Kurdistan

Re: Kurdistan

Messagede leo » 23 Oct 2014, 10:15

Kobanê, la lutte des Kurdes et les dangers qui la guettent
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1598


Création d'un blog de solidarité libertaire/anti-autoritaire avec Kobanê / Rojava / Kurdistan
http://rojavasolidarite.noblogs.org/
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Re: Kurdistan

Messagede bipbip » 25 Oct 2014, 12:34

Soutien communiste libertaire international au Kurdistan syrien

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Le réseau communiste libertaire international Anarkismo solidaire de la résistance kurde

La révolution initiée par nos camarades au Rojava (Kurdistan syrien), issue d’un mouvement beaucoup plus large pour la libération du peuple kurde et, au-delà, de tous les peuples du Moyen-Orient, doit inspirer toutes celles et ceux qui aspirent à une société libre, égalitaire et juste, sans dominants ni dominés.

C’est une expérience de démocratie directe qui jette les bases d’un socialisme libre et autogestionnaire, respectueux de l’environnement et de l’autonomie des peuples. Les socialistes libertaires du monde entier sentent bien que cette révolution est aussi la leur.

Or, aujourd’hui, cette révolution fait face à la triple menace de l’impérialisme, de l’autoritarisme d’État et d’une réaction obscurantistes, fanatique et ultra-conservatrice, née de la décomposition provoquée par l’invasion et l’occupation du Moyen-Orient.

Alors que cette réaction obscurantiste se bat avec des armes obtenues grâce à l’impérialisme, l’armée turque érige une clôture de tanks et de canons, plaçant la population kurde entre le marteau et l’enclume.

Les camarade du Rojava se battent, les armes à la main, dans le cadre d’une large mobilisation populaire contre cette triple menace et ce siège inique, pour défendre ce qu’ils et elles ont acquis par la lutte : l’autonomie et la liberté. Mais ils et elles ne sont pas seuls. Derrière eux, des millions d’hommes et de femmes libres se rassemblent, les soutiennent, et nous nous serrons les coudes dans la lutte pour un monde nouveau, qui déjà grandit dans nos cœurs.

La résistance héroïque menée à Kobanê s’inscrit dans la longue histoire de ceux et celles qui, un jour, ont crié « No Pasarán ! »

De partout dans le monde, nous déclarons que cette lutte est notre lutte. Nous sommes avec vous, prêts à apporter le peu que nous pouvons dans ce combat pour la transformation sociale universelle, plus nécessaire que jamais.

Nous exigeons la fin de la répression, la libération des détenus politiques et des prisonniers de guerre, y compris Abdullah Öcalan, la fin de la criminalisation internationale des révolutionnaires kurdes, et le respect de l’autonomie des communautés qui reprennent leur destin en main.

Nous sommes unis dans la lutte pour l’émancipation de toutes les formes d’oppression et d’exploitation, pour la construction d’une société nouvelle, libertaire et égalitaire. Nous soutenons votre combat révolutionnaire pour abolir la violence de l’État, du capitalisme, de l’impérialisme et du patriarcat.

Solidairement,
• Periódico Solidaridad (Chili)
• Front de Trabajadores Ernesto Miranda - FTEM (Chili)
• Workers Solidarity Movement (Irlande)
• Federazione dei Comunisti Anarchici - FdCA (Italie)
• Organisation Socialiste Libertaire (Suisse)
• Collectif communiste libertaire de Bienne - CCLBienne (Suisse)
• Alternative libertaire (France)
• Anarchist Communist Melbourne Group (Australie)
• Federação Anarquista Gaúcha (Brésil)
• Acción Libertaire Estudiantil (Colombie)
• Militantes Sindicales y Sociales por una Corriente Libertaire (Argentine)
• Melissa Sepúlveda, président de la Fédération des étudiants de l’Université du Chili (Chili)
• Zabalaza Anarchist Communist Front (Afrique du Sud)

http://www.alternativelibertaire.org/?1 ... communiste

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Re: Kurdistan

Messagede Pïérô » 26 Oct 2014, 01:56

Rojhelat : la République islamique d'Iran contre les Kurdes

KURDISTAN ORIENTAL - Ces derniers jours des manifestants du Rojhelat ont envahi les rues afin de soutenir Kobani ainsi que les résistants des YPG et des YPJ. Si ces manifestations ont touché le Kurdistan oriental elles ont également touché l'Iran. Les villes de Téhéran, Tabriz, Mehabad, Sine, Meriwan, Kirmanshan, Bane, Serdesht, Ciwanro, Bokan, Piranshar et d'autres zones kurdes encore.

