Anarchisme dans le monde

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Messagede chaperon rouge » 04 Jan 2011, 00:56

Histoire récente du mouvement anarchiste en Ukraine

Voici en lien un texte très intéressant décrivant, mais également analysant, le redéveloppement récent du mouvement anarchiste en Ukraine. Le texte est un peu long pour le lire sur ordinateur et assez court (je l'ai imprimé en 12p.) pour que son impression ne demande pas beaucoup de moyens, à vous de voir. En tout cas, il a certainement l'intérêt d'amener des réflexions intéressantes notamment que sans insertion dans les luttes sociales, l'anarchisme demeure un courant invisible dans la société, que ce soit en climat social d'à-plat-ventrisme ou durant les épisodes révolutionnaires.

http://www.fondation-besnard.org/articl ... rticle=328
GUERRE À LA GUERRE, À BAS TOUTES LES ARMÉES
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Anarchisme dans le monde

Messagede bipbip » 04 Mar 2018, 15:29

Le Mouvement anarchiste en Corée
(1920-1945)

MacSIMOIN Alan

Image
Congrès anarchiste de Corée 20-23 avril 1946

Il y a eu au cours des 2000 ans d’histoire coréenne des mouvements qui ont surgit et lutté pour les droits des paysans et pour l’indépendance nationale. A l’intérieur de ces mouvements il y avait des tendances qui peuvent être vues comme des précurseurs de l’anarchisme moderne, de la même manière que nous pouvons voir les Diggers dans la révolution anglaise.

En 1894, le Japon envahit la Corée sous prétexte de la protéger de la Chine. La lutte pour l’indépendance nationale devint centrale pour toute activité politique radicale.

Le mouvement anarchiste moderne en Corée commença à prendre forme parmi les exilés qui fuirent en Chine après la lutte d’indépendance de 1919, et parmi des étudiants et des travailleurs qui allèrent au Japon. Cette lutte, le Mouvement du 1er mars, au sein duquel les anarchistes prédominaient, impliqua 2 millions de personnes ; il y eu 1500 manifestations, 7 500 personnes furent tuées, 16 000 blessées et plus de 700 maisons et 47 églises furent détruites.

Dans la période qui va jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale la Fédération Anarchiste Coréenne a identifié 3 étapes.

La première étape couvre la première moitié des années 20 et est décrite par la FAC comme la période de gestation.

Dans les premières années de ce siècle alors que les classes dirigeantes débutaient leur campagne impérialiste dans d’autres pays asiatiques, elles sévissaient également impitoyablement contre toute opposition intérieure. Les anarchistes japonais étaient au premier rang de la lutte anti-impérialiste. En 1910 Kotoku Shusui, un meneur anarchiste japonais, fut exécuté pour trahison. Le Journal des Roturiers ralliait l’opposition à la guerre Russo-Japonaise et à l’occupation de la Corée. Avec les révolutions russes de 1905 et 1917, l’émeute du riz de 1918 et le soulèvement de masse en Corée en 1919, la classe dirigeante japonaise était inquiète.

A la suite de la suppression sanglante du Mouvement du 1er mars et de la hausse du niveau de la lutte des classes au Japon lui-même, les patrons japonais accusèrent les anarchistes et les coréens d’être responsables du tremblement de terre de Tokyo en 1923. Plus de 6 000 travailleurs coréens au Japon furent traqués avec des matraques et des javelots de bambous. Tous les anarchistes japonais et coréens connus furent arrêtés. Park Yeol et sa femme Kaneko Fumiko, anarchistes coréens, vétérans de la lutte d’indépendance et organisateurs de la « Société des Travailleurs Noirs » de Tokyo, furent condamnés à mort.

De nombreux autres furent emprisonnés. L’accusation d’avoir causé un tremblement de terre peut avoir été un peu embarrassante pour des sections de la classe dirigeante alors les condamnations furent commuées en prison à vie. Kaneko mourut en prison et Park ne fut pas relâché avant la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. Beaucoup de Coréens qui furent emprisonnés à la suite de ce qui fut connu comme « le procès de Haute Trahison » devinrent des militants actifs dans le mouvement anarchiste de leur propre pays.

