Du quotidien carcéral à la révolte, histoires de luttes

Re: Du quotidien carcéral à la révolte, histoires de luttes

Messagede Pïérô » 20 Fév 2016, 11:21

À ceux qui se croient libres

Les mouvements à l’intérieur des prisons dans les années 1980 sont peu connus, contrairement aux révoltes anti-carcérales des années 1970 qui ont été plus médiatisées et portées par le groupe d’information sur les prisons (GIP), puis par le comité d’action des prisonniers (CAP). Mais la critique de la prison ne s’est pas arrêtée à la fin des années 1970. Les deux livres présentés mardi 16 février à la bibliothèque autogérée de Malakoff (BAM), À ceux qui se croient libres (L’Insomniaque, réédité en 2015) de Nadia Ménenger et Beau comme une prison qui brûle de Kyou sont deux récits de prisonniers et de militants anti-carcéraux qui se battent dedans et dehors contre l’enfermement, depuis les années 1980.

À ceux qui se croient libres a pour la première fois été édité en 2009. Il est le fruit du travail d’assemblage de témoignages recueillis par Nadia Ménenger et de textes et dessins de Thierry Chatbi, co-auteur posthume.

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Nadia Ménenger est militante anti-carcérale. Elle a très vite remis en question la prison - à qui elle sert, comment elle fonctionne – voyant son jeune frère incarcéré en 1985. Au cours de cette période, elle crée une association de parents-amis de détenus. Elle a participé à la constitution d’un collectif pour l’abolition de l’isolement carcéral (Caic) et au lancement de l’émission de radio hebdomadaire Parloir libre. L’émission a donné la parole aux prisonniers, relayé et soutenu les luttes à l’intérieur des prisons et permis d’informer sur ce qui se passe à l’intérieur, notamment sur le suivi du mouvement. Parloir libre sert alors de caisse de résonance des mouvements qui ont lieu au sein des prisons, diffusant les plates-formes de revendication locale et nationale comme la fermeture des quartiers d’isolement, la fin du mitard, du prétoire, le paiement des prisonniers au smic, les demandes de sortie plus rapide avec les conditionnelles et remises de peine. En 2000, Nadia participe au lancement de l’émission de radio l’Envolée (qui deviendra aussi un journal) qu’elle quitte en 2007, puis reprend quelques années plus tard, avec une émission mensuelle qu’elle anime avec Kyou, un ancien détenu.

À ceux qui se croient libres retrace le parcours d’un prisonnier social – parce qu’issu d’un milieu populaire - Thierry Chatbi. Son enfance permet aussi de comprendre l’origine sociale des prisonniers. On ne peut ignorer que la plupart des prisonniers viennent de quartiers pauvres et représentent le prolétariat ou le lumpenprolétariat rejeté du monde du travail ou assujetti au précariat, ce qui n’est pas sans interroger sur qui va en prison et pourquoi.

Lorsqu’une personne est enfermée jeune, elle se retrouve très vite dans un parcours carcéral. Dès ses 14 ans, Thierry est pris en charge par les institutions, de la maison de correction dès l’enfance aux centres pour jeunes détenus dans son adolescence (le CJD de Fleury) puis en maisons d’arrêt jusqu’aux centrales de haute sécurité. 25 ans de vie derrière les barreaux dont près de 13 ans dans les quartiers d’isolement dont Thierry Chatbi et d’autres n’ont cessé de dénoncer l’existence. Insoumis, il a participé activement aux mouvements qui ont secoué les prisons.

Quand Thierry Chatbi se suicide à sa sortie de prison, en 2007, c’est un vrai choc. Nadia a tenté, avec l’édition de ce livre qui lui est consacré, de comprendre et de témoigner de l’enfermement et de l’isolement (la fin de l’isolement était une des revendications centrales dans les années 1980) qu’a vécu Thierry Chatbi, comme d’autres détenus dans les années 1980. Le livre À ceux qui se croient libres est une critique de la prison, à travers le témoignage de Thierry Chatbi ou d’autres amis à lui, anciens détenus qui l’ont connu.

La réédition de 2015 permet aussi de faire de la prison une question politique, sociale et non pas une question d’individus, comme il est courant de l’entendre actuellement. C’est aussi important de transmettre la mémoire de cette lutte pour les nouvelles générations qui n’ont pas connu ces mobilisations.


Beau comme une prison qui brûle

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Le 16 avril 1988, la prison d’Ensisheim flambe. Kyou, ancien détenu et un des principaux acteurs de la révolte, en raconte la genèse. Tout comme Thierry Chatbi dont il était un ami, Kyou est entré très jeune dans un « parcours » carcéral. Comme il le dit lui-même, sa vie a été rythmée par des « petites incarcérations, puis la grande délinquance ». Braqueur multi-récidiviste, il a déjà 11 ans d’incarcération à 30 ans. Mais sans cesse, il cherche à s’évader. Il est vite considéré comme un détenu rebelle. À chaque mouvement en prison, considéré comme meneur, il se voit transférer de taule en taule.

Le 4 janvier 1988, Kyou arrive à la centrale d’Ensisheim, près de Mulhouse, après d’innombrables transferts pour rébellion, tentative d’évasion ou insoumission. Il tente une évasion qui rate (comme il le narre dans la première partie du livre). Mais du mitard où il est enfermé, renaît l’idée de repartir. Car, il ne voudrait manquer pour rien au monde de voir une prison péter. D’ailleurs, lors de la révolte du D4 à Fleury, il se trouvait au D2, il a donc rater cette belle occasion de voir une prison cramer. Idem quand il passe à St-Maur, il monte un mouvement, se fait virer alors que trois mois plus tard, la prison explose ! Autant dire qu’il est dèg, comme il le dit lui-même ! Bref, du mitard où il est enfermé et puisqu’ils ne peuvent pas partir : « on va destroye la taule », dit-il. Lorsque ses complices et lui sortent du mitard, leur énervement, visible, fait fuir les matons. Alors que la prison est normalement plutôt calme, le mouvement de révolte prend. La prison brûle pendant que lui mange des petits gâteaux au milieu de la cour. Au moment où les autorités veulent négocier, Kyou se paye le luxe de leur dire « qu’il prend le goûter ». Mais 24h plus tard, la répression a été très dure. Les mutins verront 4 ans ajoutés à leur peine.

Pour Kyou, la lutte n’est pas dans l’amélioration des conditions de détention. « Je ne suis pas dans des discours humanistes, ça ne sert à rien de ripoliner les murs de prisons, la prison est inutile et néfaste ». La prison est un laboratoire pour voir ce qui peut être pacifié et détruit.

La discussion qui suit la présentation des deux livres donne l’occasion de revenir sur le contexte politique des années 1980, la situation actuelle et sur la difficulté de se révolter pour celles et ceux qui sont dedans. Les années 1980 voit l’arrivée de la « gauche » au pouvoir, dans une période de chômage de plus en plus massif. À son actif, le PS prétend avoir l’abolition de la peine de mort et la fin des QHS. En réalité, il faut souligner le cynisme du PS, très fort dans la subversion des mots. Si la peine de mort est abolie, les peines incompressibles sont créées (en 1994) et ont pour conséquences d’allonger les peines de prison. Les QHS, eux sont remplacés par les QI et beaucoup de prisonniers peuvent témoigner qu’au final, cela revient au même.

