Première guerre mondiale, Histoire(s) et commémorations ...

Re: Première guerre mondiale, Histoire(s) et commémorations

Messagede Pïérô » 28 Oct 2018, 14:28

Indre : la Chanson de Craonne indésirable le 11 Novembre

Tournon-Saint-Martin. Des élèves devaient entonner la chanson des mutins de 1917, lors des cérémonies. Le directeur académique s’y oppose.

Adieu la vie, adieu l’amour, adieu toutes les femmes. C’est bien fini, c’est pour toujours, de cette guerre infâme. C’est à Craonne, sur le plateau, qu’on doit laisser sa peau, car nous sommes tous condamnés, nous sommes les sacrifiés.

Chanson symbole des grandes mutineries du printemps 1917 consécutives aux attaques meurtrières décrétées par l’état-major, La Chanson de Craonne fait désormais partie de notre patrimoine national. A ce titre, elle est notamment chantée, tout comme La Marseillaise, à Tournon-Saint-Martin, lors des cérémonies du 11 Novembre.

“ Une atteinte à la liberté d’expression ”

(...)

L’évocation pouvant être choquante pour nos enfants, faudra-t-il aussi interdire aux enseignants d’apprendre à leurs élèves que Jeanne d’Arc a été brûlée vive sur la place du marché, à Rouen ? Pour le maire de Tournon-Saint-Martin, Dominique Hervo, l’histoire est une et indivisible. On ne saucissonne pas : « Notre cérémonie est organisée ainsi depuis trois ans et cela ne choque visiblement personne. Les chansons sont étudiées en classe et font l’objet d’un vrai travail pédagogique. Je tiens enfin à rappeler que la commémoration est organisée hors du temps scolaire. Vraiment, les dirigeants de l’Education nationale n’ont-ils pas d’autres sujets plus importants à traiter, en ce moment ? »

A Tournon, les enfants continueront donc à chanter La Marseillaise et La Chanson de Craonne. Et ils liront des lettres de poilus. « Pour ne pas mettre les enseignants en porte-à-faux, les gamins seront accompagnés par les responsables de l’Harmonie municipale, poursuit le maire. Mais on continue. C’est ferme et définitif. Cela permettra d’organiser une célébration digne de ce nom. »


https://www.lanouvellerepublique.fr/ind ... JQ_xU47sm4
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Re: Première guerre mondiale, Histoire(s) et commémorations

Messagede Pïérô » 31 Oct 2018, 15:03

Tours
Pour un 11 novembre 2018 antimilitariste !

La folie guerrière et militariste ne cesse de faire florès à travers le monde : aux Etats Unis, l’ahuri Trump joue avec l’avenir de la planète avec ses menaces inconsidérées d’agressions militaires, en Corée du Nord, le "guide suprême" saigne son peuple au sang pour maintenir une armée pléthorique et développer un arsenal nucléaire qui fait froid dans le dos. De la Russie à la Chine, en passant par les pays occidentaux et leurs prétentions hégémoniques en Afrique, une seule chose va bien dans ce monde, c’est l’industrie de l’armement !

Cette "pourvoyeuse" d’emplois qui ne devrait pas exister, continue à engendrer ça et là des massacres, corollaires à de gros profits pour les industriels (industrie aéronautique avec EADS, Dassault Aviation, SAFRAN/SNECMA ; terrestre, avec NEXTER ou PANHARD ; naval avec DNCS ; électronique avec THALES, DASSAULT Systems ou SAFRAN/SAGEM ; missiles avec MBDA ; espace avec EADS/ASTRIUM...).

En france, en 2016, la seule Direction Générale de l’Armement a passé près de 10 milliards d’euros de contrats pour l’équipement des armées (sur un total de 20 milliards de prises de commandes), et a investi 800 millions d’euros dans la recherche. L’industrie de l’armement devrait passer de 165 000 emplois à plus de 200 000 en 2018 selon le ministère de la Défense. En 2015, 16 milliards d’euros de commandes à l’exportation ont été réalisées, soit deux fois plus que l’année précédente et quatre fois plus qu’en 2012 !

Mais ce n’est pas tout, l’armée ne se contente pas de faire "des opérations extérieures" : le renforcement des lois antiterroristes lui permet d’occuper le territoire métropolitain et ultra marin comme l’autorise, notamment, l’instruction interministérielle de mai 2010, le ministère de la Défense qui prévoit de déployer dans le cadre d’un plan spécial 10 000 militaires sur l’hexagone en « cas de crise majeure ». Le SGDSN (Secrétaire Général à la Défense et la Sécurité Nationale) dans la revue Armées d’octobre 2010, définissant un « cas de crise majeure » comme « Un événement – pandémie, attaque terroriste, catastrophe, crise d’ordre public – dont la gravité et la portée conduisent les autorités gouvernementales à activer le dispositif interministériel ».

Nous ne pouvons tolérer cette politique militariste !

Disons le haut et fort Dimanche 11 novembre, 10h30, parvis
de l’université François Rabelais, rue des Tanneurs, à Tours.

Rappelons que la France est toujours un pays en guerre !

Pour un 11 novembre antimilitariste !

Premiers signataires :SUD/SOLIDAIRES 37, Les Amis de Demain Le Grand Soir, Alternative Libertaire 37, Retirada 37, NPA 37.

Avec la présence de la chorale militante "La P’tite Rouge de Touraine".


http://demainlegrandsoir.org/spip.php?article1920
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Re: Première guerre mondiale, Histoire(s) et commémorations

Messagede bipbip » 02 Nov 2018, 18:38

Conférence-Débat "Maudites soient les guerres"

La Fédération des Libres Penseurs de Meurthe et Moselle, le Mouvement de l’Objection de Conscience de Nancy et l’association Survie Lorraine proposent une conférence-débat :

Mardi 6 novembre 2018 à 20h15
à la MJC Lillebonne, rue du Cheval Blanc à Nancy
MAUDITES SOIENT LES GUERRES

Des fusillés pour l’exemple de 14-18 aux guerres actuelles et à venir, influences de l’institution militaire sur la société française.