La Fédération Anarchiste Coréenne en Chine (FACC) fut formée en avril 1924 et le « Manifeste de la Révolution Coréenne » fut publié. Il était d’un anti-impérialisme très militant : « Nous déclarons que la politique de cambrioleur du Japon est l’ennemie de l’existence de notre nation et qu’il est de notre droit de renverser le Japon impérialiste par des moyens révolutionnaires ». Cela accentua le besoin de faire plus que simplement changer de dirigeants, montrant la différence entre une révolution politique et une révolution sociale. Il n’y avait pas de doute sur le rôle des anarchistes, il mettait l’accent sur le rôle de meneur des anarchistes dans une situation révolutionnaire. La Fédération commença à produire des journaux comme Reprendre (Recapture) et le Bulletin Justice.

En 1928 le développement des positions libertaires permit aux anarchistes coréens d’organiser la Fédération Anarchiste Orientale avec des camarades de Chine, du Vietnam, de Taiwan et du Japon - qui publia un bulletin, Dong-Bang (L’Est). Le « Manifeste » fut adopté par la Fédération Orientale comme son programme formel.

La seconde étape qui couvre les années 1925-1930 fut dominée par l’organisation du mouvement. Armé de la théorie anarchiste de la révolution exposé dans le « Manifeste » et des expériences pratiques tirées du Mouvement du 1er mars, des organisations de travailleurs au Japon et du « procès de Haute Trahison », des groupes furent organisés à Séoul, Taegu, Pyongyang et dans d’autres zones. En novembre 1929 il y avait eu une énorme croissance et la Fédération Communiste-Anarchiste Coréenne fut crée comme organisation nationale. Comme composante de la résistance anti-japonaise, c’était une structure complètement clandestine. Cela ne doit conduire personne à penser qu’elle était petite ou qu’elle manquait d’un large soutien.

Pour donner une idée de la manière dont le mouvement avait grandi, je veux regarder comment les choses avaient progressé depuis le début des années 20. Dans la province de Kiho, le journal quotidien Dong-a Ilbo signalait en octobre 1925 que 10 membres de la Ligue du Drapeau Noir avaient été emprisonnés pour un an chacun. L’année suivante le même journal annonçait que 5 jeunes travailleurs étaient emprisonnés pour avoir publié un manifeste très similaire dans le style et le contenu au « Manifeste de la Révolution Coréenne ». En 1929 Dong-a Ilbo parle d’une société secrète d’anarchistes organisée par Lee Eun-Song qui comptait une centaine de membres dans la ville de Icheon dans la province de Kwangwon. Cette année là il transpira que les membres de la Société du Mouvement des Artistes de Chunju étaient tous anarchistes, de tels noms et fronts étaient utilisés pour déjouer la police japonaise. En réponse à cela la peine de mort fut rétablie pour l’organisation de Sociétés ayant comme but le « changement de la structure nationale »

A Taegu, une Ligue de la Vérité et de la Fraternité fut crée en 1925 par des exilés qui revenaient du Japon. La ligue des Révolutionnaires fut également crée et les deux étaient en contact régulier avec la Société de la Jeunesse Noire de Tokyo. Je suis également tombé sur des groupes anarchistes à Anui, Mesan, sur la Ligue des Amis Noirs de Changwon, sur le Groupe Aide Mutuelle de l’île de Jeju. Ce dernier utilisait son éloignement du pouvoir central pour organiser des coopératives de fermiers et d’artisans et même un orchestre de paysans. Inutile de le dire, les organisateurs découvrirent vite qu’ils n’étaient pas si éloignés et connurent de l’intérieur les cellules.

