Histoire du mouvement libertaire français 1944-2004

Re: Histoire de la Fédération anarchiste 1945-1953

Messagede vroum » 26 Fév 2009, 23:10

Le 7ième congrès national de la F.A.
Bilan positif


in Le Libertaire # 317 du 30 mai 1952

Sept ans ont passé déjà. C'est en octobre 1945, en effet qu'au congrès de Paris, la Fédération anarchiste prenait corps, après les années de clandestinté et la semi-clandestinité de 1944-45.
il convient, au moment où va s'ouvrir notre 7ième congrès, de mesurer le chemin parcouru. Certes, nous ne publions pas un retentissant bulletin de victoire. Nous savions, au départ, que la lutte serait sévère. C'est aussi pourquoi nous ne nous décourageons pas. Et c'est le moment de répéter ici cette lapallissade : seuls ceux qui sont illusionnés se désillusionnent. Ceux-là seuls qui ont pu croire que nous triompherions parce que nous avions raison, qui ont pensé qu'il suffirait d'expliquer pour convaincre, ont pu, au cours de sept années de combat quotidien et de tâches sans grandeur mais nécessaires, relâcher leur effort ou abandonner la lutte. Encore leur nombre est-il infime, mois important même que celui de nos camarades emportés par la mort. Mais nous avons vu aussi venir à nous un nombre non négligeable de jeunes militants qui sont venus infuser un sang nouveau au mouvement en recréant des groupes, animant nos commissions de travail.
En définitive, la F.A. se retrouve en 1952, plus étoffée, plus musclée, plus nombreuse – surtout sil'on considère ses éléments actifs – plus efficace.
Elle n' apas accompli de miracles. Mais elle a pris pied dans l'arène sociale, elle a conquis droit de cité aussi bien dans les usines que dans les milieux intellectuels. Au sens plein du terme, elle vit. La presse, l'État et se sjuges ne peuvent plus feindre de l'ignorer et nous savons que dans les états-majors des partis et ds centrales syndicales, on tient compte du Libertaire, de ses camapgnes, de la présence de nos militants dans l'action, à propos de l'O.N.U., par exemple, a retenu l'attention de la presse du monde entier.
Certains de nos amis, sans doute aurai voulu nous voir progresser plus rapidement. Dans l'état actuel de recul de la conscience révolutionnaire, après une série de défaites, les masses, au moins en Occident, se tiennent sur la défensive, dans la méfiance ou dans l'indifférence. Dans de telles conditions, avoir réussi à se maintenir, ne pas avoir reculé était déjà un miracle. La F.A. peut donc être fière d'être devenue ce qu'elle est : la seule organisation révolutionnaire du pays – petite encore sans doute, mais la seule qui puisse compter – qui se soit maintenue, qui ait conquis des positions, qui interprète les aspirations populaires et vers laquelle, par conséquent, tôt ou tard, si elle poursuit sa route, viendront converger toutes les volontés de transformation radicale des rapports sociaux.
Mais il faut poursuivre. En revenir aujourd'hui à une conception qui a souvent abâtardi nos groupes et permis à l'adversaire de passer, serait une faute irréparable. Le 7ième congrès national confirmera l'esprit réaliste et réalisateur de notre F.A., son retour donc aux pratiques des militants de la 1ère Internationale.
C'est aujourd'hui, en effet, que nous trouvons dans la vraie veine de l'anarchisme, débarassé du verbalisme et du romantisme dégénéré qui eurent tendance, un certain temps, à muer notre mouvement en un purisme qui l'isolait des problèmes rééls et qui le réduisait à être une annexe du pacifisme le plus plat.
Les vieilles qurelles d'autrefois entre « individualisme » et « communisme » se sont – heureusement – avérées sans intérêt : le communisme libertaire, tel que l'entend la F.A. est une synthèse largement suffisante.
Et aujourd'hui, c'est, (mis à part quelques adeptes d'un « nullisme » qui n'a d'anarchiste que le nom) presque la totalité des militants anarchistes – nous disons bien « militants » et non « dilletantes » - qui unis dans la F.A., mais discutant en son sein avec une totale liberté, mènent un combat tel que l'anarchisme retrouve le chemin des masses populaires.
Non pas dans le futile espoir et le but funeste de voir la F.A. devenir un mouvement de masse, mais parce que l'existence de la F.A. se justifie non seulement par la nécessité de lier les militants qui se battent partout, mais aussi parce que son rôle est de recréer une conscience révolutionnaire et libertaire, parce qu'elle doit être l'avant-garde.
Le travail sera long et difficile. Non seulement nous n'avancerons pas toujours, mais il pourra nous arriver au hasard des batailles, de perdre du terrain.
Cela neut peut nous décourager : l'anarchisme vaincra.

Le Lib'
vroum
 

Re: Histoire de la Fédération anarchiste 1945-1953

Messagede vroum » 26 Fév 2009, 23:11

Notre 7ième congrès
Résolution sur l'orientation et la tactique de la Fédération anarchiste


in Le Libertaire # 318 du 5 juin 1952

Le 7ième congrès de la Fédération anarchiste vient de se tenir à Bordeaux les 31 mai, 1er et 2 juin. Nos lecteurs liront ci-dessous le texte de la partie générale de la résolution sur l'orientation et les tactiques qui a fait l'objet de la plus grande partie des débats. Cette résolution consacre le caractère réaliste que revêtent de plus en plus les positions et la propagande de la F.A.

Au sein de la société présente, nous assistons au développement de nouvelles formes d'exploitation et de domination, instituant, à côté des survivances du capitalisme proprement dit, le pouvoir de bureaucraties, partis, castes, pouvoir se manifestant sur le plan idéologique par des dogmes divers (la race, la nation, une révélation religieuse, un degré philosophique), sur le plan économique par des formes nouvelles de propriété (propriété dite d'État) ou d'organisation (allure technocratique, importance des bureaux de plan d'État), sur le plan social par une substitution, au salariat proprement dit (qu'a connu l'ère du capitalisme classique) d'une forme moderne de servage hiérarchisé avec, pour l'exploité, une soumission de plus en plus complète au pouvoir d'État et quelques garanties (Sécurité sociale, Statuts, retraites, secours de chômage, etc.), caricatures du socialisme ; forme moderne de servage s'accompagnant de l'étatisation des organismes syndicaux.
Les formes nouvelles d'exploitation et de domination s'observent presque parfaitement en U.R.S.S., mais aussi à côté des survivances capitalistes dans l'Allemagne d'Hitler, l'Argentine de Péron, aux U.S.A., en France, en Grande-Gretagne, Plan Schuman, etc... Les divers fascismes ne sont que des illustrations de ces nouvelles formes d'exploitation avec un vernis socialiste.
Plus clairement que jamais, apparaît la valeur de l'analyse anarchiste donnant toute son importance à l'État (considéré par les marxistes comme instrument pur et simple du capitalisme , sur la base d'une analyse superficielle attachée à certains pays industrialisés à une certaine période : Angleterre du 19ième siècle, par exemple).
Devant la militarisation croissante de l'idéologie, de l'économie, du social, il est plus que jamais nécessaire de proclamer la base même de notre action la formule de Bakounine :
« La liberté sans le socialisme est une duperie, le socialisme sans la liberté, c'est la caserne. »

Dans l'immédiat, et au milieu des querelles entre tous les États, deux grands blocs s'affrontent pour l'hégémonie mondiale : le bloc groupé autour de l'U.R.S.S., le bloc groupé par la force ou l'intérêt des dirigeants autour des U.S.A.
Ces deux blocs impérialistes rechechent des clients, des alliés, des bases militaires, de la main- d'oeuvre à bon marché.
Les peuples paraissent incapables de trouver seuls une voie entre les deux blocs et contre eux, malgré leur profond désir d'éviter la guerre, de même que les classes exploitées restent, au moins en Occident, amorphes devant la montée de la barbarie alors qu'elles désirent profondément le socialisme et la liberté. Elles ont démoralisées par les trahisons et les échecs des partis politiques dits « ouvriers » et par les échecs des grèves partielles, limitées.

