Espagne sous le franquisme 1936-1975

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Messagede Béatrice » 31 Jan 2012, 17:32

Le juge Balthasar GARZON poursuivi pour " prévarication "

Le juge espagnol Balthasar GARZON est accusé et poursuivi en justice par deux associations d'extrême-droite , sans doute nostalgiques du bon vieux temps de "Franco la Muerte !"
pour avoir enfreint la loi d'amnistie votée en 1977 ( pour cause de réconciliation nationale ! ). Il avait été saisi en 2006 par des familles de victimes du franquisme et avait
enquêté jusqu'en 2008 . Il fit ensuite l'objet d'un procès qui se solda par un classement sans suite . Mais le tribunal suprême de Madrid interjette à cette décision .


http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... _3214.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Baltasar_Garz%C3%B3n
Modifié en dernier par Béatrice le 01 Fév 2012, 10:20, modifié 1 fois.
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Re: Le juge Balthasar GARZON poursuivi pour " prévarication

Messagede Béatrice » 01 Fév 2012, 10:16

En soutien au juge Balthasar GARZON , des milliers de manifestants ont défilé dimanche dernier à Madrid :


http://fr.euronews.net/2012/01/29/espag ... ar-garzon/
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Re: Le juge Balthasar GARZON poursuivi pour " prévarication

Messagede Béatrice » 02 Fév 2012, 16:42

Pour la première fois , les victimes du franquisme viennent témoigner devant la justice ( faisant du procès du juge Balthasar Garzon , le procès du franquisme ! )

( le mouvement libertaire dans son ensemble , saura-t-il sortir de son silence cette fois-ci , à l'heure où la " peste brune " émerge à nouveau dans tous les pays de l'UE ?
Car il est à souligner que s'agissant du juge Balthasar Garzon , ce sont deux parties d'extrême-droite qui l'ont assigné en justice ! )


http://www.rfi.fr/europe/20120202-proce ... temoignent
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Re: Le juge Balthasar GARZON poursuivi pour " prévarication

Messagede Denis » 02 Fév 2012, 18:13

Procès du juge Garzon en Espagne : les familles des victimes témoignent

Image
Les familles des victimes de la guerre civile et de la dictature franquisme apportent les portraits de leurs proches disparus pour soutenir le juge Garzon lors de son procès devant le Tribunal suprême, le 31 janvier 2012.
REUTERS/Susana Vera
Par RFI

Le procès du juge Baltasar Garzon se poursuit en Espagne. Accusé d'avoir enquêté sur les disparus de la guerre civile espagnole (1936-1939) et de la dictature franquiste qui suivit, en violation d'une loi d'amnistie votée en 1977, le magistrat a justifié ses investigations menées entre 2006 et 2008. Il s'agissait selon lui de faire la vérité sur ce qu'il qualifie de crimes contre l'humanité. Les victimes de la dictature de Francisco Franco se sont également exprimées, pour la première fois devant la justice espagnole.

Ce sont vingt et un témoins qui doivent prendre la parole devant les sept juges du Tribunal suprême, parents de victimes ou membres d'associations oeuvrant pour la mémoire des vaincus de la guerre civile espagnole. Parmi les premiers témoins à témoigner mercredi 1er février, deux femmes âgées, qui ont raconté la disparition brutale de leurs parents.

Emilio Silva de l'Association pour la récupération de la mémoire historique
02/02/2012
par Natalia Olivares
Écouter (00:41) -->>

http://telechargement.rfi.fr.edgesuite. ... 012-16.mp3


«La Cour suprême espagnole entend les victimes du franquisme, au cours d’un procès qui paradoxalement est intenté contre le juge Balthazar Garzon, qui a justement essayé d’enquêter sur ces crimes, explique Emilio Silva, le président de l'Association pour la récupération de la Mémoire historique. C’est la première fois qu’on peut entendre ces témoignages, et c’est grâce aux avocats de Garzon, qui plaident sur le droit du juge à lancer ses investigations.»

Il explique comment les avocats ont été autorisés à appeler à la barre quinze familles de disparus, ainsi que des représentants d’associations : «Ces personnes vont pouvoir témoigner sur ce qu’elles ont vécu dans leurs familles, mais également quand elles ont participé à l’exhumation des corps des fosses communes, ou aidé à la recherche des disparus».

On estime à plus de 100 000 personnes le nombre de disparus du franquisme.
Qu'y'en a pas un sur cent et qu'pourtant ils existent, Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous, Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout !

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Re: Le juge Balthasar GARZON poursuivi pour " prévarication

Messagede Béatrice » 06 Fév 2012, 20:16

Appel au soutien du juge Balthasar Garzon par l' ASEREF ( Association pour le Souvenir de l' Exil Républicain Espagnol en France :



http://aseref.blogspot.com/2012/02/appe ... ce-et.html
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Re: Le juge Balthasar GARZON poursuivi pour " prévarication

Messagede Béatrice » 09 Fév 2012, 18:10

Le verdict est tombé ce jour même : le juge Balthasar Garzon est reconnu coupable par le Tribunal Suprême de Madrid !
Les partis d'extrême-droite espagnols ainsi que les nostalgiques de " Franco la Muerte " , de Pinochet et autres dictateurs bien vivants , peuvent enfin respirer librement !

( seules les victimes du franquisme , ne peuvent que ressentir à travers cette condamnation , un déni de justice dans la non reconnaissance de " crime contre l'humanité " ! )


http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/ ... arzon.html

http://fr.euronews.net/2012/02/09/espag ... ar-garzon/
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Re: Le juge Balthasar GARZON poursuivi pour " prévarication

Messagede Béatrice » 13 Fév 2012, 21:05

La condamnation du juge Balthasar Garzon suscite les applaudissements de la presse de droite espagnole .

un article paru dans le Courrier International :


http://www.courrierinternational.com/re ... ande-peine
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Re: Espagne sous le franquisme 1936-1975

Messagede Pïérô » 23 Jan 2016, 15:11

La répression franquiste 1936-1975

En cette année qui est le 80ème anniversaire de l’épopée de l’Espagne révolutionnaire, quelques données élémentaires sur la répression (surtout du fascisme catholique, appelé aussi franquisme) sont utiles.

Et on ne peut oublier quelques rappels sur la répression dans le secteur de la République démocratique espagnol.

Document PDF : http://www.fondation-besnard.org/IMG/pd ... e_1936.pdf

http://www.fondation-besnard.org/spip.php?article2570
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Re: Espagne sous le franquisme 1936-1975

Messagede bipbip » 24 Jan 2016, 15:25

1975 : après l’assassinat de Puig i Antich, le Franquisme en procès ?

Il y a 41 ans, était assassiné par le régime du Caudillo Francisco Franco, le révolutionnaire Salvador Puig i Antich. Une juge argentine tente de rouvrir le dossier et prouver l’innocence de ce dernier. Mission difficile : le procès du Franquisme n’est pas à l’ordre du jour en Espagne.

Utrera Molina, ministre de Franco en 1974, est l’homme qui a signé l’acte de mort du révolutionnaire Salvador Puig i Antich. Il est aujourd’hui poursuivi par la justice argentine suite à une plainte déposée par la sœur de ce dernier. Une plainte portée par une juge de Buenos Aires, Maria Servini de Cubria mais pour l’heure non effective.

En dépit d’un ordre de détention, Interpol Espagne se refuse à appliquer la décision de justice de l’avocate argentine. Il y a un an, la juge Servini de Cubria avait été sollicitée par la sœur de Puig i Antich qui avait, depuis Barcelone, fait le voyage jusqu’à Buenos Aires. Sur le bureau de la juge, en plus du cas Puig i Antich, pas moins de 20 dossiers de recours en justice déposés pour d’autres faits similaires liés au Franquisme (victimes de tortures, d’exils forcés, de vols d’enfants de « rouges » remis dans des centres de « rééducation » et victimes de mauvais traitements).

Retour sur l’histoire du « 1000 »

Salvador Puig i Antich nait le 30 mai 1948 à Barcelone. Issu d’une famille nombreuse, il devient employé de bureau en 1968 à Barcelone. Il fréquente les Commissions ouvrières (CCOO), un protosyndicat indépendant qui, noyauté par les staliniens, deviendra plus tard la courroie de transmission du Parti communiste espagnol.

En parallèle, Salvador suit des cours du soir à l’Institut Maragall. En 1969, il fait partie de la « Commission des étudiants de bachillerato » de ce collège. Il y côtoie ceux et celles qui allaient constituer à ses côtés la future colonne vertébrale du MIL (Mouvement Ibérique de Libération). C’est après avoir effectué son service militaire qu’il commence à participer aux activités du MIL en novembre 1971.

Le MIL est créé au début des années 1970 à Barcelone. Mouvement-réseau se situant au carrefour de l’anarchisme, du conseillisme et du situationnisme, il est né de la rencontre de trois groupes : l’Équipe théorique, l’Équipe ouvrière et l’Équipe extérieure [1].

Au sein du mouvement libertaire ibérique de l’époque, le MIL est un cas à part. Ses membres sont en rupture avec les organisations anarchistes classiques alors très divisées et opposées à l’action violente.

