Centrafrique

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Messagede Pïérô » 08 Déc 2013, 18:35

Eclairant, édito Billets d'Afrique 230- décembre 2013 de Survie

La république françafricaine

La Centrafrique est un cas d’école pour qui veut mesurer les ravages de la Françafrique. Aucun pays africain n’a été aussi étroitement tenu sous tutelle française ; aucun n’est aussi délabré que la République centrafricaine, cinquième pays le plus pauvre du monde en dépit des richesses de son sous-sol.

La déliquescence de l’État [1] a laissé tout latitude aux bandes armées qui s’imposent par la terreur. Avec moins de cinq millions d’habitants la Centrafrique est aujourd’hui un pays sans routes, sans hôpitaux, sans écoles, sans eau potable, sans électricité. Soixante-dix pour cent de la population, abandonnée à elle-même, se trouve au-dessous du seuil de pauvreté et souffre de malnutrition ; le taux de mortalité à l’âge de cinq ans est de 220 pour mille et l’espérance de vie est de 44 ans. La moitié des habitants sont analphabètes. Tel est le triste bilan des régimes qui se sont succédé, tous sous une étroite dépendance de Paris. L’État-fantôme ne contrôle pas l’exploitation des ressources, bois, diamant, dont une grande partie fuit en contrebande vers les pays voisins.

L’histoire de la Centrafrique est celle d’un désastre continu. Après avoir été saigné à blanc par trois quarts de siècle d’une exploitation qui a dépeuplé le territoire et qui a permis l’édification de grandes fortunes françaises, notamment celles des Giscard d’Estaing ou de la famille de l’expert ès-droits de l’homme BHL, l’ex-Oubangui-Chari aborde l’indépendance en 1960 avec à peine deux millions d’habitants pour un territoire grand comme la France. Les bases militaires de Bouar et de Bangui assurent une présence permanente de l’armée française, qui a fait de la RCA un de ses terrains de jeu de prédilection, écrasant toute tentative de rébellion et assurant à la France une gestion quasi directe du pouvoir politique. Cette souveraineté de fait a permis à la France d’entretenir soigneusement la déliquescence de la RCA, pour mieux servir ses visées stratégiques et livrer le territoire au pillage de ses affairistes. Le seul objectif des subventions françaises depuis l’indépendance, et européennes depuis les années 2000, est d’assurer la continuité de l’exploitation des matières premières et l’accès aux aéroports.

Aujourd’hui que le chaos où est plongée la Centrafrique, devenue la proie de bandes armées venues du Congo, de l’Ouganda, du Soudan, du Tchad, menace leurs intérêts, les pays occidentaux envisagent une intervention militaire, maquillée d’humanitaire bien sûr. Ainsi le 20 novembre le directeur du bureau Afrique du département d’État des États- Unis, Robert Jackson, s’alarme d’une situation de « pré-génocide » en Centrafrique. Laurent Fabius lui fait immédiatement écho, affirmant que « la République centrafricaine est au bord du génocide ». Le mot fait mouche et dès le lendemain le même annonce que la France va déployer un millier de soldats supplémentaires, venant s’ajouter aux 400 qui gardent en permanence l’aéroport de Bangui et quelques sites français dont celui de Total, et renforcer les quelque 3000 militaires de la Force militaire d’Afrique Centrale, la FOMAC, déjà présents sur le terrain. Il est probable qu’ils seront rejoints, sans tambour ni trompette, par nos forces spéciales, qui opèrent déjà en toute discrétion dans le nord du Cameroun. On rétablira une apparence d’ordre et les habitants continueront à périr d’inanition en silence, sans troubler la marche des affaires as usual.

La politique françafricaine est décidément une grande réussite.

http://survie.org/billets-d-afrique/201 ... mbre-2013/
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Re: Centrafrique

Messagede bipbip » 20 Déc 2013, 12:34

Que va faire la France en Centrafrique ?

Le 8 décembre, moins d’un an après l’opération Serval au Mali, voici l’opération Sangaris, menée par l’armée française, à nouveau sous la houlette d’un gouvernement « socialiste ». Bien entendu, il s’agirait encore une fois, pour la République des droits de l’homme, de sauver des milliers de vies humaines contre un risque d’emballement génocidaire. Mais en réalité, l’objectif de l’ancienne puissance coloniale est moins reluisant.

C’est au Sommet franco-africain de l’Elysée, le 6 décembre, placé sous le signe de la paix et de la sécurité, que François Hollande annonce cette opération « désintéressée » pour venir en aide à « un peuple qui souffre et nous appelle ». Ce sommet, destiné à la promotion des intérêts français en Afrique, notamment face à la concurrence internationale, a réuni 26 chefs d’Etat africains. Le jour précédent, le Conseil de sécurité adoptait la résolution 2127, autorisant l’intervention de la MISCA (une force africaine de 3600 hommes), mais aussi de 1600 parachutistes et membres des forces spéciales françaises, pour « rétablir la sécurité » en République centrafricaine (RCA).

Lourd héritage colonial

La République centrafricaine est peuplée de 5 millions d’habitant.e.s sur 623 000 km2, dont plus de 70% vivent de l’agriculture de subsistance. L’ancienne colonie de l’Oubangui-Chari est l’un des quatre territoires de l’Afrique équatoriale française, devenu indépendant en 1960, dans un cadre néocolonial. En 1966, Bokassa s’empare du pouvoir par un coup d’Etat, et le nouveau potentat, qui deviendra empereur dix ans plus tard avec la bénédiction de l’Elysée, permet à la France de garder la haute main sur le pays. Depuis lors, tous les chefs d’Etat de RCA sont arrivés au pouvoir par un putsch, agréé par l’ancienne métropole.

