CSR, Une analyse pour le moins particulière...

Re: Histoire des CSR

Messagede René » 26 Jan 2013, 14:49

Les historiens ont tendance à penser qu’un événement sur lequel il n’y a pas d’archives est un événement qui n’a pas existé. C’est une exigence méthodologique dure, mais qui a l’avantage de garantir un minimum de crédibilité à leurs travaux.
Mais en l’absence d’archives il y a tout de même d’autres méthodes pour tenter de décrire et de comprendre un phénomène historique, comme par exemple les témoignages de personnes qui ont vécu l’événement. Cette méthode présente l’inconvénient de laisser un certain espace à la subjectivité, d’autant plus si les témoignages sont recueillis longtemps après. Mais en procédant par recoupements on parvient en général à se faire une idée, à condition d’élaguer tout ce qui est manifestement contradictoire.
Il y a une autre méthode, par déduction. On considère tout ce que les auteurs contemporains ou plus ou moins contemporains ont écrit sur le sujet, même marginalement, et on passe cela au tamis de la critique. Par exemple si on n’avait aucune archive sur la répression de Cronstadt mais qu’on n’avait qu’une déclaration de Trotsky disant que les insurgés étaient des contre-révolutionnaires, après avoir passé la déclaration de Trotsky au tamis de la critique, on déduirait que les insurgés de Cronstadt étaient d’authentiques révolutionnaires. Mais même cette méthode a des limites.

On est en droit de s’interroger sur la validité d’une histoire fabriquée sans archive.
L’absence d’archive présente un avantage indéniable pour ceux qui veulent créer une histoire fantaisiste ou subjective. A partir de faits bruts qu’on ne peut en général pas contester, on fournit une interprétation des événements parfaitement mythologique.
C’est l’impression que j’ai eue en lisant l’« histoire » des Comités syndicalistes révolutionnaires que nous propose le CSR.
Le lecteur doit faire le tri entre les faits avérés et les commentaires subjectifs, fantaisistes et orientés où on voit une fois de plus que le CSR se trompe d’ennemi en s’en prenant à l’anarcho-syndicalisme.
René
 
Messages: 76
Enregistré le: 03 Aoû 2011, 17:49

Re: Histoire des CSR

Messagede Pti'Mat » 27 Jan 2013, 11:07

"Le lecteur doit faire le tri entre les faits avérés et les commentaires subjectifs, fantaisistes et orientés où on voit une fois de plus que le CSR se trompe d’ennemi en s’en prenant à l’anarcho-syndicalisme."

Ca c'est ton avis, qui ne repose également que sur un avis subjectif de part ta formation et tradition AS. L'AS n'est pas un ennemi, simplement une dérive stratégique. Mais ça reste un courant frère, le plus proche de nous. Et bien souvent, on est plus exigeants et plus dure avec ses proches, parce qu'on veut le triomphe de nos idées communes par une stratégie cohérente et réaliste
"Il n'y a pas un domaine de l'activité humaine où la classe ouvrière ne se suffise pas"
Le pouvoir au syndicat, le contrôle aux travailleurs-euses !

https://www.syndicaliste.com/
http://redskins-limoges.over-blog.org/
Avatar de l’utilisateur-trice
Pti'Mat
 
Messages: 278
Enregistré le: 19 Aoû 2011, 15:51
Localisation: Limoges - Occitània

Re: Histoire des CSR

Messagede Pti'Mat » 27 Jan 2013, 11:52

Après sur la question des archives et sources, il ya les numéros de l'humanité d'époque (dispo sur gallica) où il ya les rapport d'activité des CSR, et la Vie Ouvrière consultables au musée social où à chaque numéro il ya pareil un rapport d'activité par ville etc... ensuite il ya le maitron et les archives Marie Guillot et quelques documents selon les villes dans les archives départementales et de la police, ainsi que des bouquins d'historiens sur le commnisme français. Et tout se recoupe avec l'étude sur l'ISR et le PCF (et je ne parle pas de l'étude menée auprès de l'espagne). Donc après on peut dire que c'est mythifié blablabla, que les militants d'époque sont des menteurs dans les rapports d'activité CSR rendus public mais les documents sont là et ça coincide avec nos "déductions" car ce qui manque c'est bien les archives internes. Donc voilà, je pense qu'il vaut mieu réflechir à deux fois avant de nous coller l'étiquette de révisionnistes ou de mythificateurs sur le dos, et faire vous même les recherches.
"Il n'y a pas un domaine de l'activité humaine où la classe ouvrière ne se suffise pas"
Le pouvoir au syndicat, le contrôle aux travailleurs-euses !

