Première guerre mondiale, Histoire(s) et commémorations ...

Re: Commémoration de la première guerre mondiale

Messagede ARTHUR » 02 Sep 2014, 17:15

Aout 1914 : Que reste-t-il de l’Antimilitarisme et l’Antipatriotisme ?
Journée de commémoration critique, organisée par le Syndicat Unifié du Bâtiment - CNT(f)

Le samedi 8 novembre à partir de 13H

13H00/ 15H00 : LA PROPAGANDE PAR L’IMAGE,
Au travers de l’expérience du « Cinéma du peuple »
Projection de films réalisés en 1913 – Commentaires et débats avec l’historienne Nina ALMBERG

15H00/17H30 : LA PROPAGANDE PAR LE VERBE,
Anarchistes, socialistes et syndicalistes
Grand Loto des Citations (1900/1914) : « Ou l’art du retournement de veste »
Rencontre/Débat avec Guillaume DAVRANCHE (auteur de « Trop jeunes pour Mourir », à paraître chez Libertalia)

18H00/20H00 : LA PROPAGANDE PAR L’ACTION,
Saboter la mobilisation ?
Lecture Epistolaire : (Monatte, Rosmer, Dumoulin, Jaurès, Hervé, …)
Rencontre/Débat avec Julien CHUZEVILLE (auteur de « »Militants contre la Guerre » - éditions Spartacus) et Jean-Claude LAMOUREUX (auteur de « les 10 derniers jours », éditions Nuits Rouges)

21H00 GRAND SPECTACLE MUSICAL DE CIRCONSTANCE


De 15h00 et 17H30 : INTERMEDES CHANTES (par le SUB-Urbain Group)

TOUTE LA JOURNEE :
« Chamboule-tout révolutionnaire »
Atelier d’impression sérigraphique
Espace de librairie et de restauration

Entrée Libre et gratuite - 33 rue des Vignoles – 75020 Paris
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Re: Commémoration de la première guerre mondiale

Messagede Pïérô » 09 Sep 2014, 11:54

Samedi 20 septembre

à 16h30, Librairie du Monde libertaire - Publico, 145 rue Amelot, Paris 11e

Morts par la France / Kropotkine et la grande guerre

Rencontre et débat avec René Berthier, à l’occasion du prochain numéro hors-série du Monde libertaire (Titre de une : Morts par la France) consacré à la guerre de 14/18 (disponible dans les kiosques et à la librairie du Monde libertaire à partir du 11 septembre) et de la parution de son livre Kropotkine et la grande guerre (Editions du Monde libertaire).

Kropotkine, l’un des principaux théoriciens du mouvement libertaire, adopta, en 1916, une position de soutien à l’Union sacrée et signa un manifeste qualifié, à tort, de « Manifeste des Seize ». Ce ralliement de Kropotkine suscita un réel émoi dans le mouvement libertaire international, par tradition antimilitariste et opposé aux guerres. On s’est souvent interrogé sur les raisons du vieux révolutionnaire. Un siècle après le début de la guerre, il est temps de comprendre les raisons qui ont poussé l’anarchiste russe à faire ce choix. Soulignons également le travail de réédition des Editions Tops/H.Trinquier qui rend accessibles des oeuvres majeurs de Pierre Kropotkine : La conquête du pain, L’Entr’aide et La grande révolution.
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Re: Commémoration de la première guerre mondiale

Messagede Pïérô » 14 Sep 2014, 02:51

Loin des tranchées : quand les multinationales européennes engrangeaient déjà les profits de la guerre

Septembre 1914. Alors que les armées allemandes envahissent le Nord de la France, la mobilisation générale sonne aussi pour les industriels. Le gouvernement charge de grands patrons français de réorganiser l’économie, placée au service de la guerre. Mais pas question pour autant de sacrifier les profits ! Des deux côtés du Rhin, les bénéfices explosent pour quelques grandes entreprises. Une situation qui suscite colères et débats alors que des centaines de milliers d’hommes tombent au front. Plusieurs de ces « profiteurs de guerre » d’hier sont devenus les multinationales d’aujourd’hui.

6 septembre 1914. Les avant-gardes allemandes arrivent à Meaux, à une cinquantaine de kilomètres de Paris. Interrompant trois semaines de retraite, les armées françaises et britanniques font volte-face pour mener la première bataille de la Marne. À l’arrière, la mobilisation industrielle commence. Car la guerre semble devoir durer. Après un mois de conflit, l’armée manque déjà d’artillerie et de munitions. L’état-major réclame 100 000 obus par jour pour ses fameux canons de 75 alors que les ateliers n’en fabriquent que 10 000.

Le 20 septembre, le ministre de la Guerre, le socialiste Alexandre Millerand, organise une réunion à Bordeaux, où le gouvernement s’est réfugié. Y participent des représentants du Comité des forges, la plus puissante organisation patronale française, des membres de l’influente famille Wendel, propriétaire des aciéries de Lorraine, et Louis Renault, fondateur des usines éponymes. Des « groupements industriels régionaux » sont créés. Ils serviront d’intermédiaires entre l’État et l’armée d’un côté, les gros industriels et leurs sous-traitants de l’autre, pour répondre aux commandes. Les grandes entreprises en prennent la direction, comme la Compagnie des forges et aciéries de la marine et d’Homécourt, ou les établissements Schneider (Le Creusot), créés en 1836 et l’un des principaux fournisseurs d’armement français. Ces deux entreprises sont les aïeux de ce qui deviendra beaucoup plus tard Arcelor Mittal et Schneider Electric.

Quant à Louis Renault, il dirige la mobilisation des industriels en région parisienne. Une occasion inespérée alors que la marque au losange connaît de sérieuses difficultés avant la guerre. Côté allemand aussi, on s’organise. Début octobre, une commission destinée à développer des gaz de combat est lancée. Carl Duisberg, le patron de l’entreprise chimique Bayer en prend la tête (voir notre prochain article, publié le 2 septembre).