Un ensemble de thèmes y sera présenté pour donner lieu à échanges et débats : la nécessité de la réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple de la guerre de 14-18, les nombreuses « interventions/opérations » de l’armée française (notamment en Afrique), les coûts et conséquences de « l’économie de l’armement », la fabrication d’une « militarisation de l’opinion », les protocoles d’accords Armée-Éducation, le futur « Service » National Universel,…

Contacts :
lp54@ouvaton.org
mocnancy@ouvaton.org
survie.lorraine@gmail.com

https://manif-est.info/Conference-Debat ... s-794.html
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Re: Première guerre mondiale, Histoire(s) et commémorations

Messagede Pïérô » 03 Nov 2018, 14:40

Journée de contre-commémoration « 14-19 »

Saint-Denis (93), 11 novembre 2018 à partir de 17h
La Belle étoile / Jolie Môme, 14 allée Saint-Just

Notre centenaire se fera sans chef d’état !

L’armistice a 100 ans et nous avons des choses à en dire.

Le 11 novembre 2018, Trump et 120 dignitaires étrangers vont rejoindre Macron pour les commémorations officielles du centenaire de l’armistice.
Parmi eux, combien de chefs de guerre ? Combien de marchands d’armes ?
Parmi eux les membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU et les plus gros exportateurs d’armes…

L’émotion sera intense et grave pour rendre hommage à ces morts qui se sont battus avec honneur.
Mais qui se sont battus pour qui et pour quoi ?

Qui interrogera les causes réelles du conflit ?
Quelle commémoration pour se souvenir du partage du monde, des colonies, des richesses entre les grandes puissances ?
Quel chef d’État éploré prendra la parole pour dire que ce partage continue aujourd’hui sous d’autres formes ?
Quel facétieux rappellera que l’armistice ce n’est pas la paix et qu’à l’automne 1918 toutes les puissances sont parties à l’assaut de la jeune révolution soviétique ?
Qui rendra hommage aux internationalistes de tous les pays qui, avant et pendant la guerre, risquant la prison et la mort, se sont battus contre cette logique cynique et pour la fraternité entre les peuples ?
Qui évoquera la Révolution Allemande ?

Nous le ferons. Nous, nous tous qui participerons à cette contre-commémoration du 11 novembre 2018 !
à 14h place de la République en manifestant à l’appel du collectif « Trump c’est la guerre »
à partir de 17H à La Belle Étoile :

– Rencontre et discussion avec les historiennes Mathilde Larrère et Laurence De Cock
et le journaliste du Monde Diplomatique Benoît Bréville.

à 17h avec le soutien des Amis du monde Diplomatique de Saint-Denis

– Représentation spéciale de 14-19, la mémoire nous joue des tours
par la Compagnie Jolie Môme à 19h, au tarif unique de 10€ !

http://cie-joliemome.org/?ai1ec_event=1 ... tir-de-17h
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Re: Première guerre mondiale, Histoire(s) et commémorations

Messagede bipbip » 04 Nov 2018, 18:26

Centenaire de 1918 : à l’école, le devoir de mémoire est une escroquerie mémorielle

A l’image des quatre dernières années de commémoration scolaire autour de la Première guerre mondiale, les cérémonies du 11 novembre s’annoncent patriotiques et militaires : un peu partout, les établissements, fortement sollicités par leur hiérarchie, préparent la participation des élèves au grand barnum mémoriel. Avec cette confirmation : l’hommage aux morts a sérieusement dérivé vers un hommage à la guerre et à ceux qui l’entretiennent.

Au départ : une initiative sarkozyenne, étatique et militaire

L’enseignement de cet épisode de l’histoire, intégré de longue date dans les programmes scolaires (école, collège et lycée) s’est glissé, à partir de 2014, dans une procédure d’homologation, de labellisation délivrée par la très officielle Mission du centenaire, un groupement d’intérêt public créé en 2012 à l’initiative de Sarkozy, chargé de « préparer et de mettre en œuvre le programme commémoratif du centenaire de la Première Guerre mondiale ». La composition du conseil d’administration, ouvert à six ministères (dont celui de l’Education nationale), assure cependant une large représentation au ministère de la Défense (qui en détient la présidence, confiée à un ancien parachutiste) ainsi qu’aux organisations d’anciens combattants. Un comité des mécènes, présidé par J.-C. Narcy (ancien journaliste de TF1, présentateur enthousiaste des parades militaires du 14 juillet), accueille les représentants de Dassault, Safran, MBDA missiles etc. Si la mission s’entoure de compétences scientifiques reconnues, son origine est donc étatique et sarkozyenne, sa composante largement militaire.

L’école en service commandé

Le ministère de l’EN, membre fondateur de la Mission, s’est engagé dans la commémoration à travers ses comités académiques chargés d’insuffler la bonne parole et de contrôler les initiatives. L’objectif est précisé par une note de service du 07/06/2013 : « compréhension d’une épreuve qui engagea l’ensemble de la société française, transmission de cette mémoire aux Français d’aujourd’hui, hommage rendu à ceux qui vécurent la guerre et firent le sacrifice de leur vie. » Autrement dit, un peu d’histoire, une couche de devoir de mémoire et surtout une bonne dose de patriotisme, cette dernière préoccupation ayant rapidement pris le pas sur le reste. Le ton est d’ailleurs donné dès le départ par Laurent Wirth, président de la commission pédagogique de la Mission : « Il faut amener les élèves à comprendre ce que [la guerre] a représenté pour toute une génération (…) Il ne faut pas oublier que cette guerre a concerné toutes les familles (…) Il faut aussi leur faire ressentir comment la société française a été durement marquée par cette tragédie (…) Il faut leur faire comprendre à quel point ce fut une épreuve terrible pour la nation (…) Ce qu’il faut faire ressentir aux élèves (…) » Sans oublier « l’enjeu civique » sans lequel l’Education nationale ne serait pas ce qu’elle est : « la guerre porte plusieurs messages essentiels dans la formation du citoyen : message de cohésion nationale et d’unité ; message de réconciliation et de paix après le miracle du rapprochement franco-allemand ».