1. Le rôle de la Fédération anarchiste
Rassemblant les éléments révolutionnaires conscients de la situation et de l'issue possible, est en fonction des considérations précédentes, tout tracé :
a)Lutter pour une renaissance et un développement de la conscience et de la volonté révolutionnaire des exploités. Lutter donc contre tous les aspects de la domination, de l'exploitation inhérentes aux sociétés de classes et de castes, ces aspects étant particulièrement : étatisme, capitalisme, cléricalisme, militarisme, morales et codes en vigueur.
b)Lutter donc pour obtenir la confiance des masses par notre présence dans leurs luttes quotidiennes revendicatives mais en dénonçant certains aspects illusoires et en faisant comprendre la nécessité d'une transformation radicale par la révolution libertaire, par l'action directe. Lutter vers la généralisation, la simultanéité et l'internationalisation des grèves et de tous les mouvements d'action directe.
Dans la lutte à mener dans les périods non révolutionnaires, il faut ne pas négliger le travail à mener dans les syndicats, pour y démontrer pratiquement la valeur de l'action directe, de l'auto-administration, pour arracher le plus possible de pouvoirs à l'État. Les militants de la F.A. seront présents dans les syndicats à caractère révolutionnaire ou dans tous les syndicats où leur présence permet un regroupement ou une expression révolutionnaire au sein des masses. De même, en ce qui concerne les groupements éducatifs, présence dans les groupements à caractère anti-étatique (instituts pédagogiques, , mouvement indépendant des Auberges de jeunesse, etc.) ou dans les organismes même soumis à un contrôle ou à un budget d'État, s'il est possible de l'intérieur de les arracher à l'empire de l'État ou d'y accomplir une tâche révolutionnaire (école laïque, A.J.) Les coopératives de consommation, groupements d'achats, etc. doivent surtout être utilisés pour y développer notre influence ou permettre notre agitation. Il faut montrer une extrême prudence à l'égard des coopératives de production ou des gestions ouvrières à l'intérieur du système capitaliste. L'action gestionnaire ne peut avoir qu'une valeur d'exemple, d'expérimentation. Il n'ya guère que dans le domaine des organismes culturels que la dégénérescence due à l'entourage du monde capitaliste-étatiste, peut être facilement surmontée parce que, dans ce cas, les conditions économiques jouent mais ne sont pas au fond même du problème.
Sur le plan paysan, en dehors de la défense des intérêts des ouvriers agricoles qui reste au premier plan, défense qui rentre dans le cadre des luttes ouvrières, il ne faut pas négliger la défense contre l'État, les trusts, les industriels de la terre, des exploitants familiaux, petits propriétaires, fermiers, métayers n'exploitant pas de personnel. Il ne faut pas oublier que maintes régions ne connaissent que très peu d'ouvriers agricoles, et que là, la base de la transformation révolutionnaire ne pourra être que l'entente coopérative entre les petits exploitants plus que la collectivisation de grandes entreprises.
c)Il faut aussi, tout en reconnaissant que l'établissement de certaines mesures sociales est un hypocrite hommage aux aspirations révolutionnaires vers le bien-être ou la justice, dénoncer leur caractère étatiste, esclavagiste. C'est donc la forme et non le principe fondamental que la F.A. combat dans la « Sécurité sociale » ou l'aide à la famille, par exemple. Il faut dénoncer catégoriquement les nationalisations.
La F.A. condamne les Comités d'entreprise et l'illusion qui consiste à croire à une possibilité quelconque pour un militant révolutionnaire dans ces organismes de collaboration des salariés et du patronat.
d)Une des tâches de la F.A. est de montrer comment est exploité le sous-prolétariat que constituent les masses des pays coloniaux, et de prendre la défense des peuples coloniaux, défense contre tous les impérialismes, mais orientée vers la réalisation du communisme libertaire.
e)Lutter pour que devienne conscient et efficace le désir profond des grandes masses de sortir de l'emprise des deux blocs. C'est cette lutte « Troisième front », qui doit indiquer ainsi une troisième solution, en dehors de celles proposées par les deux impérialismes.
f)Orienter tout processus social à travers la lutte contre les dominations et privilèges, contre la hiérarchie, pour l'égalité économique, vers la réalisation du fédéralisme communiste libertaire.

2. Pour remplir ce rôle, la Fédération anarchiste doit agir et s'exprimer dans les conditions suivantes :
a)La F.A. doit faire connaître les solutions qu'elle préconise, c'est à dire en définitive, accomplir son rôle de propagande et d'éducation en utilisant les ressources de l'actualité, grâce à une presse et des éditions vivantes, tenant compte des grands besoins, des grandes inquiétudes, grâce surtout à la présence de ses militants, dans toutes les revendications, agitations, grèves, etc., qui permettent de faire connaître nos points de vue et de gagner la confiance des exploités.
b)L'éducation est affaire d'action et de réflexions à propos de l'action, plus que de prêche et de livres, mais la F.A. ne saurait oublier que certains grands problèmes sont traités dans les assemblées, conférences, dans le journal ou les éditions. A ce sujet, elle doit s'efforcer de rééditer les meilleurs ouvrages classiques de l'anarchisme, doit s'efforcer aussi de susciter de nouvelles études et de les publier.
c)Dans tous les domaines : économique, culturel, social, la F.A. doit s'interdire toute attitude stérile de critique systématique sans propositions constructives. Elle doit éviter un anti-stalinisme facile capable de nous couper définitivement des exploités abusés par les partis communistes. On ne combat bien le stalinisme qu'en se montrant plus dévoué que lui à la cause des exploités

3. Les tâches de la Fédération anarchiste sont de deux sortes :
a)Le travail de ses organismes, en tant que tels, s'adressant directement à l'extérieur.
b)Le travail préparé et coordonné en son sein par ses militants et qui doit être accompli dans les organisation de masses : syndicats, associations culturelles, coopératives, etc.
Il ne peut s'agir d'imposer dans ces organisations des directives ou de s'en emparer bureaucratiquement, mais d'y répandre des idées, des exemples et de ne pas se refuser aux responsabilités qui sont normalement proposées aux militants de la F.A.
Ainsi, l'organisation anarchiste révolutionnaire, doit fonctionner, comme émetteur et comme coordinateur.

Fédération anarchiste
vroum
 

Re: Histoire de la Fédération anarchiste 1945-1953

Messagede vroum » 26 Fév 2009, 23:12

Pour une F.A. sérieuse et cohérente

Editorial du Libertaire # 342 du 2 janvier 1953

Vouloir intervenir dans le cours des événements, vouloir se manifester par une propagande sérieuse et cohérente, vouloir être avec la classe ouvrière, tout cela impose à une organisation un certain nombre de nécessités. Il ne s'agit pas de s'en tirer aisément en prétendant à l'organisation ; encore faut-il savoir quelle forme d'organisation choisir.
Si l'organisation, sous prétexte de liberté mal conçue, devait permettre simplement aux militants de se rencontrer, de confronter leurs expériences, puis de travailler chacun à leur compte, selon leurs propres méthodes, ou leurs fantaisies, en défendant des idées et ds programmes divergents, l'organisation ne serait qu'un vain mot. Il est donc nécessaire que l'organisation signifie d'abord une théorie commune, un programme commun, et ensuite une certaine unité tactique, c'est à dire une entente qui n'exclut pas la souplesse mais qui crée un maximum de cohérence.
On a dit et redit – et Malatesta l' a fait si clairement que nous pourrions que le répéter – les méfaits de la désorganisation (entraînant pratiquement la dictature de quelques-uns sur tel ou tel secteur du mouvement, tel ou tel journal, conduisant donc à la féodalisation d'un mouvement) et les avantages de l'organisation. Mais ce qui est presque toujours resté dans l'ombre, c'est la façon dont une organisation réelle et efficace peut exister.
Un ensemble de règles organisatives (Statuts) est sans doute nécessaire mais n'est pas suffisant, car la cohérence et le sérieux ne peuvent sortir du seul jeu des formes organisationnelles – les congrès par exemple – ne peuvent aboutir réellement à des positions sérieuses que si préalablement il y a eu étude, réflexion, discussion.
Nous opposons donc à la semi-organisation ou à l'organisation rigide, mais qui ne fait que répéter des vieilles formules, l'organisation stricte, mais où la pensée est vivante, où l'étude accompagne l'action, à la fois la précédant et en tirant des leçons.
« Stricte », venons-nous de dire. Que peut devenir la liberté là-dedans ? Diront certains plus attachés aux mots qu'aux contenus ? Eh bien, c'est justement dans une organisation qui contrôle ses responsables, où chacun est tenu de remplir les engagements qu'il a pris librement, que tout militant, se détermine librement, participe à la gestion, à la discussion, et peut être assuré de ne pas voir son opinion ou ses actes réduits à néant par le laisser-aller ou le mauvais vouloir d'un autre.
La Fédération anarchiste, en se fixant pour l'année qui s'ouvre cette tâche de vivifier et de renforcer à la fois son organisation, entend donner toute leur importance à deux organisations internes : la Commission d'études et la Commission ouvrière, chargées comme nous l'avons déjà annoncé, de préparer, d'élaborer la première la stratégie, la seconde la tactique du mouvement. C'est sur la base des travaux de ces organismes que peut s'édifier une oeuvre solide et que l'organisation, ses militants, pourront choisir et se déterminer.
On voit par là que la discipline, le sérieux, tels que nous les comprenons – et qui ne sont rien d'autres que le respect des engagements pris et le fait de savoir clairement ce que nous voulons – bien loin de limiter la liberté des militants lui apporte des garanties, des possibilités de jouer sur des problèmes de fond et non sur des apparences.
Finis les vacillations, les contradictions, les incohérences, les fantaisies, les discussions stériles, le goût de l'original ou de l'unique à tout prix, le jeu des chapelles, que l'on as ouvent confondu avec l'exercice de la liberté, et que l'on a eu trop souvent raison de reprocher à la mouvement anarchiste.
La Fédération anarchiste ne rassemble pas – heureusement – tous ceux qui se disent plus ou moins justement anarchistes. Elle est l'organisation de ceux qui, luttent pour le Communisme Libertaire, sont capables de travailler avec sérieux et enthousiasme à une tâche collective.

Le Lib
vroum
 

Re: Biard : Histoire de la F.C.L.

Messagede vroum » 26 Fév 2009, 23:14

Déclaration de principes de la Fédération Communiste Libertaire (F.C.L.)

Lors de ce congrès de la F.A., celle-ci change de nom pour celui de Fédération communiste libertaire et adopte une nouvelle déclaration de principes.

Résolution du congrés de Paris (23-25 mai 1953), publiée dans Le Lien de la F.C.L. n°1, juin 1953

1. Nature de l’organisation

L’organisation spécifique des militants du communisme libertaire se considère l’avant-garde, la minorité consciente et agissante exprimant dans son idéologie et son action les aspirations du prolétariat, c’est-à-dire de la classe exploitée, oppriméee, aliénée, limitée à des tâches d’exécution, écartée de la propriété des moyens de production et de toute fonction de gestion, ne pouvant vendre sa force de travail.
L’organisation spécifique tend à donner au prolétariat et aux masses populaires plus larges comprenant les paysans pauvres, les artisans réduits à la misère, etc..., la pleine conscience de sa situation et de ses aspirations, afin que les masses ralliant la minorité, la révolution soit rendue possible pour édifier la société communiste libertaire.

