalités et les comportements des réfugiés.
Dès leur arrivée, les combattants devaient remettre leurs armes. « Déracinés, vaincus, humiliés, les miliciens espagnols n’ont même plus le droit de chanter leur hymne. En France, le Front populaire a vécu et c’est sans doute pour éviter une sorte de contagion que l’on censure, par exemple, L’Internationale 2. »
Ceux qui avaient traversé les Pyrénées étaient d’abord installés dans des prairies, des centres de « contrôle », de « recueil ». Les familles, séparées, étaient tenues dans l’ignorance des destinations des uns et des autres.
Après un « tri », la plupart des enfants, des vieillards et des femmes étaient conduits à l’intérieur du pays. Les combattants étaient amenés dans des camps que l’administration nommait « camps de concentration » : Argelès, Saint-Cyprien, Le Barcarès, Rivesaltes dans les Pyrénées-Orientales, Ogeu-les-Bains et Gurs dans les Pyrénées-Atlantiques, Bram et Montolieu dans l’Aube, Agde dans l’Hérault, Le Vernet, Mazères et Rieucros dans l’Ariège, Septfonds dans le Tarn-et-Garonne, et d’autres dans les Landes, en Gironde…
Dans certains camps, on rassemblait des Espagnols par lieu d’origine, catégorie sociale, âge, appartenance politique. Ainsi, dans le camp de Bram, il y avait surtout des vieillards. Rivesaltes était à dominante catalane ; beaucoup d’enfants s’y trouvaient aussi, dont certains sans parents. À Gurs, la langue basque était la plus parlée. Septfonds était majoritairement communiste et Le Vernet plutôt anarchiste, avec des membres de la colonne Durruti. Dans tous les camps se côtoyaient des civils, des soldats de l’armée républicaine, des miliciens divers, et, dans une moindre mesure, des femmes et des enfants. Là où des combattants communistes ou anarchistes étaient les plus nombreux, les conditions étaient plus dures, la surveillance plus stricte ; on craignait qu’ils soutiennent leurs camarades français dans la diffusion de leurs idées.
En cet hiver 1939, dans les camps des plages, souvent bordés de marécages, rien n’était prévu pour s’installer. « Tous sont déjà infirmes, amputés du cœur par le déracinement. Beaucoup vont s’endormir là de leur dernier sommeil… Le premier trou qu’ils creusent instinctivement dans le sable, pour se protéger du froid, ressemble à une tombe 3. »
Daniel Pinos 4, dont le père cénétiste a franchi la frontière le 9 février 1939, relate les paroles de ce dernier sur ses huit mois passés dans le camp d’Argelès : « Il n’y avait pas de baraquement. Tous dormaient à même le sable, creusant pour se protéger des intempéries. Les premiers jours, il n’y avait pas de nourriture, la mort hantait le camp. Ils souffraient de la maladie des sables [arenitas]. La dépression gagnait ces combattants à qui on avait retiré les armes. »
Serge Utgé-Royo 5 a recueilli quelques précisions de son père, qui lui aussi a séjourné dans ce camp : « Ils s’enterraient dans le sable pour se protéger de la tramontane. Avec des vêtements, des chaussures, ils fabriquaient des parapets, des abris d’une vingtaine de centimètres. Pour dormir, ils s’enfonçaient dans le sable. Au matin, ils en ressortaient telles des écrevisses ; ils découvraient alors que l’un d’entre eux, dont la capote n’avait pas été soulevée, était mort. »
Ces descriptions du premier camp sont similaires à celles de la plupart des camps, dans les premières semaines de leur existence, avant que des baraquements soient fabriqués, souvent de la main même des Espagnols. « Ils se sont regroupés par affinité politique, se sont entassés dans des cabanes en bois et ils ont enterré les morts », explique Daniel Pinos.
La priorité des autorités françaises n’était pas l’aide ou le soutien. La préoccupation était de maintenir l’ordre : les enceintes, les fils de fer barbelés ont été rapidement montés.