Passons sur l’allusion à la réconciliation franco-allemande qui doit difficilement faire sens aux yeux d’élèves nés plus d’un demi-siècle après le traité de Rome : réduire la guerre mondiale à un conflit frontalier franco-allemand laisse mal présager de la « compréhension » que pourront en avoir les élèves. Plus problématique, cette vision réductrice de l’événement se trouve encore renforcée par ce qui apparaît au fil des mois comme l’un des marqueurs idéologiques du centenaire à l’école, avec cet objectif prioritaire et discutable de faire naître chez l’élève une émotion, un sentiment d’effroi ou de compassion, qui, espère-t-on, le dissuadera d’aller voir plus loin, de poser d’autres questions. Laurent Wirth est à cet égard très explicite lorsqu’il affirme : « l’élève devient acteur : il est obligé d’entrer dans la peau d’un soldat ou d’un protagoniste. » Et pour arriver à cette fin, tous les moyens sont bons, les activités imposées aux élèves privilégiant un nombre limité de sources – photos des combattants, monuments aux morts, inévitables uniformes - dont la valeur pédagogique et l’intérêt historique restent limités : « que représente le numéro sur le col de l’uniforme ? (…) pourquoi la liste des monuments aux morts comprend-elle 25 noms et celle de l’église 23 ? (…) pourquoi tel cratère à tel endroit du paysage ? » Laurent Wirth a beau s’enthousiasmer sur ces activités, leur intérêt historique comme pédagogique n’en reste pas moins limité, comme si les élèves, même très jeunes, étaient incapables d’aborder un tel événement sous un autre angle.

Une mémoire scolaire très sélective

Mais les bonnes questions, précisément, celles qui, en toute logique, devraient se trouver au cœur des préoccupations éducatives, brillent par leur absence. Que l’histoire sociale ait été délibérément écartée, jugée peu digne de mémoire, a déjà été relevé : les élèves ne sont rien censés savoir des rapports de domination qui s’exercent dans la société du début du 20e siècle, de la surreprésentation des ouvriers et des paysans dans les tranchées, de la soumission aux autorités, pas davantage que de l’intérêt bien compris des industriels de l’armement à prolonger la guerre. Tout un pan de l’histoire du conflit se trouve ainsi gommé de la commémoration au profit d’une prétendue « culture de guerre », très hypothétique élément de langage dont la simple énonciation devrait, à elle seule, expliquer la mort de millions de combattants : si tant de jeunes sont morts pendant la guerre, c’est qu’ils y auraient librement consenti.

De fait, c’est principalement à travers ce prisme déformant – « rendre hommage à ceux qui firent le sacrifice de leur vie » - que l’EN a conçu sa participation – et surtout celle, forcée, des élèves – au centenaire de la guerre. A travers un partenariat privilégié avec le ministère de la Défense et les associations d’anciens combattants, c’est dans une perspective résolument patriotique et militaire que les enseignants ont été sollicités et les activités des élèves construites. Dans le premier degré, le concours des Petits artistes de la mémoire, a ainsi installé l’ONACVG (Office national des anciens combattants et victimes de guerre) au rang de promoteur officiel de la commémoration en milieu scolaire. Sans nier la qualité pédagogique de certaines initiatives, notamment celles qui ont su se dégager des instructions officielles, il est incontestable que l’accent mis sur les souffrances et le « sacrifice » des combattants a largement contribué à occulter des questionnements autrement pertinents :

- sur les causes des guerres, toujours futiles en regard des résultats ;
- sur l’obligation faite à des millions d’hommes de sacrifier leur vie pour défendre des frontières qui ne sont jamais qu’un pointillé sur une carte ;
- sur l’obéissance aveugle exigée par des chefs abusivement qualifiés de « héros » ;
- sur l’identification factice et arbitraire à une nation, qui voudrait faire croire qu’on meurt « pour son pays » alors que l’on meurt en réalité à cause de son pays, ou, plus exactement, d’une certaine conception de la vie en collectivité arcboutée sur la nation comme à un dogme intangible.

En faisant de l’hommage aux combattants l’objet privilégié du centenaire, l’EN fait le choix – et l’impose à tous – d’une approche très partisane, très discutable de l’histoire du conflit selon laquelle des millions de soldats auraient volontairement offert leur vie pour la défense de leur pays. C’est le sens, notamment, des enquêtes menées dans les écoles primaires autour des monuments aux morts, monuments qui, de par leur nature, à quelques exceptions près, symbolisent et confortent le thème du sacrifice volontaire des combattants, des « morts pour la France » sans jamais prendre ses distances avec le tabou entretenu par la commémoration officielle : à savoir que les millions de morts de la guerre sont d’abord les victimes de la conscription militaire, un système dans son principe coercitif et totalitaire puisqu’il n’offre aucune possibilité de choix aux individus, aucune alternative. Ce dont témoigne, par exemple, en quelques mots simples, un soldat de 1916 cité par Frédéric Rousseau (1) : « le soldat (…) ne se bat ni pour l’Alsace, ni pour ruiner l’Allemagne, ni pour la patrie. Il se bat parce qu’il ne peut faire autrement. » Un siècle après l’événement, avec la mystification du consentement à la guerre, la commémoration officielle et sa déclinaison scolaire persistent à parler à la place des morts.

Des écoliers au garde-à-vous

De façon très significative, cette conception militaire et nationale du centenaire s’est accompagnée d’une bruyante injonction touchant à la participation des élèves aux cérémonies commémoratives, qui ne cachent même plus, à travers leur appellation officielle, qu’elles sont désormais « patriotiques ». Noyés dans un cérémonial quasi religieux, au milieu de personnalités civiles, militaires et religieuses, entourés d’anciens combattants dont on ne leur dira jamais qu’ils se sont illustrés en Algérie, les enfants des écoles, condamnés à jouer le rôle qu’on leur a appris, font partie du spectacle. A travers une mise en scène officielle de l’histoire, les « leçons » du passé tournent ici au bourrage de crâne. C’est d’ailleurs bien leur objectif et ce n’est pas un hasard si, ces dernières années, les sollicitations ministérielles autour des cérémonies se sont faites toujours plus impérieuses. Depuis 2015 et la mise en accusation de l’école dans les attentats imputés, comme on n’a cessé de l’affirmer, à un déficit d’adhésion des jeunes à l’idée nationale, l’EN a dégainé un impressionnant attirail identitaire destiné à entretenir chez chaque élève « l’amour de son pays » (une expression utilisée par les deux derniers ministres en date) : culte des symboles nationaux (un couplet de Marseillaise appris par cœur chaque année, présence du drapeau dans les écoles), resserrement des programmes d’histoire sur le fait national, « mobilisation autour des valeurs de la république », renforcement de l’éducation à la défense (le dernier protocole se montre très insistant sur les commémorations) et, pour finir sa scolarité en beauté, création d’un service national obligatoire fortement militarisé. Il n’est pas indifférent de remarquer que par le miracle d’une circulaire ministérielle, la participation aux cérémonies patriotiques soit désormais assimilée au respect de la laïcité…

Incontestablement, la grande foire mémorielle en place pour le 11 novembre à laquelle l’EN, sans retenue ni scrupules, offre son concours (et les élèves en victimes expiatoires) est bien dans l’air du temps : celui d’une assignation identitaire.