2. Buts

Le but est le Communime libertaire, dont les caractères essentiels sont :
la liquidation de l’opposition entre les dirigeants et les exécutants, donc de la propriété privée des moyens de production et de répartition et de pouvoir politique d’une minorité ou État, donc réalisation de la société sans classes ;
la gestion de tous les rouages de la société sur tous les plans (économiques, politique) par des organismes de masses fédérés ;
la réalisation de l’égalité économique ou plus exactement de l’équivalence des conditions, vers la réalisation de l’idéal du communisme : « de chacun selon ses moyens, à chacun selons ses besoins » ;
la possibilité d’un développement continu de l’Homme dans une société sans classes en perpétuelle évolution.

3. Moyens

L’organisation spécifique communiste libertaire est attachée aux luttes présentes des masses exploitées et opprimées, mais toujours dans le sens de l’action directe et dans la mesure où ces luttes peuvent être orientées contre le capitalisme et l’État, et contribuer à développer la conscience révolutionnaire des masses.
Mais le passage de la société de classes à la société communiste sans classes ne peut être réalisée que par la Révolution, par l’acte révolutionnaire brisant et liquidant tous les aspects du pouvoir, de plus en plus unifié (pouvoir politique, économique, culturel) de la classe dominante.
La révolution n’est possible que dans certaines conditions objectives (crise finale permanente ; agonie du régime de classes) et lorsque les masses, orientées et rendues de plus en plus conscientes de la nécessité révolutionnaire par l’organisation communiste libertaire, sont devenues capables de réaliser la liquidation de la structure de classes.
L’acte révolutionnaire, par le pouvoir direct des masses, détruit immédiatement les bases de la société de classes :
1) par la collectivisation ou la coopération (selon les possibilités) des moyens de production et de répartition ;
2) par la gestion de l’économique et l’administration du social par les organismes de masses : communes, conseils, syndicats, coopératives, se fédérant, et dont les délégués et comités de coordination, à tous les échelons élus et révocables à tous moment et mandatés pour des tâches précises et limitées, ne disposant pas d’appareil de corecition, remplacent ainsi la bureaucratie de la société de classes, spécialisée, hiérarchisée, privilégiée et disposant de forces coercitives.
3) par le pouvoir du peuple en armes : milices contrôlées par les organismes réguliers de la société, communes, conseils, etc... et remplaçant l’armée et la police séparées du peuple et soumises à l’arbitraire d’un pouvoir d’État ou constituant ce pouvoir.
Les techniciens sur tous les plans (social, économique, militaire) ne disposent d’aucun privilège, d’aucune autorité autre que leur autorité technique.
Les délégués et comités sur tous les plans ne peuvent que mettre en application les décisions et plans établis par les cellules de base et mis au point dans les assemblées et congrès.
La Révolution réalise donc la démocratie et la liberté véritables.
En se libérant, les masses libèrent la société toute entière, réalisant la société dans laquelle l’homme peut se développer indéfiniment.

4. Principes internes

L’organisation spécifique communiste libertaire repose sur les principes internes suivants, dont les Statuts sont l’application pratique :
Unité idéologique sur la base de la présente déclaration de principes.
Unité de programme et unité de tactique définis par les congrès et référenda, la position majoritaire étant l’expression de l’organisation à défaut d’unanimité.
Action collective dans le respect des décisions prises dans les assemblées, congrès et consultations statutaires de l’organisation.
Fédéralisme : c’est-à-dire démocratie directe interne intégrale assurant à tous les militants l’expression au sein de l’organisation sur la base des principes définis ci-dessus.
vroum
 

Origines de la Fédération anarchiste 1944-1945

Messagede vroum » 26 Fév 2009, 23:21

Origines de la Fédération

In Le Lien, Nouvelle série # 1 d'octobre 1944, organe intérieur de la fédération libertaire

Numéro exclusivement réservé à la préparation du congrès de reconstitution du mouvement anarchiste

Dans ses précédents numéros, parus clandestinement, « Le Lien » a relaté les circonstances dans lesquelles le mouvement anarchiste se reforma malgré les dangers d'une répression féroce.
Pour informer ceux des nôtres qu'il ne nous a pas été possible de toucher plus tôt, il est utile de résumer ce qui a été fait, et dans quelles conditions.

Après les évènements de juin 1940 et bien qu'organiquement le mouvement n'existât plus depuis 1939, de nombreux camarades tant du côté de l'Union anarchiste (U.A.) que de la Fédération anarchiste française (F.A.F.) ne cessèrent de se rencontrer.
Les uns et les autres n'entretenaient que des relations personnelles et amicales, lesquelles sur le plan parisien, s'étendaient sensiblement dès 1941. au cours de l'été de la même année, des ballades chamêtres furent organisées où il fut aisé de constater que les anarchistes demeuraient attachés à leur idéal.
Aucune discussion vraiment organique n'y était soulevée. Par contre, la solidarité y était à l'ordre du jour ainsi que les moyens d'éviter ou de limiter la répression qui pouvait s'abattre sur nous.
Au cours de l'année 1942, même situation, si ce n'est que la dictature nazie et vichyssoise faisait des ravages parmi les nôtres, surtout en province.
C'est en 1943 que les noyaux reconstitués, sentant la nécessité pour le mouvement de préparer, en cercle fermé, le travail de propagande qu'il devrait faire après la guerre, se mirent à l'oeuvre pour la réorganisation.
Au moment même où ceux de la région parisienne faisaient leurs premières réunions en vue d'organiser le regroupement qu'ils jugeaient possible et nécessaire, des camarades de province (de Lille, Marseille, Villeneuve-sur-Lot) vinrent à paris exprimer les mêmes désirs.
C'est alors que les groupes parisiens s'étant reformés, les réunions clandstines se multiplièrent. Un des buts poursuivis par tous était de faire disparaître le dualisme U.A./F.A.F. et de donner le jour à une Fédération anarchiste qui groupe tous les militants quelle que soit leur ancienne appartenance, leur but essentiel coïncidant. Les discussions qui ont précédé et réalisé l'unité organique d'aujourd'hui réunissaient des éléments ayant appartenu à l'U.A., à la F.A.F., à la C.G.T.-S.R. où à la C.G.T.
À l'issue de ces discussions, une rencontre entre délégués de province et de Paris eut lieu à Toulouse le 19 juillet 1943, date anniversaire de la Révolution espagnole de 1936.
Néanmoins, ce n'est qu'au début de 1944 que l'unité se réalisa pleinement et que l'organisation prit vraiment corps – bien que Le Lien commença à paraître en décembre 1943.
À la suite de cet heureux événement, dès mars 1944, des délégués furent envoyés dans les provinces où il était possible de renouer clandestinement. L'accueil qu'ils reçurent partout où ils se présentèrent fut des plus réconfortants pour nous. Des groupes provinciaux se reformèrent et des liaisons furent rétablies qui ne furent interrompues que par la suppression du trafic postal (Parmi les liaisons ainsi rétablies, citons notamment : Bordeaux, Agen, Narbonne, Marseille, Nîmes, Béziers, Toulon, Lyon, Thiers, Lille).

Aujourd'hui qu'une liberté relative nous permet de nous manifester publiquement, nous ne devons pas rester inactifs. C'est pourquoi dès le 26 août 1944, alors que Paris était à peine libéré des nazis et que les journaux d'opinion sortaient le premier numéro, nous avons assayé de sortir le « Libertaire ». Des difficultés d'ordre administratif émanant des pouvoirs publics s'y opposèrent.
Malgré cela, nous nous mîmes tout de suite à l'ouvrage en organisant le lancement du mouvement au grand jour.
En fin août, début de septembre, il fut procédé au collage des affiches relatives à la liberté que nous avions fait imprimé en juin. Des tracts furent distribués.
Un local fut installé en plein centre de Paris. Il est le siège de la Fédération.
Une librairie est en voie d'organisation.
Nous avons déjà la viste de nombreux militants qui avaient été perdus de vue et sont heureux de constater le travail quia été fait tant avant que depuis les évènements du mois d'août 1944.
La sortie que nous espérons très prochaine du « Libertaire » et la reprise du trafic postal et ferroviaire permettront, croyons-nous une rapide extension de la nouvelle Fédération ; laquelle est ouverte à tous ceux qui, quelle que soit leur formation, sont avant tout anarchistes et veulent contribuer efficacement à la divulgation de nos principes.
vroum
 

Re: Origines de la Fédération anarchiste 1944-1945

Messagede vroum » 26 Fév 2009, 23:22

La réunion d'Agen des 29 et 30 octobre 1944

in Le Lien Nouvelle série # 2 de novembre-décembre 1944, bulletin intérieur du Mouvement libertaire (Fédération nationale)

La Fédération recevait le 22 octobre, une invitation à prendre part aux travaux d'un « congrès », réunissant un certain nombre de groupes anarchistes du Sud-Ouest, les 29-30 octobre, à Agen. Après un rapide échange de lettre, dans lesquelles les conditions de tenue de ce « congrès » furent précisées par rapport à la fédération libertaire, celle-ci décidait de mandater à Agen un camarade. Ce camarade était chargé de présenter la motion préjudicielle suivante :
« Les militants anarchistes réunis à Agen les 29 et 30 octobre déclarent que elur assemblée n'est pas un congrès, mais une prise de contact entre militants de localités et régions diverses.
Les discussions qui s'y dérouleront auront pour objet de permettre aux uns et aux autres, grâce à de vastes échanges de vues, d'examiner l'état actuel du mouvement libertaire et d'envisager par quels moyens celui-ci pourra se réorganiser rapidement et connaître un plus grand essor que par le passé.
Les interventions ne devront porter que sur des problèmes intéressant directement cette réorganisation ou ayant trait au principe de l'anarchie et l'action anarchiste.
Ils décident de consacrer les journées des 29 et 30 octobre à la préparation d'un congrès national qui se tiendra dans les premiers mois de 1945 lorsque les groupes reformés auront eu la possibilité d'en discuter l'ordre du jour. »

