Petites histoires de grêves et manifestations du passé

Re: Petites histoires des grandes grêves du passé

Messagede bipbip » 13 Jan 2017, 17:58

Samedi 14 janvier à Lyon

Rencontre/débat autour du livre La Grève des ovalistes en présence des auteurs Claire Auzias et Annick Houel

à 15h à la librairie La Gryffe, 5 rue Sébastien Gryphe Lyon 7e.

La grève des ovalistes (ouvrières de la soie qui préparaient les fils de soie pour le tissage) de Lyon en juin-juillet 1869 est une des premières grandes mobilisations du mouvement ouvrier en France. Elle est emblématique à plusieurs titres : c’est une grève massive de plusieurs centaines de femmes ouvrières qui occupent la rue avec le soutien de l’Association Internationale du Travail (AIT), mais ce mouvement est aussi traversé par les contradictions caractéristiques du mouvement ouvrier, dont l’appropriation masculine des luttes et l’affrontement entre le courant anarchiste et le courant marxiste dans sa représentation.

https://rebellyon.info/Rencontre-debat- ... reve-17358
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Re: Petites histoires des grandes grêves du passé

Messagede Pïérô » 16 Jan 2017, 23:12

Histoire du mouvement ouvrier en France

Dans le cadre de ses rendez-vous du mercredi, la BAM organise des rencontres mensuelles pendant le premier semestre 2017 sur l'histoire du mouvement ouvrier en France de 1830 à nos jours. Les luttes, les révoltes, les révolutions qui se sont déroulées pendant cette période seront développées par un des membres du collectif d'animation de la BAM.

Les séances auront lieu un mercredi par mois à 20h :
1.Mercredi 18 janvier 2017 : 1830 - 1871
2.Mercredi 15 février 2017 : 1871 - 1905
3.Mercredi 15 mars 2017 : 1905 - 1920
4.Mercredi 12 avril 2017 : 1920 - 1940
5.Mercredi 10 mai 2017 : 1940 - 1968
6.Mercredi 7 juin 2017 : débat sur la situation contemporaine

à 20h, Bibliothèque Associative de Malakoff - BAM
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Re: Petites histoires des grandes grêves du passé

Messagede Pïérô » 23 Jan 2017, 00:28

Toulouse, mardi 24 janvier 2017

Conférence-débat : " La gréve des mineurs britanniques (1984-1985) "

L'Université Populaire de Toulouse invite Thierry Labica le mardi 24 janvier à 20H30 à la Bourse du Travail, place Saint Sernin, Toulouse.

Mars 1984. Contre un projet annoncé de fermeture de vingt puits de mines et de 20 000 suppressions d'emplois, 140 000 mineurs britanniques commencent une grève qui durera une année.

Entre le 8 mars 1984 et le 3 mars 1985, plus de 11 000 d'entre eux seront arrêtés, 5 653 poursuivis en justice, 200 emprisonnés et près d'un millier licencié.
Derrière les motifs économiques avancés, une véritable stratégie gouvernementale visait à infliger une défaite définitive à la composante le plus combative du mouvement ouvrier, le Syndicat national des mineurs.
Cette expérience, emblématique de la désindustrialisation des années 1980 en Grande-Bretagne, fut largement constitutive de ce que l'on a appelé le thatchérisme.
La grève - ses occasions manquées, les défections du monde syndical, mais aussi les solidarités nouvelles qui s'y inventèrent, puis sa défaite - marqua une rupture dans le modèle des relations du travail d'après-guerre, dans la culture ouvrière et syndicale et dans la société britannique tout entière.
Cet ouvrage propose de revenir à la fois sur quelques-unes de ses dimensions et sur certains aspects de son rayonnement obscur contemporain, et les hantises qu'elle fait encore ressentir.

Toute ressemblance avec ce que nous pouvons connaître aujourd'hui n'est pas fortuite.

La grève des mineurs 1984-85

Il y a trente ans commençait un des conflits sociaux les plus marquants de l'histoire récente de la Grande-Bretagne : la grève des mineurs britanniques, qui allait durer jusqu'à mars 1985, impliqua plus de 160 000 travailleurs, donna lieu à 11,312 arrestations, 5,653 poursuites en justice, près de 200 emprisonnements. Aucun conflit du travail n'a, depuis, atteint une ampleur, une intensité et une dimension emblématique comparables.
A travers cet épisode se sont jouées des reconfigurations profondes de la société britannique, qu'il s'agisse -entre autres‒ de la place du syndicalisme de masse, du rôle de l'Etat, de la police même, et des conceptions dominantes de l'après-guerre quant à la nature des liens entre les partenaires sociaux, ou de l'identité sociale, programmatique et de la stratégie du travaillisme. Ces inflexions et ces ruptures idéologiques durables dans le champ politique furent elles-mêmes portées par une tendance plus profonde cristallisée par cet affrontement : la disqualification stratégique et massive d'une politique et d'une culture ouvrière, au rôle pourtant déterminant dans l'élaboration et la reproduction de l'idée nationale britannique depuis la révolution industrielle. Dans cette perspective, la journée du 18 juin sur le piquet de grève d'Orgreave et le désastre du stade de Hillsborough à Sheffield le 15 avril 1989, de par leur traitement médiatique et policier, participent d'une même histoire, qui est celle de la déchirure dans la trame des représentations jusque-là dominantes des loyautés communautaires et des appartenances de classe.
Mais au-delà de la Grande-Bretagne elle-même, la grève de 1984 contribue à la coloration de la décennie dans l'histoire globale dont elle est une scansion et ce, quelles qu'en soient les conceptualisations privilégiées : néolibéralisme, post-fordisme, accumulation flexible, financiarisation.

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http://universitepopulairetoulouse.fr/s ... article873
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Re: Petites histoires des grandes grêves du passé

Messagede bipbip » 24 Jan 2017, 11:58

Nantes mercredi 25 janvier 2017

Ciné-débat : Une histoire de la grève générale

à 17h30, Université de Nantes, Campus Tertre, Batiment Censive, Salle de conférence.