« Détrousseurs de cadavres et imposteurs »

Que la paix soit ici le prétexte à tout autre chose, la confirmation en avait déjà été donnée, parmi d’autres, il y a juste quatre ans, le 11 novembre 2014, lors de l’inauguration, par Hollande, du mémorial de Notre-Dame-de-Lorette ; devant les enfants des écoles, rassemblés tout exprès pour la circonstance, le chef des armées avait donné sa définition toute personnelle de la paix : « La paix (…) ce sont nos militaires qui se battent encore au Mali, qui évitent des massacres en Centrafrique ou nos aviateurs qui en Irak luttent contre le fanatisme. » Comment, en parlant à la place des morts, légitimer l’action des dirigeants aux yeux de l’opinion : le 11 novembre, la mémoire des morts sert d’abord à justifier sa propre politique, à verrouiller le débat sur les budgets militaires inconsidérés, les interventions militaires répétées, les contrats d’armement conclus avec les pires régimes autoritaires. « Détrousseurs de cadavres et imposteurs » (Dalton Trumbo), les politiques, grands organisateurs de la mémoire collective, mettent au service de leurs calculs, de leurs ambitions et de leurs carrières les millions de morts du passé. Cette année encore, en conclusion de manifestations commémoratives qui virent à la bouffonnerie, il sera difficile de ne pas confronter les discours, les postures officielles, à une réalité plus triviale : faire prendre au sérieux par les écoliers l’injonction mémorielle à la paix dans un monde qui aura dilapidé plus de 1800 milliards de dollars en dépenses militaires pour la seule année 2018, un monde qui entretient comme à plaisir les guerres d’aujourd’hui et prépare celles de demain.

Le 11 novembre à Paris, autour de Macron, Trump et Poutine, les dirigeants des trois plus gros exportateurs mondiaux d’armement, trois fauteurs de guerre, ce n’est pas la paix qui sera célébrée mais la guerre. Confirmant que l’improbable « devoir de mémoire » est d’abord une escroquerie mémorielle.

(1) - Frédéric ROUSSEAU, La guerre censurée, Le Seuil, 2014


https://www.questionsdeclasses.org/?Cen ... scroquerie
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Re: Première guerre mondiale, Histoire(s) et commémorations

Messagede bipbip » 04 Nov 2018, 23:25

Projection-débat film "Les poilus d'ailleurs" de Mehdi Lallaoui

Fort-Mardyck (59) mardi 6 novembre 2018
à 18h30, Salle des Fêtes

Image

https://dunkerque.demosphere.net/rv/1524
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Re: Première guerre mondiale, Histoire(s) et commémorations

Messagede Pïérô » 08 Nov 2018, 20:23

vidéo Jolie Môme - 11 novembre 2018 - Contre-commémoration !

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Re: Première guerre mondiale, Histoire(s) et commémorations

Messagede bipbip » 09 Nov 2018, 19:44

Que Maudite Soit la Guerre !

Nantes, week-end antimilitariste 9-11 novembre 2018

Armistice ?

« Plus jamais ça ! » « C'est la der des ders » qu'ils disaient. Pourtant, cent ans après, la fRance est toujours impliquée dans des conflits armés, nourrit des guerres et des crimes contre l'humanité par la vente d'armes... Mais où est donc l'armistice ?

A l'occasion du centenaire, nous proposons de ne pas se joindre aux habituelles commémorations qui tentent de donner du sens au souvenir de ce qui ne fut qu'une boucherie effroyable : 18 millions de morts.

Nous désertons les cérémonies officielles car nous pensons que célébrer les guerres du passé entretient l'esprit belliqueux et ne change rien ni au présent ni au futur.

Retrouvons-nous plutôt pour réfléchir ensemble, entendre des voix qui questionnent la guerre hier et aujourd'hui, ici et ailleurs.

Image

https://nantes.indymedia.org/events/43041
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Re: Première guerre mondiale, Histoire(s) et commémorations

Messagede bipbip » 09 Nov 2018, 22:02

Rassemblement et déambulation anti-militariste

Montpellier
Le samedi 10 novembre, nous appelons avec ADN 34, AL34, la CNT, l’Assemblée contre les violences d’état et pour les Libertés et le NPA à un rassemblement suivi d’une déambulation, à 14h au Square Planchon, à l’arrêt de tram « Gare Saint-Roch ». La déambulation ira à plusieurs lieux, symboliques chacun d’un aspect du militarisme. Soyons nombreu-ses-x pour refuser l’armée, la guerre et le nationalisme!

... http://unautrefutur.org/evenements/rass ... litariste/
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Re: Première guerre mondiale, Histoire(s) et commémorations

Messagede bipbip » 10 Nov 2018, 20:34

[Vannes] Mobilisation "Guerre à la guerre !"

le dimanche 11 novembre 2018 à 11h30
rive gauche du port, à l'angle de la rue Jean Jaurès

A l'appel d'un collectif initié par la Libre Pensée du Morbihan, que nous avons rejoint cette année, il y a une mobilisation anti-guerre et en faveur des fusillés pour l'exemple (de 1914-1918) à Vannes, dimanche 11 novembre.

Rendez-vous : rive gauche du port, à l'angle de la rue Jean Jaurès, à partir de 11h30.

Prises de paroles publiques puis départ en cortège bruyant jusque la porte Saint-Vincent et peut-être plus loin ensuite selon comment on le sentira.

Du bruit contre la guerre et contre l'armée, dans cette bonne vieille ville de Vannes, ville garnison !