Cependant dans quelques villes les manifestations ont pris une tournure plus violente face à la répression des forces de l'ordre de la République islamique d'Iran. A Téhéran, lors de a manifestation qui a eu lieu en face de la représentation des Nations Unies, deux manifestants ont été arrêtés : Aso Rostami, 28 ans, poète, enseignant et militant des droits des enfants ainsi que Ali Nouri, 21 étudiant en architecture.

Nous signalons également que six activistes Kurdes ont été arrêtés par les troupes iraniennes dans la cité de Serdesht à l'issue d'un rassemblement pour Kobani. Trois d'entre eux sont toujours en détention : Sirwan Salihzade, Jiyan Begzade et Wirya Qazizade.

http://internationalistes.blogspot.fr/2 ... diran.html




Résistance kurde et Révolution sociale au Rojava

Voici 2 entretiens sur la lutte des peuples du Rojava, kurdistan syrien, en guerre contre Daesh (Etat Islamique)
Manifestation de soutien à la résistance kurde à Paris samedi 11 Octobre 2014 : Un camarade anarchiste kurde nous parle de la révolution à Rojava et du "confédéralisme démocratique", le projet politique porté par les forces kurdes progressistes, PKK et PYD : Autogestion, égalité entre tous les peuples (Arabes, Acadiens, Assyriens, Turkmens, kurdes, yézidis..), égalité entre hommes et femmes. Nous avons aussi discuté des positions de la Résistance face aux états imperialistes de la coalition.

émission à écouter sur Sons en luttes : http://www.sonsenluttes.net/spip.php?article762
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Re: Kurdistan

Messagede Pïérô » 27 Oct 2014, 10:50

Reportage sur Kobanê avec l’Action Anarchiste Révolutionnaire

Il est évident qu’on ne peut pas nier la réalité, à savoir que les politiques opportunistes du capitalisme mondial et de la République Turque se trouvent derrière les tentatives d’attaque de Kobanê depuis 2 ans. Nous nous sommes entretenus sur la Révolution au Rojava et de la résistance de Kobanê, avec Abdülmelik Yalçin et Merve Demir, membres de l’Action Anarchiste Révolutionnaire (DAF), solidaire avec les populations de la région, et présents à Suruç (ville des réfugiés au bord de la frontière turco-syrienne) depuis le premier jour de la résistance, afin de lutter contre ceux qui veulent faire de l’ombre à la révolution populaire.

Vous avez réalisé pas mal d’actions depuis la résistance de Kobanê. Vous avez publié des affiches et des tracts. A part cela, vous avez joué un rôle actif en réalisant des chaines de boucliers humains, à Suruç et dans les villages près de la frontière de Kobanê. Quel était votre objectif en allant à la frontière ? Pouvez-vous nous raconter ce que vous y avez vécu ?

