La genèse de la CGA

La genèse de la CGA

Messagede Alayn » 01 Sep 2008, 23:38

Bonsoir ! Une question me turlupine: pour quelles raisons exactes la CGA est-t-elle née ?

On sait peu ou prou qu'elle est issue d'une scission de la FA mais quelles en sont les causes exactes ?

J'aimerai qu'on me rafraîchisse la mémoire à ce sujet !
D'avance merci !

Salutations Anarchistes !
Alayn
 

Re: La genèse de la CGA

Messagede Roro » 01 Sep 2008, 23:41

Dans la mesure où le GAB est en discussion avec la CGA, j'aimerais savoir la même chose que Alayn. Pour le reste, déjà visité leur site.
La Nature n'a fait ni serviteurs ni maitres, c'est pourquoi je ne veux ni commander ni recevoir d'ordres.
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Re: La genèse de la CGA

Messagede Pïérô » 02 Sep 2008, 01:40

Moi, j'étais parti avant, mais je vais avoir plutôt une lecture de l'évenement ou des évènements et une écriture très terre à terre...
La dynamique de la FA est souvent bouffée par l'unanimisme et la possibilité pour quelques uns de bloquer...On avait, cette tendance "organisationnelle" et plutôt anarchiste-communiste, réussi à développer nombre d'outils comme les unions régionales, créé de la responsabilité collective en contournant "la loi" interne, développé du sens et du contenu, on cherchait à s'ouvrir d'avantage sur le monde (le monde des mouvements pas forcément que "anars", en même temps que nous voulions sortir de la culture sectaire historique de la FA vis à vis des autres composantes du mouvement libertaire). Cette tendance anarchiste-communiste devenait majoritaire, alors que la FA avait été longtemps marquée par l'individualisme et un certain type de syndicalisme (Maurice Joyeux...FO...) et de rapport à l'organisation, conçue comme seul outil de propagande. Mais il y avait des freins dans tous les domaines et beaucoup en avaient marre de "pédaler dans la choucroute". Il y avait beaucoup de tension, et aussi, mais celà a toujours fait partie de l'histoire de la FA, des "baronnies" ( plusieurs dans la région parisienne, dans l'ouest, au sud-ouest, dans la région lyonnaise...) qui se bisbillaient. Et celà faisait déjà un moment que le sud-ouest se spécialisait notamment là dedans (Perpignan, Toulouse), bourraient le bulletin intérieur d'attaques contre nous nottamment (ouest, jm Raynaud...). On ne pouvais plus "s'encadrer", les lyonnais non plus ne pouvais plus les sentir...C'est eux (sud-ouest)qui sont notamment montés au créneau pour s'opposer à ce que la FA entre, en tant que telle, dans le procéssus d'unité des libertaire en 2001 d'une part, ou que le secrétariat aux relations extérieures soit mandaté pour continuer un certain travail unitaire avec AL d'autre part.(moi je suis parti là, et pour tout çà, à ce congrès de Besançon, avec quelques autres comme Toublet...et on rejoindra AL par la suite).
Cette "haute bagarre" de baronie a fini par mener ces groupes, avec Montpelier (et là j'ai pas compris...! sinon qu'il y avait pour Montpelier cette question importante liée au fonctionnement, mais "dégager" avec Toulouse et Perpignan...?) a sortir avec fracas et créer la CGA, et sans doute au début, dans un cadre plutôt provocateur et la perspective de rerentrer à la FA, en renégociant certaines choses (le fonctionnement à la majorité d'ailleurs, ce qui est fort par rapport à leur blocage précédent !) et leur "place".
Voilà pour moi, la "création". Pour la genèse, dans le cadre de la deuxième phase, et la pérénisation, je suis aussi preneur, parce qu'au bout du compte, et d'autres péripéties, se sont les Lyonnais qui les rejoignent (enfin une partie, pas les plus vieux) ce qui était pour moi quasi impossible à imaginer. Mais ils ont préféré rentrer à la CGA plutôt qu'à AL...parce qu'aussi historiquement, entre les lyonnais de la FA et les lyonnais d'AL (composée d'ex FA d'ailleurs), c'était aussi la guerre... Et celà a pû permettre la création d'une orga, la CGA, forte aujourd'hui d'une centaine de militant-es et qui devient pérenne ( mais surtout implantée dans le sud).
Alors on me dira, "mais il est où le fond politique de tout çà ? " , et bien justement, et c'est un classique dans l'histoire des groupuscules en général et les notres aussi, c'est que des fois on a du mal à en trouver vraiment...
Il n'en reste pas moins, qu'en dehors de se retrouver avec une organisation en plus, cette organisation a adopté le fonctionnement à la majorité, s'affirme dans le champ de l'anarchisme révolutionnaire et de l'anarchisme communiste...Et l'éclatement (avec d'autres départs de groupes de villes importantes qui sont resté indépendants) réel et insurmontable de la FA, cette perte d'hégémonie, la création de la CGA, et le développement rapide et important d'AL (qui a mon avis au niveau du nombre doit faire jeu égal avec la FA maintenant, mais avec une meilleure implantation dans les grandes villes), change complètement la donne qui existait dans le mouvement libertaire depuis une trentaine d'années...
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Re: La genèse de la CGA