Voici la base sur laquelle le groupe libertaire René Lochu s'implique.

Il n'y a qu'une seule façon de faire la guerre : la mauvaise !

La grande boucherie de 1914-1918 a fait des millions de morts et de mutilés (humains et animaux), dans chaque camp. Elle a défiguré des régions entières et pollué durablement les sols. Pourtant, peu se sont opposés à cette guerre industrielle. Contaminés par le virus nationaliste, trop ont rejoint « l’Union sacrée » et refusé de voir qu'il s'agissait avant tout d'un affrontement entre blocs capitalistes pour redynamiser et redistribuer les marchés. Ce qui a fait dire à Anatole France : "On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels".

Cependant, dans chaque pays il y a eu des résistants et des résistantes à ce grand massacre, à la folie militaire des États. Il y a même parfois eu fraternisation entre soldats des deux côtés des tranchées : paysans, ouvriers ou employés voyaient bien que cette guerre n’était pas la leur, mais celle des capitalistes et de leurs intérêts. En réponse, des centaines d'entre eux ont été fusillés par leur propre armée nationale, des femmes pacifistes militantes ont été persécutées par la police...

Aujourd'hui, comme il y a 100 ans, il est juste d’être pour la paix et contre la guerre. Mais pour que cette position de principe prenne corps, il importe de remonter aux raisons qui poussent à la guerre. Peut-on arrêter les effets sans s’en prendre aux causes ?

Or les chefs d’États qui participent au « forum sur la paix » à Paris sont ceux-là même qui arment le monde entier, entretiennent une compétition économique sans limites, détruisent l'environnement, imposent des règles commerciales particulièrement inégalitaires, refoulent les migrant.e.s, ruinent des territoires et des populations, jetant une petite partie de ces dernières vers le "terrorisme", la lutte armée. Comme disait Paul Valéry, "la guerre, c'est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas."

Accès aux matières premières, à l’énergie (pétrole, uranium…), conquête de nouveaux marchés... la logique de profit est sans éthique, peu importe les tueries. Les armes sont en elles-mêmes un commerce gigantesque, que le trafic soit illégal ou légal. Ainsi, les États, y compris les "grandes démocraties", soutiennent ce commerce, voire en sont les plus grands pourvoyeurs, même vers des gouvernements de pays où règne l’arbitraire ou qui sont déjà en guerre. Tant qu’existera le capitalisme, la guerre perdurera, car c’est un système expansionniste pour produire et écouler sa marchandise.

Les ressorts de la guerre sont complexes. A la logique capitaliste (accumulation et confiscation de richesses par des monopoles) s’ajoutent les divisions arbitraires entre individus et entre groupes humains, comme les croyances religieuses et le sentiment nationaliste. Les États jouent de ces rideaux de fumée et se servent des masques "démocratie - liberté – choc des civilisations – lutte contre le terrorisme" pour déclencher les interventions armées.

Jusqu’à la première guerre mondiale, les victimes des conflits étaient principalement des soldats. Depuis, ce sont à 80 % les civils qui trinquent. Dans les guerres, le viol est une pratique généralisée. Autour des bases militaires, même celles de l'ONU, la prostitution est largement répandue. La logique militariste, masculiniste, s'approprie le corps des femmes. L'armée, système hiérarchique par essence, repose sur l'obéissance aveugle, ne tolère aucune critique de la part des subordonnés. Elle incarne l'abdication de la liberté individuelle. "Penser, c'est déjà désobéir". L’armée absorbe des budgets énormes au détriment d’autres secteurs comme la santé, l’éducation, l’entraide avec d’autres pays… Se débarrasser des armées (et des milices privées paramilitaires qui les secondent) qui véhiculent une culture de guerre, les principes nationalistes, la résolution des conflits par la violence et la force militaire, est donc incontournable.

Peut-on ainsi faire confiance à l’ONU pour garantir la paix, sachant que les cinq États membres permanents du Conseil de Sécurité sont détenteurs de la bombe atomique, sont les plus grands vendeurs d’armes du monde, sont les pays les plus riches et sont aussi ceux qui déterminent largement les règles du commerce mondial ?

Le complexe militaro-industriel est un énorme dévoreur d’énergie, émetteur de déchets, de pollutions diverses et de gaz à effet de serre. Un Rafale consomme ainsi 435 kg de carburant à la... minute (vous avez bien lu) en pleine accélération.

LA GUERRE : il y a ceux qui la préparent, ceux qui en profitent, ceux qui en meurent, ceux qui s’en foutent et celles et ceux qui s’y opposent.

Nous revendiquons le démantèlement des armées (publiques et privées), l’arrêt du commerce des armes, la reconversion des usines d’armement vers des activités civiles socialement utiles, le désarmement nucléaire unilatéral… Et couplée avec cette démilitarisation, une éducation à la paix, la liberté à tout moment de désobéir à des ordres qui heurteraient notre conscience.

Autogestion économique et politique sans frontières !

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Re: Première guerre mondiale, Histoire(s) et commémorations

Messagede bipbip » 11 Nov 2018, 17:34

« Pétain n’a pas été le grand héros de la bataille de Verdun »

Spécialiste de la Première Guerre mondiale, Jean-Yves Le Naour revient sur la construction, largement politique, du rôle glorieux attribué à Philippe Pétain lors de 1914-1918.

Peut-on parler, comme le chef de l’État, de « grand soldat » de la Première Guerre mondiale à propos de Pétain ?

Jean-Yves Le Naour Quand on a été à la tête de l’armée française, fatalement, on peut parler de grand officier. Et il serait idiot de nier, par exemple, que la tactique dite « élastique » développée par Philippe Pétain en 1918 a joué un grand rôle contre les offensives allemandes. Mais le problème n’est pas là. Faut-il honorer quelqu’un qui a, certes, pu être un « grand soldat », mais a surtout été frappé d’indignité nationale et condamné pour haute trahison ? À mon sens, diviser la vie d’un homme est plus que périlleux. Le faire sur le plan historique et scientifique, pour retracer la complexité des parcours, bien sûr. Mais sur le plan politique, c’est tout à fait contestable. Les différents moments de l’existence sont indissociables. En l’occurrence, le Pétain collaborateur s’est bien servi du Pétain maréchal pour asseoir son autorité sur les Français lors de la Seconde Guerre mondiale. Il est donc normal, en retour, que le discrédit du Pétain de 1940 rejaillisse sur le Pétain de 1916.