La supposée volonté de mettre en place des peines alternatives, dans la loi Taubira, n’est que poudre aux yeux. En réalité, la loi Taubira n’a fait que poursuivre le travail de ces prédécesseurs en mettant en place des peines supplémentaires exécutées à l’extérieur ; la prison hors les murs. Le nombre de prisonniers est toujours plus élevé, les peines sont toujours plus nombreuses et plus longues (à la fin des années 1970, la perpétuité tournait autour de 18 ans. Aujourd’hui, les prisonniers restent enfermés 30 à 40 ans.). De plus en plus de personnes sont écrouées que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur. Les assignations à résidence font partie des contraintes pénales qui permet d’enfermer les gens chez eux.

Si dans les années 1970, on remettait en cause l’existence même de la prison, aujourd’hui, la prison est vue comme un simple outil de gestion de la misère. Dans les QHS géants qui sont construits, les prisonniers sont de plus en plus isolés. La vie à l’extérieur est tellement dure qu’on oublie de regarder la prison alors que c’est un baromètre intéressant pour savoir ce qui se passe dans nos vies. Non seulement les révoltes sont matées très vite, mais il devient facile de faire passer pour juste énervées ou folles des personnes qui se révoltent. La répression, au sein des prisons, est sidérante, avec l’utilisation de grenades de désencerclement, taser, flashball, en cas de mouvement et l’intervention des ERIS (ces milices encagoulées qui interviennent pour mater les détenus). Sur les derniers mouvements, les prisonniers qui ont jeté des bouteilles d’eau se sont vus ajouter des années de prison ferme.

Aujourd’hui, on voit se mettre en place un État autoritaire. À l’intérieur, comme à l’extérieur, on peut se faire gazer, réprimer, enfermer. Et aujourd’hui, on est enfermé dehors, comme en a témoignée une personne assignée à résidence, obligée de pointer plusieurs fois par jour au commissariat. Si dans les années 1980, les révoltes ont été possibles, c’est qu’une communauté d’intérêts s’est rencontrée. Aujourd’hui, c’est encore possible et à construire.

http://paris-luttes.info/a-ceux-qui-se- ... ibres-4910
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Re: Du quotidien carcéral à la révolte, histoires de luttes

Messagede Pïérô » 14 Mai 2016, 20:06

Mardi 17 mai 2016

lecture-discussion: femmes et luttes anti-carcérales

à 19h au CIRA Lausanne
Centre International de Recherches sur l'Anarchisme
CIRA, Avenue de Beaumont 24, CH-1012 Lausanne, Suisse

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http://www.cira.ch/General/actualites
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Re: Du quotidien carcéral à la révolte, histoires de luttes

Messagede Pïérô » 25 Juin 2016, 19:33

Un médecin au bagne chapitre 6

Le chapitre 6 du livre du Docteur Rousseau aborde logiquement le thème de l’évasion après l’analyse plus que critique des processus de normation faisant du bagnard un rouage interchangeable parce que périssable. Eradiquer toute velléité d’opposition, briser les énergies, le bagne est un monde violent et totalitaire qui n’offre aucune perspective de régénération. L’ogre carcéral se nourrit de l’infortune du condamné qui n’a d’autres alternatives pour s’y soustraire que de crever ou d’embrasser la chimérique Belle. 95% des évasions échouent, nous dit en 1930, Dieudonné, forçat anarchiste, ancien membre de la bande à Bonnot, lui-même évadé en 1926[1]. Pourtant, l’infime petit nombre de réussites suffisent à entretenir le mythe, à relever l’espoir du détenu prêt à braver une faune hostile, une végétation particulièrement inhospitalière, une mer houleuse et infestée de requins. Si Louis Rousseau insiste sur les obstacles qui mettent en échec le fuyard, ce n’est que pour mieux stigmatiser « de remarquables exemples d’énergie ». Loin de condamner l’acte, il donne de nombreux exemples d’évasion, utopie libératrice confinant à l’obsession. Les motivations de l’évadé répondent à la souffrance endurée et mettent en relief une espèce « d’instinct de conservation ». Mais, ici, pas de narration dramatique et prodigieuse, à la manière d’un Gaston Leroux ou d’un Henry Charrière[2]. Le médecin a choisi d’exposer un phénomène largement plus complexe qu’il n’y parait et qui fait « partie du système pénitentiaire ».

... http://www.atelierdecreationlibertaire. ... hapitre-6/
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Re: Du quotidien carcéral à la révolte, histoires de luttes

Messagede bipbip » 03 Nov 2016, 17:32

Le samedi 5 novembre 2016 à Alès (30)

"Milot l’incorrigible. Parcours carcéral d’un jeune insoumis à la Belle époque"

Après une présentation du livre "Milot l’incorrigible", le collectif l’Escapade reviendra sur l’histoire et les structures de l’enfermement des mineurs au 20ème siècle. Alors que le gouvernement vient d’annoncer la construction d’une trentaine de nouveaux établissements pénitentiaires (dont peut-être un sur Alès), nous interrogerons ensemble le rôle de la prison dans la société capitaliste.

Le samedi 5 novembre 19h à la Rétive 42, rue du faubourg d’Auvergne - Alès.

Milot alias Émile Delagrange est né en 1884 dans le XXe arrondissement de Paris et mort à vingt-six ans au bagne de Cayenne. Petit voleur des faubourgs ouvriers, il fut envoyé jeune en colonie pénitentiaire où son travail gratuit devait le racheter auprès de la société. Son parcours carcéral jusqu’à sa fin aux travaux forcés a laissé peu de traces dans les archives de l’histoire. Ce livre, fruit des recherches de son auteur et de ses interrogations partagées avec ses camarades, tente de restituer la vie de ce gamin. Se dessine alors un certain tableau de la "belle époque", de ses institutions carcérales, de son traitement judiciaire de la jeunesse, de sa gestion de la misère. Mais c’est aussi le temps des "apaches", l’histoire des révoltes des gamins enfermés et leurs cris de liberté.

Après une présentation de "Milot l’incorrigible", le collectif l’Escapade reviendra sur l’histoire et les structures de l’enfermement des mineurs au 20ème siècle. Alors que le gouvernement vient d’annoncer la construction d’une trentaine de nouveaux établissements pénitentiaires (dont peut-être un sur Alès), nous interrogerons ensemble le rôle de la prison dans la société capitaliste.

http://lepressoir-info.org/spip.php?article597
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Re: Du quotidien carcéral à la révolte, histoires de luttes

Messagede bipbip » 06 Déc 2016, 03:48

Angers jeudi 8 décembre 2016

Atelier lecture : Arpentage

Un arpentage du livre Milot l’incorrigible, parcours carcéral d’un jeune insoumis à la Belle Époque
(atelier de 2 à 3h à 15 personnes pour Lire et discuter d’un livre en peu de temps et collectivement)

20h, l'Etincelle, 26 rue Maillé, Angers.


