UCL Quebec, Union Communiste Libertaire

l'UCL, Quebec, en congrès

Messagede Pïérô » 14 Sep 2011, 01:37

Communiqué de l'UCL, en congrès :

Deuxième congrès de l’UCL :
Construire nos outils pour réparer le monde


8 septembre 2011 // L’Union Communiste Libertaire (UCL), une organisation anarchiste québécoise qui aura bientôt 3 ans, a tenu son deuxième congrès la fin de semaine dernière à Montréal. Les sympathisantes, sympathisants et membres du Collectif anarchiste La Nuit de Québec, du Collectif Emma Goldman de Saguenay et du Collectif de Montréal se sont réuni-e-s en compagnie de quelques observatrices et observateurs de Gatineau. L’événement a su susciter une vague d’optimisme chez les compagnes et compagnons qui y ont participé, un engouement renouvelé qui se répercutera concrètement dans les activités de l’organisation et la participation quotidienne aux luttes pour le changement social.

Dans le contexte du développement d’un mouvement étudiant combatif qui pourrait mener à une nouvelle grève générale à l’hiver, il a été résolu de faire de la lutte étudiante une priorité dans le plan d’action de l’organisation pour les prochains mois. Un journal spécifiquement anarchiste ayant trait au mouvement étudiant sera publié et diffusé dans plusieurs villes. De plus, il sera tenté de développer des liens de solidarité active entre le milieu étudiant et les autres secteurs en lutte contre les mesures d’austérité budgétaire.

Afin de favoriser des rapports plus égalitaires et donner une place plus prépondérante aux luttes féministes, un Comité Femmes non-mixte a été fondé. Le congrès a également été l’occasion de renouveler entièrement le secrétariat fédéral, dont la composition atteint maintenant la parité femmes/hommes et une représentation géographique satisfaisante. Dans le contexte de la création de l’escouade GAMMA par le Service de Police de la Ville de Montréal, une escouade spécialisée dans la surveillance et la répression des mouvements politiques anarchistes et radicaux, l’Union Communiste Libertaire s’est dotée d’un nouveau fonds de défense légal pour ses sympathisantes, sympathisants et membres.

Nous avons eu le plaisir de recevoir de sympathiques délégués des organisations communistes libertaires Common Cause d’Ontario et Alternative Libertaire de France. De même, nous souhaitons remercier l’Internationale des Fédérations Anarchistes, la First of May Anarchist Alliance, Common Cause, la Federazione dei Comunisti Anarchici, la Libertarian Communist Federation, la Workers Solidarity Alliance et la Fédération Anarchiste de France pour leurs messages de solidarité en vue du congrès.

Partageant l’expérience de plus d’une dizaine d’années de militantisme communiste libertaire au Québec, les sympathisantes, sympathisants et membres de l’Union Communiste Libertaire participent activement aux mouvements sociaux qui secouent la province et au développement théorique des idées anarchistes. Motivé-e-s par une alternative libertaire cohérente face au désordre de la société capitaliste et patriarcale, les militantes et militants s’appliquent, en public comme en privé, à lutter contre toutes les formes d’oppression et à transformer la vie. Où que vous soyez au Québec, l’UCL est une organisation anarchiste dynamique et facilement contactable, engagée à supporter et outiller les militantes sociales et militants sociaux intéressé-e-s par nos idées.

Embrassade solidaire,
Secrétariat fédéral.

Union Communiste Libertaire
ucl@causecommune.net
http://www.causecommune.net
Union communiste libertaire a/s E. H.
C.P. 55051, 138 St-Vallier Ouest
Québec (Québec), G1K 1J0


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Re: l'UCL, Quebec, en congrès

Messagede Pïérô » 08 Nov 2012, 02:13

Troisième congrès de l'UCL

Troisième congrès de l'UCL

Septembre 2012 // L’Union communiste libertaire (UCL), une fédération anarchiste québécoise qui aura bientôt quatre ans, a tenu son troisième congrès la fin de semaine dernière au Saguenay. Des participants et participantes des trois collectifs locaux (Québec, Saguenay, Montréal) se sont réuni-e-s afin de planifier la prochaine année et de réfléchir à différentes préoccupations.
Le congrès se tenait dans un contexte d’élections provoquées afin de mettre fin à six mois d’effervescence politique et sociale déclenchés par le mouvement de grève étudiant. Plusieurs perspectives de réflexion et d’action ont été dégagées des discussions. Devant l’engouement que suscitaient des sujets tels que la quête de légitimité des associations étudiantes en grève et de leurs moyens d’action, le traitement médiatique des contestations politiques, la place négligée du féminisme dans la lutte et les moyens utilisés par l’État pour dé-solidariser, intimider, réprimer et pacifier les mouvements sociaux, une campagne portant sur le thème de la démocratie fut adoptée pour la prochaine année. Des tournées dans plusieurs villes seront organisées et des parutions sur le sujet seront diffusées.

Outre ces préoccupations, la fédération a pris la décision d'approfondir ses travaux sur les enjeux liés aux luttes environnementales, écologiques et anti-productivistes.

La sensibilité grandissante aux revendications et pratiques féministes a par ailleurs permis de rappeler le caractère indissociable du féminisme et du communisme libertaire – dans la théorie, mais surtout dans la pratique! – par le biais de nouvelles pratiques internes.