A partir d'archives très peu connues, les historiens Miguel Chueca et Charles Jaquier (chargé de la collection Mémoires sociales aux Editions Agone) racontent l'histoire des luttes syndicales, à travers les idées et les actes qui ont marqué cet âge d'or et ont abouti aux conquètes sociales qui fondent le monde du travail d'aujourd'hui.

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https://nantes.indymedia.org/events/36548
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Re: Petites histoires des grandes grêves du passé

Messagede bipbip » 02 Fév 2017, 21:32

Pas de maîtres-directeurs dans nos écoles, 1987

1987 : Pas de maîtres-directeurs dans nos écoles

Quelques jours seulement après la fin de la grève des cheminotes et cheminots, une poignée d’instituteurs et institutrices de Paris lance dans l’enthousiasme un mouvement de grève contre le projet de « maître-directeur » porté par René Monory, ministre de l’Éducation nationale du gouvernement Chirac. Profondément antihiérarchique, la mobilisation va s’appuyer sur des coordinations de grévistes et bousculer le ronron syndical de l’éducation.

Tout commence [1] en fait par un travail de sensibilisation, tant des personnels de l’éducation nationale que du grand public, visant à remettre en cause les pressions hiérarchiques. Profitant du climat d’insubordination post-68, c’est principalement autour du refus de l’inspection des enseignants et enseignantes que se cristallise d’abord la contestation antihiérarchique, portée principalement par des militants et militantes de l’Icem [2] , du Sgen-CFDT et de la tendance École émancipée (ÉÉ) [3]. Dans les années 1970, cette revendication est prise en charge collectivement, notamment par des équipes syndicales : ainsi, dans l’académie d’Orléans-Tours, des préavis de grève sont déposés pour permettre des débrayages à chaque « visite » d’un inspecteur [4].

En 1983, une déclaration publique de refus d’inspection, publiée le 22 mars dans Le Matin de Paris, est signée par presque 1 300 profs. Plusieurs collectifs de refus d’inspection se mettent en place dans la foulée de cet appel. Près de 2 000 instituteurs et institutrices, soutenu.es par le Sgen-CFDT, se déclarent en refus d’inspection et, cette même année 1983, une association dédiée aux alternatives pédagogiques et d’inspiration antiautoritaire, Feu Follet, entame la publication de la revue Zéro de conduite. En mai 1985, le collectif parisien de refus d’inspection publie une brochure de 100 pages, L’Inspecticide, qui connaît un certain succès et, en 1986, se structure une coordination nationale des collectifs de refus d’inspection. Dans toutes ces initiatives, on retrouve notamment des membres de l’Union des travailleurs communistes libertaires (UTCL) [5] , et son mensuel, Lutter !, publie plusieurs articles sur les réformes de ­l’éducation. Dans une contribution interne rédigée pour l’UTCL fin décembre 1986 ou tout début janvier 1987, en tout cas avant le mouvement de grève des instituteurs, Cloé Marcinc ne manque pas de signaler que la dernière réunion de la coordination nationale des refus d’inspection « a lancé un appel à tous les syndicats pour entamer un mouvement large de protestation contre les nouvelles mesures Monory, en particulier le nouveau grade de “maître-directeur” » [6] .

Rupture avec la collégialité et l’égalité entre instits

« Et un échelon hiérarchique de plus ! » : c’est ainsi qu’un tract du Sgen-CFDT qualifie ce projet. Il est en effet éminemment contestable : rompant avec la collégialité et l’égalité entre instits, il veut faire des directeurs d’école de véritables supérieurs hiérarchiques. C’est une modification déterminante des rapports de travail qui s’annonce, et le courant antihiérarchique qui s’est constitué depuis plusieurs années est décidé à ne pas le laisser passer sans combattre. Pour autant, il ne s’agit pas d’attendre que le landernau syndical, dominé par le puissant mais peu dynamique Syndicat national des instituteurs (SNI) [7] , prenne l’initiative d’un mouvement : syndiqués au Sgen de Paris [8] , ils et elles sont une poignée d’instits – une douzaine – à lancer la grève contre le statut de maître-directeur, le 12 janvier 1987. Il y a une filiation évidente avec le travail entamé, que ce soit dans l’association Feu follet ou dans le refus d’inspection, qui a « préparé le mouvement par les contacts qu’il a permis et les thèmes antihiérarchiques abordés » [9]. Des contacts sont pris notamment entre militants et militantes de la gauche du Sgen et de la tendance ÉÉ dans le SNI. Les grévistes vont mettre en place une coordination, d’abord circonscrite aux arrondissements parisiens d’où s’est lancée la mobilisation, puis qui devient nationale.

Cet ancrage de l’action doit beaucoup aux formes démocratiques qu’elle prend au travers des coordinations de grévistes, reposant sur des assemblées générales ouvertes aux ­syndiqué.es comme aux non-­syndiqué.es. Son caractère unitaire est évident et favorise ­l’engagement. L’auto-organisation garantit des décisions partagées par toutes et tous, donc une action collective plus déterminée. En cela, les profs peuvent prendre exemple et appui sur les expériences récentes du mouvement étudiant contre la loi Devaquet [10] et de la grève cheminote. Mais aussi sur une expérience transmise : « La forme coordination est liée à la transmission d’une expérience de mobilisation, en décalage avec les normes syndicales, qui apparaît dans les années 1968 au cours des manifestations de la jeunesse scolarisée. C’est en effet dans ce secteur que sont nées les coordinations […]. D’une décennie à l’autre, à la faveur du jeu de la mémoire, – “la contestation conserve son propre souvenir, et le résultat d’une lutte joue sur le caractère de la suivante” (Charles Tilly) – la forme coordination a été réutilisée. » [11]

C’est ce qui permet au mouvement de monter en puissance, s’appuyant sur une fraction significative d’instituteurs et institutrices en grève reconductible. Le secrétaire général du SNI, Jean-Claude Barbarant, a beau traiter les grévistes de la coordination parisienne de « marginaux » et de « gauchistes » [12] , rien n’y fait : des journées de grève sont appelées par les coordinations, des manifestations sont organisées, des occupations de bâtiments administratifs, des grèves administratives, perlées, tournantes installent dans les départements un climat de contestation généralisée… et le SNI se voit obligé de suivre le rythme.