Pour saisir les conditions dans lesquelles ont vécu ces Espagnols, les premiers temps, prenons l’exemple du camp de Gurs, prototype de ceux aménagés, de manière bien rudimentaire, au printemps 1939.
Éloigné des zones urbaines, en bord de route nationale, il était aisé à ravitailler. Le 2 avril 1939, des combattants républicains, des Basques et des combattants des brigades internationales s’y installaient. Gurs était conçu pour 18 500 personnes. Des baraques en bois, 428, mal isolées, avaient été construites par l’administration départementale des Ponts et Chaussées le long de l’allée centrale, unique endroit goudronné. « Le camp s’étend sur 79 hectares, divisés en 13 îlots séparés les uns des autres par des barbelés. Chaque baraque mesure 24 mètres sur 6 et est prévue pour 60 internés environ 6. » Les installations ne protégeaient ni du froid, ni de la pluie.
L’insuffisance alimentaire, la surpopulation, le manque d’hygiène – les équipements sanitaires étaient insuffisants, voire inexistants – causaient des maladies. Les Espagnols subissaient des conditions de vie humiliantes. Faute de toilettes, en proie à de terribles coliques, ils devaient courir jusqu’à la mer. « La promiscuité et l’insistante puanteur des déjections contribuent à miner le courage et la dignité des internés 7. » Par la suite, des latrines collectives seront mises à disposition, sous la garde des spahis.
Serge Utgé-Royo, lors de la visite d’une exposition à Perpignan, a été bouleversé par une photographie et l’explication que son père lui a donnée : « Tu vois la bordure noire ? », a-t-il demandé ; et il a poursuivi : « C’est de la merde. Nous n’avions pas le droit d’aménager ce qu’il fallait. Nous étions obligés d’aller au bord de l’eau. Nous faisions nos besoins à la vue de tous, là où nous nous lavions, là où nous lavions notre linge. Ces défécations allaient et venaient, marquant une délimitation sur le sable, une ligne noire à l’infini. » Ceux qui cherchaient à préserver leur intimité risquaient d’être frappés à coup de crosse ou de sabre, comme le père de Serge Utgé-Royo l’a relaté : « Un jour que j’avais la diarrhée, j’ai cherché un endroit à l’abri des regards, éloigné de la plage. J’ai pu creuser et défaire mon pantalon, mais j’ai entendu un cheval s’approcher au galop. J’ai juste eu le temps de me rhabiller sans m’essuyer. Quelle humiliation ! Le soldat m’a donné un coup de sabre en bas du dos qui a été quelque peu amorti par ma capote militaire. »
Selon Raymond Roig, 14 600 personnes sont mortes durant les six premiers mois 8, sachant que nombreuses étaient arrivées malades, blessées. Mais beaucoup ont souffert de dysenteries, de pneumonies. La typhoïde, la tuberculose et même le paludisme faisaient des ravages. Toutes ces maladies venaient du manque d’eau potable, de l’insalubrité, de la surpopulation et de l’absence de protection contre les intempéries. Il faut aussi mentionner la faiblesse des soins médicaux.
L’absence d’anticipation et de volonté explique l’indigence de la logistique. Ainsi a-t-il fallu attendre cinq mois pour que des améliorations soient apportées dans les camps du Roussillon. Au-delà de la négligence, il y eut le comportement souvent maltraitant des gardiens et la répression contre ceux qui revendiquaient de meilleures conditions d’hébergement.
Ainsi, le père d’Aimé Marcellan 9, membre de la CNT, soigné à l’hôpital de Pau puis transféré à Gurs, a raconté les brimades et les abus de pouvoir. Par exemple : les gendarmes, gardiens du camp, ne distribuaient pas le courrier, obligeant les personnes à aller le chercher en marchant au pas, sous leur regard méprisant. Au camp de Bram, où se trouvaient les grands-parents d’Aimé, si les Espagnols tentaient de ramasser du bois pour se chauffer, les tirailleurs sénégalais le leur confisquaient.