Le congrès a été l’occasion de réfléchir aux différentes avenues pour favoriser la participation des personnes intéressées par l’anarchisme, notamment par la mise en place d'un statut ami-e-s. L’élargissement et l’approfondissement des liens avec les organisations régionales et internationales a également été une volonté des personnes réuni-e-s.

Devant l’intérêt grandissant pour de nouvelle formes d’organisation et de contestation, la solidarité et la diffusion des idées et pratiques libertaires est fondamentale. Luttant contre toutes les formes d’oppressions et construisant au quotidien des contre-pouvoirs aux institutions autoritaires, les militants et militantes de l’Union communiste libertaire vous invitent à vous organiser localement et à nous contacter pour participer à des activités conjointes ou encore pour des demandes d’informations ou d’ateliers.

Abrazo libertaire,


Related Link: http://www.causecommune.net
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Re: UCL Quebec, Union Communiste Libertaire

Messagede Pïérô » 02 Mar 2014, 14:09

Dissolution de l'Union communiste libertaire

Ultime congrès de l'UCL

Québec, 1er mars 2014 - Des membres de Québec, Montréal et Saguenay se sont réuni-e-s aujourd'hui à Québec pour dissoudre l'Union communiste libertaire. Après avoir réglé les questions d'intendance et de trésorerie, les militantes et militants rassemblé-e-s ont convenu d'un plan pour disposer des archives et éditer une anthologie du matériel fédéral publié au fil des ans par la NEFAC puis l'UCL (Cause commune, Ruptures, etc.). ---- L'organisation ne répondant plus aux besoins et aux désirs de la majorité de ses membres, celles et ceux-ci ont préféré la dissoudre. Les congressistes tiennent à préciser que le projet de société communiste libertaire dont l'UCL était porteuse n'est pas en cause, même si l'on peut interpréter ce projet de diverses façons.

Il y aura des bilans à faire de l'expérience qui aura duré cinq ans, mais ces bilans appartiennent à toutes les personnes et tous les groupes qui se sont impliqué-e-s dans l'organisation au fil des ans. D'ailleurs, les congressistes tiennent à saluer toutes les militantes et tous les militants qui se sont investi-e-s dans l'UCL depuis sa fondation.

Une page est tournée mais l'histoire de l'anarchisme au Québec n'est évidemment pas terminée. Les organisations sont des moyens et non des fins. Les personnes qui ont fait l'UCL continuent de s'impliquer dans plusieurs projets libertaires, dont les éditions Ruptures et le Collectif Emma-Goldman qui poursuit sur sa lancée.

Le mot de la fin?
Seule la lutte paie!

Ucl Collectif de Montréal

http://www.ainfos.ca/fr/ainfos10869.html
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Re: UCL Quebec, Union Communiste Libertaire

Messagede bipbip » 14 Mar 2014, 13:26

Bilan UCL-Saguenay

Ce texte a comme premier objectif de dresser un bilan le plus honnête possible, afin que nous puissions collectivement tirer des apprentissages de cette expérience. Ce bilan est issu d’une réflexion collective des membres actifs du collectif Emma Goldman à l’hiver 2014. Il reflète donc, avant tout chose, la réalité telle que vécue par ceux-ci.

Bilan UCL-Saguenay et de son implication au sein de L'UCL (2008-2014)

Avertissement : Ce texte a comme premier objectif de dresser un bilan le plus honnête possible, afin que nous puissions collectivement tirer des apprentissages de cette expérience. Ce bilan est issu d’une réflexion collective des membres actifs du collectif Emma Goldman à l’hiver 2014. Il reflète donc, avant tout chose, la réalité telle que vécue par ceux-ci.

Afin de tirer un bilan de notre implication au sein de l’Union Communiste Libertaire (UCL), il nous apparaît justifié de remonter un peu avant la fondation de la fédération et de rappeler les réflexions qui nous ont menés à y adhérer.

Pour la petite histoire...

En mai 2008, des militants et militantes impliquéEs à l’UQAC (re)fondent un groupe autonome appelé Collectif de Résistance Anti-Capitaliste (CRAC-Saguenay). Ils et elles considèrent alors important voir primordial de déborder du monde universitaire et des seules questions liées à l’éducation. Leur motivation est également renforcée par l’absence de proposition à la gauche de Québec Solidaire. En effet, depuis de nombreuses années, aucune alternative organisée n’existait en dehors de la scène électorale pour la gauche radicale saguenéenne.

Le CRAC-Saguenay fait donc ses premiers pas au sein du mouvement antimilitaire québécois. Sa contribution fut somme toute modeste (participation à une manifestation à Québec, piquetage contre le recrutement militaire et affichage).

Quelques mois seulement après la refondation du CRAC-Saguenay, la nécessité de s’organiser dans une fédération s’imposa. Un long processus de réflexion s’en suit au sein du collectif. Les membres en viennent alors à la conclusion que pour développer et enraciner une pratique militante radicale et alternative dans une région comme le Saguenay – Lac-Saint-Jean, les seules ressources d’un groupe autonome et de surcroît isolé demeuraient insuffisantes. Les expériences acquises du premier CRAC-Saguenay où les difficultés reliées au manque d’unité théorique, qui entraîna la paralysie du groupe et sa disparition, emmenèrent les militants et militantes d’alors à répondre positivement à l’invitation à refonder l’anarchisme organisé au Québec. « L’organisation est nécessaire pour partager des ressources, rompre avec le localisme et maximiser l’impact des pratiques libertaires en coordonnant nos activités politiques. »[1] Leur choix fut également motivé par le désir de participer à un projet politique positif (de l’anticapitalisme au communisme libertaire).

