Sacco et Vanzetti

Re: Sacco et Vanzetti

Messagede Pïérô » 24 Avr 2015, 09:58

Montbazens (12), dimanche 26 avril 2015

Représentation de Sacco et Vanzetti

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Re: Sacco et Vanzetti

Messagede Pïérô » 23 Déc 2015, 20:43

L’affaire Sacco et Vanzetti

Intervention [d’Howard Zinn] à la Northeastern University, Boston (Massachusetts), 9 octobre 1997

... http://www.socialisme-libertaire.fr/201 ... zetti.html
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Re: Sacco et Vanzetti

Messagede Pïérô » 07 Jan 2016, 13:45

[Genève] Des énergumènes partent à l’assaut du ciel

On parle beaucoup du 9 novembre 1932. La gauche dénonce chaque année les agissements de l’armée Suisse lors de cet événement mais tait délibérément la force que représentait la classe ouvrière Genevoise de cette époque. Force incontrôlable que le Parti Socialiste de l’époque espérait soumettre. Le 22 Août 1927 le jour de l’exécution de Sacco et Vanzetti [1], une manifestation est appelée au palais électoral à Plainpalais, bâtiment où se trouve actuellement l’Uni Dufour. A cause du mauvais temps, la manifestation dû se faire à l’intérieur mais les 10’000 places que comptait cette salle n’ont pas suffi à abriter les 20’000 personnes présentes. Le rassemblement occupe ainsi également la Place-de-Neuve.

... https://renverse.ch/Des-energumenes-par ... assaut-083
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Re: Sacco et Vanzetti

Messagede bipbip » 07 Oct 2016, 01:36

Lyon
Projection du film Sacco et Vanzetti à la Gryffe le 7 octobre

Le Centre de Documentation Libertaire de Lyon vous invite à un cycle de projections de films sur l’histoire des mouvements anarchistes.
Nous débutons ce cycle avec le film Sacco et Vanzetti (1971), l’histoire célèbre d’une machination judiciaire ayant pour trame la lutte contre la subversion dans les Etats-Unis des années 1920.

Rendez-vous à la librairie La Gryffe, 5 rue Sébatien Gryphe, le vendredi 7 octobre 2016, à 20 h 15
On espère vous voir nombreux

Centre de Documentation Libertaire
5 rue Sébastien Gryphe
69007 Lyon
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Re: Sacco et Vanzetti

Messagede bipbip » 13 Oct 2016, 17:14

Lavaur (81) jeudi 13 et samedi 15 octobre 2016

Sacco et Vanzetti

L'adulciné et Éclats vous invitent à la projection de la version restaurée
de ce film sur cette célèbre et terrible affaire, dont les deux protagonistes
principaux sacrifiés firent un combat pour la liberté.

Jeudi film à 20h30, CINéma, Lavaur
Samedi théatre 21h Halle aux Grains -

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Re: Sacco et Vanzetti

Messagede bipbip » 20 Juil 2017, 14:25

Bruxelles - Saint-Gilles

Commémoration de l’exécution de Sacco & Vanzetti

Dans la nuit du 22 au 23 août 1927, Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti furent exécutes dans la prison de Charlestown, état du Massachusetts. Sacco et Vanzetti étaient deux immigrés italiens et militants anarchistes. Leur exécution fait suite à une escalade de crises et de luttes sociales, une terrible répression frappait les militants socialistes, anarchistes et syndicalistes auxquelles répondent des vagues d’attentats anarchistes. Après sept années de procès et une immense campagne de solidarité internationale (la première grande campagne du premier Secours Rouge International), Sacco et Vanzetti ont été condamnés à tort (ils furent innocentés 50 ans plus tard) par la justice bourgeoise et raciste américaine à la chaise électrique.

90 années plus tard, le Secours Rouge, l’Action Culturelle Anarchiste de Bruxelles et l’Association Culturelle Joseph Jacquemotte vous invitent à deux soirées de commémoration :
• Le samedi 22 juillet à 19h : Projection du film “Sacco & Vanzetti” (1971), réalisé par Giuliano Montaldo, avec la musique de Joan Baez.
• Le samedi 26 août à 19h : Conférence/débat avec Esteban Sierra Alvarez sur la solidarité avec Sacco et Vanzetti en Belgique à l’époque des procès.

Les deux événements auront lieu au local du même nom, le “Sacco-Vanzetti”, 54 Chaussée de Forest, à 1060 Saint-Gilles.