... http://www.alternativelibertaire.org/?1 ... -de-Puig-i
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Re: Espagne sous le franquisme 1936-1975

Messagede bipbip » 04 Mar 2016, 14:22

Salvador Puig Antich 1948-1974 Ni olvido ni perdón Pas d’oubli pas de pardon

Salvador Puig Antich était antifranquiste et membre d’un groupe qui participait aussi à la récupération de la mémoire des Amis de Durruti, des écrits de Camillo Berneri et qui imaginait Anton Pannekoek avec un flingue. Un mélange qui fit fuir biens des commissaires politiques marxistes et des anarchistes.

C’est pourquoi il faut connaître la militancia de Salvador.

Salvador Puig Antich era antifranquista y miembro de un grupo que participaba también de la recuperación de la Memoria de los Amigos de Durruti, de los escritos de Camilo Berneri y que imaginaba a Antón Pannekoek con un fierro (fusca). Una mezcla qui ahuyentó a no pocos comisarios políticos marxistas y anarquistas.

Por eso hay que conocer la militancia de Salvador.

Frank 03.03.16

Docs pdf : http://www.fondation-besnard.org/IMG/pd ... lvador.pdf et http://www.fondation-besnard.org/IMG/pd ... emoria.pdf

http://www.fondation-besnard.org/spip.php?article2613
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Re: Espagne sous le franquisme 1936-1975

Messagede bipbip » 07 Aoû 2016, 08:18

Résistance libertaire au franquisme

Dossier, A contretemps N°47 (décembre 2013)

Au sommaire de ce numéro

Tours et détours d’une résistance libertaire au franquisme
– Présentation
– Les cheminements d’une histoire singulière, par José Fergo
– « Los Maños » : anatomie d’un groupe d’action
Entretien avec Mariano Aguayo Morán
Revue [espagnole] des livres
– Rastros de rostros en un prado rojo (y negro), (...)

Articles à lire en ligne : http://acontretemps.org/spip.php?rubrique88
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Re: Espagne sous le franquisme 1936-1975

Messagede Pïérô » 02 Oct 2016, 03:47

Espagne: ce passé qui ne doit pas sombrer dans l’oubli

Dans une lettre ouverte à son parti, le militant communiste espagnol Francisco Martínez-López, dit « El Quico », interpelle les dirigeants du PCE sur l’épuration violente durant les années de guérilla contre le franquisme. Il lui demande notamment de réhabiliter ceux qui en ont été victimes d’exécutions sommaires commanditées par la direction de ce parti.

La lettre ouverte que nous publions ci-dessous a été publiée pour la première fois en espagnol sur diario.es 3 http://www.eldiario.es/cv/guerrilleros- ... 94661.html. En préambule, elle mérite un bref rappel historique.

Le coup d’état franquiste du 18 juillet 1936 plonge l’Espagne dans une terrible guerre civile. Mais, après la défaite du camp républicain en avril 1939, la guerre n’est pas finie : dans toute la péninsule et jusqu’au milieu des années 50, des foyers de guérilla antifranquiste continuent de se battre contre la dictature. Dès 1936, les premiers foyers de résistance armée naissent spontanément dans les zones tombées aux mains des franquistes (le León, la Galice, l’Andalousie). D’abord formés de groupes de fugitifs qui tentent d’échapper au massacre organisé par les fascistes, ces foyers sont renforcés par des combattants expérimentés de toutes obédiences (républicains, socialistes, communistes, anarchistes) quand tombe le front républicain du Nord (Pays Basque, Cantabrie, Asturies) et ces derniers se lancent dans des actions de guérilla offensive. Si certains de ces groupes restent isolés, d’autres parviennent à se fédérer et à élaborer des formes d’organisation régionales : ce sera notamment le cas de la Fédération de guérillas de León-Galice, fondée en 1942. C’est dans l’une de ces guérillas du Nord-Ouest de l’Espagne que Francisco Martínez López combat avec ses camarades jusqu’en 1951.

Les groupes armés de la Fédération sont pluralistes et doivent à leur naissance sur le terrain, de disposer d’une implantation populaire. Ils diffèrent, par conséquent, des structures qui, à partir de 1944, seront importées de l’extérieur, par le parti communiste espagnol (PCE) après que sa tactique d’invasion de l’Espagne par des groupes militaires venus de France eût tourné court. Le PCE opte alors pour la constitution d’une armée de guérillas à l’intérieur de l’Espagne et envoie, depuis l’exil, des cadres politico-militaires afin de constituer l’Ejército Guerrillero et prendre le contrôle des groupes de résistance préexistants.