Milot l'incorrigible
Parcours carcéral d’un jeune insoumis
à la Belle Époque

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Le livre :

Ces quelques pages retracent en partie la vie d’Émile Delagrange. Né en 1884 dans le XXe arrondissement de Paris, Émile décéda vingt-six ans plus tard au bagne de Cayenne. Durant sa courte vie, Émile, que beaucoup appelaient Milot, fut qualifié tour à tour de fiston, voleur, gavroche, prisonnier, évadé, aminche, apache, cambrioleur, déporté, forçat, assassiné…
Milot n’est ni un célèbre révolutionnaire ni un théoricien du soulèvement et encore moins un grand cambrioleur.
Milot n’est ni un héros ni un martyr, juste un petit gars des faubourgs parmi d’autres ; le fruit d’une époque et d’une zone, pétri des idées qui les traversaient, réfractaire à l’autorité, animé d’un désir de vivre et d’un refus de se soumettre.

Milot l’incorrigible est une biographie d’Émile Delagrange. Au fil des archives, on suit le parcours carcéral de ce gamin des faubourgs de Charonne. Cela nous permet de dresser un tableau du système carcéral de l’époque : petite roquette, colonie correctionnelle, maison centrale, et bagnes de Guyane. Mais également de suivre le parcours de cet apache, entre arrestations, révoltes, évasions, insoumissions… Le parcours de cet incorrigible parmi d’autres, nous renvoie sur les questions du traitement judiciaire de la jeunesse, de la prison, de la justice de classe et nous montre comment des anonymes ont porté avec courage et bravoure leur volonté de vivre libre.

http://www.niet-editions.fr/livre-milot.html
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Re: Du quotidien carcéral à la révolte, histoires de luttes

Messagede bipbip » 28 Mar 2017, 11:37

Rennes mercredi 29 mars 2017

Présentation et discussion autour du livre Milot l’incorrigible

à 20h, Bar le Panama 28 rue bigot de preameneu Rennes.

En suivant l’histoire d’un gars né dans les faubourgs parisiens à la fin du XIX, le collectif l’escapade décrit le parcours carcéral d’un de ces anonymes envoyés tour à tour en colonies correctionnelles, en prisons et qui finira dans les bagnes de Guyane. Épris de liberté et entouré de ses compagnons, Émile Delagrange, alias Milot, a cependant tenté de faire face aux flics, juges et autorités qui voulaient mettre au pas ces gamins des faubourgs.

La discussion proposera de revenir sur ce parcours et sur les échos que cette histoire trouve aujourd’hui dans le traitement judiciaire de la délinquance juvénile et les projets carcéraux actuels.

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https://expansive.info/Presentation-et- ... igible-377
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Re: Du quotidien carcéral à la révolte, histoires de luttes

Messagede bipbip » 30 Mar 2017, 13:41

ZAD Notre-Dame-des-Landes vendredi 31 mars 2017

Discussion sur le contrôle et la répressiondes "mineurs"

Soirée présentation du livre "Milot l'incorrigible - Parcours carcéral d'un jeune insoumi à la Belle Epoque"

à 20h30, ZAD de nddl, bibliothèque du TASLU - la rolandière

Image

Parcours carcérale d'un jeune insoumis à la "Belle-époque", paru en décembre dernier aux toutes jeunes éditions Niet ! Nous arrons l'occasion de discuter avec le collectif auteur, autout du traitement judiciaire de la jeunesse, de la prison, de la justice de classe et de la volonté de vivre libre.

A propos du livre : Ces quelques pages retracent en partie la vie d'Émile Delagrange. Né en 1884 dans le XXe arrondissement de Paris, Émile décéda vingt-six ans plus tard au bagne de Cayenne. Durant sa courte vie, Émile, que beaucoup appelaient Milot, fut qualifié tour à tour de fiston, voleur, gavroche, prisonnier, évadé, aminche, apache, cambrioleur, déporté, forçat, assassiné… Milot n'est ni un célèbre révolutionnaire ni un théoricien du soulèvement et encore moins un grand cambrioleur. Milot n'est ni un héros ni un martyr, juste un petit gars des faubourgs parmi d'autres ; le fruit d'une époque et d'une zone, pétri des idées qui les traversaient, réfractaire à l'autorité, animé d'un désir de vivre et d'un refus de se soumettre.

http://zad.nadir.org/spip.php?article4432
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Re: Du quotidien carcéral à la révolte, histoires de luttes

Messagede bipbip » 25 Mai 2017, 21:37

Instantané d'histoire

Léon Collin, un médecin aux bagnes

Quand les photos d’anonymes racontent l’histoire. Ce jeune médecin militaire est affecté en 1906 sur le bateau chargé de transporter deux fois par an les forçats de l'île de Ré vers la Guyane, puis séjourne longuement en Nouvelle-Calédonie. Ses photos plongent au coeur des bagnes coloniaux, terribles prisons françaises qui virent passer quelque cent mille hommes entre 1854 et 1938.

Ce jeune médecin militaire est affecté en 1906 sur le bateau chargé de transporter deux fois par an les forçats de l'île de Ré vers la Guyane, puis séjourne longuement en Nouvelle-Calédonie. Ses photos plongent au cœur des bagnes coloniaux, terribles prisons françaises qui virent passer quelque cent mille hommes entre 1854 et 1938.

... http://www.arte.tv/fr/videos/064502-018 ... d-histoire
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Re: Du quotidien carcéral à la révolte, histoires de luttes

Messagede bipbip » 31 Aoû 2017, 15:38

Sommaires du journal du CAP (1972-1980)

Journal publié de décembre 1972 à Février 1980 par le Comité d’Action des Prisonniers (CAP).

journaux à lire en ligne : http://archivesautonomies.org/spip.php?article116
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Re: Du quotidien carcéral à la révolte, histoires de luttes

Messagede bipbip » 16 Sep 2017, 17:02

"Sur les toits" (2014)

Trois ans après sa sortie, le réalisateur Nicolas Drolc vient de mettre en accès libre son film documentaire sur Internet.

Ce film retrace les mutineries des années 1971-1972 dans les prisons de Toul et Nancy. Ces émeutes de prisonniers vont poser pour la première fois les problème des conditions de détention, de la fonction de la prison et du système pénitentiaire français.

Que s’est-il passé dans les prisons françaises entre septembre 1971 et la fin de l’année 1972 ?

Pour la première fois les prisonniers déclenchent des révoltes collectives, prennent le contrôle de leurs prisons, occupent les toits et communiquent leurs revendications en s’adressant à la foule.

40 ans plus tard ce film dépoussière cette page méconnue de l’histoire des luttes sociales. Avec le témoignage de ceux qui ont vécu, déclenché, réprimé et défendu ces révoltes : Les mutins de la prison de Nancy, un ancien maton de la prison de Toul, le ténor du barreau Maître Henri Leclerc, le sociologue et co-fondateur du Groupe Information Prison Daniel Defert, et l’ancien détenu, écrivain et militant anarchiste Serge Livrozet.



https://paris-luttes.info/video-sur-les-toits-2014-8635
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Re: Du quotidien carcéral à la révolte, histoires de luttes

Messagede bipbip » 07 Oct 2017, 13:05

Grenoble lundi 9 octobre 2017

Discussion autour du livre "Milot l’incorrigible"

Ce n’est pas une grande nouveauté d’encager les jeunes des "classes dangereuses". Il y a un siècle, "Milot" avait déjà fait les frais de la politique carcérale de l’Etat français. Qu’est-ce qui a changé depuis ?