Messagede kuhing » 02 Sep 2008, 10:35

qierrot a écrit:Moi, j'étais parti avant, mais je vais avoir plutôt une lecture de l'évenement ou des évènements et une écriture très terre à terre...
...


Ton analyse et ton expérience sont interessantes.
Je me suis permis de l'inserer comme article dans le prochain bulletin du forum "le p'tit noir"
(toujours modifiable bien sur)

article de quierot sur la CGA
kuhing
 

Re: La genèse de la CGA

Messagede Alayn » 02 Sep 2008, 17:40

Bonsoir ! Oui, merci Qierrot pour ton témoignage.

J'ai également vécu tout çà mais moi, je suis resté à la FA. Pour Montpellier, c'est très simple, ils sont passés à la CGA parce qu'il y avait également des grosses bisbilles avec d'autres groupes et plus particulièrement avec Oléron suite à des histoires anciennes qui remontent au début de Bonaventure ! T'as qu'à voir !

Il y avait effectivement 2 baronnies très fortes (Perpignan et Toulouse) qui sont pour moi les principales fondatrices de la CGA. Ensuite les ont rejoints Montpellier, le Gers, etc...

Ensuite, il y a eu un autre clash à la FA (en 2003/2004 ?) notamment du à des mésententes avec une commission anarcha-féministe et je pense qu'un certain nombre de gens qui sont partis à ce moment ont également ensuite rejoints la CGA...

Ce qu'il s'est passé à Lyon ensuite, j'ai pas encore tout bien compris... J'ai même appris assez récemment que la Plume Noire était géré maintenant par la CGA !

La CGA aujourd'hui n'est plus seulement dans le Sud: elle est notamment implantée dans le Cantal, commence à l'être en région parisienne et certainement dans d'autres endroits que j'ignore.

Hormis sur les questions de prises de décisions (qui seraient à la majorité et non pas à l'unanimité comme à la FA), je pense que pour le reste, la CGA diffère peu de la FA.

Ce serait bien d'avoir les points de vue de membres de la CGA sur ce topic (je sais qu'il y en dans ce forum) et qui pourraient préciser certains points.

Salutations Anarchistes !
Alayn
 

Re: La genèse de la CGA

Messagede gyhelle » 02 Sep 2008, 17:58

D'après ce que j'ai compris, un des clash à la source de la scission, c'est une histoire d'agression d'un membre de la FA sur une membre de la FA. Mais Berkman est le mieux placé pour en parler :mrgreen:


PS / c'est quoi cette histoire avec bonaventure ? Pourquoi ça a fermé au fait ?
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Re: La genèse de la CGA