Bilan du collectif local : Une voix dissidente présente au « Royaume » depuis 5 ans

Fondé officiellement le 28 janvier 2009, suite au congrès de fondation de l’UCL, le Collectif Emma Goldman (UCL-Saguenay) a pris le relais du CRAC-Saguenay.

Malgré le peu de moyens financiers et de matériel dont disposait le collectif lors de sa fondation, ses membres ont su amener et développer une analyse et un discours alternatif et ainsi exercer une certaine influence dans la région, le Saguenay-Lac-St-Jean. De par l'affichage urbain, l'animation d'un blogue, des lettres ouvertes, des déclarations communes et divers autres moyens d'information (brochures, tracts, etc.), les membres ont su animer d'intéressants débats, susciter de vives réactions et implanter certaines idées alternatives. Afin de rassembler la gauche sociale régionale, le collectif a également réalisé de multiples événements tels que des cabarets anarchistes, des conférences, des lancements de livres, des assemblées publiques, des contingents dans les manifestations et des « food not bombs » (distribution gratuite de nourriture). De façon plus ludique, à l'été 2013, suivant le courant de "l'anarcho-soccer", des séances hebdomadaires de sport amicales et antiautoritaires ont eu lieu dans différents quartiers de la ville afin de rassembler un réseau élargi de personnes avec lesquelles nous partageons des affinités.

En plus d'avoir participé à la rédaction et la distribution de Cause Commune, le journal de l'UCL, le collectif a fondé, au cours de ces cinq années, un bulletin d’information libertaire régional, Le Pic-Bois, paru trois fois jusqu’à maintenant. Ce bulletin, comptant un article de près de 1500 mots, nous a permis de traiter plus en profondeur des sujets et des réalités de notre région (le racisme, les radios-poubelles et les "régions-ressources"). Divers ateliers d’introduction à l’anarchisme furent également tenus au cours des années dans d'autres villes comme Alma et St-Félicien.

À travers le temps, les membres, sympathisants et sympathisantes du collectif ont également su amener une contribution originale et non négligeable aux mobilisations sociales et aux manifestations régionales. Que ce soit lors de notre participation au comité d’action autonome de l’UQAC au printemps 2012 ou encore lors des actions de solidarité avec les lock-outés des garages de la région (pour ne nommer que ceux-ci). Avant le grand « retour à la normale » (l’automne 2012), une progression dans le nombre de manifestations dans la région ayant recours à des actions de désobéissance civile était visible. Comme le soulignait le maire Jean Tremblay en 2012, « les manifs c'est tannant »! La répression, le profilage politique et les abus perpétré-e-s par la police à l’endroit de plusieurs militants et militantes démontrèrent que, pour les pouvoirs publics, ces idées dérangent et ces actions possèdent une relative efficacité. Bien que l’accès à la justice nous soit très limité en l’absence de l’aide légale militante comme il y en a par exemple à Montréal, les arrêté-e-s de manifestations se sont organisé-e-s en comité à plusieurs reprises dans les dernières années pour s’épauler dans les démarches de contestation et dénoncer la répression.

Le bilan de notre implication à l’UCL

Six collectifs, de six villes du Québec participèrent à la fondation de l’UCL. À la fin de la première année deux collectifs avaient disparu, suivis rapidement d’un troisième (Saint-Jérôme, Drummondville et Sherbrooke). Divers facteurs ont entrainé-e-s la disparition de ces groupes, l'un d'eux est leur composition majoritairement estudiantine, la difficulté de renouveler le "membership'' initial et de dépasser cette situation. Plus largement, il s’est avéré tout aussi difficile au sein de l’UCL que de la dans la mouvance anarchiste québécoise de consolider travail/famille-vie privée/militance.

Des réalités qui diffèrent

La participation à une fédération anarchiste nous a permis de collaborer à la réalisation d'un nombre considérable de campagnes, de publications et d’activités communes. Cela représente pour un collectif plutôt isolé géographiquement, un apport important, voire impossible à minimiser, dans son maintien ainsi que le développement d'un courant libertaire large et combatif.

Néanmoins, nous avons fait le constat à travers nos luttes et expériences que, pour que nos idées trouvent un écho, il faut d’abord qu’elles s’inscrivent dans une pratique cohérente, crédible et qu’elles doivent être adaptées à une certaine réalité locale. Bref, il est nécessaire de s'inspirer des expériences de lutte et d'organisation des milieux libertaires de Montréal, de Québec ou d'ailleurs pour en tirer des enseignements et des applications locales. Ce qui n’a pas toujours été facile en raison principalement de la nature des mouvements sociaux en région. Car il faut souligner, qu’à l’exception d'une petite fraction du mouvement étudiant un peu plus active, ou des quelques initiatives de permanents et permanentes du mouvement communautaire, la situation n’est guère reluisante dans notre région. Les premiers à montrer du doigt sont les directions de ces mouvements embourbés depuis de nombreuses années dans la défense d'intérêt corporatif et figés dans une identité catégorielle prenant ses références dans la social-démocratie québécoise et parfois encore, dans la « gauche » catholique. Ces groupes ont démontré leur incapacité à ajuster leur discours et leur type d’action aux besoins du moment, tout en démontrant une redoutable efficacité à agir comme éteignoir. Cet état de fait nous amène donc à affirmer que la radicalisation des mouvements sociaux passe parfois tout simplement par leur création. La situation régionale nous a donc amenés durant les dernières années à jongler avec les différentes campagnes fédérales et les outils de la fédération (Cause Commune, Rupture, etc.) afin de les adapter comme nous le pouvions à notre réalité.