Pendant la guerre froide, la RCA est érigée en bastion de la présence française en Afrique, en particulier face à l’intervention libyenne au Tchad, durant les années 80. Elle perd cependant cet intérêt au tournant des années 90, suscitant une réduction importante du dispositif militaire français.

Bois précieux et diamants

La RCA exporte surtout des bois tropicaux et des diamants. L’exploitation de près de 4 millions d’hectares de forêts, aux frontières du Congo et du Cameroun, est aux mains de compagnies privées étrangères, dont les françaises Bolloré et Thanry, qui s’acquittent de redevances, mais ont peu de considération pour la préservation des ressources naturelles dont dépendent les populations. Compte tenu des coûts de transport, seuls les bois nobles sont coupés, provoquant pourtant des dégâts collatéraux importants.

L’extraction d’un diamant de haute qualité repose sur les épaules de près de 100 000 petits prospecteurs, qui vendent le carat au tiers de sa valeur à des « collecteurs ». Ils ne bénéficient pourtant que d’une fraction de ce prix pour assurer la survie de leur famille (10% de la population du pays en vit partiellement), compte tenu des ponctions opérées par un Etat prédateur et ses agents (licences d’exploitation et corruption de la police des mines), par les « collecteurs » urbains et le racket des groupes armés. Pour couronner le tout, ces pierres sont écoulées sur le marché mondial par quelques exportateurs autorisés, dont le suisse Adamas, basé à Zoug.

L’épouvantail chinois

Dans la seconde moitié des années 2000, François Bozizé, qui préside le pays depuis 2003 au profit de son clan familial, développe ses liens avec la Chine, qui lui accorde des crédits : le 10 septembre 2009, il est même reçu par Hu Jintao à Pékin, à qui il cède le site d’exploration pétrolier de Boromata. Les exportations de la RCA vers l’Empire du milieu s’envolent (12% en 2008, 14% en 2009, 19% en 2010… 28% en 2012) ; de même, des partenariats se développent dans les domaines de l’énergie (hydraulique et solaire), de la construction et des communications, sans parler du militaire (40 officiers centre-africains formés chaque année en Chine). Même les USA s’en inquiètent...

Par ailleurs l’exploitation des gisements d’uranium de Bakouma (S-E), découverts en 1960 (production potentielle de 2000 à 3000 t. par an), a été constamment repoussée avant d’être mise en stand by par Areva, en octobre 2011, en raison semble-t-il de la baisse des cours. Le géant français avait forcé la main du gouvernement de RCA pour en obtenir le monopole, si bien que sa non exploitation fait lors l’objet d’un contentieux. Bangui songeait-elle à en céder les droits à d’autres ?

Vers l’intervention française

C’est dans ce contexte qu’éclate la guerre civile en RCA, en décembre 2012, entre le gouvernement de Bozizé, lâché par une partie de ses partisans, et la Seleka (« coalition » en langue sango), réunissant cinq mouvements rebelles, dirigée par Michel Djotodia, un leader musulman qui s’empare de la capitale en mars 2013. Entre-temps, le Tchad et l’Afrique du Sud, cette dernière sans doute en contrepartie d’avantages miniers, ont apporté une aide comptée au régime de Bozizé, tandis que Paris et Washington refusaient de le soutenir, escomptant le pourrissement de la situation pour jouer leur carte ultérieurement.

Après la victoire de la Selaka, les groupes armés rebelles n’acceptent pas tous de rentrer dans le rang en se soumettant à l’autorité de Djotodia. Les dissidents s’engagent alors dans des exactions envers les populations civiles, auxquelles les anciens partisans de Bozizé répondent aussi par la violence. Il n’en faut pas plus pour agiter le spectre de massacres interconfessionnels, puisque les premiers sont musulmans et les seconds chrétiens, justifiant l’intervention de la France. Comme le note un chroniqueur du Guardian, François Hollande a développé « une nouvelle formule » pour intervenir dans ses anciennes colonies « avec doigté ». Mais quels peut être le but de cet activisme françafricain, si ce n’est le sauvetage de cette zone d’influence, fût-elle réduite ?

Jean Batou

* Article écrit pour "solidaritéS (n° 240) (Suisse). Un article plus développé suivra.

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article30634
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Re: Centrafrique

Messagede bipbip » 21 Déc 2013, 17:05

Entretien avec Raphaël Granvaud, militant de l’association Survie, et auteur de Que fait l’armée française en Afrique (Agone, 2009) et Areva en Afrique, une face cachée du nucléaire (Agone, 2012), par NPA (mais que fait-on ?).

Françafrique : "Rappeler le passif de la France en matière d’ingérence forcenée, et la responsabilité qu’elle porte dans la situation actuelle"

Quels étaient les objectifs du sommet France-Afrique (cf l’Anticapitaliste n°221) ?