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http://saccovanzetti.secoursrouge.org/2 ... -vanzetti/
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Re: Sacco et Vanzetti

Messagede bipbip » 25 Juil 2017, 08:29

Autour de la pensée de Vanzetti

Extrait de Bartolomeo Vanzetti, Lettres sur le syndicalisme. Le texte ci-dessus, c’est la préface à la réédition italienne de 2007 écrite par des anarchistes de la région de Cuneo. La brochure a été éditée en français par Anar’chronique Editions, http://anarchroniqueeditions.noblogs.org

« Je suis et je serai toujours, jusqu’à l’instant suprême (sauf si je réalise que je suis dans l’erreur) communiste anarchiste, parce que je crois que le communisme est la forme de contrat social la plus humaine, parce que je sais que c’est seulement par la liberté que l’homme s’élève, s’anoblit et se complète »

Ce sont les dernières lignes de l’autobiographie de Bartolomeo Vanzetti, écrite en prison et publiée pour la première fois en 1924 par le « Sacco-Vanzetti Defence Committee ».

Ayant découvert les idées du premier socialisme quand il était encore en Italie, Vanzetti mûrit sa foi politique anarchiste à travers son expérience de travailleur émigré au Etats-Unis. Sa rencontre avec le groupe de Luigi Galleani est déterminante, groupe très influent à cette époque au sein du mouvement ouvrier, surtout d’origine italienne. Dans les pages de la « Cronaca Sovversiva. Hebdomadaire anarchiste de propagande révolutionnaire », fondé par Galleani lui-même en 1903, se forment et se confrontent de nombreux militants très actifs parmi les masses prolétaires. Galleani est un infatigable agitateur, intransigeant sur les principes de l’anarchisme, ferme défenseur des positions anti-organisationnelles et partisan de l’action directe, jamais sectaire. « Sa propagande eut l’effet d’exalter, et même d’électriser, et réussit parfois à se faire comprendre par le mouvement ouvrier américain lui-même, au cours d’agitations motivées et guidées par des améliorations des salaires et de la législation, dès 1902 à Paterson, à Barre, à Lynn et dans d’autres centres industriels. […] Galleani était d’orientation communiste anarchiste kropotkinien, mais anti-organisateur, parce qu’il craignait l’effet autoritaire et cristallisant des programmes et des plans. Cependant il ne rejeta jamais les accords temporaires avec les organisateurs et nourrit toujours un profond et sincère respect pour Errico Malatesta et pour les effets positifs de l’action de ceux-ci dans une situation comme en Italie ».


L’activité politique de la Cronaca Sovversiva contre le patriotisme et la guerre est importante pendant la première guerre mondiale. Le jugement porté par Galleani sur la guerre est bien résumé par le titre du livre qui rassemble ses articles les plus importants sur le sujet : « Contre la guerre, contre la paix, pour la révolution sociale ». A travers la Cronaca Sovversiva, il lance un appel contre l’inscription des immigrés italiens pour être enrôlés dans l’armée américaine, qui est en pratique une invitation à refuser le recrutement. Dans le célèbre article « Matricolati ! » (Enrôle-toi !), Galleani fouette le prolétariat italien en Amérique, avec son style incomparable : « Vous n’avez jamais su vouloir, oser ; […] Aujourd’hui la guerre que vous avez invoquée et bénie veut de nouveaux gaillards au front, d’autres cadavres pour combler le trou béant, et ici ou là-bas, sous les mitraillettes et les coups, vous laisserez votre peau que vous n’avez jamais risquée pour assurer au ventre son pain quotidien, pour donner aux esprits et aux maisons le rayon de lumière qui s’enflamme sur les fronts et sur les chemins de l’avenir, et les résolutions, les espérances, les audaces et les destins de la liberté […] Ils vous enregistreront pour disposer de votre peau, pour vous l’enlever à la première occasion ».

En 1917, Bartolomeo Vanzetti et Ferdinando Sacco (qui prendra le nom de Nicola seulement en arrivant aux Etats-Unis), avec d’autres compagnons, s’expatrièrent clandestinement au Mexique. Mais leurs deux situations étaient différentes : en effet, selon la loi sur le recrutement, sont mobilisables pour le service militaire uniquement les citoyens américains entre 21 et 30 ans et les étrangers qui ont commencé la procédure administrative pour être naturalisés, comme Vanzetti l’avait fait peu de temps avant. Les autres, dont Sacco, ne sont pas mobilisables à ce moment-là. La crainte est que leur enregistrement puisse quand même servir pour une future conscription.

