Chiapas (Mexique)

Re: Chiapas (Mexique)

Messagede Pïérô » 29 Oct 2016, 23:23

Hum ! :gratte:

Profitant d’une ouverture des futures élections présidentielles, sous certaines conditions, à des candidats indépendants, la comandancia avait proposé aux délégués du CNI de présenter un candidat à l’élection présidentielle de 2018. Une telle proposition, prenant à contre-pied les convictions les plus affirmées concernant le rejet des partis et, plus généralement, de la politique, a dérouté bien des gens et suscité un lever de boucliers, non seulement parmi les délégués, mais aussi parmi les adhérents à la Sexta présents à ce rendez-vous. Les zapatistes seraient-ils retombés dans leur travers et leurs vieux démons, plus exactement, leur vieux démon au singulier : la politique ?



... http://lavoiedujaguar.net/Le-Congres-na ... igene-fete
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Re: Chiapas (Mexique)

Messagede bipbip » 07 Jan 2017, 15:12

Es la hora de los pueblos

Es el momento de los pueblos, de sembrarnos y reconstruirnos.
Es el momento de pasar a la ofensiva…

Le moment des peuples est venu, celui de semer ce que nous sommes et de nous reconstruire.
C’est le moment de passer à l’offensive
[1].

C’est l’heure des peuples ou de nos peuples, affirme le Congrès national indigène, c’est vite dit et pourtant… Comme si nous nous trouvions au début d’une aventure, sur la ligne d’un départ, nous ne savons pas encore où cela va nous mener, cette entrée dans l’action, ce commencement à être, cette affirmation de ce que nous sommes, de ce que nous aimons, de ce que nous voulons, de nos désirs, de nos souhaits : se mettre en mouvement, les premiers pas, la première parole, dans le sens où l’entendent les Kanak, le premier acte d’une aventure qui consiste à construire un autre monde, une alternative au capitalisme, un monde qui contiendrait d’autres mondes, d’autres vies, d’autres modes de vie. Il faut bien commencer, sans doute allons-nous trébucher au premier pas, pour nous relever ou pour ne pas nous relever. Nous n’avons pas une idée bien définie de ce que nous cherchons, ce n’est pas une idéologie qui nous anime, mais le refus d’être emportés par cette tourmente dévastatrice de toute forme de vie sociale qu’est devenu notre présent. Nous ne partons pas de rien, nous ne partons pas du vide, de cette apesanteur sociale dans laquelle tournent les individus du premier monde, nous ne sommes pas des individus isolés, nous partons de ce que nous sommes encore, de ce qui nous constitue encore : un vivre ensemble, un savoir-vivre, une communauté de pensée. Nous partons de notre mémoire, de notre histoire, de nos nostalgies, de nos usages, de nos coutumes, ce que l’on appelle couramment la tradition. Nous nous appuyons sur quelques fondamentaux qui rendent possible un vivre ensemble : la prise en commun des décisions touchant la collectivité, c’est le rôle de l’assemblée, elle est souveraine, incontournable. Aucune décision nous concernant ne peut venir d’ailleurs, d’en haut, pour nous être imposée contre notre volonté. À cela, nous pouvons ajouter un autre élément, le dialogue, le va-et-vient incessant entre les institutions collectives et l’assemblée ou les différentes assemblées communautaires. Le Conseil indigène de gouvernement reposera sur ce va-et-vient, sur un continuel dialogue entre les déléguées et délégués qui composent ce Conseil de gouvernement et les différentes assemblées communautaires qui les ont désignés.

Du 29 décembre au 1er janvier 2017 eut lieu la deuxième étape du Congrès national indigène. Cette rencontre s’est tenue au Cideci de San Cristóbal de Las Casas. Y étaient invités les délégués des peuples consultés au sujet de la constitution d’un Conseil indigène et de la participation d’une candidate indienne à l’élection présidentielle de 2018. Le Congrès national indigène s’est ainsi trouvé subitement grossi de tous ces délégués issus des 43 peuples et des 523 communautés qui ont pu être consultés dans 25 États de la République mexicaine — ce qui n’a pas été sans poser quelques problèmes de préséance, mal réglés, à mon sens, par la distinction entre délégués participants et délégués observateurs. Tous ces mandataires ont bien précisé qu’ils ne voulaient pas de partis politiques ni de programmes de gouvernement sur leurs territoires, mais qu’ils retenaient la proposition de l’EZLN et du CNI de former un Conseil indigène de gouvernement, dont le porte-parole serait une candidate indienne à la présidence de la République. « Il n’est pas dans nos intentions de batailler avec les partis politiques et toute la classe politique… Nous ne prétendons pas rivaliser avec eux. Nous ne sommes pas du même monde… Nous ne sommes pas leurs paroles mensongères et perverses. Nous sommes la parole collective venue d’en bas, à gauche, celle qui secoue le monde… Pretendemos sacudir la conciencia de la nación, que en efecto pretendemos que la indignación, la resistencia y la rebeldía figuren en las boletas electorales de 2018. Nous prétendons secouer la conscience de la nation, nous prétendons, en effet, que l’indignation, la résistance et la rébellion figurent dans les bulletins électoraux de 2018. » Il fut aussi précisé le premier jour, au cours de la lecture des accords, qu’il ne fut pas toujours possible de réaliser cette consultation à cause de l’insécurité due à la présence des narcotrafiquants. Il y eut tout de même 430 actes signés par les communautés approuvant l’initiative de l’EZLN et du CNI. Entre janvier et mai, d’autres actes d’approbation devraient parvenir au CNI.

Il devait y avoir entre 700 et 1 000 délégués, qui ont fait le voyage depuis le Nord désertique du Mexique jusqu’aux montagnes pleines de brouillard du Sud-Est mexicain ; aussi bien ceux qui, comme les Yaquis du Sonora, les Wixáritari de Jalisco, les Purhépechas de Cherán ou les Nahua d’Ostula dans le Michoacán, ont marqué l’histoire récente des luttes indiennes pour l’autonomie que tous ceux qui s’organisent et qui résistent obstinément, au quotidien, pour défendre leur territoire, leur coin de vie, face aux grands projets multinationaux, des chauffeurs indigènes des taxis de Xochimilco ou des vendeurs ambulants de la capitale aux déléguées et délégués des villages perdus dans les montagnes de la Sierra Sur de l’Oaxaca. Tous sont appelés à désigner les membres, femmes et hommes, qui formeront le Conseil national indigène de gouvernement ainsi que la future candidate, qui sera la voix de ce Conseil lors de la compétition électorale de 2018. Cette prochaine étape du cinquième Congrès national indigène aura lieu le 27 et 28 mai.

Au cours de cette rencontre, un contraste a pu se faire jour entre différentes attitudes, entre l’éthique qui préside aux rapports entre les gens dans les petites communautés campagnardes, marquée par le respect mutuel, l’attention, la patience et l’écoute, et l’individualisme caractérisé par le machisme, l’irrespect et le goût pour le pouvoir, avec ce qu’il suppose de petits secrets, de commandements et de passe-droits. Sans aucun doute, les peuples indigènes sauront se garder de l’intrusion dans leur projet d’attitudes et de comportements contraires à l’éthique dont ils sont porteurs. Au-delà de présenter un mode de gouvernement respectueux des vœux de la population, ils proposent aussi, et surtout, une éthique de vie, une manière d’être ensemble reposant sur un certain nombre de règles acquises dès l’enfance, reconnues et assimilées par tous — pour former ainsi une communauté de pensée. L’art du bon gouvernement repose d’ailleurs sur cet art de vivre en collectivité, il en est l’émanation. Cette éthique sourd de la vie communautaire, de la réciprocité des échanges et de la reconnaissance mutuelle (en tant que sujet social).

Le samedi 31 fut consacré à une discussion en groupes réduits (trois tables de discussion) sur deux sujets : les chemins du Congrès national indigène face à la spoliation, au dédain, à l’exploitation capitaliste, et le renforcement de nos résistances et de nos rébellions. C’est le premier thème de discussion, le second portant sur les étapes pour la constitution du Conseil indigène de gouvernement pour le Mexique et la nomination de la candidate pour 2018. La fin de la journée fut consacrée à la synthèse des réponses apportées à ces deux questions. Deux phénomènes préoccupent au plus haut point les peuples indiens : l’activité minière et les projets de mines à ciel ouvert des entreprises transnationales, soutenus et imposés par le gouvernement ; et, dans ce domaine, la militarisation du pays, reconnue tout dernièrement par une loi votée par le Parlement, est des plus inquiétantes (l’armée mexicaine aura désormais pour tâche de protéger et de défendre les intérêts des multinationales et les capitaux engagés au Mexique). L’autre phénomène particulièrement préoccupant est l’extension de la culture et du trafic de la drogue, qui, si elle offre des débouchés commerciaux aux petits paysans, favorise, avec la complicité du pouvoir politique (des pouvoirs politiques, devrai-je dire), la constitution de bandes armées à caractère paramilitaire.

Il est encore trop tôt pour entreprendre une analyse critique des courants souterrains qui parcourent ce mouvement naissant, lui conférant force ou faiblesse. Cependant je me permettrai deux remarques, l’une concernant son implication dans la société mexicaine, l’autre touchant le pragmatisme du mouvement zapatiste. La société mexicaine se trouve dans une position des plus ambiguës : elle est emportée par un mouvement général de décomposition sociale accompagné d’une ouverture sur le monde prestigieux et enchanteur de la marchandise, cet accès soudain à la marchandise venant compenser dans une certaine mesure la perte des valeurs sociales. Le temps passé à gagner de l’argent, à travailler, donc, devient du temps perdu pour le plaisir de se retrouver. Je sens la société mexicaine hésitante, comme assise entre deux options : le goût pour la fête, la dépense somptuaire, la rencontre, la musique, la poésie, la danse, entraînant dans son sillage une activité effrénée, c’est un versant ; l’autre versant consiste à trouver de l’argent, travailler, s’exiler, ou survivre dans un état de manque permanent, frôlant la pauvreté et la misère, la cigale devant se faire fourmi si elle veut continuer à chanter. La société mexicaine peut avoir le sentiment, justifié, de se trouver coincée entre le chant de sirènes des marchandises, pour beaucoup inaccessibles, et le désenchantement permanent d’une vie sociale de plus en plus appauvrie. L’appel du CNI pourrait, non seulement, « secouer la conscience nationale », comme il est dit dans le communiqué, mais, plus fondamentalement, l’état de torpeur hypnotique dans lequel se trouve la société mexicaine.