L'assemblée composée de représentants de groupes et d'individualités dont voici la liste :
Bordeaux (3 groupes représentés par Lapeyre) ;
Laugon (individualité) ;
Agen (1 groupe représenté par Pierre Besnard) ;
Toulouse (1 groupe représenté par Julia) ;
Tarbes (individualité) ;
Limoges (individualité) ;
Paris et région parisienne (4 groupes au moins représentés par Henri Bouyé) ;
Villeneuve-sur-Lot (1 groupe) ;
Sainte-Librade (individualité) ;
Clairac (individualité) ;
Mauze (individualité) ;
Marseille (1 groupe représenté par Voline).
Narbonne, Nérac, Clermond-Ferrand et Thiers s'étaient excusés, après avoir adopté la motion ci-dessus, l'assemblée passa à la discussion de l'ordre du jour ainsi composé :

1)Discussion sur la position prise par certains camarades dans les formations collaborationnistes, gaullistes ou autres. Déclaration de Pierre Besnard, ancien secrétaire général de l'A.I.T.
2)Position du mouvement en face des problèmes actuels.
3)Regroupement en vue de la constitution du mouvement libertaire et anarcho-syndicaliste de langue française.
4)Propagande – journal – Bulletin intérieur – Maison d'édition.
5)Questions diverses.


1) Après l'audition des rapports des groupes, Pierre Besnard explique que c'est mandaté par une organisation syndicale qu'il est entré dans la Légion des combattants pour y remplir une tâche déterminée. Il déclara avoir la possibilité de se justifier par des documents qu'il soumettra dès que possible. L'assemblée accepte la motion suivante :
« Ayant entendu les explications détaillées et précises de Pierre Besnard sur son cas particulier, les camarades réunis les 29 et 30 octobre déclarent que personnellement, ils lui gardent leur confiance intime. Quant à la position du mouvement à son sujet, l'organisation libertaire statuera après examen de la documentation qui lui sera soumise ».
Puis la discussion sur le premier point continue par la position du mouvement à l'égard des camarades ayant « collaboré » ou ayant participé aux luttes de ces quatres dernières années.
La motion suivante est adoptée :
a)« Les camarades ayant participé au mouvement « collaborationniste » se sont mis par cela en marge de nos organisations. Les cas particuliers seront soumis à l'appréciation des organisations régionales.
b)Un camarade ayant participé à la lutte « antifasciste » ne saurait y être assimilé aux susdits. Les cas particuliers seront soumis à l'appréciation des organisations régionales. »

2) Après discussion et diverses interventions, il ressort que les camarades présents sont tous d'accord sur la signification à donner aux évènements actuels et sur la position de la Fédération en face de ces évènements.
Et la discussion sur le second point se clôt par un compte-rendu du travail effectué par nos camarades libertaires espagnoles résidant en France.

3) La discussion s'engage sur l'organisation du Mouvement. À l'unanimité, l'assemblée se met d'accord sur la forme de structure suivante :
a)Groupement de base : groupe d'affinité dont les membres sont parrainés.
b)Inter-groupes : Fédérations locales, sur le plan local.
c)Sur le plan régional : Fédérations régionales.
d)Sur le plan national : Fédération nationale.
L'ensemble constitue le mouvement libertaire dont l'organe de coordination à l'échelon nationale est : la Fédération libertaire.
Cette forme de structure présente un caractère particulièrement important pour la vie et l'unité du Mouvement libertaire : elle permet, en effet, à toutes les tendances d'oeuvrer vers le but commun, tout en conservant leurs caractères affinitaires et le maximum possible de liberté sans que l'unité du mouvement puisse en être affecté.
Le projet de structure présenté par Paris est adopté avec quelques modifications demandées par Bordeaux et portant sur :
Commission de propagande : comprendre autant de membres qu'il sera nécessaire, mais aussi au moins un de chaque tendance.
Organisation des jeunes : les groupes de jeunes pourront se fédérer dans l'esprit du projet présenté par Paris. Leur Comité national comprendra, en outre, deux membres adultes qui auront voix délibérative. (Toulouse)
Financement de l'organisation : l'entraide ayant de subsides par ailleurs, les cotisations seront réparties entre les seuls organismes suivants : groupe, fédération régionale, fédération nationale.
Suivant les lieux et possibilités, les groupes auront la facilité d'augmenter la cotisation sans que les ristournes aux fédérations nationales et régionales puissent être augmentées.

4) Propagande
Relations internationales : création immédiate d'un embryon international qui pourra commencer avec le mouvement espagnol et le mouvement italien.
Mouvement syndical : la fraction anarcho-syndicaliste du Mouvement peut entreprendre des relations suivies et mener une action commune avec les organisations anarcho-syndicalistes étrangères.
L'assemblée est unanime pour que les militants libertaires oeuvrent syndicalement dans la C.G.T.
Enfin, l'ensemble du texte de Paris sur la position du Mouvement à l'égard des organisations politiques ou de propagande spécifique, du syndicalisme et des organismes d'État est adopté par l'assemblée.
Le Lien : ce bulletin, strictement réservé aux militants sera publié dans les conditions définies par le projet de Paris.
Réserve personnelle du délégué de Marseille : désirerait publiques nos controverses doctrinales et autres.
Centre de formation sociale : accord de l'assemblée sur l'organisation de ces centres telle que l'a proposé le Lien du mois d'octobre.
Le journal : l'assemblée consciente des difficultés que la région parisienne rencontre, insiste auprès d'elle pourr en hâter cependant la publication. Les règles générales de financement, de tirage, de prix suivantes sont adoptées :
a)Le règlement des journaux adressés à chaque groupe devra être effectué par ce groupe par retour du courrier. L'envoi sera suspendu à tout groupe ou dépositaire qui n'aura pas effectué le règlement précédent dans les dix jours.
b)Tant que le besoin ne s'en fera pas impérieusement sentir, le journal ne publiera pas de liste de souscription.
c)Tirage quinze à vingt mille. Dans ce cas, le prix du numéro est fixé à deux francs sans ristourne (ces prix sont sujets aux variations économiques).
d)Dans les huit jours, les groupes et individualités présents à Agen s'engagent à envoyer un versement destiné au lancement du journal.
e)Le journal informera dans chacun de ses numéros les sympathisants qui voudraient adhérer de s'adresser au Siège du Mouvement, qui adressera les adhérents aux groupes intéressés. Le Libertaire étant l'organe de la Fédération et du Mouvement libertaire, les groupes doivent faire l'effort maximum pour le soutenir. Les journaux publiés par les groupes paraîtront sous leur responsabilité morale et matérielle.

Maison d'édition : l'assemblée décide, sans plus attendre, la création d'une maison d'édition. Les régions, par l'intermédiaire de la Fédération, seront en rapports constants pour étudier les meilleures conditions d'édition de tracts, de brochures, etc...
Le contrôle de ces éditions sera effectué par la Commission de propagande. Toute édition de propagande en dehors du cadre de la Fédération sera à la charge du groupe qui l'assumera et sous son entière responsabilité.
Le tirage de la brochure dont fait mention le Lien d'octobre (« Les libertaires et la question sociale ») pourra atteindre 15 000 exemplaires. Le prix pourrait aussi être ramené à 6 francs (prix de cession aux groupes : 4 francs). Les groupes sont invités à fixer au plus tôt la Fédération sur le nombre de brochures qu'ils prendraient. La parution doit être accélérée.

Enfin l'ensemble des camarades est d'accord pour estimer que la propagande soit plus que jamais apolitique et anti-étatiste, mais doit éviter de diriger ses attaques plus spécialement sur telle ou telle formation politique. Elle doit être fédéraliste, s'attacher à la construction sociale et tendre à attirer l'attention des masses en leur prouvant que nous nous attachons à solutionner les problèmes qui les préoccupent.

5) Questions diverses : après un voeu pour l'organisation rapide dans chaque région d'un groupe de jeunes et le vote d'une motion saluant le courage de nos camarades espagnoles depuis leur arrivée en France, l'assemblée se sépare après l'adoption de la résolution suivante :
« Les militants libertaires réunis à Agen les 29 et 30 octobre 1944, après deux jours de discussions fraternelles sur les possibilités de réorganisation du Mouvement déclarent :
Qu'ils constatent avec joie leur unité de vue tant sur les principes fondamentaux de l'anarchisme, que sur la façon de reconstituer le mouvement en une seule et vaste organisation.
Émettent le voeu que le prochain congrès (congrès constitutif) se tiendra le plus rapidement possible et consacre les travaux amorçés au cours de ces deux journées.
Ils considèrent que le Mouvement libertaire, grâce à la souplesse de sa nouvelle organisation est ouvert à toutes les tendances de l'anarchisme.
Ils demeureront convaincus de la beauté de leur idéal et des possibilitéss de le voir triompher. »

Après la levée de la séance, le délégué de Toulouse demande à tous les camarades présents que les groupes préparent un Manifeste pour le diffuser dans le public.