Avant son arrestation, Vanzetti exerçait, pour le compte d’un groupe anarchiste de Boston, une intense activité de propagande et de soutien en faveur des compagnons Andrea Salsedo et Roberto Elia. Elia et Salsedo avaient été arrêtés en février 1920 par les agents fédéraux du Bureau of Investigation, considérés comme coupables d’avoir participé à une série d’attaques effectuées au printemps 1919, avec des colis piégés et des engins explosifs posés devant des habitations de membres de l’élite politique et économique américaine (parmi les destinataires des bombes, il y avait le procureur général M. Palmer, responsable des expulsions des immigrés et « sovversivi » [subversifs], J.D. Rockfeller et J.P. Morgan, figures de premier plan du monde industriel et de la haute finance, et divers membres du Congrès). Salsedo, compositeur typographe, déjà collaborateur de la Cronaca Sovversiva, éditait une petite revue, à laquelle Bartolomeo avait aussi contribué sous le pseudonyme de « Il Picconiere ». Le 3 mai, deux jours avant l’arrestation de Sacco et Vanzetti, Salsedo tombait du quatorzième étage du bâtiment dans lequel il était détenu, un suicide selon la version officielle des faits. Au moment de son arrestation, Sacco a dans sa poche le prospectus annonçant un meeting qui devait se tenir deux jours plus tard, où Vanzetti devait parler publiquement pour dénoncer l’assassinat du compagnon.

Dans les années précédant l’« affaire », quand il était un travailleur immigré anonyme, en plus de son activité militante, l’anarchiste de Villafalletto avait écrit aussi quelques articles dans la Cronaca Sovversiva, toujours en signant « Il Picconiere ». Depuis la prison de Charlestown, en outre, il participe au débat sur le syndicalisme engagé en 1923 dans les colonnes de L’Adunata dei Refrattari. Ses six lettres, parues entre février et décembre de cette année-là, ont été rassemblées pour la première fois dans une brochure intitulée « Lettres sur le Syndicalisme » publiée en 1957 par les Edizioni L’Antistato à Cesena. Vanzetti, du point de vue théorique, ne dit rien de nouveau : il revendique avec orgueil sa propre appartenance politique en en exposant les principes dans un langage simple et des thèmes qui peuvent aujourd’hui sembler datés si on en a une lecture superficielle. Mais au-delà des références au débat de son époque, que nous disent ces écrits, à nous ? Contiennent-ils encore quelques pistes valables pour interpréter les mécanismes de la société contemporaine et pour stimuler l’intervention politique en son sein ?

Dans la première lettre, le Picconiere liquide sans équivoque la question du syndicalisme. Celui-ci « ne peut qu’être soit libertaire, soit autoritaire : s’il est libertaire c’est de l’anarchisme, s’il est autoritaire c’est du socialisme ». Nous voyons, dans ses idées, une primauté de la sphère politique, globale, sur celle de la négociation revendicatrice. L’objectif des travailleurs doit être la révolution sociale, et non un mouvement de réformes partielles, limitées à une législation dans un sens plus favorable sur les rapports de travail entre la main-d’œuvre et le patronat. Ce ne sera pas une lutte ayant le travail comme terrain exclusif qui changera la société : voilà le nœud de sa position fermement antisyndicaliste. En effet, « inutile est l’action qu’un syndicat, ou une organisation similaire, mène à l’égard de la classe des travailleurs, puisque les revendications qu’il soutient (comme par exemple l’augmentation des salaires, les lois pour la protection du travail des femmes et des enfants, l’indemnité du chômage, l’assurance maladie…) constituent « un obstacle sur le chemin de la libération intégrale » […] Pour Vanzetti, comme pour Nicola Sacco, il est donc nécessaire que les anarchistes entrent dans les organisations ouvrières sans « accepter aucune responsabilité, mais en combattant l’autoritarisme par la critique constante et en montrant à leurs camarades de travail l’escroquerie qui se cache derrière la ligne de conduite officielle » de certaines organisations syndicales. Il était de plus nécessaire de proposer une ligne, basée sur l’action directe, qui mène à la victoire des luttes prolétaires, en utilisant d’autres moyens bien plus efficaces que ceux mis en œuvre jusque là (pour) gagner l’estime et la confiance des (ouvriers) organisés »6. L’action des syndicats n’est pas seulement inutile, ajouterions nous dans l’esprit des écrits de Vanzetti, mais dommageable, puisque ces structures nécessairement autoritaires enferment et dirigent l’élan subversif des masses vers des objectifs réformistes. Il s’agit du vieux discours des moyens et des fins. Il est absurde de soutenir que les syndicats de travailleurs, par leur pratique revendicative, sont des moyens pour arriver à la révolution qui abattra l’existant, libérant un monde nouveau. Les syndicats sont des structures intrinsèquement réformistes et bureaucratiques, inhérentes au système social capitaliste, alors que l’unique perspective pour les masses exploitées est celle d’une rupture définitive avec le passé, même avec son propre passé de partis-église, abolissant, avant tout en son sein, les privilèges et l’autorité. En somme, écrit le Picconiere, « discuter pour savoir si le syndicalisme est un moyen pour affronter la révolution et l’anarchie, [est] tout simplement idiot ».