Le mouvement zapatiste, quant à lui, semble avoir laissé de côté toute idéologie, il n’a pas abandonné pour autant la critique de ce qu’il appelle le système capitaliste, c’est toujours l’idée, ou, plutôt, le souhait qui l’anime, mais cette critique se fait pragmatique, elle s’accroche à ce qui existe, aux autres mondes, aux autres modes de vie, aux autres réalités sociales qui existent encore et qui, du simple fait de leur existence, sont une critique du « système-monde » capitaliste. Il ne s’agit pas de proposer ou d’imposer un modèle abstrait de gouvernement selon l’idée que l’on peut se faire d’un bon gouvernement, mais de partir d’un modèle existant, qui a fait ses preuves et qui a donné satisfaction. Les zapatistes partent de ce qu’ils ont construit à partir de ce qui existait déjà : la forme d’autogouvernement des communautés indiennes tzotziles, tzeltales, choles, tojolabales, mames et métisses du Chiapas. Ils ne proposent pas l’inconnu mais le déjà connu de la société autochtone, dont est en grande partie issue la société mexicaine, un retour aux sources vives de la société mexicaine, en quelque sorte. Ce pragmatisme les conduit à avoir une intelligence stratégique de la réalité ; ils ne se présentent pas comme une avant-garde révolutionnaire mais comme des hommes et des femmes engagés dans une guerre sociale terrible opposant, sur toute la planète, l’humain aux forces d’extermination représentées par le « système-monde » capitaliste.

Oaxaca, le 4 janvier 2017,
Georges Lapierre, avec la collaboration de Luna,
déléguée de l’assemblée régionale chontale.


Notes
[1] Se reporter aux dernières déclarations du CNI, ¡Y retembló ! Informe desde el epicentro, diffusées par le CSPCL.


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Messagede Pïérô » 02 Mar 2017, 12:50

Communiqué de l’EZLN

EN HAUT : LES MURS, EN BAS (ET À GAUCHE) : LES BRÈCHES.

La tempête sur notre chemin.

Pour nous femmes et hommes des peuples originaires zapatistes, la tempête, la guerre, dure depuis des siècles. Elle est arrivée sur nos terres avec la fumisterie de la civilisation et de la religion dominantes. En ce temps-là, l’épée et la croix ont fait couler le sang des nôtres.

Avec le temps, l’épée s’est modernisée et la croix a été détrônée par la religion du capital, mais on a continué à demander notre sang comme offrande au nouveau dieu : l’argent.

Nous avons résisté. Nous avons toujours résisté. Nos rebellions ont été supplantées par la dispute entre les uns et les autres pour le Pouvoir. Les uns et les autres, toujours en haut, nous ont demandé de lutter et de mourir pour les servir, nous ont exigé l’obéissance et la soumission, sous le mensonge de nous libérer. Comme ceux qu’ils disaient et qu’ils disent combattre, ils sont venus et ils viennent nous diriger. Il y a eu ainsi de soi-disant indépendances et de fausses révolutions, passées et à venir. Ceux d’en haut se sont remplacés et continuent à le faire depuis lors, pour mal gouverner ou pour aspirer à le faire. Et dans les calendriers passés et présents, leur proposition continue d’être la même : que nous, femmes et hommes, mettions notre sang ; tandis que eux dirigent, ou simulent diriger.

Et auparavant, tout comme maintenant, eux oublient que nous n’oublions pas.

Et la femme, toujours en bas, hier et aujourd’hui. Même dans ce que collectivement nous fûmes et que nous sommes.

Mais les calendriers n’ont pas seulement apporté douleur et mort pour nos peuples. En étendant sa domination, le Pouvoir a créé de nouvelles fraternités dans la disgrâce. Nous avons alors vu l’ouvrier et le paysan ne faire qu’un avec notre douleur, et être écrasé sous les quatre roues du wagon mortel du Capital.

A mesure que le Pouvoir avançait avec le temps, l’en-bas a grandi encore et encore, élargissant la base sur laquelle le Pouvoir est Pouvoir. Nous avons alors vu se joindre des professeurs, des étudiants, des artisans et des petits commerçants, des gens des professions libérales, les etcétéras avec des noms différents mais les mêmes tristesses.

Cela n’a pas suffi. Le Pouvoir est un espace d’exclusion, de discrimination, de sélection. Et donc les différences ont été pourchassées ouvertement. La couleur, la race, le credo religieux, la préférence sexuelle ont été expulsées du paradis promis, vu que l’enfer était leur maison de toujours.

Ont suivi la jeunesse, l’enfance, la vieillesse. Le Pouvoir a convertit ainsi les calendriers en motif de persécution. Tout ce qui est en bas est coupable : pour être femme, pour être enfant, pour être jeune, pour être adulte, pour être ancien.ne, pour être humain.e.

Mais l’exploitation, la spoliation, la répression et la discrimination s’élargissant, le Pouvoir a aussi agrandit les résistances... et les rébellions.

Nous avons vu en ce temps, et maintenant, se lever le regard de beaucoup, hommes, femmes, autres. Différents, mais similaires dans la rage et l’insoumission.

Le Pouvoir sait qu’il n’est ce qu’il est qu’aux dépends de ceux qui travaillent. Il en a besoin.

A chaque rébellion, il a répondu et il répond en achetant ou en trompant les plus faibles, en enfermant et assassinant les autres. Il n’a pas peur de leurs exigences, c’est leur exemple qui lui fait horreur.

Ça n’a pas suffi. Après avoir dominé des nations, le Pouvoir du Capital a cherché à mettre l’humanité entière sous son joug pesant.

Ça n’a pas été suffisant non plus. Le Capital prétend maintenant gérer la nature, l’apprivoiser, la domestiquer et l’exploiter. C’est-à-dire la détruire.

Toujours par la guerre, dans son avancée destructrice le Capital, le Pouvoir, a démoli les premiers fiefs et les premiers règnes. Et sur leurs ruines il a édifié des nations.

Ensuite il a dévasté les nations, et sur leurs débris il a érigé un nouvel ordre mondial : un grand marché.

Le monde entier s’est converti en un immense entrepôt de marchandise. Tout se vend et s’achète : les eaux, les vents, la terre, les plantes et les animaux, les gouvernements, la connaissance, les loisirs, le désir, l’amour, la haine, les gens.

Mais dans le grand marché du Capital, il n’y a pas que les marchandises qui s’échangent. La "liberté économique" est seulement un mirage qui simule l’accord mutuel entre qui vend et qui achète. En réalité, le marché se base sur la spoliation et l’exploitation. L’échange est donc celui des impunités. La justice se transforme en une grotesque caricature, et dans sa balance l’argent pèse toujours plus que la vérité. Et la stabilité de cette tragédie appelée Capitalisme dépend de la répression et du mépris.

Mais ça n’a pas suffi non plus. Dominer dans le monde matériel n’est pas possible, si on en domine pas les idées. L’imposition par les religions s’est approfondie et a atteint les arts et les sciences. Comme la mode pour les vêtements, ont surgi et surgissent des philosophies et des croyances. Les sciences et les arts ont cessé d’être le trait distinctif de l’humain et se sont rangées dans les rayons du supermarché mondial. La connaissance est devenue propriété privée, tout comme le loisir et le plaisir.

Le Capital, de cette manière, s’est consolidé en une grande broyeuse mécanique qui n’utilise plus seulement l’humanité entière comme matière première pour produire des marchandises, mais aussi les connaissances, les arts... et la nature.

La destruction de la planète, les millions de déplacés, la hausse du crime, le chômage, la misère, la fragilité des gouvernements, les guerres à venir, ce ne sont pas les produits des excès du Capital ou d’une gestion erronée d’un système qui a promis ordre, progrès, paix et prospérité.

Non, toutes ces disgrâces son l’essence même du système. Ce sont d’elles qu’il s’alimente, c’est à leurs frais qu’il grandit.

La destruction et la mort sont le combustible de la grande machine du Capital.

Et ils ont été, ils sont et ils seront inutiles, les efforts pour "rationaliser" son fonctionnement, pour "l’humaniser". L’irrationnel et l’inhumain sont ses pièces centrales. Il n’y a pas d’arrangement possible. Il n’y en a pas eu auparavant. Et ce n’est pas non plus possible maintenant d’atténuer son cours criminel.

L’unique forme d’arrêter la machine c’est de la détruire.

Dans la guerre mondiale actuelle, la dispute est entre le système et l’humanité.

C’est pour ça que la lutte anticapitaliste est une lutte pour l’humanité.

Ceux qui prétendent encore "arranger" ou "sauver" le système, en réalité nous proposent le suicide massif, global, comme sacrifice posthume au Pouvoir.

Mais à l’intérieur du système il n’y a pas de solution.

Et ne suffisent plus ni l’horreur, ni la condamnation, ni la résignation, ni l’espoir de se dire que le pire est passé et que les choses ne pourront que s’améliorer.

Non. Ce qui est sûr c’est que ça va devenir pire.

C’est pour ces raisons, plus celles que chacun rajoute au vu de ses calendriers et ses géographies particulières, qu’il faut résister, qu’il faut se rebeller, qu’il faut dire "non", qu’il faut lutter, qu’il faut s’organiser.

C’est pour ça qu’il faut faire se lever le vent d’en-bas avec résistance et rébellion, avec organisation.

C’est seulement ainsi que nous pourrons survivre. Seulement ainsi qu’il sera possible de vivre.

Et seulement alors, comme le fut notre parole il y a 25 ans, pourrons nous voir que...