A Kwanseo et dans la province de Kwanbul j’ai trouvé mention d’au moins huit groupes supplémentaires. Presque tous les groupes du pays étaient impliqués dans une mélange de production de tracts et de journaux, d’organisation de syndicats et d’engagement dans la résistance à l’occupation.

A cette époque que la plupart des zones comptaient au moins un groupe actif. Il y avait aussi des organisations en Mandchourie et parmi les exilés en Chine et au Japon.

L’étape suivante est celle du combat qui va jusqu’en 1945.

Parmi les 2 millions de coréens de Mandchourie la Fédération Anarchiste Coréenne en Mandchourie (FACM) fut capable d’enfoncer de profondes racines immédiatement après sa formation en 1929. Le principal organisateur de la Fédération Kim Jong-Jin dressa un plan qu’il proposa aux guérillas anti-japonaises. Il englobait des collectivités volontaires de fermiers, l’éducation gratuite jusqu’à 18 ans et pour les adultes plus âgés et un entraînement au maniement des armes pour tous les adultes responsables. Des discussions s’en suivirent et finalement un plan anarchiste fut adopté qui fut décrit comme « en accord avec le principe de la libre fédération basé sur la libre volonté de l’homme ».

La difficulté qui ne fut pas vraiment envisagée était comment traiter avec les staliniens qui s’organisaient aussi dans la région et qui calomniaient les anarchistes et d’autres comme étant des « tyrans ». Les jeunes anarchistes autour de Yu-Rim voulaient combattre l’idéologie par l’idéologie et démontrer la supériorité de leurs idées. Les plus anciennes guérillas anti-japonaises autour de Kim Jwa-Jin (parfois appelé le Makhno coréen) pensaient qu’il étaient suffisant de déclarer leur soutien à l’anarchisme mais qu’elles pouvaient ignorer les staliniens jusqu’à ce que l’indépendance nationale soit conquise parce qu’alors seulement les politiques réelles viendraient au premier plan. Ça n’est pas très différent de la théorie des étapes mise en avant par des éléments du Sinn Fein !

En août 1929 les anarchistes avaient formé une administration à Shimmin (une des trois provinces mandchouriennes). Savoir s’il s’agissait d’un gouvernement reste encore un point de controverse parmi les anarchistes. Organisée en tant qu’Association du Peuple Coréen en Mandchourie (APCM), elle se présentait comme « un système indépendant auto-gouverné et coopératif des coréens qui rassemblent tout leur pouvoir pour sauver notre nation en luttant contre le Japon ». La structure était fédérale allant des assemblées de villages jusqu’à des conférences de districts et de zones.

L’association générale mit en place des départements exécutifs pour s’occuper de l’agriculture, de l’éducation, de la propagande, des finances, des affaires militaires, de la santé publique, de la jeunesse et des affaires générales. Les équipes de ces départements ne recevaient pas plus que le salaire moyen.

On pourrait s’attendre à ce que l’organisation débute au niveau du village et ensuite se fédère au delà. Cependant la FACM croyait que la situation de guerre rendait impossible l’application immédiate de ce principe. Dans l’entre-deux, elle nommait les équipes et le faisait de haut en bas. Les équipes d’organisation et de propagande étaient alors envoyées pour créer du soutien et mettre en place des assemblées de villages et des comités. Dans un village un moulin à riz capable de moudre plus d’un million de boisseaux fut construit pour permettre aux coopérateurs locaux de briser leur dépendance vis à vis des marchands. Apparemment signalèrent un bon accueil et furent bien reçues où qu’elles aillent.

L’administration locale des combattant anti-japonais de Shimmin se dissout volontairement et prêta son soutien à la FACM. Alors que les anarchistes croissaient en nombre et en soutien, les staliniens et les éléments pro-japonais en Mandchourie sentirent les bases de leur propre pouvoir menacées.

Le 20 janvier (1930) le général anarchiste Kim Jwa-Jin fut assassiné alors qu’il effectuait des réparations sur le moulin à riz que je viens de mentionner. Le tueur s’échappa mais son commanditaire fut pris et exécuté.