Des projets fédéraux réussis

Si la première année de l’UCL fut marquée par quelques difficultés de démarrage - une campagne difficile à articuler, un projet de manifeste trop ambitieux- l’année 2010 marqua pour les membres du collectif Emma Goldman un tournant positif et prometteur. En effet, les mois de janvier à février furent marqués par une grande tournée de conférence sur les expériences d’autogestion ouvrière en Argentine avec la participation d’un membre du groupe Red Libertaria (Buenos Aires). La tournée s’arrêta dans de nombreuses villes du Québec (dans la région à Chicoutimi et St-Félicien) et d’Ontario et permit à la fédération de développer de nombreux contacts. Il ne fait aucun doute pour nous que seuls les moyens matériels et financiers d’une organisation fédérale permirent de réaliser un tel projet. Nous considérons également que ce genre de projet à la fois positif et rassembleur permet de décloisonner l’anarchisme des grands centres que sont Montréal et Québec, ce qui représente pour nous anarchistes du Saguenay une avancée non négligeable. En contrepartie, il est plutôt difficile de calculer les retombées à long terme de tels évènements.
À l’automne 2010, les collectifs de l’UCL organisèrent avec succès une série d’assemblées publiques qui permirent à des personnes de différents horizons d’échanger sur leurs visions et perspectives de la lutte contre les mesures d’austérité du gouvernement libéral. La fédération met alors l’emphase sur la grève sociale, l’action directe et alimente la réflexion sur les services publics.

Des enjeux qui évoluent

Au début de l’année 2011, une campagne de salissage est organisée conjointement par la radio-poubelle et l’extrême droite dans le cadre de la contestation judiciaire de la prière au Conseil municipal de Saguenay. Celle-ci comprenant les « documents mystères » (documents calomnieux non-signés diffusés sous le manteau, sur internet et par des médias) et de nombreuses menaces de mort reçues depuis, affectèrent les militants locaux et militantes locales. Pendant plus d’un mois, le Collectif Emma Goldman, Rebelles Saguenay et des individus s’affichant ouvertement de gauche ont fait l’objet de dénigrement sur les ondes de la radio-poubelle avec la participation récurrente d’auditeurs qui répétaient servilement ce que les animateurs disaient. Victime de la nouvelle "Peur du rouge", le collectif a été brandi comme un épouvantail pour discréditer l’ensemble des opposant-e-s à la prière au conseil municipal de Ville Saguenay, tout comme le communisme était brandi en épouvantail pour discréditer le mouvement syndical à l’époque de Duplessis. Dès lors, les membres et sympathisants et sympathisantes durent réévaluer les priorités et les enjeux du collectif. Si jusqu’à cet instant, il était juste d’affirmer que le collectif bénéficiait de l’expertise et des outils de la fédération, il en était tout autrement devant ces attaques. Cette situation a eu comme incidence d’accentuer le recentrage autour des activités du collectif local.

À la suite d'une campagne d'opposition à la radio-poubelle par des citoyens et citoyennes de la région le Collectif Emma Goldman fut paraître avec des moyens modestes et limiter son premier livre, Radio X: Les vendeurs de haine. À ce jour, trois lancements furent organisés (Montréal, Québec et Saguenay) et le livre fut présenté et distribué lors de nombreux événements.

Une dualité organisationnelle

Le maintien d'un nombre significatif de militants et militantes impliqué-e-s au sein du collectif fut et demeure un défi de tous les instants. Toutefois, les tâches (invisibles) pour assurer le bon roulement du collectif et assurer les suivis des dossiers fédéraux demeurèrent les mêmes. La participation fluctuante aux activités d’organisation et de planification du collectif a entraîné une contribution limitée du Saguenay aux activités du secrétariat fédéral et autres tâches reliées à l’UCL. En contrepartie, la quantité de dossiers fédéraux à traiter lors de rencontre régulière a diminué l’énergie et le temps pour l’organisation de lutte locale. Cette réalité a sans l’ombre d’un doute augmenté la tâche des camarades[2]. En somme, l’absence de roulement et la spécialisation de certaines tâches a entraîné un sur investissement de certains et certaines camarades et de l’épuisement. Cette situation a engendré par la suite de sérieuses lacunes organisationnelles lors du désengagement (du collectif et de l’UCL) de certains et certaines camarades.