Pour parler prison, justice de classe et gestion répressive de la jeunesse, retrouvons-nous le lundi 9 octobre 2017, à 19h, au Local Autogéré, 7 rue Pierre Dupont à Grenoble, autour du livre
"Milot l’incorrigible. Parcours carcéral d’un jeune insoumis à la Belle Epoque"

avec des membres du collectif "l’escapade", auteur du livre.
https://nieteditions.wordpress.com/2017 ... orrigible/

« Ces quelques pages retracent en partie la vie d’Émile Delagrange. Né en 1884 dans le xxe arrondissement de Paris, il décéda vingt-six ans plus tard au bagne de Cayenne. Durant sa courte vie, Émile, que beaucoup appelaient Milot, fut qualifié tour à tour de fiston, voleur, gavroche, prisonnier, évadé, aminche, apache, cambrioleur, déporté, forçat, assassiné ... Milot n’est ni un célèbre révolutionnaire ni un théoricien du soulèvement et encore moins un grand cambrioleur. Milot n’est ni un héros ni un martyr, juste un petit gars des faubourgs parmi d’autres ; le fruit d’une époque et d’une zone, pétri des idées qui les traversaient, réfractaire à l’autorité, animé d’un désir de vivre et d’un refus de se soumettre. »

Milot l’incorrigible est une biographie d’Émile Delagrange. Au fil des archives, on suit le parcours carcéral de ce gamin de Charonne. Cela nous permet de dresser un tableau du système carcéral de l’époque : Petite Roquette, colonie correctionnelle, maison centrale, et bagnes de Guyane. Mais également de suivre le parcours de cet apache, entre arres- tations, révoltes, évasions, insoumissions... qui nous renvoie aux ques- tions du traitement judiciaire de la jeunesse, de la prison, de la justice de classe et nous montre comment des anonymes, oubliés de l’Histoire, ont porté avec courage et bravoure leur volonté de vivre libre.

Niet ! éditions : "Créée début 2016, notre structure éditoriale est basée sur une organisation collective, à but non lucratif mais avec deux objectifs clairs : proposer une diffusion large des idées et pratiques anti-autoritaires ; développer un outil collectif en lien avec les luttes dans la rue."

https://grenoble.indymedia.org/2017-10- ... re-Milot-l
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Re: Du quotidien carcéral à la révolte, histoires de luttes

Messagede bipbip » 11 Oct 2017, 16:37

Premier semestre 1915 aux îles du Salut : luttes

Un semestre de luttes ? Les sept lettres que le matricule 34777 envoie à sa mère entre le 14 janvier et le 28 juin 1915 sont marquées du sceau de la réaction et c’est un combat qu’il engage d’abord contre lui-même. Insatiable lecteur, ses goûts au sortir de la réclusion semblent s’affiner. Les demandes de livres se multiplient comme s’il recherchait dans la lecture une réponse à la crise de dépression qui l’étreint depuis 1913. Lire Nietzsche notamment et survivre au bagne ? Jacob conçoit sa résistance morale avec « ce professeur d’énergie » ; il se persuade ainsi qu’il n’y a pas de douleur mais une idée de la douleur. Jacob reprend donc à son compte les principes du philosophe allemand et pense comme lui, le 19 avril, que « ce qui ne tue pas rend fort ». Le 28 juin, il qualifie même « le chantre de Zarathoustra » de « divin éducateur ». Prisant les concepts nietzschéens, Alexandre Jacob retrouve peu à peu une vigueur d’esprit. Il développe même toute une philosophie de la résistance basée sur l’action et le refus de l’introspection, du repli sur soi.

Il espère bien en somme fausser compagnie à ses geôliers. C’est pourquoi le courrier codé nous parait ici particulièrement instructif et révélateur. D’une manière épisodique, Roger, une « fripouille » que l’on retrouve transformé à l’aide du verlan en Géraud, Gerrod ou Gerro, est mentionné cinq fois au cours de ce premier trimestre 1915. Il s’agit fort probablement d’un intermédiaire ayant gardé pour lui du matériel envoyé pour les besoins d’une évasion. Si l’on en croit le courrier du bagnard, les pressions exercées à son encontre n’aboutissent pas mais permettent d’éviter une probable délation[1].

L’affaire tombe donc à plat mais Jacob ne baisse pas les bras pour autant tout en se reprochant son manque de clairvoyance. Marie Jacob, dont la santé le préoccupe, parait toujours aussi active pour son rejeton enfermé en Guyane. Ainsi ce dernier fait-il mention pour la 1e fois dans sa correspondance de Me André Aron, époux de l’artiste Romanitza, pour le compte de laquelle la mère du forçat travaille comme couturière. Avoir un avocat dans sa poche peut s’avérer fort utile. Nous pouvons aussi nous interroger sur les raisons du voyage de Marie Jacob à Marseille. Faut-il croire le bagnard qui suggère une visite familiale alors que nous pouvons aussi y voir une recherche de réseau de soutien ou encore une volonté de s’éloigner de la capitale plus proche du front que la cité phocéenne.

Prévu rapide, le conflit européen s’enlise dans les tranchées et se mondialise. Cela affecte le réseau de relation des Jacob. Plus de nouvelles d’Hélène ni de Jacques. Un décès dans la famille de Bonne Voisine. Le poilu n’ira pas décrocher les lauriers de la victoire à Berlin. « Julien » va-t-il aller au feu ? Julien ? Jacob lui-même. Dans la lointaine Guyane, certains bagnards imaginent pouvoir gagner leur régénération et leur liberté en boutant, germanophobie oblige, la sale race tudesque hors de la très française Alsace. Mais le matricule 34777 réfute la rumeur d’un envoi au front des condamnés aux travaux forcés Barrabas ne passera pas par la Lorraine.


14 janvier 1915
Îles du Salut


Ma chère maman,

Comme je conçois que, sans regretter positivement ton déplacement, tu préfères cependant Paris à Marseille. Certes, à égalité de situation sociale, les bipèdes de la capitale ne le cèdent en rien à ceux de la province. C’est pourtant la même mentalité. La différence se trouve ailleurs. Ainsi, à Paris, tu ne fréquentais que des gens cultivés alors qu’à Marseille tu t’es heurtée à des crânes bourrés de sottises et de superstitions. Tes cousines et tutti quanti sont ce qu’elles peuvent être. Tous les oiseaux ne sont pas des aigles, que diable. Sois supérieure [à toutes] ces mesquineries. N’empoisonne pas ta vie en accordant une valeur à des baves et des venins vomis par de si méprisables bouches. Le blâme aussi bien que la louange doivent nous laisser indifférents. Hors de nous, rien n’est vrai, rien n’est bien, rien n’est mal. Quand nous donnons aux choses des couleurs, c’est nous qui sommes les coloristes. Les choses ne valent et n’existent que par le cerveau qui les conçoit. C’est pourquoi toutes les métaphysiques ne sont que des billevesées, comme toutes les religions qui calomnient la vie ne sont que des duperies. Donc, pourquoi t’enliser en ces querelles de famille ? Que le Démiurge les bénisse et que leurs maîtres soient contents d’eux, c’est tout ce qu’il leur faut souhaiter.