Au sujet de la motion concernant ceux qui ont participé aux mouvements « collaborationnistes » et ceux qui ont pris part aux luttes de ces quatre dernières années, la région parisienne tient à faire observer qu'elle n' ajamais pensé que l'on pouvait assimiler les derniers aux premiers.
Mais néanmoins, elle ne perd pas de vue que l'antifascisme quel que soit l'intérêt qu'il présente pour nous, est le moyen par lequel le capitalisme a pu réaliser autour de lui la cristallisation de toutes les forces actuelles amies du progrès en leur faisant perdre de vue leur objectif principal : la Révolution.
vroum
 

Re: Origines de la Fédération anarchiste 1944-1945

Messagede vroum » 26 Fév 2009, 23:25

Déclaration de principes du Mouvement libertaire

Mise au point le 15 janvier 1944 et approuvée à la réunion d'Agen des 29 et 30 octobre 1944


In le Lien # 4 nouvelle série d'avril à juillet 1945, Bulletin intérieur du Mouvement libertaire (Fédération nationale)

Affirmation de la nécessité de la liberté individuelle, celle-ci étant la condition essentielle de l'épanouissement de la personnalité.
Étant donné que l'individu est le point de départ de tout ce qui peut être envisagé dans le domaine collectif, il est nécessaire que celui-ci jouisse de la plus grande liberté pour atteindre au développement individuel désirable.

La solidarité est également une nécessité vitale pour chaque individu. Dans une société moderne, aussi réduite soit-elle, nul n'échappe à la nécessité de recueillir, pour sa propre conservation, les fruits du travail d'autrui – et réciproquement, tant dans le domaine moral que matériel. Il en résulte que les individus sont tous solidaires les uns des autres. De là l'impossibilité d'envisager le bien-être individuel ou collectif sous le seul angle de la liberté individuelle, la liberté d'un seul ayant ses limites naturelles dans le respect de la liberté d'autrui.

Il ne peut donc être question que d'obtenir pour chacun un maximum de liberté en même temps qu'un plus grand bien-être matériel et moral mais non se s'attarder dans l'immédiat, au principe de la liberté individuelle absolue. (Bien que ce principe demeure la finalité de notre idéal).

Pour réaliser le milieu social auquel nous aspirons et qui peut seul permettre le libre développement de la personnalité, il faut envisager la suppression totale de l'État , cet organisme coûteux et paralysant qui, par les rouages d'administrations tyranniques autany qu'inutiles, aboutit à la suppression de la liberté ; soumettant la grande masse du peuple à une infime minorité.

Nous considérons que l'État est le moyen d'expression le plus formidable et le plus brutal dont dispose l'autorité. La magistrature, la police et l'armée sont ses enfants naturels.

Corollairement à l'État , le système du profit (quel qu'en soit la forme) est incompatible avec les principes de liberté et de fraternité. Ce système que l'on nomme capitalisme d'État , capitalisme privé, capitalisme autoritaire ou libéral, avec les inégalités qu'il maintient – et dont il vit, les rivalités qu'il suscite, les ambitions qu'il fait naître, rend impossible une amélioration sensible de l'individu, qu'il fait naître dans une atmosphère de corruption.

L'autorité (État ) est le moyen par lequel le profit se maintient. Il faut donc détruire l'État en même temps que toutes les formes du profit si l'on veut que disparaisse la lutte des classes, née des inégalités sociales.

L'État , même socialiste, avec les administrations qui constitueraient sa structure et le fonctionnarisme qui en découlerait, ne mettrait pas fin à la lutte des classes car il maintiendrait les inégalités sociales en faisant surgir une nouvelle classe privilégiée, celle de ses fonctionnaires.

Avec ce nouvel État , le profit sous une forme rénovée, continuerait à opposer les individus les uns aux autres, car il n'aurait nullement supprimé les contradictions d'intérêts qui engendrent la lutte des classes ; et la minorité privilégiée serait contrainte, pour se maintenir en place, d'attenter à la liberté du plus grand nombre.
C'est donc sans l'État que devra s'organiser la société sans classe de demain.

Pour détruire ces deux institutions (l'État et le profit), qui constituent les fondements du monde actuel, il est urgent de saper également, et dès à présent, celles qui ont pour mission de les maintenir en place, à savoir : le militarisme, la religion, la course à la repopulation ; la morale sexuelle régante ainsi que l'alcoolisme doivent être également du domaine de nos préoccupations immédiates.

Tous les moyens que suppose une action pacifique seront employés pour combattre un mode d'organisation que nous voulons voir disparaître. Toutefois, en aucun cas, ils ne nous feront oublier que notre but demeurant la suppression de tout ce qui constitue le monde capitaliste, étatique et autoritaire, le moyen ultime d'y parvenir demeure la Révolution sociale.

Nous ne faisons pas l'apologie de la violence, mais nous demeurons convaincus qu'à la violence de l'État et du rpofit en général, une seule force peut être opposée : la violence révolutionnaire. Celle-ci sera d'autant plus efficace que le travail de préparation, d'éducation, de culture individuelle qui nous incombe aura été fécond ; l'importance du facteur évolution ne nous échappant point.

Nous ne croyons pas que la question sociale puisse être résolue dans un seul pays à la fois. La révolution n'a de limites que les extrémités du monde civilisé. Lorsqu'elle gronde dans un pays, ses échos doivent retentir au-delà de ses frontières, sinon elle meurt. Aussi sommes-nous foncièrement internationalistes.

Le mode d'organisation de la société que nous entrevoyons aura pour base l'individu, chez lequel la culture intellectuelle, développée au maximum, permettra une plus grande compréhension des chares et concessions qu'impose à chacun la vie en société.

Le système du profit ser remplacé par une organisation méthodique de la production, qui sera elle-même réglée et orientée selon les besoins de la consommation et en fonction des possibilités. Les syndicats entreront alors dans leur véritable fonction : la gestion de l'économie ; alors que les communes auront à charge l'administration des rapports sociaux et de toutes choses n'ayant pas trait à la production.

Les parlements n'auront plus cours dans cette société nouvelle, où les conseils d'ouvriers, de techniciens, d'artistes, etc... à tous les échelons, de même que les communes, seront l'expression certaine et directe des volontés de l'ensemble de la population. Tout un système fédératif rendant l'État inutile remplacera l'organisation actuelle.

Ce fédéralisme aura pour cellule :
sur le plan économique : les organisations professionnelles et les coopératives de consommation (qu'il s'agisse de l'industrie ou de l'agriculture) ;
sur le plan social : la commune;
sur le plan culturel : les groupements intéressés à tout ce qui a trait à l'enseignement.
L'art ne sera pas plus négligé que la science, et en même temps que l'éducation permettra à un plus grand nombre d'en gouter les bienfaits, l'organisation rendra la jouissance accessible à tous.

La suppression du patronat et du salariat doit s'accompagner de la disparition de l'argent comme moyen de thésaurisation, de capitalisation, si l'on veut que l'esprit de profit et de mercantilisme disparaisse. Avec la suppression de l'argent corrupteur, le Mouvement libertaire envisage la disparition des inégalités dans la distribution. Le travailleur manuel a le même droit au banquet de la vie que le technicien, l'infirmier le même droit que le médecin,, le travailleur non qualifié le même droit que l'intellectuel.

La structure de la société nouvelle ne permettra pas à un individu d'acquérir un pouvoir personnel sur ses semblables.

C'est de la perfection de l'organisation que nous attendons la disparition de l'expolotation de l'homme par l'homme, du pouvoir de l'homme sur l'homme.

N'oubliant pas que la fonction crée l'organe, que l'hommes t facilement dominé par la fonction, c'est à celle-ci que nous devons nous en prendre et envisager la disparition pure et simple de toutes les institutions créées par les différents régimes d'autorité et d'exploitation, quelle que soit leur forme ou leur nom.

P.S. Le manque de place nous oblige à supprimer quelques paragraphes, mais l'essentiel de la déclaration est, magré tout, reproduit ci-dessus.

Position du Mouvement à l'égard des organisations politiques ou de propagande spécifique

Étant donné le but poursuivi par le Mouvement, but entièrement différent de celui des partis politiques les plus avancés (aussi révolutionnaires puissent-ils se dire), il ne saurait en aucun cas associer son action à celle d'une fraction politique quelqu'elle soit, ni adhérer à un rassemblement populaire groupant des partis politiques ou des sectes religieuses. Ce qui ne veut point dire que notre action, en certains cas, ne puisse jamais se dérouler parallèlement à celle des dits partis ou groupements bien qu'en dehors d'eux.

Individuellement et dans des circonstances données, les membres du Mouvement peuvent adhérer à des groupements philosophiques lorsque la propagande diffusée par ceux-ci se limite à des idées que nous propageons et ne concurrence pas nos organisations.

Pour que le Mouvement se renforce et demeure lui-même, il se doit de conserver les particularités qui sont et doivent demeurer sa raison d'être. Les principes qui l'animent sont suffisament forts pour qu'il ait ses propres méthodes d'action.

S'il devait s'infiltrer dans des organisations politiques ou similaires pour se faire entendre, ce serait de sa part avouer son incapacité, son inutilité, et il perdrait ainsi toute raison d'exister.

Position du Mouvement à l'égard du syndicalisme

Selon nous, le syndicalisme ouvrier, pour remplir efficacement sa mission d'émancipation, de transformation sociale, doit être révolutionnaire, anti-étatique et fédéraliste. Sa forme organique doit être, même en période dite de paix sociale ou pré-révolutionnaire, celle qui se prêtera le mieux à une éventuelle prise en gestion de la production par le prolétariat. Ceux de nos militants qui déployent une activité au sein du mouvement syndical s'inspireront de cette affirmation etr la feront valoir chaque fois que la possibilité leur en sera donnée.

Le syndicat ouvrier, groupement de salariés, d'exploités, constitue par excellence un milieu fertile pour la diffusion de nos principes. Le militant de notre mouvement peut y faire un sérieux travail d'éducation même s'il n'y occupe pas des fonctions de responsable.