MD : Parallèlement à la Révolution au Rojova, la fracture entre les populations qui se trouvaient au Kurdistan, sur la frontière turco-syrienne. La République Turque a même essayé de construire un mur pour casser les effets de la révolution (au Rojava sur la population kurde de Turquie). Pendant qu’en Syrie se déroulait des guerres d’opportunisme du capitalisme mondiale et des pays avoisinant, au Rojova, le peuple Kurde a fait un pas de plus vers la révolution populaire. Ce pas a servi à l’ouverture d’un vrai front pour la liberté des peuples. Regardant ce qui se passait particulièrement à Kobanê, et dans tout le Rojova, en tant qu’anarchistes révolutionnaires, il nous était impossible de ne pas nous intégrer partie prenante de ce processus. Etre solidaire avec les peuples qui résistaient à Kobanê, est un point assez important, dans une conjoncture où les frontières des pays disparaissent. Nous étions au 15ème mois de la Révolution de Rojova. Pendant ces 15 mois, nous avions été très actifs, organisant un grand nombre d’actions unitaires, et réalisé de nombreuses affiches et tracts. Lors des dernières attaques contre la révolution de Kobanê, parallèlement à nos travaux d’affiches et tracts, nous avons organisé beaucoup d’actions de rue dans divers quartiers. Mais il nous était nécessaire d’être présents à la frontière de Kobanê, pour saluer la lutte pour la liberté du peuple Kurde, et contre les attaques des gangs de l’EI qui sont de purs produits de violence. Nous sommes partis d’Istanbul, le soir du 24 septembre vers la frontière de Kobanê. Rejoindre nos camarades qui nous ont précédés. Nous avons commencé à former un bouclier humain, dans le village de Boydê, situé à l’Ouest de Kobanê. Comme nous, des centaines de volontaires venus de divers endroits de l’Anatolie, de la Mésapotamie, formaient ce bouclier humain, tout le long de la frontière de 25km, dans des villages comme Boydê, Bethê, Etmankê, Dewşan. L’un des objectifs de ces boucliers humains, était d’empêcher les aides d’armement, de renforts en hommes, et de logistique de la République Turque dont le soutien à l’Etat Islamique était connu de tous. Avec ces veilles qui durent encore aujourd’hui, la vie dans les villages de la frontière s’est transformée en une vie communautaire, malgré les conditions de guerre. Un autre objectif de nos veilles de boucliers humains était également d’intervenir pour le passage et le soutien du peuple de Kobanê qui a été obligé de fuir les attaques qui ciblaient Kobanê, mais qui se faisait bloquer et devait attendre aux passages frontaliers durant des semaines, subissant de temps à autre les attaques des gendarmes. Les premiers jours de notre garde, avec ceux qui venaient d’Istanbul nous avons coupé les grillages de la frontière et nous sommes passés à Kobanê.

Pouvez-vous nous raconter ce que vous avez vécu après votre arrivée à Kobanê ?

AY. Dès notre passage à la frontière, nous avons été accueillis avec un grand enthousiasme. Dans les villages à la frontière de Kobanê, toute la population était dehors, de 7 à 77 ans. Les combattants de l’YPG (unités combattantes de l’armée populaire) et YPJ (unités combattantes féminines) ont tiré en l’air, debout sur les toits, dans des rues, pour saluer le fait que nous anéantissions les frontières. Nous avons fait une marche dans les rues de Kobanê. Puis nous avons discuté avec le peuple de Kobanê et les combattants YPG/YPJ qui défendent la révolution. C’est très important de traverser, de cette façon, les frontières mises par les Etats entre les peuples. Cette action a été réalisée en pleine guerre.

Il y a eu beaucoup d’informations sur les attaques faites par la gendarmerie et la police sur les populations à la frontière et sur les veilles de bouclier humain. Par ces intimidations, quel est l’objectif de la République Turque ?

A.Y. : Oui, L’Etat turc a en continue, une politique d’attaque contre les paysans de la frontière et les habitants de Kobanê qui essayent de traverser. Parfois les attaques sont multipliées, et parfois elles durent des jours. Chaque attaque a un prétexte et il est évident que chacune d’elle a un objectif bien particulier. Nous avons observé que quasiment à chaque attaque de gendarmes, il y avait des transferts de véhicules par la frontière. Nous ne savons pas le contenu de ces véhicules qui fournissent l’EI (Etat Islamique). Mais nous pouvions le deviner en faisant le parallèle avec l’intensité des attaques, s’il s’agissait de renforts humains, d’armes ou encore parfois de vivres pour subvenir aux besoins quotidiens de l’EI. Ces transferts se faisaient parfois par des véhicules qui portaient des immatriculations officielles, et d’autres fois par des gangs de "contrebandiers" soutenus par l’Etat. De plus, ces gangs soutenus par l’Etat, extorquent les biens des habitants de Kobanê qui attendent à la frontière. Et la gendarmerie, à la frontière, donne un droit de passage moyennant une commission d’environ 30%. Les politiques de l’Etat envers les populations de la région fonctionnaient déjà de cette façon, depuis de longues années. Mais prétextant les conditions de guerre ces politiques sont devenus encore plus visibles. Cette visibilité et les attaques ont pour but d’intimider les gardes de bouclier humain et les peuples frontaliers.