Les bureaucrates freinent des deux pieds

Une manifestation nationale est appelée le 11 février 1987 à Paris : elle verra défiler plus d’un instituteur sur quatre. Indéniablement, la coordination nationale a gagné sa légitimité. Le mouvement apparaît alors, pour tous les observateurs, comme fortement antihiérarchique. Les Sgen d’Île-de-France (Créteil, Paris et Versailles) appellent dès le 30 janvier à rejoindre le mouvement initié par la coordination des instituteurs et institutrices. Dans un tract commun, ils mettent en avant la nécessité de se mobiliser, en ces termes : « Aujourd’hui c’est une équipe qui peut organiser la vie de l’école, les méthodes, le choix des manuels, la répartition des enfants, le partage des moyens, etc. Le décret [de René Monory] veut confier ce pouvoir à une seule personne, le maître-directeur, aux ordres de l’administration. C’est la porte grande ouverte à tous les arbitraires, à l’esprit lèche-bottes, à la division entre les personnels et les parents d’élèves. » Le 11 février, le quotidien Libération évoque la lutte en cours sans ambiguïtés sur le mouvement de fond qui l’anime : « “Non aux petits chefs !” : depuis un mois, les protestations des instituteurs contre le statut de maître-directeur a pris un tour anti-hiérarchique et anti-autoritaire. »

Alors que le SNI attend le retour des congés d’hiver, le 2 mars, pour proposer d’« étaler dans le temps » le mouvement sans appeler à la grève, la coordination nationale réunit le 14 mars 200 délégué.es représentant 45 départements et décide d’appeler à la grève le 23. Mais la participation à cette dernière est moins importante qu’espérée (inférieure à 10 %) et ne permet pas d’envisager la poursuite du mouvement, qui s’arrête le 25 mars.

Le bilan de l’action du SNI est sans appel : « [Le SNI] a, au cours de cette longue lutte, fait l’excellente démonstration de ce que serait un syndicalisme à la sauce corpo-social-démocrate s’il était demain étendu à toutes les catégories de travailleurs et structuré dans une gigantesque confédération [unique] à l’allemande. Le SNI, qui syndique et représente encore électoralement l’écrasante majorité de la profession, a en effet fait preuve de toute sa force… d’inertie dans la bataille contre le statut des maîtres-directeurs » [13].

Mais pour les instituteurs et institutrices de la coordination parisienne qui ont vu dans ce mouvement leurs orientations antihiérarchiques être largement partagées, la fin de la grève est l’occasion d’un ultime coup ­d’éclat. Le 24 mars, 250 instits de paris – dont des membres de l’UTCL – réussissent, malgré la présence policière, à pénétrer dans l’enceinte du palais du Luxembourg. Livrant un compte-rendu haut en couleur de cette aventure dans Lutter ! [14] , les auteurs peuvent proclamer : « enfin : des communistes libertaires entrent au Sénat ». Ouvrant les tiroirs des sénateurs, se gaussant de l’attitude des élus socialistes, visiblement outrés, l’occupation est insolente et se termine sans encombre avec une dispersion « en manifestation, poing levé, hilares ». Une action au demeurant assez radicale, qui doit beaucoup au fort degré de mobilisation permettant encore, alors que la grève décline, de rassembler plusieurs centaines d’instits.

Une telle détermination compte dans le rapport de force : si le décret sur les maîtres-directeurs est effectivement publié dès le 2 février 1987, il n’est quasiment pas appliqué et est abrogé seulement deux ans plus tard.

Reste que la mobilisation avait aussi été l’occasion de remettre en cause l’organisation même du travail dans l’éducation, et que cela, nombre de grévistes de 1987 en avaient pris conscience. Ce n’est sans doute pas un hasard si on retrouve ensuite une grande partie des militantes et militants des coordinations actives et actifs dans le mouvement social de 1995, et prenant part par la suite à l’affirmation d’alternatives syndicales dans l’éducation qui continuent aujourd’hui de porter et promouvoir l’aspiration à une « autre école dans une autre société ».

Théo Rival (AL Orléans)


[1] Lire « Décembre 1986 : les coordinations de grévistes ouvrent une ère nouvelle » http://www.alternativelibertaire.org/?D ... nations-de, Alternative libertaire, décembre 2006 et « Décembre 1986-Janvier 1987 : la plus longue grève du rail » http://www.alternativelibertaire.org/?D ... 87-La-plus, Alternative libertaire, décembre 2016.

[2] Institut coopératif de l’école moderne, l’Icem se revendique du « mouvement Freinet » du nom du pédagogue et révolutionnaire Célestin Freinet (1896-1966). L’Icem est toujours actif aujourd’hui : voir son site : icem.pedagogie.freinet.org.

[3] Courant séculaire du syndicalisme révolutionnaire dans l’éducation, l’École émancipée existe depuis 1910 est s’inscrit dans une pratique de tendance pour l’essentiel au sein des syndicats majoritaires de ce secteur. En 2002, la tendance se scinde en deux : une partie, alliée à la direction de la FSU, conserve le nom historique, l’autre, antiautoritaire, prend celui d’Émancipation http://www.emancipation.fr/.

[4] Voir le texte « Petit historique du refus d’inspection » mis en ligne par le Collectif anti-hiérarchie sur son site abasleschefs.org

[5] Voir Syndicalistes et libertaires, une histoire de l’UTCL (1974-1991) http://boutique.alternativelibertaire.o ... 33285.html, éditions d’Alternative libertaire, 2013.

