Espagne avant 36, révolution de 1931, Asturies 1934

Espagne avant 36, révolution de 1931, Asturies 1934

Messagede bipbip » 27 Oct 2013, 15:37

Asturies 1934, l’éphémère République des Ouvriers et Paysans
L’éphémère République des Ouvriers et des Paysans dans les Asturies en 1934

Où l’on commence à parler d’un bourreau nommé Franco.
Où l’on s’intéresse à la combativité des « gueules noires » des Asturies.


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L’insurrection populaire de juillet 1936 à Barcelone en Espagne, en réaction au coup d’état tenté par une fraction de l’armée suivant le Général Franco, est bien connue. Les tentatives révolutionnaires qui l’ont précédée le sont moins.
Le soulèvement de la population des Asturies fait partie de ces événements préliminaires importants qui permettent de mieux comprendre la réaction des Républicains espagnols deux années plus tard.
Après avoir évoqué de nombreuses révoltes sur le territoire français au temps de la monarchie (voir la rubrique correspondante, sur ce blog, « un long combat pour la liberté et les droits ») il me paraît intéressant de sortir un peu de nos frontières et de s’intéresser aux tentatives multiples qui ont eu lieu, dans d’autres pays, pour lutter, chacune à leur manière, contre les inégalités sociales. Un coup d’œil à la carte qui figure parmi les illustrations de cette chronique peut vous permettre de localiser plus précisément la province des Asturies en Espagne. Tout le monde ne possède pas un atlas de géographie dans la tête !

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Par rapport au reste de l’Espagne, pendant la période entre les deux guerres mondiales, la province des Asturies est avant tout une région minière, et, de ce fait, relativement industrialisée. Les différents courants existant sur l’échiquier politique espagnol sont ici plutôt bien représentés, et les ouvriers des Asturies, les mineurs en particulier, ont une longue tradition de lutte sociale. Autre particularité régionale : les forces de gauche sont plutôt unies, notamment les deux centrales syndicales, UGT (socialiste) et CNT (anarchiste). Les différentes organisations, malgré leurs divergences, ont constitué une Alliance Ouvrière des Asturies. Des Alliances se sont formées dans les autres provinces d’Espagne, mais elles regroupent essentiellement le PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol), la centrale syndicale qui lui est proche, l’UGT et le PCE (Parti Communiste Espagnol). Le courant anarchiste, la CNT (Confédération Nationale du Travail) et la FAI (Fédération Anarchiste Ibérique) refusent d’en faire partie, mais admettent la position divergente de leurs compagnons asturiens.
Le point de vue des anarchistes est simple et l’une des personnalités du mouvement, Buenaventura Durruti, l’exprime ainsi : « [...] L’alliance, pour être révolutionnaire, doit être authentiquement ouvrière. Elle doit être le résultat passé entre les organisations ouvrières et elles seules. Aucun parti, pour socialiste qu’il soit, ne pourra appartenir à l’alliance ouvrière, qui doit se construire à la base, dans les entreprises où luttent les travailleurs. Ses organismes représentatifs seront les comités ouvriers, mis en place dans les ateliers, les usines, les mines et les villages. Nous devons rejeter tout pacte au niveau national, entre Comités Nationaux, au profit d’une alliance réalisée à la base par les travailleurs eux-mêmes. » Une union voulue par la base, mais non décrétée par les états-majors. Compte-tenu du poids politique que pèsent les anarchistes en Catalogne, en Aragon ou en Andalousie par exemple, leur absence fait que, dans ces provinces, les Alliances ne sont que des coquilles plus ou moins vides. La situation est différente dans les Asturies. La cohésion relative du mouvement ouvrier dans cette province explique, en partie, la vigueur du mouvement révolutionnaire qui va s’enclencher début octobre 1934, mais aussi la violence de la répression qui va frapper les insurgés après leur défaite.

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Le 4 Octobre, le CEDA, un mouvement d’extrême droite dirigé par Jose Maria Gil Robles – dont les sympathies fascisantes sont largement connues des militants – rentre au gouvernement et obtient trois postes ministériels. Cette situation qui se révèle être un pas de plus dans l’accession au pouvoir du leader du CEDA, n’est pas acceptable par la Gauche républicaine espagnole car le CEDA est un parti monarchiste. Dès le lendemain, l’Alliance Ouvrière, à l’instigation du PSOE, appelle le peuple à faire grève massivement pour contrer cette attaque des monarchistes constituant un grave danger pour la toute nouvelle République. Le mouvement de grève est particulièrement suivi dans la province des Asturies et se transforme en insurrection populaire. Au niveau national, les motivations des dirigeants socialistes sont essentiellement politiciennes, mais le mouvement lancé par le PSOE rencontre un large succès et la base ouvrière se lance dans une lutte dont les objectifs dépassent largement les objectifs des états-majors.

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Pendant la nuit du 5 au 6 octobre, les mineurs des Asturies s’emparent de plus d’une vingtaine de casernes de la garde civile. En de nombreux endroits, des milices populaires sont constituées. A Gijón, des barricades sont mises en place pour assurer la défense des premières conquêtes ouvrières. De nombreux points névralgiques (centrales électriques, usine à gaz, ateliers de métallurgie…) sont contrôlés par les syndicats, en particulier par la CNT qui se trouve très vite en pointe dans le mouvement. Le gouvernement central, à Madrid, réalise sans tarder l’ampleur du soulèvement dans les Asturies et concentre ses efforts répressifs sur cette province. L’état-major des armées, à l’instigation du général Franco, décide de faire débarquer des troupes marocaines dans l’un des ports de la côte, pour restaurer l’ordre dans la province. L’armée insurrectionnelle remporte néanmoins ses premiers succès, tant est grande la détermination des combattants. De violents affrontements ont lieu à Oviedo et les forces gouvernementales sont contraintes à se replier. Les insurgés s’emparent de la fabrique d’armement et récupèrent une quantité importante de matériel. Les ateliers de métallurgie contrôlés par les ouvriers alimentent les combattants en munitions. Cet effort permet d’équiper les milices de façon plus satisfaisante, mais ne suffit pas à compenser le déséquilibre des forces sur le terrain. La province est isolée suite à l’échec de l’insurrection dans les autres grands centres industriels, en Catalogne, en Aragon et ailleurs. Le 7 octobre, un croiseur de la marine bombarde la ville de Gijón, maillon faible dans le système de défense des insurgés. Des troupes sont débarquées sur le port et de violents combats ont lieu dans les faubourgs. Dès le 10 octobre, l’aviation intervient à son tour ; des tracts appelant à la capitulation sont lâchés sur les foyers insurrectionnels : « Les Asturies sont abandonnées de tous, le cercle meurtrier va se refermer. » Depuis les bureaux du ministère de la guerre à Madrid, le Général Franco organise l’encerclement des rebelles. Chaque jour de nouveaux régiments convergent sur différents lieux de combat. Pour éviter tout risque de fraternisation, l’état-major des armées fait appel à la Légion étrangère et à des combattants marocains. La fabrique d’armes d’Oviedo est reprise le 12 octobre dans la soirée. Le 18 octobre, le comité révolutionnaire provincial estime que la situation est désespérée et demande aux miliciens de déposer les armes. Le 19, les troupes du Général Aranda (qui commande les opérations sur le terrain) occupent la zone minière. L’insurrection est terminée.