https://www.syndicaliste.com/
http://redskins-limoges.over-blog.org/
Avatar de l’utilisateur-trice
Pti'Mat
 
Messages: 278
Enregistré le: 19 Aoû 2011, 15:51
Localisation: Limoges - Occitània

Re: Histoire des CSR

Messagede René » 27 Jan 2013, 16:19

Source : http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle4948

1922 : Les « anarcho-syndicalistes » perdent la CGTU

Ce n’est pas en 1914, mais en 1922 qu’a véritablement sonné le glas du syndicalisme révolutionnaire français. Quant, au congrès de Saint-Etienne, il a lié son destin au gouvernement bolchevik. Les tenants de l’indépendance, qualifiés d’» anarcho-syndicalistes » se sont pourtant battus jusqu’au bout…


Le 25 juin 1922, la grande salle de la bourse du travail de Saint-Étienne, toute drapée de rouge, s’apprête à vivre des heures historiques. Près de 600 délégués doivent jeter les bases organisationnelles et stratégiques de la CGT Unitaire (CGTU), toute nouvelle confédération regroupant les syndicats révolutionnaires exclus ou démissionnaires de la CGT devenue réformiste.
Saint-Étienne est un congrès historique, à la charnière de deux époques. La CGTU promet en effet à la fois d’être une CGT « authentique », perpétuant le syndicalisme révolutionnaire d’avant-guerre, et d’être une CGT nouvelle, enrichie de l’expérience de la guerre et de la Révolution russe.
Le tout est de savoir comment on perçoit la Révolution russe. Or, les deux tendances qui dominent la CGTU naissante en font une lecture totalement divergente. La première, que ses adversaires qualifient entre eux d’« anarcho-syndicaliste » (1), est menée par Pierre Besnard. La seconde, qui sera bientôt traitée de « moscoutaire », l’est par Gaston Monmousseau.
Pourtant, toutes deux sont authentiquement syndicalistes révolutionnaires…
De janvier à juin 1922, dans l’intervalle de six mois qui a séparé la création de la CGTU de son 1er congrès, la tendance Besnard a été majoritaire à la commission administrative (CA) provisoire, mais la tendance Monmousseau n’a cessé de se renforcer. Les congrès de fédérations qui ont précédé Saint-Étienne lui ont presque partout donné l’avantage. La partie adverse joue donc serré.

Pierre Besnard, chef de file des « purs »
Ayant ses bastions dans les UD du Rhône et de la Loire, et surtout dans la prestigieuse fédération du Bâtiment, épine dorsale de la vieille CGT, la tendance Besnard associe trois fractions qui s’interpénètrent en partie :