Messagede Pïérô » 02 Sep 2008, 17:59

kuhing a écrit:Ton analyse et ton expérience sont interessantes.
Je me suis permis de l'inserer comme article dans le prochain bulletin du forum "le p'tit noir"
(toujours modifiable bien sur)

article de quierot sur la CGA

non,
Kuhing, ce n'est pas vraiment un "article sur la CGA",
très sincèrement je ne vois pas çà dans un "journal"...c'est mieu dans le style "forum", le style "parlé", c'est plus de l'ordre du témoignage, avec ma façon et mon caractère...celà prendrait une dimension que ce post n'a pas, et pourrait déclancher réponses style "langue de bois" voir une polémique, là où je n'en avais pas l'intention...Donc je préfère que celà soit enlevé du journal.... :wink:


Et juste pour préciser, dans le texte, qu'en j'emploie ici "tendance" anarchiste communiste, il faut le prendre au sens large, car il n'y avait pas vraiment de tendance organisée, on peut parler de sensibilité, de courant...

Alayn, la plume noire est gérée par la CGA parce que les groupes FA qui la tenaient son passés à la CGA...du coup il y a petite bisbille avec quelques autres qui essaient de remonter un peu la FA, et demandent un peu du "pactole" en terme de fric...mais la plume noire celà me parait normale qu'elle change, de fait de propriétaires et de gestionnaires, car sinon ce serait une coquille vide...

Gyhelle, tu devrait poster ta question sur Bonaventure dans le topic "éducation libertaire", in "théorie"... :wink:
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Re: La genèse de la CGA

Messagede Alayn » 02 Sep 2008, 18:49

Bonsoir ! C'est vrai qu'on commençait à être bien cerné par les communistes anarchistes Qierrot ! (au secours ! arf !)

Oui, pour la Plume Noire à Lyon mais il ne faut pas oublier que la Plume Noire a été financée au départ par la FA au moins de moitié...et à ce niveau-là, je sais pas où çà en ait...si çà a été totalement remboursée ou quoi...

Salut Gyhelle ! Oui, je me souviens de cette histoire: j'étais même d'ailleurs dans la commission de résolution du conflit...qui est arrivée à ne rien résoudre ! Cà a été un gros pataquès qui a envenimé un peu plus les choses. C'était à Rennes en 2004 si mes souvenirs sont bons: une fille de la commission anarcha-féministe était venu se plaindre comme quoi elle avait été "agressée" par un militant de Rennes en invoquant que la raison principale en avait été du au fait qu'elle faisait partie de ladite commission... On n'a jamais réussi à démêler vraiment le vrai du faux dans tout çà...Ca a fait monter la tension encore plus. Le militant de Rennes niait tout en bloc, son groupe le soutenait..., etc...
Fait curieux et peut-être révélateur: ce groupe de Rennes a splitté pas longtemps après...

Cette histoire a effectivement certainement incité quelques personnes de plus à quitter la FA...et rejoindre la CGA... Mais comme tu dis, Berkman doit avoir quelques souvenirs là-dessus.

Le lien entre Bonaventure, Montpellier et la CGA: il se trouve qu'il y a eu une militante du groupe de Montpellier en 1995 qui souhaitait être animatrice à l'école et puis çà l'a pas fait pour diverses raisons. (incompétences, histoires de cul, etc...arf !). Elle l'a pris très mal et Oléron et Montpellier est resté en froid très longtemps...

Pour ton autre question sur Bonav' (pourquoi çà a fermé), je te réponds dans le topic "L'éducation Libertaire".

Salutations Anarchistes !
Alayn
 

Re: La genèse de la CGA

Messagede L'autre facteur » 02 Sep 2008, 19:02

Pour commencer, je vais situer d'où je parle pour éclaircir ce que je vais dire. J'ai adhéré à la FA à l'age de 20 ans en tant que liaison Montpellier après plusieurs échecs pour monter un groupe anarchistes non-fédérés. J'y est milité activement pendant 12 ans, contribuant à développer la FA dans une région où elle était peu développée. Avant la crise ouverte qu'à connue la FA entre 2000 et 2002 il y a eu jusqu'à 26 militant-e-s FA sur la ville de Montpellier avec 2 groupes fédérés. J'ai quitté officiellement la FA le 1er septembre 2002. Depuis je milite à la CGA. Compte tenu que depuis 2002, pas mal de conneries ont été dites ou écrites sur les raisons du départ d'une cinquantaine de personnes, et la création de la CGA, je vais en donner la version de quelqu'un qui a été complètement impliqué dans le processus.