Puisque tu y es, visite, promène, divertis-toi. Durant ces dix dernières années, les édiles ont tellement modernisé la vieille Phocée que la nouveauté ne te manquera pas. Puis, ma foi, si la nostalgie te pèse, plie bagages et dare-dare retourne à Paris. Bien sûr, il y a les taubes[2] *. Mais ne vaut-il pas mille fois mieux mourir dans les dangers que de s’éteindre lamentablement dans le dégoût ? Je t’ai dit : va à Marseille, à un moment où le côté oriental de la guerre n’était pas aussi bien caractérisé qu’aujourd’hui. Présentement, l’invasion allemande paraît bien compromise et, en tout cas, Paris est hors de danger.

Non. Pour moi, pas de démarches. Je les ferai moi-même, s’il y a lieu.

À propos. Ne trouves-tu pas énormément étonnant que ton frère ait manifesté le désir de te revoir ? N’y aurait-il pas, derrière cette intention, quelque intérêt de caché ? Magdeleine morte, il voudrait peut-être régler une question de succession. N’aie crainte, s’il tient réellement à te voir, il saura bien te trouver. Aussi bien, par système, il ne faut pas s’en tenir à un parti pris. Instruit, intelligent, il est possible que l’horizon de ses idées se soit élargi et qu’il ne veuille te revoir que par pure amitié.

Quant à la dernière demande que Lucien a adressée à Lise, ma foi, tu sais, je ne sais trop que te dire. En un sens, je t’engagerais bien de lui conseiller d’y donner suite ; mais, à la réflexion, c’est tellement douteux, si délicat que je crois bien faire en te disant de lui dire qu’elle la tienne pour non avenue. Après tout, rien ne presse. Plus tard, s’il y a nécessité, il sera toujours temps de la satisfaire. Suppose que son frère tombe au feu et, à la guerre, c’est là chose fort possible : c’est le contraire qui doit surprendre, vois un peu dans la triste situation où se trouverait Lise[3]. Et puis enfin, ce Gerro, que j’ai fort peu connu, ne me paraît pas sérieux, autant qu’il m’en souvienne. Alors, tu comprends, je ne veux pas prendre la responsabilité de ce conseil.

J’ai reçu les trois colis du dernier courrier. Bien celui-ci. À présent, ne m’adresse plus rien, ni livres, ni linge : ce serait confisqué. Avant de quitter Marseille, ne manque pas de présenter mes sincères amitiés au cousin Alexis. Il a toujours donné pour nous la marque de sa valeur : c’est un noble cœur. Et, vraiment, il est très regrettable qu’il soit contraint de vivre dans un tel entourage. Je comprends. Ça ne doit pas être gai pour lui, à son âge surtout.

Au hasard de la promenade, si tu as l’occasion de rencontrer Brun, Édouard, Palma, Marestan, serre-leur la main de ma part. Il est vrai qu’ils peuvent se trouver au feu ou en terre.

Amitié sincère aussi à tante de Paris, à ta bonne voisine, à tes voisins d’Amiens, sans oublier les personnes dont tu es l’hôte. Ton affectionné,

Alexandre


7 février 1915
Îles du Salut


Ma chère maman,

Je n’ai pas encore reçu tes lettres, et lorsque je les recevrai, le courrier sera reparti. D’ailleurs, à présent, il ne me sera plus possible de répondre à tes lettres, du moins courrier par courrier, les missives devant être données quatre jours avant le départ du steamer. Ceci t’expliquera mon laconisme…

J’espère que tante t’aura donné des nouvelles de Julien. Ah oui, un non : « Qu’esaco ! » a dû penser Lisa[4]. Santé satisfaisante. Ton affectionné,

Alexandre


5 février 1915
Îles du Salut


Ma chère maman,

J’espère que, à cette minute, tu auras quitté Marseille et oublié les rancœurs que ton âme trop franche ne sait pas dédaigner. Encore un coup, je me demande un peu pourquoi tu vas piquer du front contre de tels préjugés. Eh, laisse-les donc à leurs mesquineries ces pauvres gens à l’esprit plus indigent encore. Va de l’avant, à une bonne allure, en pleine confiance, grand large, indifférente à tout ce qui n’est pas ton but, ta joie, ton bonheur. À quoi bon l’amertume, le mécontentement sinon à empoisonner notre existence ? En avons-nous assez distillé, l’un et l’autre, du pessimisme. Broyer du noir, c’est ce que, comme toi, j’ai souvent fait. Comme résultat, c’est plutôt pitoyable : il s’en est fallu de si peu que je sombrasse sur cet écueil. Je l’ai surmonté. Fais de même. D’ailleurs, à Paris, rebaignée en des eaux plus profondes, plus claires, tu ne tarderas pas, j’espère, à te nettoyer le cœur de toutes ces basses et provinciales sottises. Il me tarde de te savoir un peu plus satisfaite de tes relations amicales et reposée de tous ces petits ennuis. À te dire vrai, ce sont là des choses que j’avais prévues, mais que je ne croyais pas que tu prendrais au sérieux. Et puis je pensais que ce déplacement t’offrirait quelques distractions, sans parler de la satisfaction nostalgique qui, peut-être était très atténuée chez toi, car, à part le souvenir des disparus, après douze ans de séjour à Paris, les choses et les êtres ne durent que médiocrement t’intéresser. Je fais exception, cela va de soi, du cousin Alexis. Somme toute, malgré tes déceptions, ou, pour mieux dire, à cause même de ces déceptions, ce voyage t’aura été salutaire. Il est bon, de temps à autre, de nous frotter à nos antipodes. Cela nous fait voir clair, nous dérouille.

