Divers militant-es anarchistes dans l'Histoire

Re: Divers militant-es anarchistes dans l'Histoire

Messagede bipbip » 28 Oct 2017, 16:23

Shûsui Kôtoku : appel au bonheur

Comment devient-on communiste anarchiste ? Après avoir été l’un puis l’autre pour mieux en produire la synthèse : redoutable alliage tenant autant à l’égalité qu’à la liberté, au collectif qu’à l’individu. Notre homme mourut pendu à trente-neuf ans, peu avant la Première Guerre mondiale, accusé d’avoir voulu attenter à la vie de l’empereur d’un Japon belliciste. Les militants nippons continuent de le tenir pour l’une des figures de proue de la tradition libertaire : portrait d’un journaliste séditieux, à l’heure où le Premier ministre, Shinzo Abe, aspire à revoir la constitution pacifiste du pays

... https://www.revue-ballast.fr/shusui-kotoku-appel/
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Re: Divers militant-es anarchistes dans l'Histoire

Messagede bipbip » 04 Nov 2017, 12:16

Gustav Landauer

L’idée des conseils s’est développée dans l’œuvre et l’ac­tion de Gustav LANDAUER selon une voie très particulière, à partir d’un socialisme agraire et coopératif, à travers diverses tentatives pour créer des communautés où pourraient prendre racine des relations authentiques entre les hommes. Très hostile au marxisme mécaniste qui prédomine alors en Allemagne, LANDAUER affirme que le socialisme ne peut être une conséquence inéluctable de l’évolution économique. "Le socialisme ne se développe pas à partir du capitalisme, mais contre lui". Le capitalisme ne devient pas socialiste, dit LANDAUER, Il utilise des méthodes socialistes pour mieux survivre et prospérer.

La solution préconisée, c’est que les socialistes se séparent immédiatement de la société capitaliste pour former des communautés coopératives et des colonies socialistes, où les différentes associa­tions de production entretiendraient entre elles un échange socialiste des produits. Mais, en même temps, LANDAUER reste convaincu de la nécessité d’une révolution politique qui libère effectivement la terre et débarrasse la vie sociale du carcan étatique. S’il met ses dernières énergies au service de la République des conseils de Bavière, c’est pour aider à préserver une révolution politique en lui donnant un contenu social et culturel. Et les conseils, dans cette période de transition, lui apparaissent comme les seuls agents possible de l’indispensable reconstruction.

Gustav LANDAUER est né le 7 avril 1870 à Karlsruhe, d’une famille juive de classe moyenne. Au cours de ses études à Berlin (phi­losophie, philologie allemande), il adhère au groupe des Jungen ("les Jeunes"), exclu du Parti social-démocrate en 1891. Le groupe crée son propre hebdomadaire, "Der Sozialist", et LANDAUER y collabore de 1891 jusqu’au moment où, huit ans plus tard, le journal, "traqué à mort", doit disparaître. En même temps, il se lie avec le milieu anarchiste berlinois.

En 1893, LANDAUER participe au Congrès socialiste international de Zurich d’où seront exclus, avec les anarchistes, les socialistes qui ne reconnaissent pas la nécessité de la "conquête du pouvoir politique". Accusé par BEBEL d’être un agent provocateur, LANDAUER est éjecté bru­talement de la salle de réunion. On le retrouve cependant au congrès suivant de la IIème Internationale qui se tient en 1896 à Londres. Il présente un rapport où il critique durement le S.P,D. Les anarchistes et les socialistes anti-parlementaires sont exclus une nouvelle fois.

Le 1er novembre 1893, LANDAUER est condamné à deux mois de prison pour incitation à la désobéissance envers le pouvoir d’Etat, Le 22 décembre, il est gratifié de neuf mois supplémentaires pour "excita­tion". Nouvelle condamnation on 1899, à six mois de prison cette fois-ci. Une première période de sa vie s’achève là. Après des années d’activité politique intense qui l’ont conduit à de nombreuses tournées d’agita­tion à travers l’Allemagne, la prison provoque chez LANDAUER un retour sur lui-même. L’alternance des périodes d’action incessante et des pério­des de retrait et de réflexion solitaire est d’ailleurs une constante dans sa vie.

Toujours an prison, il collabore avec son ami Fritz MAUTENER à un travail Ce recherche critique sur le langage. Il an tirera son premier ouvrage théorique, "Scepticisme et mystique", qui paraîtra en 1903. (Son premier roman a été publié en 1893). Il prépare simultanément une édition en allemand moderne des écrits du mystique rhénan, Maître ECKHART. Les composantes "romantiques" de la pensée de LANDAUER qui s’expriment clairement dans ces travaux se maintiendront à travers le reste de son oeuvre méfiance à l’égard de toute culture uniquement rationnelle, valorisation de l’émotionnel, perception de la vie comme pluralité spontanée de formes et de manifestations. La révolution, pour LANDAUER, sera toujours un surgissement de "l’esprit unifiant" qui porte la collectivité à la création de nouvelles formes de vie, Pendant les événements de Munich encore, il soutiendra que la révolution ne pourra s’affermir si elle ne parvient pas à donner à des hommes peu préparés à ces circonstances exceptionnelles l’expérience immédiate du bonheur, de la joie et de la création.

LANDAUER fait d’ailleurs sienne la longue histoire des sectes mystiques et hérétiques, surtout là où ce mysticisme se recoupe avec l’exigence d’une révolution égalitaire. Martin BUBER le familiarisera avec la mystique juive. Parmi les socialistes allemands d’origine juive, il est le seul, avec Moïse HESSE, à se concevoir réellement comme juif. Juif athée -de même qu’il défend un mysticisme athée- LANDAUER considère que l’humanité à venir fera s’épanouir l’apport spécifique du judaïsme.

Une fois libéré, il se sépare des groupes avec lesquels il a agi jusqu’alors, et il s’efforce désormais de créer des points de ren­contre pour les isolés qui ont rompu avec la société bourgeoise sans pour autant se reconnaître dans l’activisme et le sectarisme des groupes d ’ extrême-gauche.

En 1901, il édite avec Max METLAU un volume d’extraits de BAK0UNINE. "J’ai aimé et admiré BAKOUNINE, écrit-il, dès le premier jour où je l’ai rencontré, car il y a peu d’essais écrits de manière aussi vivante que les siens, peut-être est-ce pour cela qu’ils sont aussi fragmentaires que la vie elle-même".

L’année suivante, il se rend en Angleterre avec celle qui sera aa compagne tant qu’elle vivra, Hedwig LACHMANN, poète et traductrice. Pendant prés d’un an, ils s’installent dans la proximité de KROPOTKINE. Celui-ci. exercera une forte influence sur LANDAUER, par sa théorie de l’entraide, sa conception très positive du Moyen-Age et son analyse de la Révolution française. Un point commun primordial réunit les deux hom­mes : leur volonté de renforcer sans cesse les tendances constructives de l’anarchisme. De retour en Allemagne, LANDAUER traduit "L’Entraide" et "Champs, usines et ateliers". En 1905, à propos des vues de KROPOTKINE sur l’intégration de l’agriculture et de l’industrie, il écrit "Le village socialiste, avec les ateliers et les usines communales, avec les champs, les prairies et les jardins, vous, prolétaires des grandes cités, habituez-vous à cette pensée étrange et bizarre au premier abord, car c’est le seul commencement du vrai socialisme, le seul qui soit à notre gauche".

Il se sent très proche aussi de PROUDHON, "le plus grand de tous les socialistes", mais relève qu’il s’est formé hors de son influence directe "PROUDHON n’a rien à voir avec l’origine de mes conceptions et de mes tendances. Je l’ai connu alors que j’étais achevé, et je me suis évidemment réjoui de voir qu’un autre, si différent de moi, était parvenu à des résultats si semblables."

A la demande du philosophe personnaliste Martin BUBER -qui poursuivra après la mort de LANDAUER la publication de ses textes- il écrit une de ses oeuvres essentielle5, parue en 1907, "La Révolution".

L’hypothèse directrice de ce livre, c’est que, depuis la Réforme, nous sommes pris dans un enchaînement de révolutions qui ne finira que le jour ou un esprit commun réunira de nouveau les hommes séparés. Une nouvelle civilisation commencera alors. "Un degré de hauts civilisation est atteint là ou de multiples formations sociales, exclu­sives et indépendantes les unes des autres, sont remplies toutes ensem­bles d’on esprit unitaire, qui ne réside pas dans des formations, qui n’est pas issu d’elles, mais qui agit en elles comme une réalité auto­nome et une évidence". Notre siècle, plus qu’aucun autre, est un temps de transition vers une vraie civilisation. Chaque révolution fait triompher une partie de l’utopie qu’elle porte, mais une partie seule­ment. Contre le nouvel ordre qui s’installe, une nouvelle utopie se lève, qu’une nouvelle révolution réalisera en partie.

Toute révolution est essentiellement négative, en brisant les structures oppressives, elle libére des forces neuves. En cela elle est créatrice. Encore faut-il que les formes de vie nouvelle soient déjà en germe, prêtes à s’étendre et à proliférer. La révolution est accouchement plus que conception "Les révolutions politiques libéreront la terre, dans le sens littéral et dans tous les autres sens ; mais en même temps, la liberté ne triomphera que si les institutions ont été préparées, dans lesquelles pourra vivre la fédération des associations économiques qui est destinée à libérer l’esprit resté prisonnier derrière l’Etat."

En 1907 également, LANDAUER publie ses "’Trente thèses socia­listes", qui préparent la création de l’Alliance socialiste, et annon­cent le retour de LANDAUER à l’action politique. En juin 1908, il lance sur 10 000 tracts, les "12 articles de l’Alliance socialiste". "Ces colonies ne doivent pas être autre chose que des modèles de justice et de travail dans la joie elles ne sont pas un moyen pour atteindre le but. Le but ne peut être atteint que lorsque la terre vient aux mains des socialistes par d’autres moyens que l’achat". Le premier modèle de l’organisation qu’il préconise, dit LANDAUER, c’est celui des sections et des districts des villes françaises pendant la Révolution de 1789. Les structures pluralistes de la cité médiévale sont, incontestablement, un autre précédent qui sous-tend sa conception des conseils.