• Les syndicalistes révolutionnaires dits « purs », ayant souvent émergé dans la résistance à la guerre et dans les grèves de 1919-1920. Attachés à la geste héroïque de la CGT d’avant-guerre, ils ont eu l’heur d’être chaperonnés quelque temps par une gloire de cette époque : Victor Griffuelhes. Mais leur véritable inspiration, c’est Fernand Pelloutier, dans l’esprit duquel ils affirment que « le syndicalisme suffit à tout », ce qui les amène à réfléchir très concrètement au rôle des syndicats dans la future socialisation des moyens de production. Parmi leurs orateurs au congrès : le cheminot Pierre Besnard bien sûr, mais aussi le terrassier basque Louis Barthe, le menuisier Couture, ou les métallos Quinton, Veber et Boudoux. Défendant l’indépendance du syndicalisme vis-à-vis des communistes, mais aussi de leurs alliés anarchistes, les « purs » ont, quelques semaines avant Saint-Étienne, lancé un journal au titre très référencé, La Bataille syndicaliste, pour développer leurs idées (2) ;
• Les anarchistes de l’Union anarchiste (UA) et leur hebdomadaire Le Libertaire, qui accusent le gouvernement bolchevik d’étrangler la Révolution russe. Parmi leurs orateurs : le célèbre ouvrier cimentier Louis Lecoin qui, à 34 ans, est auréolé de ses déjà dix années de prison politique ; le leader cheminot Henri Sirolle ; André Colomer, secrétaire de la fédération du Spectacle, anarchiste individualiste tardivement converti au syndicalisme et d’une exaltation souvent brouillonne (3) ;
• Enfin plusieurs personnalités originales : syndicalistes libertaires, mais adhérents (mal vus) du jeune PCF. Ce sont, entre autres, le cheminot Henri Toti, secrétaire provisoire de la CGTU ; l’instituteur François Mayoux ; le métallo Lorduron, secrétaire de l’UD de la Loire ; le meneur cheminot Dejonkère.
Pour ces militants, la scission CGT-CGTU, c’est certes le traumatisme de voir brisée l’unité ouvrière, mais c’est aussi l’opportunité d’une clarification doctrinale que la Charte d’Amiens a selon eux, empêchée. Ils estiment en effet que le syndicalisme révolutionnaire doit assumer son anti-étatisme et se prémunir du « fonctionnarisme », c’est-à-dire de la bureaucratisation. C’est à ce prix qu’à l’avenir il se gardera des ornières réformistes et de la collaboration de classes.

Monmousseau, sur les rails du bolchevisme
La seconde tendance, beaucoup plus hétérogène, domine deux structures massives : la fédération des Cheminots et l’UD de la Seine, mais aussi la très active fédération de l’Enseignement, qui publie L’École émancipée. Quatre fractions distinctes se sont peu à peu retrouvées derrière le nom de Monmousseau :

• Les amis de l’hebdomadaire La Vie ouvrière de Pierre Monatte, dont les cheminots Monmousseau et Pierre Semard, et le typographe Dudilieux. Enthousiasmés par la Révolution russe, ils continuent de soutenir le gouvernement bolchevik malgré les échos de plus en plus alarmants sur la répression du mouvement ouvrier russe (4). S’ils considèrent que le syndicalisme « se suffit à lui-même », ils récusent qu’il « suffit à tout », et sont favorables à une liaison, circonstancielle et non « organique », avec le PCF. Au-delà, leur programme est flou – ce que les « purs » leur reprochent – mais du coup plus rassembleur ;
• Les militants du PCF apportent l’appui décisif du quotidien L’Humanité. Fait inédit dans l’histoire syndicale, ils iront jusqu’à tenir officiellement une réunion de fraction le 2e soir du congrès. Monmousseau n’est à leurs yeux pas assez pro-Moscou, et trop attaché au « préjugé » de l’indépendance syndicale. Ils lui apportent néanmoins un soutien tactique si visible qu’il en est gênant. L.-O. Frossard, le secrétaire général du PCF en personne, siège parmi les congressistes !
• Plusieurs personnalités qui se disent « indépendantes », comme le secrétaire de la fédération des PTT, Joseph Lartigue, ou l’institutrice Marie Guillot, qui a poussé la CGT vers les femmes en 1913-1914, soutiennent Monmousseau surtout par rejet des « anarcho-syndicalistes ».
• Il faut, pour finir, citer quelques anarchistes qui restent partisans d’un soutien critique au gouvernement bolchevik, parmi lesquels les métallos parisiens Benoît Broutchoux (absent au congrès) et Jules Massot (5).