De grandes épopées industrielles commencent grâce au conflit

En France, cette réorganisation de l’appareil productif porte lentement ses fruits. Entre 1915 et 1917, les usines Renault doublent leur production de camions, et assembleront plus de 2000 chars FT-17, tout en fabriquant 8,5 millions d’obus. D’autres futurs constructeurs automobiles français se lancent à la faveur du conflit, avant même de fabriquer des voitures. La première usine d’André Citroën est construite en 1915 quai de Javel à Paris. Et son premier gros contrat ne concerne pas des voitures, mais des obus. À la fin du conflit, Citroën aura livré plus de 24 millions d’obus. Opportunité similaire pour l’usine sidérurgique des frères Peugeot à Sochaux, qui assemble obus et moteurs d’avions. Elle ne fabriquera sa première voiture qu’en 1921 (Peugeot et Citroën fusionneront en 1976).

C’est aussi en pleine guerre que naît ce qui deviendra le groupe Dassault. Le jeune ingénieur Marcel Bloch – futur Marcel Dassault – doit répondre à sa première commande en 1916 : fabriquer une cinquantaine d’hélices d’avion d’un nouveau modèle, baptisées Éclair, pour équiper les biplans de l’armée de l’air. « De grandes figures comme Louis Renault, ou Ernest Mattern chez Peugeot, s’imposent dans l’histoire de leurs entreprises, et ces industriels, parfois en accord avec l’État, parfois sans son accord, contribuent aussi puissamment à l’effort de guerre qu’à la croissance de leur propre empire industriel », écrivent les historiens Antoine Prost et Jay Winter [1].

Un capitalisme d’intérêt général ?

Ces entreprises, aujourd’hui devenues de grandes multinationales, s’enorgueillissent de leur contribution à « la victoire finale ». « À l’instar de très nombreux industriels, l’entreprise accentue son activité en faveur de l’effort de guerre national », explique Schneider sur son site, assurant être « l’un des grands acteurs de la victoire ». Michelin, qui fournit pneumatiques, masques à gaz, toiles de tente ou avions de combat Bréguet, affiche son « effort de guerre comme soutien patriotique ». Tout comme Renault : « Pendant la première guerre mondiale, l’entreprise fabrique camions, brancards, ambulances, obus, et même les fameux chars FT17 qui apportent une contribution décisive à la victoire finale » [2]. Dassault aviation et la société Safran, dont l’ancêtre, la Société des moteurs Gnôme et Rhône, produit des moteurs pour l’aviation de combat, sont de leur côté partenaires de la mission du centenaire de la Grande guerre.

À l’époque, ces élites économiques « se proclament mobilisées, non dans les tranchées, bien sûr, dont on laisse l’honneur aux glorieux héros, mais depuis le fauteuil de la direction de l’usine, d’un conseil d’administration ou encore d’une chambre consulaire », écrit l’historien François Bouloc, dans sa thèse sur « Les profiteurs de la Grande Guerre » [3]. « Effort de guerre national », « soutien patriotique », « contribution décisive à la victoire »… « Un capitalisme d’intérêt général verrait alors jour, sous l’effet puissant d’un inébranlable consensus patriotique », ironise l’historien.

Le capitalisme s’est-il mis pendant quatre ans en suspens ? Les industriels se sont-ils totalement mobilisés, sans esprit lucratif, au service de la communauté nationale et des hommes qui meurent en masse au front lors d’aberrantes offensives ? « Sollicités serait peut-être un terme plus approprié pour qualifier le type d’implication attendu de la part des industriels produisant pour la défense nationale. C’est en effet avec beaucoup de prévenance que l’État a recours à l’appareil productif privé, n’usant que marginalement du droit de réquisition prévu par la loi, concédant de larges avances pour permettre les immobilisations de capital nécessaires à l’adaptation ou à la création des outils de production. Certes, un contrôle de plus en plus étroit s’installe progressivement, en amont et en aval de la production, mais sans obérer les importants profits de guerre, réalisés grâce à la combinaison d’une forte demande et des hauts prix consentis », explique François Bouloc. À la différence des 7,9 millions d’hommes mobilisés pendant toute la durée de la guerre, pas question pour les élites économiques de risquer le sacrifice ultime.

« On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels »

Le chiffre d’affaires de Renault a ainsi été multiplié par quatre entre 1914 et 1918, passant de 53,9 millions de francs en 1914 à 249 millions de francs en 1919 [4]. Michelin négocie âprement la hausse de ses prix, prétextant de la volatilité des cours du caoutchouc. L’entreprise d’André Citroën réalise de son côté une marge bénéficiaire de l’ordre de 40 % [5] ! De même que Schneider : « Les bénéfices bruts déclarés de Schneider et Cie atteignent un maximum de 40% à la fin et au lendemain de la guerre et permettent de répartir pour les trois exercices de 1918 à 1920 des dividendes représentant le tiers du capital nominal », pointe l’historien Claude Beaud, spécialiste de la multinationale. Avec l’armistice, le groupe acquiert aussi des actifs en Allemagne et dans l’ancien empire austro-hongrois, notamment les établissements Škoda en République tchèque. Associé à la banque d’affaires l’Union bancaire et parisienne (aujourd’hui absorbé par le Crédit du Nord, filiale de la Société Générale), Schneider fonde en 1920 une puissante holding pour gérer ses participations en Europe de l’Est, « l’Union européenne industrielle et financière »… Cela ne s’invente pas !

À l’époque, ces importants profits suscitent débats et mécontentements. « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels », lance Anatole France quatre ans après l’armistice, le 18 juillet 1922, dans une lettre publiée en une de L’Humanité, le quotidien fondé par Jaurès. Dès les premiers mois de guerre, les polémiques surgissent. De la Mer du Nord à Mulhouse, les accusations contre les « profiteurs » de l’arrière se propagent sur le front. En mai 1915, un rapport de la Commission des finances de l’Assemblée nationale regrette que le ministre de la Guerre Alexandre Millerand se soit « livré [aux industriels] sans défense le jour où on leur a demandé de fabriquer coûte que coûte ».

Les commandes sont livrées en retard, du matériel est défectueux, nombre d’usines sidérurgiques n’étant pas préparées à fabriquer des armes, et à un tel rendement. Des obus de 75 sont facturés 14 francs au lieu de 10 francs, pointe la Commission des finances. Beau profit quand ils sont fabriqués par millions ! « Le ministère de la guerre est enfin accusé de n’avoir prévu dans les contrats aucune pénalité financière pour retard et inexécutions », écrit Jean-Louis Rizzo, dans sa biographie du socialiste Alexandre Millerand.