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Pendant treize jours, les travailleurs des Asturies ont affronté les troupes gouvernementales, faisant preuve d’une énergie et d’un courage sans failles. Cette lutte n’a pu bénéficier d’un soutien suffisant dans le reste de l’Espagne : les manœuvres politiciennes et la vigueur de la répression gouvernementale sont très vite venues à bout des mouvements insurrectionnels dans les autres provinces. En Catalogne, les forces de Gauche sont divisées : les anarchistes ont été victimes d’une répression impitoyable de la part du gouvernement républicain et refusent de lier leur sort à celui de leurs ennemis de la veille (la situation va s’améliorer en juillet 1936). Dans les Asturies même, la valse hésitation des dirigeants politiques a été un handicap important à l’organisation de la résistance. Malgré la signature d’un pacte d’alliance au printemps, les dirigeants socialistes (PSOE – UGT) ont longuement hésité à impliquer les anarchistes dans l’organisation du mouvement. La CNT, minoritaire dans les Asturies, représentait cependant une force combattante non négligeable sur le terrain et les dirigeants socialistes locaux se rendent compte qu’ils ne peuvent faire longtemps cavalier seul. L’entente entre militants anarcho-syndicalistes et militants de l’UGT est bien réelle sur le terrain. Comme cela se passera deux années plus tard à Barcelone, ces mêmes responsables politiques hésitent longuement à armer le peuple. On peut considérer comme dangereusement irresponsable ou terriblement cynique, cette initiative prise de pousser ouvriers et paysans à l’insurrection, sans grande préparation, en vue de constituer simplement un moyen de pression préalable à des négociations que l’on espère fructueuses. Lorsque les événements tournent mal, on laisse les militants se débrouiller avec leurs propres moyens sur le terrain. Incompétence, crainte d’un changement social trop brutal, ou volonté délibérée d’éliminer la fraction la plus radicale de la classe ouvrière ? Comme chaque fois que ce type de situation se produit, il est difficile de trancher. La réaction des anarchistes à ces manœuvres politiciennes fut d’autant plus violente qu’ils payèrent un large tribut à la répression qui s’ensuivit.

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Dès le début de la grève générale, les militants de la CNT tentèrent, comme ils le feront par la suite, en juillet 1936, en Aragon et en Catalogne, de mettre en place une ébauche d’organisation sociale qui donne tout son sens au mouvement révolutionnaire naissant. A La Felguera, ville industrielle où la CNT était particulièrement bien implantée, une proclamation du Comité Révolutionnaire annonça l’abolition de l’argent et la fin de la propriété privée des lieux et des moyens de production. A Oviedo, capitale de la région, l’argent est aboli pendant quelques jours et remplacé par des bons distribués par le Comité de l’Alliance Ouvrière. Le mouvement est trop bref pour que ces tentatives de transformation sociale puissent être vraiment significatives. La situation est difficilement comparable avec ce qui se produisit plus tard en Aragon et en Catalogne où les expériences de collectivisation et d’autogestion furent poussées beaucoup plus loin. Elle démontre cependant une chose importante que les militants anarchistes avaient comprise : la révolution devait être menée de front avec la guerre contre l’oppresseur. Il n’était pas question de vaincre d’abord l’adversaire puis de procéder à quelques modestes réformes sociales décidés dans les hautes sphères gouvernementales. Le combat n’avait de sens pour la population que s’il avait pour conséquence immédiate une transformation complète des règles du jeu économique.


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La répression fut aussi terrible que la résistance populaire avait été vigoureuse. Le comité révolutionnaire avait posé comme seule condition de sa reddition que la population ne soit pas livrée à la vindicte des troupes maures et de la légion étrangère. Le général Aranda avait accepté cette clause, mais fut totalement incapable de la faire respecter (à moins qu’il n’en ait eu volontairement aucune intention…). Les pires exactions furent commises par les brigades spéciales de la Garde Civile. Je ne m’attarderai pas sur les détails sordides du processus de « normalisation », mais sachez que le quotidien parisien « Le Temps » informa ses lecteurs qu’une centaine de mineurs avaient été enterrés vivants dans une galerie de mine. Ce n’était là qu’un des épisodes sanglants d’une férocité à laquelle la population, femmes et enfants compris, allait payer un lourd tribut. La Droite avait eu très peur et elle réclama de violentes mesures répressives, non seulement dans les Asturies mais dans les autres provinces aussi puisque des tentatives d’insurrection avaient eu lieu un peu partout. Les tribunaux fonctionnèrent à plein régime et les prisons se remplirent à grande vitesse. Les conditions de détention dans les prisons surchargées des Asturies furent particulièrement inhumaines. La violence des gardiens, la rigueur climatique et la malnutrition alourdirent encore un bilan des pertes difficile à établir. Les historiens estiment qu’il y eut plusieurs dizaines de milliers d’incarcérations (30 000, 40 000 ?). Quant aux pertes humaines, elles sont évaluées à 3000 morts et 7000 blessés, mais ces chiffres sont probablement inférieurs à la réalité. La frange la plus radicale du mouvement attendait des jours meilleurs derrière les barreaux, mais il fallut la victoire du Front Populaire en 1936 pour que les portes des geôles s’ouvrent enfin.

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Beaucoup considèrent les événements survenus en 1934 dans les Asturies comme le préambule de la Révolution de 1936. Il est indéniable que l’on retrouve dans les deux situations, des contextes proches, des acteurs identiques. Une différence notable doit être néanmoins soulignée : le signal de l’insurrection des Asturies est donné par un appel à la grève générale lancé à l’initiative des partis et syndicats de gauche, principalement le PSOE. Les événements de juillet 1936 ont lieu en réaction au coup d’état militaire initié par un cartel de généraux. En 1934, contrairement à ce qui allait se passer deux années plus tard, la solidarité n’eut pas le temps de s’organiser dans les pays voisins, mais la presse de Gauche, en France, consacra de nombreux articles aux événements asturiens. L’écrivain Albert Camus, participa, en 1935, à l’écriture collective d’une pièce consacrée à ce drame.
Les défaites successives de 1934 et 1939 ne suffirent pas à démobiliser les mineurs des Asturies. En 1963, malgré la dictature franquiste, plus de cinquante mille mineurs asturiens s’engagèrent à nouveau dans un mouvement de grève particulièrement radical pour réclamer une amélioration de leurs conditions de travail et une démocratisation syndicale. Des centaines d’entre-eux furent arrêtés et torturés… Le visage du régime n’avait pas changé ! Plus récemment, en juin 2012, un nouveau mouvement social a eu lieu dans les Asturies, et les « gueules noires » se sont retrouvées à nouveau en première ligne d’un combat contre les directives des instances européennes relayées par leur agence gouvernementale madrilène. Il s’agissait, cette fois, d’un ultime combat contre la fermeture des mines…

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Quelques sources documentaires : livres : « Durruti, le peuple en armes » d’Abel Paz – Mémoire d’Aurélien Berger intitulé « La représentation de la commune des Asturies dans la presse française de gauche » -
sur le web : blog « libcom.org », rubrique « histoire » (en anglais) « The asturias revolt« http://libcom.org/history/1934-asturias-revolt

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Re: Asturies 1934, L’éphémère République des Ouvriers et Pay