Amsterdam, Moscou ou Berlin ?
La grande bataille – la mère des batailles – que se livrent les tendances Besnard et Monmousseau à Saint-Étienne porte sur l’adhésion, ou non, de la CGTU à l’Internationale syndicale rouge (ISR), créée par Moscou. Or cette ISR fait bien pâle figure depuis que les plus importantes centrales syndicalistes révolutionnaires d’Europe – CNT espagnole, USI italienne, NAS néerlandais… – en ont claqué la porte, écœurées par les méthodes bolcheviks. En juin 1922, une semaine avant Saint-Étienne, elles ont tenu conférence à Berlin pour créer leur propre internationale, qui verra le jour six mois plus tard sous le nom d’Association internationale des travailleurs (AIT).
La tendance Monmousseau dénonce là une démarche de division du camp révolutionnaire. La tendance Besnard, en attendant que l’AIT soit prête pour que la CGTU puisse y adhérer, cherche à gagner du temps, et à empêcher l’adhésion à l’ISR. Comment ? En faisant un tir de barrage contre l’article 11 de ses statuts, qui instaure une « liaison organique » avec l’Internationale communiste (6). Cela supposerait une même liaison entre la CGTU et le PCF : soit l’annihilation de la Charte d’Amiens et des fondamentaux du syndicalisme.
Cet argument massue oblige la tendance Monmousseau à une inflexion. Elle se bat donc pour que la CGTU adhère à l’ISR, mais « avec réserve », et promet de négocier ensuite la suppression du fâcheux article 11. Les communistes ne peuvent faire autrement que de le soutenir. Néanmoins, une poignée vont désobéir et soutenir une motion intransigeante, d’adhésion « sans réserve » à l’ISR.

Une tentative de décentralisation
Le deuxième débat crucial à Saint-Étienne porte sur les statuts de la CGTU. La CA provisoire a planché sur un projet de statuts très décentralisateur et « antifonctionnariste », dans un esprit libertaire. Véritable chambardement par rapport aux structures de la CGT, ces statuts rééquilibrent l’organisation confédérale au bénéfice des unions régionales, et au détriment des fédérations professionnelles. Elles limitent aussi le permanentat et, last but not least, indiquent que la CGTU poursuit comme but « la suppression du patronat, l’abolition du salariat » et – innovation – « la disparition de l’État ».
L’UD de la Seine, dominée par la tendance Monmousseau, a déposé un contre-projet beaucoup plus traditionnel. Marie Guillot y fera inscrire un important additif : la création d’un secrétariat féminin au niveau confédéral.

Cinq jours d’une âpre joute oratoire
Avant Saint-Étienne, on s’était promis d’aller « à la bataille avec son drapeau » (7). Cela promettait une belle joute oratoire. Elle allait être particulièrement âpre. Aussi âpre que les multiples manœuvres procédurières – contestation de mandats, inversion tactique de l’ordre des votes, calcul discutable des temps de parole – dont chaque tendance démontra une science égale.
Durant cinq journées enfiévrées, dont une harassante séance de nuit, les orateurs vont se relayer à la tribune.
À Lecoin qui accuse Monmousseau de rouler pour le PCF, Bouët répond que la CGTU doit refuser de passer sous la coupe du « parti anarchiste » (8). On polémique sur le concept de « dictature du prolétariat ». Les communistes embarrassent Monmousseau en affirmant sans rire que la « liaison organique » ne signifie pas « subordination du syndicat au parti ».

Un vieil ouvrier tailleur, vétéran de la CGT, s’alarme de « retrouver les guesdistes d’il y a vingt ans ; le titre a changé, l’esprit est le même » (9). Lecoin, sous les huées des communistes, dénonce l’emprisonnement des syndicalistes en Russie. Et le secrétaire général du PCF de lancer ce morceau d’anthologie : « Anti-étatiques, nous le sommes autant que vous ! » (10). Pierre Semard dénonce l’épisode du « Pacte » secret, par lequel 18 syndicalistes « purs », autour de Besnard, s’étaient promis, en février 1921, de prendre le contrôle du mouvement syndical (11). Toti et Monmousseau se disputent le rôle de meilleur défenseur de l’indépendance de la CGTU, au-dessus des querelles du PCF et de l’UA.
Les invités étrangers entrent dans la danse : Borghi, de l’USI, puis Diès, de la CNT, dénoncent la dictature moscovite, mais ils se font voler la vedette par l’arrivée spectaculaire du secrétaire général de l’ISR, Lozovski, qui est parvenu à gagner Saint-Étienne au nez et à la barbe de la police française. Ovationné, il se lance dans un discours de deux heures, brossant le tableau héroïque de la Révolution russe et la nécessité d’une période de dictature (12). Ancien travailleur immigré en France, il a milité à la CGT avant 1914, et sait trouver les mots pour être entendu des syndicalistes révolutionnaires.

