Colonialisme, décolonisation, repression et luttes

Re: Colonialisme, décolonisation, repression et luttes

Messagede bipbip » 01 Sep 2018, 16:57

Chronique : Echo d’Afrique, « S’attaquer aux symboles du colonialisme »

Il y a 200 ans, le 3 juin 1818, Louis Faidherbe naissait à Lille. Il allait devenir un militaire largement honoré, et un colonialiste chevronné. Certains le désignent même comme « le père de l’impérialisme français ». À l’occasion du bicentenaire de sa naissance, un collectif lillois décide de mener une campagne intitulée « Faidherbe doit tomber ».

L’argumentaire du collectif est efficace : « Pourquoi s’attaquer aujourd’hui à Louis Faidherbe ? Pour une raison simple : parce que les monuments, les bâtiments et les rues qui lui rendent hommage, célèbrent – sans toujours le dire ouvertement – le projet colonial auquel il a consacré sa vie. Si l’homme Faidherbe appartient indéniablement au passé, ses idéaux polluent encore notre présent. La célébration perpétuelle que nous imposent ces statues et ces rues prouve que l’idéologie coloniale reste bien vivace. »

Au Sénégal, et particulièrement à Saint Louis, ville d’où Faidherbe gouverna, le général est à l’honneur : un pont et une place portent son nom, ainsi qu’une statue portant l’inscription « le Sénégal reconnaissant ».

Ces symboles font particulièrement grincer les dents de celles et ceux, de plus en plus nombreux grâce aux actions de sensibilisations sur les réseaux sociaux, qui savent avec quelle violence il imposa la domination coloniale à leurs ancêtres. On observe un mouvement planétaire visant de nombreux symboles de l’esclavagisme ou du colonialisme en Afrique du Sud, USA, Canada, Espagne ainsi que dans les territoires français d’outre mer. Les statues de Gandhi, pourtant apôtre de la non-violence, de Cecil Rhodes, de Léopold II, d’Horatio Nelson, entres autres, sont fortement contestées. Tout récemment, à Barcelone, la statue d’Antonio López, un homme d’affaires qui s’enrichissait grâce au commerce d’esclave, a été retirée.

En France, les symboles issus du colonialisme sont encore nombreux, témoins d’un passé dont beaucoup sont encore nostalgiques. Le problème est aussi que ces symboles contribuent à valider un récit enjolivé d’une colonisation aventuresque, avec ses héros, ses bâtisseurs, ses visionnaires… la mémoire des colons en somme. Les Français ignorent généralement qui furent les Faidherbe, Bugeaud, Lyautey, etc., et nous sommes souvent indifférents aux noms des rues qui nous entourent.

Or la célébration consensuelle de ces criminels est une insulte aux peuples qu’ils ont martyrisés et un crachat quotidien au visage de leurs descendantes et descendants. Bien entendu, ces symboles ne tomberont que si des gens se mobilisent contre eux.

Pour Khadim Ndiaye, du Collectif sénégalais contre la célébration de Faidherbe : « Le moment est arrivé d’écouter la voix de ces organisations et mouvements de citoyens qui, partout dans le monde, contestent une certaine conception de l’histoire qui donne la part belle aux tortionnaires, aux racistes, aux acteurs de la colonisation et qui grave dans la pierre ou le bronze des figures historiques controversées. »

Noël Surgé (AL Carcassonne)


http://www.alternativelibertaire.org/?C ... lonialisme
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Re: Colonialisme, décolonisation, repression et luttes

Messagede bipbip » 15 Sep 2018, 12:17

Génocide en Namibie : l’Allemagne face à son passé colonial

Le gouvernement allemand va restituer, mercredi, des restes humains à la Namibie, rappels des massacres perpétrés par le IIe Reich entre 1904 et 1908. Une nouvelle étape dans la difficile reconnaissance d’une histoire coloniale douloureuse.