Une chose m’inquiète. Ainsi, ton temporaire changement de résidence n’aura-t-il pas préjudicié à l’allocation de ta pension. Par ces temps agités, tu sais, les règles, en matière de finance, sont plus ou moins observées, plutôt moins. Quoi qu’en disent les papiers publics, qui, après tout, ne relatent que ce qui doit être cru, cette guerre n’est pas près d’être terminée. Pour cette année, passe encore ; mais l’an prochain et les suivants, il faut s’attendre à une excessive cherté des vivres, donc, à une grande misère. Comment vas-tu te débrouiller dans cette crise ? Certes, tu comptes et tu peux compter sur Julien. C’est un brave cœur dont le secours ne te fera jamais défaut. Mais, comme tu me l’as annoncé en ta dernière, devant aller au feu sous peu (peut-être y est-il déjà) s’il est dans les choses possibles qu’il puisse en revenir, il ne l’est pas moins qu’il y peut rester. Toute question de métaphysique sociale à part, je ne blâme pas sa décision. Au contraire. Malgré qu’il ait charge d’âmes, et même en raison de cela, il a fort bien fait de s’engager. Vigoureux, robuste, courageux, très combatif, qui voudrais-tu qui allasse au front, si, à l’instar des culs-de-jatte et des poltrons qui paisiblement se résignent, il faisait comme eux ? Cela, bien entendu, ne m’empêche pas de concevoir tes craintes, que je partage, d’ailleurs, mais sans toutefois les exagérer. Il faut avoir le dédain de la mort et, comme Sénèque, se dire : « Si je voyais le monde embrasé d’un incendie universel, je songerais que, dans cette ruine immense, je n’ai rien à perdre. » C’est te dire que, quoi que la fatalité de la guerre réserve à Julien, il ne faut pas te désespérer. Lui mort, s’il meurt, et ce n’est là qu’une présomption, je te resterai toujours. Mais, laissons là ces conjectures réalistes, mais tristes. Parlons un peu du présent, d’un tout récent passé pour mieux dire. D’après ce que tu m’as appris il y a deux ou trois mois, confiant en Gérod, Julien l’avait recommandé à Élisa. Dès que je sus la chose, je m’empressai de te conseiller de lui dire d’être très réservée, de ne pas donner suite à la demande de Julien. Tu as dû le voir, les événements ont confirmé mes soupçons. C’est un fourbe qu’il ne faut pas ménager dans le cas où, averties trop tard, il vous aurait trompées[5]. Du reste, je compte recevoir de toi, très prochainement, de plus fraîches nouvelles au sujet de cette affaire. Et, selon le cas, je vous conseillerai. Santé satisfaisante. Même régime disciplinaire.

Amitié sincère à tante, à ta bonne voisine, aux camarades. Ton très affectionné,

Alexandre


12 avril 1915
Îles du Salut


Ma chère maman,

Je n’ajouterai pas à ta peine par des commentaires, oiseux d’ailleurs. Avertie à temps, puisque, aussi bien, ta lettre du 15 février m’en informait, tu aurais dû t’abstenir. Que faire ? Je ne vois pas de remède pratique. Une action en justice ? À quoi bon ! La sauce coûterait plus cher que le fricot. Que nous importe la coquille de l’huître ! De son bord, Julien a fait le nécessaire ; mais, perfide, l’autre s’est blotti en un silence prudent et caractéristique. Tu dois voir par-là que son méfait n’a pas résulté des circonstances de son déplacement, mais qu’il était prémédité. La pression tentée par Julien le fera-t-il restituer ? J’en doute. Lise peut essayer une démarche épistolaire, de caractère plus conciliante qu’impérative auprès de sa mère qui habite Poitiers. Dans le cas où, comme moi, tu ne te souviendrais plus de son adresse, vous pouvez aisément vous la procurer en écrivant au maire de la ville. D’ailleurs, si, comme je l’espère, Me André Aron n’est pas au front, tu ferais bien de le consulter. Ses conseils te seront précieux. En les circonstances actuelles, ce vol de mobilier est un vrai désastre tant pour Julien que pour Lise. Je ne me le dissimule pas. Je conçois leurs tourments à tous deux et ma peine est d’autant plus vive que je ne puis rien pour eux. Cependant, malgré cette succession presque ininterrompue de circonstances défavorables, en dépit de cet acharnement de la fatalité dans le malheur, il convient de réagir contre la dépression nerveuse que de tels coups déterminent presque toujours ; il faut réparer si l’on peut, et si ce n’est pas possible, oublier. Dans la vie, il faut digérer tous les événements, les bons et les mauvais. C’est le seul moyen de vaincre. C’est te dire de remonter la machine psychique de Lise, en lui démontrant l’inutilité des si et des mais[6].

Par la photo-vignette que tu m’as adressée, je vois, je crois voir que tu te portes assez bien. Fais en sorte que cela continue très longtemps.

Amitié sincère à tante, à ta bonne voisine et aux camarades.

Ton affectionné,

Alexandre


19 avril 1915
Îles du Salut


Ma chère maman,

Comme tes nouvelles sont attristantes ! Bien que cette affection ne soit pas très grave, elle est cependant, à ton âge, incurable. Avec le port d’une ceinture abdominale spéciale et un régime particulier, on peut la supporter et vivre de longues années. Il te faudrait essayer de l’Urodonal, de l’eau de Vals : ça te soulagerait. Mais surtout, à aucun prix, pas d’intervention sanglante. Ne consens jamais à subir une opération chirurgicale ; c’est très dangereux et absolument inutile. Soigne-toi bien, n’épargne aucun moyen médical d’amélioration et accepte gaiement, sans mécontentement inutile, ce qui est l’inéluctable. N’oublie pas que dans tout dérangement physiologique, le sujet aggrave surtout le trouble par l’idée qu’il s’en fait. Car, au fond, il n’y a pas de douleur en soi. La douleur est un jugement et non un fait. C’est un phénomène purement cérébral. Dans ton cas, ce n’est pas le déplacement du rein qui te fait souffrir ; c’est le long ébranlement, la répercussion de ce déplacement qui, transmis dans le foyer cérébral du système nerveux, y éveille la peur, la notion du mal et détermine la douleur. Ne t’est-il jamais arrivé, en cousant, de jeter un cri de surprise craignant d’être piquée par l’aiguille et de sentir un frisson douloureux, cependant que l’aiguille ne t’avait pas blessée ? Et, pour citer un cas contraire, il a dû t’arriver bien des fois d’être réellement blessée par l’aiguille et de ne rien sentir parce que distraite par une forte pensée. Je t’explique ça afin que tu ne deviennes pas prisonnière de ton mal, que tu en restes maîtresse, en le traitant en « ami » et non comme une chose que l’on maudit tous les jours. À quoi bon maudire, gémir ! C’est aussi naïf que de prier. Avec de telles idées, on supporte bien des malheurs, on est bien fort. Et, tu sais, ma bien bonne, nous avons besoin d’être forts.

Je ne sais si cette fripouille de Roger a restitué sous la pression menaçante de Julien ; mais j’en doute car, si cette démarche avait pu avoir quelque effet, la crainte des conséquences aurait suffi à le faire agir honnêtement. Donc, s’il a agi en coquin, c’est pour aller jusqu’au bout et malgré tout. Qui ne dit pas que, somme toute, ce fut de sa part un lâche calcul pour ne pas aller au feu. J’en suis fort peiné pour toi, pour Lise. Avec les événements actuels, ce n’est pas cela qui arrangera les choses. Malgré l’optimisme des papiers publics, il faut s’attendre à bien des calamités dont la cherté de la vie ne sera pas la moindre. Aussi bien je me demande comment Lise remédiera à cette brèche. Que va-t-elle devenir ? Vraiment, cela n’est pas gai du tout. Quant à Julien, ma foi, il se débrouillera toujours. Ne soyons pas en peine pour lui[7].