Nous pouvons facilement comprendre que le monde du travail ait été le terrain principal du combat politique et de l’action dans une perspective révolutionnaire à l’époque de Vanzetti comme pour la grande partie des 19e et 20e siècles. Mais le syndicalisme contemporain de Vanzetti a épuisé depuis longtemps sa charge révolutionnaire et les syndicats qu’il appelait « socialistes » ou, mieux, « autoritaires » ont naturellement (parce que c’était dans la logique des choses) régressé vers des formes d’organisation autoréférentielles et bureaucratiques, inhérentes à la soi-disant démocratie. Plus aucun syndicaliste ne parle encore d’abolition des classes sociales et de contrôle ouvrier des moyens de production dans le monde globalisé (mais on peut trouver des exemples dans le sens contraire dans les récentes expérimentations de lutte et d’autogestion des usines en Amérique du Sud).

Un débat comme celui auquel participait Vanzetti à travers ses lettres de prison semble aujourd’hui coupé de la réalité, au moins dans les pays occidentaux. Mais il y a plus… Ce n’est peut-être pas sur le terrain des questions strictement syndicales qu’il faut rechercher l’actualité de ses écrits.

Vanzetti parle, en filigrane, de sa conception de l’anarchisme. Nous luttons, écrit-il « pour l’abolition de toute autorité », nous visons « à une transformation économique radicale », « à une forme de société dans laquelle soit garantie la liberté des individus, des groupes, des communes et des confédérations », nous refusons « la forme politique actuelle, et nous en proposons une autre : la seule qui puisse libérer la terre de la mauvaise progéniture des politiciens ». Il désigne, en particulier et avec force, quels sont à son avis les devoirs des révolutionnaires : de « précéder le prolétariat sur la voie de son émancipation, de lui éclairer le chemin, levant haut le flambeau de la vérité, de prêcher par l’exemple. […] Et la condition première est l’enseignement des vérités fondamentales de l’anarchisme, qui sont accessibles, quand on sait les enseigner, même à l’esprit simple des humbles ». Il n’a pas de doutes sur la voie à suivre : « tout ce qui ne favorise pas la révolte et la liberté leur fait obstacle ». Il insiste sur la valeur de l’éducation, sur l’importance de la volonté et de l’acte individuel : « la rébellion individuelle est le précurseur de l’insurrection collective ».

Ce que signifie lutter pour un monde de liberté est également clair pour lui. L’idéaliste et le théoricien, condamné pour un crime dont il se déclare innocent, se rend parfaitement compte de ce que signifie, au delà des discours grandiloquents, combattre l’oppression. Dans une lettre aux compagnons il écrit : « Mort pour mort. Nous combattons pour le triomphe d’une cause, pas pour être écrasés par des gardiens, nous ne gagnerons jamais si nous ne les terrassons pas. Ce sont des mercenaires, nous des idéalistes ; un homme libre ou un rebelle pourrait-il leur permettre de faire de lui ce qu’ils veulent ? »7. Le rôle attribué au mouvement anarchiste ou, mieux, à chacun de ses partisans, qui font partie et en même temps montrent l’exemple pour les exploités qui se rebellent contre l’oppression, apparaît soudain comme une évidence. Vanzetti s’arrête sur l’usage instrumental que les politiciens de profession font des masses : celles-ci « suivent les hommes plus qu’elles ne suivent les idées. Le raison est claire. Les masses sont maintenues à dessein dans l’ignorance et constamment assaillies par le problème de la vie […] Voilà pourquoi le peuple est l’éternel victime des politiciens, des prêtres, du militarisme, des négriers, et des méchants bergers, et en dépit de l’atroce expérience millénaire il ne se décide pas encore à s’émanciper, à marcher par lui-même ». La tromperie des pauvres et des exploités de la part de ceux qui proclament être leurs guides existait au temps de Vanzetti et existe, tant sous des formes éclatantes et odieuses que de manière plus sournoise, encore aujourd’hui : « C’est l’éternelle duperie des peuples et des laissés-pour-compte. C’est une arnaque contre la bonne foi, la simplicité, l’héroïsme, le sacrifice des mendiants à la peau et au sang généreux desquels toutes les révolutions doivent leur triomphe. Elle est le résultat inévitable de toute cause qui ne rompt pas définitivement avec le passé, qui veut conserver le privilège et l’autorité ».