Messagede MAKHNARCHISTE » 29 Oct 2013, 18:13

http://www.youtube.com/watch?v=PvFQOAKcJKQ juste pour appuyer ton texte , trés intéressant je n'avais pas connaissance de cette insurrection ouvriére.
"LE POUVOIR EST MAUDIT C'EST POUR CELA QUE JE SUIS ANARCHISTE"
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Re: Asturies 1934, L’éphémère République des Ouvriers et Pay

Messagede Pti'Mat » 30 Oct 2013, 21:12

A lire également la brochure CSR "Asturies 1934 : Une révolution inconnue": http://syndicaliste.phpnet.org/spip.php?article459
"Il n'y a pas un domaine de l'activité humaine où la classe ouvrière ne se suffise pas"
Le pouvoir au syndicat, le contrôle aux travailleurs-euses !

https://www.syndicaliste.com/
http://redskins-limoges.over-blog.org/
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Re: Asturies 1934, L’éphémère République des Ouvriers et Pay

Messagede Nyark nyark » 21 Nov 2013, 21:25

Cette insurrection a d'ailleurs inspiré Albert Camus pour une de ses toutes premières oeuvres :
Révolte dans les Asturies
La religion est la forme la plus achevée du mépris (Raoul Vaneigem)
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Re: Asturies 1934, L’éphémère République des Ouvriers et Pay

Messagede Béatrice » 03 Déc 2015, 12:17

Marseille, samedi 5 décembre 2015

-17 h CIRA, 50 rue Consolat, 13001

Causerie au Centre International de Recherches sur l’Anarchisme
Asturies 1934 : l’autre révolution d’octobre
par Francisco Pallarés Aran

La crise des années 1930 qui touche l’ensemble du monde a aussi ses répercussions en Espagne. Mais paradoxalement, elle se traduit d’abord par un regain d’intérêt pour le parlementarisme (pourtant en crise dans le reste de l’Europe). Le roi Alphonse XIII, complètement discrédité doit abandonner le pouvoir. Le 14 avril 1931, la Seconde République espagnole est proclamée. Paysans, ouvriers, classes moyennes attendent avec espoir de profonds changements. Les réformes (c’est-à-dire l’amélioration des conditions d’existence) tant espérées tardent à se réaliser ; la déception n’en est que plus grande. À peine deux ans plus tard, une majorité conservatrice accède au pouvoir. Son chef, José María Gil-Robles (admirateur de Mussolini, de Dollfuss et d’Hitler), fait adopter des mesures autoritaires de plus en plus inquiétantes dans une Europe où les dictatures gagnent de jour en jour du terrain.

En octobre 1934 la direction du Parti socialiste d’alors appelle à la grève générale et au soulèvement dans toute l’Espagne. Mal préparé, mal coordonné, ce mouvement, accompagné parfois d’affrontements armés, échoue.

Par contre, au nord de l’Espagne, dans les Asturies, c’est une révolution sociale qui va secouer l’ensemble de la région minière. Sous le mot d’ordre de UHP (« ¡ Uníos hermanos proletarios ! », « Unissez-vous frères prolétaires ! »), armés de fusils, de bâtons de dynamite, de canons et de mitrailleuses, les mineurs asturiens de l’UGT et de la CNT vont instaurer une véritable Commune ouvrière.

Ils seront écrasés sans pitié par l’armée, la Légion étrangère et les supplétifs marocains dépêchés d’urgence d’Afrique. La résistance des mineurs et la répression qui s’ensuivirent résonnèrent profondément, en Espagne et au-delà.

Malgré cet échec, la Révolution des Asturies peut être considérée comme le prélude à la Révolution de 1936.

Francisco Pallarés Aran
a enseigné l’espagnol en lycée et à l’université. Il a publié des articles dans diverses revues et a participé à des ouvrages collectifs. Il est membre de la rédaction des Cahiers du CTDEE (Centre toulousain de documentation sur l’exil espagnol). Dans le n° 2 (2014), il a écrit un texte sur la révolte des Asturies. Les trois numéros parus de ces Cahiers seront disponibles au CIRA le jour de la causerie.

P.-S.

cira.marseille chez gmail.com / http://cira.marseille.free.fr
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Re: Espagne, révolution de 1931 et Asturies 1934

Messagede bipbip » 11 Avr 2017, 15:23

Sur l’histoire de la révolution espagnole de 1931
et le rôle joué par les socialistes de droite et de gauche et les anarchistes

Nestor Makhno

Quand une révolution éclate, indépendamment de son caractère - politique ou social - (le plus important, c’est que de larges masses de travailleurs y participent), et que ses guides, collectifs bien soudés ou individus disposant d’une autorité particulière auprès des travailleurs, se mettent au dessus de ces masses, ne marchent pas au même pas qu’elles, ne leur font pas confiance, en attendent quelque chose d’extraordinaire, ou bien, pire encore, veulent les subordonner en tentent de leur indiquer la "seule" voie à suivre, eh bien alors la révolution ne se développe pas assez profondément, n’arrive pas à déboucher, ni a formuler correctement les problèmes du moment à résoudre. Elle ne peut découvrir alors les moyens nouveaux et supplémentaires d’action sociale pour contrer ses ennemis et répondre aux nécessités urgentes ; elle est amenée à emprunter des voies imprécises, à s’égarer parmi leurs fatals zig-zags. A ce moment-là, soit elle périt sous le coup de ceux contre qui elle était dirigée, soit elle modifie son orientation, rétrécit son cours et s’achève selon les intérêts de ses ennemis internes.

Toutes ces différentes raisons ont souvent été décisives au cours des révoltes ayant eu lieu jusqu’ici, en Europe ou ailleurs. La même chose s’est passée en Espagne. Il est vrai que la révolution espagnole de 1931 se distingue de nombreuses autres par ses aspect bien particuliers. Elle ne s’est pas déclenchée par une tempête révolutionnaire des les villes et les campagnes, mais par les urnes des bulletins de vote. Au cours de son évolution, grâce aux action des éléments de gauche, elle s’est arrachée à ces à ses premières racines et c’est placée sur les vastes espaces de l’action sociale émancipartice des travailleurs. Si elle se termine tout de même à l’avantage des élément autoritaires, et tragiquement pour le destins des travailleurs et de nombreux révolutionnaires, ainsi que pour ce qu’ils avaient pu édifier, la responsabilité en incombe dans une grande mesure aux groupement politiques espagnols de gauche. Cette issue malencontreuse est due à la responsabilité des socialistes autoritaires et des socialistes antiautoritaires, c’est à dire de nos camarades communistes libertaires et anarcho-syndicalistes.

La responsabilité des socialistes étatistes de droite consiste en ce qu’il ce sont liés dès le début avec le parti bourgeois de Zamora-Alcala. Il est vrai que les militants de base de ce parti, en particulier les ouvriers, ne voulaient pas entendre parler de cette politique, plus même ils n’étaient pas au courant des tractations cachées des ’sommets" de leur parti, menées avec la bourgeoisie pour prendre en commun le pouvoir, cela au prix du sacrifice de la révolution. Ce n’est que lorsque les ouvriers socialistes se retrouvèrent en but aux questions des autres travailleurs sur la politique de leur parti, et qu’ils ne surent quoi y répondre, que leurs dirigeants adoptèrent hypocritement des postes de paons face à la bourgeoisie, effrayérent un tantinet ses représentants, en se déclarant prêts à prendre le pouvoir tout seuls, avec le seul appui des travailleurs. Ce double jeu des dirigeants socialistes à l’égard de la révolution, mené en tenant compte malgré tout des aspirations de travailleurs représentées par les autres organisations social-révolutionnaires, amena cependant la confusion la plus complète dans l’esprit et la compréhension des travailleurs vis-à-vis de la révolution entamée, diminuant en fin de compte ce qu’il y a de meilleur et de plus combatif dans leur lutte, tout ce qui leur avait permis de remporter une victoire complète et enthousiaste sur les monarchie et sur le roi.