Ceux qui protestaient contre leur condition étaient parqués dans des enclos barbelés (les « hippodromes »), espaces disciplinaires où les punitions étaient si terribles qu’elles pouvaient provoquer la mort. Un odieux chantage obligeait les plus déterminés à courir jusqu’à épuisement dans la nuit, afin d’obtenir de la nourriture.
Dans une France en proie aux difficultés économiques et aux tensions politiques exacerbées, les réfugiés espagnols étaient encouragés à repartir. Domingo Borell, membre de la CNT, raconte : « Nous subissions sans cesse les pressions des gendarmes français et des représentants de Franco pour que nous quittions la France et retournions au pays 10. » À proximité de certains camps de concentration se trouvaient ce que l’on appelait « les camps de Franco », destinés à accueillir ceux qui acceptaient d’être rapatriés en Espagne, au risque d’y être emprisonnés ou tués par le régime franquiste. Pour les attirer, la nourriture y était de qualité et en bonne quantité ; on y dormait sur des matelas…
Après les accords de Munich, jouant l’apaisement avec le nazisme, et alors que, le 27 février 1939 11, le gouvernement français reconnaissait le gouvernement fasciste espagnol, la voix des antifranquistes était particulièrement mal venue. La discipline régnait dans ces camps surveillés par des militaires : brimades et punitions étaient quotidiennes. Et comme l’indique Geneviève Dreyfus-Armand : « Les motifs de châtiments sont variables, souvent liés à des refus de saluer les gardiens, à des protestations, à des tentatives d’évasion ou à des accusations d’activités politiques 12. » Le père de Daniel Pinos évoquera le « quadrilatère » d’Argelès, où l’on enfermait nus ceux qui s’étaient révoltés et que l’on empêchait de dormir. 
En outre, certains gardiens armés abusaient de leur pouvoir ; et nous pouvons nous demander si des spahis ne prenaient pas ainsi une revanche sur des blancs représentant pour eux des colonisateurs.
Là où les combattants étaient les plus nombreux, régnait une discipline plus sévère, un régime militaire. C’était le cas au Vernet, camp disciplinaire datant de la Première Guerre mondiale, mais où les baraquements n’avaient pas été entretenus. Serge Utgé-Royo se souvient du récit de son père : « Nous étions six, sept dans des tentes improvisées, montées avec les capotes de quelques-uns. Nous dormions serrés les uns contre les autres. Pour changer de position dans la nuit, il fallait prévenir les autres pour qu’ils se retournent aussi et éviter de se retrouver visage contre visage. » Les Catalans de la 26e division « Durruti » y étaient majoritaires, soit 9 000 personnes sur les 10 200 internées. Il y avait aussi des fortes têtes et des évadés venant d’autres camps. La surveillance y était plus minutieuse. Il y avait des locaux disciplinaires.
Des républicains, à qui l’on reprochait d’être des activistes politiques, ont même été détenus dans des prisons militaires comme le château de Collioure. Celui-ci est devenu « le premier centre disciplinaire pour les réfugiés considérés comme des « extrémistes dangereux ». […] Traités comme des criminels par des officiers et des soldats français, ils ont eu à souffrir de dures conditions d’hygiène, de faim, de punitions et d’isolement dans des cellules souterraines humides et insalubres, à peines ventilées 13 ». Ces mauvais traitements ont été portés sur la place publique. S’ensuivit un procès qui déchaîna quelques passions. Les 348 prisonniers restants furent déplacés dans des camps d’Afrique du Nord ou du Vernet.