Dans sa cinquième lettre à L’Adunata dei Refrattari, le Picconiere condamne durement la dérive des partis socialistes et des organisations des travailleurs « polluées par le marxisme : conquête des pouvoirs publics, collaborationnisme, coopérativisme, coopérationnisme, programme minime, social-démocratie et autres choses du genre ». A son avis, les partis et les syndicats d’inspiration marxiste ont abandonné l’internationalisme et l’élan révolutionnaire de leurs débuts pour en arriver à négocier avec l’ennemi. L’action subversive des premières associations socialistes était dictée, selon Vanzetti, plus que par un choix d’idées, par une volonté précise de la base : quand la structure organisative a réussi à prendre le dessus sur celle-ci, l’immobilisme et l’attentisme démocratique sont devenus nécessaires. Dans la lettre suivante, il pose la question rhétorique de ce qui adviendrait si le peuple, une fois la révolution faite, laissait ces partis autoritaires « l’accaparer ». « Un nouvel État, une nouvelle autorité avec ses lois, ses prisons, ses flics, ses bourreaux et son armée » est la réponse, contenue tautologiquement dans la question.

Mais sa critique des organisations socialistes peut être étendue à toute organisation en tant que telle ; ce n’est pas par hasard qu’il critique aussi la position anarcho-syndicaliste de son interlocuteur. Pour exister, une organisation structurée doit enrégimenter la singularité particulière de chacun et en limiter l’autonomie, au nom de ses propres fins (quand ce n’est pas sa propre survie qui en est le but) et de procédures décisionnelles qui échappent difficilement aux mécanismes de la représentation et du leadership. A cette forme d’autoritarisme, Vanzetti oppose l’action spontanée et autonome des masses travailleuses (dans ce cas précis, mais le discours est aussi valable de manière plus générale). « Pour vaincre » écrit-il « il faut rompre avec tout le passé, il faut libérer le prolétariat des filets, des lourdeurs, des illusions et de la duperie de l’unionisme ouvrier », c’est-à-dire qu’il faut substituer l’élan révolutionnaire spontanée au fallacieux moyen organisatif.

Le Picconiere analyse aussi, de manière impitoyable, mais sans jamais perdre l’espoir en la possibilité d’une délivrance et dans le pouvoir salvateur du désir de liberté, la tendance à la soumission de la masse prolétaire qui, selon ses dires, n’a pas « le courage de défier la loi » et « [cherche] sa délivrance dans l’exploitation, dans l’espionnage, dans le vol et la fraude légale ». « Parce que si le prolétariat avait vraiment été mentalement et moralement émancipé, il aurait déjà fait sa révolution, et s’il l’était aujourd’hui, alors il la ferait maintenant ». Parmi ces masses qu’il ne considère raisonnablement pas comme explicitement révolutionnaires, le devoir des anarchistes est d’être l’étincelle de l’insurrection. En effet, même face à l’acquiescement des exploités envers le système, Vanzetti ne cède pas. Seules la volonté individuelle, l’action de l’individu ou de petits groupes « feront repartir » les luttes populaires. Luttes qui doivent ensuite se développer tant dans un sens quantitatif, devenant celles de vastes secteurs de la population, qu’en profondeur, en s’éloignant du terrain spécifique de l’usine jusqu’à inclure toute la société, dont le travail n’est qu’un aspect. Dans la dernière lettre, le Picconiere cite un article (dont nous ne connaissons pas l’auteur) paru dans la Cronaca Sovversiva, capable, dit-il, d’expliquer au mieux sa pensée. « […] l’hérésie devient doctrine, l’acte individuel de révolte envahit les foules de ses perditions sataniques ; les grèves composées de petits groupes […] deviennent des insurrections décidées par les grandes masses qui se répandent par-delà l’usine, la province, la nation pour attaquer l’ennemi dans ses repaires […] Ici aussi (de notre côté) la révolte individuelle, l’insurrection collective, la révolution ».