Les travailleurs espagnols sentirent instictivement que le temps des nouvelles et libres formes de vie sociale était arrivé. Les "sommets" socialistes de droite feignirent extérieurement de s’en féliciter, mis oeuvrèrent en fait et en secret à trahir ces aspirations, ce en quoi ils portèrent un énorme préjudice au premiers pas de la révolution.

La responsabilité des bolcheviks-communistes - les "plus à gauche des gauches" des socialistes, si l’on peut dire -, tient en ce qu’ils n’ont pas agi pour la cause de l’émancipation réelle des travailleurs, mais uniquement pour leurs sales petits intérêts de parti. Ils ont appréhendé la révolution comme un moyen à l’aide duquel ils pourraient abrutir, tout à leur aise, les têtes prolétariennes avec les promesses les plus démagogiques puis, les ayant attirés dans leur giron autoritaire, les utiliser physiquement pour instaurer leur sale dictature de parti sur le pays. Quand ils s’aperçurent que leurs manœuvres démagogiques ne prenaient pas auprès des travailleurs, ils soudoyèrent ou bernèrent quelques éléments aventuristes afin d’organiser des manifestations violentes en y appelant les travailleurs désarmés. Toutefois, ces manifestations ne leurs amenèrent non plus aucun succès. Le sang coula abondamment durant ces défaites ouvrières, préméditées par des gens qui se trouvaient très loin de l’action. Tout cela ne fit que renforcer la coalition des socialistes de droite d’Alcala et de Zamora avec la bourgeoisie, et augmenter son pouvoir non seulement contre les "candidats dictateurs" de gauche, mais aussi contre la révolution en général.

Quant aux bolcheviks-"communistes", ils sont de la même école marxistes-léniniste que leurs congénères russes : ce ne sont que des jésuites et des traîtres à tous ceux qui luttent contre le capital et pour l’émancipation du prolétariat, sans vouloir passer sous leurs fourches caudines. Pendant la révolution espagnole de 1931 ils n’ont pas été assez forts - et ne le sont toujours pas - pour manifester cette trahison de manière évidente. Malgré cela, ils ont réussi à monter plusieurs provocations et à lancer quelques calomnies, non pas tellement contre la bourgeoisie que contre leurs adversaires politiques de gauche. Cette circonstance explique partiellement la peine que la révolution a eue pour se débarrasser des idées et des dirigeants bourgeois, car il lui a fallu combattre en même temps la démoralisation propagée par ces traîtres de "gauche". Ces dernier agissent au nom de leur dictature et non de la liberté sociale véritable, celle qui fonde la solidarité et l’égalité des opinions de tous ceux qui ont rompu radicalement avec le lourd passé d’exploitation et qui marchent vers un monde nouveau dès à présent.

La responsabilité des communistes libertaire et anarcho-syndicalistes espagnols, dans l’évolution des événements, leur incombe surtout parcequ’ils se sont écartés de leurs principes de base en participant activement à cette révolution, certes pour enlever l’initiative à la bourgeoisie libérale, mais en demeurant malgré tout sur le terrain parasitaire de classe de celle-ci. Ils n’ont, d’une part, absolument pas tenu compte des exigences de notre époque et, d’autre part, sous-estimé l’importance des moyens dont dispose la bourgeoisie pour contenir et éliminer tout ceux qui la gênent.

Quelles sont les causes qui ont empêché les anarchistes de manifester en pratique leurs conviction pour transformer une révolution républicaine et bourgeoise en révolution sociale ?

En premier lieu, l’absence d’un programme déterminé et précis les a empêché d’atteindre une unité dans leurs actions, l’unité qui conditionne au cours d’une période révolutionnaire la croissance du mouvement et son influence sur tout ce qui l’entoure.

En second lieu, nos camarades espagnols, tout comme de nombreux camarades d’autres pays, considèrent l’anarchisme comme une église itinérante de liberté… Cette attitude les empêches en de nombreuses occasions, de concrétiser en temps et lieu voulu les structures pratiques et indispensables à l’organisation économiques et sociales devant lier par de nombreux fils la lutte quotidienne et globale des travailleurs. Cela les a empêchés de réaliser, cette fois-ci, la mission dévolue à l’anarchisme lors d’une période révolutionnaire.

Le communistes libertaires et anarcho-syndicalistes espagnols, malgré tout l’ascendant moral dont ils disposaient auprès des travailleurs dans le pays, n’ont pas su influencer à à fond dans un sens révolutionnaire, la psychologie des masses hésitantes entre leur sympathie pour la révolution et les idées petites-bourgeoises. Il aurait fallu les transformer en actifs combattants du développement et de la défense de la révolution. Au lieu de cela, se sent dans une relative liberté, les anarchistes, tout comme les petit bourgeois, se sont consacrés à des discussions sans fin. Ils se sont beaucoup exprimés, en toute liberté, oralement et par écrit, sur toutes sortes de sujets ; ils ont fait force meeting, avec de belles professions de foi, mais ils ont omis ceux qui s’étaient substitués au roi, eux, s’occupaient pendant ce temps d’affermir mieux leur pouvoir.

Malheureusement, rien ne fut entrepris sur ce plan en temps opportun bien que cela était au plus haut point indispensable. A ce moment, les anarchistes espagnols disposèrent de chances réelles - bien plus que tous les autres groupement révolutionnaires du pays - pour déterminer dans la pratique une stratégie qui aurait fait franchir une étape de plus à la révolution. La CNT augmenta ses effectifs avec une rapidité foudroyante et devin pour tout le pays laborieux la tribune et le lieu où purent enfin s’exprimer les espoirs séculaires des travailleurs.

Pour accentuer encore plus ce rôle actif de notre mouvement, il eut fallu abattre la bourgeoisie et son pouvoir, éliminer entièrement son influence du mouvement révolutionnaire. Est-ce que cela signifie que nos camarades espagnols n’aient rien fait dans ce sens au cours de cette année révolutionnaire 1931 ? Assurément, non. Ils firent tout leur possible pour transformer la révolution politique en révolution sociale. Ils supportèrent héroîquement les sacrifices et, même maintenant que la révolution à été étouffée, beaucoup d’entre eux subissent les rigueurs de la répression. Pourtant, ces sacrifices ont été vains, dans mesure où ils n’ont pas été accomplis en vue de buts conformes. Tout cela, je le répète encore, parceque l’anarchisme ne possède pas de programme défini, parce que les actions anarchistes menées ont été et sont toujours, d’ailleurs, dans l’éparpillement le plus complet, et non à partir d’une unité tactique, déterminée et orientée par une unité théorique, par un but unique commun. C’est pour ces raisons précises que les anarchistes espagnols n’on pu mener à bien leur œuvre et c’est ce qui a amené les plus faibles en convictions d’entre eux à lancer le fameux "manifeste des trente" - tout a fait inopportun -, au nom de "la plus grande conscience des responsabilités" de ses auteurs. Les militants les plus résolus et intrépides, ceux qui non seulement propagent leurs idées mais vont jusqu’à périr pour elles, ceux-là languissent dans d’immonde casemates, dans les cales des navires qui les emportent au loin en déportation, vers des contrées hostiles.