Revenons au Pétain de 1916, justement. L’imagerie populaire le présente comme le grand « vainqueur de Verdun ». L’a-t-il été réellement ?

Jean-Yves Le Naour Sûrement pas, cela relève pour beaucoup de l’imposture. En 2016, j’ai écrit un article à ce sujet (2) qui m’a valu un tombereau de lettres d’injures. J’avais osé attenter à la mémoire du grand homme. Mais je n’ai fait que de l’histoire : Pétain a commandé du 25 février 1916 jusqu’au 1er mai 1916. Ensuite, c’est le général Nivelle qui va prendre le commandement de la bataille jusqu’au 15 décembre 1916. Bref, il y en a un qui a dirigé pendant deux mois, au tout début, et l’autre durant sept mois. Nivelle a repris tout le terrain que les Allemands avaient gagné entre janvier et juin 1916, les ramenant à leur position de départ. À la fin de l’année, dans l’opinion française, c’est donc lui qui est considéré comme le vainqueur de Verdun, pas Pétain.

Pourquoi est-ce Pétain qui est resté dans la mémoire collective ?

Jean-Yves Le Naour Car Nivelle fut ensuite, dans l’esprit de tous, le mauvais général, celui de la bataille meurtrière du Chemin des Dames, au printemps 1917. Et Pétain en a profité pour apparaître comme le seul vainqueur de Verdun. Cela a été martelé pendant des années par la propagande : Pétain-Verdun, Pétain-Verdun… Or, son rôle est vraiment à relativiser. On ne peut pas lui enlever le mérite d’avoir bien organisé la défense. Mais, par exemple, on lui attribue la « noria », cette rotation rapide des régiments. Or, c’est Joffre qui en est à l’origine. Ce dernier, qui préparait la bataille de la Somme, a accepté de prêter des divisions à Pétain, mais à condition qu’il les lui rende. D’où ces norias. Mais Pétain n’en est pas l’instigateur. D’ailleurs, il n’en avait pas le pouvoir à cette époque, il n’était qu’un général sur un front relativement restreint. Enfin et surtout, la gloire acquise par Pétain est très politique. Les dirigeants d’alors voulaient remplacer Joffre, ce général qui n’avait pas su empêcher l’invasion du pays et qui symbolisait les batailles d’usure de 1915. Jusque-là, il n’y avait jamais eu de campagne de presse en faveur d’un général. La censure bloquait les articles louangeurs autres que ceux sur Joffre. À partir d’avril 1916, on se mit à tresser des lauriers à Pétain. Bref, ce fut une gloire largement construite politiquement. Alors même qu’il devait partir à la retraite en 1914, l’ancien colonel va connaître une ascension fulgurante : général, puis général de division, de corps d’armée et, enfin, général en chef après la chute de Nivelle en mai 1917.

Au-delà de la polémique sur les propos d’Emmanuel Macron, que pensez-vous de cet hommage rendu aux maréchaux ?

Jean-Yves Le Naour Cela ne devrait pas avoir lieu. Cet hommage est une volonté de l’état-major, sans le président de la République. En résumé, c’est l’armée qui rend hommage à ses chefs, dans son coin. Ces militaires souhaitaient d’ailleurs un défilé, qui leur a été refusé. Fort heureusement ! Ce n’est pas un jour de triomphe. Qu’est-ce qu’il y a à fêter ? 1,4 million de morts en France et des millions dans toute l’Europe ? Les ferments de la Seconde Guerre mondiale ? Il n’y a vraiment pas de quoi être fier de cette grande boucherie que fut 1914-1918. Pour les Français, le poilu est le seul héros de ce conflit. Le Soldat inconnu représente, justement, l’immensité de ce sacrifice, de tous ces anonymes qui sont morts pour que le pays vive. Les généraux et maréchaux, eux, ont failli. Il y a eu l’invasion du pays, ces offensives absurdes, criminelles… Que l’on rende honneur aux soldats, oui, mais pas à ces chefs soi-disant victorieux, qui sont morts dans leur lit.

Jean-Yves Le Naour

Historien (1)
(1) Auteur des Soldats de la honte, Place des éditeurs, 2013. Dernier ouvrage paru : 1914-1918. Éditions Perrin, 2018. (2) « Pétain, l’imposteur de Verdun ». Magazine Historia, février 2016.
Entretien réalisé par Laurent Mouloud


Pétain fut aussi ambassadeur auprès de franco

La carrière militaire de Philippe Pétain s’est poursuivie après 1918. Il fut notamment envoyé au Maroc espagnol lors de la guerre du Rif. Le soulèvement des tribus berbères et marocaines contre les espagnoles faisait craindre aux Français que l’insurrection ne se généralise dans leur partie du Maroc. Pétain a été chargé d’écraser cette rébellion, en coordination avec le général Franco et ses troupes espagnoles. Une estime réciproque naît. En 1939, Pétain sera envoyé comme ambassadeur à Madrid, quand Franco aura définitivement écarté les républicains. « Au cours de cette guerre du Rif, sous le commandement de Pétain, on a recyclé toutes les armes de 1914, y compris les obus à gaz lancés par avion », rappelle Jean-Yves Le Naour. Avant 1914, Pétain se tenait plutôt à l’écart de la vie politique, dans une relative neutralité. « C’est vraiment dans les années 1930 que son engagement va être de plus en plus marqué », rappelle l’historien. On le verra, notamment, faire des conférences dans le Cercle Fustel de Coulanges, un cercle d’intellectuels d’extrême droite proche de l’Action française.


https://www.humanite.fr/petain-na-pas-e ... dun-663423
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Re: Première guerre mondiale, Histoire(s) et commémorations

Messagede bipbip » 11 Nov 2018, 20:53

Leurs guerres, nos morts !

Le 11 novembre n’est pas notre armistice !

Que Macron rende hommage à Pétain à l’occasion des commémorations de l’armistice n’est pas anodin. Alors que les dominants cherchent à faire oublier les révoltes ouvrières et de soldats lors de ce conflit mondial, il est important de rappeler que cet armistice n’est pas le nôtre.