Des profits embusqués des deux côtés du Rhin

En juillet 1916, une loi établit une contribution extraordinaire sur les bénéfices exceptionnels réalisés pendant la guerre. Mais l’administration fiscale aura bien du mal à obtenir les documents des entreprises. « La société Michelin ne cessa pas pendant la guerre d’entourer ses résultats comptables du plus grand secret », illustre ainsi Anne Moulin, dans une étude sur l’industrie pneumatique à Clermont-Ferrand [6]. « À la fin de la guerre, avec les réserves et les provisions diverses dont il disposait, ainsi que grâce aux bénéfices des filiales étrangères, Édouard Michelin avait donc à sa disposition un « trésor de guerre » lui laissant une marge de manœuvre considérable », décrit l’historienne, s’appuyant notamment sur le rapport du député radical-socialiste Paul Laffont, rédigé en 1918. Le grand rival de Michelin, les établissements Bergougnan, distribuent, entre 1914 et 1918, 21,6 millions de francs à ses actionnaires… Avant d’être rachetés par Édouard Michelin.

La contribution extraordinaire sur les profits de guerre de 1916 suscitera l’opposition des industriels. « Qu’on parle d’imposer les gains amassés sur les fournitures de guerre et aussitôt, ce prodige qu’est le capitalisme désintéressé s’évanouit, laissant le devant de la scène à la rationalité ordinaire, celle du meilleur écart entre le bénéfice net et le chiffre d’affaires. (…) La comptabilité en partie double prévaut alors, et elle ne comporte en général pas de rubrique « intérêt de la patrie ». La guerre se présente alors pour ce qu’elle est aux yeux des industriels : une conjoncture économique riche de potentialités », commente François Bouloc.

Les profits amassés par l’industrie à la faveur du conflit font débat des deux côtés de la ligne bleue des Vosges. En Allemagne, une commission parlementaire examine aussi à partir de 1916 les gains des entreprises impliquées dans les productions militaires. Les industries coopèrent peu, mais la commission obtient quelques résultats probants. Elle établit que les seize plus grandes entreprises houillères et sidérurgiques allemandes ont multiplié leurs bénéfices par au moins huit entre 1913 et 1917 ! Près de trois-quarts du chiffre d’affaires de Bayer, qui produit notamment le tristement célèbre gaz moutarde, vient de ses productions de guerre. L’Allemagne aussi voit des épopées industrielles naître à la faveur du conflit : le futur constructeur automobile BMW se lance en 1917 en fabriquant des moteurs pour les avions de combats. Après l’armistice, même si les industriels allemands subissent confiscations et obligations de détruire leurs usines d’armement, les grandes entreprises comme Krupp se sont vite relevées.

Des colonies très profitables

Krupp équipe l’armée allemande en artillerie. C’est l’entreprise qui a mis au point le canon géant la « grosse Bertha ». D’une portée de 120 km, la « grosse Bertha » tirera en 1918 plus de 300 obus sur Paris pour faire craquer psychologiquement la population. Krupp – aujourd’hui fusionné avec Thyssen – a alors plus que doublé ses bénéfices. Ceux-ci passent de 31 millions de marks en 1913-1914 à plus de 79 millions en 1916-1917. Le fabricant d’armes allemand Rheinmetall, fondé en 1899, a lui multiplié ses profits par dix grâce à la guerre : de 1,4 million de marks à plus de 15 millions [7].« Celui qui réalise des performances exceptionnelles dans des circonstances exceptionnelles a le droit à une rémunération exceptionnelle », justifie alors le directeur du groupement de l’industrie allemande de l’acier et du fer, Jakob Reichert. Il ne parle évidemment pas de ce qu’endurent les fantassins dans la boue et la mitraille des tranchées… « Pour ces grandes entreprises, la guerre s’est révélée être quelque chose d’indiscutablement très profitable », analyse l’historien allemand Hans-Ulrich Wehler.

L’économie de guerre et les profits qu’elle génère se globalisent. Au Royaume-Uni, la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Shell (fondée en 1907) grandit également à la faveur du conflit. Elle approvisionne en essence le Corps expéditionnaire britannique envoyé sur le continent (600 000 soldats en 1916). Shell fournit aussi 80 % du TNT utilisé par l’armée. Tout en continuant à prospecter du pétrole dans des zones à l’abri du conflit, comme le Venezuela, le Mexique ou la Malaisie. À la fin des années 1920, Shell devient la première compagnie pétrolière mondiale. Car les matières premières jouent un rôle crucial.

Dans les mines du Katanga au Congo belge (la République démocratique du Congo aujourd’hui), la production de cuivre s’intensifie. « Les obus britanniques et américains à Passendale, Ypres, Verdun et dans la Somme avaient des douilles en laiton composé à 75% de cuivre katangais. Les pièces de leurs canons étaient faites en cuivre pur durci. Les balles de leurs fusils avaient quant à elles des douilles en cuivre blanc avec une teneur en cuivre de 80%. Les torpilles et les instruments de marine étaient fabriqués en cuivre, en bronze et en laiton », raconte le journaliste belge David Van Reybrook [8]. Plusieurs cultures sont rendues obligatoires, comme le coton pour les uniformes. Résultat : « En pleine guerre, les exportation coloniales passèrent de 52 millions de francs belges en 1914 à 164 millions en 1917. » Pour le plus grand bonheur des actionnaires de l’Union minière du Katanga, dont la banque Société générale de Belgique, aujourd’hui intégrée dans Suez (GDF Suez et Suez Environnement).

L’hyperproductivité, un devoir patriotique

Toute l’industrie ne profite pas au même niveau de la Grande Guerre. Mais globalement, « le vaisseau du capitalisme français ne se trouve donc pas trop malmené par le typhon qui fait rage sur l’Europe et la France entre 1914 et 1918 », souligne l’historien François Bouloc. « Le premier conflit mondial s’avère en effet être une conjoncture économique favorable doublée d’un moment de mutations sociales et organisationnelles très favorables au capital et, a contrario, défavorables au travail ». Pendant que les industriels arrivent à préserver, voire à augmenter, leurs marges, « les travailleurs sont quant à eux sommés d’oublier l’ennemi de classe pendant le conflit », rappelle l’historien.