Tels sont, en général, les traits fondamentaux des omissions, erreurs et manquements fatals pour les actions révolutionnaires, commis par les groupements de gauche espagnols, à un moment décisif qui se répète rarement dans l’histoire, et qui a conduit aux résultat actuels de la révolution espagnole. Tous ces groupements portent dons la responsabilité de la situation.

Je ne sais quelles conclusions en tireront les socialistes étatistes, ceux qui ne surent rien faire de mieux que de jouer aux laquais de la bourgeoisie, tout en voulant faire des autres révolutionnaires leurs propres laquais. En ce qui concerne les anarchistes révolutionnaires, je pense qu’ils ont, ici, de quoi méditer, afin de se garder à l’avenir de répéter les mêmes erreurs, que ce soit en Espagne ou ailleurs : se retrouver à des postes révolutionnaires avancés sans pouvoir disposer des moyens nécessaires à la défense des acquis révolutionnaires des masses contre les attaques acharnées de leurs ennemis bourgeois et socialistes autoritaires.

Il est évident que les anarchistes révolutionnaires ne doivent pas recourir aux moyens des bolcheviks comme certains d’entre eux en sont parfois tentés, jusqu’à conseiller d’établir un "contact étroit" avec l’état bolchevik (comme le préconise dernièrement le "novateur" Archinov). Les anarchistes révolutionnaires n’ont rien à trouver dans le bolchévisme ; ils disposent de leur propre théorie révolutionnaire fort riche au demeurant, laquelle définit des tâches totalement opposées à celles des bolcheviks dans la vie et la lutte es classes laborieuses. Ils ne peuvent concilier leurs objectifs avec ceux du panbolchevisme, lequel s’impose si férocement, par le rouble et la baïonnette, dans la vie des travailleurs de l’U.R.S.S., ignorant délibérément leurs droits et faisant d’eux ses esclaves dociles, incapable d’esprit indépendant, de raisonnement propre sur leur bien être et sur celui des autres travailleurs dans le monde.

Aucun individu ni aucun groupe anarchiste, si dévoué soit-il à la cause du mouvement, ne peut réaliser à lui seul les tâches définies. Toutes les tentatives menées à ce jour en témoignent. On comprend pourquoi : aucun individu ni groupe ne peut unir à lui seul notre mouvement, tant sur le plan national qu’international. Ces immenses et capitales tâches ne pourront êtres remplies que par un collectif international de réflexion libertaire. C’est ce que j’avais déjà dit, il y a sept ans, à Rudolph Rocker et à Alexandre Bergman, à Berlin. Je le réaffirme d’autant plus fermement maintenant, que de nombreux libertaires reconnaissent ouvertement - après toute une série de tentatives infructueuses de créer quelque chose de pratique - qu’il n’y a pas d’autres possibilités de mettre au point un programme déterminé et élaboré conformément à notre époque et à nos forces, que de réunir une conférence préparatoire, composée des militants les plus actifs et dévoués, tant sur le plan théorique que pratique, laquelle devra formuler les thèses qui correspondraient aux questions vitales du mouvement anarchiste, thèses débattues dans la perspective d’un congrès anarchiste international. Celui-ci, à son tour développerait et compléterait ces thèses. A la suite de ce congrès, ces thèses représenteraient un programme défini et une référence solide pour notre mouvement, référence valable pour chaque pays. Cela délivrerait notre mouvement des déviations réformistes et confusionnistes, et lui donnerait la puissance nécessaire pour devenir l’avant garde des révolutions contemporaines.

Il est vrai que cette œuvre n’est pas facile ; cependant, la volonté et la solidarité de ceux qui peuvent et désirent la réaliser pourront grandement faciliter cette démarche. Que cette œuvre commence, notre mouvement ne peut qu’y gagner !

Vive l’aspiration fraternelle et communes de tous les militants anarchistes à la réalisation de cette grande œuvre - l’œuvre de notre mouvement et de la révolution sociale pour laquelle nous luttons.


Nestor Makhno
Paris, 1931


https://fr.theanarchistlibrary.org/libr ... le-de-1931
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Re: Espagne, révolution de 1931 et Asturies 1934

Messagede bipbip » 28 Mai 2017, 16:31

Syndicats et Communes

Discussion avec Myrtille Gonzalbo autour du communisme libertaire et de l’anarcho-syndicalisme en Espagne. Première partie : Avant 1936.

Avant 1936, l’Espagne est le seul pays où l’anarchisme est resté une force politique majeure. Comment expliquer, dans ces conditions, les multiples appels à retourner au travail sans qu’il ne soit plus question de communisme libertaire, lancés par la CNT à Barcelone à la fin juillet 1936, alors même que la ville était libérée de l’emprise des militaires, et que l’État était à terre ? Et comment interpréter la participation de militants de la CNT et de la FAI au gouvernement à l’automne ?
Pour cela, il faut remonter à la formation de la CNT et du mouvement anarchiste espagnol, et se pencher sur les conflits de tendances qu’il a connus. Nous avons rencontré Myrtille Gonzalbo, du collectif « les Giménologues » – qui ont notamment publié Les Fils de la Nuit, à partir du beau récit d’Antoine Gimenez, un protagoniste de la guerre d’Espagne (réédité chez Libertalia en 2016), et A Zaragoza o al charco ! Aragon 1936-1938 (chez l’Insomniaque en 2016).
Elle nous livre ici son analyse qui nous rappelle que le débat sur les stratégies révolutionnaires avait, et a toujours, une importance cruciale.

... https://lundi.am/Syndicats-et-Communes
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Re: Espagne avant 36, révolution de 1931, Asturies 1934

Messagede Pïérô » 18 Juil 2017, 23:22

Cinquante ans avant la Révolution espagnole

Recension des Chemins du Communisme Libertaire parue dans la revue La révolution prolétarienne
La révolution prolétarienne n° 797 de juin 2017
https://revolutionproletarienne.wordpress.com/

Vous n’êtes pas certain de bien faire la différence entre « communisme-anarchiste », « anarcho-collectivisme », « anarchisme « sans adjectif » », « anarcho-syndicalisme » et « communisme libertaire » ? Vous connaissez le déroulement de la Révolution espagnole, mais vous ignorez la genèse du processus qui, de la création de l’Association Internationale des Travailleurs (1864) à la guerre civile espagnole, engendra l’expérience révolutionnaire la plus radicale de l’histoire moderne. Ce livre va répondre à vos questions.

Après avoir arpenté en tous sens la Révolution espagnole avec, pour fil conducteur, les Souvenirs d’un ancien volontaire de la colonne Durruti, Bruno Salvadori, dit Antoine Gimenez (d’où le nom des Giménologues), puis s’être attachée à retrouver les témoignages des combattants révolutionnaires encore en vie ou de leurs proches, Myrtille, cette fois-ci sous son seul prénom, nous propose de remonter le temps pour, comme le dit la citation mise en exergue : « savoir comment les gens du commun sont capables de faire une révolution sociale [et] parcourir l’itinéraire qu’ils ont suivi pour en arriver à un tel engagement total ».