La (dés)Union Communiste Libertaire ou la fin de la seule organisation anarchiste sur le territoire québécois
Nous osons affirmer, sans trop nous tromper, que l’expérience de l’UCL a démontré qu’il peut s’avérer pour le moins difficile (c’est le moins qu’on puisse dire) de réunir des militantes et des militants de divers horizons tout en ménagent les ego et les susceptibilités. Les questions liés aux objectifs et visions que devraient prendre une organisation, de la situation géographique de ses membres ou encore des différences de culture militante (Montréalaise, « ASSÉiste»...) se sont ainsi avérées des facteurs importants de désunions. Cette situation a entraîné des inconforts de certainEs membres au sein de l’organisation ou limité la participation à des projets tels que la rédaction du Cause Commune, pour nommer que celui-ci.Nous avions d’ailleurs souligné cette situation dès la fondation de l’UCL et par la suite introduit dans nos pratiques militantes et au sein de l’organisation des outils pour clarifier les malaises (entre autre).

En définitive, il s’avère plus facile et tout à fait compréhensible, en raison de la nature volontaire du militantisme de quitter une organisation lorsqu’on vit des déceptions (à répétition). Et les déceptions ont pu être nombreuses lors des cinq dernières années: Que ce soit par rapport à l’implication variable des membres, de plans d’action (trop) ambitieux, de projets reportés et non réalisés (le manifeste), d’une structure organisationnelle souvent trop lourde, d’une unité théorique et tactique difficile à atteindre, de la difficulté de gérer les conflits . La communication insuffisante, les outils de communications parfois inappropriés, la nature de certains débats (les chicanes de coqs) se sont également avérés des facteurs de désunion importants.

En ce qui a trait aux relations homme/femme au sein de l’organisation nous vous recommandons la lecture des trois textes suivants:
- http://chasseurdepuces.blogspot.ca/2014 ... osion.html
- http://yaastarougeetnoir.wordpress.com/ ... n-de-lucl/
- http://ucl-saguenay.blogspot.ca/2014/02 ... stent.html

Enfin, l’organisation s’est littéralement « dissoute » dès 2012 dans le cadre de la grève étudiante (par l’implication de ces membres dans le mouvement) et n’a réellement su par la suite se relever. La fédération est alors apparue pour certains et certaines comme inadaptée en période de conflit social. Évidemment cette réalité a été vécue différemment d’un collectif à l’autre.

Lors de nos rencontres pour produire ce bilan, nous avons souligné, lorsque nous faisions ressortir nos perceptions de l’UCL, que le support que nous avions reçu de la fédération lors des dernières années fut davantage le fait de quelques camarades que l’appui d’une organisation. Cet aspect peut être expliqué parce que l’UCL fut avant tout une organisation montréalaise par le simple fait que la majorité de ses membres y étaient situés et que le mouvement anarchiste montréalais a une fâcheuse tendance, celle de se suffire à lui-même. Nous constatons avec regret que le trajet « normal » demeure encore aujourd’hui : de la région ressource vers les grands centres, ce qui entraîne pour les militantes et militants de la région le choix entre l’isolement ou les très nombreux déplacements.

Pour conclure, l’expérience nous a démontré que le fait de partager une plateforme et des idées communes ne représente pas un gage d’unité et de maintien pour un groupe, un réseau ou encore une organisation. Nous croyons que nous avons besoin de projets fédérateurs et d’une pratique militante qui est tout aussi orientée sur la manière de faire que sur les résultats. Mais pour ce faire, encore faut-il avoir l’opportunité de collaborer avec d'autres collectifs de partout (mettant également de l'avant un tronc commun d'idées anarchistes), afin d’organiser des campagnes sur différents enjeux et unir nos efforts. Ce genre de coordination répond à un besoin d'efficacité dans les luttes auxquelles nos collectifs participent, et d'entraide. Nous irions même plus loin ; c'est probablement ce qui manque actuellement au Québec pour que le mouvement anarchiste puisse se propager et durer hors de l'île de Montréal.


Collectif anarchiste Emma Goldman (ex-UCL-Saguenay)

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Re: UCL Quebec, Union Communiste Libertaire

Messagede Pïérô » 13 Fév 2015, 04:07

Bilan et perspective : retour sur la dernière année

Bien avant l’ultime congrès de l’UCL, le collectif Emma Goldman (ci-après appelé collectif) a dû réinventer ses pratiques et revoir son champ d’action, tout simplement par nécessité et pragmatisme. Afin de pallier à l’absence et au soutien d’une fédération au niveau national qui nourrissait le collectif tant sur le plan matériel (agitation-propagande), que dans les orientations, nous avons réorienté nos actions dans une perspective locale et travaillé sur de nouvelles collaborations.

Ces réorientations ont pris diverses formes, que ce soit sous celle de la réalisation d’activités et de rassemblements (cabaret, Les vues d’Emma ) [1] favorisant l’échange et le réseautage de la gauche sociale saguenéenne, que sous celle de la construction de ponts et de collaborations avec d’autres milieux alternatifs – notamment le milieu artistique (CEAR, etc.)- de la région.

Les membres et sympathisantEs actifs du collectif accentuèrent le travail de production et de réflexions sur les enjeux locaux (articles d’analyse, projections, outils d’agit-prop (vidéos, blogue, tracts), etc.). Notre volonté d’intervenir de façon plus approfondie sur les problématiques saguenéennes a culminé avec le développement d’une campagne sur l’embourgeoisement, sans oublier la poursuite de cette campagne plutôt officieuse, mais assez permanente contre l’intolérance et le racisme au Saguenay.