Outre la réaffirmation politique de la puissance française, les objectifs étaient essentiellement économiques et militaires. Depuis dix ans, la part de marché des entreprises françaises au sud du Sahara est passée de 10 % à moins de 5 % selon les statistiques officielles, même si, comme il s’agit d’un marché en croissance, les intérêts français ont augmenté en valeur absolue, les exportations doublant pendant la même période. Lors d’un forum économique qui a précédé le sommet, Hollande a fixé l’objectif de doubler les relations commerciales dans les prochaines années.
Quant au sommet intitulé « pour la paix et la sécurité », il s’agissait surtout de réactiver un vieux projet de constitution de « casques bleus » africains pour la « gestion de crises » sur le continent. Les autorités françaises ont réaffirmé leur disponibilité pour « aider » à la concrétisation de ce projet, en réalité pour l’encadrer par la fourniture de coopérants militaires. Lors de ses interventions militaires à répétition, la France prétend soutenir l’action des forces militaires africaines, qui servent en réalité de forces supplétives. Mais encore faut-il que ces forces soient opérationnelles, ce qui n’est pas toujours le cas, comme on l’a vu lors de la préparation de l’intervention Serval au Mali. La coopération militaire et logistique que la France propose à l’Union africaine (UA) lui permet aussi de justifier le maintien de sa présence militaire permanente sur le continent.

Qu’en est-il ressorti ?

Pour ce qui concerne la « paix et la sécurité », il est évident que ce sommet n’apportera rien, la nature des relations entre la France et l’Afrique constituant un élément du problème, et non de la solution. Concernant la force panafricaine dont la France prétend soutenir la création, il est un peu tôt pour faire un bilan. Les discours convenus qui se sont succédé ne seront pas forcément suivis d’actes. Les rivalités entre certains pays freinent sa mise en œuvre et il existe des divergences quant à la conception de cette force africaine : doit-elle être déclinée et contrôlée par les institutions sous-régionales du continent, ou au contraire placée sous l’autorité de l’Union africaine ? Un point reste également passé sous silence : de quelle autorité tiendra-t-elle ses mandats ? De l’UA ou du Conseil de sécurité de l’Onu contrôlé de fait par les grandes puissances ?

Derrière le prétexte humanitaire, quels sont les véritables enjeux, notamment économiques, de l’intervention militaire française en Centrafrique ?

Les arguments humanitaires ou moraux, et en particulier le risque de « génocide » qui a été brandi avant le vote de la résolution au Conseil de sécurité, relèvent de la pure propagande. La situation est suffisamment grave pour ne pas avoir besoin d’en rajouter. En matière économique, le pays est surtout riche de ses ressources minérales, en particulier les diamants, dont la moitié sont exportés frauduleusement. Les intérêts économiques des entreprises françaises (Orange, Total, Castel…) sont relativement faibles au regard d’autres pays. Il y a également des intérêts forestiers et de l’uranium, mais Areva a gelé la mise en chantier du site de Bakouma il y a deux ans. Quant au pétrole découvert dans le nord du pays, il a été attribué à une compagnie chinoise. Les seuls intérêts économiques français dans le pays ne suffisent sans doute pas à expliquer l’intervention française. Il est vraisemblable en revanche que les enjeux soient perçus de manière régionale, avec la crainte que les affrontements centrafricains ne finissent par déstabiliser les pays limitrophes où les intérêts économiques sont plus importants.
Il faut également rappeler le poids de la hiérarchie militaire dans le choix des interventions, que les journalistes qui ont suivi la véritable genèse de l’opération Serval au Mali ont bien mis en évidence. En Centrafrique comme au Tchad voisin, l’armée est massivement présente, pour des raisons stratégiques, depuis des années, malgré l’absence de base militaire officielle. On ne pouvait pas laisser déstabiliser cette zone de manière durable.

Quelles formes de mobilisation à l’égard de cette nouvelle intervention militaire peut-on attendre de la part de militants anti-impérialiste ?

En France, il est plus difficile de mobiliser contre l’impérialisme français que contre l’impérialisme américain, propagande oblige. C’est encore plus vrai quand l’armée française prétend intervenir pour porter secours à des populations en danger, lesquelles peuvent accueillir favorablement – au moins dans un premier temps – l’arrivée des militaires français, jusqu’à paralyser les réactions des organisations progressistes (syndicales, associatives) dont on pourrait attendre au moins un regard critique. Il faut tenter de cerner et d’expliquer de manière non réductrice les enjeux de cette intervention, rappeler le passif de la France en matière d’ingérence forcenée, et la responsabilité qu’elle porte dans la situation actuelle, qui la discrédite pour toute solution d’avenir. Contre l’amnésie ambiante, il faut également rappeler le bilan des opérations « humanitaires » précédentes, comme l’opération Licorne en Côte d’Ivoire, et continuer à informer sur les opérations en cours, comme l’opération Serval au Mali : absence de résolution des problèmes, duplicité de la diplomatie française, tentative de mise sous tutelle politique et militaire… Enfin il faut articuler des mots d’ordre sur le retrait des militaires français à des revendications qui prennent en compte le droit des Centrafricains à la sécurité

Plus généralement, concernant la Françafrique, peut-on repérer des infléchissements par rapport à la politique menée depuis des décennies par tous les gouvernements français, de droite comme de gauche ?

Les médias insistent sur l’absence de réseaux officieux sous Hollande pour conclure (une nouvelle fois !) à la disparition de la Françafrique. A supposer que cela soit vrai, cela ne change pourtant ni l’orientation de la politique suivie ni la persistance des instruments de domination (franc-CFA, dette, armée et services secrets français sur le continent notamment). Après quelques hésitations de posture, on a également vu Hollande se convertir rapidement à la realpolitik en matière de collusion avec les régimes autoritaires et les dictateurs traditionnellement soutenus par la France. Sur le plan militaire, il faut même parler de régression. Le dernier Livre blanc de la défense, rédigé pendant l’opération Serval, relégitime les prétentions de la France à intervenir de manière unilatérale dans son pré carré traditionnel et à y consolider son dispositif militaire.