Lettre ouverte d’un communiste espagnol à la direction de son parti

Ce passé qui ne doit pas sombrer dans l’oubli

Membre actif du parti communiste espagnol (PCE) depuis 1944, j’ai d’abord été activement impliqué (dès l’âge de onze ans) dans les services d’information républicaine, en tant qu’agent de liaison du mouvement de la Fédération de guérillas de Léon Galice. De 1947 à 1952, date à laquelle j’ai pu partir en exil en France, j’ai combattu en tant que guérillero dans la Segunda agrupación del Ejército Guerrillero de Galicia León. Secrétaire général du PCE en France de 1977 à 1990, membre du comité central de 1983 à 1991, je n’ai jamais cessé depuis de militer dans ma cellule, en France puis, à nouveau, en Espagne en tant que communiste fidèle à ses principes.

C’est à ces titres que j’attends de mon parti - le PCE – qu’il reconnaisse publiquement les méthodes répugnantes auxquelles il a eu recours pendant les années de guérilla et qu’il réhabilite tous ceux qui les ont subies et particulièrement les victimes d’exécutions sommaires commanditées par la direction de ce parti.

Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour qu’il le fasse ?

En 2009, Victor García Fernández, alors âgé de soixante-trois, découvre que son père, Victor García García « El Brasileño », qu’il avait considéré jusqu’alors comme une victime de la répression franquiste, avait, en réalité, été assassiné près de Lalín en janvier 1948 sur les ordres du Comité Central du PCE, dirigé à ce moment-là par Dolores Ibárruri et Santiago Carrillo. Le corps d’ « El Brasileño » a été jeté en bordure du cimetière de la commune liée à la Paroisse de Moalde à Silleda non loin de Pontevedra. C’est là que son fils l’a découvert.

Quelques mois plus tard, il écrit une lettre aux membres du Comité central, par l’intermédiaire de Felipe Alcaraz, président du PCE. Il leur demande de lui exposer officiellement – puisqu’ils ont un accès direct aux archives de ce parti - les chefs d’accusation qui ont été imputés à l’époque à son père par la direction du PCE et qui ont amené ce dernier à prendre une décision aussi terrible [1].

Cette lettre, aujourd’hui encore, est restée sans réponse.

« El Brasileño » a consacré sa vie à la lutte pour l’émancipation et la liberté des travailleurs : d’abord au Brésil, puis en Espagne, au moment de la Révolution des Asturies en 1934, durant la guerre civile, et enfin dans la guérilla du Nord-Ouest de l’Espagne entre 1942 et 1948. Lors de cette dernière période, il a mis sur pieds, avec des résistants de la région d’Orense et en lien avec les services secrets anglais, une filière d’évasion pour les alliés à travers l’Espagne en direction du Portugal. Et il a réorganisé le PCE et les activités antifranquistes à la frontière de la Galice et du Portugal.

Or, depuis la France, la direction du PCE a envoyé ses exécuteurs pour le discréditer politiquement, en essayant de salir sa réputation dans l’esprit de ses compagnons. Jusqu’au moment où il fut assassiné. Au mois de janvier 1948, un commissaire politique s’exclame, dans un rapport envoyé depuis l’Espagne au CC du PCE : « Nous avons enfin réussi à le capturer, ce chien ! ». Les documents conservés aux archives historiques du PCE rendent compte de cette véritable « chasse à l’homme » étalée sur plusieurs mois.

Ma lettre ouverte est d’abord un témoignage d’affection pour son fils, Victor García Fernández, et un acte de solidarité avec son combat pour que justice soit rendue à son père, Victor García García « El Brasileño ». L’exécution de ce dernier résume celle de tous ces résistants - communistes ou non – qui, durant ces années de dictature, sont tombés, non pas sous les balles des fascistes, mais sous les balles de ceux qu’ils considéraient comme leurs compagnons et, dans le cas des guérilleros communistes, sous les balles de membres de ce parti dans lequel ils avaient placé toute leur confiance et toutes leurs espérances.

Ces assassinats ont été commis dans un contexte d’épuration politique. À la fin de la seconde guerre mondiale, les membres de la direction officielle du PCE - Santiago Carrillo, Dolores Ibarruri, Enrique Lister, Vicente Uribe - qui s’étaient réfugiés en URSS ou en Amérique Latine après le pacte germano soviétique de 1939 – décident de revenir en Europe pour reprendre le pouvoir au sein du PCE. Jesús Monzón, alors dirigeant de ce parti, est destitué. Entre 1944 et 1948, les purges assorties de fausses accusations se multiplient contre des hommes et les femmes qui étaient restés en Espagne pour combattre la dictature. Certains d’entre eux, comme Victor García García « El Brasileño » sont accusés de « monzonisme ». Des campagnes de calomnies se déchaînent alors dans les publications clandestines de la nouvelle direction du PCE : il s’agit de discréditer les anciens cadres du parti et de les couper des autres militants. En 1948, la persécution s’intensifie dans plusieurs zones de résistance et elle culmine avec l’élimination physique de ceux qui – selon les dires de la nouvelle direction du PCE – « deviennent gênants ». C’est ainsi que sont assassinés Victor García García « El Brasileño », mais aussi Gabriel Trilla et Teofilo Fernández (pour ne citer qu’eux et alors que la liste est longue).

