chaperon rouge a écrit:Je suis d'accord mais on part tout de même d'une autre culture que celle des régions éloignées (tout ce que je dis est moins vrai pour les villes moyennes comme Saguenay) culture qui, dans le cas de l'anarchisme, est beaucoup étudiante et urbaine. Ce n'est pas sans causer des anicroches dans les conversations du genre, un travailleur qui se rend compte que toi aussi tu es un autre de ces politisés, du genre étudiant de la ville, qui veulent lui vendre leur salade, l'éduquer
. La question que je me pose depuis un bout c'est si ce n'est pas plus productif(en tout cas pour s'intégrer socialement -> assez nécessaire pour militer) pour un militant anar de jouer l'"apolitisme" comme la majorité des gens plutôt que d'arriver avec sa position toute faite à présenter.
Le danger c'est que les gens pensent que tu avance à visage découvert et que tu essaie de les manipuler. Alors mieux vaut mettre cartes sur table. Comme ça, tu évite des mauvaises surprises. Maintenant, il faut voir aussi qu'à peu près n'importe quoi de politisé a l'air d'un ovni dans la plupart des milieux populaires. Et comme les gens ont une grande méfiance des politiciens traditionnels, les radicaux passent mieux que l'on pourrait penser. La gauche est globalement morte. Alors, que l'on soit écologiste, solidaire ou anarchistes, c'est le même truc bizarre pour les gens. Du moment que tu es militant, tu es bizarre... Moi je suis aller soutenir toute sorte des grévistes et les craintes exprimées ne se sont jamais matérialisées. C'est tellement rare du soutien qu'ils sont prêts à prendre n'importe qui! Maintenant, l'enjeu c'est de n'être ni opportuniste, ni paternaliste. Ce n'est pas moi qui est en lutte et je n'irai pas leur dire quoi faire (C'est évidemment différent quand c'est effectivement moi qui est en lutte, là je donne mon opinion à fond sur la stratégie et la tactique à adopter). Je me contente de récolter des informations et d'écrire un papier, faire un reportage radio. On se montre ouvert à filer un coup de main mais on insiste pas. L'idée c'est de soutenir. Inconditionnellement. Après tout c'est ça la solidarité...
Dans le cas du milieu communautaire, c'est très différent. J'y suis très connu. Les gens m'ont vu et revu dans des assemblées, des manifs, des conférences etc. Et en général, ils savent que je suis anarchiste même si je n'insiste plus trop là dessus (parce que ça portais à confusion et parfois certaines personnes confondais ma position et le groupe pour lequel je travail). Alors le courant passe. Et en général ils sont flatté quand on veut parler d'eux à la radio ou dans le journal. À Québec, on est maintenant vu comme l'une des composantes de la gauche parmi d'autres.
chaperon rouge a écrit:Dans les groupes communautaires des quartiers de Québec, est-ce que la même chose se pose également dans la communication des militant-e-s(en dehors de l'analyse des collectifs)?
Ça peut se poser. Pas tant dans les groupes que dans les quartiers. Par contre, le contre-poids dans les groupes c'est qu'il y a une crainte réelle de l'entrisme. C'est un peu moins pire aujourd'hui mais, pendant longtemps, les gens ont été traumatisés par l'expérience des ML des années 1970 venus coloniser les groupes populaires. Alors il y a toujours des gens pour avoir peur des personnes ouvertement politique. Ou alors qui ont peur de se faire manipuler.
Dans tous les cas, ça prend des années avant de s'implanter. Alors tôt ou tard, il faudra dire qui tu es...