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Même si l’Etat turc le niait, l’existence et le fonctionnement du soutien à l’EI étaient relativement connus. Mais vous dites que lors de ce processus sa participation a prise des proportions visibles à l’oeil nu. C’est à dire l’existence d’un environnement où l’Etat ne cache plus son soutien. Comment fonctionne le soutien de la République Turque à l’EI ?

M.D. : La République turque a nié son soutien à l’EI, avec insistance. Mais ironiquement, à chaque intervention de négation, un nouveau transfert était organisé à la frontière. La plupart de ces organisations étaient d’une grande visibilité. Par exemple, des véhicules différents, laissaient à la frontière, et à plusieurs reprises, des « paquets de secours ». Nous avons été témoins de passage de dizaines de « voitures de service » à vitres fumées passer la frontière à la Porte de Mürşitpinar (ville turque frontalière syrienne). Personne ne se demande ce qu’il y a dans ces voitures car nous savons tous que tous les besoins de l’EI sont satisfaits par cette voie.

Pourriez-vous nous parler de l’importance actuellement historique de l’appropriation de la Résistance de Kobanê et de la Révolution au Rajova, surtout dans ce processus, pour les anarchistes révolutionnaires ?

A.Y. : Il ne faut pas penser la Révolution au Rojova et la Résistance à Kobanê séparément de la lutte pour la liberté que le peuple Kurde mène depuis des dizaines d’années. La lutte pour la liberté du Peuple Kurde, a été lancée comme un problème dont la source viendrait du peuple et non de l’Etat, et pendant des années, elle a été qualifiée sur les terres où nous vivons de « Problème Kurde ». Nous tenons à le répéter à nouveau, ceci est la lutte du peuple Kurde pour la liberté. Il y a un seul problème ici, et c’est le problème de l’Etat. Le peuple Kurde mène un combat d’existence contre la politique ségrégationniste et destructive exercée depuis des siècles par les pouvoirs politiques successifs dans cette région. Avec le slogan « PKK est le peuple, le Peuple est ici », le sujet politique prend forme chez chaque personne une par une, et l’identité de la force organisée est claire. Depuis qu’avec cette perception, nous avons concrétisé la lutte, dans différentes zones, de l’individu à la société, la relation que nous avons bâtie avec le peuple Kurde et l’organisation du peuple Kurde est une relation de solidarité mutuelle. Cette relation solidaire, est une relation que nous avons fondée en regardant par le prisme de la lutte pour la liberté des peuples. Dans les luttes pour la liberté, le mouvement anarchiste a été toujours un déclencheur. Dans une période où le socialisme ne pouvait pas sortir du continent européen, alors qu’une théorie comme « Le droit des peuples à disposer d’eux mêmes » n’existait pas encore le mouvement anarchiste s’est habillé des luttes pour la liberté des peuples dans différents endroits du monde. Pour comprendre cela, il faut regarder l’effet de l’anarchisme sur les luttes populaires dans un éventail large, de l’Indonésie au Mexique. De la révolution au Rojava,au combat des Zapatistes du Chiapas, les luttes des peuples pour la liberté ne correspondent pas aux descriptions des luttes nationales classiques. Parce qu’il est évident que concept de « nation » est lié à l’Etat. C’est pourquoi les luttes entreprises par les peuples pour s’organiser sans Etat doivent être étudiées en dehors de la notion « nationale ». Cependant, nous ne faisons pas la démarche de considérer la Résistance de Kobanê par des rapprochements avec d’autres processus historiques. Certains groupes font des renvois à d’autres processus historiques et leurs trouvent des ressemblances avec la Résistance de Kobanê. Mais il faut bien comprendre que la Résistance de Kobanê, c’est la Résistance de Kobanê ; et la Révolution au Rojava, c’est la Révolution au Rojava. Si on tient absolument à faire des parallèles avec la Révolution du Rojava, mais en regardant par le prisme d’une révolution populaire, dans ce cas, il faut aller regarder du côté de la révolution populaire de la péninsule ibérique.