La tendance Besnard a le bénéfice des ultimes interventions, avec les conclusions des trois secrétaires de la CA provisoire – dont un vibrant discours de Toti. Pourtant, il est trop tard. Les partisans de Besnard, malgré toute leur fougue et leur habileté tacticienne, n’ont pu remonter le courant, et les résultats des votes sont sans appel : Monmousseau l’emporte aux deux tiers sur l’orientation nationale, internationale, et sur les statuts.
Dépités, les nouveaux minoritaires refusent de participer à la commission exécutive de la CGTU. Et annoncent la couleur : ils seront avec le bureau confédéral pour l’action syndicaliste, et contre lui dès qu’il s’en écartera.

Deux ans de DéchirementsAprès Saint-Étienne, la CGTU va donc connaître encore deux années de déchirements, dans une ambiance de plus en plus détestable entre « moscoutaires » et « anarcho-syndicalistes ».
Pour désamorcer les critiques, Monmousseau, désormais secrétaire de la CGTU, convaincra Lénine de supprimer formellement l’article 11 de l’ISR. Ce qui permettra à la CGTU de passer sous le contrôle du PCF en sauvant les apparences. Des syndicalistes comme Lartigue, Marie Guillot, Massot et Benoît Broutchoux, comprenant qu’ils ont été dupés en votant Monmousseau, passeront alors à l’opposition. Trop tard. Le IIe congrès de la CGTU, en 1923, confirmera la ligne pro-Moscou.
Monmousseau, Semard et Dudilieux attendront juillet 1925 pour prendre officiellement leur carte au PCF, et être propulsés directement au bureau politique, assurant de facto la « liaison organique » avec la CGTU.
Entre-temps, ils auront réussi à se débarrasser des « anarcho-syndicalistes ». Après l’assassinat de deux syndicalistes libertaires par les communistes, en janvier 1924, de nombreux syndicats rompront avec une CGTU jugée dénaturée. Une partie d’entre eux retourneront à la CGT. D’autres resteront autonomes. D’autres enfin créeront, en 1926, la petite CGT-Syndicaliste révolutionnaire (CGT-SR).

Guillaume Davranche
(AL Montreuil)



D’une scission l’autre
Septembre 1920 : La minorité révolutionnaire de la CGT se déclare solidaire de la IIIe Internationale. En réaction, au sein de la minorité, apparition d’une fraction syndicaliste dite « pure », proche de l’anarchisme, hostile à toute inféodation à Moscou.
Février 1921 : Autour de Pierre Besnard, 18 syndicalistes « purs » signent un « Pacte » secret pour prendre la direction du mouvement syndicaliste révolutionnaire.
Juillet 1921 : Fondation de l’Internationale syndicale rouge à Moscou. La délégation française, dominée par les « purs », freine des quatre fers. Au congrès CGT de Lille, la minorité talonne la majorité réformiste.
Septembre 1921 : La CGT prononce l’exclusion de sa minorité révolutionnaire.
Décembre 1921 : Les syndicats exclus, toutes tendances confondues, constituent la CGTU. Sa direction provisoire est dominée par les « purs » de Besnard. Les pro-Moscou s’organisent derrière Monmousseau.
Juin 1922 : Ier congrès de la CGTU à Saint-Étienne. Défaite de la tendance Besnard. Montée des luttes intestines.
Novembre 1923 : Le IIe congrès de la CGTU à Bourges confirme l’orientation procommuniste. Nouvelle défaite de la tendance Besnard.
11 janvier 1924 : Assassinat des ouvriers libertaires Clot et Poncet lors d’une bagarre avec les communistes. La minorité anarcho-syndicaliste quitte la CGTU.