Sur la genèse, je partage certains éléments qu'a abordé Qierrot. Si on ne connaît pas l'histoire de la FA, il y a des choses qui échappent à la compréhension. Je conseille d'ailleurs deux bouquins sur le sujets pour éviter de faire trop long : Maurice Joyeux -Sous les plis du drapeaux noir et Roland Biard -Histoire de l'anarchisme en France 1945-1975. Pour résumé, à la sortie de l'occupation, la FA se crée et regroupe toutes les sensibilités de l'anarchisme. La cohabitation est difficile. Entre 1945 à 1953, des militants qui se revendiquent du communisme libertaire, mais teinté de marxisme, montent autour de Fontenis une organisation clandestine « Pensée-Bataille » dont le but est le contrôle de la FA. Il vont exclure les individualistes, puis une partie des anarcho-syndicalistes et des communistes libertaires avec lesquels ils sont en désaccord..En 1953 ils changent le nom de l'orga en FCL. Les exclus fondent la nouvelle FA, mais on perdu leur journal, le libertaire, titre le plus vieux de la presse libertaire fondé par Louise Michel et Sébastien Faure. La nouvelle FA regroupe toutes les sensibilités libertaires avec comme socle commun le traumatisme de l'OPB.
Du coup, l'architecture que prend la FA est une architecture défensive, pour que cela n'arrive plus. Unanimité pour les prises de décisions, totale autonomie des groupes, outils (journal, librairie...) contrôlés par des camarades anciens et sûr (avec renouvellement par cooptation). Cette architecture est fondamentale. Elle est à la source de nombre des scissions de la FA depuis 1953.

En effet une telle architecture n'est pas adapté à un regroupement politique qui doit intervenir dans les réalités politiques et sociales du moment pour atteindre la révolution sociale. L'unanimité à pour conséquence qu'au niveau national, seule les choses qui fond consensus peuvent être mise en route. C'est ce qui explique la création au fil du temps d'une culture militante qui est très centrée sur l'affirmation de l'identité et de la culture anarchiste. En effet, les campagnes adoptable facilement par un congrès national, étant le plus souvent (j'exagère un peu, mais c'est l'idée) sur les fondamentaux (antimilitarisme, anti-religion, prison-enfermement-répression antiétatisme etc...). La question des stratégies d'interventions dans les mouvement sociaux étant bien plus difficile, puisque par définition ont y retrouve des complexités, des contradictions, des décalage avec notre projet de société. Du coup il y a souvent plusieurs options, et il est très difficile sur ces questions de dégager une analyse et une méthode commune avec l'unanimité comme moyen de décider au niveau fédéral. Du coup face à des événements historiques qui ne vont pas complètement dans le sens anarchiste, où qui ne sontt pas porté par le mouvement anarchiste, la FA manque d'outils et passe à coté (1968 par exemple). Ce qui fait qu'il est quand même possible de militer à la FA, malgré cela, et j'y ai milité longtemps, c'est que les groupes sont totalement autonome. Du coup, même s'il n'y a pas de stratégie commune, chaque groupe, voir chaque militant peux quand même développer celle qui lui paraît juste, et peux aussi le faire avec plusieurs groupes. Mais le problème est la dispersion, le localisme et le consumérisme vis à vis de l'orga, le manque de lisibilité et la faiblesse de l'impact du travail militant ; et au final l'impuissance.