Quelle alternative se devrait de proposer un véritable gouvernement de gauche ?

Dans un premier temps, il faudrait par exemple cesser toute forme de soutien aux régimes répressifs, interdire toute présence militaire française en Afrique francophone, renoncer à la tutelle sur le ftranc-CFA, en finir avec la diplomatie du tiroir-caisse, auditer et annuler les dettes odieuses, reconnaître les crimes commis et ouvrir le dossier des réparations, et enfin mettre en place une aide qui profite aux populations locales et qui soit contrôlée par elles.

Propos recueillis par François Brun

http://npa2009.org/node/40156
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Re: Centrafrique

Messagede Pïérô » 22 Déc 2013, 01:28

La dernière question reflète dans quel état se trouve le NPA, je pense. A force de jouer dans le système il ne peut plus s'en échapper, et se retrouve en incapacité d'envisager autre chose qu'une alternative en terme gouvernementale "à gauche de la gauche", dans un champ social-démocrate (même "radical") bien éloigné de l'anticapitalisme affiché.
Alors, évidemment la recette de cuisine en terme révolutionnaire internationaliste je ne l'ai pas, d'autant que sur le terrain on ne sait pas bien sur quoi s'appuyer tellement la confusion sert les intérêts de l'impérialisme et des pilleurs officiels autrement mieux armés que les locaux.

Allez, en attendant

La petite guerre humanitaire - la Parisienne Libérée

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Re: Centrafrique

Messagede Pïérô » 26 Déc 2013, 02:06

Communiqué de la CGA

Troupes Françaises Hors d'Afrique !

L'Étatfrançais vient d'envoyer plus de 1600 soldats en république centre-africaine. Une nouvelle fois, il tente de masquer sa politique impérialiste sur le continent africain derrière de prétendues considérations «humanitaires», la nécessité de mettre fin aux massacres et de «prévenir un génocide». ---- Rappelons que que l'État français porte une lourde responsabilité dans la situation actuelle. En 2007 et 2008 déjà, les forces spéciales françaises avaient apporté leur soutien logistique au dictateur d'alors, Bozizé, au prix de nombreuses exactions. Le principal allié de l'impérialisme français dans la région, le président du Tchad Idriss Deby, a également soutenu tour à tour Bozizé et la rébellion de la Seleka. ---- L'État français, grâce à une présence militaire sans interruption garde la main sur le pays qui joue un rôle central dans le dispositif impérialiste françafricain.

Une partie de la bourgeoisie française continue à s'enrichir grâce au pillage du sous-sol centrafricain (riche en diamant, uranium, pétrole) et plus largement des ressources naturelles du continent africain, s'appuyant sur des États et des capitalistes locaux clients. De même qu'au Mali c'était la protection des intérêts stratégiques de la bourgeoisie et de l'État français (la garantie de la continuité de l'approvisionnement en Uranium au Niger voisin) qui était la véritable raison de l'intervention française, l'intervention en Centrafrique n'a aujourd'hui rien à voir avec des préoccupations humanitaires brandies de manière opportuniste.

Nous dénonçons une telle intervention impérialiste. Nous soutenons toutes les formes d'auto-organisation populaire qui visent à mettre fin aux exactions perpétrées contre les populations civiles. Des exactions qui sont les conséquences directes d'une politique impérialiste soufflant sur la braise identitaire ou religieuse pour défendre les intérêts économiques ou permettre à une minorité politicienne d'accéder ou se maintenir au pouvoir.

Les troupes françaises doivent quitter la Françafrique et l'Afrique.

Pour faire face au pillage des États et des capitalistes, qu'il s'agisse des impérialistes ou de leurs clients, la solidarité internationale de classe est plus que jamais nécessaire.

Pour en finir avec le colonialisme, auto-organisation populaire contre les États et la bourgeoisie en France comme en Afrique !

Le 20 Décembre 2013

Relations Internationales de la Coordination des Groupes Anarchistes

http://www.ainfos.ca/fr/ainfos10687.html
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Re: Centrafrique

Messagede bipbip » 29 Déc 2013, 02:07

La France en Centrafrique : une histoire de domination

Deuxième guerre de François Hollande, cinquantième intervention française en Afrique depuis les indépendance, l’opération Sangaris est aussi une nouvelle étape dans une relation à sens unique entre la France et la Centrafrique. 22 mn

Yannis Thomas, de l’association Survie, nous explique de quoi il retourne, les raisons pour lesquelles la France tient tant à intervenir "chez elle".

à écouter sur Sons en Luttes : http://www.sonsenluttes.net/spip.php?article689
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Re: Centrafrique

Messagede bipbip » 15 Jan 2014, 02:03

Centrafrique : l’impasse française

Les deux troupes armées présentes en Centrafrique sont la Misca, qui vient de passer sous le contrôle de l’Onu, et qui rassemble des soldats de plusieurs pays de l’Afrique centrale avec une prédominance de soldats tchadiens, et l’armée française, composée de 1 600 hommes. Elles sont toutes deux prises à partie par les populations qui leur reprochent leur manque d’impartialité.