"Quand naîtra la tempête,

Quand la pluie et le feu laisseront une fois de plus en paix la terre,

le monde ne sera plus le monde, mais quelque chose de meilleur."

◾- La guerre et les murs de dehors et de dedans.

Si avant, la souffrance causée par la guerre était patrimoine exclusif de l’en-bas mondial, maintenant elle agrandit ses calamités.

Sur chaque coin de la planète la haine et le mépris prétendent détruire des familles, des communautés entières, des nations, des continents. Il n’est désormais plus nécessaire d’avoir commis un délit ou d’être présumé criminel, il suffit juste d’être suspecté d’être humain.

Provoqué par l’avarice du grand Argent, le cauchemar actuel prétend le faire payer à ceux qui en souffrent. Les frontières ne sont plus seulement des lignes en pointillés sur les cartes et aux postes de douanes, maintenant ce sont des murailles de militaires et de policiers, de ciment et de briques, de lois et de persécutions. Dans tout le monde d’en haut la chasse de l’être humain augmente, et culmine en compétitions clandestines : gagne celui qui le plus expulse, enferme confine, assassine.

Comme nous ne cessons de le dire depuis plus de 20 ans, la globalisation néolibérale n’a pas amené le surgissement de la communauté planétaire, mais la fragmentation et la dissolution des dits "États-nations". Nous avons appelé alors, et maintenant encore, ce processus avec le nom qui le décrit au mieux : "guerre mondiale" (la quatrième, selon nous).

La seule chose qui s’est mondialisée a été le marché, et, avec lui, la guerre.

Pour ceux qui font fonctionner les machines et font naître la terre, les frontières ont été et continuent d’être ce qu’elles ont toujours été : des prisons.

Notre affirmation a provoqué alors, il y a deux décennies de cela, des sourires moqueurs dans l’intelligentsia internationale enchaînée à de vieux dogmes caducs. Et ceux-là mêmes, aujourd’hui bégayent face à une réalité frénétique et, ou bien essayent de vieilles recettes, ou bien adoptent l’idée à la mode qui, après toute une complexe élaboration théorique, cache la seule chose véritable : ils n’ont pas la moindre idée de ce qu’il se passe, ni de ce qui arrive, ni de ce qui a précédé le cauchemar actuel.

Ils se plaignent. La pensée d’en haut leur a promis un monde sans frontières, et le résultat est une planète gavée de recoins chauvinistes.

Le monde ne s’est pas transformé en une gigantesque mégalopole sans frontières, mais en une grande mer secouée par une tempête qui n’a aucun antécédent de similaire magnitude. A l’intérieur, des millions de déplacés (qui sont, avec fracas médiatique, rassemblés sous le nom de "migrants") naufragent dans de petits bateaux, avec l’espoir d’être sauvés par le gigantesque navire du grand Capital.
Mais, non seulement il ne le fera pas. Lui, le grand Capital, est le principal responsable de la tempête qui menace déjà l’existence de l’humanité entière.

Sous le déguisement maladroit du nationalisme fasciste, les temps de l’obscurantisme le plus rétrograde reviennent réclamer attentions et privilèges. Fatigué de gouverner dans l’ombre, le grand Capital démonte les mensonges de la "citoyenneté" et de "l’égalité" face à la loi et au marché.

Le drapeau de "liberté, égalité et fraternité" avec lequel le capitalisme a revêtu son passage en système dominant dans le monde n’est déjà plus qu’un torchon sale et jeté à la poubelle de l’histoire d’en haut.

Au final le système se dévoile et montre son vrai visage et sa véritable vocation. "La guerre toujours, la guerre partout", murmure l’emblème du superbe navire qui navigue sur une mer de merde et de sang. C’est l’argent, pas l’intelligence artificielle, qui combat l’humanité dans la bataille décisive : celle de la survie.
Personne n’est à l’abri. Ni l’ingénu capitaliste national, qui rêvait des bienfaits que lui offraient l’ouverture des marchés mondiaux, ni la classe moyenne conservatrice, survivant entre le rêve d’être puissante et la réalité d’être troupeau du berger de service.

Sans parler de la classe laborieuse de la campagne et de la ville, aux conditions plus difficiles encore, si cela est possible.

Et, pour compléter l’image apocalyptique, des millions de déplacés et de migrants se heurtant aux frontières devenues subitement aussi réelles que les murs qu’à chaque pas, mettent en travers les gouvernements et les criminels. Dans la géographie mondiale des médias et des réseaux sociaux, les déplacés, fantasmes errants sans nom ni visage, ne sont à peine qu’un numéro statistique qui change de localisation.
Le calendrier ? A peine un jour après la promesse de la fin de l’histoire, de la déclaration solennelle de la suprématie d’un système qui autoriserait le bien-être à celui qui travaille, de la victoire sur l’"ennemi communiste" qui prétendait restreindre la liberté, imposer des dictatures et générer de la pauvreté, de l’éternité promise qui annulerait toutes les généalogies. Le même calendrier qui annonçait à peine hier que l’histoire mondiale commençait à peine. Et il en ressort que non, que tout cela n’était que le prélude du plus effrayant cauchemar.

Le capitalisme comme système mondial s’effondre, et, désespérés, les grands capitaines ne trouvent pas vers où aller. C’est pour cela qu’ils s’en retournent à leurs tanières d’origine.

Ils offrent l’impossible : le salut local contre le naufrage mondial. Et les fadaises se vendent bien parmi une classe moyenne qui s’estompe dans ceux d’en-bas en matière de revenus, mais qui prétend suppléer ses carences économiques avec des refrains de race, de credo, de couleur et de sexe. Le salut d’en-haut est anglo-saxon, blanc, croyant et masculin.

Et maintenant, ceux qui vivaient des miettes de table des grands capitaux regardent, désespérés, comment contre eux aussi se dressent les murs. Et, le comble, prétendent diriger l’opposition à cette politique guerrière. C’est ainsi que nous voyons la droite intellectuelle faire de grands gestes de contrariété et tenter des protestations timides et ridicules. Parce que non, la globalisation n’a pas été le triomphe de la liberté. C’était et c’est l’étape actuelle de la tyrannie et de l’esclavage.

Les Nations n’en sont déjà plus, bien que leurs gouvernements respectifs ne s’en soient pas encore aperçus. Leurs drapeaux et leurs emblèmes nationaux paraissent pâles et ternis. Détruits par la globalisation d’en haut, infectés par le parasite du Capital et la corruption étant leur unique signe d’identité, avec une hâte maladroite, les gouvernements nationaux tentent de se protéger d’eux-mêmes et de tenter la reconstruction impossible de ce qu’ils furent un jour.

Dans le compartiment étanche de ses murailles et de ses douanes, le système drogue la moyenne sociale avec l’opium d’un nationalisme réactionnaire et nostalgique, avec la xénophobie, le racisme, le sexisme et l’homophobie comme horizon de salut.

Les frontières se multiplient au sein de chaque territoire, au-delà de celles peintes sur les cartes. Également et, surtout, celles que soulèvent la corruption et le crime fait gouvernement.

La prospérité post-moderne n’était rien d’autre qu’un ballon gonflé par le capital financier. Et la réalité est venu le faire éclater : des millions de déplacés par la grande guerre remplissent les terres et les mers, s’accumulent aux postes de douane et avancent en ouvrant des brèches dans les murs déjà bâtis ou sur le point de l’être. Auparavant encouragés par le grand Capital, les fondamentalismes rencontrent une terre fertile pour leurs propositions d’unification : "de la terreur naîtra une seule pensée, la nôtre". Après avoir été alimentée par les dollars, la bête du terrorisme menace la maison de son créateur.

Et, tout autant dans l’Union américaine qu’en Europe de l’ouest ou dans la Russie néo-tsariste, la bête se replie sur elle-même et tente de se protéger. C’est là (mais pas seulement) qu’elle porte à la gloire la stupidité et l’ignorance les plus crasses et, par le biais de ses figures de gouvernants, synthétise sa proposition : "revenons au passé".

Mais non, L’Amérique ne retrouvera pas sa grandeur. Jamais plus. Ni le système tout entier dans son ensemble. Qu’importe ce que fassent ceux d’en haut. Le système est déjà arrivé au point de non-retour.

◾- Contre le capital et ses enceintes : toutes les brèches possibles.

L’offensive internationale du Capital contre les différences raciales et nationales, qui promeut la construction de murs culturels, juridiques, de ciment et d’acier, cherche à réduire encore un peu plus la planète. Ils prétendent créer ainsi un monde dans lequel il y ait seulement de la place pour ceux qui en haut sont égaux entre eux.

Cela semble ridicule, mais c’est comme cela : pour affronter la tempête, le système ne cherche pas à construire des toits pour se protéger, mais des enceintes derrière lesquelles se cacher.

Cette nouvelle étape de la guerre du Capital contre l’Humanité doit être affrontée avec évidement de la résistance et de la rébellion organisée, mais aussi avec la solidarité et le soutien de ceux qui voient leurs vies, leurs libertés et leurs biens attaqués.

Pour cette raison :

Considérant que le système est incapable de freiner la destruction.

Considérant que, en bas à gauche, ne doivent pas trouver leur place le conformisme et la résignation.

Considérant qu’il est temps de s’organiser pour lutter, et temps de dire "NON" au cauchemar actuel qu’on nous impose depuis en haut.

LA COMMISSION SEXTA DE L’EZLN ET LES BASES DE SOUTIEN ZAPATISTES

CONVOQUONS À :

I. La campagne mondiale :

Face aux murs du Capital : La résistance, la rébellion, la solidarité et le soutien d’en bas à gauche.

Avec pour objectif d’appeler à l’organisation et à la résistance mondiale face à l’agressivité des grandes fortunes et de leurs différents contremaîtres dans toute la planète, qui terrorisent déjà des millions de personnes dans le monde entier :

Nous appelons à s’organiser avec autonomie, à résister et à se rebeller contre les persécutions, les détentions et les déportations. Si quelqu’un doit s’en aller, que ce soit eux, ceux d’en haut. Chaque être humain a droit à une existence libre et digne à l’endroit qui lui paraît le plus approprié, et a le droit de lutter pour y rester. La résistance aux détentions, évacuations et expulsions est un devoir, tout comme il est un devoir de soutenir ceux qui se rebellent contre ces actes arbitraires QUELLES QUE SOIENT LES FRONTIÈRES.