Bon, j'ai quand même fait un peu long là dessus. Sur la genèse de la crise, j'ajouterais plusieurs éléments. D'abord un fait de la sociologie de la FA qui me paraît majeur. Dans les années 90 avec la transformation du centre de Paris en zone de bureaux et de commerce, beaucoup de militant-e-s sont partis en province. C'est pas vrai que pour la FA. C'est important, parce qu'avant la moitié des effectifs de la FA était en Région Parisienne. Cela faisait un contre-poids à la force d'inertie fédérale dû à l'unanimité. En effet l'AG de la Région parisienne faisait office de lieu de décision pour gérer l'actualité politique pour l'orga. Dans les années 90, ont passe à 2/3 des militants en province avec des groupes assez bien implantés politiquement dans leurs villes. Du coup les besoins politiques de ces groupes deviennent plus importants, et les attentes vis à vis de l'outil fédéral aussi. D'autant que comme le dis qierrot l'implication des militant-e-s dans les mouvements sociaux se fait plus importante. Le fonctionnement de l'outil FA n'est clairement plus adapté à l'attente d'une partie non négligeable des groupes. Tout au long des années 90 il y a débat sur le fonctionnement. Les unions régionales et leur existence statutaire dans l'orga au début des années 90. Refusé. Demande de congrès extraordinaire pour refonder les fonctionnement de la FA en 1996. Refusé. Toujours l'unanimité. Puis la mise en place d'espaces intermédiaires entre deux congrès. Rencontres fédérales non décisionnelle, non officielles dans un premiers temps pour débattre entre les groupes de sujets d'actualités. Puis débat sur leur officialisation. Et là, c'est un des noeuds. Il était question d'avoir des réunion tout les trois mois qui soit décisionnaire. Ca a été une foire s'empoigne au congrès de Lorient en 1999, au sens propre comme figuré. Et le congrès à accouché d'une souris. C'est réunion trimestrielles ont été adoptés, mais n'avait un pouvoir de décision que sur les campagnes. Et encore. Je dis et encore parce que si le mandaté au RE ne voulait pas d'une campagne soit mené, rien ne l'obligeait vraiment. Donc, pas assez suite à dix ans de débats, d'autant qu'aucun moyens financier à l'époque n'a été validé pour que les militant-e-s de la FA puisse s'y rendre.

Autant dire que les difficultés pour avancer, faute d'outils organisationnels, ont produit à la FA, une culture assez particulière du mandat. En effet, il y est difficile d'y prendre des décisions quand elles ne fond pas l'unanimité. Il existe un comité de relation mensuel qui réunit tout les mandatés et auquel les groupes peuvent assister (à leurs frais). Pour que ça ne soit pas un bureau politique, il n'y a pas de décisions prises dans ces réunions mais des échanges, le mandaté étant seul responsable de son mandat devant l'orga, lors du congrès. Entre temps pas de possibilité de révocation.
Dans les faits, face aux manques d'outils interne pour prendre des décisions, les mandatés font des choses, sinon, rien n'avance. Là est la perversité. Il faut des super mandatés pour prendre des initiatives que l'orga n'a pas les moyens de décider, faute d'espace pour. Du coup, c'est la politique du fait accompli qui est la règle, et cette règle est légitimé par un réflexe militant fort en milieu libertaire, celui de « c'est celui qui fait qui est légitime », plus d'ailleurs que celui qui décide.