Dans la guérilla où j’ai combattu avec le groupe de Manuel Girón, mes compagnons de la Segunda agrupación del Ejército Guerrillero de Galicia León et moi, nous nous sommes affrontés à ces hommes d’appareil que la direction du PCE en France avait envoyés en Espagne pour nous « redresser » - selon les mots employés dans les rapports envoyés au CC du PCE [2]. Autrement dit, pour nous imposer, avec la plus grande violence, une culture militariste totalement contraire à la culture de résistance qui nous unissait, dès 1936, aux paysans, aux mineurs, aux voisins, aux parents et amis qui formaient le réseau d’appui de notre mouvement de guérillas.

Nous avons fait directement l’expérience de ces mercenaires de l’épuration qui ont essayé de contrôler nos réseaux de résistance. Et surtout nous avons vu comment ils ont assassiné certains de nos compagnons guérilleros qui avaient donné leur vie pour défendre une Espagne libre. Tel fut le cas de Miguel Cardeñas et de Ceferino Alvarez « Bailarín », communistes assassinés le premier en septembre 1949 à Sotadeiro dans la province d’Orense et le second quinze jours plus tard au cours d’une marche dans la montagne en compagnie Saul Mayo et Emilio Villarino. Ceux-ci étaient mandatés par Manuel Soto « El Coronel Benito », lui-même envoyé dans le Nord-Ouest de l’Espagne depuis Paris pour usurper la direction de l’Ejército Guerrillero de Galicia León".

Nous avons eu des soupçons en voyant s’accumuler les morts de nos compagnons dans des circonstances qui restaient pour nous inexplicables ; ainsi la chute à Chavaga, dans la province de Lugo, de six compagnons parmi lesquels les responsables de la Segunda agrupación del Ejército Guerrillero de León Galicia : Evaristo Fernández « Roces » Guillermo Morán, Gregorio Colmenero « Porreto », Julián Albarca « Guardiña », ainsi que Maria Casanova et Ramón Casanava, les hôtes de maison où se produisit le combat.

Nous avons compris alors que notre groupe - le groupe de Manuel Girón – figurait lui aussi « sur la liste » de ceux qui gênaient et dont il convenait d’éliminer la culture de résistance autochtone, forte de son ancrage social. C’est pourquoi, nous avons décidé de couper les ponts avec ces nouveaux chefs de l’Ejército guerrillero et de nous réfugier dans des zones d’appui qu’ils ne connaissaient pas.

Après la mort de Manuel Girón, certains d’entre nous ont pu s’exiler en France. Nous avons alors demandé, en janvier 1952, lors d’une rencontre avec les responsables du PCE à Paris, d’indispensables explications sur ces hommes qui - au sein de l’Ejército guerrillero de Galicia León - prétendaient agir au nom de ce parti : Quels liens avaient avec la direction du PCE, les hommes qui perpétraient ces assassinats ? Qu’est-ce qui expliquait toutes ces « chutes » énigmatiques dans la guérilla depuis leur arrivée jusqu’à la fin de l’année 1950 ? Nos questions sont restées sans réponse. A l’heure qu’il est, j’attends toujours.

64 ans se sont écoulés depuis cette rencontre parisienne. 64 ans, ce n’est pas rien. Des années de lutte, d’exil, d’espérance.

64 ans qui n’ont pas effacé en moi le souvenir douloureux de ceux qui sont tombés sous d’autres balles que celles de l’ennemi franquiste. 64 ans à chercher, à tâtons dans un labyrinthe de mensonges et de silences – au sein de mon propre parti- les raisons de leur destin tragique. 64 ans d’attente pour que mon parti condamne des exécutions injustifiables et des actes qui, en totale opposition avec les valeurs qu’il défendait, ont bafoué la dignité de tant de compagnons qui ont perdu la vie dans leur combat contre la dictature, comme ils ont blessé, également, la dignité de ceux qui – comme moi – ont survécu en essayant de défendre des valeurs démocratiques.

Longtemps je me suis tu publiquement parce que des soupçons ne sont pas des preuves. Or des preuves existent. Je me suis tu aussi parce qu’il fallait donner la priorité absolue à la lutte contre la dictature et que, dans ce contexte, je craignais que mon témoignage ne soit utilisé pour fragiliser cette lutte. C’est en décembre 2000, dans l’ouvrage publié sous le titre Guérillero contre Franco [3], que j’ai dénoncé une première fois les épurations de compagnons dont j’ai été témoin dans la guérilla.