De fortes tensions sont perceptibles à l’intérieur de la Misca où les troupes de N’Djamena sont considérées comme partisanes dans le conflit, en prenant systématiquement parti pour les Tchadiens, et plus généralement pour les musulmans présents dans le pays. Ils sont assimilés par le reste de la population à des combattants ou du moins à des soutiens de la Seleka, l’organisation qui a pris le pouvoir en déposant François Bozizé. Cette organisation s’est rendue coupable de nombreuses exactions contre les populations. Il y a quelques jours, les soldats tchadiens de la Misca ont ouvert le feu sur leurs collègues burundais pour libérer des membres de la Seleka qu’ils détenaient. Pour éviter de nouveaux incidents, la décision a été prise d’envoyer les soldats tchadiens dans le nord du pays.

Quant aux troupes françaises, elles rencontrent les mêmes difficultés. En effet, elles sont considérées par la partie musulmane comme des partisans des milices anti-Balaka, dont certaines veulent le retour de l’ancien dictateur François Bozizé. Des manifestations ont eu lieu contre la présence des troupes françaises en Centrafrique aux cris de «  Français dehors, Hollande assassin  »  !

L’intervention militaire française, mais aussi tchadienne, ne fait qu’approfondir la division des populations en Centrafrique. Qu’on le veuille ou non, la France mais aussi le Tchad, ne peuvent prétendre à une impartialité dans le conflit, puisque ces deux pays ont systématiquement interféré dans le cours de l’histoire de la Centrafrique, en imposant à la population, d’un commun accord, leurs hommes qui se sont tous révélés des dictateurs de la pire espèce.

La France fait bien partie du problème

Ces vagues de violence mettent en exergue le fait que la réconciliation des populations est impossible en l’absence d’une solution politique unanimement acceptée. Et comme au Mali, une telle situation ne peut que déboucher sur un enlisement de l’armée française.

La politique de soutien aux dictatures en Centrafrique par la France a eu comme conséquence une quasi-inexistence de l’État, vu comme une simple source d’enrichissement pour le clan au pouvoir. Dans la plupart des cas, les manifestations de son existence résidaient dans la violence arbitraire. C’est ainsi que le tissu social s’est progressivement délité, favorisant le repli identitaire sur sa communauté vu comme seul moyen de survie.

Hollande peut tenter d’habiller ses aventures militaires en Afrique d’une parure humanitaire, il se situe bien dans la continuité de son prédécesseur. À tel point qu’il en a gardé le principal artisan, Benoît Puga. Ex de la légion étrangère, ce général aura été de toutes les aventures néocoloniales de la France, en participant aux interventions à Kolwezi, au Gabon, à Djibouti, au Tchad et au Congo. Il connaît bien la Centrafrique pour y être intervenu en 1983 et en 1996. Père de onze enfants, catholique intégriste, chef d’état-major particulier du président Sarkozy… Avec un tel profil, Hollande ne pouvait que… le reconduire dans ses fonctions  !

Plus que jamais, la mobilisation pour exiger la fin du soutien de Paris à tous les tyrans du pré-carré africain, est le meilleur service que l’on puisse rendre aux populations du continent.

Paul Martial

* Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 224 (09/01/2014).

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article30822
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Re: Centrafrique

Messagede bipbip » 10 Fév 2014, 02:31

Françafrique en Centrafrique
Emission l’Egregore du 3 Février 2014
à écouter : http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1478
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Re: Centrafrique

Messagede Pïérô » 15 Mar 2014, 12:35

La Centrafrique ou la Françafrique au passé et au présent

Les arguments «  démocratiques  » et «  humanitaires  » ne tiennent pas. La grave crise que traverse la Républicaine centrafricaine n’est qu’une nouvelle conséquence de la domination coloniale puis néocoloniale. Tandis qu’à travers l’opération Sangaris, la puissance tutélaire ne fait que poursuivre une politique qu’elle mène depuis des lustres…

«  Tout redémarre à Bangui  », annonçait l’ambassadeur de France en République centrafricaine, interviewé le 5 février 2014 par le journal Aujourd’hui en France. Arrivé en RCA en décembre dans les paquetages des 1600 soldats de l’opération Sangaris, Charles Malinas maîtrise parfaitement le langage des diplomates au service des intérêts des classes dominantes de leur pays. A la remarque du journaliste, «  tous les jours, il y a encore des dizaines de morts...   », il répond sans transition : «  à Bangui l’activité repart. Les projets de développement économique vont être lancés dans les semaines qui viennent.  ». Comme on ne peut pas croire que l’ambassadeur n’ait pas compris la remarque, on est obligé de constater que, plus de deux mois après l’intervention militaire française, l’argument «  humanitaire  » a disparu derrière d’autres arguments, bien plus «  sonnants et trébuchants  ».

Mais à l’évidence, entre les déclarations de l’ambassadeur et la réalité, il y a un certain décalage. L’ordre et la stabilité propices aux affaires sont loin d’être rétablis, à tel point que l’Elysée a annoncé vendredi 14 février l’envoi de 400 soldats français supplémentaires, qui seront ensuite rejoints par 900 soldats de nombreux pays européens. On est loin de l’opération «  coup de poing  » promise au départ !

Une partie de l’état-major lui-même a reconnu que la situation était en train d’échapper à l’armée française. Les affrontements armés entre les ex-Séléka (les milices de la coalition autour de Djotodia, qui avait pris le pouvoir par la force en mars 2013) et les anti-balaka (les milices villageoises et partisans de l’ancien dictateur Bozizé), les violences entre chrétiens et musulmans et les attaques des bandes armées de toute obédience contre les paysans redoublent un peu plus chaque jour. C’est l’intervention militaire française qui exacerbe la crise. Le bilan est déjà très lourd : au moins 2 000 morts et un million de déplacés (pour une population de 4,5 millions d’habitants). Plus de 100 000 réfugiés s’entassent ainsi dans un gigantesque camp autour de l’aéroport de Bangui, démunis de tout, sans eau potable, sans latrines, avec un seul hôpital de fortune tenu par une ONG.