Même si la Résistance à Kobanê se fait près de la frontière de l’Etat turc, de nombreuses actions et manifestations de solidarité on été faites au quatres coins du monde. Comment interprétez-vous les effets de la Résistance de Kobanê, ou, en vérité, la Révolution au Rojava, avant tout sur l’Anatolie, et bien sûr au Moyen Orient et dans le reste du monde ? Quels sont vos prédictions sur ces effets ?

M.D. : Les appels au « serhildan » (terme turc spécifique désignant les nombreux mouvements populaires d’insurrection kurde contre l’Etat turc depuis les années 90’ sur le slogan « Edi Bese » : Assez !) ont d’abord trouvé réponse dans les villes d’Anatolie, à commencer par les villes du Kurdistan. Dès le premier soir, les populations ont salué la Révolution au Rojava et la Résistance de Kobanê qui combat l’EI assassin et son soutien à l’Etat turc. L’Etat a commencé par attaquer les « serhildan » avec les forces des milices paramilitaires (nota : groupuscules d’extrême droite fomentés par l’Etat turc). Lors de ce processus de « serhildan » l’Etat qui terrorise les rues du Kurdistan, à travers les contra-hizbul, a assassiné 43 de nos frères. Ces assassinats sont le signe de la peur de l’Etat turc de la Révolution au Rojava, et du fait que cette révolution survienne dans ses terres. Une autre peur du capitalisme mondial et de l’Etat turc qui attaque dépité par crainte, est bien sur ; le Moyen Orient. Malgré tant de pillages, de violences, une révolution populaire a pu exister dans le Moyen Orient. Et cela met sans dessus dessous les plans du capitalisme mondial. Un grand chamboulement, car malgré les conditions de guerre, malgré toutes les carences, une révolution populaire a pu fleurir à Rojava. Cette révolution est la réponse apportée à tous les doutes sur la possibilité d’une révolution dans cette région et partout dans le monde, et a consolidé la foi en la révolution chez les peuples de la région et dans le monde. De toutes façons, le but de toutes les révolutions populaires dans l’histoire est de donner naissance à une révolution sociale qui se mondialise. Dans cette perspective nous avons fait un appel de solidarité à l’anarchisme mondial, pour la Résistance de Kobanê et la Révolution au Rojava. Suite à notre appel, les anarchistes de partout dans le monde ont réalisé des actions, en Irlande, en Allemagne, Bruxelles, Amsterdam, Paris, New York… Nous saluons par cette occasion toutes les organisations anarchistes qui ont entendu notre appel et qui ont organisé des actions, qui sont descendues dans la rue, ainsi que celles qui nous ont rejoint à la frontière pour des gardes de bouclier humain.

Depuis le premier jour des attaques de l’EI, Les médias, surtout celles soutenues par l’Etat turc, ont fait couler beaucoup d’encre, en annonçant que Kobanê était sur le point de tomber. Mais depuis un peu plus d’un mois, elles semblent avoir enfin compris que Kobanê n’est pas tombée et ne tombera pas. En tant que journal Meydan, nous saluons votre solidarité avec Kobanê. Voulez-vous ajouter quelque chose ?