Des groupes de l’Alliance se forment on Allemagne et en Suisse, LANDAUER anime celui de Berlin, MUHSAM, celui de Munich. des projets de constitution de communautés se développent, mais le guerre empêchera l’expérience. LANDAUER circule de ville en ville pour propager son idée, et de ses conférences il tire un livre "Appel au socialisme" (1911). De 1909 à 1915, il publie une nouvelle série du "Sozialist", qui aborde tous les grands thèmes politiques, sociaux et littéraires du temps. En même temps, Il essaie d’agir contre la guerre qui se prépare. Par un tract, diffusé à 100 000 exemplaires ("Suppression de la guerre par l’autodétermination du peuple"), il appelle à un congrès ouvrier extra-ordinaire pour décider du mode d’intervention en cas de guerre. La tenta­tive échoue, mais elle l’a conduit à préciser encore son attachement à la "démocratie des conseils" il se retrouve isolé lorsque la guerre éclate,

En 1917, il quitte Berlin pour l’Allemagne du Sud. C’est là que malade, épuisé, bouleversé encore par le mort récente de sa femme, il travaille à son essai sur Shakespeare quand, le 10 novembre 1918, une lettre de Kurt EISNER l’appelle à Munich. Mais il réalise vite à quel point EISNER, dont il admirait l’intégrité morale et le pacifisme actif, est prisonnier de la bourgeoisie et de la social-démocratie qui prépa­rent le retour aux vieilles institutions parlementaires. Il met tout en oeuvre pour stimuler l’initiative et l’organisation fédéraliste des conseils, en s’opposant au "principe jacobin" qu’il voit incarné par LEVINE. Pendant la brève durée de la première République des conseils, il multiplie de réunion en réunion les propositions d’action constructive, sans que l’accord recueilli dans les assemblées fébriles déborde sur les entreprises et les quartiers. Après la prise du pouvoir par les communis­tes, il se mettra en vain à la disposition du nouveau comité d’action.

Le 2 mai 1919, il est arrêté, frappé sauvagement puis achevé d’un coup de fusil par les Corps francs. En 1933, les nazis déterrent ses restes et les envoient à la communauté juive de Munich.

Certaines oeuvres de LANDAUER ont été rééditées en Allemagne, son "Shakespeare" (1962), "Appel au socialisme" (1987, avec une importan­te introduction de H. J. HEYEDORN) et un recueil d’études plus brève (1968). Les notes qui précédent peuvent donner une première idée des thèmes qui trouvant aujourd’hui un écho nettement perceptible à un "so­cialisme utopique" qui en appelle à la volonté d’une vie pleine et créatrice, qui fait sa part à la passion, à la force contraignante du mythe. C’est du "socialisme utopique" encore que relève un autre thème très actuel, le projet d’une "contre-société" jetant ses bases dans l’immédiat à travers des expériences communautaires.

Ce qui est déterminant enfin dans ses analyses critiques, et qui se vérifie de plus en plus, c’est que l’Etat n’est pas seulement une machinerie politique, mais une réalité psychologique et morale ; un mode de relation entre les hommes, caractérisé par la démission, la peur de la liberté, le manque de confiance en soi, et, complémentairement, par la volonté de puissance, l’arrivisme et le mépris. D’où la formulation essentielle de son "socialisme utopique" : lutter contre l’Etat, c’est d’abord mener une autre vie, construire une autre culture et inventer d’autres relations.

René FURTH


http://revolutions-1917.info/spip.php?article3&lang=fr
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Re: Divers militant-es anarchistes dans l'Histoire

Messagede Pïérô » 13 Nov 2017, 10:55

Marius Jacob, l’Arsène Lupin au drapeau noir

« J’ai préféré être voleur que volé. Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend. » Ainsi s'exprimait l'anarchiste Alexandre Marius Jacob dans sa déclaration "Pourquoi j'ai cambriolé", en 1905.

Marius Jacob, dans sa déclaration au tribunal en 1905, "Pourquoi j'ai cambriolé":

‘J’ai préféré être voleur que volé. Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend. ’

« C’est le plus grand des voleurs… Oui, mais c’est un gentleman. Il s’empare de vos valeurs, sans vous menacer d’une arme… » Vous l’avez reconnu. Arsène Lupin, le héros de Maurice Leblanc, immortalisé à l’image par Georges Descrières ou Romain Duris… Le gentleman cambrioleur qui, avec ses gants blancs, s’introduit chez vous la nuit, dérobe bijoux et tableaux et avant de s’éclipser, dépose sur le piano une carte de visite, élégante signature de son forfait. Mais ce que l’on a un peu oublié, c’est qu’il y eut un vrai Arsène Lupin, non moins gentleman mais beaucoup plus provocateur : l’anarchiste Alexandre Marius Jacob.

C’est son histoire, rocambolesque et flamboyante, que je vais raconter ce soir. Celle d’un petit Marseillais né sur le Vieux-Port, qui aimait lire et rêvait d’aventure. Son destin semblait tracé : devenir marin ou ouvrier. Prolétaire quoi ! Mais à 16 ans, Marius Jacob dit non à cette vie-là. Il sera anarchiste et voleur.

« J’ai préféré être voleur que volé, dira-t-il lors de son fracassant procès de 1905. Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend. »

L’invité
Stéphanie Duncan reçoit l'écrivain Patrick Pécherot, auteur de la fiction.

La fiction
Marius Jacob, l’Arsène Lupin au drapeau noir de Patrick Pécherot, une fiction réalisée par Benjamin Abitan.
Avec les voix de :
• Marius Jacob - Marc Léonian
• Léon Ferrand - Barthélémy Meridjen
• Gille, le commissionnaire du Mont de Piété - Martin Amic
• L’Inspecteur Duval - Marc Schapira
• Le commissaire du Midi - Jean-Claude Bonnifait
• Josette - Elsa Bosc
• Louise -Yaël Elhadad
• Le commissaire de la Sûreté - Philippe Beautier

Et l'équipe de réalisation :
• Bruitages – Sophie Bissantz
• Prise de son, montage, mixage : Éric Boisset et Manon Houssin
• Assistante à la réalisation : Léa Racine
• Réalisation : Benjamin Abitan

à écouter : https://www.franceinter.fr/emissions/au ... embre-2017
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Re: Divers militant-es anarchistes dans l'Histoire

Messagede Pïérô » 19 Nov 2017, 16:28

Projection débat « Écoutez André Bösiger »

Un film de Bernard Baissat et Alexandre Skirda

Paris, mercredi 22 novembre 2017
à 20h, Librairie du Monde libertaire - Publico, 145 rue Amelot

L'Université populaire et libertaire du XIe, Commune de Paris vous invitent au Ciné de la Commune.

Projection en présence des auteurs

Image

Dans une Suisse qu'on se plaît à voir paisible, l'existence d'André Bösiger fait figure d'exception.

Après une enfance et une adolescence jurassiennes, toutes faites de résistance à un milieu hostile et étouffant, l'itinéraire de cet homme libre croisera les luttes des travailleurs, la Ligue d'Action du Bâtiment - dont il sera l'un des principaux acteurs -, puis les évènements du 9 novembre 1932 à Genève, qui l'amèneront à se révolter contre toutes les injustices et à découvrir peu à peu un idéal libertaire de solidarité.

Réfractaire, il passera deux années en prison, s'engagera ensuite dans la Révolution espagnole, dans la Résistance française, avant de rejoindre la lutte des Algériens, celle des anti-franquistes de l'après-guerre, tout en assurant, au travers de mille difficultés, la vie matérielle des siens.

Entrée libre.
Organisé par le groupe Commune de Paris de la Fédération Anarchiste.
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Re: Divers militant-es anarchistes dans l'Histoire

Messagede bipbip » 23 Nov 2017, 16:57

Stig Dagerman (1923 - 1954)

Le 4 novembre 1954, disparaissait l’écrivain, dramaturge, journaliste et anarcho-syndicaliste suédois Stig DAGERMAN, dans la banlieue de Stockholm.

Il était né le 5 octobre 1923 à Älvkarleby, Suède. Enfant naturel, il n’a que quelques jours lorsque sa mère le confie à ses grands-parents paternels, sans plus se soucier de lui par la suite. Cet abandon le marquera à jamais, et transparait dans plusieurs de ses œuvres, notamment L’Enfant brûlé. Et dans un recueil de nouvelles, Tuer un enfant [1], Dagerman fait comprendre, de façon sensible et non manichéenne, la complexité des situations des personnes en présence, la maltraitance psychologique, sociale et familiale, de l’enfant, et le poids des violences sociales. Celles-ci ne sont évidemment pas étrangères à l’alcoolisme très présent dans ces textes qui reflètent la réalité de la société que montre Dagerman.

En 1932, il vient à Stockholm pour y poursuivre ses études et retrouver son père ouvrier qui très tôt l’amène aux réunions du mouvement anarcho-syndicaliste. Il est également attiré par l’anarchisme et c’est dans ce milieu, particulièrement dans le mouvement de jeunesse des anarchistes suédois qu’il fait ses premiers pas en tant que journaliste et écrivain, collaborant au journal anarcho-syndicaliste Arbetaren (Le Travailleur) et à la revue littéraire 40-tal.

Il se marie en 1943 avec Anne-Marie Götze, qui obtient ainsi la nationalité suédoise, alors qu’elle est la fille d’un anarcho-syndicaliste allemand recherché par les nazis. Il divorce en 1950 et se remarie avec une actrice, Anita Björk.

Courte vie que celle de Stig Dagerman qui se suicide à l’âge de 31 ans, en 1954.

La plupart de ses écrits engagés sont réunis dans La Dictature du chagrin et autres écrits politiques, mais l’ensemble de ses œuvres, pièces de théâtre et romans, témoignent d’une vision pessimiste de l’humanité, en lien avec une très grande sensibilité et une empathie pour les autres, par exemple lorsqu’il témoigne de la souffrance et de la misère du peuple allemand ayant survécu au nazisme et aux bombardements alliés [2]

Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, titre de son dernier écrit, pourrait à lui seul dire la souffrance de Stig Dagerman, tiraillé entre son pessimisme – lié sans doute aux blessures de l’enfance – et l’espoir peu à peu déçu d’une société plus juste et plus solidaire.

Il dit se sentir semblable au héros du Loup des steppes : « Comme lui je fais partie de la famille des suicidaires, c’est-à-dire pas nécessairement de ceux qui mettent fin à leurs jours, mais de ceux qui ont toujours la mort à leurs côtés, pour plus de sûreté, pour parler avec elle, pour espérer en elle. » [3]

Parmi les citations extraites de ses œuvres, en voici deux, tirées de Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, témoignant de sa position d’individualiste solidaire :

« Je ne possède pas de philosophie dans laquelle je puisse me mouvoir comme le poisson dans l’eau ou l’oiseau dans le ciel. Tout ce que je possède est un duel, et ce duel se livre à chaque minute de ma vie entre les fausses consolations, qui ne font qu’accroître mon impuissance et rendre plus profond mon désespoir, et les vraies, qui me mènent vers une libération temporaire. Je devrais peut-être dire : la vraie car, à la vérité, il n’existe pour moi qu’une seule consolation qui soit réelle, celle qui me dit que je suis un homme libre, un individu inviolable, un être souverain à l’intérieur de ses limites. »

« Tant que je ne me laisse pas écraser par le nombre, je suis moi aussi une puissance. Et mon pouvoir est redoutable tant que je puis opposer la force de mes mots à celle du monde, car celui qui construit des prisons s’exprime moins bien que celui qui bâtit la liberté. Mais ma puissance ne connaîtra plus de bornes le jour où je n’aurai plus que le silence pour défendre mon inviolabilité, car aucune hache ne peut avoir de prise sur le silence vivant. Telle est ma seule consolation. Je sais que les rechutes dans le désespoir seront nombreuses et profondes, mais le souvenir du miracle de la libération me porte comme une aile vers un but qui me donne le vertige : une consolation qui soit plus qu’une consolation et plus grande qu’une philosophie, c’est-à-dire une raison de vivre. »

Léonore


[1] Stig Dagerman, Tuer un enfant, Agone, 2007. Note de lecture https://penselibre.org/spip.php?art....