Il faut faire savoir à tous ces gens qu’ils ne sont pas seuls, que leur douleur et leur rage est observée même à distance, que leur résistance n’est pas seulement saluée, mais aussi soutenue, même si c’est avec nos maigres possibilités.

Il faut s’organiser. Il faut résister. Il faut dire "NON" aux persécutions, aux expulsions, aux prisons, aux murs, aux frontières. Et il faut dire "NON" aux mauvais gouvernements nationaux qui ont été et sont complices de cette politique de terreur, de destruction et de mort. D’en haut ne viendront pas les solutions, parce que c’est là que sont nés les problèmes.

C’est pour cela que nous appelons la Sexta dans son ensemble à s’organiser, selon son calendrier, son fonctionnement et sa géographie, afin de soutenir dans et avec des activités ceux qui résistent et se rebellent contre les expulsions. Que ce soit en les soutenant pour qu’ils retournent chez eux, que ce soit en créant des "sanctuaires" ou en soutenant ceux qui existent, que ce soit par du conseil et des soutiens juridiques, que ce soit avec de l’argent, que ce soit avec les arts et les sciences, que ce soit avec des festivals et des mobilisations, que ce soit avec des boycotts commerciaux et médiatiques, que ce soit dans l’espace cybernétique, que ce soit où que ce soit et de la manière que ce soit. Dans tous les espaces où nous nous déplaçons c’est notre devoir de soutenir et de nous solidariser.

Le moment est venu de créer des comités de solidarité avec l’humanité criminalisée et persécutée. Aujourd’hui plus que jamais auparavant, leur maison est aussi la nôtre.

En tant que zapatistes que nous sommes, notre force est modeste et, bien que notre calendrier est large et profond, notre géographie est limitée.

Pour cette raison et pour soutenir les personnes qui résistent aux détentions et aux déportations, depuis quelques semaines la Commission Sexta de l’EZLN a commencé à prendre contact avec des individuEs, groupes, collectifs et organisations adhérentes à la Sexta dans le monde pour voir comment leur faire parvenir une petite aide qui puissent leur servir comme base pour lancer ou continuer toute sorte d’activités et d’actions en faveur des pourchassé.e.s.

Pour commencer, nous vous enverrons les œuvres artistiques créées par les femmes et hommes indigènes zapatistes pour le festival CompArte [pARTage] de l’année dernière, ainsi que du café organique produit par les communautés indigènes zapatistes dans les montagnes du sud-est mexicain afin que, par le biais de leur vente, ils puissent réaliser des activités artistiques et culturelles afin de concrétiser le soutien et la solidarité avec les migrants et les déplacés qui, dans le monde entier, voient leur vie, leur liberté et leurs biens menacés par les campagnes xénophobes promues par les gouvernements et l’ultra-droite dans le monde.

Cela pour le moment. Nous concevrons petit à petit de nouvelles formes de soutien et de solidarité. Les femmes, hommes, enfants et anciens zapatistes ne vous laisseront pas seulEs.

II. Nous invitons également toute la Sexta et qui cela intéresse au séminaire de réflexion critique "LES MURS DU CAPITAL, LES BRÈCHES DE LA GAUCHE", qu’on célébrera du 12 au 15 avril 2017 dans les installations du CIDECI-Unitierra, San Cristóbal de Las Casas, Chiapas, Mexique. Y participent :

Don Pablo González Casanova.
María de Jesús Patricio Martínez (CNI).
Paulina Fernández C.
Alicia Castellanos.
Magdalena Gómez.
Gilberto López y Rivas.
Luis Hernández Navarro.
Carlos Aguirre Rojas.
Arturo Anguiano.
Sergio Rodríguez Lascano.
Christian Chávez (CNI).
Carlos González (CNI).
Comisión Sexta de l’EZLN.

Nous donnerons plus de détails prochainement.

III. Nous convoquons toutes et tous les artistes à la seconde édition du "pARTage pour l’Humanité" avec pour slogan : « Contre le Capital et ses murs : tous les arts réunis" qui sera célébré dans le monde entier et sur l’espace cybernétique. La partie "réelle" aura lieu du 28 au 29 juillet 2017 dans le caracol d’Oventic et au CIDECI-Unitierra. L’édition virtuelle sera du 1er au 17 août 2017 sur la toile.
Nous donnerons plus de détails bientôt.

IV. Nous vous invitons également à être attentifs aux activités convoquées par le Congrès National Indigène dans le cadre de son propre processus de formation du Conseil Indigène de Gouvernement.

V. Nous convoquons les scientifiques du monde à la deuxième édition du "ConSciences pour l’Humanité" avec pour thème : "Les sciences face au mur". Qui sera célébré du 26 au 30 décembre 2017 au CIDECI-Unitierra, San Cristóbal de Las Casas, Chiapas, Mexique, et sur l’espace cybernétique. Nous donnerons prochainement plus de détails.

Ce n’est pas tout. Il faut résister, il faut se rebeller, il faut lutter, il faut s’organiser.

Depuis les montagnes du Sud-est mexicain.

Sous-commandant insurgé Moisés.
Sous-commandant insurgé Galeano.

Mexique, 14 février (jour aussi de nos mort.e.s) 2017


http://cspcl.ouvaton.org/spip.php?article1274
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Re: Chiapas (Mexique)

Messagede bipbip » 09 Mar 2017, 16:11

Non-candidature indigène

La proposition zapatiste d’une candidature indigène aux présidentielles mexicaines de 2018 aura surpris tout le monde. À commencer par les membres du Congrès national indigène (CNI). Mais la force de l’armée zapatiste (EZLN) n’est-elle pas d’être toujours là où on ne l’attend pas ? Et d’ailleurs, sera-t-elle vraiment de la partie électorale ? CQFD a envoyé deux reporters dans les montagnes du Sud-Est mexicain pour tirer cette histoire au clair.

... http://cqfd-journal.org/Non-candidature-indigene-contre
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Re: Chiapas (Mexique)

Messagede Pïérô » 19 Mar 2017, 02:13

CNI : la guerre contre les peuples continue à Oaxaca, au Michoacán et au Querétaro

Communiqué du Congrès National Indigène
9 mars 2017

http://cspcl.ouvaton.org/spip.php?article1285
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Re: Chiapas (Mexique)

Messagede Pïérô » 29 Mar 2017, 00:58

FPDT-Atenco : "Oui, nous existons, et nous sommes toujours là"

“…Le rêve se construit à la force du poignet et sans permission…”

Silvio Rodríguez

Au peuple du Mexique :

A la solidarité nationale et internationale :

Aux organismes des Droits Humains nationaux et internationaux :

Une fois de plus la communauté de Tocuila, qui fait partie du Front des Villages en Défense de la Terre (FPDT), a de nouveau été méchamment agressée par des hommes de main armés de pistolets qui ont tiré sur des femmes âgées, des hommes d’un certain âge et même sur une mère portant son enfant de trois ans.

Le 9 mars 2017, aux alentours de 10h30 du matin, une commission de femmes et d’hommes de la communauté de Tocuila s’était dirigée vers les terres de l’ejido, toujours occupées par les entreprises PINFRA et CIPSA qui s’entêtent à vouloir y imposer la construction de l’autoroute Piramides-Texcoco devant à terme être connectée à l’aéroport mortifère. Monsieur Roberto Corrales Estrada, représentant de la Commission National de l’Eau, se trouvait sur place. Celui-ci fut mis en cause, et se vit solliciter de faire état de la documentation légale prouvant que le territoire serait effectivement passé en leur possession. Ce à quoi le susdit répondit que le territoire en question est bien désormais propriété du gouvernement et que oui, il y a des « papiers » qui le prouvent, mais que ceux-ci se trouvent à la ville de Mexico et qu’il devrait s’y déplacer pour aller les chercher. C’est sous ce prétexte que s’est retiré ce monsieur. Quelques instants plus tard, les compañeras et compañeros ont décidé d’empêcher le passage des camions chargés de matériel et des engins de chantier qui sont en train de dévaster les terres collectives de l’ejido afin d’imposer l’autoroute en question.

... http://cspcl.ouvaton.org/spip.php?article1287
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Re: Chiapas (Mexique)

Messagede bipbip » 06 Mai 2017, 15:44

Chiapas : Une candidate indigène à la présidentielle de 2018 ?

Le Congrès national indigène devrait présenter une femme indigène candidate à la présidentielle mexicaine de l’année prochaine. Un défi lancé à la société patriarcale et raciste.

Du 9 au 14 octobre 2016 s’est tenu au Chiapas le cinquième Congrès national indigène (CNI) [1], qui a pris la décision d’entrer dans un processus de désignation d’une femme candidate indigène à l’élection présidentielle de 2018. Cette candidature devra porter la parole d’un Conseil indigène de gouvernement dont les membres seront désigné.es par les organisations appartenant au CNI. Cette décision du CNI a fait beaucoup parler. Les zapatistes abandonneraient-ils l’autonomie pour la course institutionnelle au pouvoir ?

Le 23 janvier 2017, l’EZLN, par la plume du sous-commandant Galeano (ex-Marcos) et du sous-commandant Moises, publiait une longue explication soulignant que la candidate ne sera pas une candidate « zapatiste », et encore moins « de l’EZLN », mais bien une candidate du Congrès national indigène (même s’ils précisent que c’est bien l’EZLN qui a proposé cette idée au CNI).

Pourquoi le CNI a-t-il accepté de se lancer dans ce processus ? Une vidéo mise en ligne par le CNI pour expliquer ce processus donne un élément de réponse. Un délégué dit bien : « Le CNI est devenu le mur des lamentations. » On peut penser que le CNI entrait dans une routine délétère, et qu’il fallait relancer la dynamique par une initiative forte.