Les commémorations du centenaire de la Première Guerre Mondiale ont débuté il y a quatre ans, ce qui rappelle dramatiquement la durée de cette guerre, responsable de la mort de plus de 10 millions de personnes. Des commémorations devenues des marronniers, occasion de ressortir les fanions, les cocardes et les drapeaux ; faire chanter la Marseillaise aux écoliers, gommer de nos mémoires les mutineries et la chanson de Craonne. Une occasion pour le pouvoir d’essayer de ressouder les rangs derrière une vague unité nationale. Dans deux jours ce sera l’apothéose, l’armistice, la paix enfin. Mais que représente vraiment le 11 novembre ? Cette question permet de se replonger dans les origines et les conséquences de cette « Grande Guerre de classe ».
Pourquoi la guerre ?

La fin du 19ème siècle est marquée par l’émergence de courants nationalistes agressifs qui rompent avec le sentiment national libéral du début de siècle. Dans la deuxième moitié du siècle, les grands États européens (la France et la Grande-Bretagne en tête) systématisent la conquête coloniale des autres continents. En parallèle avec la découverte de nouvelles régions, les puissances impérialistes se disputent le contrôle du plus vaste empire colonial. C’est dans ce contexte que se dessine une évolution des rapports de force entre grandes puissances.

Si sur le continent européen, c’est l’Empire allemand qui domine depuis son unification en 1871, la France et la Grande-Bretagne sont des puissances coloniales majeures. Les États-Unis apparaissent également comme puissance montante, notamment en arrachant l’hégémonie espagnole sur Cuba et en dominant certaines îles du Pacifique lors de la guerre hispano-américaine de 1898 : ancienne puissance coloniale, l’Espagne comme les Pays-Bas ou encore le Portugal sont relégués au second rang. De même le Japon défait la Russie en 1905 (fait important puisqu’une puissance considérée comme orientale vainc une puissance occidentale), tandis que les appétits impérialistes lorgnent également vers la Chine.

Le nationalisme allemand cherche à cette époque à réparer la contradiction entre une influence continentale majeure, un développement économique de premier ordre et une faible présence coloniale. Ils revendiquent une « place au soleil » et de nombreuses tensions naissent entre les puissances impérialistes (y compris entre la France et la Grande-Bretagne), notamment lors des crises au Maroc (1905 et 1911) entre la France et l’Allemagne. Tous les pays se lancent dans une course à l’armement comme le prouvent les dépenses militaires qui explosent dans les années qui précèdent la guerre. Dès 1912, la situation se dégrade avec la Guerre des Balkans (1912-1913). Dans ce contexte, il est clair que l’attentat de Sarajevo le 28 juin 1914 n’a été que l’étincelle qui a mis le feu à beaucoup de poudre ! La Première Guerre Mondiale est donc une guerre entre impérialismes, une guerre coloniale recentrée en Europe, à un moment où le partage du monde est déjà effectué et que tout marché doit se gagner par la force.

« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » Jean Jaurès

Un développement harmonieux sous le capitalisme est une utopie. C’est pourtant ce qu’ont commencé à penser de nombreuses figures de la social-démocratie dès la fin du siècle, divisant le mouvement social-démocrate entre réformistes et révolutionnaires. La guerre mondiale en est une preuve importante. Les conflits inter-impérialistes sont inévitables pour gagner de nouveaux débouchés internationaux. Par ailleurs, la guerre répond à un besoin de destruction de richesses inhérent au capitalisme. Sous la forme de sous-investissement, de licenciements, de fermetures d’usine, de crises ou encore de guerres, le capitalisme détruit pour continuer à produire. Ce qui permet également de mieux comprendre les embellies économiques qui ont suivi les deux conflits mondiaux.

Cette illusion sur la nature du capitalisme a conduit la grande majorité des sections européennes de la Deuxième Internationale, les socialistes étant pourtant les plus fervents défenseurs de la paix avant la guerre, à se fondre dans « l’Union sacrée », c’est-à-dire à soutenir les bourgeoisies de leur pays pour envoyer les ouvriers et les paysans de toute l’Europe se faire massacrer. Une tradition qui ne s’est pas perdue quand on sait que les différents partis socialistes ont continué à soutenir les agressions impérialistes que ce soit la guerre d’Algérie ou plus récemment au Mali. Le « plus jamais ça » qui domine après la « der’ des der’ » est donc bien une utopie, utopie brisée seulement 21 ans plus tard
L’armistice : la paix enfin retrouvée ou des rapports de force internationaux en cours de reconfiguration ?

Les puissances européennes sortent de la guerre avec une économie lessivée et toute entière tournée vers l’effort de guerre. Dans ce contexte, les États-Unis qui ont massivement prêté à la France et à la Grande-Bretagne et qui n’ont pas subi de dégâts matériels importants, sont désormais en position de peser dans les négociations de paix et de s’affirmer comme une puissance de premier plan. Ainsi, ce sont les États-Unis qui posent des préalables importants aux négociations avec les 14 points du Président Wilson qui comportent notamment le droit à l’auto-détermination des peuples, une libéralisation des échanges, adopte une position conciliatrice envers l’Allemagne vaincue pour la réinsérer rapidement dans le marché mondial, la démocratisation des régimes (notamment du Reich allemand) ou encore un projet de système international de gestion des conflits (qui deviendra la Société des Nations).
Des mesures qui entrent en profonde contradiction avec les intérêts français ou britanniques qui se positionnaient déjà de manière agressive pour mettre la main sur le Moyen-Orient et les décombres de l’Empire Ottoman et, qui de manière générale, souhaitaient écraser l’Allemagne.

La paix issue de l’armistice du 11 novembre est un compromis entre les intérêts des États-Unis, de la France, de l’Angleterre et dans une bien moindre mesure de l’Italie. Une situation qui permet d’apercevoir la prise d’influence progressive de l’impérialisme américain sur les impérialismes européens plus traditionnels. La carte de l’Europe est ainsi profondément remaniée et les empires vaincus totalement démembrés lors des différentes tractations et conférences, notamment avec le Traité de Versailles en 1919.