Présenter une vision positive de l’anarchisme

Nous demeurons farouchement derrière toutes et tous les oppriméEs et exploitéEs de ce monde, et contre les systèmes (le patriarcat, le capitalisme, le racisme, l’impérialisme, etc.) qui engendrent et entretiennent ces inégalités. Dans notre discours et notre pratique, nous avons toujours favorisé l’action directe et la désobéissance civile, développé l’autogestion et la démocratie directe dans les luttes auxquelles nous participons. Toutefois, nous tenons également à proposer et mettre de l’avant des pratiques alternatives et faire en quelque sorte de la propagande non pas par le fait, mais plutôt par l’action.

Durant la dernière année, nous avons réalisé, à divers moments, des activités de « prise aux tas » qui permettent aux individus de mettre de côté leur cadre habituel et ainsi envisager les choses autrement. La réalisation de marchés gratuits et d’activités de type De la nourriture, pas des bombes n’est pas une finalité en soi, mais cela nous permet d’aborder la question de la gratuité tout en mettant de l’avant l’adage « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». Comme nous l’avions déjà écrit: « La gratuité apparait en quelque sorte comme une subversion des procès économiques capitalistes, particulièrement apparente quand les gens sont pris d’étonnement de ne pas payer aux points de distribution ».

Une intervention locale : Gérons la ville nous-mêmes !

La campagne Gérons la ville nous-mêmes!, c’est avant tout une plateforme : ouverte, horizontale et anticapitaliste, qui expose et dénonce certaines problématiques urbaines, comme la gentrification/l’embourgeoisement dans les quartiers centraux de ville Saguenay, de même que l’étalement urbain. En observant et en documentant ces différentes problématiques, cela nous permet de sortir de la personnalisation des problématiques liées à ville Saguenay. Car au-delà des déclarations à l’emporte-pièce du premier magistrat et de ses prises de position, les problématiques, dont l’absence des habitants et habitantes de la ville dans la prise de décision, sont culturelles et institutionnelles (systémiques).

Pour cette raison, le collectif a voulu, lorsqu’il a initié la campagne Gérons la ville nous-mêmes!, mettre de l’avant le postulat suivant; nous ne pouvons et ne pourrons démocratiser le conseil de ville de Saguenay, malgré ce que peut laisser entendre une certaine gauche électorale et d’autres opposantEs à l’administration autoritaire du maire Tremblay. La participation des habitantEs à la démocratie locale est plus qu’une simple question de volonté politique et demande bien plus qu’une refonte du conseil de ville.

Car il ne suffit pas d’« impliquer les citoyennes et citoyens dans le processus décisionnel », ou encore d’instaurer par le haut « des mécanismes d’information, de consultation et de gestion participative qui pourront prendre diverses formes: comités ou conseils de quartiers, périodes de questions aux réunions des Conseils, sondages, consultations populaires, référendums, etc. », le tout subordonné à des intérêts partisans pour démocratiser la ville. La problématique réside dans le principe même de la représentation et la nature interclassiste de la ville. Pour Cornelius Castoriadis la représentation est « [...] un principe étranger à la démocratie, car dès qu’il y a des « représentants » permanents, l’autorité, l’activité et l’initiative politiques sont enlevées au corps des citoyens pour être remises au corps restreint des « représentants », qui en usent alors à leur convenance et en fonction de leurs intérêts. »

Il s’agit plus de propositions faites par une opposition politicienne et opportuniste afin de maintenir l’illusion d’un pouvoir venant de la base, tout en renforçant la passivité « citoyenne », que d’un réel engagement, voire d’une démarche encore lointaine de démocratie participative. En somme, une fois la partie de chaise musicale terminée et advenant une importante crise de l’institution municipale, « il faut que tout change pour que rien ne change » pour ainsi garantir que le pouvoir demeure dans les mains des technocrates et que la ville reste une bonne occasion d’affaires.

Nous ne voulons pas donner notre avis! : radicalisation des mouvements sociaux, vers une plus grande autonomie

La campagne Gérons la ville nous-mêmes! est issue d’une volonté d’autonomie et s’inscrit dans un esprit de création d’alternatives locales et subversives. Par autonomie, nous entendons tout d’abord face à l’administration municipale et aux faux amiEs qui siègent au conseil municipal. Mais elle ne saurait se résumer uniquement à ceci. Car, si nous voulons éviter la réappropriation de nos luttes, agir et transformer le réel, nous devons nous atteler à la construction d’une autonomie effective devant l’État et le Capital, d’un contrepouvoir qui démontre que nous pouvons prendre collectivement les choses en main, et ce sans l’intervention de « spécialistes » et de bureaucrates. Une force qui sera, une fois arrivée à maturité, capable de remettre en cause l’hégémonie bourgeoise et permettre le passage à une société fondée sur des principes libertaires. Malheureusement, nous sommes encore bien loin de ce pas qualitatif.

Trois axes : informer, sensibiliser, mobiliser

À l’aide d’alliéEs, nous avons imaginé, pendant quelques jours de l’été 2014, un parc. Nous avons, par cette démarche, réalisé à la fois : 1) une action directe (sans intermédiaire); 2) une occupation; 3) une action de réaménagement urbain et de réappropriation collective; etc. Mais la plus grande force de cette intervention (et sans doute de la dernière campagne), se situe toutefois dans les trois axes qui furent développés tout au long du processus, soit: l’analyse, la critique et l’un des axes les plus importants, la proposition.