En 2006, les zapatistes s’étaient déjà mobilisé.es dans le contexte d’une campagne présidentielle. Mais il s’agissait alors de construire une « autre campagne », en allant à la rencontre de toutes celles et ceux « en bas à gauche » à travers le pays, en refusant farouchement toute tentative de récupération politicienne, notamment par le Parti de la révolution démocratique (PRD). On était donc loin d’une candidature soutenue par les zapatistes. Et dans les faits, c’est loin du pouvoir ­d’État que s’est construite l’autonomie zapatiste. À partir de 2001 et de la réforme constitutionnelle en matière indigène, qui trahit en tous points les accords de San Andrès, signés en janvier 1996 et dont ils et elles n’avaient de cesse d’exiger l’application, les zapatistes déçu.es se sont engagé.es dans la construction d’une autonomie réelle, où l’éducation, la santé la justice, l’organisation des communautés ne dépend que d’eux et elles-mêmes.

Est-ce que cette candidature est un renoncement aux principes zapatistes ? Les compas de la Sexta [2] présents aux travaux du congrès comme observateurs ont semble-t-il pris les propositions des délégué.es zapatistes avec circonspection. Dans les milieux de soutiens internationaux au mouvement zapatiste, les critiques sur le fait que les zapatistes joueraient le jeu institutionnel vont bon train. Rappelons simplement certains éléments sur le processus en cours. D’une part, le CNI, conformément à ses statuts, n’a pas pris de décision, mais a fait une proposition qui est actuellement mise en débat dans les communautés représentées. D’autre part, dans la proposition initiale des zapatistes, il n’y a aucune illusion sur les débouchés institutionnels : ils et elles rappellent qu’ils n’ont aucune chance de gagner, et que même s’ils et elles gagnaient, on ne les laisserait pas prendre le pouvoir. Ils considèrent que cette candidature est à la fois une tribune et un levier de remobilisation pour les « nombreux en-bas qu’il y a dans le Mexique et dans le monde ». Enfin, la proposition, sur laquelle insistent les zapatistes, que ce soit bien une femme indigène candidate, est bien une forme de défi lancé à la société patriarcale et raciste mexicaine.

Nous en saurons plus sous peu, le CNI ayant annoncé l’aboutissement du processus de consultation au 26 mai. En attendant, et en ayant en tête que le contexte actuel au Mexique est d’une violence inouïe, gardons-nous de tout jugement hâtif sur le processus.

Le CNI a été fondé à l’appel de l’EZLN en janvier 1996, dans le cadre des négociations qui ont débouché sur les accords de San Andrès, signés peu après. L’EZLN estimait n’avoir pas la légitimité de parler au nom de tous les peuples indigènes, d’où la constitution du CNI dans ce contexte. La Sexta est le diminutif de la « sixième déclaration de la forêt de Lacandone », lancée par les zapatistes en 2012, et à laquelle ont adhéré nombre d’organisations.

Voir l’article « L’EZLN et la VIe déclaration de la forêt Lacandone » paru dans le Journal de septembre 2005
http://www.alternativelibertaire.org/?L ... tion-de-la

Gyula (AL 93-centre)


[1] Le CNI a été fondé à l’appel de l’EZLN en janvier 1996, dans le cadre des négociations qui ont débouché sur les accords de San Andrès, signés peu après. L’EZLN estimait n’avoir pas la légitimité de parler au nom de tous les peuples indigènes, d’où la constitution du CNI dans ce contexte.

[2] La Sexta est le diminutif de la « Sixième déclaration de la forêt de Lacandone », lancée par les zapatistes en 2012, et à laquelle ont adhéré nombre d’organisations internationales, dont Alternative libertaire.

http://www.alternativelibertaire.org/?C ... le-de-2018
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Re: Chiapas (Mexique)

Messagede Pïérô » 11 Mai 2017, 13:23

"Une fois la stratégie identifée,la résistance et la lutte doivent s'adapter!" EZLN

C'est le mercredi 12 avril qu'a commencé le Séminaire de réflexion critique "les murs du capital, les brèches de la gauche" dans les installations de l'université de la terre Cideci, à San Cristobal de Las Casas; Chiapas. Celui-ci avait été convoqué par les zapatistes des mois plus tôt par les Zapatistes parmi d'autres activités pour l'année 2017.

La Commission Sexta de l'EZLN avec les commandants de l'organisation zapatiste, a donc ouvert ce séminaire, avec la présence de l'ex recteur de l'Unam (université autonome de la ville du Mexique), Pablo Gonzalez Casanova.

L'amphithéâtre du Cideci était bondé de locaux, nationaux et internationaux, femmes et hommes, jeunes et ancien.ne.s. Un mélange de nationalité et d'horizon qui défiaient ainsi les murs créés pour diviser.

... http://espoirchiapas.blogspot.fr/2017/0 ... feela.html
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Re: Chiapas (Mexique)

Messagede Pïérô » 06 Juin 2017, 07:48

Solidarité avec les luttes des peuples indigènes du Michoacán et du Mexique !

DEPUIS L’EUROPE D’EN BAS A GAUCHE, SOLIDARITE AVEC LA LUTTE DES PEUPLES INDIGENES DU MICHOACAN ET DU MEXIQUE

Aux peuples du Michoacán

Au Congrès National Indigène et à l’Armée Zapatiste de Libération Nationale

A la Sexta au Mexique et dans le monde entier

Depuis très longtemps, dans l’Etat du Michoacán et dans tout le Mexique, les peuples indigènes se soulèvent et s’organisent contre l’exploitation et l’injustice, afin de récupérer l’autonomie et la liberté que la colonisation européenne leur a volée depuis plus de 500 ans.

Face à la spoliation orchestrée par les puissants, en juin 2009 le peuple nahua d’Ostula s’est soulevé sur la côte du Michoacán et a récupéré des centaines d’hectares qui étaient sous le contrôle du crime organisé. Cette détermination pour reprendre le contrôle de leur territoire, leur communauté l’a payé de la mort et la disparition de 34 des leurs.

Le 15 avril 2011, c’est le digne peuple de Cherán qui s’est lui aussi soulevé contre le saccage de ses forêts, là aussi par le crime organisé. Là aussi, ils ont dû payer ce défi par le sang et par la disparition de certain des leurs, mais grâce à l’organisation de leur « ronde communautaire », ils ont pu reprendre le contrôle de leur destin en tant que communauté, créer une mairie populaire et en dégager les partis politiques assassins. Six ans après, tout comme Ostula, ses habitants sont toujours décidés à lutter et plus organisés que jamais.

Depuis le « soulèvement des autodéfenses » en 2013, il y a chaque fois plus de villages qui se soulèvent et s’organisent dans le Michoacán afin de se défendre et de lutter pour protéger leur territoire communautaire et pour renforcer les instances communales et assembléistes de gouvernement. Face à cela, la répression du gouvernement local de Silvano Aureoles se déploie avec chaque fois plus de force contre les communautés indigènes de cet Etat de l’ouest du Mexique :

- Le 24 février passé, plus de mille agents de police ont encerclé la communauté en lutte de Caltzontzin suite aux actions exécutées par la communauté afin de défendre son territoire, que cherche à spolier le gouvernement corrompu de la municipalité voisine d’Uruapan. Au-delà des perquisitions, de l’irruption dans les domiciles, des coups et des vexations qu’ils ont faites, 13 comuneros sont incarcérés depuis lors, accusés par l’entreprise états-unienne Kansas City Southern d’avoir mené le blocage des voies ferroviaires du train de marchandises qui passe juste à côté de la communauté. Exigence de libération pour laquelle depuis lors les communautés indiennes, le mouvement enseignant et les écoles normales rurales du Michoacán ne cessent de manifester.

- Le 5 avril dernier, c’est la communauté purépecha d’Arantepacua, Michoacán, situé à côté de Cherán, qui a été attaquée de manière sanglante et brutale par des centaines de militaires et de forces spéciales de la police, tuant 4 personnes, faisant des dizaines de blessés et incarcérant 38 personnes, libérées depuis. Cette répression n’a pas empêché la communauté de créer sa propre « Ronde communautaire » comme un outil d’auto-défense face à la violence d’Etat, tout comme Caltzontzin l’avait aussi fait durant ces dernières années.

Tout comme ces communautés qui luttent et qui défendent leur autonomie collective dans les conditions les plus adverses qu’on puisse imaginer, des centaines de villages de tout le Mexique, parlant des dizaines de langues différentes, se soulèvent en ce moment pour se défendre des spoliations des entreprises minières, hydro-électriques, éoliennes, du crime organisé et de tant d’autres choses. Des dizaines de peuples qui luttent jour après jour pour défendre leur langue, leur forme de vie et leurs pratiques communales de gouvernement. Après la tenue de nombreuses assemblées dans tout le Mexique, le Congrès National Indigène et l’Armée Zapatiste de Libération Nationale ont annoncé la prochaine mise en place d’une Conseil Indigène de Gouvernement pour le Mexique, qui aspire à gouverner ce pays suivant les traditions d’assemblées des communautés et des peuples.

Avec en tête la mémoire de notre défunt compañero purépecha Juan Chavez, depuis l’Europe d’en-bas à gauche, nous souhaitons manifester notre soutien total à la digne lutte menée par les peuples indigènes du Michoacán et du Mexique, dire que nous soutenons et que nous suivons avec beaucoup d’intérêt la formation prochaine d’un Conseil Indigène de Gouvernement pour le Mexique, et que nous exigeons aux côtés du Congrès National Indigène la libération des 13 prisonniers de Caltzontzin et des autres prisonniers de lutte sociale et des communautés indigènes de tout le pays, comme c’est le cas d’Alvaro Sebastian Ramirez, Raymundo Pascual García, Rómulo Arias Mireles, Teófilo Pérez, Pedro Sánchez Berriozábal, Lorenzo Sánchez Berriozábal, Marco Antonio Pérez González, Dominga Martínez González, Santiago Moreno Pérez, Esteban Gómez Jiménez, Alejandro Díaz Sántiz, Miguel Angel Peralta, Luis Fernando Sotelo, Fernando Barcenas et de tellement et tellement d’autres.