Les niveaux de rendement exigés dans les usines sidérurgiques et d’armements imposent des réorganisations. Le taylorisme débarque en France – André Citroën en sera l’un des plus fervents adeptes. Sans que les ouvriers puissent s’y opposer. Car les ouvriers qualifiés – les affectés spéciaux – travaillent dans la menace permanente d’être renvoyés au front. Le discours sur l’Union sacrée, auquel se sont ralliés les syndicats majoritaires, domine. Chacun est sommé de se fondre dans un « esprit de travail », et de laisser pour plus tard ses revendications. « Devenue un devoir patriotique, l’hyperproductivité donnait un argument de poids à la réorganisation taylorienne du travail [...] Le salaire à la tâche, qui indexait directement la paye des ouvriers sur la vitesse et la précision de leur production, fut l’aspect le plus souvent retenu du système de Taylor », décrit l’historienne Laura Lee Downs [9].

Si les grèves se multiplient à partir de 1917, motivées par la hausse des prix ou la revendication du samedi chômé, elles sont principalement menées par les femmes, recrutées en masse pour remplacer les ouvriers partis au front. « Ainsi, ce contre quoi les ouvriers qualifiés avaient lutté pied à pied avant 1914 se trouvait irrémédiablement instauré dans les ateliers, la déconfiture politique de 1914 de l’internationalisme face à la guerre se trouvant par là augmentée d’une défaite sociale » , observe François Bouloc.

Dans l’entre-deux guerres, la question des profits de guerre ne cesse de revenir dans le débat politique. En Italie, où l’on parle de « requins », « le premier programme fasciste – un modèle de démagogie – prévoyait la confiscation de 85% des bénéfices de guerre », rappelle l’historien toulousain Rémy Cazals [10]. En 1938, en France, alors que le second conflit mondial s’approche, une loi sur l’organisation de la nation en temps de guerre interdit aux sociétés qui travaillent directement pour la défense nationale d’engager, à ce titre, des bénéfices. Le 20 septembre 1939, alors que les armées du 3ème Reich envahissent la Pologne, le député Paul Reynaud déclare à l’Assemblée nationale qu’il n’est pas possible, à l’occasion du conflit qui commence, de « tolérer l’enrichissement scandaleux de la guerre de 14-18 » [11]. La défaite éclair de l’armée française en 1940 coupe court à cette inquiétude. Une autre page se tourne, celle de la collaboration avec le régime nazi, y compris économique. Une collaboration à laquelle nombre de patrons français vont participer sans trop de scrupules. Mais là, c’est une autre histoire.

Ivan du Roy et Rachel Knaebel



Notes

[1] Antoine Prost, Jay Winter, Penser la Grande Guerre. Un essai d’historiographie, Paris, Seuil, 2004.

[2] Voir ici pour Renault et là (en pdf) pour Schneider http://www.renault.fr/decouvrez-renault ... e-renault/.

[3] Les citations de l’historien François Bouloc sont tirées de son article « Des temps heureux pour le patronat : la mobilisation industrielle en France », disponible sur le site de l’éditeur numérique cairn.info http://www.cairn.info/zen.php?ID_ARTICLE=MATE_091_0012# ou d’un article publié par le Collectif de recherche international et de débat sur la guerre de 1914-1918 sur son site http://crid1418.org/espace_scientifique ... enance.htm.

[4] Source : La mobilisation industrielle, « premier front » de la Grande Guerre ?, Rémy Porte, Éditions 14-18, Paris, 2006.

[5] Source : Les Échos http://www.lesechos.fr/enjeux/business- ... 021769.php.

[6] Clermont-Ferrand, 1912-1922 : la victoire du pneu, 1997.

[7] Sources : Spiegel http://www.spiegel.de/spiegel/spiegelsp ... 00041.html et Deutsche Gesellschaftsgeschichte Bd. 4 : Vom Beginn des Ersten Weltkrieges bis zur Gründung der beiden deutschen Staaten 1914-1949, Hans-Ulrich Wehler, 2003, C.H. Beck Verlag.

[8] Dans son livre Congo, Une histoire, Ed. Actes Sud, juin 2012.

[9] L’Inégalité à la chaîne. La division sexuée du travail dans l’industrie métallurgique en France et en Angleterre (1914-1939), Paris, Albin Michel, 2002.

[10] Les mots de 14-18, Presse universitaire du Mirail.

[11] Source : La mobilisation industrielle, « premier front » de la Grande Guerre ?, Rémy Porte, Éditions 14-18, 2006, p 215.

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Re: Commémoration de la première guerre mondiale

Messagede bipbip » 16 Sep 2014, 02:53

Première Guerre mondiale : va-t-on commémorer les exploits de l’industrie chimique ?

C’est l’une des grandes « innovations » de la Première Guerre mondiale : les armes chimiques. Les gaz de combat, dont le fameux gaz moutarde, ont été utilisés par les deux camps, et mis au point par de grands groupes industriels, comme les ancêtres de Péchiney et Rhodia côté français, ou Bayer côté allemand. Une implication historique que le géant allemand de la chimie, aujourd’hui fabricant de médicaments et d’OGM, aimerait bien faire oublier.

Dès l’automne 1914, le ministère de la Guerre allemand lance des recherches pour utiliser les produits toxiques contenus dans les teintures afin de développer des gaz de combat. Carl Duisberg, le patron de l’entreprise chimique Bayer, fondée en 1863, en prend la tête. L’entreprise est aujourd’hui plus connue pour ses médicaments, ou ses OGM, que pour avoir inventé les armes chimiques, dont le fameux « gaz moutarde » ! L’usine Bayer de Leverkusen produit du gaz de combat, d’abord du gaz chloré, dès 1915. Il est expérimenté pour la première fois en janvier 1915 sur le front de l’Est, contre les Russes. Puis en Belgique : la deuxième attaque chimique se déroule contre le saillant d’Ypres, le 22 avril 1915.