Pendant que Vanzetti est en prison, les fortes impulsions qui semblaient avoir fait vaciller le monde dans les années qui suivirent la Grande guerre ont été résorbées, avec la pacification (et parfois l’utilisation dans un sens réactionnaire) de ces masses qui avaient effrayé les puissants et avec la dérive démocratique des partis marxistes. « Il n’y a que les anarchistes et les anarcho-syndicalistes qui veulent la révolution sociale aujourd’hui. […] aujourd’hui nous sommes seuls ». Mais cette amère constatation de fait n’enlève nullement la nécessité d’un changement radical, et donc d’une action, même d’individus ou de petits groupes, dans cette direction. Une leçon à rappeler à ceux qui, comme nous aujourd’hui, vivent dans le « meilleur des mondes possibles » !

Le Pouvoir est la question politique centrale et depuis toujours les anarchistes, en plus de le condamner, soulignent les risques de récupération des réels élans de changement dans les pièges habituels de la représentation et de la délégation. Vanzetti met en garde face aux pièges qui corrompent la potentielle charge subversive des masses, reconnaissant dans les personnes qui ont la prétention de les orienter, en assumant leur représentation, les responsables majeurs de l’échec des mouvements révolutionnaires du passé. Les compromis, le maintien à l’intérieur de règles établies, l’obsession pour l’organisation ne contribuent certainement pas à alimenter le feu de la révolte qui devrait balayer le capitalisme et l’ordre social inique qui en découle.

Être à l’intérieur des mouvement en portant une attitude critique face à toute autorité, être subversifs par rapport aux logiques qui « limitent » les revendications dans des pratiques enracinées votées au compromis : c’est, dit Vanzetti, le devoir des révolutionnaires. Aujourd’hui comme hier. Expérimenter des pratiques radicales de lutte qui valorisent la tension vers la libération intégrale des hommes et des femmes sans la hantise de devoir se doter de formes organisatives prédéfinies. Être en même temps critiques envers nous-mêmes, prêts à remettre en question nos certitudes à chaque fois que les événements nous mettent face à des échecs ou à des réalités imprévues. Être cohérents dans notre comportement quotidien et dans la lutte aux côtés de ceux que nous rencontrerons sur le chemin vers l’émancipation. Être, en somme, anarchistes (sauf si nous devions réaliser un jour que nous sommes dans l’erreur).

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Re: Sacco et Vanzetti

Messagede Pïérô » 12 Aoû 2017, 11:24

7 août 1927 : immense manifestation pour Sacco et Vanzetti

Le 7 août 1927, alors que les menaces d’exécution de Sacco et Vanzetti se font plus précises, d’immenses manifestations ont lieu dans le monde entier, contre la barbarie américaine, en particulier à Paris.
«
Here’s to you Nicola and Bart
Rest forever here in our hearts
The last and final moment is yours
That agony is your triumph.

Joan Baez, sur une musique de Ennio Morricone

Tandis que le risque d’exécution de Sacco et Vanzetti se rapproche, un cortège auquel s’était joint Luigia Vanzetti (soeur du condamné) rassemble plus de 100 000 personnes à Paris, le 7 août 1927. Il est fortement encadré par d’imposantes forces de police. Un appel est lancé pour une grève de 24 heures le lendemain. Le 8, 9 et 10 août 1927, l’exécution de Sacco et Vanzetti prévue à la date du 10 août [1] suscite à travers le monde de nombreuses manifestations de colère : à Chicago la grève générale est suivie par 16 000 ouvriers. A la sortie du meeting, une jeune anarchiste italienne de 16 ans nommée Aurora d’Angelo, prend la tête d’un cortège de quatre mille personnes. La police utilise des gaz lacrymogènes et procède à 76 arrestations dont Aurora (qui refusera lors de son procès l’aide d’un avocat). A New York la grève est suivie par 150 000 personnes (selon la police). De même à Montevideo (Uruguay), à Asuncion (Paraguay), à Bruxelles, Londres ou Paris. Des bombes explosent à Bâle (Suisse), à Sofia (Bulgarie) le 11 août, ou sont découvertes à Chicago et Londres. C’est un immense vent de contestation qui se lève contre l’arbitraire de la répression.