Notes
(J’ai ajouté quelques notes au texte original de G. Davranche. R.B.)

1. Le terme était utilisé avant-guerre par les socialistes guesdistes pour discréditer la direction de la CGT. Ce n’est qu’à partir de 1923 que certains syndicalistes se réapproprieront cette étiquette à l’origine purement polémique.
2. De 1911 à 1915, La Bataille syndicaliste avait été l’organe quotidien du syndicalisme révolutionnaire.
3. André Colomer se détache de l’anarchisme à partir de 1927 pour rallier le communisme. Il s’installera ensuite en URSS où il mourra le 7 octobre 1931. (Note R.B.)
4. Pierre Monatte, « Syndicalisme et Révolution russe », L’École émancipée, avril 1922.
5. On s’étonnera de ne pas voir figurer le nom de Pierre Monatte à ce congrès. Celui-ci était adhérent du Syndicat des correcteurs qui était resté dans la CGT traditionnelle. Il n’avait donc pas sa place au congrès de fondation de la CGTU. (Note R.B.)
6. Une résolution du 3e congrès de l’Internationale communiste (juin 1921) spécifiait qu’« une liaison organique entre les Partis Communistes et les syndicats ouvriers, constituent la condition préalable du succès dans la lutte contre le capitalisme ». Une même disposition avait été prévue dans le cadre des rapports entre l’Internationale communiste et l’Internationale syndicale rouge. Cependant, en 1922 pour des raisons stratégiques, Lénine décida de faire supprimer l’article initialement élaboré sur la liaison organique entre l’Internationale communiste et l’Internationale syndicale rouge. (Note R.B.)
7. Monmousseau, page 81 du compte-rendu.
8. Bouët, page 80 du compte-rendu.
9. Saint-Blancat, page 226 du compte-rendu.
10. Frossard, page 210 du compte-rendu.
11. Ceux qui s’indignaient (ou s’indignent encore) de ce « pacte » sont les mêmes qui approuvent la 9e condition d’adhésion à l’Internationale communiste (voir note 6) : « Tout Parti désireux d'appartenir à l'Internationale Communiste doit poursuivre une propagande persévérante et systématique au sein des syndicats, coopératives et autres organisations des masses ouvrières. Des noyaux communistes doivent être formés, dont le travail opiniâtre et constant conquerra les syndicats au communisme. Leur devoir sera de révéler à tout instant la trahison des social-patriotes et les hésitations du « centre ». Ces noyaux communistes doivent être complètement subordonnés à l'ensemble du Parti. » (Note R.B.)
12. Voir le discours de Lozovsky ::
http://monde-nouveau.net/spip.php?article353 (Note R.B.)

Publié le 30 septembre 2012 par Commission Journal (mensuel)
René
 
Messages: 76
Enregistré le: 03 Aoû 2011, 17:49

Re: Histoire des CSR

Messagede mimosa rouge » 06 Fév 2013, 22:04

faut pas y voir un travail d'historien, c'est bien une étude militante et critique (avec analyse, bilan et perspective pour aujourd'hui) qui est présenté là . Et ce n'est pas un travail de mythification d'une organisation d'hier au profit des CSR d'aujourd'hui, lisez un peu mieux quand même ! c'est une critique d'un échec mais essayont de comprendre et d'en tirer des enseignements .
Ainsi il y a une critique des stratégies suivi par les SR a cette époque (en gardant en tête que l'expérience sera un échec pour le SR) . En résumé ces stratégie sont :
-la tendance syndicale : pourquoi ? quel forme doit elle prendre ? ce n'était pas joué chez tout les militants d'une nécessité d'avoir une tendance réunissant les SR, la plus interressante et la plus avancé dans la reflexion restera Marie GUILLOT, d'ailleurs le premier CSR sera un comité d'industrie : celui de l'enseignement impulsé par M. GUILLOT des 1919 . Puis même chez ceux qui l'acceptait il fallait se défaire de l'idée que le syndicat ou l'UD auquel on adhérait était révolutionnaire ... ce qui n'a jamais été vraiment remis en cause par suffisamment de militants certains par bureaucratisme et aveuglement d'appareil d'autre par un contre sens sur la définition d'une organisation révolutionnaire et une organisation de classe (en gros c'est pas parce que les copains pratiquent l'action directe pour les revendications quotidiennes qu'ils sont révolutionnaires et que le syndicat sera capable d'engager une lutte révolutionnaire ... 1914 aurait du permettre de tirer des leçons ...