C’est une cérémonie pour le moins inhabituelle qui doit se tenir, mercredi 29 août, au Französischer Dom de Berlin. En milieu de matinée, ce temple protestant édifié au début du XVIIe siècle au cœur de la capitale de ce qui s’appelait alors la Prusse accueillera des représentants des gouvernements allemand et namibien pour un rendez-vous singulier au centre duquel figureront dix-neuf crânes, quelques squelettes, une omoplate et une mâchoire.

But de l’opération : la restitution de ces restes humains, témoins des massacres perpétrés par les troupes du IIe Reich contre 65 000 Hereros et 10 000 Namas dans le Sud-Ouest africain allemand – l’actuelle Namibie – entre 1904 et 1908. Une série de massacres considérée comme le premier génocide du XXe siècle.
Mascarade

Ces reliques avaient été rapportées outre-Rhin à des fins de « recherche scientifique » et, pour la plupart d’entre elles, reposaient dans les collections anthropologiques de l’hôpital de la Charité, à Berlin. Leur restitution sera-t-elle de nature à apaiser les mémoires autour d’un chapitre de l’histoire coloniale largement tombé dans l’oubli en Allemagne mais encore douloureux en Namibie ? Rien n’est moins sûr car, du côté des défenseurs de la mémoire de ces massacres, la cérémonie est loin de faire l’unanimité.

Pour certains d’entre eux, en effet, l’événement organisé mercredi à Berlin n’est pas à la hauteur de la gravité des crimes qui ont été commis. A la tête de ce combat, l’association « Völkermord verjährt nicht ! » (« Pas de prescription pour le génocide ! »).

... https://www.lemonde.fr/international/ar ... _3210.html
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Re: Colonialisme, décolonisation, repression et luttes

Messagede bipbip » 15 Sep 2018, 14:15

Entre histoire et patrimoine du peuple réunionnais
Le domaine carcéral Juliette Dodu

Paris mardi 18 septembre 2018
à 18h30, Espace « La Colonie », 128 Rue la Fayette, Paris 10e

L'historien Bruno Maillard propose une conférence débat autour du domaine carcéral Juliette-Dodu à la Réunion.

Le domaine carcéral Juliette-Dodu à Saint-Denis de la Réunion est aujourd'hui menacé de destruction par les pouvoirs publics. Ce haut lieu de mémoire du peuple réunionnais s'illustre cependant comme un espace de répression et de résistance des esclaves incarcérés entre 1775 et 1848 pour leur opposition à "l'institution particulière". Conférence et débat avec Bruno Maillard, docteur en Histoire, membre du Comité National pour la Mémoire et l'Histoire de l'Esclavage.

Le domaine Carcéral, appelé communément Juliette Dodu, fait aujourd'hui l'objet d'une vive polémique à La Réunion. Fermée en décembre 2008, ce domaine carcéral de 3900 m2 n'a certes jamais éveillé un quelconque intérêt de l'État, propriétaire des lieux. Il a été vendu à la SHLMR, société immobilière qui souhaiterait y instaurer une zone commerciale. Ce projet a suscité aussitôt la contestation des défenseurs du Patrimoine et de l'Histoire de La Réunion. Le 17 janvier 2018, le tribunal administratif de Saint-Denis, saisit par les requêtes d'associations locales a cependant suspendu le permis de démolition de la prison ouvrant ainsi de possibles nouvelles négociations.