C'est dans le syndicat, qui ne groupe que des exploités, qu'on se trouve le plus certainement en présence des premières victimes de l'organisation sociale actuelle et conséquemment des éléments auxquels notre propagande est tout particulièrement destinée.

Dans le cadre de nos principes, le syndicalisme n'est pas un tout, mais il constitue un élément important. En période calme, il représente un terrain fertile, un facteur d'éducation, d'évolution. En période révolutionnaire, il devient un des principaux leviers de la Révolution, un instrument de la transformation économique avec lequel il faut compter.

Dans la mesure où le syndicat n'est pas sous l'entière dépendance de l'État et demeure maître de ses décisions, le militant de nbotre mouvement y a sa place.
Son attitude dans ce domaine n'engage que sa personne, et il sera désavoué par le mouvement et considéré comme non-membre de celui-ci si ses agissements ou ses déclarations dans les milieux syndicaux s'éloignent de nos principes et de la position prise par l'organisation.

Position du Mouvement concernant les organismes d'État

Officiellement, le Mouvement ne sera dans aucun cas représenté dans les organismes d'État .

Néanmoins, dans des organismes culturels ou économiques et dans des circonstances données, ses membres pourront, si l'organisation est d'accord, assumer certaines fonctions. Ils devront donc, avant de s'engager dans cette voie, en référer à la Fédération.

P.S. C'est la tactique ci-dessus qui a été approuvée à la réunion d'Agen d'octobre 1944
vroum
 

Re: Origines de la Fédération anarchiste 1944-1945

Messagede vroum » 26 Fév 2009, 23:26

Le Libertaire reparaît

In Le Libertaire n°1 (21 décembre 1944)

Après un silence qui lui fut imposé par les circonstances depuis Août 1939, Le Libertaire reparaît enfin !
Il n’a pu le faire plus tôt, pour des raisons à la fois simples et flatteuses pour le mouvement dont il est le moyen d’expression. En effet, en septembre 1939, alors que la mobilisation générale dispersait les militant, la réaction du gouvernement Daladier s’abattait sur notre mouvement ; et pourtant, nous, nous ne pactisions en aucune façon avec l’hitlérisme.
Durant l’occupation allemande, la répression s’étant aggravée et les arrestations multipliées, la voix de la Raison ne pouvait se faire entendre publiquement.
C’est alors que nous fîmes paraître clandestinement un bulletin intérieur (Le Lien) qui aida à notre regroupement.
Dans les colonnes de ce bulletin, des questions doctrinales et tactiques furent débattues. La lutte antifasciste y trouvait la large place qui lui revenait logiquement, mais elle y était néanmoins appréciée à sa juste valeur car, jamais, elle ne nous apparût comme une fin en soi.
En effet, nous ne confondons pas les moyens et les agissements circonstanciels qui en découlent, avec les buts que nous poursuivons.
Libertaires nous fûmes, libertaires nous demeurons, libertaires nous entendons demeurer quoi qu’il advienne.
Que les ennemis de la liberté, les oppresseurs du peuple se succèdent, notre position doctrinale, elle, demeure inchangeable. Si notre activité peut varier dans ses formes, nos principes fondamentaux ― n’en déplaise à certains doctrinaires trop pressés ― sont immuables et ne sont pas à « réviser ».
En raison même de cette ferme détermination d’ordre idéologique, malgré la part active que nous avons prise à la lutte contre l’hitlérisme… ― forme exaspérée du militarisme, du nationalisme, et protagoniste du racisme ― nous n’avons pas cessé de dire, en toutes occasions, ce que nous pensions du capitalisme et de tous les gouvernements. Ainsi, nous ne nous sommes jamais départis d’une position révolutionnaire qui est notre raison d’être.
Notre action « résistante » ne pouvait donc se borner à combattre effectivement la seule oppression hitlérienne, car elle dépassait, dans ses buts, les objectifs de tous les secteurs de la « résistance officielle ».
Et donc, si individuellement ― notre haine pour l’oppresseur nous y poussant ― nous étions au premier rang, et si bien des nôtres sont tombés dans cette lutte contre le nazisme, nous ne pouvons, en tant que mouvement, pactiser avec la résistance dite « officielle ».
C’est en raison de cette attitude conséquente et parfaitement logique que Le Libertaire n’a pu reparaître plus tôt. Nous ne songeons d’ailleurs pas à nous en plaindre auprès des représentants du Pouvoir, car de tels obstacles nous font honneur.

Quels que soient nôtre dégoût et nôtre amertume en y songeant, nous n’oublions pas que la guerre continue.
La lutte contre l’hitlérisme n’est pas terminée et doit être menée à bonne fin.
Nous pensons seulement, avec tristesse, que pas plus qu’un tremblement de terre ou une éruption volcanique, cette forme de guerre ne peut apporter une solution définitive au grand problème social et humain.
Et donc, quand nous disons que la lutte contre l’hitlérisme doit être menée à bonne fin, nous n’entendons pas, par là, apporter une adhésion complète à toutes les formes que peut revêtir cette lutte.
Qu’il nous suffise de préciser qu’à chaque fois qu’elle se présentera sous des formes garantissant le caractère émancipateur que nous voulons lui connaître, nous lui consacrerons toutes nos forces. Mais nous ne devons pas oublier que, pour être efficace, la lutte contre le fascisme doit se faire sans le recours aux méthodes fascistes. Celles-ci, d’où qu’elles viennent, nous les condamnons par avance et nous ne saurions leur donner notre appui.

Et que signifie la résurrection du Libertaire ?
Qu’il existe encore des esprits libres, qui ont su échapper à l’emprise de tout ce qui se dégrade.
Que les grands principes de liberté ont encore des défenseurs désintéressés.
Que la politique, qui salit tout ce qu’elle touche, n’a pu atteindre tous les milieux.
Et c’est avec orgueil, qu’en ce jour de reparution, nous nous réclamons d’un anarchisme qui n’a rien perdu de son éclat car il n’a pas été souillé.

De la tourmente qui paraît vouloir s’achever bientôt, nôtre mouvement renaîtra, vivifié, et prêt à une action plus vaste et plus féconde que dans le passé.
Les temps ont changé. Les vieilles routines devront disparaître. Et il nous appartiendra désormais de savoir allier aux principes qui nous sont chers une méthode de propagande qui leur permettra de se répandre.
La voie de ce journal ne sera puissante qu’autant que le mouvement dont il est l’expression sera lui-même puissant et cohérent. A époque nouvelle, méthode nouvelle. Nous saurons donner à cette formule sa pleine signification.
Pour que se réalise le fédéralisme libertaire, qui sera la transposition des idées dans les faits, il importe avant tout, que ces idées soient divulguées. Tout sera mis en oeuvre pour cela !
A l’heure où tous les systèmes sans exception, accusent une faillite retentissante ; alors que les personnalités les plus éminentes de la politique et de l’économie contemporaines s’évertuent à chercher des remèdes inexistants pour guérir les États défaillants, le mouvement libertaire saura mettre à profit le terrain fertile qui se présent à lui.
Pour cela, il se montrera capable d’aborder tous les grands problèmes avec une parfaite lucidité.
La probité, constituant une des grandes qualités essentielles su libertaire, l’organisation veillera plus qu’elle ne le fit jamais à la moralité de ses membres.
Des idées aussi élevées que celles qui motivent notre activité ne peuvent décemment être propagées que par des individus dont le comportement est conforme à l’idéal dont ils se réclament.
Aussi, à l’avenir, nos milieux n’étant plus ouverts à tout venant, nous saurons être plus sérieux qu’autrefois dans le chois des concours dont nous devrons nous entourer.
Pour nous acheminer plus vite vers la grande famille humaine qui ne reconnaîtra plus ni la contrainte ni l’hypocrisie ; le mouvement libertaire saura préalablement réaliser dans son sein la vraie famille anarchiste.
Dans une ambiance fraternelle, grâce à la droiture et au dévouement de chacun, ous travaillerons tous, pour une même cause.
La plus belle et la plus juste qui soit.
En reprenant contact avec nos lecteurs, c’est là le fier espoir que nous sommes heureux de pouvoir formuler.
Le Mouvement Libertaire

Qu’est-ce que le Mouvement Libertaire ?
In Le Libertaire n°1 (21 décembre 1944)

Le « Mouvement libertaire » est l’émanation de deux courants libertaires qui existaient avant l’autre guerre l’Union Anarchiste (U.A.) et la Fédération Anarchiste de langue Française (F.A.F.)
C’est sous l’occupation hitlérienne, dans la clandestinité, que s’est constituée la nouvelle organisation.
Nous sommes heureux de pouvoir affirmer aujourd’hui que cette Unité organique tant souhaitée, au sein de laquelle toutes les tendances de l’anarchie ont leur place, et pleinement réalisée.
Il en résultera une unité de vue et un ensemble dans l’action, qui faciliteront beaucoup la tâche de tous.
Nous attendons beaucoup de la création du « Mouvement libertaire ». et le lecteur en récoltera, lui aussi, tout les bienfaits.
A ceux qui veulent se joindre à nous.
Que ceux des nôtres qu’il ne nous a pas été possible de toucher et qui le seraient par ce journal nous écrivent.
Que ceux qui, bien que n’ayant encore jamais milité dans nos rangs, voudraient se joindre à nous nous écrivent également.
S’ils ne connaissent aucun groupe dans leur localité ou région, nous les mettrons en rapport avec ceux dont ils sont géographiquement le plus rapprochés.
C’est par le canal de ces groupes qu’ils recevront les renseignements nécessaires.
Pour toute adhésion ou demande de précision, écrire :

Mouvement libertaire, 10 rue de Lancry, Paris (Xe) ; C.C.P. Laurant 589-76 Paris.
vroum
 