-les faiblesses de formations : beaucoup de jeunes militants qui n'ont pas vécut directement l'echec de la CGT face a la guerre et n'en n'ont pas tiré de conséquences eux même , mais la transmission d'expérience ne s'est pas faite non plus correctement par les plus anciens qui n'avait pas tiré de bilans sérieux. L'activisme d'appareil a semblé être trop fort pour maintenir une réflexion et une activité révolutionnaire correcte... les dérives jouhauistes se reproduiront sur un certains Monmousseau ou Besnard par exemple .

-l'affirmation d'une stratégie de fuite en avant scissionniste théorisé par certains ou accepté par d'autres. Là c'est bien l'idée de tendance syndicale qui fout le camp . Et beaucoup démontrent que pour eux les CSR c'était utile pour la lutte d'appareil mais pas pour un travail révolutionnaire plus profond . Majoritaires les révolutionnaires vont quand même se retrouver a créer une seconde Cgt . Il y a certainement l'idée qu'il ne sert a rien d’être dans une conf' si on n'est pas au bureau .... Or le SR c'est. une activité de long terme, de réflexion matérielle sur la structuration, les revendications la formation .... afin de favoriser des luttes plus radicales mais aussi de les considérer a chaque fois comme des expériences qu'il faut accumuler et transmettre et donc voir le processus révolutionnaire comme un processus justement (au dela de la vision du grand soir mythique). Les syndicats et leurs coordinations (bourses du travail puis UL/UD), fédérations et confédérations sont structuré dans cette perspective immédiate en plus de la perspective future de gestion ouvrière de la société . Penser qu'il suffit qu'un rouge soit secrétaire d'un syndicat alors le syndicat est rouge puis que les congrès et les statuts proclames la "rougeur" de l'organisation, c'est se tromper lourdement sur les capacités immédiate et futures du syndicat . Rappelons nous 1914 ...

-dans cette vision d'appareil du syndicalisme révolutionnaire effectivement la charte d'Amiens devient un vrai problème . l'anarcho-syndicalisme puis le syndicalisme communiste peuvent paraitre etre une charmante alternative puisque tout n'est question de majorité dans l'appareil et de la couleur de celui-ci . Puis quand l'efficacité de l'action syndicale se rapproche de zéro a cause de la division syndicale, le besoin d'un parti devient forcément plus grand .
Pour le syndicalisme communiste et ses liens avec la reconstruction du parti, il faut aussi voir que l'IC représentait une bonne façon de rebondir matériellement pour beaucoup de militants qui après avoir connut la prison se sont retrouvé au chômage chronique a cause de leur activités révolutionnaires . Obtenir des postes de permanents pour en plus travailler pour la "révolution mondiale" c'est logiquement plus attrayant pour le portefeuille et l'égo (surtout quand en 24/25 la situation révolutionnaires et passé que les luttes déclinent et qu'on a une responsabilité dans l’échec des 5 dernières années, scission comprise) ... mais ça a construit une génération de cadre de la révolution puis de bureaucrates réformistes (voire quelques fascistes : Doriot).

Juste quelques interrogation sur le texte parut dans AL au dessus et qui parle de la période suivante quand le mouvement SR aura explosé en vol :
je suis pas sur que le NAS hollandais est fondé l'AIT !? j'ai de gros doute, une minorité qui a scissionné plutôt . De mémoire le NAS adhère a l'ISR.
Dans les notes que René rajoute , on lit que la BS était l'organe des SR, en fait c'est un peu plus complexe quand même c'était l'organe officieux de la CGT . C'est la vie ouvrière qui était un organe de tendance (embryonnaire car sous forme de revue) complétement indépendant des syndicats .
Comparer le pacte clandestin des syndicalistes purs au conditions publique d'adhésions de l'IC c'est pas vraiment efficace comme argument ! et pourtant je suis pas partisans de ce genre de pratiques fractionnistes mais elles ont le mérite de la franchise .
mimosa rouge
 
Messages: 472
Enregistré le: 10 Sep 2011, 18:13

Re: CSR, Une analyse pour le moins particulière...