Ce domaine carcéral, établi en 1775, se singularise par sa grande richesse patrimoniale inscrit en outre dans l'Histoire du peuple réunionnais. Il a été en effet le lieu d'incarcération des esclaves « voleurs de volailles, de maïs ou de riz » sous la Période Royale ou des militants culturels des années 1960-1970, en passant par les affranchis spoliés de 1848 et les engagés abusés du Second Empire. Il tient en ce sens lieu de modèle des répressions coloniales et poscoloniales brutales et iniques de la puissance publique. Son Histoire se cristallise cependant sur la période esclavagiste de La Réunion. Réservée en théorie aux prévenus et aux condamnés, de toute condition juridique, soupçonnés ou reconnus coupables d'une infraction de droit commun, elle a d'abord écroué, et cela jusqu'en 1848, plusieurs milliers d'esclaves insoumis de La Réunion toute entière : petits et grands marrons arrêtés par des agents de la force publique ou des particuliers, « nègres indisciplinés » reclus à la demande du maître ou « noirs reconnus comme dangereux » sur ordre du gouverneur. Mais plus encore, la geôle de Saint-Denis a été le lieu d'incarcération des révoltés de Sainte-Rose de 1799, des insurgés de Saint-Leu de 1811 ou des « comploteurs » de Saint-Benoît de 1832, emprisonnés à perpétuité ou pour quelques semaines avant leur inévitable condamnation à mort. Des femmes et des hommes, détenus pour s'être réappropriés, ou simplement pour avoir réclamés, l'exercice de leurs droits fondamentaux, inaliénables et imprescriptibles, et plus particulièrement leur liberté. Au même titre que les irréductibles marrons des Blue Montain de la Jamaïque ou les révolutionnaires émancipateurs d'Haïti, ils symbolisent aujourd'hui comme demain, et pas seulement pour les Réunionnais mais pour le monde entier, l'esprit universel de résistance contre un régime despotique.

http://www.lacolonie.paris/agenda/le-do ... iette-dodu
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Re: Colonialisme, décolonisation, repression et luttes

Messagede bipbip » 11 Oct 2018, 20:10

Débat « La colonisation française: bilan critique »

Paris vendredi 12 octobre 2018
à 19h30, Bibliothèque La Rue, 10 rue Robert-Planquette, 18e

Le groupe Louise Michel de la Fédération anarchiste reçoit l'historien Alain Ruscio pour un débat autour de son "Encyclopédie de la colonisation française".
Alain Ruscio, son coordinateur, viendra rapidement nous présenter l'ouvrage et sa genèse puis s'étendra plus en détail sur des articles dont il est l'auteur comme Algérie, Anarchistes, Cameroun.

L'Encyclopédie est prévue en 4 volumes. Elle couvre dans le temps une large période allant des Croisades à la décolonisation de la deuxième moitié du XXe siècle. Pays et régions, institutions, explorations, esclavage, post-colonialisme, religions, etc. sont traités dans des notices allant de 2 à 10 pages. Le premier volume comprend plus de 600 notices, rédigées par une soixantaine d'auteurs, tous spécialistes reconnus dans leur domaine. Le Tome I sera consultable à La Rue à l'occasion du débat.

Entrée libre et gratuite à partir de 19h15.

Image

Encyclopédie de la colonisation française

Sous la direction d'Alain Ruscio

L'Encyclopédie est prévue en 4 volumes. Elle couvre dans le temps une large période allant des Croisades à la décolonisation de la deuxième moitié du XXe siècle. Pays et régions, institutions, explorations, esclavage, post-colonialisme, religions, etc. sont traités dans des notices allant de 2 à 10 pages. Le premier volume comprend plus de 600 notices, rédigées par une soixantaine d'auteurs, tous spécialistes reconnus dans leur domaine.

Auteurs : Michel Bodin - Hubert Bonin - Rolande Bosphore - Pascal Bourdeaux - Nicole Brenez - Christophe Cassiau-Haurie - Dominique Chathuant - Henri Copin - Catherine Coquery-Vidrovitch - Gladys Démocrite - Daho Djerbal - Marcel Dorigny - Barkahoum Ferhati - Yves Frey - Denis Gazquez - Christine de Germeaux - Solène Granier - Simon Imbert-Vier - Sébastien Jahan - Michel Jancou - Raoul Marc Jennar - Gregory Kourilsky - Roland Laffitte - Thierry Leclère - Sandrine Lemaire - Michel Levallois - Amaury Lorin - Jean Martin - Chloé Maurel - Gilbert Meynier - François Moppert - Patrice Morlat - Bénédicte Penn - Tramor Quemeneur - Malika Rahal - Patrick Royer - Marie-Joëlle Rupp - Alain Ruscio - Hedi Saidi - Jean-Pierre Sainton - Hervé Sanson - Franck Sénateur - Bouba Tabti Mohammedi - Serge Tignères - Trinh Van Thao
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Re: Colonialisme, décolonisation, repression et luttes