[2] Stig Dagerman, Automne allemand, collection Babel, Actes Sud, 1980. Note de lecture https://penselibre.org/spip.php?art....

[3] cité par Philippe Bouquet,
« Stig Dagerman, enfant brûlé », Plein Chant, n°31-32, août-octobre 1986, publié dans A contretemps N° 12 juin 2003 www.acontretemps.plusloin.org.


http://penselibre.org/spip.php?article1284
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Re: Divers militant-es anarchistes dans l'Histoire

Messagede Pïérô » 29 Nov 2017, 23:07

Biographie de Pierre Besnard

Né le 8 octobre [1886] à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), mort le 19 février 1947 à Bagnolet (Seine), incinéré le 24 février au Colombarium du Père-Lachaise, urne n° 10 759. Employé des chemins de fer. Militant anarcho-syndicaliste. Fondateur de la CGT-SR. (1)

Le 1er mars 1909, P. Besnard entra aux chemins de fer de l’Etat à Chinon (Maine-et-Loire) comme facteur auxiliaire puis nommé facteur chef à la gare d’Auteuil-Boulogne. Le 25 septembre 1912, il épousa Thérèse, Marie, Eugénie Montreuil née le 4 mai 1892 à Oissel (Seine Inférieure).

Le 14 mai 1920, P. Besnard fut révoqué des chemins de fer pour faits de grève en février-mars puis en mai. Il était, depuis le 4 mai, secrétaire intérimaire de la commission permanente du bureau mixte des syndicats parisiens de cheminots et principal dirigeant du mouvement pour la région parisienne. Il était également membre de la CE (2) de la Fédération nationale des cheminots. Il habitait alors 14, rue Henri-Monnier à Paris, IX e arr. puis, à partir du 1er juillet 1921, 22, rue Popincourt, XI e arr. au loyer annuel de 1 200 F.

Le 1er juillet 1920, il entra comme taxateur à la Compagnie piémontaise de Transports, 17, rue du Mail, II e arr. Etant demeuré après sa révocation, militant cheminot, il fut délégué le 19 août au congrès du réseau de l’Etat, Rive gauche, qui se tint les 21 et 22, 33, rue de la Grange-aux-Belles. Toutefois, deux mois plus tard, le 21 octobre, estimant qu’il n’était plus cheminot, il donna sa démission de ses fonctions de secrétaire du bureau mixte. En septembre, il s’était déclaré par lettre adressée au juge d’instruction, solidaire de ses camarades cheminots inculpés de « complot contre la sûreté intérieure de l’Etat ».

Le 20 mai 1921, Besnard remplaçait Monatte comme secrétaire général du Comité central des Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR) (3), principale force d’opposition au sein de la CGT dirigée par Jouhaux. Besnard était assisté de Fargue et de Quinton (4), secrétaires. Depuis février, Besnard était signataire du « Pacte », société secrète de type bakouninien qui le liait à quelques-uns de ses amis anarcho-syndicalistes (5). En juillet, à la veille du congrès de Lille, Besnard démissionna de ses fonctions de secrétaire général pour devenir secrétaire adjoint, désirant ainsi se libérer pour un rôle national -on s’acheminait vers la scission- et international au sein de l’ISR (6) à la veille d’être créée -juillet 1921.

Au congrès de la minorité de la CGT qui se tint à Paris du 22 au 24 décembre 1921, après que deux courants se furent manifestés, l’un conduit par Besnard-Monmousseau favorable à la rupture immédiate, le second dirigé par Monatte conseillant la prudence, une motion votée à l’unanimité réclama la tenue d’un congrès extraordinaire au cours du premier trimestre 1922, les convocations devant être lancées avant le 31 janvier. La CGT ayant refusé, la scission était consommée. Au cours d’un des congrès qui vont se succéder, le II e congrès extraordinaire de la Seine par exemple, tenu le 9 avril1922, Besnard précisera ainsi sa conception du rôle des groupements syndicaux (cf. c. rendu, p.72) : l’Union locale « est, pour la localité, ce que la CGT est à l’ensemble du pays, ce que l’Union régionale est pour la région -c’est-à-dire l’expression complète du fédéralisme pour la localité. Elle est non seulement la cellule qui a charge d’organiser la production, mais aussi la répartition de cette production. Elle est plus que cela. Elle est l’organe de législation. Et cela nous conduit vers le syndicalisme complet qui, dans la révolution complète, nous permettra de suffire à tout ». Avec Toti et Lecoin (7)de même orientation que lui, Besnard fut délégué à la Conférence syndicale révolutionnaire internationale qui se tint à Berlin du 16 au 19 juin 1922. (8) Lorsque, le 25 juin, s’ouvrit à Saint-Etienne le 1er congrès de la CGTU la scission était un fait mais cette CGTU dont Besnard et ses amis avaient pu penser pouvoir prendre tout naturellement la direction, leur échappa. L’opposition était loin d’être unie et Saint-Etienne vit la défaite de ceux qui, anarcho-syndicalistes et anarchistes, en avaient pris la tête depuis le 20 mai 1921. Besnard, associé aux anarchistes groupés derrière Lecoin et Colomer, furent défaits par 399 voix contre 848. Ils se retireront peu à peu et, sans attendre, Besnard créera un Comité de défense syndicaliste dont il sera le secrétaire général (Le Libertaire 14 juillet 1922).

Il abandonna le CDS le 1er juin 1923, en même temps qu’il se retirait du bureau exécutif de l’Internationale syndicaliste révolutionnaire constituée à Berlin du 25 décembre 1922 au 2 janvier 1923 (9). C’est alors, fin décembre 1923 - début 1924, qu’il songea à « faire ouvrir la porte à l’unité par la CGT » et écrivit une lettre en ce sens à Théo Argence, 3 février 1924 (cf. J. Maitron, Thèse, op. cit., tome II, pp. 67-68) en même temps qu’il songeait à « la réalisation de l’unité internationale sur le dos de Moscou » (cf. lettre à Argence du 21 février 1924, même source). Cette stratégie, quelque peu utopique, ayant échoué, Besnard s’efforça de regrouper les opposants à la CGTU dans une Union fédérative des syndicats autonomes à la CE de laquelle il appartenait et dont il deviendra le secrétaire général lors de la conférence de Saint-Ouen, le 1er juillet 1925. Dans la Voix du Travail, bulletin mensuel de l’AIT qui deviendra bulletin mensuel de la CGT-SR qu’il dirige et dont le premier numéro parut en août 1926, P. Besnard publia une série d’articles dans lesquels il préconisait « le groupement de tous les syndicats autonomes », article signé au nom de l’UFSA (Union fédérative des syndicats autonomes) par les secrétaires Huart et Besnard, la trésorière Planteline, le trésorier adjoint Saroléa, l’archiviste Lentente (cf. n°s 3-4, octobre-novembre). Ils se prononçaient pour une troisième CGT, les deux autres CGT étant « devenue organisme gouvernemental » et la CGTU ayant « piétiné le syndicalisme » et fait faillite.

Les 13-14 novembre se tint à Lyon le congrès de la Fédération autonome du Bâtiment sous l’égide de l’Union syndicale autonome dont Fourcade était le secrétaire. Par 52 voix contre 3 et deux abstentions, elle décida pour les 15-16 novembre la tenue du congrès constitutif de la CGT-SR qui donnera son adhésion à l’Internationale syndicaliste révolutionnaire de Berlin (anarcho-syndicaliste), création qui avait suscité peu d’enthousiasme (en dépit du vote) et même l’opposition de la part des leaders Guigui, Le Pen, Bastien. Une même attitude réservée sera observée par les congrès anarchistes et c’est ainsi qu’à celui de l’Union anarchiste de 1930, deux groupes sur vingt-deux seront favorables à la nouvelle confédération que certains par dérision, dénommaient la CGT-SR, CGT Sans Rien (10). A partir de 1929, Besnard fut le secrétaire de la nouvelle Confédération qui groupera en juillet 1939, quatre mille membres et disposera d’un journal Le Combat Syndicaliste fondé en 1928 tirant à 5 300 à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

Au moment de la guerre d’Espagne, Besnard participa à la création des comités anarchistes syndicalistes pour la défense du prolétariat espagnol et il fut choisi comme secrétaire de la Conférence de ces comité qui se réunit les 24 et 25 octobre 1936. Il fut confirmé dans cette fonction en novembre par le Plenum de l’AIT qui se tint à Paris du 15 au 17 dans le but d’intensifier la propagande internationale en faveur de l’Espagne « rouge » (11).

Durant la Seconde Guerre mondiale, il se réfugia dans le Midi. Selon ce qu’écrivit L. Louvet, de façon assez énigmatique, dans Ce Qu’il Faut Dire du 10 mars 1947 -Pierre Besnard était mort le 19 février : « il y mena une activité qui ne fut pas du goût de tous les camarades et je sais aussi qu’il y publia un livre -je l’ai- qui ne fit pas l’unanimité parmi ses amis » (12).

Après la libération, P. Besnard fut vice-président de la Confédération générale pacifiste créée les 9 et 16 décembre 1945 dont Louvet était secrétaire général. Il mourut quatorze mois plus tard. Depuis 1928, il vivait avec Lucie Job née le 15 août 1889 à Paris, VI e arr., veuve Margerie et ex-compagne de Pecastaing.

Très doctrinaire, P. Besnard rêva toujours d’un ample mouvement révolutionnaire qui serait sa chose. Un militant syndicaliste qui l’a bien connu, Théo Argence, l’a ainsi caractérisé et, sans doute assez justement : « Sa trop grande rigidité (...) le conduisait à l’isolement. Ainsi peut s’expliquer, sans le justifier, son besoin de créer des groupements nouveaux qu’il voulait à son image ».

Sur la page de garde de son ouvrage Le Monde Nouveau, P. Besnard a lui-même résumé sa doctrine dans ces mots : « Toute l’économie aux syndicats ! Toute l’administration sociale aux communes ! »

OEUVRE :
Le Monde Nouveau, édition CGT-SR, 1936
L’Ethique du Syndicalisme, édition CGT-SR, 1938
Les Syndicats Ouvriers et la Révolution Sociale, Paris, 1930, 350 p.
Collaboration à l’Encyclopédie Anarchiste de Sébastien Faure

SOURCES :
Arch. J. Maitron ; Arch. Nat. F7/13668, F7/13676 ; Arch. Ppo., rapp. du 5 décembre 1921 et Ppo. 50, rapp. du 19 janvier 1922, carton 296 et B A/1717, rapp. du 10 mars 1922 ; La Voix du Travail (Jo. 68728). ; C. rendu du II e congrès syndical extraordinaire de la Seine, 9 avril 1922.