M.D. : Nous, anarchistes révolutionnaires, avons vu encore une fois la foi inébranlable en la révolution sur des terres qui vivent dans des conditions de guerre, nous l’avons vécu, nous le vivons. Ce qui se passe au Rojava est une révolution populaire ! Cette révolution, où les frontières disparaissent, les Etats deviennent inefficaces, les plans du capitalisme mondial sont détruits, se socialisera sur notre géographie. Nous appelons tous les opprimés qui sont dans les quatre coins de notre géographie, à regarder par la fenêtre des opprimés, avec cette conscientisation, à agrandir la lutte organisée pour la révolution sociale. C’est la seule solution pour faire vivre dans des géographies plus larges la révolution sociale dont les fondations se sont bâties au Rojava. Vive la Résistance de Kobanê ! Vive la Révolution au Rojava !

Source : Meydan (la place), gazette mensuelle anarchiste http://meydangazetesi.org/gundem/2014/1 ... i-kawayiz/.

http://paris-luttes.info/reportage-sur- ... c-l-action
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Re: Kurdistan

Messagede bipbip » 29 Oct 2014, 09:10

la résistance kurde au Rojava
Emission de radio de Vive la sociale sur FPP 106.3 du jeudi 16 octobre sur la résistance et la révolution de Kobane et au Rojava zone kurde du nord ouest de la Syrie
à écouter : http://paris-luttes.info/la-resistance-kurde-au-rojava
Télécharger : http://paris-luttes.info/chroot/mediasl ... bane-2.mp3
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Re: Kurdistan

Messagede leo » 30 Oct 2014, 02:41

.

Erdoğan n’est pas bienvenu en France !


Appel à manifester vendredi 31 octobre, 14h, Paris

http://oclibertaire.free.fr/spip.php?breve574
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Re: Kurdistan

Messagede bipbip » 01 Nov 2014, 14:30

Dossier Kurdistan : Oui, le peuple peut changer les choses (l’expérience du Rojava)

Un reportage de Zaher Baher, du Kurdish Anarchists Forum et du Haringey Solidarity Group (Londres), juillet 2014.

Traduit par Alain KMS, avec Alternative libertaire.

Le texte ci-dessous est un des rares témoignages sur l’expérience d’au-organisation populaire du Kurdistan syrien. C’est la raison pour laquelle il était nécessaire de le rendre accessible aux francophones, en dépit de ses lacunes et de certaines confusions. L’auteur n’ayant pu répondre à nos questions, nous avons recoupé certaines informations avec d’autres sources (merci au journaliste Maxime Azadi, d’Actukurde.fr).

Nous avons fait le choix d’utiliser la version kurde des noms de lieu, tout en indiquant, dans certains cas, leur nom en arabe et en français.

L’intégralité du texte est reproduite, à l’exception d’un passage de géopolitique trop long et trop peu pertinent à notre sens. L’ensemble des analyses appartiennent qu’à leur auteur, et n’engagent pas Alternative libertaire.

Les notes sont de l’équipe de traduction.

http://www.alternativelibertaire.org/?D ... -le-peuple
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Re: Kurdistan

Messagede leo » 01 Nov 2014, 20:35

La version complète de ce texte se trouve ici :

http://anarkistan.wordpress.com/2014/09/21/lexperience-de-louest-du-kurdistan-kurdistan-syrien-a-prouve-que-les-gens-peuvent-changer-les-choses/

Une remarque : c'est quand même assez dingue de s'emmerder à traduire un texte, très long qui plus est, qui a déjà été traduit depuis un moment et qui circule depuis des semaines dans le mouvement libertaire de solidarité avec Kobanê/Rojava...

A moins qu'on ait affaire là à un nouvel épisode de l'autisme régnant dans les groupes et à la concurrence des chapelles...
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Re: Kurdistan

Messagede Pïérô » 01 Nov 2014, 20:53

Franchement je pense pas, et il reste bien dommage en effet de passer du temps à refaire ce qui l'est déjà, tout le monde s'entendra là dessus sans problème. Je pense qu'il vaut mieux parler de manque de coordination. De ce point de vue je pense qu'il faudrait renforcer la collaboration autour d'Anarkismo http://www.anarkismo.net/index.php et du blog Anarchistes solidaires du Rojava http://rojavasolidarite.noblogs.org/ par exemple. :wink:
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Re: Kurdistan

Messagede Pïérô » 04 Nov 2014, 12:11

Le Kurdistan, la gauche kurde et l’autogestion

[Vidéo] Cem Akbalik, socialiste libertaire kurde, parle de la révolution au Kurdistan syrien, et évoque l’évolution de la gauche kurde — et ses limites — vers les idées autogestionnaires.