Lors d’un meeting de la FACC en juin à Pékin il fut décidé de dérouter toutes les ressources hors de la Corée elle-même vers la Mandchourie et la plupart des membres de la FACC allèrent dans la zone anarchiste dans le nord de la Mandchourie. Il faut noter que des camarades femmes étaient actives comme agitatrices et contrebandières d’armes.

A la fin de 1930 les japonais attaquaient désormais par vagues depuis le Sud et les staliniens, soutenus par l’URSS, depuis le Nord. Au début de 1931 les staliniens envoyèrent des équipes de tueurs et de kidnappeurs dans la zone anarchiste pour éliminer les militants actifs. Ils croyaient que, s’ils liquidaient la FACM, l’APCM s’affaiblirait et finirait par mourir. A l’été 1931 de nombreux meneurs anarchistes étaient morts et la guerre sur 2 fronts dévastait la région. Il fut décider de passer à la clandestinité. Shimmin l’anarchiste avait vécu.

Il y aurait bien plus à dire sur l’activité en Chine et aussi bien au Japon qu’en Corée durant les années qui vont jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale, sur leur attitude face à la partition de leur pays et sur leur position aujourd’hui. Mais cela prendrait trop de temps de traiter de tout ça. Ce qui doit être très clair c’est que l’anarchisme en Asie a une histoire très réelle. Nous avons besoin de plus d’informations pour évaluer convenablement ses développements politiques, ses réussites et ses échecs. En attendant on peut déjà tirer des connaissances la conclusion solide que l’anarchisme fut, et peut être encore, une force majeure dans la région.

La principale source que j’ai utilisé est le livre de Ha Ki-Rak, « une histoire du mouvement anarchiste coréen » qui a été publié en 1986 par la Fédération Anarchiste Coréenne.

Outre le fait d’être pauvrement traduit et confus chronologiquement, il est écrit dans la perspective de la tendance la plus nationaliste et réformiste du mouvement coréen.


https://fr.theanarchistlibrary.org/libr ... -1920-1945
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Re: Anarchisme dans le monde

Messagede bipbip » 04 Mar 2018, 21:06

Première apparition de l’anarchisme en Algérie : le Manifeste anarchiste d’Alger du 20 août 1886

Nous avons reçu d’Alger, un manifeste anarchiste, adressé aux travailleurs et placardé dans cette ville le 20 du mois passé.

Ce manifeste ( que nous regrettons de ne pas pouvoir publier) fait la critique et l’exposé de la situation des travailleurs algériens, que d’ailleurs nous connaissons suffisamment étant en tous pays de même.

Il conclut à la révolte individuelle en attendant le chambardement général.

Inutile d’ajouter que les policiers ont été braves, qu’ils ont su faire revivre Don Quichotte, de glorieuse mémoire, que les murs portent encore la trace des coups que leur ont distribués ces preux.

Graves historiens, ne manquez pas de vous illustrer, relatez dans vos annales les prouesses qui seront un jour la gloire de notre siècle !

La Lutte sociale 18 septembre 1886

Note complémentaire : D’après Philippe Bouba ce manifeste pourrait être attribué à Jules Xixonnet :

« Jules Xixonnet fut candidat abstentionniste aux élections départementales du Conseil général d’Alger du 19 septembre 1886. Son « manifeste » à ne pas appeler à voter pour lui fut placardé dans les rues d’Alger et appelait notamment à l’autogestion la fin de tout pouvoir : « Si l’on nous croit capables de choisir sagement l’homme qui doit nous représenter, pourquoi ne pourrions-nous pas nous acquitter nous-mêmes du soin de gérer nos propres affaires ? […] Étudions plutôt ensemble le moyen de nous passer de gouvernement et de vivre en hommes libres et conscients.». Xixonnet ne se présenta pas officiellement car son nom n’apparait pas dans la liste des candidats. »

L’Anarchisme en situation coloniale : le cas de l’Algérie. Organisations, militants et presse (1887-1962) par Philippe Bouba. Universite de Perpignan, 2014.
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01142971/document


https://anarchiv.wordpress.com/2018/02/ ... aout-1886/
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Re: Anarchisme dans le monde

Messagede bipbip » 06 Mar 2018, 23:18

Introduction à l’histoire du mouvement libertaire au Portugal

Livre a télécharger sur le mouvement libertaire au Portugal et l’activité fouriériste dans la Péninsule ibérique.