Nous exigeons justice pour les 4 comuneros assassinés dernièrement par les forces répressives à Arantepacua, tout comme nous exigeons justice pour l’assassinat par la police de l’enfant Hidelberto Reyes García à Ostula et celle des comuneros assassinés à Ostula et à Cherán, justice pour les personnes assassinées à Nochixtlan, Oaxaca, pour les comuneros assassinés à San Sebastian Bachajon, Chiapas, pour les martyrs d’Acteal (Chiapas), pour les enfants brûlés vifs dans la crèche ABC à Hermosillo (Sonora) et pour les milliers de vies volées par les forces policières, militaires et les cartels paramilitaires au Mexique.

Nous continuons d’exiger la présentation en vie des étudiants portés disparus de l’école normale rurale d’Ayotzinapa, tout comme celle des 6 comuneros disparus d’Ostula et celle des milliers de disparus et disparues que recherchent jour après jour leurs proches dans tout le Mexique.

Nous savons bien que l’infamie n’est pas le propre du gouvernement mexicain, mais bien du système capitaliste qui gouverne le monde entier. La preuve de cela, nous la voyons tous les jours avec les milliers de réfugiés qui meurent chaque année dans l’indifférence la plus totale en cherchant à traverser la mer méditerranée, à travers les crimes racistes et xénophobes des forces policières et des groupes fascistes en Europe, et tellement d’autres choses. C’est pour cela que nous savons bien que nous n’avons pas d’autre choix que de lutter jour après jour, ensemble, solidaires, depuis en bas et à gauche.

Peuples et villages indigènes du Michoacán et du Mexique : vous êtes un exemple de lutte pour nous et pour le monde entier. Nous partageons votre combat, et essaierons de relier nos résistances aux vôtres.

VIVE L’ARMEE ZAPATISTE DE LIBERATION NATIONALE !

VIVE LE CONSEIL INDIGENE DE GOUVERNEMENT !

¡VIVE LES PEUPLES INDIGENES DU MICHOACAN, DU MEXIQUE ET DU MONDE !

¡LIBERTE POUR LES PRISONNIER.E.S ET PRESENTATION EN VIE DES DISPARU.E.S !

HALTE A LA REPRESSION !

Desde Europa : Comité de Solidarité avec les Peuples du Chiapas en Lutte (CSPCL-Paris, Francia) ; Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques (CSIA-Nitassinan) ; Groupe de Soutien à Leonard Peltier (LPSG-France) ; Secrétariat international de la Confédération Nationale du Travail (CNT Francia) ; Corsica Internaziunalista (Corsica) ; Union syndicale Solidaires, Francia ; Espoir Chiapas/Esperanza Chiapas (Francia/México) ; Terre et liberté pour Arauco (Francia) ; MutVitz13 y Caracol-Marseille (Francia) ; Associació Solidaria Cafè Rebeldía-Infoespai (Barcelona-Catalunya) ; Adherentes a la Sexta Barcelona ; CGT-Estado Español ; Associazione Ya Basta ! (Milano, Italia) ; 20zln (Italia) ; Comitato Chiapas "Maribel" (Bergamo, Italia) ; Colectivo Tierra y Territorio (Madrid, Estado español) ; Associazione Ya Basta Caminantes y Cooperazione Rebelde (Napoli, Italia) ; Espiral de solidaridad – semilla de resistencia (Grecia) ; Adhesiva, espai de trobada i acció (Barcelona) ; ASSI (Acción social Sindical Internacionalista, Estado español) ; Gruppe B.A.S.T.A. (Münster, Alemania) ; Manchester Zapatista Collective (Inglaterra), Colectivo Paris Ayotzinapa (Paris, Francia)

http://cspcl.ouvaton.org/spip.php?article1319
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Re: Chiapas (Mexique)

Messagede bipbip » 23 Juil 2017, 12:13

Un autre Internet est il possible ?

« Un autre internet est-il possible ? » l’EZLN convoque à l’édition cybernétique du pARTage.

Les Zapatistes du Chiapas invitent à l’édition Cybernétique du Festival pARTage pour début août, avec pour principale question : « un autre internet est-il possible », et invitent tous les groupes, collectifs, et organisations qui construisent un « autre » espace, de (dé)construire des réponses, et de rassembler ses initiatives.

Dans un communiqué publié il y a une semaine, l’EZLN se demande :

« Un autre internet, c’est-à-dire un autre réseau, est-il possible ? Peut-on y lutter ? Ou cet espace sans géographie précise est-il déjà occupé, monopolisé, coopté, bouclé, neutralisé, ? Ne peut-il pas y avoir là de résistance et de rébellion ? Peut-on faire de l’Art sur la toile ? Cet Art, comment est-il ? Peut-il se rebeller ? L’Art sur la toile peut-il résister à la tyrannie des codes, des passwords, du spam en tant que moteur de recherche par défaut, des j’aime-j’aime pas associés aux actualités sur les réseaux sociaux où les millions de likes donnent l’avantage à l’ignorance et la stupidité ? L’Art sur, par et pour la toile banalise-t-il et minimise-t-il la lutte, ou au contraire lui donne-t-il plus de puissance et lui permet-il de grandir, ou »rien à voir, mon cher, c’est de l’art, pas une cellule militante« ? L’Art sur la toile peut-il faire ses griffes sur les murs du Capital et le blesser d’une brèche, ou approfondir celles qui existent déjà et y persévérer ? L’Art peut-il sur, par et pour la toile, résister non seulement à la logique du Capital, mais aussi à la logique de l’Art »connu« , de »l’art réel« ? Le virtuel est-il aussi virtuel dans ses créations ? Le bit est-il la matière première de sa création ? Est-il créé par un être individuel ? Où se trouve le vaniteux tribunal qui, sur la Toile, dicte ce qui est Art et ce qui ne l’est pas ? Le Capital range-t-il l’Art sur, par et pour la toile dans la catégorie du cyberterrorisme, de la cyberdélinquance ? La Toile est-elle un espace de domination, de domestication, d’hégémonie et d’homogénéité ? Ou est-ce un espace en conflit, en lutte ? Peut-on parler d’un matérialisme digital ? »

« Vous qui créez sur internet, voyez-vous la tempête ? La subissez-vous ? Y résistez-vous ? Vous rebellez-vous ? »

Pour cela les compañer@s invitent les personnes, collectifs, organisations, groupes réels ou virtuels qui travaillent depuis des zones autonomes en ligne qui utilisent des plateformes coopératives, à construire nos réponses ou à les déconstruire et leur propose de participer à l’édition Cybernétique du festival pARTage « contre le Capital et ses murs : tous les arts ! »

Ainsi, ils proposent de présenter nos espaces, pour raconter, montrer, faire partager, une invitation à construire quelque chose collectivement et d’envoyer notre link pour construire ensemble la salle d’exposition en ligne de ce pARTage digital.

Les comp@s proposent aussi un hébergement.

La page où seront notés les links pour participer et qui sera fonctionnelle du 1er au 12 août 2017 est : http://compartedigital

Il est possible d’envoyer ses travaux à ce mail : ✉compas@comparte.digital (en espagnol)

Si vous avez besoin d’un coup de main pour les traductions n’hésitez pas à nous contacter : http://espoirchiapas.blogspot.mx/2012/0 ... acter.html

Lire le communiqué complet (fr) : (traduction collective).
https://espoirchiapas.blogspot.fr/2017/ ... lezln.html

19 de julio de 2017


http://rennes-info.org/Un-autre-Interne ... l-possible
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Re: Chiapas (Mexique)

Messagede Pïérô » 17 Sep 2017, 01:15

Vidéo: Les protêts lors de la visite du président Enrique Peña Nieto à Oaxaca Par Avispa médias (ca, en, it, pt) [Traduction automatique]

Les jeunes, pour la plupart des anarchistes, et les résidents de certaines colonies ont été confrontés aux forces de police répressives qui ont donné la sécurité de la première visite du Président du Mexique, Enrique Peña Nieto, la ville de Oaxaca, le 7 Septembre 2017. ---- Le président est pas le bienvenu dans cet état et est classé comme persona non grata. Il est intervenu à Oaxaca pour participer au XXIV Congrès du commerce extérieur du Mexique et d'inaugurer le Centre culturel de Oaxaca et des conventions. ---- Ce complexe a été protégé depuis le 6 Septembre par des centaines de policiers fédéraux et d'État, mais aussi par les troupes de choc qui font partie de la Confédération des travailleurs du Mexique (CTM). ---- Les actions de répudiation contre la présence de M. Peña Nieto a provoqué des affrontements dans différentes parties de la ville, sans aucun contrôle des autorités.

... http://www.ainfos.ca/fr/ainfos15542.html
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Re: Chiapas (Mexique)

Messagede bipbip » 26 Déc 2017, 16:07

Crise humanitaire à Chalchihuitan au Chiapas

(Extraits)

(...)les groupes paramilitaires, peut-être liés au trafic de drogue et à la mairie de Chenalhó, qui ont attaqué la population autochtone Tsotsil de Chalchihuitán, qui vit à proximité des biens communaux, provoquant le déplacement interne forcé de plus de cinq mille personnes, par des menaces, la détonation d’armes à feu de haut calibre, l’incendie de maisons, le vol d’animaux et de récoltes, entraînant un siège paramilitaire pour la municipalité de Chalchihuitán ainsi que l’insécurité et de nouveaux déplacements dans toute la région.. Chalchihuhuitán fait partie des communes les plus pauvres du Chiapas et du pays.

