Et comme il y en a un qui, à mon avis à juste titre, conteste le truc et écrit un commentaire que je trouve plutôt intéressant en ce qui nous concerne ici, et concernant aussi certaines réponses je me fait un plaisir de le mettre :
Grève générale au Pays basque 29 mai 12:21, par sympathisant communiste libertaire
Je suis d’accord avec la remarque précédente. Le site de l’OCL publie globalement des textes de qualité, qu’ils soient purement informatifs (et donc avec peu de recul en terme d’analyse) ou qu’ils parviennent à argumenter un ou plusieurs points de vue sur une thème de fond. Et généralement, les réactions de lecteurs sont également d’une certaine qualité ce qui ne peut qu’enrichir le site et donner envie de le consulter.
Or les messages circulant sur certains forums (anarchistes ou autres) sont globalement d’une grande pauvreté. Malgré les efforts de quelques uns pour essayer d’élever le débat ou la qualité des échanges, je remarque que ceux-ci retombent toujours dans la facilité, la pauvreté du propos, entre “impressions”, petits textes d’“humeur”, et échanges de propos peu argumentés, réactifs, et qui confinent souvent au dialogue de sourds…
En d’autres termes, il serait dommage de trop “rapatrier” des échanges qui n’apportent pas grand-chose, qui ont tendance à tirer la discussion vers le bas et de la déplacer sur autre chose que son contenu initial. C’est le propre des “débats” qui ne sont pas un minimum cadrés, qui partent dans tous les sens…
Par exemple quand cet “anonyme” parle de l’ETA, du régionalisme, de l’identitarisme (sic !), etc… alors que de tout cela il n’en est pas fait mention dans le compte rendu (surtout factuel) de cette journée de grève de 24h au Pays basque sud où il est surtout question de débrayages, de manifs, de rassemblements, sur des objectifs plus sociaux que directement liés à la situation politique du Pays basque dans l’Etat espagnol.
On s’égare dans autre chose, dans les phobies de certains anars qui ne supportent pas que le « réel » ne s’accorde pas à leurs idées, idées qu’ils fétichisent, avec lesquelles ils n’ont pas de distance critique, sans doute parce qu’elles les rassurent et qu’elles sont constitutives de leur identité ! Car au passage, s’il y a des “identitaires”, c’est bien chez les anars avec leur folklore, leur look (drapeaux, autocollants, pin’s, T-shirts, symboles - A cerclé, chat noir…-), leurs grands ancêtres et leur recherche éperdue de miroirs : rien ne semble plus important pour certains que d’être vus, remarqués, reconnus… Car l’identité, c’est toujours une image de soi, non ?
Quant aux idées qui “rassurent”, on sait qu’elles ne peuvent pas être des instruments critiques car la critique n’est jamais rassurante, elle déstabilise, elle montre les impasses et les contradictions de nos modes d’action et de pensée. Sinon elle ne sert à rien ou ne vise qu’à confirmer toujours ce que l’on sait déjà…
Car ils disent lutter contre l’Etat en général, le nationalisme en général, le travail salarié en général, les frontières en général, la domination en général. Or, le “en général” n’existe pas : il n’“existe“ que comme concept, dans une chaîne conceptuelle, abstraite, générale… à laquelle il n’est possible que d’opposer une contre-série de concepts ; ça s’appelle de l’idéologie, et cela existe chez les “anarchistes” comme chez les “marxistes”. Et cela conduit généralement les révolutionnaires à s’imaginer “faire la révolution” de leur côté, à être eux-mêmes et eux seuls ceux qui vont abattre le capitalisme et la domination, etc. et donc à complètement mésestimer les dynamiques locales, les rapports de forces incertains, les ruptures partielles dans le consensus ou l’ordre social…
C’est finalement le ressort de tous les volontarismes poussés à l’extrême, avec son imaginaire un peu parano : non seulement il y a “eux “ et le monde mais aussi il n’y a jamais de victoire partielle car seule compte la victoire finale, les défaites n’en sont pas ou alors ne peuvent être que le résultat de défections et de trahisons de tous ceux qui ne sont pas assez révolutionnaires, etc. D’où absence de bilan, de débats…
Essayons de rester sur le terrain politique, qui est de toute évidence le plus difficile à “tenir”, le plus précaire, car il doit se frayer un chemin entre deux domaines de réassurance, deux champs de certitudes : d’un côté l’idéologie (la radicalité politique comme posture ou simplement une pensée qui bégaie et tourne en rond) et, de l’autre, le tout venant des luttes et des mouvements de contestation sociale (l’opportunisme inconsistant où la pensée critique, politique, se rabat sur les revendications basiques et s’y confond).
Mais là, c’est peut-être moi qui m’égare et déplace le sujet… Comme quoi. Ou qui peut-être cherche spontanément à l’élargir.
Amitiés