Si dans un premier temps Les vues d’Emma (projections et discussions) ont réussi à tiédir la marmite de l’indignation, la campagne, bien que prometteuse à ces débuts, risque de reposer, dans un avenir rapproché et pour différentes raisons, dans le cimetière des bonnes intentions.

La première raison est toute simple. Entre la personne qui lit un texte de blogue (ou de journal, de tract, etc.), celle qui assiste et contribue à une projection/discussion, ou encore celle qui participe à une réunion d’organisation, il y a trois niveaux d’implication différents qui reflètent bien grossièrement les différents degrés de mobilisation d’une personne. Mais encore faut-il, une fois que nous avons mobilisé ces personnes, maintenir leur intérêt. Cela passe par le difficile mouvement d’aller-retour entre le discours et l’action et, en définitive, par la possibilité de transformer le réel. Ce qui est loin d’être gagné d’avance, car d’un côté les forces du statu quo ─ comme l’apathie ou le fatalisme ─ et de l’autre la machine à fabrication du consentement ─ sans compter les forces répressives et réactionnaires de tout acabit ─ sont omniprésentes et d’une portée sans comparaison avec nos réalisations. Pour le moment…

Nous avons d’abord été fort surpris, et puis, ensuite, avons été frappés d’un excès d’enthousiasme devant la réponse de différents milieux vis-à-vis le projet que constituent Les Vues d’Emma. Cette situation nous a amené, au moment de donner suite à cette initiative, à surestimer le degré de mobilisation des gens. Nous avons non seulement mal évaluer les forces en présence, mais rapprocher et multiplier les évènements, ce qui peut être parfois difficile pour des gens qui n'ont guère l'habitude de se mobiliser et de s’organiser. En définitive, nos attentes qui s’avéraient plutôt élevées n’ont pas été satisfaites, ce qui a engendré une certaine déception, voire une démotivation.

La deuxième raison est la suivante : la véritable démocratie (directe et sans intermédiaire) demande du temps et un investissement soutenu. Bien sûr, nous avons tous et toutes nos propres réalités et engagements. Subséquemment, pour la plupart des personnes interpellées par la campagne, l’investissement est demeuré ponctuel. Ce qui n’est pas mal en soi, et bien loin d’être un cas unique en contexte d’organisation. Néanmoins, il est important de nommer les difficultés que cela nous a fait rencontrer.

Le travail fait en amont (souvent invisible) d’organisation et de planification d’une action ou d’un évènement, pour ne nommer que celui-ci, repose trop souvent sur les épaules de quelques-unEs, entraînant dédoublement et fatigue. Tout devient par la suite plus difficile pour une organisation ou, comme dans le cas présent, une campagne. Comme, par exemple, le besoin fondamental de former et parfois accompagner de nouveaux et nouvelles militantes (car nous ne naissons pas militants et militantEs).

Perspectives pour l’année 2015

Il est plutôt difficile de ne pas tomber, au gré des nouveaux évènements (guerres impérialistes, austérité, etc.) dans une certaine forme d’activisme. Le contexte actuel nous oblige à revoir nos priorités. Par contre, nous devons prendre le temps, tel que lors de certaines campagnes antérieures (Sortons les radios-poubelles, veille antiraciste, implications dans certains conflits de travail, etc.), d’apporter aux enjeux locaux une portée nationale et vice-versa, tout en développant une perspective politique mitoyenne entre le besoin de réforme ici et maintenant et le désir de révolution. Évidemment, tout ceci sans négliger les actions de solidarité internationale (soutien à la Palestine, aux Kurdes, etc.) et régionale (lock-outés, Anse-à-Pelletier, etc.) qui s’imposent selon les conjonctures présentes et à venir.

Malgré les éléments soumis précédemment (la campagne Gérons la ville nous-mêmes!), nous devons éviter un repli sur nous, consolider nos luttes actives et viser à les élargir. Il faudra, de par nos actions et en leur sein-même, entretenir l’espoir et renforcer le pouvoir d’agir.

Le Capital ne se domestique pas

Alors que la crise des économies globalisées vécue depuis 2008 menace le modèle québécois en ajustant les économies des États aux intérêts des marchés financiers et des banques, la crise de surproduction, quant à elle, via, entre autre, le modèle extractiviste, entraîne la raréfaction des ressources énergétiques et minières et engendre des impacts négatifs réels sur l’environnement, le climat, la biodiversité, etc. Cette autre crise démontre elle aussi que le maintien d’un modèle économique productiviste dit de croissance n’est du tout souhaitable, n’étant pas, et de loin, viable à moyen et long terme.