Donc, pour en venir au conflit de la période 2000/2002. Le point de départ factuel, c'est un problème vis à vis d'une exclusion d'un militant faite par le secrétaire aux relations intérieures après plusieurs débats en réunion mensuelle de mandatés. En l'occurrence il s'agissait d'un militant Belge qui avait écrit dans le Bulletin intérieur des propos injurieux et sexistes vis à vis d'une autre militante Belge et de son compagnon. Le militant sexiste, qui avait refusé de revenir sur ses propos était soutenu par un autre mandaté. Son groupe juste avant le congrès à produit un texte ordurier vis à vis du secrétaire aux relations intérieures, dont le titre était « Faut-il tuer Djerzinski». Responsable stalinien de la Tchéka, pour celles et ceux qui ne connaissent pas. Autant dire que le congrès à été assez pourri. C'était en 2000 a Perpignan. La dessus, il y avait des débats politiques avec des désaccords aux seins de la FA, ce qui est normal. Mais il y a eu des coup de force, sous la forme de la politique du fait accompli. Je m'en souvient d'un, mais il y en avait d'autre. C'était sur le féminisme et la stratégie à avoir. A cette époque, la FA était membre de la CADAC. Cette adhésion à ce cartel d'orga était contesté par de nombreux groupes, dans la mesure où la cadac avait servit de marche pied au PS (on était sous l'ère Jospin) notamment autour des débats sur la parité. Le renouvellement de l'adhésion de la FA à la Cadac a été rejeté. Il se trouve que ce congrès a mandaté deux des responsable du texte injurieux dont je parle plus haut, avec quelques abstentions moyennement amicale (c'est le terme utilisé à la FA). Trois mois plus tard la personne mandaté renouvelait l'adhésion à la CADAC. Mon groupe est intervenu. On s'est fait moitié insulté en réunion, personne n'a réagit. Et dans la période, ce n'a pas été le seul fait de la politique du fait accompli. Le cas de la brochure sur l'unité a été fait dans des circonstances similaires. Et si je cherche dans mes archives, j'en trouverais d'autres.
Dans cette période, il y a une ligne de fracture qui commence à se faire clairement. Toulouse et Perpignan ont adopté une ligne dure de dénonciation de ces pratiques. A mon sens, il ne s'agit pas de baronie, mais d'une réalité de la FA. Faute d'outils permettant des prises de décisions facilement et un réel contrôle des mandatés, il y a du pouvoir informel non dit. En cas, de conflit, faute d'espace pour les résoudre par des positions politiques non ambiguës, il y une lutte de pouvoir (où d'influence) qui se mène. Mais pour mener une lutte de pouvoir, il faut être au moins deux. Donc, c'est une vision tronqué, largement en cour à la FA, de charger la responsabilité sur les groupes de Perpignan et Toulouse.
D'autant que dans cette période d'autres groupes montait aussi au créneaux sur les mêmes problèmes. Certes de façon moins cru, mais de souvenir, il y avait au moins Montpellier, Nantes, Lille, Bordeaux, et des Belges.
Dans cette période, jusqu'au congrès suivant, pour de nombreux groupe, c'était une bagarre sur les pratiques, et dans mon groupe, je me souviens que c'était la question de l'éthique qui dominait. Ensuite, le congrès de 2001 à Besançon a été une catastrophe. Sans rentrer dans les péripéties, le résultats du congrès à été de partie sans la moitié des mandatés. Ce qui est particulièrement grave à la FA puisque comme je l'ai dit il sont le coeur de la dynamique de l'orga.
Suite à ça, il y a eu une réunion de crise, où Perpignan et Toulouse ne devait pas être invité. On continuait dans la crise. Je fais bref là dessus, mais je pourrait y revenir si nécessaire.
Résultat des courses, la FA tombe à Montpellier de 26 adhérents à 13 entre le congrès 2001 et 2002. Une évolution d'importance s'est faite par contre, c'est une analyse nouvelle de la situation. Déjà favorable à envisager de modifier le système de vote dans la FA, le groupe de Montpellier considère que l'essentiel des problèmes vient des fonctionnements de la FA. Tant ceux des comportements, que de l'éthique, des mandatements. L'analyse se développe aussi sur une incapacité de la FA a se développer et à développer l'anarchisme social tant qu'elle conservera l'unanimité.
Du coup, un débat étant programmé sur les fonctionnements en juin 2002 au congrès, les quelques camarades qui n'ont pas encore fait leur deuil de penser que la FA peut abandonner l'unanimité vont au congrès pour faire avancer notre position et être sûr d'avoir tout tenté. Ce fut un échec évidement. Du coté de l'union régionale sud-ouest la goutte d'eau a été l'appel à voté Chirac du groupe d'Oléron et le refus du congrès 2002 de désavouer publiquement cette position. Déjà marginalisé, il ne restait plus grand chose d'autre à faire que de partir. Pour Montpellier ce n'était pas l'élément fondateur, mais un truc de plus.
Pour Montpellier, c'était acté pour tous en juin 2002 (une partie d'entre nous plus tôt) que nous n'attendions plus rien de la FA. Nous avions la volonté de préserver notre outil militant qui a une implantation politique pour l'anarchisme sur la ville. Il ne nous restait que 4 options.
Devenir un groupe local. Mais, on était conscient des reculs politiques que ça produirait. Rester consommateur de matériels FA (tellement de groupe le font), mais on pensait que ça finirait par vider notre militantisme de son sens..Rejoindre une autre orga. Mais pour plein de raison, l'offre ne nous satisfaisait pas. Restait créer autre chose. Le fait que Perpignan et Toulouse annonce au congrès de 2002 leur départ de la FA, créait cette possibilité. C'est le choix que nous avons fait. Il a été décidé en juillet lors d'une rencontre entre les groupes et nous avons démissionné au 1er septembre.