Re: Origines de la Fédération anarchiste 1944-1945

Messagede vroum » 26 Fév 2009, 23:27

Préparation du congrès national constitutif

In le Lien # 4 nouvelle série d'avril à juillet 1945, Bulletin intérieur du Mouvement libertaire (Fédération nationale)

Depuis octobre 1944, époque où les relations entre les libertaires ont pris un caractère organique à l'échelle nationale, il a été beaucoup parlé, dans ce bulletin, du congrès national constitutif.
Or, nous sommes à quelques semaines de sa tenue (6 et 7 octobre). S'il a fait l'objet, de notre part, de tant de sollicitude, c'est que pour l'avenir du Mouvement et le rayonnement de la pensée libertaire en France, il revêt une importance exceptionnelle.
Il s'agit, aujourd'hui, de doter notre mouvement d'une charte (n'ayons pas peur des mots), d'une structure grâce à laquelle tous les éléments libertaires actifs puissent se regrouper. Il s'agit de réunir, en une seule organisation tous les militants (à quelque tendance qu'ils appartiennent) décidés à en finir avec des parlottes stériles et épuisantes et de renoncer une fois pour toutes, à une dialectique impuissante et facile dont nous ne connaissons que trop les tristes méfaits pour notre cause.
Il s'agit d'en finir avec un singularisme, un personnalisme plus propre à satisfaire l'orgueil d'individus avides de publicité qu'à permettre à nos idéaux de pénétrer dans le public, dans les masses.
Il s'agit, enfin, d'éviter à l'avenir, un éparpillement de nos forces qui fut un obstacle à la vulgarisation de nos principes et qui, auprès des non-initiés, nous fit toujours passer pour des gens peu sérieux.
Il ne sera demandé à aucun militant s'il est : individualiste, syndicaliste ou communiste-libertaire. De telles nuances ne sont nullement des raisons de milier séparément. La preuve en est faite par l'expérience que nous vivons depuis 1943 au sein de notre mouvement où les différentes affinités travaillent de concert dans l'esprit le plus fraternel sans cependant renoncer à elle-mêmes.
La condition essentielle de la cohésion de tous nos éléments, c'est qu'ils soient animés d'une commune volonté d'agir. Devant les nécessités de l'action militante les subtilités de langage s'effacent et les discussions stériles doivent faire place aux réalisations. Quand on agit effectivement, on a peu de temps à perdre en de vaines dissertations.
Il est une qualité dont tout militant libertaire n'a pas le droit de se départir : c'est la tolérance. Et ce n'est que par la tolérance et la modestie de chacun de nous que se réalisera une solide cohésion dans nos rangs, cela sans que la personnalité ne cesse de pouvoir librement s'affirmer.

Dans ce bulletin, diverses motions ou propositions sont publiées, notamment deux projets d'organisation : l'un émanant du groupe de Toulouse, l'autre présenté par la Fédération parisienne a été approuvé en partie à la rencontre d'Agen d'octobre 1944. D'autres nous seront peut-être présentés d'ici le congrès (6-7 octobre 1945).
A la Commission administrative provisoire, bien qu'ayant notre opinion sur la question, nous n'entendons pas, dès aujourd'hui, prendre position en faveur de tel ou tel mode d'organisation.
Nous avons, jusqu'ici, procédé de la façon qui nous a paru la plus adéquate, la plus conforme aux nécessités de l'heure. C'est maintenant aux militants au congrès qu'il appartient d'en décider.
Le travail que nous avons fourni, nous nous y sommes livrés parce qu'il fallait bien que quelqu'un s'y attelle, parce qu'il fallait bien qu'il soit fait, parce qu'il fallait bien, enfin, faire démarrer le « Mouvement libertaire ». Nous avons eu conscience d'avoir fait de notre mieux, sans souci d'intérêt ni d'orgueil.
Et, comme nous l'avons déjà dit, nous ne nous considérons que comme des agents de liaison, des militants, rien de plus.

La Commission administrative provisoire.


Mode de délégation au congrès

Pour que le congrès ait lieu dans les conditions nécessaires au sérieux de la discussion et pour que soit évitée toute confusion, le système suivant sera employé pour l'admission des militants dans les débats.
Des mandats de délégués sont établis par les soins de la Fédération nationale du Mouvement. Ils sont envoyés en double exemplaire à tous les groupes. Ces deux exemplaires sont remplis par le secrétaire de chaque groupe qui en envoie un à la Fédération nationale du Mouvement libertaire 145, Quai de Valmy – Paris 10ième. Le second exemplaire est pour le camarade désigné pour représenter le groupe au congrès.
Pour que les mandats de délégués accordent à ces derniers une valeur représentative réelle, ils devront exprimer la volonté de cinq membres au moins. Lorsqu'un groupe comptera moins de cinq membres, il devra associer sa force numérique à un autre groupe de son choix pour réaliser le minimum indispensable de cinq membres pour un délégué.
Lorsqu'un groupe comptera plus de 15 membres, il aura droit à deux voix jusqu'à concurrence de 40. Passé ce chiffre de 40 membres, le groupe aura droit à autant de voix qu'il aura de fois 50 membres.
Exemple : si un groupe a 90 membres, il aura : 1 mandat pour 15 membres, 1 pour 25, 1 pour 50, ce qui nous fait 3 voix pour 90 membres.

Méthode de vote lorsque celui-ci ne pourra pas être évité

Pour permettre à toutes les tendances de pouvoir s'affirmer et de prendre fermement position sur les points essentiels de la discussion, sans confusion possible, pour que la volonté de chaque membre au sein du groupe ne soit pas dénaturée par le système des mandats, les votes s'effectueront comme suit :
Lorsqu'au sein du groupe, sur un point donné, l'unanimité ne s'est pas réalisée, le délégué doit tenir compte, lors de son vote au congrès des différents avis exprimés par ses mandants et diviser le nombre des voix qu'il représente en autant de points de vue existants, cela en donnant à chaque motion présentée sur une même question le nombre de voix qui lui revient respectivement.
Exemple : sur la question de l'anonymat des articles dans le « Libertaire », le groupe qui comprend 15 membres, n'ayant pas réalisé l'unanimité, voit les avis de ses membres partagés dans les proportions suivantes : 8 sont contre l'anoymat, 4 pour l'emploi de pseudonyme et 3 pour l'anonymat. Le délégué au lieu de voter en bloc au nom de son groupe, devra répartir le nombre de ses 15 membres en conformité aux 3 opinions exprimées : 8 contre l'anonymat, 4 pour l'emploi du pseudonyme, 3 pour l'anonymat.
La discussion se déroulant à l'échelle nationale, toutes les tendances, toutes les opinions seront ainsi respectées. C'est là le plus sûr moyen de connaître parfaitement l'opinion de l'ensemble des membres du Mouvement sur chaque question et d'éviter que le système majoritaire, dont l'utilisation est inévitable, ne permette aux majorités d'étouffer les voix des minorités.
Ainsi toutes les voix peuvent se faire entendre, les affinités, les tendances peuvent s'affirmer en toute liberté.
Toutefois, nous voulons espérer que le recours au vote sera évité le plus possible. Il doit régner parmi nous une communauté de vue et d'esprit bien plus apte à nous unir que les questions majoritaires ou minoritaires.
vroum
 

Re: Georges Fontenis sur l'OPB

Messagede Alayn » 27 Fév 2009, 04:27

Message édité en laissant ce qui rentre dans le sujet et qui n'est pas de la pure provoc'. willio


Bonsoir ! Tiens je réponds après coup :

- A mon humble avis, il n'y a pas de parano de Maurice JOYEUX ou des membres lucides et conséquents de la FA de l'époque, juste un constat clair:

-La mainmise de marxisants(tes) style Fontenis sur la FA et une recherche de solutions pour que çà ne se reproduise pas. (et qui fut salutaire ! Merci Maurice !)

- Quand on voit les excellents documents publiés ici-même sur l'histoire des différentes fractions communistes-libertaires par vroum (histoire de l'UGAC, de l'ORA, etc) et écrites par Roland Biard (qui ne peut être accusé d'anti-communisme-libertaire) à moins d'être bouché, on a tout compris.... (sans même parler de l'entrisme situ marxisant de l'époque...re-pouf..pouf... et au secours !)
Alayn
 

Re: Georges Fontenis sur l'OPB

Messagede Pïérô » 28 Fév 2009, 00:07

Maurice Joyeux a joué un role important tant dans les scissions que dans la transmission d'une analyse caricaturale et mensongère de toutes ces histoires puisqu'à chaque fois qu'il y avait une tendance anarchiste-communiste qui se développait il ressortait cette théorie du complot "marxisant" venant de l'extérieur. Cette question est traitée de long en large dans d'autres topics plus anciens de ce forum. Et il existe aussi une façon de voir l'histoire d'une manière plus objective, comme justement l'ont fait Biard et d'autres. Fontenis lui même revient sur cette période avec humour et dose d'autocritique. Et je ne pense pas qu'aujourd'hui, plus de cinquante ans après, on puisse avoir à se ranger derrière un mort ou derriére quelqu'un qui est retiré depuis un moment.

Juste autre chose pour sortir de cette image caricaturale et mensongère, il est plutôt cavalier (pour rester cool) de parler "d'entrisme situ marxisant" (situ de situationisme), en cette période du début des années cinquante, c'est un non sens historique...et donc je ne sais pas si "on a tout compris". Cette histoire du complot "marxiste" ou "marxisant" venu de l'extérieur aurait pû relever d'une méconnaissance de l'histoire, s'il n'y avaient eu les éléments que l'on trouvera dans ce forum en plus à droite et à gauche, et Alayn connait ces éléments puisqu'il y a déjà été confronté auparavant. Nous sommes donc ici dans un autre registre...