(...) En raison de la situation de violence sociopolitique, la population déplacée vit dans des conditions subhumaines aggravées par le froid extrême, les pluies incessantes, le manque de nourriture, d’abris, l’absence de protection, le siège et l’isolement des paramilitaires. Quatre enfants et deux adultes sont morts jusqu’ à présent. Les soins médicaux que l’État a mis en place sont de base et ne répondent pas aux maladies chroniques dont souffre la population et qui vont s’aggraver du fait de cette crise. Les femmes, les filles et les garçons présentent des symptômes de maladies respiratoires, gastro-intestinales et d’autres maladies qui ont aggravé la situation historique de pauvreté, de marginalisation et d’abandon institutionnel vécue au quotidien. Le problème a touché l’ensemble de la population de la municipalité en raison de la rareté et du prix élevé des denrées alimentaires, de l’impossibilité pour les hommes d’aller travailler, de la menace de perte de la récolte de café, du manque de libre transit et de l’insécurité.

(...) Cette affaire impliquant Chalchihuitán et Chenalhó, deux municipalités qui font partie de l’Alerte de Violence de Genre, démontre la situation de violence structurelle existant au Chiapas, qui n’ a pas été incluse et considérée dans les mesures à mettre en œuvre pour éradiquer la violence contre les femmes. La marginalisation historique et l’extrême pauvreté, le racisme, les inégalités, l’inégalité, l’exclusion, la paramilitarisation, la guerre anti-insurrectionnelle, l’impunité, la corruption et le non-exercice des droits font partie de la violence structurelle qui caractérise cette entité et que nous dénoncions dans le cadre de la demande d’Alerte à la violence de genre au Chiapas, en 2013, comme source de tous les problèmes examinés dans cette déclaration. Nous réitérons que tant que les problèmes structurels ne seront pas résolus, la violence continuera de se multiplier dans l’entité.

(...) Compte tenu des circonstances, nous tenons les gouvernements fédéral et étatique responsables du massacre qui pourrait survenir en l’absence de solution rapide, comme celui qui a eu lieu dans la communauté d’Acteal, municipalité de Chenalhó, le 22 décembre 1997, où la population a été tenue responsable des actes de violence perpétrés par des groupes paramilitaires.

(...) Nous avons également informé les autorités fédérales et étatiques que, face à l’omission de l’Etat mexicain face à un éventuel massacre annoncé, nous appelons les organisations internationales pour la protection des droits de l’homme et les peuples du Mexique et du monde à s’exprimer et à exiger qu’ils garantissent la vie, la sécurité et la liberté des peuples de Chenalhó et Chalchihuitán.

Campagne populaire contre la violence faite aux femmes et Feminicide au Chiapas


http://zad.nadir.org/spip.php?article4979
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Re: Chiapas (Mexique)

Messagede bipbip » 23 Sep 2018, 14:46

Convocation à la deuxième assemblée nationale
du Conseil indigène de gouvernement et des peuples qui forment le Congrès national indigène

Considérant :

Premièrement. L’initiative pour former le Conseil indigène du gouvernement (CIG) et proposer sa porte-parole Marichuy comme candidate à la présidence de la République, lancée par le Congrès national indigène (CNI), a réalisé une étape de plus. La première étape a été la décision prise par le cinquième Congrès national indigène, lors de son vingtième anniversaire, au mois d’octobre 2016, de consulter tous ses peuples et communautés sur l’initiative décrite ci-dessus. La deuxième étape a été la consultation à l’intérieur du CNI sur l’initiative pour former le CIG et nommer sa porte-parole entre les mois d’octobre et décembre 2016. La troisième étape a abouti à l’assemblée constituante du CIG et à la nomination, par consensus de l’assemblée, de sa porte-parole María de Jesús Patricio Martínez en mai 2017. La quatrième étape fut la collecte de signatures pour notre porte-parole Marichuy, collecte qui s’est terminée cette année sans que nous ayons pour autant interrompu notre processus de résistance, de rébellion et d’organisation.

Deuxièmement. Notre chemin continue. Et la différence fondamentale avec les étapes précédentes est que maintenant nous sommes encore plus de peuples originaires marchant ensemble et, le plus important, nous sommes maintenant encore plus de personnes, de groupes, de collectifs et d’organisations orientés à chercher en nous-mêmes les solutions qui, nous le savons, ne viendront jamais d’en haut.

Troisièmement. Chaque jour qui passe, la guerre capitaliste se développe davantage contre la Terre Mère, contre nos peuples et contre tous ceux et toutes celles d’en bas, sans que d’en haut, des capitalistes et de leurs contremaîtres qui malgouvernent le Mexique et le monde, nous ne recevions autre chose que mensonges, exploitation, dépossession, mépris et répression.

Quatrièmement. La troisième séance interne de travail du CIG, réalisée le 26 août dernier, a décidé de tenir une deuxième assemblée entre le CIG et les peuples du CNI au mois d’octobre prochain.

Nous appelons les délégué·e·s et les membres du Conseil
appartenant aux peuples originaires qui participent au CNI à la :

deuxième assemblée nationale du Conseil indigène de gouvernement
et des peuples qui forment le Congrès national indigène

du 11 au 14 octobre 2018 au Cideci-UniTierra
de San Cristóbal de Las Casas, Chiapas,
selon le calendrier suivant :

11 octobre

Toute la journée, arrivée et inscription des délégué·e·s des peuples du CNI et des conseiller·e·s du CIG.

12 octobre

8 à 9 heures, petit déjeuner.

9 h 30 à 10 heures, inauguration.

10 à 14 heures, travail en commission ; bilan et évaluation de cette dernière étape de la lutte, de la situation actuelle au Mexique et dans le monde, et de la consultation qui, avec l’association civile « Vint le temps de l’épanouissement des peuples », a été faite auprès des réseaux de soutien du CIG, de la Sexta nationale et internationale et de toutes celles et tous ceux qui ont décidé de soutenir la proposition du CIG.

14 à 15 heures, déjeuner.

15 à 20 heures, plénière divisée en deux points : 1. bilan et évaluation ; 2. les étapes qui suivent dans notre lutte en tant que CNI et CIG et avec les réseaux de soutien au CIG, la Sexta nationale et internationale et toutes celles et tous ceux qui ont décidé de soutenir la proposition du CIG.

20 à 21 heures, dîner.

13 octobre

8 à 9 heures, petit déjeuner.

9 à 11 heures, rapport des commissions et des groupes de travail à la séance plénière de l’assemblée.

11 à 14 heures, tables de travail sur les neuf thèmes de travail du CIG et le renforcement du CNI.

14 à 15 heures, déjeuner.

15 à 16 heures, conclusions des tables de travail.

16 à 20 heures, plénière sur les neuf thèmes de travail du CIG et le renforcement du CNI.

20 à 21 heures, dîner.

14 octobre

8 à 9 heures, petit déjeuner.

10 à 13 heures, plénière finale de l’assemblée ; résolutions et accords.

13 à 13 h 30, clôture.

13 h 30 à 14 h 30, déjeuner.

Les délégations sont priées de confirmer immédiatement leur présence en envoyant un courriel à : concejoindigenadegobierno@gmail.com

Les sessions des 12 et 13 octobre seront réservées aux délégué·e·s du CNI et aux conseiller·e·s du CIG, pourront participer comme observateurs celles et ceux qui sont expressément invité·e·s par la Commission de coordination et de suivi du CIG/CNI.

Lors de la séance plénière du 14 octobre pourront participer comme observateurs les invité·e·s de la Commission de coordination et de suivi du CIG/CNI, les anciens membres de l’association civile « Vint le temps de l’épanouissement des peuples » et les membres des différents réseaux de soutien au CIG, ainsi que de la Sexta nationale et internationale.

Cordialement,
le 6 septembre 2018.

Pour la reconstitution intégrale de nos peuples
Plus jamais un Mexique sans nous

Commission de coordination et de suivi du CIG/CNI


https://lavoiedujaguar.net/Convocation- ... ndigene-de
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Re: Chiapas (Mexique)

Messagede bipbip » 18 Nov 2018, 19:22

DÉCLARATION DE LA SECONDE ASSEMBLÉE NATIONALE DU CONGRÈS NATIONAL INDIGÈNE - CONSEIL INDIGÈNE DE GOUVERNEMENT

Aux Réseaux de soutien au Conseil Indigène de Gouvernement

A la Sexta nationale et internationale

Aux peuples du Mexique et du monde

Soeurs, frères :

Depuis la Seconde assemblée plénière du Congrès National Indigène et du du Conseil Indigène de Gouvernement, qui s’est déroulée du 11 au 14 octobre au CIDECI-UNITIERRA à San Cristobal de las Casas, Chiapas, nous nous adressons avec respect aux compañeras et compañeros qui font partie des Réseaux de soutien au CIG, ainsi qu’aux peuples de ce pays et du monde pour nous voir, nous consulter et franchir de nouvelles étapes dans la construction de ce nouveau monde qu’il nous faut.

Nous le disons avec urgence, parce que nous qui sommes peuples originaires, au travers de notre lutte contre la grave maladie causée par le capitalisme, nous tissons la vie, car c’est le devoir que nous avons reçu de nos ancêtres. Celui-ci consiste, pour nous, à construire la vie et la faire croître dans chaque recoin avec espoir, un espoir qui parie sur la mémoire et sur les temps à venir. Nous tissons en collectif en tant que peuples, et au fil de ce travail, nous nous tissons aussi en tant que personnes.

Nous sommes des réseaux au sein de nos localités, où nous cherchons en collectif à n’avoir qu’une seule parole qui soit le reflet de notre terre-mère, de sa vie et du battement de son coeur. Nous sommes des réseaux de réseaux au sein de nos communautés et des régions qui constituent des collectifs de collectifs, là où nous ne rencontrons qu’une seule autre parole, parole qu’entre les nôtres nous écoutons avec attention, parce qu’elle continue à être ce que librement, nous décidons d’être. Cela, c’est notre lutte permanente, et c’est pour cela que cette parole, nous la respectons et nous l’honorons en faisant de celle-ci notre gouvernement, non pas seulement maintenant mais pour toujours, parce que de nos différences, surgit l’accord collectif. C’est-à-dire que de notre être différents nous surgissons comme un seul, comme les peuples que nous sommes, et c’est pour cela aussi que nous honorons nos différences.