Le sulfure d’éthyle dichloré, diffusé par les vents après l’explosion d’obus, attaque les yeux et les poumons et provoque des brûlures chez les combattants britanniques et français, tuant un millier de soldats et déclenchant un mouvement de panique. Au fil du conflit, ces premiers gaz seront agrémentés de nouvelles substances toxiques, donnant naissance au gaz moutarde, employé pour la première fois en 1917, par les Allemands, encore une fois à Ypres (et 70 ans plus tard par la dictature de Saddam Hussein contre les Kurdes, puis l’Iran). Les premières « armes de destruction massive » sont nées. La guerre chimique a commencé.

90 000 tués par les gaz de combat

Après Ypres, les alliés dénoncent la barbarie allemande. L’emploi d’obus contenant des gaz asphyxiants est d’ailleurs interdite par la Convention de La Haye de 1899. Ce qui ne les empêche pas d’accélérer eux-mêmes leurs recherches en matière de gaz mortels. En France, des gaz lacrymogènes ont déjà été mis au point avant la guerre pour les forces de l’ordre, afin de réprimer les « bandes anarchistes ». Une « Commission d’étude chimique de guerre » est chargée de concevoir de nouveaux produits, plus meurtriers. Et l’industrie est mobilisée (lire notre enquête). C’est la Compagnie des produits chimiques d’Alais et de la Camargue – le futur Péchiney – qui se lance dans la production de gaz de combat. Du chlore est fabriqué dans l’usine chimique de Saint-Auban (Alpes-Maritimes) et dans celle de Pont-de-Claix (Isère), qui, inaugurée en 1916, existe encore aujourd’hui [1] Air liquide, entré en bourse en 1913, livre de même du chlore à l’armée française et contribue à la fabrication de mines.

Les Français améliorent l’ypérite allemande en y ajoutant du phosgène, un gaz suffocant très toxique. La Société chimique des usines du Rhône, une branche du futur Rhône-Poulenc (créé en 1928) – dont les activités seront bien plus tard intégrées dans Rhodia ou Aventis (fusionné ensuite avec Sanofi) – livre la première cargaison française de gaz moutarde. C’est en 1918, un an après l’utilisation de ce nouveau gaz létal par les Allemands dans le secteur de Verdun. L’arme chimique française sera utilisée contre les troupes allemandes pendant la seconde bataille de la Marne durant l’été 1918. De 1915 à 1918, l’industrie française produit ainsi 36 000 tonnes de gaz toxiques [2]. Au total, les belligérants disperseront sur tous les théâtres d’opérations plus de 110 000 tonnes de gaz de combat, provoquant directement plus de 90 000 morts.

Les exploits de l’industrie chimique durant la Grande guerre ne s’arrêtent pas là. En Allemagne, elle fait face à un manque de main d’œuvre. Pour y répondre, Carl Duisberg, le patron de Bayer, encourage le commandement militaire allemand à faire appel à des travailleurs forcés de Belgique, alors occupée [3] Le patron de Bayer n’était pas le seul dans ce cas. Le fabricant de canons Gustav Krupp et l’industriel des mines et de l’acier Hugo Stinnes font de même. En 1916, environ 60 000 Belges sont ainsi déportés vers l’Allemagne pour y travailler.

La mémoire sélective de Bayer

L’opération provoque des protestations internationales et tourne court. Les travailleurs belges pourront finalement rentrer chez eux. « Mais selon beaucoup d’historiens, cette tentative a été comme un modèle du programme de travail forcé de la chimie allemande pendant la Deuxième Guerre mondiale », souligne Philipp Mimkes, de la Coordination contre les dangers de Bayer, CBG, basée à Düsseldorf. L’association allemande rappelle depuis 30 ans Bayer à ses responsabilités historiques. Cette année encore, elle a utilisé son temps de parole lors de l’assemblée générale des actionnaires de l’entreprise pour évoquer le rôle du fondateur de Bayer dans la Première Guerre mondiale. En vain. « Les réactions de Bayer sont toujours les mêmes. L’entreprise a répondu que Carl Duisberg était un homme respecté, un chercheur important, qu’il avait fait construire des logements pour les ouvriers... », regrette Philipp Mimkes. « Ça en devient même embarrassant. L’année dernière, Bayer a fêté ses 150 ans. À cette occasion, la direction a réédité une histoire de l’entreprise écrite par un de ses collaborateurs, et qui date de 1988 ! Ce n’est plus du tout à jour par rapport à l’état de la recherche. Et c’est la même chose sur la Deuxième Guerre mondiale. Il existe de très nombreux dossiers sur le rôle de la chimie allemande dans les crimes nazis, ne serait-ce que les protocoles des procès de Nuremberg… Mais Bayer n’a jamais engagé d’investigation sur le sujet. »

Gaz toxique et travail forcé constituent en effet les prémices de ce qui va se dérouler deux décennies plus tard. En 1925, les trois géants de l’industrie chimique allemande, Bayer, BASF et Hoechst, se regroupent dans le conglomérat IG-Farben. Pendant la Seconde Guerre mondiale, cet empire industriel aura encore une fois recours à des dizaines de milliers de travailleurs forcés parmi les prisonniers d’Auschwitz. Le groupe chimique ira même jusqu’à fabriquer et fournir au régime nazi le gaz Zyklon-B utilisé dans ses camps d’extermination. En 1948, treize dirigeants du conglomérat chimique sont condamnés à des peines allant d’un an et demi à huit ans de prison…. Après 1945, IG-Farben est démantelé et Bayer, BASF et Hoechst (intégré ensuite dans Rhône-Poulenc) reprennent tranquillement leurs activités.

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Re: Commémoration de la première guerre mondiale

Messagede bipbip » 18 Sep 2014, 02:29

Dossier Histoire : La grande Guerre : Pouvait-on l’empêcher ?
Mensuel Alternative libertaire été 2014


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Guerre de 1914-1918
Pouvait-on l’empêcher ?
Que s’est-il passé exactement  ? Entre le samedi 25 juillet – jour où la presse donne connaissance de l’ultimatum autrichien – et le mardi 4 août 1914 (...)