Ce premier volume d’un ouvrage qui en comptera deux commence donc juste après la création de l’Association Internationale des Travailleurs, d’où les « antiautoritaires » (au départ très majoritaires) réunis autour de Michel Bakounine seront exclus quelques années plus tard, après l’écrasement de la Commune de Paris. À la suite de cette scission, la fédération espagnole s’engage massivement dans la voie de l’anarchisme, contre la gestion centralisée et la création de partis politiques voulues par Marx.

La situation particulière de l’Espagne en Europe explique en grande partie ce choix divergent. En cette fin du XIXème siècle, les puissances européennes, la Grande-Bretagne (depuis 1750), l’Allemagne, la France (à partir de 1830) et depuis peu l’Italie, sont entrées dans la Révolution industrielle. Toutes sont dotées de régimes parlementaires. En Espagne, seule la Catalogne connaît un véritable essor industriel. Après un bref intermède républicain (1873 – 1874) les Bourbons sont revenus au pouvoir dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle et le roi Alphonse XII, dit « le pacificateur », règne sur le pays. Cependant, derrière la façade désuète des uniformes chamarrés et des dames en crinolines, une oppression implacable écrase le peuple espagnol. Dans les campagnes, paysans pauvres et ouvriers agricoles sont réduits à un état de quasi-servage par les propriétaires terriens ; dans les villes, les patrons recrutent des hommes de main au sein de la pègre pour briser les mouvements revendicatifs. L’Église catholique, omnipotente, pèse de tout son obscurantisme pour maintenir les masses illettrées dans l’obéissance. Les révolutionnaires arrêtés pour s’être insurgés contre cet ordre féodal, s’ils ne subissent pas le supplice du garrot, s’en vont croupir dans les sinistres prisons du royaume.

C’est dans ce terreau de misère et de violence que s’enracine l’anarchisme espagnol. Mais alors que les marxistes préconisent la prise du pouvoir par les urnes et, dans un premier temps, le maintien de l’État et « l’abolition de la propriété bourgeoise », les anarchistes, qui placent la barre beaucoup plus haut, veulent faire la révolution pour renverser et détruire immédiatement l’État, abolir le salariat, toute propriété privée et toute forme d’autorité. En Espagne, ces propositions radicales soulèvent l’espoir des masses misérables, impatientes de sauter à la gorge de leurs oppresseurs sans attendre les résultats hasardeux des stratégies électorales. Sur ce chemin escarpé, tout est à inventer : quels buts donner à la révolution ? Quels moyens pour y parvenir ? « Jusqu’où démolir ? », interroge Kropotkine.

Les débats qui agitent le mouvement embrassent tous les aspects de la lutte. Légalisme ou illégalisme ? Faut-il créer un parti ? Un syndicat ? Faut-il soutenir les grèves revendicatives ? La violence révolutionnaire doit-elle aller jusqu’au terrorisme ? Comment associer dans un même mouvement les masses paysannes d’Andalousie et les ouvriers barcelonais ?
Les principes sur lesquels on pourra reconstruire la société future sont au cœur de la controverse entre anarchistes collectivistes et communistes anarchistes. Tous sont d’accord pour la socialisation de la terre, des ressources naturelles et des outils de travail, mais les premiers entendent répartir la production à proportion du travail fourni, tandis que les seconds veulent distribuer les produits du travail en fonction des besoins de chacun. Des arguments contestant l’application pratique de chaque option sont avancés par l’un et l’autre camp. Néanmoins, Myrtille nous fait bien comprendre l’enjeu fondamental de ce débat autour de la « valeur travail » : il s’agit rien moins que de redéfinir des notions fondamentales telles que « marchandise », « argent » et, in fine, « salariat ».

L’exposé de ces débats aurait pu tourner au pensum, mais l’auteur sait raconter, resituer le contexte, donner de la chair à l’histoire. L’un des mérites du livre, c’est de nous faire toucher du doigt les conditions extrêmes dans lesquelles s’élabore cette réflexion théorique. Les anarchistes espagnols ne sont pas des révolutionnaires de bureau. Leurs publications, leurs réunions, se font le plus souvent dans la clandestinité. Leurs organisations doivent en permanence réagir aux fluctuations d’un régime qui alterne les vagues de répression et les périodes de relative accalmie. Il leur faut subir les événements internationaux qui bouleversent la vie des Espagnols, comme la guerre hispano-américaine (1898), et s’adapter aux mutations du capitalisme. La presse et l’édition sont strictement contrôlées : c’est sous le manteau que circulent les textes des grandes figures étrangères, Kropotkine, Reclus, Malatesta, qui vont nourrir les débats théoriques des groupes de résistance. Plus d’une fois terrassé, le mouvement se reconstitue dès que la répression marque le pas. Il faut alors reconstruire les groupes, les liaisons, remplacer les militants emprisonnés, reprendre le travail de propagande auprès des paysans sans terre de l’Andalousie comme du prolétariat ouvrier à Barcelone. Peu à peu, les luttes enrichissent d’expériences ce mouvement qui apprend en marchant. Myrtille n’oublie jamais d’évoquer les personnalités de ces militants, hommes et femmes, qui de grèves en insurrections et de bagnes en prisons, avaient voué leur vie à cette révolution dont ils ne doutaient pas, tant le système d’exploitation capitaliste leur paraissait inhumain.

Il n’est pas si fréquent qu’un petit ouvrage – le corps du texte n’excède pas 150 pages – parvienne à traiter de sujets théoriques de façon claire et vivante. L’auteur ne cache pas ses convictions ni ses sympathies, mais elle met sur la table les éléments de chaque débat, le plus souvent sous forme d’extraits de journaux, de témoignages ou de correspondances, et laisse au lecteur le soin d’élaborer sa propre conclusion. L’édition est soignée, enrichie d’un cahier de photos, de textes auxquels il est souvent fait référence dans le livre – un extrait de La conquête du pain de Pierre Kropotkine et la brochure À mon frère le paysan d’Élisée Reclus – ainsi que de l’indispensable chronologie détaillée de l’histoire espagnole pendant la période concernée.

Ce premier volume s’achève en 1910 à Barcelone par la fondation de la CNT, seul syndicat anarchiste de masse de l’histoire, dont le poids sera déterminant dans l’orientation future de la révolution de 1936 – 1937. Pour l’heure, une question se pose aux révolutionnaires issus des sociétés ouvrières de résistance à l’origine du nouveau syndicat : comment concilier la grève revendicative pour des augmentations de salaires avec l’objectif d’abrogation du salariat ? Ce sera le point de départ du second volume des Chemins dont la sortie est prévue dans un an et que nous attendrons avec impatience.

François Roux.