[6] Cloé Marcinc, « L’anti-hiérarchie se structure », dans Débattre nouvelle série n°1 (bulletin interne de l’UTCL) de février 1987.

[7] « Au cours des dernières élections aux commissions administratives paritaires, en 1987, le SNI a obtenu 71 % des voix des instituteurs, alors que le taux de participation atteignait 75 %. Disposant d’une position quasi hégémonique […], reconnu comme tel par les instituteurs comme par l’administration, ce syndicat a accumulé depuis sa fondation un important capital de pouvoir politique », Bertrand Geay, « Espace social et coordinations, le mouvement des instituteurs de l’hiver 1987 », Actes de la recherche en sciences sociales, n°86-87, mars 1991. Le SNI est alors le principal syndicat de la Fédération de l’Éducation nationale, la FEN, organisation très largement majoritaire. Une scission intervient en 1993, donnant naissance à la FSU d’un côté, et ce qui deviendra le SE-Unsa de l’autre.

[8] « Le Sgen de Paris est en effet le plus “à gauche” de sa fédération. Organisateur de luttes “antihiérarchiques”, il revendique les traditions du “syndicalisme révolutionnaire” », Bertrand Geay, 1991.

[9] Cloé Marcinc, « L’anti-hiérarchie se structure », 1987.

[10] Robi Morder, « 1986, le mouvement étudiant contre la réforme Devaquet, un contenu autogestionnaire balbutiant » https://www.autogestion.asso.fr/?p=6453, sur le site Autogestion.asso.fr et « Mouvement étudiant et lycéen de 1986 : un printemps en hiver » http://www.alternativelibertaire.org/?1 ... eunesse-un, Alternative libertaire de décembre 2016.

[11] Didier Leschi, « Les coordinations, filles des années 68 », Clio, Histoire‚ femmes et sociétés n°3, avril 1996.

[12] Catherine Bedarida, « Le SNI apprend à compter avec les “marginaux” de la coordination », Libération du 11 février 1987.

[13] Marco Sazzetti, « La lutte contre le statut de maître-directeur », Lutter ! spécial n°19, avril 1987.

[14] « Chevènement avait mis l’école au garde à vous, Monory la met en garde à vue », article signé « Groucho, Harpo, Chico, Zeppo and Co. », Lutter ! spécial n°19, avril 1987.


http://www.alternativelibertaire.org/?I ... de-maitres
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Re: Petites histoires des grandes grêves du passé

Messagede bipbip » 04 Fév 2017, 14:14

Trélazé (49) dimanche 05 février 2017

CONFÉRENCE AU MUSÉE : « Le travail, les combats, les révoltes chez les perreyeux »

La pénibilité du travail, le prix des denrées alimentaires, les dures contraintes d’un patronat ont éveillé très tôt chez les perreyeux un sens aigu de la revendication.
Les conflits, les grèves se sont manifestés sur différents plans dans l’histoire du monde ardoiser affectant à la fois les procédés d’exploitation, les pratiques de commercialisation, les produits fabriqués… toutes choses qui ont eu leurs inévitables incidences sur la condition ouvrière.

Afin de prolonger votre découverte de l’histoire ardoisière, vous pourrez bénéficier d’une réduction pour la visite du musée de l’ardoise sur présentation de votre billet (valable jusqu’au 15 novembre 2017).

Réouverture du musée tous les W.E à partir du 18 février pour les visites complètes (démonstration + visite guidée des salles) de 14h30 à18h30.

Infos pratiques : PLUS D’INFORMATIONS …
Réservation INDISPENSABLE au Musée de l’ardoise au 02 41 69 04 71
Tarif :4 EUR/personne Gratuit : – de 12 ans
R.V à 14h45 à l’accueil du Musée (début de la conférence à 15h)
Durée : 1h30 à 2h environ

Musée de l'Ardoise, 32 Chemin de la Maraîchère, 49800 Trélazé

http://www.lemuseedelardoise.fr/confere ... perreyeux/
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Re: Petites histoires des grandes grêves du passé

Messagede Pïérô » 11 Fév 2017, 19:37

1898, un été de révolte à Genève

Petit dossier publié par le journal Esquive en 2014 au sujet de l’été 1898. Quelques mois qui ont vu se succéder une grève massive dans les métiers du bâtiment et l’assassinat de l’impératrice Sissi au bord du Lac.

... https://renverse.co/1898-un-ete-de-revolte-a-Geneve-135
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Re: Petites histoires des grandes grêves du passé

Messagede Pïérô » 26 Fév 2017, 02:02

Radio : La grève des mineurs britanniques 1984 -1985

Mars 1984. Contre un projet annoncé de fermetures de 20 puits de mines et de 20 000 suppressions d’emplois, 140 000 mineurs britanniques commencent une grève qui durera un an. Entre le 8 mars 1984 et le 3 mars 1985, plus de 11 000 mineurs furent arrêtés, 5 653 poursuivis en justice, 200 furent emprisonnés et près d’un millier licenciés. Derrière les motifs économiques avancés, la stratégie gouvernementale visait à infliger une défaite terminale à la composante le plus combative du mouvement ouvrier, le syndicat national des mineurs. Cette expérience, emblématique de la désindustrialisation des années 1980, fut largement constitutive de ce que l’on a appelé le thatchérisme.

Dans l’émission de ce jour,nous diffusons la rencontre qui ce tenait le Jeudi 26 janvier 2017 au bar le lieu dit dans le 20eme,avec deux contributeurs: Cornelius crowley et Thierry Labica,qui ont publiées ce livre: ici notre défaite a commencé, la gréve des mineurs britanniques 1984-1985 au édition syllepse.A également contribuée a cette ouvrage Mathilde Bertrand.