Dossier 1914 : la Grande Guerre, pouvait-on l’empêcher ?
http://www.alternativelibertaire.org/?D ... nde-Guerre

Dossier 1914 : Action, reculade, effondrement : onze journées dramatiques
http://www.alternativelibertaire.org/?D ... n-reculade

Dossier 1914 : Viviani : l’art de l’enfumage gouvernemental
http://www.alternativelibertaire.org/?D ... l-art-de-l

Dossier 1914 : Les fractions du mouvement ouvrier à la veille de la guerre
http://www.alternativelibertaire.org/?D ... actions-du

Dossier 1914 : Contre la guerre  : trois stratégies (CGT, PS, FCA)
http://www.alternativelibertaire.org/?D ... e%E2%80%88

Dossier 1914 : Pourquoi le Carnet B n’a-t-il pas été appliqué  ?
http://www.alternativelibertaire.org/?D ... e-Carnet-B

Dossier 1914 : Émile Aubin : «  Silence, les gueulards !  »
http://www.alternativelibertaire.org/?D ... mile-Aubin

Dossier 1914 : Chronologie : Quatre ans de montée vers la guerre
http://www.alternativelibertaire.org/?D ... gie-Quatre

Dossier 1914 : Épilogue : Résister à l’union sacrée
http://www.alternativelibertaire.org/?D ... sister-a-l
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Re: Commémoration de la première guerre mondiale

Messagede ARTHUR » 22 Sep 2014, 12:39

Le cinéma du peuple
Coopérative (octobre 1913 - août 1914)


La journée de « commémoration critique » débutera par la question de la propagande par l’image.

Les militants, syndicalistes et anarchistes, qui luttaient farouchement contre le militarisme s’intéressèrent précocement aux vecteurs de communication de masse que furent les journaux à grand tirage d’abord, et le cinéma naissant.

Nous avons donc le plaisir de vous convier, dès 13H00, à la projection exceptionnelle d’un film produit par « le cinéma du Peuple », dans les conditions de l’époque et les commentaires d’un bonimenteur syndical, puis de rencontrer pour débattre ensuite Nina Almberg, documentariste vidéo et son et auteure avec Tangui Perron d’un travail de recherche sur Gustave Cauvin et le Cinéma du Peuple.

« Mon ami Gustave Cauvin était le conférencier officiel et moi son aide bénévole pour la préparation matérielle de ses conférences avec cinéma. Mon rôle consistait à amener depuis la gare des trains de banlieue la plus proche de la salle, le matériel qui consistait, outre l’appareil de projection, en une grosse bouteille de gaz acétylène pour la projection des films, car l’éclairage électrique n’avait pas encore remplacé le gaz de ville, puis à la cadence de mes bras, je tournais la manivelle pour le déroulement des bandes, pendant que Cauvin parlait. Nous avons fait ainsi presque le tour de Paris, et plus tard de Lyon. »

Henri Poulaille : « Mon ami Calandri », Paris, Spartacus,1970,

Alors qu’en 1913, Paris possède déjà près de 200 salles de cinéma et un million de spectateurs par an, un groupe de syndicalistes et d’anarchistes, étrangers à l’industrie cinématographi­que, créent, devant notaire, le 28 octobre 1913, la société coopérative anonyme à capital et personnel variables : « Le Cinéma du Peuple ». Dans ses statuts, il est précisé : » La société s’efforcera d’élever l’intellectualité du peuple ».

Pour ceux que la suite intéresse: http://www.cnt-f.org/subrp/spip.php?article593


"En Août 1914: Que reste-t-il de l'antimilitarisme et de l'antipatriotisme ?"
Journée de commémoration critique organisée par le Syndicat du Bâtiment, le 8 novembre 2014 - 33, rue des Vignoles 75020 Paris
programme: http://www.cnt-f.org/subrp/spip.php?article586
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Re: Commémoration de la première guerre mondiale

Messagede bipbip » 01 Oct 2014, 01:30

Pourquoi la France est-elle le pays qui a le plus fusillé « pour l’exemple » pendant la Grande guerre ?

Au moins 918 soldats français ont été exécutés entre 1914 et 1918. Ce qui fait de l’armée française celle qui a le plus fusillé, avec l’armée italienne, loin devant l’Allemagne et les pays anglo-saxons, selon la comptabilité officielle. Si plusieurs soldats condamnés à mort ont, depuis, été réhabilités, le sujet, un siècle plus tard, suscite toujours la controverse. Tour d’Europe des « fusillés pour l’exemple ».

... http://www.bastamag.net/Grande-Guerre-u ... -monde-des
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Re: Commémoration de la première guerre mondiale

Messagede ARTHUR » 06 Oct 2014, 11:38

Commémoration critique de 14-18 : Le loto des citations
« Ou l’art du retournement de veste »

De la première année du vingtième siècle au mois d’août 1914, début de la grande boucherie, beaucoup d’acteurs importants du mouvement social se sont exprimés au sujet de l’antimilitarisme et de l’antipatriotisme. Certains parmi ceux-ci sont devenu des icônes que n’importe qui s’approprie aujourd’hui, d’autres ont disparu, oubliés et quelques uns eurent ce parcours politique ou personnel étonnant du retournement de veste militariste qu’aurait peut-être pu laisser présager certaines de leurs déclarations quelque peu … excessives.

Il nous a semblé que pour entamer le second thème : « La propagande par le verbe », de cette journée de commémoration critique sur l’année 1914, et mettre un peu d’interactivité sur cet échange savant, ce loto des citations offrirait une bonne « mise en mots ».

Pour connaître la "règle du jeu":
http://www.cnt-f.org/subrp/spip.php?article600

Pour connaître le programme de la journée du 8 novembre prochain:
http://www.cnt-f.org/subrp/spip.php?article586

Fraternelles Salutations Syndicalistes
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Re: Commémoration de la première guerre mondiale

Messagede ARTHUR » 07 Oct 2014, 12:15

« LA PROPAGANDE PAR L’ACTION : Ou comment saboter la mobilisation ? »
Le carnet « B »
Commémoration critique de la guerre de 14-18 : 8 NOVEMBRE 2014 de 13H00 à 23H00

Après avoir abordé précédemment : « La propagande par le verbe », et vu de quelle manière : anarchistes socialistes et syndicalistes avaient lutté contre la loi des 3 ans, et le militarisme en général, nous aborderons leur attitude face au conflit à venir et le parcours de certains durant la guerre.
A cette fin, il est impossible de faire l’impasse sur la menace personnelle qui pesait sur certains d’entre eux du fait de leur possible inscription au mystérieux Carnet B.