Peu à peu, dans les camps, les internés s’organisaient. Daniel Pinos explique comment ils luttaient contre la dépression, la mort. Certains ont plongé dans des trafics, entre autres de prostituées, avec la complicité des gardiens. Mais c’est aussi à travers des réalisations, parmi lesquelles la culture et la création au premier plan, qu’ils ont fait face : « Ils ont mis sur pied des bibliothèques, fabriqué des journaux avec du papier pelure. Ils écrivaient des textes, de la poésie, dessinaient. »
Moins connue et plus dramatique encore est la situation des combattants embarqués à Alicante pour l’Afrique du Nord. Acheminés dans le sud algérien et le sud tunisien, les premiers réfugiés y arrivaient en mars. Les camps de Carnot, d’Orléansville, d’Oran ont été construits. Là aussi, les autorités étaient débordées par le nombre de réfugiés. Après avoir refusé leur débarquement, elles finissaient par céder. Ainsi, durant un mois, près de 2 000 réfugiés de l’African Trader et du Stanbrook restaient coincés à bord. Une épidémie de typhus leur permit de quitter leurs embarcations.
Les familles regroupées, les femmes, les enfants et des hommes aux situations socio-professionnelles supérieures étaient hébergés dans des conditions correctes. Il en était tout autrement des dits « miliciens », dans les camp de Suzzoni, à Boghar, et de Morand, à Boghari, au sud du département d’Alger : au manque d’hygiène, d’eau, de nourriture, de médicaments, d’espace, il fallait ajouter la chaleur, les morsures de serpents… Nombreux sont morts du typhus, de la tuberculose, de la faim et des mauvais traitements 14.
En Algérie, très rapidement, ces réfugiés seront exploités pour la construction du Transsaharien. En métropole, ils seront recrutés dans les fermes et dans les compagnies de travailleurs étrangers quand le pays, entré en guerre, traversera une pénurie de main-d’œuvre. Des Espagnols ont rejoint la légion, d’autres la Résistance, l’armée de Leclerc. Certains seront déportés dans les camps nazis, d’autres, au risque de leur vie, retourneront en Espagne.
Les internés ont, le plus souvent, peu parlé de leur passage dans les camps du mépris. Ce sont plutôt leurs enfants qui, voulant connaître, comprendre ce qu’ils avaient vécu, ont fait émerger une parole. Aimé Marcellan émet quelques hypothèses sur ce silence : « Ils ont sans doute voulu nous préserver des malheurs endurés. Mais ce n’est pas l’essentiel. Certes, la vie dans les camps était dure, mais elle n’avait rien à voir avec les camps allemands, ni avec ces mêmes camps à partir de 1940. Les « facilités d’évasion » en sont la preuve (Le Vernet, en tant que camp disciplinaire, et les camps d’Afrique du Nord sont sans doute à mettre à part). J’ai l’impression que leur militantisme, dans la CNT, par exemple, armait les individus pour une résilience qui ne devait rien aux travaux de Cyrulnik. »
Pour en savoir davantage, divers ouvrages sont disponibles et des échanges sont aussi envisageables avec les enfants et petits-enfants qui ont recueilli des témoignages. Ce rapide retour sur les conditions dans lesquelles les Espagnols antifranquistes ont été « reçus » en France lors de la Retirada n’est qu’une esquisse d’un sombre tableau.
L’enfermement des indésirables est un trait de la politique française. Les camps ont servi durant le régime de Vichy à interner des étrangers antinazis, des Juifs. Depuis, des combattants du FLN y ont été emprisonnés, et les camps de Rivesaltes 15 se sont transformés en centres de rétention pour étrangers en attente d’expulsion. Comme le soulignent les auteurs de l’ouvrage Vous avez la mémoire courte : « La logique du camp, c’est la mise entre parenthèses de l’être 16. »