Messagede bipbip » 16 Oct 2018, 15:00

Christophe collomb découvre l’amérique : au premier jour d’un ethnocide

Le 12 octobre 1492 Christophe Colomb découvre pour le compte de la couronne d’Espagne ce que l’on connaîtra bientôt comme le nouveau monde. Lui pensera jusqu’à sa mort avoir découvert la route des indes par l’ouest. A partir de ce jour, l’Occident qui découvrait tout juste l’existence de ce continent va se lancer dans une vaste opération de conquêtes coloniales. Entre sa découverte par Colomb et le XIXe siècle, la population autochtone d’un vaste continent va diminuer de 95% [1]. La disparition des populations due à de multiples facteurs (maladie, guerre, exploitation) s’accompagne d’une volonté de destruction systématique des cultures autochtones par les colonisateurs.

... https://rebellyon.info/Christophe-collo ... e-au-14549
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Re: Colonialisme, décolonisation, repression et luttes

Messagede bipbip » 19 Oct 2018, 20:35

Commémoration de la mort de Lumina « Surprise » Sophie (05/11/1848 - 15/12/1877)

Pendant les émeutes, Surprise se serait écriée : « Je veux tout brûler, et si le bon Dieu descendait du ciel, je le brûlerai aussi, parce qu’il doit être un vieux béké ! » ( Si Bondyé té ni an kaz, an té ké brilé’y pas sé dwèt an vyé bétjé ! ).

Lumina Sophie dite « Surprise » naît le 5 novembre 1848, peu après l’abolition de l’esclavage, au Vauclin à l’habitation La Broue.

En février 1870, Léopold Lubin, un Noir du Marin, membre d’une famille d’entrepreneurs de travaux publics, a une violente altercation avec Augier de Maintenon, jeune Européen, aide-commissaire de marine et chef de service au bourg du Marin. L’affaire passe devant les tribunaux. Lubin est condamné lourdement, de façon très injuste et raciste ! Un mouvement de solidarité active se développe, auquel s’associe Lumina : pétitions, souscription pour payer les recours, etc.

À cette affaire se conjugue l’affaire Codé. Codé est un Béké, propriétaire de l’habitation « La Mauny », arrogant avec ses employés. Il a érigé le 21 janvier un drapeau blanc, symbole de l’Ancien régime : le 21 janvier est la date-anniversaire de l’exécution de Louis XVI. C’est l’expression ostensible du regret des temps esclavagistes, et une provocation raciste. En plus, Codé a été membre du jury d’assises dans l’affaire Lubin, et il se vante publiquement de l’avoir fait condamner. Les habitants des campagnes sont en colère contre ses provocations et contre l’injustice faite à Lubin. Lumina est solidaire du mécontentement populaire.

En septembre 1870, sur la place du marché de Rivière-Pilote, on la retrouve avec d’autres manifestants-es, hurlant pour la libération de Lubin. Le 22 septembre la population du Sud de la Martinique et notamment celle de Rivière-Pilote se soulève. Lumina participe activement à l’insurrection, qui sera très vite réprimée dans le sang. Surprise est enceinte de deux mois. Cela ne l’empêche pas de participer à la marche vers La Mauny avec l’ « armée » de Telga. Pendant les émeutes, Surprise se serait écriée : "Je veux tout brûler , et si le bon Dieu descendait du ciel, je le brûlerai aussi, parce qu’il doit être un vieux béké !" ( Si Bondyé té ni an kaz, an té ké brilé’y pas sé dwèt an vyé bétjé ! ).

Mais l’insurrection est rapidement vaincue. Lumina est arrêtée le 26 septembre 1870 à Régale sur l’Habitation de Lacaille et sera incarcérée au Fort-Desaix.

Plusieurs chefs d’accusation sont retenus contre elle. Son premier procès se tiendra du 17 mars au 17 avril 1871. Elle est présentée comme une femme qui cherche à dominer les hommes. Le gouverneur de l’époque l’identifie comme la « flamme de la révolte ».