Contexte

L’affaire Sacco et Vanzetti est un symbole de la répression aux Etats-Unis. Elle frappe deux anarchistes d’origine italienne, Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti. Dans les années 1920, la crise économique touche aussi bien l’Europe que les États-Unis : il faut reconvertir l’économie de guerre et faire face à l’inflation. La fin du dirigisme étatique mis en place en 1917 et la montée du syndicalisme provoquent de nombreuses grèves dans tout le pays. En 1919, on recense 4,1 millions de grévistes qui réclament de meilleurs salaires et une réduction du temps de travail. Ces grèves donnent lieu à des affrontements dans plusieurs grandes villes, comme à Boston.

L’année 1925 est marquée par de nombreux attentats anarchistes : les responsables politiques sont touchés, comme le maire de Seattle ou celui de Cleveland, chez lequel une bombe explose. Les bureaux de la banque Morgan à Wall Street sont soufflés par un attentat qui fait 38 morts et 200 blessés. Les autorités prennent des mesures de répression contre les anarchistes mais aussi contre les communistes et les socialistes américains. Certains sont emprisonnés, d’autres contraints de s’exiler. La presse bourgeoise amalgame les grévistes, les étrangers et « les Rouges ». Elle craint la progression du bolchévisme en Europe, le terrorisme de gauche et se méfie des immigrés récemment arrivés qui parlent à peine l’anglais. Cette période est connue sous le terme de « Peur rouge ».

Le premier procès

Le premier procès débute le 22 juin 1920. Sacco et Vanzetti sont accusés de deux braquages ayant eu lieu dans le Massachusetts : le premier est un hold-up manqué contre une fabrique de chaussures par un gang motorisé le 24 décembre 1919 à Bridgewater, l’autre le 15 avril 1920 à South Braintree, dans la banlieue de Boston. Durant ce dernier braquage, deux hommes, Frederic Parmenter caissier de la manufacture de chaussures "Slater and Morril" et son garde du corps Alessandro Berardelli, sont abattus à coups de revolver par deux hommes dans la rue principale. 15 000 $ sont volés.

Un certain nombre de témoins à charge qui n’ont vu le braquage que de loin affirment avoir « reconnu » des Italiens, notamment l’un portant une moustache comme celle de Vanzetti, le débat portant sur la longueur de cette moustache. Les témoins à décharge, des immigrés italiens soupçonnés d’accointance avec les milieux anarchistes, sont ignorés bien qu’ils fournissent un alibi à Vanzetti. Le 16 août 1920, Vanzetti seul est condamné pour le premier braquage de 12 à 15 ans de prison, Nicola Sacco ayant pu prouver qu’il avait pointé à l’usine le jour de ce premier braquage.

Le second procès

Le second procès qui a lieu à Dedham du 31 mai au 14 juillet 1921 met surtout en scène l’expertise en balistique, encore balbutiante à cette époque, Vanzetti portant selon l’accusation un pistolet de calibre 38 qui aurait appartenu à l’une des victimes et Sacco un Colt automatique de calibre 32 (les quatre balles trouvées sur les lieux du braquage avaient été tirées par un pistolet de même calibre). Ce second procès les condamne tous les deux à la peine capitale pour les crimes de South Braintree, malgré le manque de preuves formelles. Carlo Tresca et Aldino Felicani (vieil ami de Vanzetti), deux militants de l’Industrial Workers of the World [2] et quelques représentants de la bourgeoisie libérale bostonienne lancent une campagne médiatique nationale et internationale en leur faveur, montant dès le 9 mai un comité de défense qui parviendra à lever pendant 7 ans un fonds de 300 000 dollars, fonds dans lequel puisera leur avocat californien Fred Moore, spécialisé dans les procès politiques, pour effectuer ses propres enquêtes.

Dès lors, des comités de défense se mettent en place dans le monde entier pour sensibiliser l’opinion sur cette injustice. Comme Sacco en 1923, Vanzetti est placé début 1925 en hôpital psychiatrique. Le 12 mai 1926, leur condamnation à mort est confirmée. En novembre 1926, un bandit dénommé Celestino Madeiros, cependant déjà condamné à mort dans une autre affaire, avoue de sa prison être l’auteur, avec des membres du gang de Joe Morelli, du braquage de South Braintree, mais le juge Webster Thayer, qui n’aimait ni les Italiens, ni les anarchistes, refuse de rouvrir le dossier. Malgré une mobilisation internationale intense et le report à plusieurs reprises de l’exécution, Nicola Sacco, Bartolomeo Vanzetti et Celestino Madeiros sont exécutés par chaise électrique dans la nuit du 22 au 23 août 1927, à la Prison de Charlestown dans la banlieue de Boston, par le célèbre bourreau Robert G. Elliott, suscitant une immense réprobation. Plus de 80 ans après, les Etats-Unis continuent toujours d’exécuter des détenus, innocents ou coupables ; le plus souvent pauvres ou révoltés.