J. MAITRON


Notes de la Fondation Pierre Besnard

(1) Et fondateur aussi, avec d’autres anciens de la CGT-SR (comme Julien Toublet), de la CNT française lors de son congrès constitutif de Paris les 7,8 et 9 décembre 1946, et où Besnard fera un rapport internationale et exposera l’orientation syndicale de la nouvelle Confédération.

(2) Commission Exécutive

(3) Les CSR regroupent les opposants à la ligne réformiste confédérale de Jouhaux, qui revendique notamment la participation de la CGT à l’Union Sacré. Dans les CSR se retrouvent des militants communistes (qui suivent les recommandations de l’International Communiste), des anarchistes, des anarcho-syndicalistes et des syndicalistes révolutionnaires. Les CSR se sont créés au lendemain du Congrès de Lyon (1919) et seront à l’origine de la naissance de la CGTU.

(4) Fargue Pierre (19877-1950)
Camionneur, militant syndicaliste, membre de la CE de la CGTU (1927-1929). Partisan farouche de l’autonomie syndicale (il signa ainsi la contre-motion syndicale pour l’autonomie complète en novembre 1921). Cependant certains l’ont dit membre du PCF ( cf. Cahiers de l’Institut Maurice Thorez n°s 8-9, 3e trimestre 1974).

Quinton Augustin (1890)
Mécanicien-ajusteur, secrétaire de l’UD Calvados (1919-1921), secrétaire des CSR (1921). D’abord favorable à l’adhésion à l’Internationale Syndicale Rouge, il est néanmoins partisan de l’autonomie syndicale, et refusera qu’un membre de l’Internationale Communiste siège au CE de l’ISR. Il changera d’avis ensuite voyant l’inféodation de l’ISR au PCUS. Signa en septembre 1921 avec Fargue et Besnard le manifeste du Comité central des CSR, préconisant la création d’une CGTR (CGT Révolutionnaire). Quinton n’appartint jamais au « Pacte » conclu en février 1921 à l’initiative de Besnard, mais soutint néanmoins ses amis anarcho-syndicalistes. Il adhéra à la CGT-SR en 1927, mais arrêtera de militer quelques années ensuite.

(5) Le Pacte, société secrète lancée à l’initiative de Besnard en février 1921, a pour but de prendre le contrôle des CSR, puis de la CGT, et orienter ainsi ces organismes vers leur conception anarcho-syndicaliste. Sera rendu public le 15 juin 1922 dans la Bataille Syndicaliste. Besnard jura ensuite que le Pacte s’était de fait auto-dissout.

(6) L’Internationale Syndicale Rouge fut créée à l’initiative des bolchéviks dans le but de grouper les syndicats révolutionnaires en une seule organisation internationale. L’ISR était étroitement liée à l’Internationale Communiste. Elle devint rapidement l’Internationale des syndicats procommunistes. Ni la CNT, ni l’USI, ni les IWW, etc..., ne devaient la rejoindre.

(7) Toti Henti (1882-1950)
Syndicaliste révolutionnaire puis communiste, pour finir socialiste révolutionnaire. Secrétaire de l’UD CGTU des Bouches-du-Rhône (1921-1923), membre du Bureau National et secrétaire confédéral (1921-1922), conseiller municipal de Marseille de 1929 à 1935. En février 1921, fut l’un des signataires du Pacte des « syndicalistes purs ». D’abord favorable au syndicalisme révolutionnaire, il adhéra par la suite au PCF, pour en être exclu en 1923 (il avait signé la déclaration du Comité de défense communiste qui rejetait les décisions du Ive congrès de l’IC). Il milita ensuite au Parti Socialiste Communiste, luttant tout à la fois contre la SFIO et le PCF. Pendant la guerre, participa au réseau de résistance Combat de la CGT clandestine.

Lecoin Louis (1888-1971)
Correcteur d’imprimerie, militant anarchiste, syndicaliste, pacifiste. Défenseur de l’objection de conscience. Hostile à l’Union Sacrée, Lecoin rejoignit le camp des anarcho-syndicalistes après-guerre. Célèbre pour avoir joué du revolver lors du congrès de Lille en 1921. Secrétaire du Comité Sacco et Vanzetti, il réussit à recueillir trois millions de signatures en faveur des 2 militants anarchistes. Actif pendant la Révolution espagnole (participe à Solidarité Internationale Antifasciste). Pour plus d’info, lire son autobiographie « De prison en prison », transformée en « Cours d’une vie ».

(8) A cette conférence de Berlin se présentèrent de nombreux syndicats révolutionnaires (FAU, USI, CGT, CNT, SAC, NSF FORA, anarcho-syndicalistes russes), ainsi que des représentants officiels de l’ISR (qui quittèrent la conférence quand une résolution favorable à l’arrêt des persécutions des révolutionnaires, y compris en URSS, fut votée, cette motion était à l’initiative des syndicalistes révolutionnaires minoritaires russes). Cette conférence prépara le congrès constitutif la même année de l’AIT.

(9) Ce fut le véritable congrès fondateur de l’Internationale Syndicaliste Révolutionnaire, qui choisit comme nom Association Internationale des Travailleurs, en référence à la Première Internationale. Se trouvaient à ce congrès la FAU, la SAC, la CGTU, la NSF, l’USI, la CNT, la FORA, ainsi que des minorités syndicales de Russie, du Danemark, et de Tchécoslovaquie. Cette Internationale syndicale se définit comme étant absolument indépendante de tout parti politique, révolutionnaire et fédéraliste. Y fut adoptée la déclaration de principe du syndicalisme révolutionnaire, rédigé en juin de la même année (voir note précédente). Le congrès se déclara en faveur de la Révolution sociale et pour l’organisation de la société par le communisme libre, contre le capitalisme et la déviation bureaucratique de la Révolution russe.

(10) L’Union Anarchiste se montra toujours méfiante dans la CGT-SR, n’y voyant qu’une division de plus dans le mouvement ouvrier français. Il faudra attendre la création de la Fédération Anarchiste Française (FAF) en 1936 pour qu’une organisation spécifique anarchiste se montre favorable à la CGT-SR. Malheureusement pour la Confédération de Besnard, la FAF ne dépassera guère 500 militants (environ 2 000 pour l’UA), et ne lui sera pas très utile.

(11) Besnard, qui était alors secrétaire de l’AIT, se montra très critique envers la collaboration de la CNT avec la bourgeoisie espagnole. Pour la CGT-SR, comme le montre les articles du Combat Syndicaliste d’avant-guerre, faire la Révolution et consolider les acquis révolutionnaires de juillet 1936 est le seul moyen pour gagner la guerre contre le fascisme, et non l’inverse comme le pensent les dirigeants de la CNT, qui vont aller de compromission en compromission. Le poids de la CNT dans l’AIT sera telle qu’elle étouffera les critiques de sa petite sœur française, Besnard y perdant son mandat au sein de l’AIT. La CNT choisira d’ailleurs souvent de travailler avec les pivertistes et l’UA en France qu’avec la section française de l’AIT... Pour sa part la CGT-SR continuera à faire de la propagande pour la Révolution espagnole, souvent avec le journal de la FAF, Terre Libre, lui aussi critique contre les concessions faites par la CNT. A ce sujet lire le livre de Jérémie Berthuin « La CGT-SR et la Révolution espagnole », aux éditions CNT-RP, 2000.

(12) Sur la prétendue ambiguïté de l’attitude de P. Besnard sous l’occupation, il n’existe quasiment rien. Seul G. Fontenis dans son livre « L’autre Communisme », fait allusion au congrès de 1944 où Besnard y aurait dit qu’il s’en expliquerait par la suite.

BAROUX Sébastien.


http://www.fondation-besnard.org/spip.php?article184
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Re: Divers militant-es anarchistes dans l'Histoire

Messagede Pïérô » 19 Déc 2017, 22:04

Portrait de militants tourangeaux : Victor Dupré

Parce que nous ne devons pas oublier celles et ceux qui se sont battus pour la cause ouvrière et contre l’oppression, série de portraits de militants tourangeaux. Anarchistes, syndicalistes, socialistes, ils ont lutté pour une société meilleure, plus juste et égalitaire.

Victor DUPRE, dit "Totor", né (?) à (?) ; mort le (?) ; habitant à Tours, 20 rue du commerce (1909) ; militant anarchiste d’Indre-et-Loire.

En 1902 il fait paraitre un Appel aux Hommes conscients. L’année suivante, il participe à la création, avec Charles Bétesta, de la Ligue de Défense des Locataires de Tours, afin de contrer les « infamies commises journellement par les propriétaires ». Pour cela, il faut : empêcher l’expulsion du locataire en retard de paiement, lui procurer un gîte provisoire, mais aussi supprimer ou assainir tous les locaux malsains, fixer raisonnablement le prix des loyers minimes et un paiement du loyer après occupation et pas d’avance.

En 1904, il adhère à l’Association Internationale Antimilitariste (AIA) fondée à l’initiative de l’anarchiste Ferdinand Domela Nieuwenhuisce. A l’occasion d’une réunion tourangelle de cette association, il affirme que « les anarchistes combattent loyalement et à découvert tous les dogmes, quels qu’ils soient, religieux ou laïques. ».

L’année suivante, c’est la création de la SFIO. A cette occasion, Victor Dupré fait partie de ceux qui iront porter la contradiction dans les réunions socialistes :

« La réunion a été calme (…) jusqu’à l’arrivée d’une quinzaine de membres du groupe libertaire de Tours qui ont pénétré dans la salle vers 10h, ayant à leur tête les anarchistes tourangeaux Mottard et Dupré (...). L’anarchiste Dupré de Tours [lit] un petit discours préparé à l’avance et qu’il déclare être une réfutation des théories socialistes (…). Cette lecture provoque de nouveau un grand tapage (…). Il ressort très nettement de cette réunion socialiste comme d’ailleurs des plusieurs autres réunions précédentes que toutes les fois que les socialistes se montrent, les anarchistes se dressent contre eux en adversaires énergiques et déterminés.

En 1906, il fait partie des quelques anarchistes qui écrivent dans le journal « L’ami du peuple ». On y trouve des articles contre le parlementarisme ou la charité, d’autres articles sur le rôle des libertaires et ce qu’ils sont. En septembre 1909, il participe aux manifestations en faveur de Francisco Ferrer [1].

Peu à peu nous ne trouvons plus trace de Dupré dans les archives. Il aura toujours plaidé pour un socialisme au plus proche de ce qu’il était originellement, quitte à flétrir celles et ceux qui ne respectaient pas cette histoire, comme en témoigne ce texte :
«
Vils exploiteurs du socialisme,
En mal de popularité,
Que faites-vous de l’unité
Contre l’odieux capitalisme ?
Vous-mêmes dressez vos embûches,
Et vous semblez tout étonnés
Lorsque vous ramassez les bûches !
A d’autres vous vous en prenez ?
Pauvres politiciens mort-nés !