Myrtille, giménologue
Les chemins du communisme libertaire en Espagne, 1868 - 1937
Et l’anarchisme devint espagnol, 1868 – 1910
Premier volume
Éditions Divergences, Collection Imaginaires subversifs.
196 pages, 10 €


http://gimenologues.org/spip.php?article730
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Re: Espagne avant 36, révolution de 1931, Asturies 1934

Messagede bipbip » 26 Aoû 2017, 18:20

Lyon samedi 2 septembre 2017

Et l’anarchisme devint espagnol (1868-1910)

Il faut remonter au XIXe siècle pour comprendre comment le communisme libertaire a été expérimenté en Espagne en 1936

Rencontre/débat à la librairie La Gryffe, 5 rue Sébastien Gryphe, Lyon 7e le samedi 2 septembre à 15h autour du premier volume du livre Les chemins du communisme libertaire 1868-1937 Editions divergences, 2017, en présence de l’auteure Myrtille de l’Association des Giménologues. La rencontre qui portera sur la période 1868 - 1910 sera accompagnée d’une projection de photographies.

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https://rebellyon.info/Et-l-anarchisme- ... 1910-18104
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Re: Espagne avant 36, révolution de 1931, Asturies 1934

Messagede bipbip » 30 Aoû 2017, 20:06

Les chemins du communisme libertaire en Espagne 1868-1937

Après avoir retracé les moments forts de la rencontre entre l’Espagne et l’anarchisme au temps de l’AIT, l’auteure aborde dans ce premier tome les « deux manières d’interpréter le sens de la vie et les formes de l’économie post-révolutionnaire » qui s’agitaient au coeur même de la CNT avant le 19 juillet 1936. Il y a encore et toujours des enseignements à tirer de ce moment historique où certains proclamèrent l’abolition du salariat, préalable incontournable à tout projet communiste libertaire.

Nous publions ici les "bonnes feuilles" de cet ouvrage à paraître aux éditions Divergences.

... https://lundi.am/Les-chemins-du-communi ... e1868-1937
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Re: Espagne avant 36, révolution de 1931, Asturies 1934

Messagede Pïérô » 10 Sep 2017, 03:57

Du 15 au 20 septembre 2017 du Mans à Fougères

Présentation par l'auteure du livre "Les chemins du communisme libertaire en Espagne"

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Le Mans vendredi 15 septembre 2017 à 18h, Librairie L'herbe entre les dalles, Le Mans
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Re: Espagne avant 36, révolution de 1931, Asturies 1934

Messagede bipbip » 14 Sep 2017, 18:57

Les chemin du communisme libertaire en Espagne – 1868-1937

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À partir de juillet 1936, une partie de l’Espagne mit en pratique le principal objectif révolutionnaire des courants marxistes et libertaires du XIXe et XXe siècle : l’abolition du travail salarié. Myrtille, membre des Giménologues, groupe de chercheurs non académiques sur la révolution espagnole, entreprend la présentation du processus qui a mené à l’expérimentation du projet communiste libertaire.

Les Espagnols du début du XIXe siècle étaient encore imprégnés de « mentalités pré-capitalistes ». Ils détenaient toujours leur savoir-faire et disposaient d’une certaine autonomie dans leur labeur. Ils ne connaissaient que le premier stade du processus de subordination de la force du travail à la logique d’accumulation du capital.
Selon Élisée Réclus, le géographe anarchiste, le principe du fédéralisme semble « écrit sur le sol même de l’Espagne, où chaque division naturelle du canton a conservé sa parfaite individualité géographique. »
En 1835, apparurent les sociétés ouvrières de résistance qui devinrent le creuset de grèves et de révoltes contre les conditions de travail dans les premières industries et contre l’introduction de machines.
En 1840, furent fondées à Barcelone la première coopérative de consommation et les sociétés de protection mutuelle qui se regrouperont dans l’Association des Travailleurs dès janvier 1841.
La première grève générale en Espagne démarra dans la région de Barcelone le 2 juillet 1855 au cri de « L’association ou la mort ! ».
En 1857 en Andalousie, puis en 1959 en Estramadure, les paysans affrontèrent la Guardia Civil et occupèrent des terres lors de véritables insurrections.
Le refus de négocier entraîna la radicalisation sous forme de boycotts des entreprises, sabotages industriels, attentats. La répression multiplia la création de sociétés secrètes.
Réunis en congrès à Barcelone en juin 1870, 90 délégués représentant 40 000 travailleurs et 150 sociétés ouvrières, fondèrent la Fédération Régionale Espagnole (FRE), section espagnole de l’AIT. Ils exprimèrent leur accord avec le collectivisme d’inspiration bakouninienne qui prônait l’appropriation des moyens de production et leur gestion directe par les travailleurs eux-mêmes, le maintient de la propriété individuelle du produit intégral du travail de chacun, après l’écroulement du capitalisme et de l’État, en opposition au collectivisme autoritaire qui préconisait l’administration des richesses par un État planificateur au service du prolétariat.
En 1871, la Commune de Paris aboutit à une rupture historique, l’impossibilité d’une réconciliation sociale et le basculement vers l’action révolutionnaire violente : la guerre entre celui qui sans rien produire, consomme tout et celui qui, produisant tout, n’a pas de pain à donner à ses enfants.
En septembre 1872, la FRE adhère complètement aux principes fédéralistes avec autonomie des sections, adoptés au Congrès de l’Internationale Antiautoritaire de Saint-Imier.
Lors de la grève insurrectionnelle des ouvriers du papier à Alcoy, en juillet 1873, le maire fit tirer sur la foule. En représailles, l’hôtel de ville et des usines furent brûlées, le maire lynché. L’État républicain lança une vaste répression.

L’AIT, puis l’Internationale antiautoritaire, se revendiquaient du collectivisme, doctrine développée par James Guillaume dans Idées sur l’organisation sociale (1876) : « Il ne s’agit pas d’améliorer certaines institutions du passé pour les adapter à une société nouvelle, mais de les supprimer. Ainsi suppression radicale du gouvernement, de l’armée, des tribunaux, de l’Église, de l’École, de la banque et de tout ce qui s’y rattache. » Au niveau de la terre, il s’agira d’exproprier les bourgeois, les nobles et les prêtres pour donner la terre aux paysans qui n’en ont pas. Au niveau de l’industrie, chaque corporation de métier s’appropriera les instruments de travail. La question de la propriété résolue, la répartition s’établira « de chacun selon ses forces, à chacun selon ses œuvres ». Les communistes anarchistes contestèrent à partir de 1876 ce dernier principe, lui préférant une abolition complète du salariat et de la monnaie d’échange par une distribution « à chacun selon ses besoins ».
En octobre 1880, la Fédération jurassienne adoptait le « communisme anarchiste », ancêtre du communisme libertaire, au congrès de La Chaux-de-Fonds, considérant que l’Égalité de la production et aussi de la consommation, est le seul moyen de posséder la liberté. Élisée Reclus expliquait à cette occasion que « c’est le système industriel marchand qui institue la rareté ou la « famine artificielle » en organisant la production et la distribution en fonction du comportement des prix ».
Ils revendiquaient l’instauration de Communes libres avec dissolution simultanée du Capital, de l’État et de la Nation, librement fédérées en un réseau étroit.
Chez Reclus, la solidarité n’est ni un concept éthique, ni un sentiment mais un stratégie révolutionnaire étayée par son interprétation de la science.
L’autosuffisance au niveau régional, par la dissémination de petites industries, associées à l’agriculture, devait limiter, sinon annuler, la nécessité du marché international.
Ce second chapitre est particulièrement intéressant puisqu’il retrace l’évolution des principes collectivistes vers le communisme anarchiste et précise les apports de différents penseurs : Élisée Reclus, Pierre Kropotkine, William Morris, James Guillaume, Malatesta, Bakounine… Il constitue une excellente histoire de la pensée anarchiste pendant cette période bouillonnante.