Une nouvelle fois, rien de neuf sous le soleil africain : les troupes françaises viennent et reviennent, les dictateurs passent ou trépassent, les populations sont déplacées, massacrées ou violentées ... pour que les affaires puissent reprendre au plus vite. En Centrafrique même, les intérêts directs actuels des groupes capitalistes français sont relativement limités. Mais c’est l’ensemble de la région que la France veut garder sous son contrôle, pour ses intérêts propres, notamment au Niger, au Tchad ou au Cameroun mais aussi parce que c’est le rôle que lui délèguent actuellement les autres grandes puissances impérialistes, notamment les Etats-Unis : maintenir l’ordre dans la région, pour que se maintiennent les profits tirés de l’exploitation des richesses de l’Afrique.

Un lourd passif colonial

Ce n’est pas d’hier que les hommes et les femmes qui tentent de survivre tant bien que mal au cœur de l’Afrique subissent au quotidien les effets d’une domination néocoloniale, dont les avatars successifs ont pour constante de ne servir que les intérêts convergents d’une puissance, la France en l’occurrence, et d’une multitude de particuliers, du petit colon aux grandes familles et aux actionnaires. Les masques et les prétextes changent ; la machine et ses rouages, à quelques ajustements près, demeurent.

L’histoire de la très vaste zone qui nous intéresse (le territoire de l’actuelle République centrafricaine est plus étendu que la France et la Belgique réunies) ne débute pour autant pas avec la colonisation. Au demeurant, la période qui précède est loin d’être un âge d’or. Les populations y sont exposées aux effets dévastateurs de la traite à grande échelle, à laquelle se livrent tant les Européens que les Etats musulmans voisins du nord et de l’est, ainsi qu’aux razzias des potentats locaux qui échangent leur butin en esclaves contre des armes. Economie certes rudimentaire mais qui, pour ceux qui y trouvaient leur compte, ne devait pas apparaître moins rationnelle et naturelle que le capitalisme pour ses actuels thuriféraires.

Toutefois, la paix régnait parfois et, selon les témoignages des premiers visiteurs, l’agriculture pouvait être florissante autour des bourgs relativement importants de la zone forestière ou des villages dispersés dans la savane.

Vient le temps des empires coloniaux. La jeune République française trouve là une occasion de renforcer le socle encore fragile sur lequel elle est établie en satisfaisant les intérêts d’une caste qu’elle doit se concilier. Mais elle soigne déjà la façade. C’est ainsi que, dans un Discours à la jeunesse, en 1884, Jules Ferry, le Père fondateur de la République coloniale, assène : « Si nous avons le droit d’aller chez ces barbares, c’est parce que nous avons le devoir de les civiliser (…) Il faut non pas les traiter en égaux, mais se placer au point de vue d’une race supérieure qui conquiert ».

L’année suivante, devant la Chambre, quelques mois après la signature d’une convention franco-belge délimitant les zones d’influence des deux pays en Afrique équatoriale, il explique : «  qui peut dire qu’à un moment donné les populations noires, parfois corrompues, perverties par des aventuriers, par d’autres voyageurs, par d’autres explorateurs moins scrupuleux, moins paternels, moins épris des moyens de persuasion que notre illustre Brazza, qui peut dire qu’à un moment donné les populations n’attaqueront pas nos établissements  ? Que ferez-vous alors  ? Vous ferez ce que font tous les peuples civilisés et vous n’en serez pas moins civilisés pour cela ; vous résisterez par la force et vous serez contraints d’imposer, pour votre sécurité, votre protectorat à ces peuplades rebelles  ».

Conquis en 1903 par la France sous le nom d’Oubangui-Chari, l’actuel territoire de la Centrafrique est intégré en1910 dans un ensemble plus vaste nommé l’Afrique équatoriale française, avec le Gabon, le Congo français et le Tchad. Une partie de l’Oubangui est disputée avec l’Allemagne installée au Cameroun. C’est donc depuis plus d’un siècle que les destins de ces pays sont liés. La meute des puissances à vocation coloniale ne cesse de s’agiter et de grogner autour du plat.

Mais la politique coloniale ne se réduit pas aux conflits entre puissances. Il s’agit aussi de s’imposer sur place et très tôt, cela ne se passe pas sans résistances. Dès le début du 20e siècle, face aux exactions du pouvoir colonial qui n’hésite pas à brûler des villages et à commettre des massacres d’indigènes pour obtenir par la terreur des porteurs ou le paiement de l’impôt, on note des révoltes sporadiques. Mais à partir de 1928, par refus, notamment, du travail forcé (on estime à près de 25 000 morts la saignée provoquée par la construction du chemin de fer Congo-Océan !) et à l’appel du «  féticheur  » Karnou, les ethnies parviennent à s’unir et l’insurrection est alors générale : Karnou est tué dès 1928, mais ce n’est qu’un début. La guerre dite de Kongo-wara dure jusqu’en 1932. La répression fut évidement terrible et, en 1933, les derniers rebelles furent enfumés dans les grottes où ils s’étaient réfugiés.