Enfin, au moins pour Montpellier, il était clair dés ce moment là qu'il n'y aurait pas de retour à la FA. De plus nous analysions que la crise ne se finirait pas avec nos départs, puisqu'il ne réglait pas les problèmes. Nous pensions qu'il y aurait d'autres acteurs de la même crise. Et deux ans plus tard 60 personnes sont parties à leurs tour (Lyon, Lille, Nantes, Bordeaux). Et je pense que si dans la FA émerge des groupes bien implantés avec des besoins organisationnels ça recommencera.
Et je ne sais plus sur quel fil, Berkman développe le fait que la différence FA CGA n'ai pas que sur le vote interne. Il mettra sûrement un lien ce qui me permet d'arrêter là enfin.
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Re: La genèse de la CGA

Messagede Alayn » 02 Sep 2008, 19:50

Bonsoir ! Post très intéressant, merci "l'autre facteur". Je passe sur l'historique de la FA avec lequel je suis d'accord.

Juste un petit point: si, le mandaté est révocable à tout moment. C'est même marqué dans les Principes de Bases de la FA. D'un autre côté, en 20 ans de FA, je ne l'ai jamais vu mis en pratique et si le mandaté(e) a merdouillé(e) dans l'année, généralement çà se règle effectivement plutôt au moment du Congrès...(des fois pas ! arf !)

Je ne me rappelais plus que l'histoire sexiste Belge avait également joué un rôle dans la genèse de la CGA mais à la réflexion, je veux bien le croire. Je tiens à préciser par avance que le couple insulté étaient des ami(e)s personnel(les) (le garçon l'est toujours) et que le sexiste aurait du être éjecté illico (ce n'est que mon avis personnel).

Unanimité ou pas, c'est un débat récurrent, çà pourrait même faire l'objet d'un topic je pense intéressant, j'aurais en tout cas appris que la CGA n'était pas dans ce mode de prises de décisions à la différence de la FA.
Et je suis prêt à entendre ou à connaître les autres différences entre la FA et la CGA, y'a pas de soucis.

Un autre point où je ne suis pas tout à fait d'accord, c'est que la FA "chargerait" les "baronnies" de Toulouse et de Perpignan: désoled, mais c'était dans les faits un peu le cas quand même. Et il étaient loin d'être les seuls, bien évidemment.
Mais bref, perso, j'ai pas de soucis avec çà, si tu vois Jérôme de Toulouse ou Edward de Perpignan, tu peux leur passer le bonjour de ma part, je suis certain que çà leur fera plaisir: j'ai jamais eu d'embrouilles avec eux, bien au contraire ! Et ils le savent !

Sinon, je te salue toi aussi puisque je pense qu'on a du se croiser quelquefois.
Salutations Anarchistes !
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Re: La genèse de la CGA

Messagede L'autre facteur » 02 Sep 2008, 20:00

Juste pour te contredire. La révocabilité n'existe pas à la FA. Elle est marquée dans les PB, mais il n'y a aucune modalité. Il y a eu une une tentative contre le mandaté au journal dont je me souviens, demandé par des groupes comme Poitiers...vers 1996/97. Sans succés, pas possible. Au congrés d'après le mandaté ne se représente pas, et hop, c'est réglé.
A l'inverse pour rire un peu je crois que l'unanimité n'est pas dans les PB...ça avait fait un squetch dans un congrès sur le sujet. Ah... traditions orales...
Salut à toi, oui on s'est croisé. A +
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Re: La genèse de la CGA