Ces nouveaux États, s’ils sont l’expression de certains acquis territoriaux pour les nationalités opprimées, servent surtout les intérêts franco-britanniques qui cherchent à se procurer une zone d’influence au centre de l’Europe pour cerner l’Allemagne. Les conditions imposées à cette dernière sont particulièrement dures (abandon de toute velléité coloniale, désarmement, pertes territoriales, lourdes réparations de guerre à payer...) et vécues comme un diktat par la population allemande, posant ainsi certaines conditions objectives à un conflit ultérieur.
D’autant que la guerre n’est pas finie. Les conséquences de la guerre vont se faire sentir encore de longues années, notamment lors de la guerre gréco-turque ou encore de l’attaque de quatorze armées impérialistes contre le jeune État soviétique pour tenter d’écraser la révolution. Les différentes bourgeoisies mobilisent également l’armée pour éteindre les différents foyers de contestation allumés par Octobre 1917 et la barbarie impérialiste comme c’est le cas pour la révolution allemande en novembre 1918 et en janvier 1919 où les mutineries des marins et la mise en place de conseils ouvriers font tomber l’Empereur.

Par dessus tout ça, il faut également considérer les conséquences de la guerre qu’il s’agisse des gueules cassées et des mutilés, des centaines de milliers de soldats traumatisés par la guerre, des millions de personnes déplacées, des territoires entiers dévastés. Autant de stigmates de la guerre qui ne seront toujours pas effacés totalement à la veille de la Seconde Guerre Mondiale.
Transformer la guerre impérialiste en guerre contre sa propre bourgeoisie

Pourtant, tout le monde n’a pas été perdant dans cette guerre. Les industriels, les Schneider, Renault, Citroën, Latécoère, Ford, Krupp ont engrangé des profits de guerre phénoménaux. Ce sont eux, ainsi que ceux qui ont conduit des millions d’hommes à l’abattoir, que la bourgeoisie célèbre aujourd’hui : Pétain, Foch, Nivelle, Joffre. Autant d’hommes qui ont gagné leurs galons en menant des expéditions coloniales et en réprimant les mutineries. Ces mutineries ont pourtant fait trembler la bourgeoisie, comme sur le front russe où l’exaspération des soldats et de l’arrière a conduit aux révolutions de Février puis d’Octobre 1917. Malgré la trahison des socialistes de la Deuxième Internationale et de certains anarchistes comme Kropotkine, ralliés à la guerre impérialiste, ce sont bien des grèves et des mutineries qui ont poussé les États belligérants à stopper le conflit. L’État-major allemand a ainsi entamé des négociations pour cesser les combats dès le mois d’octobre 1918, afin d’éviter l’invasion de l’Allemagne et de mettre la responsabilité de la défaite sur le dos des ouvriers qui menaçaient le pouvoir. Une rhétorique du « coup de poignard dans le dos » qui sera ensuite utilisée par le pouvoir militaire et les fascistes.

Ainsi, les puissances impérialistes ont préféré laisser des milliers de soldats continuer à mourir pendant un mois afin de conserver leur ordre social remis en cause par les ouvriers et les paysans. A l’inverse, le premier décret adopté par les bolchéviks lorsqu’ils prennent le pouvoir en octobre 1917 a été de proposer une paix générale, immédiate, sans annexion ni contribution de guerre, à l’ensemble des belligérants.

La Première Guerre Mondiale, c’est la guerre des bourgeoisies impérialistes contre la classe ouvrière internationale. Il n’en a pas été autrement pour l’armistice du 11 novembre. Ce n’est pas notre armistice !

Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront
Car c’est pour eux qu’on crève
Mais c’est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce s’ra votre tour, messieurs les gros
De monter sur le plateau
Car si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peau

Chanson de Craonne


http://www.revolutionpermanente.fr/Le-1 ... -armistice
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Re: Première guerre mondiale, Histoire(s) et commémorations

Messagede bipbip » 11 Nov 2018, 23:13

Déambulation antimilitariste à Montpellier pour le centenaire de l’armistice de la « grande guerre »

Galvanisées par la chorale du cri du cœur et la batucada, environ 70 personnes ont manifesté aujourd’hui à Montpellier à l’occasion du centenaire de l’armistice de la première guerre mondiale. À l’heure où Macron commémore Pétain, cette joyeuse marche – notamment organisée par le NPA, la CGA et l’assemblée contre les violences d’État – entendait « porter une parole antimilitariste », dénoncer les « représentants de l’État qui versent des larmes de crocodile sur les ‘‘morts de la grande guerre’’, minimisant le sort des ‘‘fusillés pour l’exemple’’ » et souligner que les guerres « servent à faire main basse sur les ressources d’un pays […], à s’enrichir sur la production et la vente d’armes et à s’assurer de juteux chantiers de reconstruction ».

Le rouleau compresseur militaro-sécuritaire

Les manifestants se sont arrêtés devant le centre de recrutement des armées, près de la gare, pour dénoncer « une institution du meurtre organisée » et une « vaste opération de décervelage à l’encontre de la jeunesse ». Des affiches ont été collées sur les murs du centre pour détourner la campagne de communication du gouvernement pour attirer de nouvelles recrues. « L’État français a voulu nous faire croire que ses guerres étaient humaines et pacificatrices […], alors qu’elles défendent un ordre mondial impérialiste toujours plus mortifère » résume un extrait d’un texte distribué aux passants.

Le cortège s’est aussi arrêté devant la gare, devant Chorus et devant la sécurité sociale, respectivement pour dénoncer la « militarisation de la police » (banalisation des grenades et des LBD40 pendant les manifestations) ; « la sale guerre anti-migrant de l’agence européenne Frontex » (qui dispose de 26 hélicoptères, 22 avions légers et 113 navires, livrés par des multinationales comme Thales ou Airbus) ; et pointer du doigt « l’augmentation constante du budget des armées tandis que nos droits sociaux régressent toujours plus » (le budget 2019 prévoit une augmentation d’1,7 milliards d’euros et… le gel des pensions de retraite).

... http://www.lepoing.net/deambulation-ant ... de-guerre/
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Re: Première guerre mondiale, Histoire(s) et commémorations

Messagede Pïérô » 12 Nov 2018, 10:03

11 novembre 2018 : rassemblement antimilitariste à Tours !
images : http://demainlegrandsoir.org/spip.php?article1926
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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