à écouter : https://actualitedesluttes.info/?p=1552
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Re: Petites histoires des grandes grêves du passé

Messagede bipbip » 03 Mar 2017, 22:45

La grève des boutonniers de l’Oise

« La grève a duré trois bons mois, pendant lesquels la plus parfaite harmonie n’a cessé de régner parmi les ouvriers. Et ce furent des spectacles impressionnants que ces longues théories d’hommes et de femmes, bravant toutes les intempéries pour aller là où une leçon s’imposait, afin de faire comprendre aux patrons les plus féroces qu’il y a des limites à tout. Souvent on se plaint de l’influence déprimante des femmes. Chez nous, elles se sont toujours montrées les plus énergiques et les plus ardentes. On peut même dire qu’elles furent une des causes importantes de la victoire. »

Jean-Baptiste Platel, secrétaire du syndicat des boutonniers
La Vie ouvrière, n°7, 5 janvier 1910

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https://rebellyon.info/La-greve-des-bou ... -de-l-Oise
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Re: Petites histoires des grandes grêves du passé

Messagede bipbip » 08 Avr 2017, 15:55

Radio
LA GRÉVE DES MINEURS BRITANNIQUES ,1984 -1985

Mars 1984. Contre un projet annoncé de fermetures de 20 puits de mines et de 20 000 suppressions d’emplois, 140 000 mineurs britanniques commencent une grève qui durera un an. Entre le 8 mars 1984 et le 3 mars 1985, plus de 11 000 mineurs furent arrêtés, 5 653 poursuivis en justice, 200 furent emprisonnés et près d’un millier licenciés. Derrière les motifs économiques avancés, la stratégie gouvernementale visait à infliger une défaite terminale à la composante le plus combative du mouvement ouvrier, le syndicat national des mineurs. Cette expérience, emblématique de la désindustrialisation des années 1980, fut largement constitutive de ce que l’on a appelé le thatchérisme.

Dans l’émission de ce jour,nous diffusons la rencontre qui ce tenait le Jeudi 26 janvier 2017 au bar le lieu dit dans le 20eme,avec deux contributeurs: Cornelius crowley et Thierry Labica,qui ont publiées ce livre: ici notre défaite a commencé, la gréve des mineurs britanniques 1984-1985 au édition syllepse.A également contribuée a cette ouvrage Mathilde Bertrand.

Emission à écouter : https://actualitedesluttes.info/?p=1552
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Re: Petites histoires des grandes grêves du passé

Messagede bipbip » 24 Avr 2017, 10:57

Paris lundi 24 avril 2017

« Une histoire du mouvement ouvrier »

Rencontre et échanges autour de la parution du Cahier de formation syndicale du CEFI Solidaires

à 17h, Bourse du Travail de Paris
Salle Ambroise Croisat, 3 rue du château d’eau

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https://www.solidaires.org/-La-formatio ... ale-#a7811
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Re: Petites histoires des grandes grêves du passé

Messagede Pïérô » 04 Mai 2017, 23:02

Malakoff (92), samedi 6 mai 2017

Soirée Mémoires Ouvrières Lorraines
Pièce contée en musique & projection

« La fumée du Gueulard »
• 19H - Projection « Sous le Gueulard, la vie »
• 20H - Pièce « La Fumée du Gueulard »,

Bibliothèque Associative de Malakoff - BAM
14 Impasse Carnot, Malakoff (92)

19H - Projection « Sous le Gueulard, la vie »
(documentaire vidéo) avec l'aimable autorisation d'Emmanuel Graff
Emmanuel Graff, originaire d'Uckange en Moselle, se trouve sur place lorsque l'usine locale sidérurgique, centenaire, de Lorfonte, future Arcelor, annonce sa fermeture en juin 1991. Il rassemble des témoignages d'ouvriers venus des quatre coins du monde pour travailler le fer dans cette région. La fermeture de l'usine ajoute une dimension tragique au thème qui demeure le centre du film : l'interculturel ouvrier.

20H - « La Fumée du Gueulard »,
pièce de petite forme, création contée en musique, de mouveLOReille.
L'association mouveLOReille en résidence au « Gueulard », café culturel de Nilvange en Moselle a collecté des témoignages de jeunes et de moins jeunes dans la Vallée des Anges. Que reste-t-il de l'ancien Far-Est dans la Lorraine du fer et de l'acier, creuset d'immigration et de mémoires ouvrières? Des histoires!
Du gueulard, elles s'échappent en fumée du haut-fourneau poétique. Contes, légendes, récits de vie, chansons et lectures de textes d'auteurs lorrains contemporains tissent un spectacle à la fois drôle et émouvant.
et davantage d'information sur le site internet de mouveLOReille : http://www.mouveloreille.fr/.

http://www.b-a-m.org/2017/04/0605-19h-l ... rojection/
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Re: Petites histoires des grandes grêves du passé

Messagede Pïérô » 11 Mai 2017, 14:51

Paris, samedi 13 mai 2017

La grève des ovalistes, Lyon, juin-juillet 1869.
Première grande grève de femmes ouvrières


à 16h30, Librairie du Monde libertaire - Publico, 145 rue Amelot, Paris 11e

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La grève des ovalistes, Lyon, juin-juillet 1869 (Atelier de Création Libertaire) de Claire Auzias et Annik Houel. Rencontre et débat avec Claire Auzias.

Cette grève des ovalistes, réputée première grande grève de femmes ouvrières en France, est exemplaire des enjeux qui traversent l'histoire des femmes et l'histoire de la classe ouvrière, deux histoires rarement menées sur la même ligne de front, et dont la confiscation de la parole des femmes est le symbole.

Juin 1869 : 1 800 femmes sortent de leurs ateliers lyonnais et se mettent spontanément en grève. Elles sortent aussi leurs malles puisque leur lieu de travail est aussi leur lieu de vie, et si c'est cette spectaculaire occupation de la rue qui est mise en avant par la presse, ce n'est pourtant pas ce que les militants ouvriers qui vont s'intéresser (enfin) à elles vont retenir.