Le 1er août 1914, en France, l’ensemble du mouvement ouvrier, militants politiques et syndicalistes, adhère à l’Union sacrée pour défendre le territoire contre l’Allemagne. Ce ralliement entraîne l’annulation des mesures de répression prévues par l’Etat contre ceux, parmi les militants ouvriers, identifiés comme dangereux en cas de mobilisation, et fichés dans chaque département au carnet B.

Par l’arrêté préfectoral du 14 février 1914, sont en effet considérés comme dangereux : « tous les individus dont l’attitude et les agissements sont de nature à permettre de les considérer comme susceptibles d’entraver le bon fonctionnement de la mobilisation par le sabotage ou la destruction du matériel de la télégraphie, des chemins de fer […] ou de fomenter des désordres au cours de la période de la mobilisation. »

Créé en 1886 par le général Boulanger et géré par les préfectures et les gendarmeries, le carnet B était à l’origine destiné à recenser les individus soupçonnés d’espionnage, mais, en 1914, sur environ 2 500 noms inscrits, 1 771 le sont pour une autre raison. Ce sont avant tout les anarchistes, les syndicalistes et les antimilitaristes que l’on répertorie.

Une inscription au carnet B signifiait que l’individu pouvait être mis en état d’arrestation sur une simple décision du préfet qui devait juste remplir un formulaire blanc, préparé à l’avance, et joint au dossier.

Il faudra attendre le 18 juillet 1947 pour que le Carnet B soit définitivement abrogé.

La suite sur: http://www.cnt-f.org/subrp/spip.php?article602

Le meilleur à venir (voir le programme de la journée: http://www.cnt-f.org/subrp/spip.php?article586

Fraternelles Salutations Syndicalistes
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Re: Commémoration de la première guerre mondiale

Messagede ARTHUR » 13 Oct 2014, 10:45

« PUTAIN DE GUERRE ! »
UN SPECTACLE de DOMINIQUE GRANGE et TARDI,

Samedi 8 novembre 2014, à 21H00

33, rue des Vignoles - 75020 Paris
Entrée : Libre et gratuite

Dans le cadre de sa journée de commémoration critique de la 1ère Guerre mondiale, le Syndicat Unifié du Bâtiment, Confédération Nationale du Travail (CNT-f) vous convie à une représentation exceptionnelle de :
« PUTAIN DE GUERRE ! »

Composé de chansons, lectures et projection d’œuvres de TARDI, dont des dessins inédits réalisés pour le spectacle.
Dominique Grange chante ses propres textes, ainsi que des textes de Montéhus, de Sébastien Faure, Vian…et ceux de combattants anonymes, comme « La Chanson de Craonne », « Gorizia ».
Tardi dit des textes antipatriotiques et antimilitaristes, extraits des Tomes 1 et 2 de « Putain de guerre ! », album réalisé avec l’historien Jean-Pierre Verney (Casterman).
Ses dessins sont projetés sur un grand écran et plongent les spectateurs dans une évocation puissante de la « Der des Ders ».

accompagnés par Raphaël Maillet (Violon, mandoline), Michaël Bidault (Accordéon), du groupe « Accordzéâm ».

Montage / Projection Images : Antoine Sirven

Pour l'ensemble du programme: http://www.cnt-f.org/subrp/spip.php?article586
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Re: Commémoration de la première guerre mondiale

Messagede ARTHUR » 14 Oct 2014, 19:01

Maudite soit la guerre
Projection à la cité de la musique



Si vous êtes à Paris, ou venu à Paris pour participer à la journée de commémoration critique organisée par notre syndicat ne ratez pas la projection exceptionnelle du film « Maudite soit la guerre ».

Projeté le lundi 10 novembre 2014 à 20H00, à la Cité de la Musique [1].

Ce film mélodramatique et pacifiste belge, réalisé par Alfred Machin [2], sorti à Paris le 29 mai 1914, évoquant dans le contexte d’une guerre entre deux puissances imaginaires, la rivalité entre deux aviateurs, est un témoignage étonnant de l’esprit qui précéda la grande boucherie.

Film à l’écriture et montage moderne, colorié à la main, il porte la marque d’un réalisateur formé à l’école Pathé du documentaire et reste prémonitoire sur l’utilisation que fera la propagande belliciste, à venir, du reportage dans les tranchées. Fresque à « grand spectacle » il bénéficia d’importants moyens matériels et financiers et surtout de la mise à disposition par l’armée belge de deux bataillons de fantassins, de dirigeables, d’avions….

La suite de l'article sur: http://www.cnt-f.org/subrp/spip.php?article609
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Re: Commémoration de la première guerre mondiale

Messagede ARTHUR » 21 Oct 2014, 12:17

Appel pour la création d’un Comité Scientifique 1914/1921

Le Syndicat Unifié du Bâtiment (SUB TP BAM Région parisienne) de la Confédération Nationale du Travail (CNT-f) souhaite réaliser sur les 8 années à venir, un travail de mémoire au sujet de l’impact du premier conflit mondial sur le syndicalisme français (de 1914 à 1921).

Ce travail trouvera son expression, chaque année (aux alentours du 11 novembre), dans une manifestation publique, consacrée à un point de vue particulier.

Le programme (non définitif) est à ce jour :

2014/1914 : Antimilitarisme et antipatriotisme avant août 14
2015/1915 : Femmes dans la guerre et la production de guerre
2016/1916 : Peuples colonisés dans la guerre et la production de guerre
2017/1917 : Refuser la guerre - Un espoir se lève à l’Est
2018/1918 : L’industrie de guerre et le syndicalisme d’intégration
2019/1919 : Qui sont les nouveaux syndiqués en 1919 ?
2020/1920 : La question de la reconstruction aux origines d’un planisme syndical ?
2021/1921 : La scission syndicale

Notre syndicat souhaite à cette occasion permettre et soutenir la production de travaux scientifiques historiques, dans le cadre des thèmes abordés, mais touchant plus particulièrement nos métiers du Bâtiment, des Travaux Publics, du Bois de l’ameublement et des matériaux de construction.