L’auteur s’attache à rapporter avec une rigueur et une précision qui forcent le respect, l’évolution des rapports de force entre les deux tendances en Espagne, l’influence de ces différents penseurs, les différents modes d’action « par la parole, par l’écrit, par le poignard, le fusil ou la dynamite » selon la formule de Kropotkine.
Une opposition s’affirma entre les héritiers de Bakounine qui croyaient en la nécessité de créer des organisations regroupant des travailleurs sur le terrain de la lutte des classes, précurseurs du syndicalisme révolutionnaire ou anarcho-syndicalisme, et ceux de Kropotkine qui voulaient former des groupes extérieurs à la classe ouvrière, centrés sur l’insurrectionalisme, considérant la lutte pour l’amélioration des conditions d’existence des travailleurs comme une intolérable concession au capitalisme.
Les collectivistes se retranchèrent en Catalogne au milieu des années 1880, tandis que le communisme anarchiste s’enracinait en Andalousie.

Travail impressionnant, à la fois très détaillé et ramassé en une grosse centaine de pages. Myrtille permet de comprendre l’itinéraire suivi pour arriver à un engagement total capable d’aboutir à une révolution sociale. En attendant le second tome qui couvrira la période 1910-1937.

LES CHEMINS DU COMMUNISME LIBERTAIRE EN ESPAGNE – 1868-1937
Premier volume : Et l’anarchisme devint espagnol – 1868-1910
Myrtille, giménologue
202 pages – 10 euros.
Éditions Divergences – Collection Imaginaires subversifs – Paris – Mai 2017

https://bibliothequefahrenheit.blogspot ... .html#more
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Re: Espagne avant 36, révolution de 1931, Asturies 1934

Messagede bipbip » 16 Sep 2017, 20:02

Notre Dame Des Landes dimanche 17 septembre 2017

Présentation du livre "Les chemins du communisme libertaire en Espagne 1868-1937"

 Le Taslu à 18h

Présentation du livre « Les chemins du communisme libertaire en Espagne 1868-1937 » par Myrtille (les Giménologues)

Au début des années trente, le mouvement communiste libertaire espagnol a focalisé en lui un immense espoir de révolution sociale auprès d’une partie du mouvement ouvrier. Et c’est en Espagne, en 1936-1937, que s’expérimenta – à des degrés divers et en certains endroits seulement – l’unique mise en pratique du premier objectif avancé par les courants révolutionnaires marxistes et libertaires depuis le XIXe siècle : l’abolition du travail salarié.

La genèse du processus qui a mené à ce début de sortie des rapports sociaux capitalistes nous fait remonter aux années 1868-1872, quand les idées et pratiques anarchistes en cours d’élaboration dans le creuset de l’AIT, puis de l’Internationale anti-autoritaire, se combinèrent avec le fond anti-étatiste, anticlérical et anticapitaliste d’une partie des classes populaires espagnoles.

Dans l’état de décomposition et de passivité avancées de notre époque, où nous sommes trop souvent confrontés à l’idée que le capitalisme est increvable, il n’est pas mauvais de revisiter des temps où ce système fut déjà perçu et détesté pour ce qu’il est : un moment de l’histoire où l’énergie humaine est posée comme la première des marchandises.

Chercheurs non académiques, les Giménologues ont publié entre autres Les Fils de la Nuit, élaboré autour des souvenirs de la guerre d’Espagne ¡A Zaragoza o al charco ! Aragon 1936­1938, ré ci ts d e p rota g on i s te s l i b e rta i re s . I l s a l i m e n te n t ré g u l i è re m e n t u n e d i s cu s s i on s u r l e s ca u s e s e t l a n a tu re d e l a ré vol u ti on e s p a g n ol e s u r ce s i te : g i m e n ol og u e s . org

https://zad.nadir.org/spip.php?article4714
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Re: Espagne avant 36, révolution de 1931, Asturies 1934

Messagede Pïérô » 12 Oct 2017, 09:06

Radio : Et l’anarchisme devint espagnol (1868-1910) – avec Myrtille des Giménologues

Une histoire de l’anarchisme, du communisme libertaire et des luttes des classes populaires d’Espagne, autour de Les chemins du communisme libertaire en Espagne (1868-1937). Et l’anarchisme devint espagnol (1868-1910) (éditions Divergences, 2017) – avec l’auteure, Myrtille des Giménologues.

Une histoire des résistances populaires (grèves, émeutes, sabotages, insurrections, rétorsions) au capitalisme naissant et à la violence de l’État (la Guardia civil, ses meurtres et ses tortures) et des classes dominantes en Espagne au 19ème siècle, avec une mention de la grève générale de 1855, de la répression républicaine du soulèvement d’Alcoy de 1873 et de la clandestinité de 1874-1881, étapes d’une véritable guerre des classes entre une partie anti-capitaliste, anti-étatiste, anti-politique et anti-cléricale des classes populaires et des classes dominantes (monarchie, grands propriétaires, Église, armée, patrons) se refusant à toute réforme. Une histoire également de la rencontre d’une partie des classes populaires d’Espagne avec l’anarchisme (artisans ou ouvriers catalans allant progressivement vers un syndicalisme anarchiste, ouvriers agricoles d’Andalousie s’organisant comme groupes d’affinités clandestins « intransigeants »), de la fondation de la FRE (Fédération régionale espagnole, section de l’Internationale anti-autoritaire) et de la « propagande par le fait » comme réponse à la violence de l’État et des classes dominantes. Une histoire, en outre, de l’Internationale anti-autoritaire (scission de l’Internationale de 1872), de l’élaboration du communisme libertaire (« de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins », sans répartition « collectiviste » des produits de l’activité productive en fonction du temps de travail) comme projet révolutionnaire par des exilés de la Commune de Paris (Reclus, Kropotkine) et d’autres (Malatesta, Cafiero, etc.) et de l’adoption progressive de ce projet au sein des fédérations anarchistes du monde entier. Une histoire, enfin, des luttes de quartiers de Barcelone, de la répression de l’anarchisme au cours des années 1890-1900, du soulèvement populaire de Barcelone de 1909 (et sa répression féroce) et enfin de la fondation de la CNT (centrale syndicale « anarchiste ») en 1910.

On retrouvera davantage d’éléments d’histoire de l’anarchisme, du communisme libertaire et des luttes des classes populaires d’Espagne dans Et l’anarchisme devint espagnol (éditions Divergences, 2017).

Emission à écouter : http://www.sortirducapitalisme.fr/219-e ... menologues
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Re: Espagne avant 36, révolution de 1931, Asturies 1934

Messagede bipbip » 20 Oct 2017, 19:23

Grenoble samedi 21 octobre 2017

Exposé-discussion avec Myrtille Gonzalbo, giménologue, auteure des Chemins du communisme libertaire en Espagne, 1868-1937

16h30-19h • exposé de Myrtille Gonzalbo des Giménologues et discussion
19h-20h • pause
20h-22h • exposé de Myrtille (suite) et discussion

Antigone, café-bibliothèque-librairie, 22 rue des violettes, 38100 Grenoble

https://grenoble.indymedia.org/2017-09- ... isation-et
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