Elle est relaxée le 17 avril de ce chef d’accusation, mais d’autres charges pèsent sur elle. Le 28 avril 1871, à la prison centrale de Fort-de-France, elle accouche d’un garçon que l’administration pénitentiaire nomme Théodore Lumina, sans aucun respect pour l’État-Civil de la mère. L’enfant est tout de suite séparé d’elle. Son 2e procès se déroule du 22 mai au 8 juin 1871. Elle sera « punie » pour révolte contre l’aristocratie des planteurs, pour blasphème, pour avoir menacé les hommes et pour vouloir les dominer, pour avoir mis le feu à 3 habitations. Le 8 juin, elle est condamnée aux travaux forcés à perpétuité, pour incendie et participation active à l’insurrection. Ce sera la déportation vers le bagne de Saint-Laurent-du-Maroni, où elle arrive le 22 décembre 1871. Elle mourra des horribles conditions du bagne le 15 décembre 1877 à l’âge de 31 ans.

Icône de "l’insurection du sud de 1870", elle reste encore aujourd’hui un symbole anti-colonial !

Image
Cérémonie du Bois-Caïman considérée en Haïti comme l’acte fondateur de la révolution et de la guerre d’indépendance en 1791


P.-S.
tiré du site coup pour coup 31


https://paris-luttes.info/commemoration ... umina-2300
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Re: Colonialisme, décolonisation, repression et luttes

Messagede bipbip » 23 Oct 2018, 20:17

« Les résistances à l'esclavage et au colonialisme au Brésil »

Saint-Denis (93) mercredi 24 octobre 2018
Université Paris 8 - Saint Denis, Salle B106, 2 rue de la Liberté

L'association Quilombo à le plaisir de vous inviter à la conférence : L'esclavage et ses résistances au Brésil.

Avec l'écrivaine Afro-brésilienne et afroféministe Jarid Arraes de passage en France. Auteure du roman Dandara et les esclaves libres paru aux Éditions Anacaona, portant sur la cheffe d'une communauté d'ex eclavisés organisés en État libre de 30 000 habitants, indépendant et combattant militairement le régime esclavagiste et colonial pendant 1 siècle. Il s'agit du célèbre Quilombo de Palmarès ayant historiquement existé au Brésil.

Une histoire méconnue et marginalisée. Or, si les héros noirs le sont, les héroïnes noires sont bien plus marginalisées encore. À tel point que le nom du chef Zumbi est connu, tandis que celui de la cheffe et héroïne Dandara n'a pas été retenu dans l'histoire et la mémoire collective. Pourtant, tout deux combattirent ensemble à la tête du Quilombo de Palmarès les armées du régime esclavagiste et colonial.

Jarid Arraes permet de renouer avec cette histoire et ce personnage historique, et les Éditions Anacaona nous permettent d'y avoir accès en langue française.

Profitez du passage de Jarid Arraes pour l'écouter sur l'histoire des résistances à l'esclavage au Brésil, intégrant l'apport des femmes et héroïnes noires. Ainsi que pour vous faire dédicacer son roman sur l'héroïne noire brésilienne : Dandara et les esclaves libres.

Bâtiment B1 salle b106 (premier étage)

Nous vous attendons nombreuses et nombreux !!

12h - 13h30 : conférence
13h30 - 15h : échange avec le public et dédicaces du livre.

https://paris.demosphere.eu/rv/64776

Image
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Re: Colonialisme, décolonisation, repression et luttes

Messagede bipbip » 25 Oct 2018, 20:30

« Le pouvoir colonial vise les femmes »

À la fin des années 1960, des milliers d’avortements forcés ont été pratiqués dans une clinique de l’île de La Réunion, alors que la pratique était interdite en France. L’historienne réunionnaise Françoise Vergès, qui publie Le Ventre des femmes, revient ici sur le contrôle par l’État du corps des femmes noires.