Pour cela, il envisage de favoriser la création d’un comité scientifique, qui puisse guider comme veiller à la cohérence et à la rigueur de ces manifestations, des expositions et ouvrages publiés à cette occasion.

Le syndicat espère que la constitution et le fonctionnement de ce comité scientifique permettra de susciter de l’intérêt dans les milieux universitaires, de rencontrer les préoccupations des chercheurs ou des enseignants, et d’intéresser le grand public.

Programme 2014: http://www.cnt-f.org/subrp/spip.php?article586
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Re: Commémoration de la première guerre mondiale

Messagede ARTHUR » 29 Oct 2014, 07:49

Quand la com managériale repeint la guerre de 14...

par Section CNT-SUB-EAL

Nous avons été conviés par notre ministre Ségolène Royal à célébrer le ministère des travaux publics et son patrimoine humain dans les défis de l’effort de guerre en 1914 en visionnant une exposition photo virtuelle.

A la CNT, nous ne célébrons pas les morts dans la guerre, nous les commémorons et les pleurons en maudissant cette boucherie. A la CNT, nous n’utiliserons pas un mot dérivé du management comme patrimoine humain pour désigner les victimes de la guerre, un cadavre de guerre n’est pas une ressource humaine mais un meurtre d’état. A la CNT, l’effort de guerre n’est pas un défi à relever mais une tragédie à combattre.

Pour nous, tous ces morts méritent mieux que cette exposition virtuelle de photos, nous leur rendrons hommage dans les dessins et le spectacle vivant "Putain de Guerre" du dessinateur Tardi et de la chanteuse Dominique Grange, le 8 novembre 2014.

Cette journée portera sur l’état des mouvements antimilitaristes et antipatriotiques au moment de la mobilisation de 1914 avec de nombreux intervenants, des projections de films d’époque, un loto de citations, un chamboulle-tout révolutionnaire et des lectures par une comédienne de textes choisis. Le programme complet.

Nous vous invitons à nous rejoindre le 8 novembre à partir de 13h.

Au siège du syndicat CNT-SUB
33 rue des vignoles 75020 Paris - Métro Buzenval ou Avron
Entrée libre et gratuite

http://www.cnt-f.org/subrp/spip.php?article586
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Re: Commémoration de la première guerre mondiale

Messagede bipbip » 01 Nov 2014, 15:04

1914-2014 - Les résistances à la guerre en région lyonnaise s’affichent !

Exposition du 4 au 15 novembre 2014, de 12 heures à 19 heures, à la Maison des Passages 44 rue Saint-Georges, 69005 Lyon (métro Vieux Lyon).


Image


En complément aux nombreuses manifestations qui commémorent le centenaire de la Première Guerre mondiale, l’Observatoire des armements et le Cedrats — deux centres de documentation à Lyon — ont fait des recherches pour montrer les différentes initiatives qui ont exprimé leur opposition à toutes les guerres dans la région lyonnaise, depuis le début du XXe siècle.

Ces recherches ont abouti à la réalisation d’une exposition qui s’appuie sur la documentation recueillie depuis 30 ans par l’Observatoire des armements, riche de plus de 250 affiches, tracts, coupures de presse, revues, photos, sur des recherches auprès des Archives départementales du Rhône, sur des documents prêtés par les Archives municipales de Lyon, le Musée Mundaneum (Belgique), le Centre de documentation libertaire de Lyon…

En parcourant diverses initiatives de refus et de lutte contre l’armée, pour la paix, l’objection, l’insoumission, l’exposition montre que, bien que minoritaire, ce mouvement de refus a toujours perduré, y compris dans des situations de guerre, et reste d’actualité comme un choix possible, en 2014, dans un monde où guerres et conflits sont plus que jamais présents.

L’inauguration de l’exposition aura lieu le 4 novembre à 18 h 30

Parallèlement à cette exposition, une soirée cinéma avec la projection de Johnny got his gun, suivie d’un débat, sera organisée le lundi 17 novembre à 20 heures, au cinéma Comoedia, 13 avenue Berthelot, 69007 Lyon.


Cette exposition organisée par l’Observatoire des armements et le Cedrats

Contact : expo2014@obsarm.org / Tél. 04 78 36 93 03

http://rebellyon.info/1914-2014-Les-res ... re-en.html
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Re: Commémoration de la première guerre mondiale

Messagede Pïérô » 03 Nov 2014, 03:02

Dimanche 9 novembre

La Dionyversité au Musée de Saint-Denis

La Grande Guerre au petit écran

La guerre de 14-18 correspond à un champ télévisuel tellement familier qu'on en arriverait presque à le qualifier de "marronnier".

Longtemps, La Grande Guerre fut célébrée directement par une majorité de Français, en une commémoration collective et cérémoniale devant le monument aux morts de la commune. Le traitement télévisuel de la guerre connaît un infléchissement notable depuis le début des années 60.

S'adressant au départ à un public ayant éprouvé les souffrances fort distinctes des deux conflits mondiaux, la petite lucarne doit s'adapter à l'évolution des téléspectateurs, de leur culture ou de leurs attentes en matière de mélodrames ou de reconstitutions. Bien sûr, la télévision n'est pas "historienne", mais sa vision de l'histoire implique des problèmes et des enjeux qui touchent un imaginaire reconstruit partiellement par des fictions.

La conférence sera l'occasion de présenter le livre sur lequel elle s'appuiera, à savoir : La Grande guerre au petit écran, les représentations de la Première Guerre mondiale à la télévision, par Ariane Beauvillard et Laurent Bihl, aux Éditions Le Bord de l'eau (avril 2014).

Achetez-le et lisez-le si vous souhaitez engueuler l'auteur !

Conférence-débat de Laurent Bihl.

Entrée libre et gratuite.

à 15h, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis, 22 bis, rue Gabriel-Péri, Saint Denis (93)


Image
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