Et pour finir, le mouvement anarchiste a toujours été traversé de ces débat autour de la question de l'organisation, tant dans la forme que sur le fond, et a connu plusieurs scissions pour des raisons souvent identiques. Celà a été vif dans cette période d'après guerre puis d'après 68, qui voyaient nombre de jeunes rejoindre la FA. FA, qui dans la fin des années 70 reconnaitra enfin le principe de la lutte des classes amenant cette fois un autre type de scission avec le départ d'une grande partie du courant individualiste. Mais peut être que ce rajout dans les principes de base de la FA était encore due à une manoeuvre d'êtres venus d'une autre planète, de "marxisants" ?
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Re: Georges Fontenis sur l'OPB

Messagede Alayn » 28 Fév 2009, 05:11

Bonsoir ! Voui, chacune et chacun voit l'histoire à sa porte (ou à la portée capacitaire qu'il peut en avoir...)

- Sans Maurice JOYEUX et quelques autres, il n'y aurait peut-être pas de FA aujourd'hui. Premier point.
- Fontenis, avec son OPB, a clairement noyauté la FA et l'a marxiser dans les années 50.(jusqu'à participer à des élections en 56 !!!!) Second point.
-Voui, les situs ne sont apparus que dans les années 60, tout d'abord en noyautant les orgas communistes-libertaires (UGAC, revue Rouge et Noir et compagnie) et en traînassant un discours marxisant et marxiste. (qui a connu son apogée en mai 68 avant son sabordage en 70/71). Pas une grosse perte...
-Maurice JOYEUX était visionnaire: dès les années 50, il avait explicationné cette mainmise autoritaire du courant marxisant sur le mouvement anarchiste (voir "L'Hydre de Lerne" où quelques chapitres ont été publiés ici par mes soins et MIRACULEUSEMENT non censurés)
-Aujourd'hui, de tout cela, il nous reste que quelques fossiles osant encore défendre Fontenis, parqués principalement à AL. A tel point qu'on se demande si AL est vraiment une orga anar....(ou simplement et bêtement une orga ne cherchant qu'à avoir un strapontain avec l'extrème-gôche....)

Mais rentrons dans le fond:
-La FA a reconnu bien avant les années 70 "la lutte des classes", sans même l'inscrire forcément dans ses PB (pour faire plaisir aux communistes-libertaires, voire aux anarcho-syndicalistes ???) Bouffonade qierrotiste çà et argument mensonger et fallacieux manipulatoire de l'histoire !
La FA était majoritairement ouvrièriste jusque dans les années 80 ! Et j'ai encore dans les oreilles les lamentations lancinantes de militants(tes) FA qui se lamentaient (à juste titre ou pas ; là n'est pas le propos) qu'elle ne le soit plus à l'aube des années 90. Ce qui est exact mais qu'est-ce qu'on y peut ? C'est simplement un fait sociologique.

-Le départ d'individualistes fin année 70 pour cause d'"entrisme" forcené"(arf !) de la notion de "lutte des classes" et fatalement d'une horde dévastatrice de cocos-libertaires submergeant tout ? Pfiou, maybee... I don't know.... (je commençais à lire mes premiers ML parlant de la guerre au Liban-arf !)

Fin années 70 et début années 80, je m'en tapais des cocos-libertaires: j'étais avec des Anarchistes à lutter contre des centrales nucléaires (Civaux, Golfech, etc...) et à préparer mon insoumission au service militaire.Je me rappelle pas avoir vu de cocos-libertaires...

Salutations Anarchistes !
Alayn
 

Re: Georges Fontenis sur l'OPB

Messagede Pïérô » 28 Fév 2009, 15:57

C'est la vision partisanne développée à l'époque par Joyeux. A ce titre et parce que tu sembles vouloir t'appuyer dessus, je t'invite à lire justement les textes de Biard et les autres, ainsi que ceux qui avaient déjà été mis en ligne auparavant, et que tu n'as manifestement pas lû (où alors nous serions dans le domaine de la mauvaise foi) !
Tu fais une part trop importante à l'influence supposée du mouvement situationiste dans cette histoire propre au mouvement anarchiste. La revue "Noir et Rouge" aborde à cette époque cette question d'ailleurs du situationisme des années 60 (il y a éléments là aussi : Contre la confusion, C lagant, N&R, 1967 viewtopic.php?f=68&t=637&start=15#p11066 ). Ceci permet surtout d'entretenir cette thèse d'un complot venant de l'extérieur, thèse qu'à toujours défendu Joyeux contre le courant anarchiste-communiste, Joyeux qui a toujours sû s'appuyer sur le courant individualiste, pour lequel il n'a jamais eu beaucoup de sympathie, pour continuer à trôner dans la FA. Tu continues dans cette espèce de tradition mensongère a assimiler les anarchistes communistes à des marxistes alors que ce courant se situe dans la tradition bakouninienne. Les anarchistes-communistes étant la tendance la plus organisationelle, se sont toujours eux qui ont été les principaux acteurs de la création des organisations anarchistes dans l'histoire. On voit par exemple (c'est dans un des textes mis en ligne par vroum sur l'histoire de la FA), comment quelqu'un comme Maurice Fayolle dans la FA deuxième mouture va reposer ces questions d'investissement dans les luttes, de la lutte des classes, du sens de l'organisation, de l'immobilisme des individualistes...pendant une dizaine d'années, puis finira par imaginer l'ORA. Depuis les années 20 puis 30 les organisations anarchistes ont toujours été confrontés à cette question de la difficulté de réaliser une synthèse sans créer de l'immobilisme, et des scissions. Et ici nombre de camarades pensent qu'il est impossible de concevoir une organisation unique et que l'unité doit se penser dans un autre cadre, reconnaissant les sensibilités et les différences, comme la question de s'organiser en courant spécifique. Des générations jeunes successives se sont heurtées à l'immobilisme de la FA après guerre, ce qui a produit jusqu'à il y a peu encore de multiples scissions dans la FA (et j'en suis parti aussi à cause de çà après 19 ans passés à la FA) avec le départ de plusieurs groupes il y a cinq ans.

Je ne connais personne aujourd'hui qui ne pense pas que l'OPB était une connerie. Fontenis y revient dans ses écrits et j'invite aussi les personnes intéressées à commander le film DVD fait par des Tourangeaux où Fontenis revient la dessus comme sur la question des élections de 56 où il dit : "nous avons mis les pieds dans le crotin" . C'est intéressant aussi de voir le bonhomme, qui est en fin de vie, et qui a traversé toute une histoire du mouvement anarchiste, et qui n'a pas vraiment le côté autoritaire qu'on lui prète *.

Tu parles de la lutte contre les centrales de Civaux et Golfech, auquelles j'ai participé à cette époque et j'y cotoyais des camarades de l'OCL, de la FA et le courant autonome proche de l'OCL, ce qui infirme ce que tu dis. Il y avait beaucoup de monde dans les manifs à Golfech et je ne peux rien affirmer, par contre je ne t'ai pas rencontré à l'époque dont tu parles dans la lutte contre Civaux (j'étais membre du CLAN, Comité de Lutte Anti-Nucléaire de Poitiers, et nous avions construit une apparition anarchiste spécifique dans cette lutte contre Civaux avec des camarades de la région, jusqu'à Limoges).

* vidéo, parcours libertaire, entretien avec Georges Fontenis :
viewtopic.php?f=68&t=1249
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Re: Georges Fontenis sur l'OPB

Messagede Klement » 28 Fév 2009, 20:24

qierrot a écrit:Je ne connais personne aujourd'hui qui ne pense pas que l'OPB était une connerie. Fontenis y revient dans ses écrits et j'invite aussi les personnes intéressées à commander le film DVD fait par des Tourangeaux où Fontenis revient la dessus comme sur la question des élections de 56 où il dit : "nous avons mis les pieds dans le crotin" .

Pour ma part je pense pas que l'OPB ait été une "connerie" ça a été un tentative salutaire à mon avis pour développer un anarchisme révolutionnaire fondé sur la lutte de classe, quant au côté fraction secrète, Fontenis raconte très bien que les individualistes était également organisés de la sorte...
En revanche ce qui est discutable ce sont certaines positions de la FCL (fascination pour le PCF, quasi proclamation de la FCL comme "Parti d'avant garde", présentation aux élections qui d'ailleurs a presque immédiatement été analysée comme une erreur par de nombreux militants FCL). Cela dit je pense que la FCL correspond à un moment crucial d'autonomisation du courant communiste libertaire, qu'elle a engrangé un certain nombre d'acquis théoriques et dans les luttes (anticolonialisme, pratiques unitaires, primauté de la lutte de classe, interventions en entreprise, programme revendicatif,syndicalisme) dont je me réclame, modestement, dans mon militantisme communiste libertaire actuel
Klement
 

Re: Georges Fontenis sur l'OPB

Messagede Pïérô » 28 Fév 2009, 21:47

C'est vrai pour les individualistes, et en même temps il y avait encore des restes des cet héritage républicain et révolutionnaire (et franc maçon aussi) des sociétés secrètes, dans lequel Bakounine excellait aussi, et aussi pendant le première internationale, que la tendance de Pierre Besnard l'avait pratiqué dans le syndicalisme avant guerre, mais on ne peut pas dire que la fin justifie certains moyens contestables ou que çà a été salutaire. D'ailleurs je trouve que celà reste une casserole que les communistes libertaire trainent, malgré les cinquantes années qui sont passées. D'un autre côté celà sert d'épouvantail pour les anti-anarchistes-communistes à chaque fois pour passer à côté du débat organisationel et pour dénigrer une sensibilité qui n'a pas à porter cet "héritage", cinquante ans après. Ces pratiques n'ont d'ailleurs plus cours depuis longtemps.
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