... http://cqfd-journal.org/Le-pouvoir-colonial-vise-les
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Re: Colonialisme, décolonisation, repression et luttes

Messagede bipbip » 26 Oct 2018, 20:43

La Réunion : une jeunesse déportée
« Marmail-d’la-Creuse »

De 1963 à 1981, des milliers de jeunes Réunionnais ont été « exportés » vers la métropole pour bosser en usine ou dans le service public, servir de bonnes ou de garçons de ferme… Le film Rassine monmon, papa… [1] déterre cette mémoire à vif.

... http://cqfd-journal.org/Marmail-d-la-Creuse
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Re: Colonialisme, décolonisation, repression et luttes

Messagede bipbip » 30 Oct 2018, 23:51

Sur l’île de la Réunion
Nouveaux marrons contre génocide culturel

Sous la domination coloniale, des milliers d’esclaves se sont réfugiés sur les Hauts de La Réunion, y bâtissant un royaume secret, symbole de résistance. Aujourd’hui, alors que la vie sur l’île s’européanise, poètes, historiens, « tisaneurs » et musiciens portent haut la culture créole.

« C’est le paradis ! », s’émerveillent des randonneurs au sommet du Maido. À leurs pieds s’étendent ravines, forêts et lacs d’une beauté à couper le souffle. Depuis 2010, les Hauts de La Réunion sont classés au patrimoine mondial de l’humanité. Des milliers de touristes y affluent, ignorant que ces sentiers et ces îlets aux noms intrigants conservent la mémoire d’un royaume rebelle.

... http://cqfd-journal.org/Nouveaux-marron ... e-genocide
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Re: Colonialisme, décolonisation, repression et luttes

Messagede Pïérô » 31 Oct 2018, 14:47

Les détricoteuses. Outre-mer : territoires en sous-France

Scandale du Chlordécone aux Antilles, opposition à l'exploitation d'une mine d'or en Guyane, référendum en Nouvelle Calédonie... Au coeur de l'actualité, l'Outre-mer se présente comme autant de territoires en souffrance et qui se sentent en "sous-France", profondément travaillés au présent par un passé colonial, parfois esclavagiste, qui ne parvient pas à passer. Les détricoteuses s'appliquent à y voir plus clair en invitant Audrey Célestine, historienne et politiste, spécialiste des mobilisations et des constructions identitaires des Antillais.

Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Colonialisme, décolonisation, repression et luttes

Messagede bipbip » 04 Nov 2018, 23:00

Guadeloupe, « mé » 1967

Début janvier 2017, les gwoup à pô (groupes à peaux – en référence à celles qui couvrent leurs tambours) ont décidé de « débouler » dans le carnaval de Guadeloupe pour commémorer la sanglante répression ayant frappé l’île cinquante ans plus tôt...

... D’un côté, visages peints en blanc, ceintures tricolores et képis rouges de gardes mobiles, de l’autre, visages grimés en tête de mort. À l’issue de la période carnavalesque de deux mois, ces groupes ont transmis à leurs collègues parisiens la banderole de commémoration de mai 1967 et un livre de pétitions pour demander l’ouverture des archives. Une revendication qui s’est retrouvée au centre de la marche Limyè pou lézansyen (Lumières pour les Ancêtres), à Paris comme à Pointe-à-Pitre, le 27 mai dernier. La question de savoir ce qui s’est réellement passé à l’époque est toujours d’une actualité brûlante.

Après avoir accédé, en 1946, au statut de département et, formellement, aux mêmes droits qu’en métropole, la Guadeloupe restait un territoire en marge de la République au début des années 1960 : sous-emploi chronique, salaires nettement inférieurs à ceux pratiqués dans l’Hexagone alors que le coût de la vie y est beaucoup plus élevé, omniprésence des bidonvilles, désastres sanitaires à répétition et mainmise des grands propriétaires blancs sur l’agriculture et la représentation politique. « La situation sociale correspond à la pigmentation », concluait un rapport commandé par le pouvoir gaulliste aux Renseignements généraux.