J’attends que le PCE le fasse à son tour. Et qu’on ne vienne pas me dire désormais que le silence sur les assassinats d’antifranquistes perpétrés par des membres de mon parti est indispensable à la dénonciation des massacres de masse dont fut coupable la dictature. Et qu’on ne vienne pas me servir cet argument inusable : que je ferais « le jeu de l’ennemi » ! C’est en abandonnant aux héritiers du franquisme et à tous ceux qui tentent de renvoyer les deux camps dos-à-dos le soin de révéler les pages sombres de notre histoire que l’on favorise leurs tentatives de discréditer notre combat.

Au cours de ces dernières années, j’ai écrit personnellement trois lettres à l’actuel secrétaire général du PCE, José Luis Centella, pour lui demander non seulement des explications sur les charges imputées jadis, par la direction du PCE, à Victor García García « El Brasileño », mais encore pour exiger que le PCE organise un hommage pour le réhabiliter. J’ai multiplié les appels téléphoniques : j’attends toujours une réponse. Est-ce au silence et au mépris que je me heurte une fois encore, comme lors de cette rencontre à Paris en 1952, quelques mois après mon exil en France ?

64 ans ont passé. 64 ans, ce n’est pas rien. Est-ce que ces 64 ans n’ont rien changé ? Qu’est-ce qui justifie aujourd’hui, en 2016, ce silence ? Est-ce que l’on continue à occulter la responsabilité et les motivations du PCE dans ces liquidations de résistants ? Comment notre défense de la mémoire historique du combat contre la dictature pourrait-elle être crédible si nous ne faisons pas – dans nos propres rangs et jusqu’au bout – ce travail authentique de mémoire ?

Les armes à la main, j’ai été un guérillero contre Franco. Depuis trente, je suis devenu, avec les mots pour seules armes, un guérillero de la mémoire démocratique. Avec mes compagnes et mes compagnons des guérillas de toutes les régions d’Espagne et l’association Archivo Guerra y exilio (AGE), nous avons multiplié les rencontres, les débats, les livres, les combats politiques pour transmettre l’expérience de la résistance armée au franquisme.

Mais quel sens pourrait avoir ce « travail de la mémoire » qui est le nôtre et auquel prétend le PCE, s’il enfouissait la mémoire de Victor García García « El Brasileño », celle de Miguel Cardeñas, celle de « Bailarín », celle des frères Díaz guérilleros de la Cuarta agrupación del Ejército Guerrillero de Galicia León, assassinés à la Coruña, celle de Francisco Corredor Serrano « El Gafas », celle de Francisco Blas Aguado « Pedro », celle de Juan Ramón Delicado González assassinés dans le Levante et celle de tant d’autres résistants assassinés pour avoir résisté à l’imposition dictatoriale d’un modèle d’organisation totalitaire [4] ?

Alors que je suis aujourd’hui âgé de quatre-vingt-onze ans, ma conscience de communiste m’amène à mener cette autre bataille : obtenir que ceux qui prétendent gérer le legs de la mémoire communiste répondent - pour la première fois - aux questions de Victor – le fils de Victor García García « El Brasileño » - à celles d’Iván – le fils de Juan Ramón Delicado González et à celles de tant d’autres qui n’ont jamais pu connaître la tendresse d’un père. Et à celles de ce jeune guérillero que j’ai été, qui venait d’échapper à la mort de justesse et qui est venu à Paris, en 1952, leur demander pourquoi son compagnon Miguel Cardeñas et ses autres compagnons étaient tombés sous les balles des « commissaires politiques » de son parti, le PCE.

Francisco Martínez-López « El Quico »

http://memoriacautiva.blogspot.com.es/ 3



[1] Sur l’enquête de Victor García Fernández, au sujet de la mort de son père voir l’article du Faro de Vigo du 22 mars 2009 http://www.farodevigo.es/portada-deza-t ... 08637.html 3 et le blog de Víctor García G. Estallino El Brasileño: http://blocs.tinet.cat/lt/blog/victor-g ... -brasileno 3

[2] Voir dans les Archives Historiques du PCE (AHPCE) : sección Nacionalidades y regiones, subsección Galicia León, informe de Galicia de principios de marzo de 1948. jacq 520-525.

[3] Francisco Martínez López «El Quico », Guérillero contre Franco. La guérilla antifranquiste du León 1936-1951. Paris, Editions Syllepse, décembre 2000, 175 p ; Guerrilleiro contra Franco, Vigo, A Nosa Terra, 2006; Guerrillero contra Franco. Guerrillero contra el olvido, La guerrilla antifranquista de León Galicia (1937–1952), La memoria cautiva de la guerrilla (1952–2011), Madrid, Latorre Literaria, 2011.