Fausse indépendance et vrais dictateurs

À l’heure des indépendances, c’est un prêtre défroqué, Barthélémy Boganda, non dépourvu de charisme (il est souvent vu comme la réincarnation de Karnou) qui sera considéré comme le «  Père de la Nation  », selon la formule consacrée. Anticommuniste mais proche à bien des égards du panafricanisme, fondateur en 1949 du Mouvement d’évolution sociale de l’Afrique noire (MESAN), il prône la création des États unis de l’Afrique latine mais il ne parvient pas éviter le morcellement. En 1959, en pleine campagne électorale pour la présidence du nouvel État, il meurt dans un accident d’avion dont les causes suscitent pour le moins des interrogations.

Dès lors, cela fait plus d’un demi-siècle que la République centrafricaine présente un visage caricatural de la Françafrique. Toujours dramatique, comme ailleurs, pour les populations ; souvent tragique, avec par exemple le massacre d’une centaine d’enfants qui avaient été arrêtés pour avoir protesté contre le coût des uniformes scolaires imposés par Bokassa, qui a pris le pouvoir en 1960 avec le soutien de la France. Parfois farcesque, comme lors de l’intermède impérial et du sacre fastueux du même Bokassa en 1977, auquel assiste le ministre français de la coopération de l’époque – mais avec toujours en toile de fond la claire volonté de l’ex-puissance coloniale de ne pas lâcher le bout de gras. La France y fait et y défait les présidents, parfois ouvertement : ainsi pour le renvoi de Bokassa devenu vraiment gênant, c’est le SDECE (l’ancêtre de la DGSE) qui conduit l’opération.

Pendant la dictature de Kolingba de 1981 à 1993, c’est un Français, chef de la sécurité présidentielle qui est réputé tenir les rênes. De même, en 2003, c’est la France qui décide du moment où elle renonce à tirer d’affaire, comme elle l’a fait des années durant, Patassé, prototype des chefs d’État corrompus. C’est elle aussi qui lâche Bozizé en mars 2013 quand ce dernier lui apparaît trop complaisant à l’égard des intérêts chinois. Et lorsque Djotodia, à qui elle a laissé prendre la main, se révélera incapable de maintenir ne serait-ce qu’un semblant d’ordre, tout sera en place pour l’épisode actuellement en cours.

Au revoir Djotodia, bonjour Samba-Panza

C’est en concertation avec Idriss Déby, le dictateur du Tchad, principal allié de la France dans la région et principal soutien de l’autre intervention militaire française en cours actuellement au Mali, que le gouvernement français a précipité la chute de Djotodia début janvier 2014. Déby lâche Djotodia, son homme de paille sur le sol centrafricain, car celui-ci se révèle finalement incapable de tenir les milices Séléka qui contrôlent les péages routiers en provenance des pays voisins, le pétrole au nord et les diamants au centre. Et Déby se refuse à prendre le risque d’une partition du pays, comme l’a connu en son temps le Mali.

De plus, les ressortissants tchadiens sont pris à parti en RCA par les anti-balaka et sont contraints de fuir par dizaines de milliers. Sassou N’Guesso et Ali Bongo, respectivement dictateurs du Congo Brazzaville et du Gabon, sont également de la partie pour sceller le sort de Djotodia qui part rapidement pour le Bénin.

Le 20 janvier, c’est Catherine Samba-Panza, la maire de Bangui depuis mai 2013, qui est élue présidente de transition par le Parlement.

Nouvelle présidente mais vieilles recettes

Le fait rare qu’une femme accède aux fonctions présidentielles ne doit pas occulter la manière dont elle a bénéficié de l’appui total de l’Etat français. Samba-Panza est une grande bourgeoise, dont le mari a été plusieurs fois ministre des anciens satrapes de la RCA, Kolingba et Bozizé. Dans les années 1990, elle fait partie des cercles dirigeants de la filiale en Centrafrique du deuxième groupe mondial des assurances, Allianz. Elle se lance ensuite dans les affaires et fonde sa propre société de courtage en assurances.

Le 15 novembre, elle avait participé à l’assemblée générale de l’Association des maires francophones (AIMF). «  François Hollande m’a saluée et confié ‘‘Tenez bon, nous arrivons !’’  », a-t-elle raconté. En décembre, elle a également effectué une tournée en France pour nouer «  des partenariats de développement  ». Bref, voilà une nouvelle fois «  la transition  » à la françafricaine assurée. Les propos de Charles Malinas, l’ambassadeur de France, dans la même interview déjà citée, le confirment : «  les diamants centrafricains, qui se trouvent dans le Nord-Est et dans le Sud-Ouest sont actuellement exploités de manière clandestine et exportés illégalement au profit des ex-Séléka (...) Il s’agit de remettre sur pied un système d’exploitation du diamant avec des sociétés agréées. Catherine Samba-Panza a nommé un spécialiste de la question au ministère des Mines. La filière minière qui concerne le diamant, mais aussi l’or, pourra alors retrouver une existence économique et légale normale  ».

Plusieurs centaines de milliers d’adultes et d’enfants se tuent quotidiennement à la tâche dans les zones diamantifères, en creusant les terrains alluviaux avec des pelles et des tamis, sous la surveillance de gardes armés. Que les miliciens soient de nouveau au service du gouvernement ne changera rien au sort de ces esclaves des temps modernes.