Messagede Berckman » 02 Sep 2008, 21:05

Pour répondre à Gyhelle : l'agression d'une camarade anarcha-féministe au congrès de Rennes a été l'une des causes du départ des groupes de Nantes, Lannion, Lille, Bordeaux, Lyon et d'autres camarades individuellement en 2004, soit deux ans après le départ des camarades de l'union régionale sud-ouest et de Montpellier, qui ont créé la CGA.
Certains camarades, comme moi, ou groupes, comme la majorité de ceux de Lyon, ont par la suite, après plusieurs années de fonctionnement hors cadre fédéral, ont décidé de rejoindre la CGA, mais pas toutes et tous. D'autres, comme les camarades de Lille (GDALE) et de Bordeaux, ont maintenu des groupes locaux où un militantisme local. Il doit y avoir un camarade qui a rejoint l'AL. Un autre No Pasaran, d'autres se sont consacré exclusivement au mouvement féministe,...

Autre chose : A l'époque de la création de la CGA, j'étais en désaccord avec les camarades qui sont partis. Pas sur tout, mais suffisamment pour considérer qu'on pouvait continuer à militer dans le cadre de la FA. J'ai même signé l'appel à l'unité (chose, qu'après coup, je considère comme une connerie, mais bon.... c'est un autre sujet sur lequel je me suis en partie déjà exprimé) .
Je suis donc d'autant plus à l'aise pour dire que la présentation faisant des camarades de Toulouse et Perpignan l'origine des problèmes et de la scission est symptomatique d'une manière bien particulière de présenter les conflits : en niant l'existence de réseau de pouvoir informels, reposant justement sur les liens affinitaires, mais aussi sur une vieille antienne à la FA : la tradition orale (comprendre les règles non écrites censées être "traditionnelles" invoquées par certains historiques au moment où ça les arranges).
On évacue ainsi les problèmes structurels de l'orga en diabolisant à bon compte des camarades. Mais moi, les insultes nominales dans le bulletin intérieur, je ne les ai pas vu venir des camarades de Toulouse et Perpignan.
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Re: La genèse de la CGA

Messagede Olé » 02 Sep 2008, 21:26

Certains diront que je fais mon chieur individualiste et inorga, mais ce que vous exposez là montre bien le fait que mêmes les orga libertaires et anarchistes qui se veulent sans hiérarchie reproduisent un principe de domination et de rapport de force et donc de volonté de pouvoir.
Je ne fais pas de généralité en disant cela, et ça n'enlève rien au travail des orgas sur le terrain, mais on voit qd même qu'il y a une limite évidente à vouloir tout organiser et réduire le côté spontané d'une lutte sociale.
Pour celui qui passe ici, qui hésite à entrer en orga, qui ne pense qu'à l'anarchie et pas aux querelles de chapelle, il doit qd même y réfléchir à deux fois...
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Re: La genèse de la CGA

Messagede L'autre facteur » 02 Sep 2008, 21:40

je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi. Le pouvoir, il y en a partout et pas besoin d'orga pour qu'il y en ait. Moi je pense plutôt que l'informel est source des pires pouvoirs, ceux non dits et mal visibles, qui ne permettent pas de les identifier et aux individus de les combattre. Il ne s'agit pas tant de déterminer si les orgas reproduisent des formes de dominations que de construire des structures sociales qui permettent de s'en détacher. Et pour moi, ce sont des constructions, c'est dynamique. et je pense que pour avncer il faut formaliser. Mais je suis sûr qu'on en recause plus tard.
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Re: La genèse de la CGA

Messagede sebiseb » 02 Sep 2008, 21:43

Léo a écrit:Pour celui qui passe ici, qui hésite à entrer en orga, qui ne pense qu'à l'anarchie et pas aux querelles de chapelle, il doit qd même y réfléchir à deux fois...

Y a pas que pour ceux qui passe par là.. :roll:
$apt-get install anarchy-in-the-world
$world restart
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