Ainsi, lorsque par accord du Cinquième congrès national indigène nous avons décidé de former un Conseil Indigène de Gouvernement, cela ne s’est pas fait en tremblant, ni avec la prétention que tous soient comme nous, ni avec la volonté de dire à qui que ce soit ce qu’il doit faire, mais afin de dire au monde que c’est un mensonge que le gouvernement doive exister afin de détruire, mais qu’au contraire, il doit exister afin de construire. Que c’est un mensonge que le gouvernement doive exister afin de se servir, mais qu’au contraire, il doit exister afin de servir. Il doit être le miroir de ce que nous sommes lorsque nous rêvons de décider de notre destin, et non pas le mensonge qui nous supplante pour dire en notre nom qu’il veut voir tout mourir autour de lui.

Ce que nous tissons, nous l’appelons organisation, et c’est le territoire que nous défendons, la langue que nous parlons et que nous refusons de perdre, l’identité que nous n’oublions pas et que nous faisons croître avec la lutte. Mais il se trouve que c’est aussi cela que les possesseurs de l’argent ont besoin, pour le détruire et le convertir en encore plus d’argent, pour le transformer en marchandises, par le biais de l’exploitation, de la pauvreté, de la maladie et de la mort de nombreuses autres millions de personnes qui ne sont pas de nos peuples, et qui vivent dans les villes et à la campagne. C’est-à-dire que ce n’est pas vrai non plus que la mort, la répression, la spoliation et le mépris ne nous concerne que nous, les peuples originaires.

C’est pour cela qu’exercer l’autonomie au travers de nos formes ancestrales d’avancer en nous questionnant, est l’unique porte afin de pouvoir continuer à faire de la vie notre chemin sans rémission, vu qu’au-dehors, tout s’est mis en place pour assurer la terreur et le profit des puissants. Dans ce contexte, il n’y a aucune possibilité de stopper, ou ne serait-ce que de freiner l’accumulation capitaliste basée sur notre extermination, même si leurs lois viciées reconnaissent notre libre détermination. Cela ne sera possible qu’une fois démantelée la finca, la grande propriété, l’usine, le camp de concentration ou le cimetière en quoi ils ont transformé notre pays et notre monde.

Le Conseil Indigène de Gouvernement est la manière d’honorer nos différences, afin d’y rencontrer la parole dans laquelle nous nous reflétons, et qu’elle soit un véritable gouvernement. L’autre, ce qu’en-haut ils appellent l’Etat mexicain, n’est rien d’autre qu’un mensonge fait pour imposer, réprimer et occulter la mort qui nous déborde déjà, rendant la tromperie évidente. C’est-à-dire : ce n’est rien de plus qu’une bande de voleurs qui font semblant d’être institution de droite ou de gauche. Dans un cas comme dans l’autre, ils portent la guerre en eux, et ils ont beau la maquiller, celle-ci aussi les déborde, parce que le patron, c’est le patron.

Mais en bas, nous ne pouvons rien faire d’autre que de défendre la vie, avec ou sans les mensonges du gouvernement sortant et du gouvernement sur le point d’entrer en fonction, parce que les belles paroles sont inutiles, lorsque sont menacés les peuples Binniza, Chontal, Ikoots, Mixe, Zoque, Nahua et Popoluca de l’isthme deTehuantepec par leurs projets transisthmiques et l’expansion des Zones Economiques Spéciales, ainsi que les peuples Mayas, avec leur projet de train capitaliste qui spolie et détruit la terre à son passage. Les belles paroles sont inutiles, face à l’annonce de la plantation d’un million d’hectares d’’exploitation arboricole et forestière dans le sud du pays, face à l’illégale et vicieuse consultation pour la construction du Nouvel aéroport de la ville de Mexico, ou face à l’offre faite afin que continuent à investir les entreprises minières qui ont obtenu la concession de grandes extensions des territoires indigènes. Les belles paroles sont inutiles, lorsque sans consulter nos peuples, le futur gouvernement impose la création, suivant le style du vieil indignénisme, de l’Institut National des Peuples Indigènes, dirigé par les déserteurs de notre longue lutte de résistance.

Les belles paroles sont inutiles, lorsque nous voyons le cynisme avec lequel sont cédés les peuples du Mexique aux intérêts des Etats-Unis par le biais du Traité de Libre Commerce. Le même traité que promet de ratifier le futur gouvernement de López Obrador, qui durant l’un de ses premiers discours n’a pas hésité à ratifier la continuité de la politique monétaire et fiscale actuelle. C’est-à-dire la continuité de la politique néo-libérale, qui sera garantie à travers l’annonce du fait que les corporations militaires resteront présentes dans les rues, et avec la prétention de recruter pour cela cinquante mille jeunes pour intégrer les files armées qui ont servi à réprimer, spolier et semer la terreur dans toute la nation.

Nous avons été trahis, lorsque nos exigences étaient d’arrêter cette guerre et que les droits des peuples indigènes soient reconnus dans la constitution mexicaine au travers de leur traduction par le biais des Accords de San Andrés, parce que le patron que nous ne voyons pas, et qui est celui à qui obéissent ceux qui disent gouverner, a ordonné que soient jetées par-dessus nous de nombreuses lois rendant légal le fait de nous voler la terre par la violence, ainsi que des programmes pour nous diviser et faire que nous nous battions entre nous, et semer le mépris et le racisme dans toutes les directions. Les belles paroles sont donc inutiles, lorsqu’avec cynisme, ils parlent de reconnaître les Accords de San Andrés ou notre libre détermination au sein de leurs lois pourries jusqu’à la moelle, sans même toucher à l’engrenage capitaliste assassin que représente l’Etat mexicain.

Si étaient approuvés les Accords de San Andrés dans le contexte actuel, avec encore en vigueur les réformes successives de l’article 27 de la constitution, qui ont transformé la terre en marchandise et qui ont mis les richesses du sous-sol à disposition des grandes entreprises ; sans en finir avec les régimes de concession des eaux, des activités minières, des biens nationaux et des hydrocarbures ; sans imposer de limites au pouvoir impérial, en dérogeant au Traité actuel de Libre Commerce et en limitant sérieusement les grandes corporations multinationales ; sans détruire le contrôle exercé par les grands cartels criminels soutenus par les corporations militaires sur nos territoires ; ce serait, pour nous, vivre dans le meilleur des cas une grossière illusion, nous occultant l’attaque exercée par l’argent contre nos peuples.

Nous, au sein du Congrès National Indigène - Conseil Indigène de Gouvernement, nous n’avons aucun doute, et nous ne serons partie prenante d’aucune transformation exponentielle du capitalisme qui, au travers de leurs pratiques pleines de vices, porte son regard sur nos territoires. Nous ne serons pas partie prenante de leur mensonge, avide de notre sang et de notre extermination.

C’est la raison pour laquelle nous passons l’accord de continuer à construire l’organisation qui se transforme en son propre gouvernement, autonome et rebelle, avec des compañeras et des compañeros d’autres géographies, afin de rompre de manière collective l’inertie qu’ils nous imposent, pour distinguer entre tous d’où vient la tempête, et au milieu d’elle ne pas cesser de tisser, jusqu’à ce que notre tissu se joigne avec les autres qui surgissent de tous les recoins du Mexique et du monde afin qu’ils se fassent conseils et qu’ensemble, nous soyons conseil de gouvernement avec les réseaux de soutien au CIG. Qu’ils se dédoublent avec leurs propres formes et leur propre identité, à la campagne et à la ville, sans se soucier des frontières.

Nous prenons l’accord de consulter nos communautés, peuples, nations, tribus et quartiers sur les formes et les manières de construire aux côtés des réseaux de réseaux, qu’ils soient petits ou grands, une coordination à même de nous enrichir par le soutien et la solidarité, qui fasse de nos différences notre force en réseaux de résistance et de rébellion, par la parole qui nous rassemble en un seul, de manière respectueuse et horizontale.

Et comme c’est de fait notre manière de procéder, chaque étape dépend de ce qu’à la base même nous accordons, raison pour laquelle nous ferons connaître ces résolutions dans nos régions d’origine afin que soit obtenu un consensus, et que la parole collective qui nous fait être ce que nous sommes nous marque le rythme, la manière et la direction.

Nos pas dépendront également de ce qu’en collectif décideront à la base même les autres hommes et femmes, instituteurs, étudiants, femmes, travailleurs de la campagne et de la ville. De tous ceux qui, au milieu de la guerre capitaliste, ont aussi décidé de tisser l’organisation qui mette un terme à la mort et la destruction dans laquelle les capitalistes ne voient qu’une source de profits. Si c’est leur décision, depuis en-bas et de manière autonome, nous les appelons à réaliser avec sérieux et engagement une consultation à l’intérieur de leurs organisations et de leurs collectifs, pour décider s’il est pour vous nécessaire ou non de former votre Conseil de Gouvernement.

Si c’est votre décision, suite à notre appel à faire trembler les entrailles de la terre par l’organisation d’en-bas à gauche, vous pourrez alors toujours compter sur notre parole compañera, désinteressée et solidaire. Compañer@s, ce ne seront pas des étapes faciles, ni rapides, mais nous sommes convaincus que de profondes brèches naîtront afin de démanteler le pouvoir d’en-haut.

Au moment approprié, et en accord avec [le résultat de la] consultation que nous réalisons au sein de nos communautés, le CNI - CIG discutera de l’incorporation à quelque chose de plus grand, qui soit capable d’incorporer nos luttes, réflexions et identités. Quelque chose de plus grand qui se renforce des visions, manières, formes et rythmes de chacun.

Soeurs, frères, cela constitue notre parole collective, qui continue à appeler à l’organisation d’en-bas afin de défendre la vie, et nous soigner aux côtés de notre mère la terre.

Depuis le CIDECI-UNITIERRA, San Cristóbal de las Casas, Chiapas

14 octobre 2018

Pour la reconstitution de nos peuples
Jamais plus un Mexique sans nous

Congrès National Indigène
Armée Zapatiste de Libération Nationale


http://cspcl.ouvaton.org/spip.php?article1399
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