Un mouvement aux perspectives limitées

Depuis le début de l'automne, des réformistes allant à l'extrême gauche révolutionnaire, tous et toutes dénoncent l'austérité du gouvernement libéral. Certes, c’est dans la rue et par l’ampleur du mouvement que nous créerons le rapport de force nécessaire pour contrer l’austérité. Néanmoins, tout laisse entendre, à l’heure actuelle, que les centrales syndicales, le mouvement communautaire et une partie du mouvement étudiant se sont lancés dans une énième bataille pour limiter une nouvelle hémorragie et ainsi préserver ce qui reste du « modèle québécois ». Certaines déclarations sont pour le moins assez claires en ce sens: « Pour la CSN, l'État doit jouer un rôle actif pour consolider notre modèle en redonnant tout son sens aux fonctions de l'État comme redistributeur de la richesse tout en permettant la croissance économique. » [2]

Ce qui nous mène aux interrogations suivantes : à quelle enseigne se logeront certaines composantes du mouvement de contestation, une fois temporairement « sauvé » le modèle québécois ? Quelle sera donc la prochaine étape, si nous réussissons à empêcher provisoirement les hausses de tarifs, les licenciements, les coupures dans les services? Nous aurons certainement accompli un énorme chemin, car il est loin d’être certain que le mouvement s’enflamme suffisamment pour y parvenir. Nous pouvons anticiper, si les discours ne s’articulent pas différemment, que les cols bleus, les cols blancs, et autres cols de ce monde agiront comme dans le passé, en adoptant une posture bien peu encline à se mobiliser aux côtés des personnes sans-emplois, des mal-logés, des plus vulnérables de notre société, en somme. Les raisons sont bien simples. En premier lieu, ces situations ne les touchent que de très loin. Deuxièmement, malgré les discours contre l’austérité, les luttes demeurent en grande partie sectorielles et axées sur le maintien et l’amélioration des conditions de ces travailleurs et travailleuses. Nous devons donc transformer le slogan « an injury to one is an injury to all » en une réalité.

Si le mouvement se limite aux revendications des différents intérêts corporatistes (conventions collectives, retraites, etc.), nous obtiendrons peut-être quelques victoires dans les milieux les mieux organisés ou encore les plus combattifs. Nous refusons toutefois de circonscrire cette lutte autour de la simple défense et du maintien des gains passés. Car si le mouvement développe une solidarité concrète et réelle entre les différents groupes de la société, nous pourrons rassembler un mouvement social assez large pour non seulement contrer l’austérité, mais renverser la vapeur et amorcer une véritable transformation sociale.

Nous, le Collectif Emma Goldman, croyons que c’est notamment en mettant de l’avant des revendications comme, le droit au logement, l’accès à l’énergie, aux soins, à l’éducation, aux loisirs, au transport, par l’éradication de la précarité et du chômage, par une réduction massive du temps de travail et par tout autres mesures radicales au sens social et économique du terme, que nous pourrons espérer nous en rapprocher.

Devenir une force de proposition

Après la faillite du capitalisme de marché, du capitalisme d’état (prétendument socialiste) et suite au virage libéral de la social-démocratie, nous avons plus que jamais besoin d’utopie et de proposition concrète en rupture avec le capital. Nous constatons la difficulté que nous, gens issuEs de l’extrême gauche, avons à incarner, au-delà des mots d’ordres et des éditoriaux, une force attractive et de réelle proposition. Néanmoins, entre d’un côté le dogmatisme et, de l'autre, les faux airs de pragmatisme, il existe un immense champ des possibles.

Les expérimentations sociales en rupture avec l’ordre dominant

C’est au sein des entreprises où nous travaillons, des quartiers où nous vivons et de nos institutions d’enseignement, que nous devons poser les fondations d'un mouvement autonome, autogestionnaire et anticapitaliste d'ampleur.

Comme l’écrivaient des camarades Belges :

« L’une des forces du mouvement ouvrier dans l’histoire est d’avoir été plus qu’un simple mouvement ou parti, mais bien de proposer un modèle de contre-société, de construire ici et maintenant une idée concrète de ce que pourrait être une société communiste. Cela passe par la mise en place de solidarités concrètes comme le furent les mutualités et les coopératives, des lieux d’expérimentation politique, une contre-culture artistique et journalistique, etc. » [3]

C’est par ce type d’expérimentations qu’est sorti des ruines de l’État et de l’économie grecs un nouveau vent d’espoir. En 2010, est apparu un peu partout dans le paysage de l’archipel le slogan « Ne vivons plus comme des esclaves! », qui se prononce en grec « Na min zisoumé san douli ». Dans différentes assemblées populaires et espaces sociaux libres, les participants et participantes ont développé, pour répondre à des besoins sans attendre la permission de quiconque (parti, gouvernement, etc.), de nombreux projets sociaux pour et par les habitants et habitantes. Les participants et participantes décidèrent par démocratie directe de mettre notamment en place des dispensaires sociaux et sanitaires autogérés, des magasins de gratuité, des cours en accès libre (langue, histoire, philosophie, art, poésie, technique, etc.), et ainsi de suite. Et aussi, haut fait de la résistance grecque, des structures économiques alternatives et autogestionnaires (dans la production et la distribution) furent mises en place.

Devant l’austérité, construisons maintenant notre autonomie !


[1]. Les vues d’Emma ce sont: des dizaines d'affiches, trois soirées publiques en cinq semaines, trois soirs de "distro", cinq documentaires (dont un produit localement), des discussions et des échanges publics, un "really really free market", un cabaret, des dizaines de poèmes, de nombreux textes originaux, quelques chansons, mais surtout près de 150 personnes qui sont venues donner vie à ces soirées.

[2]. « La CSN s'engage dans la lutte à l'austérité, » 23 septembre 2014

[3]. « Redonner aux idées et aux pratiques anarchistes une visibilité », 16 octobre 2014, en ligne : albruxelles.wordpress.com

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