P.-S.
Sources : Archives Départementales d’Indre-et-Loire

Notes
[1] Pédagogue libertaire espagnol qui créa l’École moderne, un projet éducatif rationaliste qui promeut la mixité, l’égalité sociale, la transmission d’un enseignement rationnel, l’autonomie et l’entraide. Il sera fusillé par les autorités espagnoles le 13 octobre 1909, après une parodie de procès.


https://larotative.info/portrait-de-mil ... -2332.html
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Re: Divers militant-es anarchistes dans l'Histoire

Messagede bipbip » 23 Déc 2017, 21:42

Y EN A PAS UNE SUR CENT

En février 1999, les femmes libertaires d’Amérique latine avaient organisé une réunion à Montevideo. Le dernier jour elles se sont rendues au centre ville, tout de noir vêtues selon la mode imposée par les talibans, pour rendre hommage à la résistance des femmes ailleurs dans le monde et protester contre l’oppression des femmes afghanes. Les passants se sont arrêtés ; alors, sans hésiter, elles se sont dévêtues et ont terminé leur manifestation, nues comme au premier jour.
Faut le faire.
Il y a quelques années, le CIRA, le Centre international de recherches sur l’anarchisme à Lausanne, a monté une exposition sur quelque vingt-cinq femmes anarchistes dont il conserve des écrits. Depuis lors, nous avons repéré au moins une soixantaine de femmes auteures, certaines féministes, d’autres non. Je leur donne la parole, elles parlent mieux que je ne saurais le faire. Y en a pas une sur cent… et pourtant elles existent, les femmes anarchistes (comme aurait pu le chanter Léo Ferré), et elles sont bien plus nombreuses que celles présentées ici. Nos grands-mères, ce ne sont pas seulement Louise et Emma !

doc PDF : https://cras31.info/IMG/pdf/y_en_a_pas_une_sur_cent.pdf
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Re: Divers militant-es anarchistes dans l'Histoire

Messagede bipbip » 28 Déc 2017, 18:59

Le 27 décembre 1821, naissance de Joseph Dejacques à Paris

Il y a 196 ans, naissait à Paris Joseph Dejacques.
Socialiste anti-autoritaire et véritable premier militant « libertaire » (mot dont il est l’inventeur), il a posé une réflexion sur l’individu dans la societé.

Orphelin de son père, il est élevé par sa mère, lingère.
Entré en 1834 comme apprenti, il devient, en 1839, commis de vente dans un commerce de papier-peint.
En 1841, il s’engage dans la Marine, découvre l’Orient mais aussi l’autoritarisme militaire. De retour à la vie civile en 1843, il exerce comme commis de magasin, mais son indépendance d’esprit s’accomode mal de l’autorité patronale.

En 1847, il commence à s’intéresser aux idées socialistes, compose des poèmes dans lesquels il appelle à la destruction de toute autorité par la violence, et collabore au journal « L’Atelier ».
L’Insurrection parisienne de février 1848 met fin à la monarchie de Louis-Philippe, mais très vite l’alliance des bourgeois républicains et du prolétariat ouvrier vole en éclats [1]

Dejacque publie en mars un poème de 4 pages « Aux ci-devant dynastiques, aux tartuffes du peuple et de la liberté » dans laquelle il se fait le porte parole des aspirations ouvrières.
Il fréquente le « Club de l’Atelier » puis le quitte ensuite pour militer au sein du « Club de l’émancipation des femmes ».
En avril, les premiers affrontements ont lieu entre les forces de la bourgeoisie qui ont proclamé « La République honnête » et les ouvriers socialisants. Au chomâge, Dejacque s’inscrit le 10 mai aux « Ateliers Nationaux ».

Le 15 mai, l’Assemblée Constituante est envahie par les ouvriers, mais les principaux responsables socialistes sont arrêtés.
Le 22 juin, les « Ateliers nationaux » sont supprimés, marquant la fin de la tentative de réalisation socialiste par l’organisation du travail. L’insurrection ouvrière éclate aussitôt. Les ouvriers occuperont (jusqu’au 25 juin) la moitié de la ville aux cris de « Vive la révolution sociale ».

La répression est terrible, l’armée (républicaine) usant de l’artillerie, massacre trois mille insurgés. Quinze mille sont arrêtés et déportés sur les pontons de Cherbourg et de Brest. Dejacque est parmi eux, bien qu’il n’ait pas participé directement à l’insurrection.
Libéré en 1849, il rejoint Paris et, en août 1851, publie « Les Lazaréennes, fables et poésies sociales » qui lui valent aussitôt une condamnation à 2 ans de prison et 200 fr d’amende.
Dejaque passe en Belgique, puis se fixe à Londres où il se lie à Gustave Lefrançais avec qui il fonde une société d’entraide ouvrière « La Sociale ».
A la fin de l’année, il est à Jersey où il ne rate aucune occasion de pourfendre les républicains (contraints à leur tour à l’exil par Louis Bonaparte). En 1854, il rejoint la colonie française de New York, où il publie la brochure « La Question révolutionnaire ».
En 1855, il signe le manifeste inaugural de l’A.I.T [2], puis se fixe à la Nouvelle-Orléans où il écrit « l’Humanisphère, utopie anarchique », et prend la défense des femmes dans une lettre à Proudhon.

En 1858, il retourne à New York où il commence le 9 juin la publication du journal « Le Libertaire ». En 1861, découragé, il rentre en France à la faveur de l’amnistie de 1860.
Mais, dans la misère, il sombre dans la folie et meurt à Paris en 1864.

"Privilégiés ! - pour qui a semé l’esclavage, l’heure est venue de récolter la rébellion.
Il n’est pas un travailleur qui, sous les lambris de sa cervelle, ne confectionne clandestinement quelques pensées de destruction.
Vous avez, vous, la baïonnette et le Code pénal, le catéchisme et la guillotine ; nous avons, nous, la barricade et l’utopie, les sarcasme et la bombe."
l’Humanisphère, utopie anarchique.



Ecoutez « A bas les chefs », un ouvrage de J. Dejacques en livre audio
http://www.litteratureaudio.com/livres- ... h-dejacque

https://paris-luttes.info/le-27-decembr ... ce-de-9247
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Re: Divers militant-es anarchistes dans l'Histoire

Messagede Pïérô » 03 Jan 2018, 12:28

DIEGO par Frédéric Goldbronn (Souvenirs d'Abel Paz)

Dans cette œuvre, nous écoutons le témoignage de Diego Camacho, une personne ayant vécue de son vivant, la révolution autogestionnaire de 1936. Documenté par des photographies et son expérience, cet individu ouvre une vision personnelle des événements de cette période.

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Re: Divers militant-es anarchistes dans l'Histoire

Messagede bipbip » 04 Jan 2018, 20:46

LAGANT Christian « CRI CRI » ; « LAG »

Né en 1926 – se suicide le 2 décembre 1978 - Correcteur d’imprimerie - MIAJ – FA – FCL – GAAR – CGT – Paris 18

Christian Lagant avait appartenu à la libération au Groupe Artistique Montmartrois (GAM) puis au groupe surréaliste « les enfants du paradis » qui éclata rapidement suite aux querelles entre anarchistes et communistes. Ajiste actif , membre du groupe Espero, il participa à la scision qui donna naissance au Mouvement Indépendant des Auberges de Jeunesse (MIAJ) et collabora à son organe Regain (Paris, 45 numéros d’avril 1951 à novembre 1967). Il était également un espérantiste convaincu membre de l’organisation SAT.

C’est au début des années 1950 qu’il vint au local du quai de Valmy de la Fédération anarchiste pour y proposer ses dessins qui bientôt parurent dans le Libertaire sous la signature Cri Cri. Devenu militant actif du groupe du 18è de la FA, il défendait une conception sociale de l’anarchisme. Lors du congrès de 1951 il fut nommé au comité de lecture du Libertaire avec Devançon, Lustre, Devillard et Fontenis. Au congrès de décembre 1953, lors de la prise de contrôle de l’organisation par Georges Fontenis, 1953 il avait été nommé à la Commission des conflits du nouveau Comité National et poursuivit son militantisme à la Fédération Communiste Libertaire (FCL) au sein du groupe Paris nord. Après la publication en août 1954 par le groupe Kronstadt d’un Memorandum dénonçant les agissements des partisans de Fontenis regroupés au sein de l’organisme secret OPB (Organisation Pensée Bataille) et la décision de participation de la FCL aux élections de janvier 1956 , le groupe Kronstadt fut exclu de la FCL. Christian Lagant, après avoir participé au congrés de mai 1955 démissiona alors de l’organisation avec les camarades des groupes de Saint-Germain-en-Laye et de Mâcon. Il écrivit ultérieurement un texte critique , « La FCL et les élections du 2 janvier 1956 » (cf. Noir et Rouge, n°9, qui sera réédité en 1971 par le groupe d’Arles de l’ORA, au moment de contacts et de tentatives de rapprochement entre l’ORA et le Mouvement Communiste libertaire (MCL) de G. Fontenis).

Puis il fut l’un des fondateurs à l’automne 1955 des Groupes d’Action Révolutionnaire Anarchiste (GAAR) dont l’organe allait être la revue Noir et Rouge (Paris, 46 numéros de mars 1956 à juin 1970) dont il sera le directeur. Dans le dernier numéro paru, Christian Lagant publiait un long texte sous le titre « Sur le néo anarchisme » où il racontait ainsi la naissance de la revue : « En 1955 divers groupes et camarades, la plupart, après une décevante expérience et leur départ de la Fédération Anarchiste transformée en décembre 1953 en Fédération Communiste Libertaire aboutissant à une sirte de parti plus trotskiste que libertaire qui devait se suicider politiquement après le summun de la participation aux élections législatives de 1956…décidaient de se regrouper et créaient les GAAR en novembre 1955.Le premier numéro de Noir et Rouge est sorti à 50 exemplaires ronéotés en mars 1956 ; nous terminons au n°46, en juin 1970 à 3.000 exemplaires, 3.500 même au n°45….A l’origine cette revue était l’expression d’une organisation : les GAAR (Groupes Anarchiste d’Expression Révolutionnaire) lesquels ont scissionné en 1961n des camarades partant à la FA, pour créer l’UGAC (Union des groupes Anarchistes communistes), les autres formant le groupe Noir et Rouge… ». Lorsque la majorité des GAAR avaient décidé de rejoindre la FA, Christian Lagant avait fait partie de la minorité qui s’y était opposé et qui constitua le groupe Noir et Rouge et poursuivit la publication de la revue qui devint un lieu ouvert de débats théoriques et d’analyses du mouvement libertaire et eut une certaine influence lors des évènements de mai 1968. C’est au cours de ce mouvement que la plupart des membres du groupe dont Christian Lagant collaborèrent et participèrent aux réunions du groupe Informations et Correspondances Ouvrières (ICO) dont le but était « de réunir des travailleurs qui n’ont plus confiance dans les organisations traditionnelles de la classe ouvrière, partis et syndicats.. » et « considérant que les luttes sont une étape sur le chemin qui conduit vers la gestion des entreprises et de la société par les travailleurs eux-mêmes ».