Introduction à l’histoire du Mouvement libertaire au Portugal
de Carlos Da Fonseca

Suivi de Caractéristiques de l’activité fouriériste dans la Péninsule ibérique.

La première édition de cette brochure est parue au CIRA
[Centre International de Recherches sur l’Anarchisme] en 1973.

Le deuxième texte est extrait de la revue
Autogestion et Socialisme, Charles FOURIER, Paris : Anthropos, n°20/21 - 1972.

Table

In memoriam
1. Sources d’inspiration
(Proudhon, Reclus et Kropotkine, Le syndicalisme révolutionnaire).
2. La Première Internationale ; La traversée du désert.
3. L’expansion de l’idéal libertaire.
4. Le terrorisme révolutionnaire.
5. L’orientation syndicaliste.
6. Congrès et conférences anarchistes.

Petit répertoire de la presse anarchiste portugaise [1886-1932]

Suivi de Caractéristiques de l’activité fouriériste
dans la Péninsule ibérique.

*
Éditions lecture PDF plein écran http://www.mediafire.com/file/3197cye5p ... _ECRAN.pdf
OU
Format brochure à imprimer http://www.mediafire.com/file/fgmafw9sc ... PRIMER.pdf
*
Éditions ArqOperaria / Vosstanie , 2017 - 60p.

https://paris-luttes.info/introduction- ... re-du-9213
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Re: Anarchisme dans le monde

Messagede bipbip » 15 Mar 2018, 02:17

Le mouvement libertaire aux Pays-Bas

Le développement des mouvements ouvriers en Hollande a été assez retardé comparativement à
celui des autres pays de l'Europe occidentale, l'évolution du capitalisme industriel n'ayant vraiment
commencé qu'après la guerre de 1870-1871. Avant 1870 régnait dans les grandes villes un paupérisme
incroyable, et il n'était pas encore question d'un esprit de révolte ni d'idées révolutionnaires. La soumission
des couches sociales les plus exploitées était complète. Les idées socialistes n'étaient connues que de
quelques ouvriers assez isolés et les premières organisations ouvrières s'inspiraient des conceptions
libérales ou chrétiennes qui favorisaient la coopération des classes et l'acceptation des structures de la
société existante.

Document PDF : http://www.antimythes.fr/a_propos_du_mo ... ys_bas.pdf
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Re: Anarchisme dans le monde

Messagede bipbip » 22 Avr 2018, 10:47

Récit d’un anarchiste évadé d’un camp stalinien en Bulgarie

Par K. Atanassof (1951).

« Les staliniens sont fous de colère contre les anarchistes, parce qu’ils ne peuvent pas dominer leur courage et leur esprit révolutionnaire. Malgré toutes leurs tortures ou menaces, ils n’ont réussi à gagner aucun espion parmi nous. Cela les rendaient furieux. Pour eux, le fait que nous sommes dans des camps de concentration ne les satisfait pas. Ils veulent nous liquider totalement ; une liquidation avant tout morale, car la liquidation physique est plus facile. Mais ils ne réussissent pas. Dans les anarchistes ils voient les véritables révolutionnaires et ils ont peur surtout du fait que les sympathies des masses populaires se tournent de plus en plus vers nous.