Après plusieurs semaines de grève, possible grâce à la caisse de solidarité de l'AIT (Association internationale des travailleurs) leur adhésion, demandée en retour à cette AIT va être l'enjeu des rivalités toutes masculines en son sein entre courants marxiste et anarchiste. C'est le courant anarchiste bien implanté à Lyon autour de la figure de Bakounine qui va l'emporter : il va être le représentant au crucial Congrès de Bâle, en septembre 1869, des 8 000 ouvrières qui ont adhéré.

http://www.librairie-publico.info/?p=2471
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Re: Petites histoires des grandes grêves du passé

Messagede Pïérô » 27 Mai 2017, 14:00

Radio : Histoire du textile
Le temps des chemises, le temps d’une enquête

Un documentaire de Séverine Liatard et réalisé par Séverine Cassar

En juillet 1975, quand les ouvrières de la CIP (Confection industrielle du Nord-Pas-de-Calais) virent arriver des camions chargés d’emporter les stocks de tissus de l’atelier de fabrication de chemises et de pyjamas à Haisnes-lez-La-Bassée, elles s’opposèrent immédiatement à leur chargement avec l’appui de la CFDT. Cet atelier emploie alors 450 personnes. Une Assemblée générale vote l’occupation d’usine : 117 femmes et un homme organisent donc une grève autogérée avec occupation des lieux pour sauver leur emploi. Au pays de la mine, l’évènement est unique : des femmes, ouvrières du textile, résistent à une époque, celle du début de la crise économique qui voit des fermetures d’usine en cascade et des licenciements collectifs massifs.

Au bout de trois ans, en 1978, l’issue de la lutte se révèle victorieuse mais que reste-t-il quand la grève se retire ?

à écouter : https://www.franceculture.fr/emissions/ ... ne-enquete
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Re: Petites histoires des grandes grêves du passé

Messagede bipbip » 22 Juin 2017, 21:43

1907 : Le Midi fait trembler Clemenceau

En juin 1907, un vent de révolte souffle sur le Languedoc, en raison d’une crise viticole qui aboutit à des manifestations monstres dans de nombreuses villes.

Le dimanche 9 juin 1907, une marée humaine envahit Montpellier pour exiger la lutte contre le vin frauduleux. Cette foule bigarrée, de petits et grands propriétaires, d’ouvriers et d’ouvrières, de commerçantes et commerçants, de paysans et de paysannes, d’élu.es, inquiète le gouvernement de Georges Clemenceau. De leur côté, les syndicalistes révolutionnaires de la CGT hésitent à s’engager dans un mouvement qui semble bien éloigné de la lutte des classes.

Si la question du vin a été capable d’engendrer une situation quasi-insurrectionnelle, c’est que la viticulture est devenue la principale activité de la région à la fin du XIXe siècle. Dans les quatre départements viticoles (Aude, Gard, Hérault, Pyrénées-Orientales), cette activité fait ­vivre la majeure partie de la population : tonnellerie, industrie des outils agricoles, des engrais, commerce... Dans les campagnes, le salariat agricole est très important : les propriétaires exploitants ne constituent que 36 % de la population active agricole en 1892, les ouvriers et ouvrières agricoles, très précaires, sont 56 %. Toutefois, ils et elles ne se représentent pas comme un prolétariat rural : plus de la moitié sont aussi propriétaires d’un petit lopin de terre.

Le vignoble rouge

Une crise de surproduction survient en 1900 et entraîne une chute des prix, une forte baisse de la production jusqu’en 1903. Lorsque les cours remontent, les ouvrières et ouvriers agricoles n’acceptent plus leurs salaires de misère, qui avaient été réduits de moitié depuis 1899. Une Fédération des travailleurs agricoles et parties similaires du Midi (FTAM), affiliée à la CGT, est créée en 1903. Elle est dirigée par Paul Ader, un ouvrier agricole de l’Aude, qui sera en 1906 l’un des signataires de la charte d’Amiens.

Le 24 novembre à Nézignan-l’Évêque dans l’Hérault, une grève des ouvriers et ouvrières agricoles débute pour de meilleurs salaires et une baisse du temps de travail. L’exemple est suivi rapidement dans de nombreuses communes de tout le département, puis dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales. Les grévistes bénéficient du soutien des bourses du travail, des mairies socialistes de ce « midi rouge », et même de la bienveillance du gouvernement Combes. Les propriétaires, isolés, cèdent : le temps de travail est revu à la baisse (7 heures dans l’Aude, 6 heures dans l’Hérault), les salaires augmentent nettement (19 à 68 %). La FATM, forte de ses 15 000 membres un an après sa création, déclenche une grève générale en décembre 1904 pour unifier les législations des quatre départements. La grève est très dure, les échauffourées avec les briseurs de grève et les arrestations sont fréquentes, mais la victoire est au rendez-vous en janvier 1905. Deux ans avant 1907, on est donc bien loin de l’union sacrée entre les classes qui marquera le mouvement de 1907.

Et Marcellin Albert se lève

Dès 1904, la chute des prix reprend, et ils atteignent des niveaux particulièrement faibles en 1907 dans le Midi par rapport à d’autres régions où l’on sucre davantage le vin. Le sucrage ou « chaptalisation », autorisé par une loi de 1903, sert à augmenter le degré d’alcool par addition de substances sucrées au moût de raisin quand celui-ci n’est pas suffisamment riche. La concurrence des vins sucrés est jugée déloyale et qualifiée de « fraude ».

Dans le village d’Argelliers, au nord de Narbonne, le petit propriétaire et cafetier Marcellin Albert organise un comité de défense viticole de 87 membres le 11 mars 1907 à l’occasion de la venue à Narbonne d’une commission parlementaire d’enquête sur la crise viticole. En quelques semaines, des comités similaires se créent, d’abord dans l’Aude et l’Hérault.