Parallélement Christian Lagant participait au groupe Jeunes Libertaires auquel appartenaient entre autres Paul Barrère, René Bianco, Helyette Bess, Elisée Georgev, Tomas Ibañez, Pierre Labous Pierric, Marc Prevotel, Nestor Romero, Marcel Viaud et bien d’autres. Il collabora au bulletin de même nom (Paris, 1953-1967) et aux diverses activités clandestines du groupe : aide au insoumis et déserteurs pendant la guerre d’Algérie, soutien aux activités de la Fédération Ibérique des Jeunesses Libertaires (FIJL) dans ses activités antifranquistes, mise en place d’une filière permettant la vasectomie, pratique des avortements, etc.

Dans les années 1960 il collabora également au Monde Libertaire organe de la FA et au bulletin Recherches Libertaires (Viry Chatillon – Strasbourg, 9 numéris de décembre 1966 à mars 1972) publié par Michel Hirtzler et Annie Piron.

Suite à l’assassinat en Espagne de Salvador Puig Antich et de la publication d’un article condescendant et méprisant pour les anarchistes dans le journal "Libération", il fit la réponsa suivante : "...Certes, il y a bien longtemps de ça, les foules s’étaient rassemblées, battues pour Sacco et Vanzetti, mais depuis ? Les "grands" partis de la gauche officielle appelèrent jadis à manifester pour le communiste Grimaud fusillé par le régime franquiste, et nous anarchistes, nous joignîmes à cette protestation. Mais peu de temps après les militants libertaires Delgado et Granados étaient garrottés dans l’indifférence quasi totale. Ce n’étaient que des anars, ces juifs du mouvement ouvrier et révolutionnaire, vous savez bien, ces gens dont les mots d’ordre en Espagne, selon M. Chabrol cinéaste ("Pour le cinéma", 9 janvier) d’abord "Viva la Muerte" et ensuite "Nada", ce qui prouve que le bonhomme sait de quoi il parle, à ce détail près que "Viva le muerte" fut lancé par le général franquiste Millan Astray et que "Nada" est nihiliste, tout ce qu’on veut, mais sûrement pas anarchiste. Qu’importe ! Ce genre de saleté est allègrement colporté de film en roman : voir "Nada" précisément écrit en Série Noire par un petit malin, puis le présent film de Chabrol, voir "Solo" et ses "anarcho-fascistes", voir "La Bande à Bonnot" -sous titré "les anarchistes" - film à palme objective mais en fait dégueulassement anti-anar....Alors voilà : nous les pelés, les galeux, ceux dont on garrotte les copains espagnols...on commence à en avoir marre que les margoulins, faiseurs de fric en tout genre, salissent en plus l’anarchisme et les anarchistes. On ne demande pas l’adhésion, ni même le soutien, voire un essai de compréhension, non, mais on leur demande de la boucler un peu, de la mettre en veilleuse ; les anars ce n’est pas le folklore que ces gens-là voudraient, ce ne sont pas les belles chansons, de bons "tubes", ce sont plus simplement des hommes et des femmes, jeunes et moins jeunes, qui se battent obscurément, durement et pas quoiqu’on en dise pour "Nada"(cf. Libération, 18 mars 1974).

Christian Lagant, qui était correcteur dans le labeur et adhérent au syndicat CGT, et l’auteur de nombreux dessins d’inspiration surréaliste restés inédits, ne désirant plus vivre dans une société revenu à la « normale », se suicidait le 2 décembre 1978.

Dans un texte intitulé Mon Testament (cf. Jeunes Libertaires, mars 1963) il avait écrit :

« Si je meurs/ Ne vous fatiguez pas pour moi/ L’incinération ou le cimetière ?/ Cela me laise froid /

Ne chantez pas de Marseillaise ou d’Internationale/ Ne cherchez pas de drapeau noir, de drapeau rouge, de drapeau noir et rouge/ Ne cherchez pas tout ça/

Si j’ai un trou/ Ne vous « recueillez » pas // Je n’y serai pour personne / Même si vous voulez me voir / Je serai plus loin avec les copains / Heureux de les voir rire / rigolant avec eux/

Je serai près du fou sous la cheminée traîtresse/ et si je m’y cogne les « Jeunes du Monde Entier »/ ne seront pas ébréchés. /

Pas de tristesse, amis, sinon j’irai la nuit/ vous chatouiller les pieds/ pour vous faire rire. »


Le Réfractaire, décembre 1978 (article d’Helyette Bess) // R. Bianco « Un siècle de presse… », op. cit. // Libération, 18 mars 1974 // Notes D. Dupuy//

http://militants-anarchistes.info/spip.php?article3811
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Messagede bipbip » 11 Jan 2018, 23:24

MICHAUD Pierre, François

Né le 27 avril 1851 à Toulon-sur-Arroux (Saône et Loire).Boucher, marchand des quatre saisons, coquetier, anarchiste au Creusot (Saône-et-Loire).

Vers 1856, Pierre Michaud déménageait avec sa famille à Montcenis (Saône et Loire), puis au Creusot (Saône et Loire), rue de l’église . Il fut réformé le 10 janvier 1874.

Pierre Michaud était au début des années 1880 membre du groupe Les Criminels du Creusot ainsi que de la chambre syndicale.

Le 27 janvier 1881, Virginie Barbet vint au Creusot faire une conférence. A cette occasion Michaud vendit des brochures imprimées à Genève traitant de la question de la religion et de la libre pensée.

Le 26 février 1882, Michaud aurait fait paraître dans le Droit social, une note au nom du Groupe révolutionnaire du Creusot, saluant la création de ce journal.

Le 5 mars 1882, le journal anarchiste le Droit social, annonçait que Michaud, 7 rue de l’Eglise, était son dépositaire.

Le 14 mai 1882, Michaud fit paraître dans le Droit social un entrefilet indiquant que la correspondance de la Jeunesse creusotine, devait lui être adressée.

Le Droit social du 21 mai 1882, annonçait que la correspondance pour le cercle de la Fraternité devait être adressée à Michaud.

Le 11 juin 1882, il publia dans le Droit social, le communiqué suivant :

Devant les poursuites dont le Droit social est l’objet de la part de cette caste pourrie et corrompue qu’on appelle bourgeoisie, et reconnaissant, d’autre part que cet organe est en outre poursuivi pour une de ses lettres, le Cercle d’étude sociale de la jeunesse révolutionnaire du Creusot, Les Criminels, anciennement la Fraternité, se déclare solidaire de ladite condamnation.

En conséquence, nous ouvrons une souscription permanente en faveur du Droit social.

Le secrétaire-Correspondant du Cercle Les Criminels

M.P.

Le 18 juin 1882 le Droit social publia la Déclaration de principe du Cercle des Criminels :
Oh ! oui, tous ceux qui ont voulu lutter contre un ordre contraire à l’égalité et au bien-être du genre humain, ont toujours été, à la face des autoritaires, des despotes, nobles ou bourgeois, que des criminels. Les Hébertistes et les Babouvistes étaient, eux aussi, les criminels de la Révolution de 89 étaient des criminels, les canuts de la Croix-Rousse en 1831, qui avaient inscrit sur leur drapeau noir : « Vivre en travaillant, ou mourir en combattant ! »
Etaient des criminels aussi les insurgés de Juin 48, lorsqu’ils crurent rétablir la vraie République, sous la direction des Ledru-Rollin et autres bourgeois de tout acabit, qui s’empressaient de les faire massacrer par l’illustre Cavaignac, après trois mois de misère passés au service de ces
mêmes hommes.
Enfin, lorsque les révolutionnaires de 1871 voulurent opposer malheureusement le gouvernement de la Commune à celui de Versailles, l’illustre Foutriquet, de sinistre mémoire, que l’on peut appeler aussi, l’assassin de 100,000 français osa, après ces égorgements, les traiter aussi de criminels.
Mais vous, messieurs les bourgeois et autoritaires de toutes nuances, vous n’êtes pas des criminels, car vous êtes on vous voulez être les détenteurs de la richesse sociale, et par cela même vous voulez maintenir cet ordre, moral.
Quanta nous, qui travaillons à vous déposséder pour que cette richesse appartienne à tous, nous ne cesserons d’être et ne serons toujours à vos yeux que de vils criminels. Et en attendant que nos actes justifient nos paroles, nous jetons ce cri qui sera bientôt celui de tous les êtres opprimé :Mort aux exploiteurs !

Michaud était en correspondance avec Grave et Gautier des groupes anarchistes de Paris, avec Herzig, secrétaire du Révolté de Genève afin de leur commander des brochures et de les distribuer aux mineurs du Creusot. Il correspondait également avec la Fédération révolutionnaire de Lyon. Lors de la perquisition à son domicile, une lettre à Bordat fut découverte, demandant des brochures à l’Etendard révolutionnaire et recommandant le compagnon Delmas, lui-même recommandé par le groupe anarchiste de Villefranche.

Michaud avait reçu du journal La Révolution sociale des Manifestes adressés aux Révolutionnaires des deux mondes et une liste de souscription pour le congrès de Londres. Mais Michaud ne put réunir l’argent pour y envoyer un délégué.

Il vendait le Droit Social et L’Etendard Révolutionnaire aux ouvriers de l’usine Schneider. Il en écoulait une vingtaine d’exemplaires par numéro, selon le commissaire de police du Creusot.

Le 14 octobre 1882, Michaud reçut un ballot de journaux, pesant 4 kgs, provenant de Paris.

Le 24 octobre 1882, le juge d’instruction d’Autun délivra un mandat d’amener à l’encontre de Michaud, « inculpé de complicité de destruction d’édifices appartenant à autrui, société secrète, complots ayant pour but d’exciter à la guerre civile, menaces de mort sous condition ».

Le même jour, le commissaire de police du Creusot se présenta chez lui et saisit des brochures et placards anarchistes dont Dieu et l’Etat par Michel Bakounine, Aux jeunes gens par Pierre Kropotkine, deux placards Mort aux voleurs qui avaient été collés en juin sur les murs et aux abords de l’usine Schneider, une correspondance suivie avec Bordat, les anarchistes de Genève et de Paris, une lime effilée à la meule avec un étui, pouvant se porter à la ceinture.

Le 25 octobre, le commissaire saisit un paquet de brochure L’esprit de révolte, imprimées à Genève, d’un poids de 2,225 kgs et livré à son adresse 7 rue de l’Eglise. Le même jour, Michaud, accompagné de deux gendarmes, prit le train de midi, pour être mis à la disposition du procureur de la république et fut incarcéré à la maison d’arrêt d’Autun.

Il fut impliqué dans le procès dit des 66 qui s’ouvrit à Lyon le 8 janvier 1883.

Lors de ce procès où les prévenus avaient été classés en deux catégories (voir Toussaint Bordat), Michaud, prévenu de la première catégorie, fut condamné le 19 janvier 1883 à 2 ans de prison, 500 fr d’amende, 10 ans de surveillance et 5 ans de privation des droits civils.

Michaud fut signataire de la Déclaration des anarchistes accusés devant le tribunal correctionnel de Lyon.

En appel le 13 mars 1883, la peine fut réduite à un an de prison, 100 fr d’amende et 5 ans d’interdiction des droits civils.