Toujours point de nouvelles d’Hélène. Mais son long silence, que je crois motivé par les conséquences de la guerre, ne me surprend pas. Beaucoup de steamers sont coulés et, de plus, les frontières tripolitaines sont fort agitées. Est-elle seulement encore en Afrique ? Il est à craindre que son bonheur n’ait été de courte durée. Regrets sincères car c’est une bien bonne camarade. Sensitive, très chrétienne malgré son anarchisme et même à cause de cela, la tragédie européenne a dû beaucoup l’impressionner. Il est vrai que, au point de vue du mouvement général des tendances et des idées, nous assistons à bien des surprises. Exemple : [illisible]. Cela résulte de ce que par la seule force de l’éducation, on ne brise pas avec la tradition (sous forme d’hérédité) ; et, depuis plus de vingt siècles, l’Européen vit imprégné jusqu’à la moelle d’antipaganisme. Au fond, tous ces drapeaux polychromes des partis désignaient plutôt des tempéraments que des idées, je veux dire que les idées, les mots de parade n’étaient que l’aliment des tempéraments. Et, tout comme il y a un siècle, devant la menace d’une nouvelle hégémonie, c’est une formidable levée en masse contre le César : le Code et la Bible contre le Sabre. Après la victoire deux fois millénaire de la Judée contre Rome, après celle plus récente de l’Europe contre Napoléon, c’est, encore un coup, bien que sous des formes et des noms nouveaux, l’idéal du Nazaréen qui triomphe. Que sortira-t-il de tout cela ? …

De nouveau, nous sommes autorisés à recevoir des livres, des journaux, des revues d’un caractère moral et patriotique. Tout autre objet demeure interdit rigoureusement. Si toutefois tu n’es pas alitée par suite de ton mal, que tu puisses faire une course, tu te procureras et m’enverras les ouvrages ci-après désignés : Lettres de France et d’Italie, par P.-L. Courier ; Pensées et Maximes, de La Rochefoucauld ; Traité de l’esprit, par Helvétius ; Essais, de Montaigne ; OEuvres de Chamfort. Tous ces ouvrages sont édités par la Bibliothèque nationale et vendus [0,25] franc le volume. À l’occasion, tu y ajouteras : Les Surhumains, par Emerson, et L’Athéisme, par Le Dantec.

Toujours le même régime disciplinaire, ce qui ne veut pas dire que je m’en trouve mal. Ce qui est un mal pour les natures faibles est, au contraire, un bien pour les natures fortes. Comme dit l’autre : ce qui ne tue pas rend plus fort. Et, en fait de tonique moral, rien ne vaut l’isolement. Ma santé se maintient bonne.

Amitié sincère à tante, à ta bonne voisine et aux camarades.

Ton affectionné,

Alexandre


24 mai 1915
Îles du Salut


Ma chère maman,

Tu dois bien penser que je n’y suis pour rien en ce retard. Remises en temps normal, mes lettres sont expédiées… quand on le juge à propos. Et puis, il est possible aussi que ce retard soit motivé par la perturbation du service postal résultant des événements actuels. Le certain, c’est que je t’ai écrit à chaque courrier. C’est bien fâcheux car, tu le devines, j’en subis le contrecoup. Ainsi, encore que je ne conserve aucun espoir solide au sujet du caractère frauduleux des agissements de Roger, il me tarde cependant d’en avoir la certitude. Aurait-il restitué ? C’est vaguement probable !

Bien sûr que je m’en souviens du neveu de M. Orsini. On le nomme, dans les eaux où il navigue présentement, Bagachou. Ce n’est pas un aigle. À défaut d’un nom d’oiseau, on peut cependant lui en donner un de poisson, très estimé d’ailleurs, à la maître d’hôtel. Vu à travers le prisme de nos idées, il n’est pas intéressant. J’aime mieux l’oncle. Un type celui-là. Je vois qu’il n’a pas très bien réussi dans la vie. Bah ! c’est un jeu de balance : d’un côté, de l’autre, en bas, en haut. Le hic, c’est lorsque le total des baisses l’emporte sur celui des hausses. Ça me paraît être son cas. Et avec ça, une famille ! Vrai, avec lui, Malthus a prêché dans le désert. Alors, c’est son fils, un de ses fils qui vient de partir au front. Sans doute, j’ai pu le connaître ; mais bien jeune, la mamelle ou peu s’en faut. Compte. J’ai quitté le pilotage fin 1896, donc le quartier Saint-Jean. Or, si son fils a aujourd’hui 18 ans, tu dois concevoir le vague de mon souvenir. Je lui souhaite de pouvoir tuer beaucoup d’ennemis et d’éviter qu’on lui rende la pareille. C’est tout l’art de la guerre, de toutes les guerres[8].

C’est surprenant, ça, ma bien bonne, comme tu aimes à boire le vin de l’illusion, du rêve. Mais quel est donc le farceur qui t’a glissé cette énormité : l’envoi des forçats au front ? Je t’ai déjà dit, la première fois que tu m’as parlé de cette balançoire, que les transportés ne sont pas mobilisables. Ce n’est pas ici affaire de sentiment, mais de logique. Qu’est-ce que le criminel ? Un barbare de l’intérieur, donc un ennemi prisonnier de guerre sociale. Et tu voudrais?… Non, enfin, réfléchis un peu. À la réflexion, peut-être a-t-on voulu te parler des transportés libérés non astreints à la résidence, lesquels, il est vrai, peuvent être incorporés dans un régiment d’exclus. Mais ce n’est pas mon cas. Distinguo !

Et ta santé ? J’espère que, sinon guérie, il y ait, du moins, amélioration. Surtout point de tracas, d’ennuis, de chagrin. C’est assez trop même du mal physique sans y ajouter des douleurs morales. Malgré tout et contre tous, il faut se dresser, énergique et fier ; si on tombe, se redresser, rebondir. Et ainsi jusqu’au grand soir. De moi, je ne te dirai rien. À quoi bon?…

Amitié sincère à tante, à ta bonne voisine et à toi, ma bien bonne, mes plus affectueuses caresses. Ton affectionné,

Alexandre


vue aérienne des îles du Salut 28 juin 1915
Îles du Salut


Ma chère maman,

Elles m’ont bien fait plaisir, tes deux dernières lettres. Ainsi, je craignais que sous le coup de cet accident tu te laissasses abattre par le chagrin et empoigner par le ressentiment. Tu le vois, c’est exactement ce que tu supposais chez moi-même. N’aie aucune crainte à cet égard, ma bien bonne. J’ai passé l’âge où l’on court après le moineau pendant que l’aigle s’envole. Il y a beau temps que mon divin éducateur, le chantre de Zarathoustra, m’a débarrassé de ces deux ferments nocifs : le ressentiment et la rancune. Il faut voir les conflits de la vie d’un oeil pratique, très positif et non à travers le prisme mensonger des phrases creuses. Dans cette affaire, c’était à Julia à montrer plus de discernement ; c’était à Élisa à tenir compte de l’avertissement. Il n’y a là ni faute ni coupable. On dit souvent « j’ai été trompé », alors que dans tout projet, sauf en ce qui concerne les contingences, c’est « je me suis trompé » qu’il faut dire. D’ailleurs, tu as eu le mot qu’il convient : Amen! N’y pensons plus, je veux dire pour en tirer vengeance (ce serait ficher des coups de poing sur une pelote constellée de pointes d’aiguilles), mais il faut y penser toujours, au contraire, pour profiter de l’enseignement. Cela purifie la raison, cela fortifie[9].