Se maintenant dans une situation de « ni paix ni guerre » avec le régime de Damas, se défendant à la fois contre les djihadistes de Daech et contre la menace de l’Etat turc, le Kurdistan syrien a proclamé son autonomie le 19 juillet 2012 dans la ville désormais célèbre de Kobanê. En janvier 2014, il s’est doté d’une Constitution (dite « Contrat social ») et a élu sa propre « Auto-administration démocratique ». Une stratégie de double-pouvoir qui n’est pas nouvelle de la part de la gauche kurde.

Un entretien réalisé par Guillaume et Medhi (AL Montreuil) le 9 octobre 2014.


http://alternativelibertaire.org/?Le-Ku ... kurde-et-l
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Re: Kurdistan

Messagede bipbip » 07 Nov 2014, 03:37

Des milliers de civils menacés dans les monts Sinjar

Des milliers de kurdes yézidis, en majorité des femmes et des enfants, sont toujours bloqués dans les monts Sinjar, encerclés par des barbares de Daesh. Ils ne reçoivent aucune aide humanitaire.

La tragédie humanitaire à Sinjar n'a pas encore pris fin et risque d'être plus lourd.

Le risque de nouveaux massacres est là, car les monts de Sinjar sont totalement encerclés par une organisation coupable de crimes sauvages.

Il n'y a aucun accès terrestre. Le corridor de sécurité ouvert en août par des combattants kurdes vers le Kurdistan syrien a été fermé fin septembre après une attaque menée par des ennemis de l'humanité avec des armes lourdes.

Après la prise de la ville de Sinjar, le 3 août, des centaines de milliers de personnes avaient fui leurs maisons. Selon des sources yézidies, environ 5 mille personnes ont été massacrées et cinq mille autres ont été enlevées. De nombreuses femmes ont été réduites en esclavage, ont été violées ou vendues.
- See more at: http://www.actukurde.fr/actualites/706/ ... RVtb6.dpuf




Des dizaines de milliers personnes avaient été sauvées via le corridor de sécurité ouvert par les combattants kurdes syriens, les YPG, et ceux du PKK.

Pour le moment, les hommes de Daesh n'arrivent pas à monté sur les monts Sinjar, défendus notamment par des combattants du PKK.

ILS NE RECOIVENT PAS D'AIDES

Mais l'hiver se fait ressentir de plus en plus fort. Les civils ne reçoivent aucune aide. Le transport par voie aérienne est le seul moyen d'atteindre ces civils. Ils se sentent abandonnés par les autorités irakiennes et les pays occidentaux.

Selon une ONG yézidi qui s'occupe de la distribution d'aide, entre dix mille et douze mille civils se trouvent actuellement dans les monts Sinjar.

"85% des familles n'ont pas de tentes et près de 60% des enfants n'ont pas de chaussures" a déclaré Said Hassan Said, le président du mouvement pour la liberté et la démocratie des Yézidis (TEVDA),

Un journaliste kurde, lui-même bloqué dans les monts, a affirmé que ces milliers de personnes qui n'ont pas quitté leur terre sont protégées par des combattants kurdes.

Ces gens vivent dans des conditions très difficiles. Ils ont besoin de tout.