Il rentra au Creusot probablement à la fin de l’année 1883. Il devient alors un des principaux meneurs anarchiste jusqu’à sa mort en 1887.

Fin 1884, fiché comme un des anarchistes du Creusot, il demeurait avec son père, 17 rue de l’Eglise, et était avec lui revendeur de légumes notamment pour les soldats du bataillon stationné dans la ville ce qui lui « donnait accès à la caserne ». Il fut suspecté d’avoir introduit à la caserne en février 1885 des placards anarchistes distribués aux soldats du bataillon qui y était stationné.

Le 1er février 1885, avec Bonnaud, Cottin (du Creusot), Vittaney (?) et Bernard, il avait animé une réunion d’ouvriers sans travail à la Mouillelonge, commune de Torcy, qui avait réuni environ 120 personnes. Selon la police, cette réunion appelée par « un groupe d’ouvriers sans travail », avait sans doute été organisée à l’instigation de l’aubergiste Angelin et du garde barrière Pelletier de Torcy. Il était à cette époque membre avec son frère du groupe Les Persécutés animé animé par Cottin. Il était également le correspondant et le diffuseur du journal L’Egalitaire (Genève) dont il recevait une vingtaine d’exemplaires.

A sa sortie de prison, Pierre Michaud reprit ses activités avec son frère Claude. Ils étaient membres du groupe « Les Persécutés ».

Le 1er février 1885, il participe à l’animation d’une réunion d’ouvriers sans travail d’environ 120 personnes.

Vendant avec son père des légumes à la caserne, il y introduisit des journaux et fit de la propagande auprès des militaires.

Il distribua des numéros de « L’Insurgé » aux ouvriers.

Puis, peu à peu, le mouvement s’essouffla. Pierre en resta un des derniers meneurs.

Fin juillet 1885, la police signalait son départ du Creusot pour Villefranche et sans soute ensuite pour Bordeaux.

Malade, il mourut le 25 juillet 1887, à 36 ans.

La police donna une mauvaise information sur l’heure des obsèques pour éviter un trop grand rassemblement.

SOURCES :
Le Procès des anarchistes devant la police correctionnelle et la cour d’appel de Lyon, Lyon, 1883. — Germain Emmanuel. La Bande Noire : société secrète, mouvement ouvrier et anarchisme en Saône-et-Loire (1878-1887). Revue électronique dissidences [en ligne], Numéro 3 – Printemps 2012, 2 mars 2012. Disponible sur Internet : http://revuesshs.u-bourgogne.fr/disside ... hp?id=1838 — AD Saône et Loire M283, M284, 1R RM Autun 1871/2 — A l’ombre de mon arbre. Blog de généalogie. http://a-l-ombre-de-mon-arbre.over-blog.com — AD du Rhône 2 U 433 Bordat, Toussaint, affiliation à une société internationale.


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Re: Divers militant-es anarchistes dans l'Histoire

Messagede bipbip » 16 Jan 2018, 01:00

DOUSSOT René, Maurice

Né à Paris le 22 juin 1904, mort à Paris le 18 janvier 1961. Ouvrier robinetier, tuyauteur, anarcho-syndicaliste, l’un des fondateurs de la CGTSR puis de la CNTF.

Fréquentant les milieux anarchistes depuis son adolescence, René Doussot, marié et père de trois enfants, demeurait 103 rue des Boulets en 1923.
Il fut exempté du service militaire par le conseil de révision, pour atrophie de la jambe gauche.
Il fréquentait les milieux anarchistes depuis sa jeunesse.
En février 1922 René Doussot était le secrétaire de la Fédération des Jeunesses Syndicalistes de la Seine. Comptant parmi les fondateurs de la CGTSR, il y occupera de nombreux postes de responsabilité.
Il fut arrêté le 4 avril 1923, pour distribution de tracts antimilitaristes à la Foire aux pains d’épices, avec Georges Vincey, 22 ans, serrurier, 38 rue de Reuilly ; Edouard Darcheminey, 20 ans, ouvrier ébéniste, 83 rue Claude Decaen ; Maurice Trognon, 18 ans, découpeur, 80 rue de Picpus et Lucien Letalou. A la suite de cette arrestation, des perquisitions furent opérée à son domicile, sans résultat.
De 1928 à 1934 il sera membre – avec entre autres Andrieux, P. Besnard, Deberge, Giraud et Juhel – de la Commission Administrative et administrateur en alternance avec L. Laurent du Combat Syndicaliste auquel il collaborait. Il était adhérent du syndicat des métaux et habitait alors 103 rue des boulets (Paris 11è). Du 11 au 13 novembre 1933 il participait comme délégué de la CA au 4° congrès de la CGTSR où il était réélu au secrétariat de la CA avec Fontaine.
En 1930, il fut élu secrétaire de la Fédération des métaux de la CGTSR. Il fut également secrétaire de la 4e Union Régionale.

A l’issue du congrès de la CGTSR, tenu les 11, 12, 13 novembre 1932, il fut élu au bureau, comme secrétaire général, d’après un rapport des Renseignements généraux du 14 avril 1934.
En 1934, René Doussot, au Combat Syndicaliste, critiqua la nouvelle union sacrée autour de l’antifascisme et critiqua la déviation de certains anarchistes lors de la manifestation, du 11 novembre, au Faubourg Saint-Antoine :
A cette mascarade, car c’en était une, il ne manquait que les drapeaux tricolores, rengainés au dernier moment. On se devait, pour terminer, nous montrer encore une petite nouveauté. Cette nouveauté nous fut présentée sous l’espèce de la Milice ouvrière. Cette milice, constituée pour la défense des réunions et manifestations, défilant en grande tenue et au pas cadencé (il ne nous fut jamais encore donné de voir quelque chose de semblable), toujours pour lutter contre la guerre et le fascisme, n’opposa d’ailleurs, il est vrai, absolument aucune résistance aux flics avenue Philippe-Auguste, quand ceux-ci firent sauter les képis de tous nos miliciens.

Mais ce qui est le plus triste de cette mascarade, c’est de voir les camarades de la Fédération Anarchiste ayant participé à l’organisation de cette manifestation et ayant prêté leur titre, en compagnie de nombreuses organisations politiciennes, pour appeler les travailleurs, par affiches, à participer à cette fumisterie. Jusqu’où les camarades de la Fédération Anarchiste vont-ils glisser ?

Il commencerait à être temps qu’ils arrêtent leur glissade vers la démocratie s’ils ne veulent pas finir d’assassiner l’idée qu’ils prétendent représenter : l’Anarchie.

A partir de 1935 il fut domicilié 9 avenue de la Porte de Clignancourt (18e). Il travaillait dans une usine métallurgique de la banlieue parisienne.
En octobre 1936 il fut désigné avec Julien Toublet comme membre titulaire de l’AIT. En 1937 il était le trésorier du Comité d’aide et de secours aux victimes de la contre-révolution espagnole, constitué pour soutenir les compagnons emprisonnés en Espagne à la suite des affrontements de mai 1937 avec les staliniens. L’année suivante il était trésorier du Comité de Solidarité Internationale (CSI), section française du Fonds International de Secours de l’AIT dont le secrétaire était J. Toublet.
Doussot figurait sur la liste des anarchistes transmise bi-mensuellement au cabinet.
Au moment de la déclaration de guerre, il était le trésorier de la CGTSR et demeurait 9 avenue de la Porte de Clignancourt.
Pendant toute la guerre et l’occupation, selon le témoignage de Paul Lapeyre, « Doussot réunit chez lui, chaque mois, la commission administrative du SUB…et du SUM (syndicat unique des métaux) et tint à jour les procès-verbaux de ces réunions, pour prouver que la CGTSR avait continué d’exister… »
Après-guerre il habitait toujours 9 avenue de la porte de Clignancourt, dans le XVIIIè et participait à la fondation de la CNTF. Nommé trésorier confédéral au congrès de constitution, il occupait toujours ce poste en 1952 et allait participer à la plupart des congrès nationaux. Il avait également collaboré à CNT-Action Directe (Paris, 8 numéros de début 1947 à avril 1948) bulletin intérieur du syndicat des métaux de la région parisienne dont les responsables étaient alors E. Rotot, Coutelle et Salembier. A l’automne 1949 il avait été renommé trésorier du bureau confédéral aux cotés de Oudin (secrétaire), Samson (secrétaire à la propagande) et Boucoiran (trésorier adjoint).
René Doussot, dont le nom figurait depuis la libération sur la liste des domiciles anarchistes à surveiller, est mort à Paris le 18 janvier 1961.

SOURCES :
Samuel Jospin, « La CGT-SR à travers son journal Le Combat syndicaliste 1926-1927 », mémoire de maîtrise, Paris-I, 1974 — Bulletin Intérieur de la CNT, octobre et novembre 1948 APpo — BA 50,1603,1899,1900 — R. Bianco « Un siècle de presse… », op. cit.— Le Combat syndicaliste, 30 octobre 1936 et décembre 1949 — Bulletin du CIRA, Marseille, n°23/25, op. cit. (Témoignage de P. Lapeyre, décembre 1984) — Monde Libertaire, n°67, février 1961 — Informations transmises par sa petite fille, juillet 2007 — Journal des débats 7 avril 1923 — Le Gaulois 6 avril 1923 — La Revue anarchiste octobre 1934.


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Messagede bipbip » 21 Jan 2018, 17:07

Nicolas Joukovsky

Le 11 mai 1895, mort de Nicolas JOUKOVSKY (Nicolaij Ivanovic ZUKOVSKIJ ou JOUKOWSKY) à Genève.
Enseignant, journaliste, militant et propagandiste anarchiste, membre de "l'Alliance"(bakouniniste) et de la "Fédération jurassienne".

Il est né le 21 octobre 1833 à Oufa (Russie). Fils d’un juge de district, Nicolas Joukovsky participe à un groupe révolutionnaire russe à Pétersbourg, puis prend part à l'insurrection polonaise (1863). Arrêté, il parvient à s'enfuir et à gagner Londres où il devint correcteur au "Kolokol", le journal publié par Alexandre Herzen et Nicolas Ogarev. Il s’établit en 1864 en Suisse, à Clarens puis Genève. Il devient membre en 1868 de la société secrète créée en 1864 par Bakounine "L'Alliance de la démocratie sociale" ou "Fraternité internationale" représentant avec Walerian Mroczkowski l'élément polonais (organisation qui sera dissoute en janvier 1869).

Il est également membre de la "Ligue de la Paix et de la Liberté", mais le 21 septembre 1868 lors du 2ème Congrès de la Ligue à Berne, il fait partie avec Bakounine des 18 scissionnistes qui fonderont aussitôt "l’Alliance internationale de la Démocratie socialiste" et le Groupe genevois de l'Alliance, le 28 octobre 1868.