Le 24 mars, le premier meeting du comité d’Argelliers remplit une salle de 300 places à Sallèles et donne le coup d’envoi d’une série de meetings tous les dimanches, avec manifestation : de 500 personnes le 31 mars à Bize, la fréquentation passe à 10 000 ou 15 000 le 21 avril à Capestang.

À partir de ce jour-là, le journal du comité d’Argelliers, Le Tocsin, sortira tous les dimanches (jusqu’au 15 septembre), pour fédérer les divers comités et expliquer la stratégie pensée par Marcellin Albert :

« Le but poursuivi par nous est de crier notre misère devant le pays tout entier, et de le crier assez haut et assez fort pour en émouvoir ­l’opinion publique de France, en lui faisant connaître notre détresse et notre ferme volonté d’y mettre un terme.

Nous voulons, par une organisation forte, digne et consciente, mettre l’État en demeure de prendre immédiatement les mesures capables de conjurer la crise dont le pays se meurt.

Les Comités locaux devront écarter momentanément toute discussion sur ces mesures et sur les moyens d’en obtenir l’adoption. De pareilles controverses prêtant à trop d’avis différents pourraient, sans autre avantage pour notre campagne d’organisation, provoquer des froissements, des mésintelligences qu’-il est indispensable d’éviter [1]. »

La fraude, voilà l’ennemi !

Marcellin Albert est une personnalité charismatique dotée d’un certain sens de l’organisation et de la communication. Sa cible reste toujours la fraude, décrite à longueur de colonnes dans Le Tocsin comme seule cause de la crise.

Le 5 mai lorsque la manifestation du dimanche a lieu à Narbonne, 80 000 à 100 000 personnes se réunissent et écoutent le maire socialiste de la ville, Ernest Ferroul, qui s’est joint au mouvement, s’en prendre à « l’État ». La manifestation se termine par un « serment des fédérés » servant à rassembler les 61 comités de défense viticole qui existent alors.

La tension est montée depuis quelques semaines : des affrontements ont eu lieu lors de manifestations et avec des agents du fisc tentant de transporter dans les grandes villes les biens saisis chez les viticulteurs incapables de payer leurs dettes et leurs impôts. Une réunion des comités tenue le 28 avril à Lézignan a adopté une motion décidant de « recourir aux moyens légitimes si la situation ne s’améliore pas avec les moyens légaux ».

L’unanimité semble se dessiner autour de ce mouvement au point que s’y côtoient des socialistes, des royalistes, des séparatistes occitans et des syndicalistes révolutionnaires. Mais l’enthousiasme à la CGT reste mesuré : rejoindre un mouvement de petits et grands propriétaires, alors que l’on sort d’une année de très forte conflictualité sociale [2], ne va pas de soi. Le 20 avril, lors d’une réunion à Cuxac, Paul Ader déclare, devant un millier de personnes, que les organisations ouvrières ont toujours été les adversaires de la fraude et qu’il ne désapprouve pas le mouvement. Mais il n’ira pas plus loin qu’une bienveillante passivité.

Au-delà du succès étonnant et inattendu de l’initiative d’un viticulteur fantasque, ce mouvement se marie très bien avec la stratégie des propriétaires, mise en place après leur défaite de 1904-1905 : mettre en avant la question de la fraude pour minorer les revendications de classe des ouvriers et ouvrières agricoles. Dès 1905, un Comité régional viticole est créé pour faire campagne contre la fraude de façon suffisamment radicale pour séduire les syndiqué.es à la CGT (grève de l’impôt, démissions des élus). Cette stratégie est dénoncée et condamnée par la FTAM lors de son congrès d’août 1905, mais sans succès. Elle ne regroupe plus que 2 000 adhérents en 1907.

Ce sont justement ces deux moyens, « légitimes » mais pas légaux, qui seront préconisés lors de la manifestation de Béziers le 12 mai, devant 120 000 à 150 000 personnes, de la bouche de Marcellin Albert et d’Ernest Ferroul, qui fixe au 10 juin l’ultimatum avant leur mise en œuvre. Les slogans des banderoles se radicalisent (« La victoire ou la mort ! », « Mort aux fraudeurs », « Du pain ou la mort »,... jusqu’à la reprise du célèbre slogan des Canuts « Vivre en travaillant ou mourir en combattant »).

Ce changement de ton fait réfléchir à la CGT. Le 19 mai 1907, Victor Griffuelhes secrétaire général de la CGT, écrit à la une de La Voix du peuple : « C’est là une crise dont les conséquences peuvent être énormes et il [le mouvement ouvrier] lui appartient de chercher à l’utiliser en s’y incorporant pour lui donner un caractère toujours plus accentué de protestation et de révolte. »

Le 22 mai, le gouvernement se résout à déposer un projet de loi sur la fraude en matière de vin. Mais les manifestations continuent à rassembler de plus en plus de monde : 170 000 à 200 000 à Perpignan le 19 mai, 220 000 à 250 000 à Carcassonne le 26 mai, 250 000 à 300 000 à Nîmes le 2 juin et 600 000 à 800 000 personnes à Montpellier le 9 juin.

Ne pouvant se contenter d’une loi qui ne taxe pas assez le sucre, Ferroul annonce au lendemain de la manifestation de Montpellier la « grève municipale » ; 442 municipalités démissionnent dans la semaine, la grève des impôts est proclamée. Il n’y aura plus de manifestations massives le dimanche, mais les affrontements avec les gendarmes se multiplient. Clemenceau décide alors d’occuper le Midi : 22 régiments d’infanterie et 12 de cavaleries (33 000 hommes) arrivent sur place à partir du 17 juin. La troupe arrête Ferroul le 19 juin et le transfère immédiatement à Montpellier. Des membres du comité d’Argelliers sont aussi arrêtés, mais Marcellin Albert se cache... dans le clocher de l’église du village. Les manifestations spontanées se multiplient, attaquant les perceptions, préfectures et sous préfectures.