Messagede bipbip » 03 Oct 2015, 01:39

Le « Courant syndicaliste révolutionnaire » est-il anti-anarchiste ?

Deux textes écrits par le « Courant syndicaliste révolutionnaire » (CSR) ont attiré mon attention à cause du discours que tient ce courant par rapport à l’anarchisme et l’anarcho-syndicalisme :

♦ « La CFDT et le syndicalisme révolutionnaire » ;

♦ « Histoire de l’Internationale syndicale rouge » ;
J’ai ensuite lu un troisième texte :

S’y ajoute un troisième texte :

♦ « L’anarcho-syndicalisme contre le Front Unique », qui ne dit rien de nouveau sur le fond par rapport aux deux premiers textes que je mentionne, mais qui confirme mes premières impressions : le CSR est clairement anti-anarchiste et anti-anarcho-syndicaliste.

Cela dit, on a parfaitement le droit d’être anti-anar, et de le dire. Cela relève d’un simple débat d’idées. Mais l’argumentaire du rédacteur de ces textes révèle une invraisemblable manipulation des faits, la mauvaise foi et la déformation. Et aussi une incroyable tendance à récupérer des mouvements comme étant « syndicalistes révolutionnaires », alors qu’ils n’ont absolument rien à y voir.

L’argumentaire de notre théoricien du « SR », comme il dit, se fonde sur :
– la négation du caractère répressif du gouvernement communiste en Russie, répression qui s’est exercée contre le mouvement ouvrier dès 1918. (rappelons que la Tchéka a été fondée dès décembre 1917), et atteignant un pic en 1921 avec la répression de l’insurrection de Kronstadt et du mouvement makhnoviste. Avec l’interdiction des tendances au 10e congrès du parti, toute démocratie à l’intérieur du parti est brisée. À l’extérieur, cela faisait longtemps qu’elle l’était.

– L’affirmation que l’Internationale syndicale rouge, le pendant syndical de l’Internationale communiste, était une organisation syndicaliste révolutionnaire, indépendante de l’Internationale communiste, et qu’elle aurait pu constituer une alternative au gouvernement bolchevik jusqu’en 1928.

– La condamnation du retrait des anarcho-syndicalistes de l’Internationale syndicale rouge pour fonder l’AIT à Berlin en 1922, retrait qui serait motivé par des erreurs d’analyses et par opportunisme et non comme conséquence d’une analyse de la nature répressive et anti-ouvrière de l’Etat russe.
– La condamnation du refus des anarchistes à adhérer à la politique du « front uni » décidée par l’Internationale communiste et imposée aux partis communistes adhérents, laquelle politique impliquait entre autres choses la participation des partis adhérents à l’Internationale aux élections et la constitution de fractions communistes dans les organisations syndicales pour en prendre le contrôle.

... PDF : http://monde-nouveau.net/IMG/pdf/Le_Cou ... anti-a.pdf

http://monde-nouveau.net/spip.php?article355
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: CSR, Une analyse pour le moins particulière...

Messagede Pti'Mat » 07 Oct 2015, 12:43

T'en es encore là ? :lol:

Si t'as que ça à faire, grand bien te fasse sm 26
"Il n'y a pas un domaine de l'activité humaine où la classe ouvrière ne se suffise pas"
Le pouvoir au syndicat, le contrôle aux travailleurs-euses !

https://www.syndicaliste.com/
http://redskins-limoges.over-blog.org/
Avatar de l’utilisateur-trice
Pti'Mat
 
Messages: 278
Enregistré le: 19 Aoû 2011, 15:51
Localisation: Limoges - Occitània

Précédente

Retourner vers Histoire

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun-e utilisateur-trice enregistré-e et 6 invités