A la mémoire de Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, deux anarchistes, deux immigrants tués par l’Etat. No Nation ! No Border ! Fight Law and Order !


P.-S.
Sources utilisées : Ephéméride anarchiste, Wikipédia
Pour approfondir :
Ronald Creagh, L’affaire Sacco et Vanzetti, Lyon, Atelier de création libertaire, 2004.
John Dos Passos, Devant la chaise électrique, Sacco et vanzetti : histoire de l’américanisation de deux travailleurs étrangers, Arcades Gallimard, 2009
Pierre Duchesne, Sacco et Vanzetti, Paris, Presses de la Cité, 1971.
Francis Russell, L’affaire Sacco-Vanzetti, Paris, Robert Laffont, 1964.


Notes

[1] Elle se déroulera finalement le 23 août.

[2] Industrial Workers of the World ou IWW (les adhérents sont aussi appelés plus familièrement les Wobblies) est un syndicat international fondé aux États-Unis en 1905 dont le siège actuel se trouve à Cincinnati, dans l’Ohio. À son apogée, en 1923, l’organisation comptait environ 100 000 membres actifs.


https://paris-luttes.info/7-aout-1927-i ... ifestation
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Re: Sacco et Vanzetti

Messagede Pïérô » 25 Aoû 2017, 01:24

Radio : L’affaire Sacco-Vanzetti – avec Ronald Creagh

90 ans après l’exécution de Sacco et de Vanzetti, anarchistes injustement accusés de crimes, une histoire de l’anarchisme italien aux États-Unis, de la machination judiciaire contre Sacco et Vanzetti et de la campagne mondiale de soutien de ceux-ci – avec Ronald Creagh, historien libertaire, professeur de civilisation américaine à l’Université de Montpellier - Paul Valéry, membre du comité de rédaction de Réfractions, et auteur sur ce sujet de Sacco et Vanzetti (La Découverte, 1984, avec une réédition aux Éditions de Paris, 2004).

Une histoire de l’immigration italienne aux États-Unis, de Sacco et de Rosina (sa femme), de l’anarchisme italo-étasunien depuis 1886 (« l’attentat de Haymarket », ayant donné naissance au 1er Mai) et notamment de sa composante anti-syndicaliste, et de la répression policière anti-anarchiste des années 1900-1910 [1ère partie, 20 minutes]. Une histoire de l’affaire Sacco-Vanzetti, leur arrestation et leurs procès truqués de 1920, l’acharnement judiciaire, l’incroyable campagne mondiale de défense et de soutien aux accusés – de la grande bourgeoisie "libérale-humanitaire" aux anarchistes ! –, les tentatives de récupération staliniennes, l’exécution finale de 1927, et enfin les tentatives des conservateurs étasuniens d’effacer cette histoire [2ème partie, 20 minutes].

Emission à écouter : http://sortirducapitalisme.fr/230-l-aff ... ald-creagh
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Re: Sacco et Vanzetti

Messagede Pïérô » 28 Aoû 2017, 01:22

Ennio Morricone/Joan Baez - The ballad of Sacco and Vanzetti

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Re: Sacco et Vanzetti

Messagede Pïérô » 31 Aoû 2017, 20:32

En 1920, l’affaire « Sacco et Vanzetti », l’une des plus grandes controverses judiciaires du XXe siècle

Eclairage

Il y a quatre-vingt-dix ans jour pour jour, deux militants anarchistes et immigrés italiens sont morts sur la chaise électrique, aux Etats-Unis. En pleine « peur rouge », ils avaient été reconnus coupables du meurtre de deux personnes dans un braquage à l’issue d’un procès à charge. Leurs convictions anarchistes leur ont coûté la vie à une époque où l’opinion publique américaine amalgamait étrangers, communistes, anarchistes et grévistes. Retour sur ce fait divers devenu une affaire judiciaire et politique controversée.

vidéo http://www.lemonde.fr/ameriques/video/2 ... 31yr7PP.99
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