Par ailleurs, le mouvement de décolonisation à l’œuvre dans le monde entier trouvait dans le Groupe d’organisation nationale de la Guadeloupe (Gong) l’une de ses expressions caribéennes. De l’autre côté de la barricade, Jacques Foccart, conseiller élyséen et principal artisan de la création des réseaux françafricains, était très lié (de par sa mère Elmire de Courtemanche de La Clémandière) aux puissantes familles béké de l’île (héritières des premiers colons). Il allait fort logiquement appuyer la nomination comme préfet de Pierre Bolotte, un spécialiste des méthodes de pacification coloniale puis néocoloniale passé par l’Indochine, l’Algérie et La Réunion – avant d’atterrir en Seine-Saint-Denis, au début des années 1970, où il mettra en place une police de quartier ancêtre des brigades anticriminalité (BAC).

Tous les ingrédients étaient donc réunis, en ajoutant le cyclone qui avait dévasté la région en 1966, pour provoquer une explosion sociale. La mèche fut allumée, le 20 mars 1967, par Vladimir Srnsky, riche commerçant d’origine tchèque, quand il lâcha son chien sur un cordonnier ambulant au cri de « Va dire bonjour au Nègre ! ». Le bruit de cette provocation se répandit comme une traînée de poudre et le magasin de Srnsky fut pillé, tandis que sa voiture finissait dans le port. Un calme précaire était ensuite rétabli entre condamnation des propos racistes, exfiltration de leur auteur vers les États-Unis et déploiement en nombre des forces de l’ordre. Deux mois plus tard, une grande grève des ouvriers du bâtiment prit le relais, obligeant patronat et pouvoirs publics à ouvrir des négociations. Le 27 mai, sur la grande place de Pointe-à-Pitre, où une foule immense s’était rassemblée, filtra une déclaration des représentants patronaux : « Quand les Nègres auront faim, ils reprendront le travail. »

Devant un tel déferlement de mépris, les conques (lourds coquillages hérissés de pointes) commencèrent à fuser en direction des gardes mobiles. Qui répliquèrent en tirant dans le tas, mais pas tout à fait au hasard puisque l’un des premiers à tomber sous les balles fut un leader du Gong, Jacques Nestor, 24 ans. S’en suivirent un jour et une nuit de carnage pendant lesquels les moblots eurent toute latitude pour rafaler les passants dans les rues et rafler les militants chez eux. Le bilan de la répression, une partie des archives demeurant classifiée, une autre ayant sans doute été escamotée, fluctue entre 8 morts (chiffre officiel de l’époque) et 87 morts (chiffre semi-officiel livré en 1985 par le ministre des Dom-Tom). À ce jour, les responsabilités entre les différents niveaux du pouvoir gaulliste finissant restent à établir.

Lors du procès des rescapés du Gong devant la Cour de sûreté de l’État en avril 1968, Aimé Césaire eut ces mots définitifs : « Si ces gens-là sont ici, c’est que contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, nous ne sommes pas des Français à part entière, mais des Français entièrement à part. »


http://cqfd-journal.org/Guadeloupe-me-1967
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Re: Colonialisme, décolonisation, repression et luttes

Messagede bipbip » 05 Mai 2019, 18:07

21 avril 1900 : La barbarie française au Soudan par le Père Peinard

Notre camarade le Père Peinard vous envoie une lettre du Mali, qui a à peine vieilli : il parle de la colonisation, du rôle « civilisateur » de la France. Et ça fout grave la haine !
Descriptions crues d’images aussi violentes que ce qu’elles dénoncent ; attention, certaines lignes sont insoutenables.

... https://paris-luttes.info/21-avril-1900 ... arie-11949
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Re: Colonialisme, décolonisation, repression et luttes

Messagede bipbip » 05 Mai 2019, 18:17

« Afrique 50 », le colonialisme filmé par René Vautier

Revenir sur « Afrique 50 », le mythique documentaire anticolonialiste de René Vautier, aide à comprendre les migrations et le néocolonialisme d’aujourd’hui. La vie de son auteur est aussi un exemple du courage et de la détermination nécessaires dans les luttes.