Au printemps, j’ai été amené à la Sûreté nationale à Sofia avec Christo Koleff, Slaveyko Ivanoff (l’un de ceux qui ont le plus souffert dans le camp où il se trouve depuis quatre ans), Gelyasko Pettkov et Mikhaïl Mindorff. On a voulu monter un procès contre nous, mais sans succès. Et au bout de quarante jours d’inquisitions insupportables ou nous ramena à demi-morts, au camp.

Après on procéda à un triage des plus « dangereux », à leur avis, et on les envoya à une destination inconnue. Bientôt, je me trouvai aussi classé dans la catégorie des « entêtés » et je me vis transférer en wagon scellé pour rejoindre les autres à l’île de Persyan, près de Bélené, dans le Danube. Là, j’ai trouvé les camarades Christo Koleff, Peter Boukourechtlieff, Antcho Antcheff, Vassil Iankoff, Slaveyko Ivanoff, les frères Baldjeff et Khvartchilkoff (trois avec un de leur fils) et plusieurs autres – 160 anarchistes.

Dans cette Ile de l’extermination, personne ne se faisait d’illusions que la déportation signifie ici la fin lente mais sûre de la vie. Mais cette conviction et le sort épouvantable subi par les internés les rendent plus solidaires et plus audacieux.

Ainsi, malgré tout, nous avons commémoré l’anniversaire de Boteff et de Bakounine, en prononçant des discours anarchistes. En conséquence, les maîtres absolus de notre vie nous ont « promis » de fusiller quelques-uns d’entre nous pour rendre les autres plus « raisonnables ». Mais cette menace n’a intimidé personne.

Un jour, un turc a essayé de s’évader. Il se jeta dans le fleuve, s’accrochant à un tronc flottant car il ne savait pas nager. Le malheureux, après avoir fait ainsi plus de cinq kilomètres, est sorti juste en face du poste frontière. Il fut repris et mourut sous les coups.

Quant à moi, j’ai été plus heureux, j’ai eu de la chance. Dix jours plus tard, me rendant compte de l’inévitable mort qui m’attendait, je risquai ma vie en m’enfuyant avec un socialiste.

Après avoir erré cinq jours et cinq nuits, en nous cachant toujours dans les champs de maïs et de tournesols nous arrivâmes à Roussé, exténués de soif et de faim. Nous y restâmes un jour chez des gens inconnus. Ils nous reçurent affectueusement, nous donnant l’hospitalité, nous changeant nos vêtements de prisonniers, nous achetant des billets de chemin de fer jusqu’à Sofia et en nous donnant, en plus, 10.000 levas à chacun.

Ainsi nous avons pu nous sauver en traversant toute la Bulgarie et, en passant ensuite la frontière, nous réfugier à l’étranger. »

K. Atanassof

In Le Libertaire, n°264, 13 avril 1951.

http://www.socialisme-libertaire.fr/201 ... garie.html
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Re: Anarchisme dans le monde

Messagede bipbip » 27 Mai 2018, 15:14

Anarchisme et état de guerre en Grande Bretagne

Texte original : Anarchism and the British warfare state: the prosecution of the ‘war commentary’ anarchists, 1945 http://libcom.org/history/anarchism-bri ... hists-1945. Carissa Honeywell Publié dans ‘International Review of Social History’, Volume 60, n° 2, pp. 257-284 (Août 2015).

With kind permission from Carissa

Au début de 1945, peu avant la fin de la guerre, un petit groupe d’anarchistes londoniens associés avec la revue radicale anti-militariste et pacifiste War Commentary 1 furent arrêtés et poursuivis en justice. Étant donné que ce groupe était jusqu’à présent considéré comme trop marginal et non influent pour éveiller l’intérêt des autorités, cela semble, au premier abord, anormal et surprenant. La décision du gouvernement de supprimer une publication mineure à un stade si tardif de la guerre en utilisant des lois d’état d »urgence controversées, a été décrite comme “plutôt curieuse » et “difficile à comprendre” par des commentateurs.2

