Phébus a écrit
S'il existe des camarades qui ont une connaissance plus poussée, voir intime, de l'ORA, j'aimerais beaucoup avoir des précisions sur ces deux points. J'ai en effet de la misère à imaginer ce déplacement «mouvementiste» et la coexistence de deux niveaux d'organisations.
Les CFL, s'était quoi au juste? Les textes disent presque c'était une organisation à côté de l'organisation. Sauf qu'en en parlant avec un copain d'AL, il semble que c'était plus une antichambre ou un SAS, manière de protéger l'organisation des remouds inérants à la période.
Aussi les structures interpro, je me gourre ou c'est le début de l'UTCL? D'ailleurs, j'ai lu que l'UTCL n'était pas organisée géographiquement mais professionnellement, quelqu'un en sait plus?
Pour les Cercles Front LibertaireQuand j’ai connu l’ORA (fin 1974) ceux-ci n’existaient plus !
Ce que j’en sais (ce que l’on m’a dit et dont je me souviens)
C’était une structure faite pour “organiser les sympathisants“, faire en sorte qu’ils ne soient pas dans la “nature”. C’était effectivement une sorte de sas, en centre de tri, pour une future intégration….et donc c’était une sorte d’appendice de l’organisation… sans aucune autonomie.
C’était exactement la reproduction ce que faisaient des groupes d’extrême gauche comme la Ligue communiste avec ses cercles rouge (dans les milieux étudiant/lycéen) ou ses groupes « Taupe rouge » d’entreprises. Mais à l’ORA, organisation neuve, sans beaucoup d’expériences et de références, il y avait toujours des gens pour chercher l’inspiration de ce côté-là.
D’où la contradiction majeure pour des anarchistes : la création d’une sorte de hiérarchie entre ces deux niveaux d’organisation. Entre ceux qui savent et ceux qui suivent.
Dans la pratique, ce n’était pas tenable entre ceux qui ont le droit de discuter et voter les orientations et ceux qui doivent se contenter de coller les affiches, vendre le journal, faire le SO dans les manifs… Car tout cela se faisait dans une forte période d’activisme, laissant peu de place aux débats…
Il a été décidé d’en finir avec cette contradiction, de faire disparaître les CFL. Une petite partie des membres des CFL a rejoint l’organisation, la plupart sont restés à l’extérieur.
Pour les structures professionnellesIl ne faut pas fantasmer. Elles étaient extrêmement réduites, n’existant surtout qu’en région parisienne, à l’état embryonnaire, et se limitant dans les faits aux postiers (publication : le Postier affranchi) et cheminots (le Rail enchaîné) malgré quelques autres tentatives.
C’était des “structures” tournées vers l’intervention exclusivement, pour ceux qui voulaient privilégier ce type d’intervention.
Ces regroupements, qui pouvaient accueillir des sympathisants, non-cotisants, n’avaient pas d’existence vis-à-vis de la structure de l’organisation ORA : tout en étant l’émanation de militants de l’ORA, elles étaient extra-organisationnelles au sens strict.
La base de l’organisation était le groupe local/territorial. Là où s’élaboraient les textes, les propositions, les votes… le seul endroit où un militant pouvait rejoindre l’organisation (pas d’adhésion individuelle de type liaison isolée).
Quand l’UTCL s’est constituée comme tendance dans l’ORA (en 1975), elle voulait effectivement privilégier ce type de structures dans l’organisation en cohérence avec son projet de privilégier le recrutement des “travailleurs”, et une intervention sur les “lieux de travail” et le syndicalisme. Je me souviens que dans leur projet de donner “tout le pouvoir aux travailleurs” (nom de leur futur journal), les “travailleurs” de l’organisation se voyaient octroyer 2 votes chacun, tandis que les non-travailleurs ne pouvaient voter qu’1 seule fois.
Pour ceux qui s’opposaient à cette ligne (pas de front principal et secondaire, pas de hiérarchie entre camarades), le groupe local/territorial devait rester la référence de base, le lieu de politisation et de globalisation, de la problématique politique. Les regroupements autres, et notamment de type professionnels et/ou thématiques (luttes de quartier, éducation, antimilitarisme…) étaient souhaités et encouragés s’ils correspondaient à quelque chose (et pas multiplier les coquilles vides).