Agnès Pavlowsky


1. Geneviève Dreyfus-Armand, L’Exil des républicains espagnols en France, de la guerre civile à la mort de Franco, Paris, Albin Michel, 1999, p. 52.
2. René Grando, Jacques Queralt, Xavier Febrès, Vous avez la mémoire courte, Perpignan, Éditions du Chiendent, 1981, p. 69.
3. Ibid, p.114-115.
4. Daniel Pinos est militant à la Fédération anarchiste. Il a collaboré à plusieurs titres de la presse libertaire, entre autres Front libertaire, Le Monde libertaire, Tierra y Libertad et Cuba Libertaria. Il a longtemps été membre de l’équipe éditoriale des éditions CNT de la région parisienne. Il est l’auteur de Ni l’arbre ni la pierre. Des combats pour la liberté aux déchirements de l’exil : l’odyssée d’une famille libertaire espagnole, Lyon, Atelier de création libertaire, 2001. Il est membre du Galsic, Groupe d’appui aux libertaires et aux syndicalistes indépendants de Cuba.
5. Serge Utgé-Royo, auteur compositeur, comédien, écrivain. Il est l’auteur de Noir coquelicot, Paris, Édito Lettres, 2004.
6. D’après « Traces et empreintes, le camp de Gurs », www.jewishtraces.org/rubriques/?keyRubr ... mp_de_gurs.
7. René Grando et al., op. cit., p. 162.
8. Ibid., p. 128.
9. Militant de la CNT.
10. Véronique Olivarès, Mémoires espagnoles, l’espoir des humbles, Paris, Éditions Tirésias, 2008, p. 115.
11. Le maréchal Pétain est nommé ambassadeur de France auprès du gouvernement franquiste.
12. Geneviève Dreyfus-Armand, op. cit., p. 68.
13. Evelyn Mesquida, La Nueve 24 août 1944. Ces républicains qui ont libéré Paris, traduit de l’espagnol par Serge Utgé-Royo, Paris, Le Cherche Midi, 2011, p. 40.
14. Pour en savoir davantage sur les mauvais traitements infligés en Afrique du Nord, vous pouvez vous reporter à l’ouvrage d’Evelyn Mesquida, op. cit., au chapitre « Temps de honte et de courage », p. 39-58.
15. Les camps de Rivesaltes ont été fermés en 2007.
16. René Grando et al., op. cit., p. 112.


https://monde-libertaire.fr/?article=Le ... e_la_honte
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Re: la Retirada et l'exil

Messagede Pïérô » 13 Nov 2018, 20:15

Témoignage de Mario GIUDICI sur le camp disciplinaire de Collioure

Document publié dans le Journal L’Espagne Indomptée de juillet, août et septembre 1939.

Mario GIUDICI fut transféré du camp d’Argelès au fort de Collioure
Il faisait partie du regroupement d’ anarchistes Italiens Libertà o Morte.

On apprend par Giudici qu’il y avait 400 hommes internés dans ce camp disciplinaire au cours de l’été 1939, et qu’une grève de la faim était encore en cours au moment de sa sortie, à laquelle participaient ces sept prisonniers :

BILLA [Biglia ?] Secundo
CRESPI Enrico
SABBATINI Sergio
SESTAN Ludovico
ZAZZU Giovanni
VELKOS Nicolas (Bulgare)
GOEORGIEFF (Bulgare)

En septembre 1939, André Prudhommeaux publia un numéro triple de L’Espagne nouvelle titré L’Espagne indomptée, de 40 pages, dans lequel apparaissaient deux articles de Jaime Ballus ainsi que d’autres signés A.P (André Prudhommeaux), Ridel, Hem Day, Malander y Ernestan, tous très proches des positions anti-collaborationnistes des Amis de Durruti.

doc pdf : http://gimenologues.org/IMG/pdf/espagne ... 7-69_1.pdf

http://gimenologues.org/spip.php?article808
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Re: la Retirada et l'exil

Messagede digger » 10 Fév 2019, 12:34

Il y a 80 ans, la Retirada. Une enfance dans les camps français
https://www.liberation.fr/apps/2019/02/retirada-enfance-camps-francais/
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