Le 19 juin, la première victime de la répression est un syndicaliste : Louis Ramon, ouvrier maçon, militant de la bourse du travail de Narbonne est tué par balles. Ce jour-là, la nouvelle de l’arrestation d’Ernest Ferroul déclenche une manifestation spontanée à Narbonne. Les manifestants et manifestantes se rendent à la sous-préfecture pour réclamer la libération de leur maire démissionnaire... et enfoncent la porte du bâtiment avant d’y allumer un incendie. Les cuirassiers chargent et tirent pour disperser la manifestation. Le lendemain, les affrontements reprennent à Narbonne et ­quatre personnes sont tuées (une cinquième succombera à ses blessures le 21 juin). À Montpellier, la préfecture est attaquée et pillée, forçant le préfet à se réfugier sur le toit.

Gloire au 17e

C’est cette fusillade du 20 juin qui pousse le 17e régiment d’infanterie à se mutiner. Composé de jeunes conscrits et de réservistes de la région de Béziers, il avait été déplacé à Agde le 18 juin après l’arrivée des renforts. Le soir même de la fusillade, 500 soldats pillent l’armurerie et partent à pied, de nuit, vers Béziers pour protéger la population. À leur arrivée à Béziers au matin du vendredi 21 juin, ils mettent crosse en l’air et occupent la ville.

Cette mutinerie n’est pas vraiment une surprise : une tentative avait déjà eu lieu le soir du 9 juin dans une caserne narbonnaise, où les soldats avaient acclamé les manifestants et manifestantes revenant de Montpellier... et chanté L’Internationale. Si cette contestation dans les rangs de l’armée a une teinte plus « rouge » que le mouvement des viticulteurs, c’est qu’elle fait suite aux campagnes antimilitaristes de la CGT envers les soldats notamment.

Pour Clemenceau, il est hors de question que cette mutinerie soit un exemple qui se répande tant la fidélité de l’armée est primordiale pour réprimer les troubles sociaux croissants [3]. Il ordonne d’y mettre fin dans la journée. Des négociations ont lieu et le 17e finira par prendre le train le lendemain même pour rentrer à Agde, sous une escorte massive, en échange de la promesse de l’absence de sanctions [4].

Les initiateurs du mouvement ne ménagent pas leurs efforts pour éviter d’être débordés. Marcellin Albert, pourchassé par la police, réussit à se rendre à Paris le 22 juin pour... frapper à la porte du ministère de l’intérieur. Il rencontre Clemenceau, lui promet de calmer le mouvement si la loi contre la fraude est améliorée et reçoit même un sauf-conduit et 100 francs pour son retour dans l’Aude. Apparaissant alors comme un vendu, il est discrédité aux yeux des viticulteurs en lutte.

Le Tocsin n’en finit pas de rappeler les objectifs corporatistes de cette lutte : « Assez de coups, assez de violences, assez de combats fratricides. […] Pour nos enfants, pour nos femmes, pour nos familles et notre pays, il faut penser à vendre notre vin » et le comité d’Argelliers doit se défendre de viser des buts révolutionnaires en « répudiant tous les actes ou toutes les intentions politiques qui pourraient chercher vainement à s’exercer autour de lui, et affirme hautement son loyalisme français et loyalisme républicain. » [5]

Le 23 juin, la loi est enfin votée puis promulguée le 29 juin. À la CGT, on regrette de ne pas avoir plus participé à ce mouvement. Dans La Voix du peuple le 30 juin, Émile Pouget analyse le mouvement : « Si, de suite, notre sympathie est allée à ce mouvement, c’est que nous avons reconnu en lui la tactique et les moyens d’action du syndicalisme. C’était nos méthodes, auxquelles recouraient les viticulteurs ! […] Réactionnaires, républicains et révolutionnaires de diverses écoles ont marché et marchent main dans la main. [...] Eh bien, les viticulteurs du Midi vont à cela peut-être inconsciemment, mais ils y vont ! Ils vont à la disparition de l’antagonisme social […] Et, surtout, ce qui est regrettable, c’est que dans nos organisations syndicales, l’élan n’ait pas été plus unanime. À bien voir, on n’a commencé à vibrer et à s’indigner qu’au moment des massacres de Narbonne et des révoltes militaires. » Pouget oubli que cette union entre les classes était aussi le résultat de la campagne de « brouillage de la conscience de classe » [6], orchestrée par les propriétaires en 1905.

Et le brouillage continue : les comités de défense viticoles se transforment en Confédération générale des vignerons le 22 septembre. Aussitôt, Vincent Daïdé, secrétaire de la bourse du travail de Narbonne et socialiste, appelle les syndicalistes à rejoindre cette CGV. Un mois plus tard, la FTAM appelle ses adhérentes et adhérents à faire le chemin inverse devant l’évolution purement corporatiste de la CGV qui se consacre exclusivement à la lutte contre la fraude.

Renaud (AL Alsace)


[1] Le Tocsin n°1, 21 avril 1907 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62633558/f3.item .

[2] Voir : « 1906 : La catastrophe de Courrières embrase le bassin minier » http://www.alternativelibertaire.org/?1 ... sin-minier dans AL n° 258 de février 2016.

[3] Voir : « 1905 : Limoges se couvre de barricades » http://www.alternativelibertaire.org/?1 ... -couvre-de dans AL n° 249 d’avril 2015 et « 1906 : La catastrophe de Courrières embrase le bassin minier » http://www.alternativelibertaire.org/?1 ... sin-minier dans AL n° 258 de février 2016.

[4] Sans sanction pénale, le régiment sera tout de même déplacé à Gafsa en Tunisie, lieu de cantonnement des bataillons disciplinaires, sans être soumis à ce régime.

[5] Le Tocsin n° 10, 23 juin 1907.

[6] Xavier Verdejo, « Les ouvriers agricoles et la grande révolte du Midi viticole de 1907 », Cahiers de l’IHS-CGT, 2007 http://www.ihs.cgt.fr/IMG/pdf_Dossier.pdf.

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