War Commentary était un journal anarchiste publié par le groupe Freedom Press à Londres entre 1939 et 1945. Alors que la majorité du mouvement socialiste britannique du milieu du vingtième siècle était en réalité structuré entre le choix du Parti Travailliste et du Parti Communiste,3 le groupe Freedom Press faisait partie d’un archipel de groupes qui contestaient à la fois le leadership du Parti Travailliste et de Moscou. Cela comprenait les vestiges des mouvements socialistes pacifistes de l’entre-deux guerre, la Fondation Communiste Anti-Parlementaire (APCF) associée avec l’anarchiste de Glasgow, Guy Aldred, et d’autres comme le Communist Workers’ Party (CWP) 4 de Sylvia Pankhurst. Le groupe Freedom Press et les anarchistes de Glasgow autour de Aldred s’opposaient à la deuxième guerre mondiale sur une ligne anti-étatiste et anti-capitaliste. Les puissances alliées et de l’Axe étaient considérées comme défendant des hiérarchies capitalistes militarisées, fascistes ou non. Des groupes anarchistes comme ceux-ci se référaient en particulier au sort des républicains dans la guerre civile espagnole pour émettre de sérieux doutes sur la sincérité de l’hostilité des autorités britanniques envers le fascisme.Des liens entre les différents groupes anti-parlementaires, la gauche communiste, des anarchistes et des résistants à la guerre, avaient été établis par des rencontres telles que le Workers’ Open Forum, présenté par la APCF comme “un conseil ouvrier pour l’élimination des erreurs”, animé par des radicaux indépendants, des anarchistes, des socialistes, des membres de la Peace Pledge Union, et d’autres.5

Les autorités britanniques ont mené des politiques contradictoires envers les activités de War Commentary. Malgré le discours anti-guerre virulent du journal, le gouvernement était réticent à s’ engager dans une censure ouverte des anarchistes jusqu’en avril 1945, utilisant alors tous les moyens disponibles de la législation en temps de guerre pour couper court à leur activité d’édition. Au plus fort de la campagne de bombardements stratégiques sur l’Allemagne, les autorités ont étroitement surveillé les articles publiés dans War Commentary. A ce stade, cependant, le gouvernement avait décidé de ne pas recourir à des mesures spéciales(ou à des lois d’état d’urgence) pour supprimer un groupe qui ne semblait pas présenter une menace crédible pour l’effort de guerre ou l’ordre public sur le front domestique. Entre autres choses, le gouvernement était préoccupé par la publicité possible qu’engendreraient des mesures répressives envers un mouvement somme toute obscur. Mais,lorsque la guerre arriva à son stade final, l’attitude du gouvernement envers la censure de la propagande anarchiste changea du tout au tout. Comme le montrera en détail cet article, les autorités avaient décidé de commencer à agir contre les anarchistes britanniques à la fin de 1944 parce qu’elles étaient préoccupées par le fait que les discours révolutionnaires disséminés dans les pages de War Commentary puissent atteindre une audience plus large et plus réceptive une fois les combats terminés et les soldats rentrés à la maison.

... https://racinesetbranches.wordpress.com ... -bretagne/
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Re: Anarchisme dans le monde

Messagede bipbip » 01 Juil 2018, 19:41

PORTUGAL : Les 99 ans de « A Batalha »

Les 99 ans de A Batalha

Le 23 janvier 1919 a paru le premier numéro du journal A Batalha (La bataille). Initialement, le journal était la propriété de l’Union ouvrière nationale, mais quelques mois plus tard, avec la formation de la Confédération générale du travail, il passa pour l’égide de cette nouvelle organisation syndicale.
Le porte-parole de l’organisation ouvrière portugaise eut une vie mouvementée.
Il fut interdit de publication en 1927, après l’assaut de la police contre l’ancienne rédaction de la Calçada do Combro. Le journal connut un retour éphémère comme hebdomadaire en 1930 ; il fut publié clandestinement avant la période du salazarisme. Il réapparut le 21 septembre 1974 comme quinzomadaire.
Près d’un siècle plus tard, A Batalha a laissé tomber l’épithète de journal syndicaliste révolutionnaire et est devenu un bimestriel d’expression anarchiste, qui est publié grâce à la volonté d’un groupe d’associés du Centre d’études libertaires et de nombreux collaborateurs qui lui consacrent gracieusement ses efforts.