[4] Voir Josep Sanchez Cervelló Maquis, El puňo que golpeo al franquismo, Barcelona, Flor del Viento ediciones, 2003.


https://blogs.mediapart.fr/edition/les- ... ns-l-oubli
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Re: Espagne sous le franquisme 1936-1975

Messagede Pïérô » 03 Jan 2017, 02:18

Vidéo : le fantôme de Franco hante toujours l’Espagne

Quarante ans après la mort du dictateur Francisco Franco, l’Espagne ne parvient toujours pas à faire le deuil de son passé. Entre pro et anti, le pays demeure profondément divisé. Nos reporters sont allées à Madrid, à la rencontre de ces Espagnols toujours habités par la mémoire du Caudillo.

Pour beaucoup d’Espagnols, le sujet est tabou. Au sein d’une même famille, on trouve parfois des partisans des deux camps : républicain et franquiste. Au détour d’une réunion familiale, des générations d’hommes et de femmes élevés pendant la démocratie ont parfois appris qu’un proche avait disparu, avait été torturé, fusillé ou enlevé pendant la guerre civile (1936-1939) ou pendant la dictature du général Franco (1939-1975).

Selon l’ONU, l’Espagne est, après le Cambodge, le deuxième pays au monde qui a connu le plus de disparitions forcées. Plus de 150 000 personnes sont portées disparues pendant ces années noires, d’après les chiffres officiels. Des dizaines de milliers d’autres ont été torturées, des milliers d’enfants volés à leur mère, souvent communiste ou de gauche, pour être confiés à "de bonnes familles catholiques".

... http://www.france24.com/fr/20160212-vid ... rre-civile
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Re: Espagne sous le franquisme 1936-1975

Messagede Pïérô » 09 Mai 2017, 00:29

Toulouse, mercredi 10 mai 2017

Film Autonomia Obrera

Un documentaire consacré aux luttes ouvrières menées en marge des syndicats et des partis politiques dans l'Espagne des années 70.

Un film de : Falconetti Peña et Orsini Zegri

Avec : Pepe Rovira, Clemente, Speedy Gonzalez, Marcelo, Attila, Paco, Jesse James, Jésus-Christ, Juan Carlos Bourbon d'Espagne, Chema, Peter Fonda, El Kabra, des éléphants, Toni, Marga, Santi, etc.

Langue : Espagnol, sous-titré français
traduction/adaptation : Pif & Hercule
Durée : 74 minutes

à 20h, Local "CAMARADE", 54 boulevard déodat de sévérac, 31300 Toulouse

1975 / 1982 Territoire espagnol. Après 40 ans de dictature, voici le temps de la transition démocratique plus connue comme « transaction démocratique ».
Ils étaient ouvriers, dockers, dynamiteurs à Barcelone, Vitoria, Bilbao. Tous faisaient partie de ce mouvement diffus, sans porte-parole ni dirigeants autre que les assemblées d'usine ou de quartier. Tous rejetaient le patronat, les syndicats, le capitalisme. Certains étaient armés, d'autres pas mais tous défendaient l'autonomie ouvrière. En 1976, l'Espagne était en flamme et « Il fallait (les) écraser (...) car c'étaient des minis soviets » (Manuel Fraga, ministre de l'intérieur)

La démocratie s'en est donc chargée.
Mais l'histoire cavale encore...

C'est gratuit et on pourra causer de cette histoire effacée de l'Espagne et de ce qu'elle a à nous offrir ici et maintenant.

https://toulouse.demosphere.eu/rv/15202
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Re: Espagne sous le franquisme 1936-1975

Messagede Pïérô » 26 Mai 2017, 08:02

Trois frères contre Franco : Sabaté Llopart

Un prochain livre en Espagne sur les frères Sabaté

Entretien avec Argimiro Ferrero publié dans la presse espagnole [1]

Enfant, Argimiro Ferrero a entendu dire que le guérillero Quico Sabaté était enterré à Sant Celoni. L’impact de cette information l’a marqué jusqu’à aujourd’hui.

Abandonnée pendant plusieurs décennies, la tombe de Quico Sabaté, au cimetière de Sant Celoni, a été restaurée grâce à une initiative populaire à laquelle a pris part Argimiro Ferrero, historien et technicien adjoint au service de « bien-être social » de la mairie de cette localité du Montseny [à 50 km au nord de Barcelone, NdT]. Sur le site retrouvé, « Argi » raconte comment cet intérêt pour le mythique guérillero anarchiste est peu à peu devenu un projet de vie.