En 1869, il collabore au journal "Le Progrès", et se trouve mêlé à l'affaire de l'enlèvement des enfants de la princesse Zoé Obolenskaïa par les autorités russes (Maria, une des filles de la princesse qui séjournait chez lui à Champéry échappera ainsi à la séquestration). Il collabore également à la revue "Narodnoie delo" (La Cause du Peuple). Expulsé le 13 août 1870 (par les marxistes) de la Section centrale de Genève de l’Internationale (AIT), avec Bakounine, Perron et Ross. Il sera secrétaire et délégué de la Section de "l’Alliance" au congrès des sections de l'Internationale de la Fédération Romande à La Chaux de Fonds, le 4 avril 1870, puis à Saint-Imier le 9 octobre où il expose la situation économique du journal "La Solidarité", organe de la Fédération romande de l’AIT.

En octobre 1870, il se rend à Lyon où il retrouve l'internationaliste espagnol Sentiñon et ses amis Walerian Mroczkowski et la princesse Zoè, ils partent ensemble pour Marseille avec l'espoir (déçu) d'y retrouver Bakounine, mais prennent part à une éphémère Commune. De retour à Genève, il sera délégué de la Section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste de Genève au Congrès de Sonvilier du 12 novembre 1871, où sera fondé "La Fédération Jurassienne".

Le Congrès de La Haye en 1872, qui allait expulser Bakounine et James Guillaume de l’AIT, ne lui reconnait pas la qualité de délégué, mais il sera délégué au Congrès (antiautoritaire) de Genève de l’AIT en 1873, où il introduit le rapport sur la grève générale. La Section de propagande socialiste dont il faisait partie avec Lefrançais, Montels, Teulière, Chalain, les Thomachot publie le 20 avril "La Commune", Revue Socialiste (8 numéros jusqu’en novembre 1878) ; dès le deuxième numéro, seul le sous-titre apparait, le titre ayant été interdit. Puis la section s’éloigne de "l’Internationale" en raison de divergences personnelles. Mais Joukovsky figure parmi les fondateurs de l’imprimerie anarchiste "Le Travailleur" (Rabotnik) en 1874. Il donne (à Berne, Neuchâtel et St-Imier, etc.) avec Lefrançais des conférences sur "la propriété collective" ou "l'Etat". Le 25 juin 1876, à Lausanne, il participe à une assemblée contre l’arrestation des ouvriers Kahn et Reinsdorf. Le 3 juillet, aux funérailles de Bakounine à Berne, il intervient aux côtés de Schwitzguébel, Guillaume, Reclus, Salvioni, Brousse, Betsien. Il revient alors au sein de la Fédération jurassienne, assiste au Congrès de Berne de l’AIT en 1876 et donne des conférences dans le Jura avec Kropotkine et Reclus en 1877. Il figure aussi parmi les fondateurs du Travailleur (Revue socialiste révolutionnaire) (11 ou 12 numéros de mai 1877 à mai 1878), avec Reclus, Perron et Oelsnitz, ainsi que de "Obchtchina" (La Commune) avec Stepniak, en 1878. Le 18 mars 1881, il participe à Genève au meeting pour les dix ans de la Commune de Paris, au cours duquel est adoptée par acclamation une motion sur la récente exécution du tsar Alexandre II, par les révolutionnaires russes. Il fera un discours lors des funérailles de Walerian Mroczkowski (dit Ostroga) en octobre 1889 à Paris. Lors du 1er mai 1892, il signe avec Jules Perrier et d'autres l'appel à joindre la revendication du désarmement à celle des huit heures.

Son nom figure dans l’Album photographique des individus qui doivent être l’objet d’une surveillance spéciale aux frontières (Paris, septembre 1894). Il avait été expulsé de France par décret du 14 août 1894.
Sa femme (née Adélaïde Zinoviev) et ses deux fils annonceront son décès dans le Journal de Genève du 12 mai 1895.

Kropotkine s’en souvient comme d’un "gentilhomme très séduisant, élégant, d’une haute intelligence, qui était le favori des ouvriers… il savait enflammer les travailleurs en leur montrant le grand rôle qu’ils avaient à jouer dans la rénovation de la société, élever leurs esprits en leur exposant de hauts aperçus historiques, éclairer d’une vive lumière les problèmes économiques les plus compliqués, et électriser son auditoire par son sérieux et sa sincérité".

et Lucien Descaves : "De tous les Russes en relations avec nous, le plus sympathique était Nicolas Joukovsky. Il possédait le don de plaire et séduisait jusqu'aux enfants, qui l'appelaient leur vieux Jouk... Agé alors d'une quarantaine d'années, il avait des connaissances variées et tenait tête à quatre ou cinq contradicteurs à la fois. Toujours à la parade et à la riposte, avec de la distinction dans les manières et même une certaine élégance, il se faisait pardonner son esprit un peu voltigeant par une obligeance à toute épreuve et un coeur d'or."

Cette biographie est en partie tirée du "Chantier biographique des Anarchistes en Suisse" "Cantiere biografico degli Anarchici In Svizzera" : http://www.anarca-bolo.ch/cbach/index.php

http://www.ephemanar.net/mai11.html#joukovsky
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Re: Divers militant-es anarchistes dans l'Histoire

Messagede bipbip » 25 Jan 2018, 21:51

Ciao Donato !

Aujourd’hui 13 janvier 2018, le secrétaire national d’Alternativa Libertaria et militant communiste anarchiste, Donato Romito, nous a quitté. Instituteur et syndicaliste, il a fortement imprégné la vie sociale et politique de la province de Pesaro et Urbino, liant à son indéfectible militance politique une profonde activité de formation, une sensibilité raffinée à l’histoire du mouvement et de la didactique, ainsi qu’une intense et infatiguable activité syndicale, d’abord au sein du CGIL puis dans les UniCobas, au point de pouvoir le considérer comme un point de repère pour tout le mouvement anarchiste et pour la gauche de ce territoire.

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Biographie politique

Donato Romito nait à Bari en 1954.

Il fait ses premières armes politiques dans le mouvement étudiant de la fin des années 60 et du début des années 70, en participant notamment aux occupations d’école et aux collectifs de l’époque.

Il se rapproche de l’anarchisme en 1973 et entre en contact avec le groupe communiste anarchiste de Bari de l’OAP (Organizzazione Anarchica Pugliese), au moment où celui-ci se sépare de la FAI (Federazione Anarchica Italiana).

Il commence à travailler comme enseignant en CDD à l’école primaire et est actif dans la coordination citoyenne des précaires de l’école, avant de devenir enseignant titulaire en 1976.

Il devient progressivement un des protagonistes de la construction de l’ORA (Organizzazione Rivoluzionaria Anarchica), d’abord dans les Pouilles puis qui deviendra ensuite une organisation d’ampleur nationale entre 1976 et 1985.

A la fin des années 70, il s’inscrit au syndicat de la CGIL-Education.

Dans les années 80, il est muté dans les Marches, à Pesaro, où il entre en contact avec les anarchistes de l’OAM (Organizzazione Anarchica Marchigiana) fraîchement dissoute, avec lesquels il fonde la Coordination Communiste Anarchiste (Coordinamento Comunista Anarchico di Pesaro/Fano), puis le Cercle Papini (Circolo Culturale Napoleone Papini) de Fano à partir de 1985.

Avec le Cercle Papini, il organisera pendant une décennie les éditions du Meeting Anticlericale, basées à Fano, pour lesquels il sera chargé des relations publiques et coordinateur des discussions.

En 1985, il représente l’ORA dans le processus d’unification avec l’UCAT (Unione dei Comunisti Anarchici della Toscana), qui fera naître, en 1986, la Federazione dei Comunisti Anarchici (FdCA).

Dans la même année, il intègre le secrétariat national de la FdCA et il y sera ré-élu au 3ème congrès (1992), puis au 4ème (1994), au 5ème (1997), au 7ème (2006) et au 9ème congrès (2014).

Toujours en 1986, il intègre le bureau provincial de la CGIL-Education de Pesaro, qu’il quittera en 1993.

Il est, en 1994, l’un des promoteurs de la naissance de l’ALLP (Associazione Lavoratrici Lavoratori Pesaresi | Association des Travailleuses et des Travailleurs de la province de Pesaro). En 1995, avec des jeunes anarchistes du Cercle Papini, il fonde la section FdCA de Pesaro/Fano qui ouvre un siège en 1996 dans le centre historique de la ville. Dans les années 80 et 90, il déploie à Pesaro une intense activité sociale, devenant membre du MCE (Movimento di Cooperazione Educativa), membre du bureau provincial de l’Institut Historique de la Résistance ; à plusieurs reprises, il est élu au Conseil d’Administration (Consiglio d’Istituto) de son école et au Conseil Educatif de District (Consiglio Scolastico Distrettuale) sur les listes de la CGIL.

A Pesaro, avec la FdCA, il promeut la construction du Réseau pour l’Autogestion (Rete per l’Autogestione), qui réunit des organismes politiques et sociaux de base de la province de Pesaro et qui aura pour organe de presse le bulletin « Contaminazione ».

Il déploie une activité de formateur en didactique de l’histoire (d’abord avec le MCE puis avec CLIO ‘92), participe en tant qu’intervenant à diverses initiatives du mouvement anarchiste.

A la fin des années 90, il entre dans le syndicalisme de base et ouvre à Pesaro, aux côtés d’autres enseignant-e-s, le siège de la fédération provinciale des UniCobas, sur les listes desquels il sera élu à plusieurs reprises représentant syndical dans son école. Avec les UniCobas, il est à l’initiative dans les Marches de nombreuses occasions de coordination du syndicalisme de base au niveau régional.

En 2001, il publie pour les « Cahiers d’Alternativa Libertaria » un court essai intitulé « La Cinquième Guerre Mondiale » http://www.fdca.it/antimilitarismo/quintaguerramond.htm, puis en 2003, pour le mensuel « North American Anarchist », un article sur le syndicalisme de base en Italie qui s’institule “The Italian base unions” (http://www.fdca.it/sindacale/cobas.htm).

De 2008 à 2011, il assume la charge de président de Pesaro Nuovomondo, association de citoyen-ne-s italien-ne-s et d’immigrant-e-s qui édite le journal homonyme.

En 2010, il devient responsable, pour le compte de la FdCA, du Centre de Documentation « Franco Salomone » ouvert à Fano, pour lequel il s’occupe de la publication en 2011 et en 2013 de livres sur la vie de Franco Salomone, sur la gauche libertaire à Bari dans les années 70 et sur les Groupes Anarchistes d’Action Prolétarienne (Gruppi Anarchici di Azione Proletaria-GAAP). Enfin, il traduit en italien le travail de Malcolm Archibald sur la figure de l’atamansha (commandante militaire) Marusya Nikiforova dans la période de la Révolution Russe, et devient contributeur régulier d’Anarkismo.net pour l’Italie et du Bureau d’Etudes d’Alternativa Libertaria.

En 2012, il participe à la rencontre anarchiste internationale de Saint-Imier qui commémore les 140 an de la première rencontre anarchiste de Saint-Imier, en tant que représentant de la FdCA à la troisième conférence européenne et à la première conférence intercontinentale du réseau Anarkismo.

https://www.anarkismo.net/article/30807
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