Je prends part à la perte très douloureuse, bien que naturelle, que vient d’éprouver ta bonne voisine en la personne de son cher époux. Mes sincères condoléances.

Je ne sais si tu auras pu m’adresser les quelques ouvrages de lecture que je t’ai demandés.

En raison des événements présents, je ne me dissimule pas les difficultés pour te les procurer, car le commerce du livre doit être fort perturbé. Ne te tracasse pas pour si peu.

Je peux m’en passer, et, même à l’avenir, ne m’envoie plus rien.

S’il est bien vrai que tu te portes bien, comme tu me l’assures, j’en suis bien content. En face de la tragédie qui se joue en Europe, et même ailleurs, avoir une santé passable, c’est le plus précieux de tous les biens. Pour ma part, encore que je ne sois pas malade, je ne sens cependant plus en moi la sève qui monte et dont la poussée continuelle détermine une lueur d’espoir même dans les situations les plus pénibles. Temporiser, reculer la réaction, c’est le fait d’une nature vigoureuse. Et je suis bien épuisé… Étincelle, quand surgiras-tu !

Le courrier ne doit arriver que demain ; c’est te dire que je n’ai pas encore reçu tes chères nouvelles. Il me tarde afin de connaître le dernier mot de l’affaire Géraud.

As-tu des nouvelles de Jacques ?

Amitiés sincères à tante, à nos amis d’Amiens, et à toi, ma bien bonne, toute mon affection,

Alexandre


[1] Jacob Alexandre, « Ecrits », volume II, p.20, lettre du 5 février 1915 :

« C’est un fourbe qu’il ne faut pas ménager dans le cas où, averties trop tard, il vous aurait trompées ».

[2] De l’allemand Taube, « pigeon », monoplan allemand en forme d’oiseau, utilisé au début de la Première Guerre mondiale.

[3] Jacob parle ici d’une demande qu’il a faite auprès de l’administration pénitentiaire : peut-être les premières suggestions d’un possible envoi sur le front, pour lui ou un autre forçat.

[4] Jacob demande à sa mère si elle a bien reçu une lettre clandestine et annonce le refus de l’administration pénitentiaire à la demande qu’il évoquait dans la lettre précédente.

[5] Dans ce long développement codé, Jacob rappelle les dangers de la tentative d’évasion prévue mais évoque sa méfiance vis-à-vis du forçat assigné à Saint-Laurent à qui Mme Jacob devait envoyer du matériel pour cette tentative.

[6] Lettre entièrement codée. Jacob semble essayer de récupérer le matériel conservé par Roger, sans éveiller les soupçons de l’administration pénitentiaire.

[7] Évocation d’une possibilité de délation de Roger auprès de l’administration pénitentiaire.

[8] Allusion à la jeunesse de Jacob, lorsqu’il était marin et qu’il habitait Marseille.

[9] Certainement la leçon de l’échec de l’affaire du matériel non reçu ; la faute, dit-il, en incombe à son manque de prévision et à sa confiance trop hâtive.


http://www.atelierdecreationlibertaire. ... ut-luttes/
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Re: Du quotidien carcéral à la révolte, histoires de luttes

Messagede bipbip » 23 Nov 2017, 16:46

Rezé (44) Jeudi 23 novembre 2017

"Sur les toits" de Nicolas Drolc

à 20h au Canon à Pat’

Pour cette nouvelle séance, le collectif du Canon ad hoc propose la diffusion du documentaire réalisé par Nicolas Drolc. Sorti en 2014, produit et diffusé par la coopérative audiovisuelle les Mutins de Pangée, "Sur les toits" revient sur les révoltes de prisonniers de plusieurs prisons françaises, au début des années 70, "en réponse au traitement inhumain que leur fait subir l’administration pénitentiaire."

Donnant largement la parole aux acteurs ayant vécu ces évènements peut-être méconnus ou oubliés aujourd’hui, ce documentaire nous rappelle que " malgré la répression musclée orchestrée par le gouvernement et le discours de la grande presse qui décrédibilise systématiquement les révoltes, le tour de force des prisonniers n’est pas vain." Puisque des intellectuels de renom prendront fait et cause pour eux. De fait, "les mutineries des années 71/72 vont poser pour la première fois les problèmes des conditions de détention, de la fonction de la prison et du système pénitentiaire français."

A l’issue de la diffusion, autour de témoignages, un débat sera organisé autour du thème de l’univers carcéral qui demeure aujourd’hui "au cœur d’une actualité toujours brûlante."

Entrée libre et gratuite.

http://zad.nadir.org/spip.php?article4878
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Re: Du quotidien carcéral à la révolte, histoires de luttes

Messagede Pïérô » 19 Déc 2017, 21:59

Projection de Sur les toits
de Nicolas Drolc (2014 - 95 minutes)

Lilles, mercredi 20 décembre 2017
à 19h, Centre Culturel Libertaire (CCL), 4 rue de Colmar

Image

Que s'est-il passé dans les prisons françaises entre septembre 1971 et la fin de l'année 1972 ?
Pour la première fois les prisonniers déclenchent des révoltes collectives, prennent le contrôle de leurs prisons, occupent les toits et communiquent leurs revendications en s'adressant à la foule.
40 ans plus tard ce film dépoussière cette page méconnue de l'histoire des luttes sociales. Avec le témoignage de ceux qui ont vécu, déclenché, réprimé et défendu ces révoltes : Les mutins de la prison de Nancy, un ancien maton de la prison de Toul, le ténor du barreau Maître Henri Leclerc, le sociologue et co-fondateur du Groupe Information Prison Daniel Defert, et l'ancien détenu, écrivain et militant anarchiste Serge Livrozet.

[Prix libre]

https://lille.cybertaria.org/spip.php?article3695
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Re: Du quotidien carcéral à la révolte, histoires de luttes

Messagede bipbip » 13 Sep 2018, 22:06

La grève des prisonniers aux États-Unis

Depuis le 21 août dernier, les détenus des États-Unis sont appelés à la grève par plusieurs de leurs organisations. Une telle mobilisation n’est pas inédite ; une mise en perspective socio-historique illustre les contradictions du système carcéral et de l’action collective.

u 21 août au 9 septembre 2018, les prisonniers états-uniens sont appelés à une grève nationale à travers divers moyens d’action, comme des arrêts de travail, des sit-in ou des grèves de la faim notamment. Le choix de ces deux dates n’est pas anodin : le 21 août commémore l’assassinat en prison en 1971 de George Jackson, figure importante du Black Panther Party, et le 9 septembre fait référence à un autre événement de l’année 1971 qui a marqué l’histoire des mouvements de prisonniers et des Africains-américains : la mutinerie et le massacre d’Attica.

... http://www.laviedesidees.fr/La-greve-de ... -Unis.html
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