L’intervention militaire française en Centrafrique va durer, comme dure déjà depuis plus d’un an celle au Mali. Il n’y aura jamais de fin au pillage forcené des richesses de l’ensemble du continent africain tant que le système capitaliste sera en place. Les interventions militaires impérialistes sont les conséquences récurrentes de cette avidité permanente. Alors bien sûr, en tant que militants internationalistes et anticapitalistes, nous exigeons le départ de l’Afrique de toutes les troupes impérialistes, à commencer par celles de la France, et nous réaffirmons que le combat pour l’émancipation des peuples d’Afrique est indissociable du combat pour le renversement du capitalisme.

François Brun et Marie-Hélène Duverger

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Re: Centrafrique

Messagede Pïérô » 18 Mar 2014, 02:55

La crise en Centrafrique - Emission de Survie MP sur Radio Campus Toulouse
à écouter : http://www.afriradio.net/audio311.html
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Re: Centrafrique

Messagede bipbip » 25 Juin 2014, 02:23

Intervention militaire. Sangaris : l’heure du bilan
Le 5 juin marque les 6 premiers mois de la résolution 2127 de l’ONU autorisant le déploiement d’une force française en Centrafrique. Le moment adapté pour faire un premier bilan de cette opération qui ne devait durer que de « 4 à 6 mois ».
... http://survie.org/billets-d-afrique/201 ... ris-l-4732
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Re: Centrafrique

Messagede bipbip » 24 Sep 2014, 08:15

Les soudards en Centrafrique

Neuf mois après le début de l’intervention militaire française (Sangaris), la Centrafrique est toujours en proie aux violences. Le sommet de Brazzaville, qui avait rassemblé dans la capitale congolaise les différents protagonistes de la crise afin d’instaurer un cessez-le-feu, a été un échec. Les troupes étrangères présentes dans le pays le sont donc encore pour longtemps…

http://survie.org/billets-d-afrique/201 ... rique-4766
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Re: Centrafrique

Messagede Lila » 02 Mai 2015, 20:54

Des soldats français accusés de viols sur des enfants en Centrafrique

Un cadre suédois de l’ONU a été suspendu pour avoir transmis aux autorités françaises un rapport confidentiel sur des viols subis par de jeunes garçons en majorité, par des troupes de maintien de la paix françaises censées les protéger. Les viols se seraient déroulés en échange de nourriture et d’argent dans un centre de réfugiés à Bangui, capitale de la Centrafrique (The Guardian). L’ONU voulait étouffer ces crimes !

Grave ! François Hollande a déclaré que si les soldats « se sont mal comportés », il y aura des sanctions sévères.

Donc pour Hollande, la pédocriminalité (les viols d’enfants), c’est simplement « mal se comporter », comme être « mal éduqué », par exemple, cracher par terre, ou faire un croche-patte au camarade de récré !

Cela montre que dans ce pays, au plus haut niveau de l’état, la pédocriminalité n’est considérée que comme un petit écart de comportement. Pas étonnant que tout soit occulté et étouffé.

S’il s’agissait d’un vol, François Hollande aurait probablement dit : « si ces soldats ont commis un vol, il y aura des sanctions sévères. »

Donc, pour les viols d’enfants, pourquoi ne dit-il pas : « si ces soldats ont violés des enfants, il y aura des sanctions sévères. » ?

Pourquoi ne nomme-t-il pas clairement « pédocriminalité » ou « viol d’enfants » ?


https://sanscompromisfeministeprogressi ... trafrique/
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Re: Centrafrique

Messagede bipbip » 17 Juil 2015, 01:55

En Centrafrique, les accusations contre l’armée française se multiplient

Deux mois après la révélation de viols commis par des soldats français en Centrafrique, Mediapart a pu étayer la validité des accusations et le fait que les abus sexuels continuent aujourd’hui avec différents contingents. Ces crimes se déroulent dans le contexte d’un pays où les Occidentaux se croient souvent tout permis.

... https://communismeouvrier.wordpress.com ... ltiplient/
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Re: Centrafrique

Messagede bipbip » 07 Oct 2015, 01:11

Les diamants de Centrafrique financent la guerre civile

Mais d’où viennent donc les diamants qui ornent les bagues, boucles d’oreille et colliers exposés en devanture de nos luxueuses bijouteries occidentales ? De la République centrafricaine, en partie. Le pays est le 14ème producteur mondial de diamants bruts. Le commerce illégal de diamants y alimenterait la guerre civile larvée. Là-bas, pour extraire les précieuses pierres, les hommes fournissent un travail de forçat, dans des atmosphères sur-chauffées, pour des salaires de misère. Souvent, ils se blessent. Ou meurent écrasés sous des éboulements. Les familles des mineurs, qui viennent habiter près des lieux d’extraction, vivent dans des conditions sanitaires déplorables. De nombreux cas de malaria ont été signalés, et des parasitoses à cause de la mauvaise qualité de l’eau. Et rares sont les enfants qui vont à l’école. Leurs parents les encourageant plutôt à se rendre à la mine, parfois dès 11 ans.

Cette glaçante réalité est retracée dans le rapport d’Amnesty international Les diamants du sang publié ce 30 septembre. Partant de la République centrafricaine, où Sélékas et anti-Balakas sèment la terreur depuis trois ans [1], l’enquête menée par l’organisation non gouvernementale suit la filière des pierres précieuses. Depuis les mines de fortune qui parsèment le pays, jusqu’à Anvers ou Dubaï, plaques tournantes importantes du commerce des diamants ; en passant par les pays frontaliers de la République centrafricaine, comme le Cameroun ou le Soudan.

... http://www.bastamag.net/Les-diamants-de ... -la-guerre
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