« Ici, le chef de village, Sikali Wattara, a été enfumé et abattu d’une balle dans la nuque, une balle française… Ici, une enfant de sept mois a été tuée, une balle française lui a fait sauter le crâne… Ici, du sang sur le mur, une femme enceinte est venue mourir, deux balles françaises dans le ventre… Sur cette terre d’Afrique, quatre cadavres, trois hommes et une femme assassinés en notre nom à nous, gens de France ! »

Ainsi parle René Vautier dans son premier film, Afrique 50, chef-d’œuvre tourné à l’âge de vingt-et-un ans et monté avec ce qu’il put récupérer des bobines qui lui avaient été confisquées par la police. En 1949, fraîchement sorti de l’IDHEC, le jeune homme, ancien résistant, avait été envoyé faire un film sur les bienfaits de la colonisation quant à l’éducation. Mais une fois sur place, la vérité lui commanda un tout autre ouvrage. L’administration coloniale se rendit compte qu’il ne filmait pas ce qu’il fallait. Un commissaire de police fut envoyé fouiller sa chambre pour lui prendre ses bobines. S’ensuivit une bagarre au cours de laquelle Vautier jeta par la fenêtre le policier, qui se cassa le bras. Après quoi, le cinéaste poursuivit son film en fuyant à travers l’Afrique de l’Ouest, un temps hébergé par le fondateur du Rassemblement démocratique africain, Félix Houphouët-Boigny.

Afrique 50 sort la même année que le Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire. Mais l’opinion publique, convaincue que la colonisation est nécessaire au niveau de vie des Français et apporte aux peuples colonisés la civilisation, reste très éloignée de toute contestation du fait colonial. Afrique 50 est le premier film anti-colonialiste, alors que le cinéma existe depuis cinquante ans. À l’exception de L’Humanité et des revues anarchistes, toute la presse de l’époque (en particulier Le Figaro et Le Pèlerin, distribué dans la France profonde), de même que le cinéma de l’époque (de Pépé le Moko à Princesse Tam-Tam en passant par Le Bled), véhicule les mêmes schémas racistes et colonialistes. Et les socialistes votent les crédits pour la guerre en Indochine jusqu’en 1953. Dans ce contexte la spécificité du film de Vautier est d’autant plus remarquable.

L’optique de Vautier fut toujours de chercher à montrer, non pas ce qui sépare les hommes, mais ce qu’ils ont en commun, par-delà les cultures. Cela lui valut une vie marquée par une multitude d’empêchements, dont un an d’emprisonnement et la censure d’Afrique 50 pendant plus de quarante ans. Dans son livre Caméra Citoyenne, Mémoires, il raconte : "En voulant braquer ma caméra sur les luttes des travailleurs - des travailleurs en France, des travailleurs coloniaux, des travailleurs immigrés, etc. - j’ai rencontré quelques problèmes : 39 arrestations, 17 inculpations, 5 condamnations, 54 mois de prison, 6 séjours à l’hôpital, 11 fractures, 4 expulsions, 5 caméras détruites par matraques, balles ou grenades, 7.000 mètres de pellicules saisis, 60.000 mètres de pellicule détruits à la hache ou à la cisaille ... sans compter les dizaines de films pour lesquels je dois me battre en justice pour récupérer le droit de les montrer ". Tel est le prix, pour qui dérange – un tout autre prix que ceux que les festivals décernent.

Dans son film De sable et de sang, Michel Le Thomas raconte un épisode dans la vie de René Vautier. Ce dernier s’était rendu il y a vingt ans à Akjoujt, en Mauritanie, sur un site minier abandonné. Avant de repartir, il avait laissé sa caméra à un jeune homme, qui lui envoyait en France des images du quotidien de ces gens qui, avec la mine, avaient perdu leurs pâturages et leur ancien mode de vie, et après la mine, tout le reste. Un jour on informa Jean Vautier que sa caméra, marquée à son nom, avait été retrouvée, échouée sur une côte marocaine où avait fait naufrage un boat people. C’est ainsi qu’il apprit la mort de ce jeune homme, noyé comme tant d’autres sur le chemin du dernier espoir.




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