Ainsi, de l’actualité politique à l’espace public, de la culture à la réflexion idéologique, de la satire à la poésie et à la nouvelle, de la ville à l’individu, A Batalha se prépare à célébrer ses 100 ans en critiquant et ridiculisant la domination quotidienne.

Réseau de collaborateurs
C’est le souhait des éditeurs de A Batalha et des membres du Centre d’études libertaires d’empêcher ce journal de rester centralisé à Lisbonne et ses environs. Avec la rénovation du réseau de distribution de journaux du Nord vers le Sud et sur les îles, avec des signatures venant de tout le pays, il est important que A Batalha reflète cette diversité dans ses pages et se décentralise.

Ainsi, les lecteurs et les abonnés du journal sont invités à entrer en contact avec la rédaction s’ils souhaitent coopérer régulièrement ou occasionnellement par des articles, des reportages ou des interviews sur leurs luttes locales ou dans le cadre de créations culturelles de la marge, qui nous intéressent tant dans la lecture de A Batalha.

Nouvelle adresse du CEL / A Batalha et nouvelles conditions d’abonnement :
Toutes les parties intéressées à correspondre ou à envoyer des publications au Centre d’études Libertaires / A Batalha doivent le faire à notre nouvelle adresse :

CEL / A Batalha,
Apartado 4037,
1501-001 LISBOA, PORTUGAL.

A Batalha ne sera plus envoyée sous bandeau mais sous enveloppe.

Soutenez A Batalha en vous abonnant.

CONDITIONS D’ABONNEMENT :
Continent : 6 numéros : 6,98 € / 12 numéros : 12,97 €
Les îles, par avion : 6 numéros : 7,98 € / 12 numéros : 15,46 €
Les îles, voie économique : 6 numéros : 6,98 € / 12 numéros : 12,97 €
Europe : 6 numéros : 11,97 € / 12 numéros : 22,45 €
Hors-Europe, par avion ; 6 numéros : 15,56 € / 12 numéros : 27,93 €
Hors-Europe, voie économique : 6 numéros : 11,97 € / 12 numéros : 22,45 €
Le paiement peut être fait au NIB du CEL : 0033 0000 0001 0595 5845 9.

Salutations libertaires,
CEL (Centro de Estudos Libertários) / Jornal A Batalha


http://www.monde-nouveau.net/spip.php?article677
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Re: Anarchisme dans le monde

Messagede bipbip » 17 Juil 2018, 14:05

Errico Malatesta : programme de l'Union Anarchiste Italienne (1920)

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Re: Anarchisme dans le monde

Messagede bipbip » 17 Juil 2018, 14:40

L'anarchisme (XIXe - XXe siècles)

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Re: Anarchisme dans le monde

Messagede bipbip » 16 Aoû 2018, 20:27

L'anarchisme dans les révolutions russe (1917-1921) et espagnole (1936-1939)

Quel est le rôle des anarchistes russes en 1917 ? Quel principe est mis en application dans la Makhnovchtchina ? Pourquoi les marins de Cronstadt se révoltent-ils en 1921 ? Quelles sont les réalisations des anarchistes en Espagne en 1936 ? Comment les communistes staliniens hâtent-ils la victoire des franquistes ? Hors séries 15. Réédition filmée d'une conférence de J.-M. Dufays présentée à l'Université libre de Bruxelles et organisée par les Jeunesses libertaires de Belgique (2016). D365 Titre original : "Le chat noir au poil hérissé V : l'anarchisme dans les révolutions russe (1917-1921) et espagnole (1936-1939)"

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