Quand avez-vous entendu pour la première fois parler de Quico Sabaté ?

C’est au lycée que j’ai entendu dire qu’un guérillero était enterré au village. Adolescent, j’étais passionné des films d’Errol Flynn et des histoires concernant la guerre [civile] ; cette information m’a frappé. Ils l’ont tué en 1960, à la veille du jour des Rois, et ont laissé son corps étendu sur le sol à côté d’une école, tandis qu’à l’Athénée on présentait l’arrivée des « Pastorets » [spectacle traditionnel catalan mettant en scène la naissance de Jésus, NdT].

Vous ne deviez le retrouver que des années plus tard.

À l’école, on m’a proposé de faire un travail sur Quico, pour lequel j’ai interviewé le policier municipal qui lui a tiré plusieurs balles dans la tête – je lui avais servi des cafés quand je travaillais comme serveur. À partir de ce moment-là, j’ai continué à collecter des informations. À chaque fois que je pénètre un centre d’archives et que j’y découvre quelque chose, j’ai l’impression d’éclairer les trous noirs de la mémoire.

Sabaté était-il un guérillero ou un bandit ?

C’est pour moi un défi personnel de fournir aux gens des informations permettant de savoir si ces gens étaient réellement des assassins. La démagogie a contrefait leur trajectoire de combattants de la liberté. Ils n’avaient pas d’autre choix que d’appuyer sur la gâchette parce qu’ils livraient une bataille contre la dictature et le fascisme.

Elle a coûté la vie à nombre d’entre eux et ne leur a valu que l’oubli.

Cette lutte armée est très méconnue. Les anarchistes ont toujours été la bête noire, mais à mes yeux, ils incarnent la pureté et la cohérence de la lutte.

Souvent, même leurs proches parents ignoraient les circonstances de leur mort.

Entre autres choses, ce travail m’apporte la satisfaction de donner des informations aux proches qui ne savent pas comment sont morts leurs pères, leurs oncles, ou leurs frères. Cela signifie beaucoup le fait qu’ils croient en moi, et me confient des documents inédits.

Y avait-il des militants politiques dans votre famille ?

Non, mais je suis issu de la classe ouvrière. Je suis né en Allemagne, où étaient allés mes parents, après avoir émigré d’un village de la province de Zamora [nord-ouest de la Castille, près de la frontière portugaise, NdT]. Quand j’avais deux ans, ils m’ont envoyé au village avec ma grand-mère, parce qu’ils ne pouvaient plus s’occuper de moi, et en 1973, nous nous sommes installés en Catalogne.

Comment cette immersion dans l’anarchisme a-t-elle influé sur votre vie ?

À la maison, nous avions toujours eu des animaux, et quand j’ai commencé à étudier l’anarchisme, j’ai ouvert toutes les cages. Depuis, les poules vivent en liberté. Je me souviens qu’on m’a offert un canari et la première chose que j’ai pensée c’est : « à toi la liberté : va voler ! »

Cela vous a transmis le virus anti-autoritaire ?

J’ai la réputation d’être un anti-conformiste. Si je vois quelqu’un agir de façon injuste, je ne peux pas me taire, même si ça me cause des problèmes. J’ai des filles jumelles et j’essaie de leur transmettre cet esprit critique. Je leur dis toujours qu’à la maison, personne ne commande. Une seule chose est sûre : leur mère et moi sommes plus âgés qu’elles, et nous savons plus de choses, donc nos avis ont plus de poids, mais il faut les argumenter et nous prenons les décisions tous ensemble.

Quand sera publié le fruit de vos recherches ?

Il me manque quelques entretiens, je dois terminer d’exploiter les archives et mettre en ordre toutes ces informations. Mais j’ai déjà le titre du livre, ce sera : Trois frères contre Franco : Sabaté Llopart. En plus de Quico, il y avait Manuel – qui fut tué juste parce qu’il était son frère – et Josep, qui laissa un enfant âgé de quelques mois à Toulouse pour venir à Barcelone, où il fut tué. Il est temps qu’eux aussi sortent du trou noir de la mémoire.

Traduction : Clément Magnier

Argimiro Ferrero avait pris contact avec notre ami Hélios Peñalver dont la famille connaissait bien El Quico.
Argimiro est diplômé en Histoire Contemporaine (Universidad Autònoma de Barcelona).
Il a rencontré un Italien Elio Ziglioli qui accompagna Manuel Sabaté dans une incursion en Espagne en 1949 et en fit le récit en catalan que l’on peut trouver ici : http://www.caudelguille.net/index.php?o ... &Itemid=57


http://gimenologues.org/spip.php?article719
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