Pour le mouvement yézidi, il est urgent d'ouvrir un corridor humanitaire pour sauver les civils ou au moins apporter des aides humanitaires, notamment des vêtements chauds, des tentes hivernales, des nourritures et du combustible liquide pour chauffage.
- See more at: http://www.actukurde.fr/actualites/706/ ... RVtb6.dpuf

http://www.actukurde.fr/actualites/706/ ... injar.html
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Re: Kurdistan

Messagede bipbip » 13 Nov 2014, 02:52

60 jours de résistance à Kobané: Une victoire sans équivoque

Kobané n'était qu'un hameau, il y a cent ans. Aujourd'hui, une ville qui est devenue le symbole de la résistance contre la barbarie.

Cette ville fait partie du Kurdistan, à cheval sur quatre pays; la Turquie, l'Iran, l'Irak et la Syrie.

Kobanê est située sur la frontière avec le Kurdistan de Turquie. En 1921, une ligne de démarcation divise la ville de Kobané de sa jumelle Suruc, dans la province d'Urfa.

Les kurdes désignent encore ces deux villes avec les mots serxet (au-delà de la ligne) et binxet (au-dessous de la ligne).

Comme les autres villes du Kurdistan syrien, Kobané devient victime de la politique d'arabisation du régime Ba'as à la fin des année 60.

La mode de vie, la coexistence de différentes cultures, les noms des villes... tout change après la prise de pouvoir de la famille d'al-Assad.

Le sort de Kobané et de tout la région ont commencé à changé à partir du 19 juillet 2012, quand les kurdes ont pris pour la première fois le contrôle de la ville de Kobané.

C'était le début de la révolution kurde, appelé Rojava. Mais aussi le début d'une nouvelle ère pour les Kurdes et pour toute la région. Plus rien ne devait être comme avant...

La révolution de Rojava qui redéfinit les rapports sociaux autour d'un contrat social laïque et libertaire a attiré aussi l'attention des régimes répressives, des forces obscurantistes et leurs complices.

Les attaques visant ce modèle démocratique n'a pas cessé depuis le début de la révolution.

Mais le train de la révolution était déjà sur les rails.

En janvier 2014, le Kurdistan syrien a adopté le modèle cantonal. Trois cantons autonomes ont été déclarés: Djazira, Afrin et Kobani.

Ce modèle a inclus tous les composants de la région kurde dont les arabes, les arméniens, les assyriens, les tchétchènes mais aussi les différentes religions comme l'Islam, le christianisme, le yézidisme etc…

Le canton de Djazira a adopté trois langues officielles, kurde, arabe et syriaque.

Les vices présidents du canton sont un arabe et une syriaque. Les femmes sont fortement représentées dans les gouvernements de ces trois cantons.

Une femme est à la tète du canton d'Afrin, car cette révolution était avant tout celle des femmes.

En juillet 2014, les ennemis de l'humanité ont lancé une vaste attaque contre la région de Kobané.

Cette attaque visait directement la révolution kurde, dans son berceau pour en finir une bonne fois pour toutes.

De violents combats ont eu lieu pendant un mois, loin des yeux du monde entier. Les combattants kurdes ont réussi à brisé et repoussé les attaques.

Après plus d'un mois, le 15 septembre, des milliers d'hommes, vêtus des chemises noires, ont lancé des attaques sans précédentes, recevant notamment le soutien de la Turquie.

Face aux tanks, mais aussi des armes américaines, russes, allemandes et françaises, tombé aux mains du Daesh, les combattants et combattantes kurdes ont montré une résistance héroïque.

Ces braves gens ont montré au monde entier qu'aucune force n'était au dessus de la volonté humaine décidée à vaincre la barbarie.

Alors que tout le monde attendait, dont certaines gouvernement avec impatience, la chute de cette petite ville, la résistance inattendue du peuple kurde a changé le cours de l'histoire.

Cette résistance face à une force sauvage qui a pris le contrôle d'une large zone en Irak dont Mossoul en une semaine au cours du mois de juin, a gagné la sympathie du monde entier.

Cette ville qui a rendu visible la lâcheté infâme des gouvernements, la complicité avec des sauvages, le bilan catastrophique d'une politique régionale et internationale, était désormais un tournant important pour l'avenir de la région.

Elle incarne à la fois Stalingrad, Verdun, Varsovie, Srebrenica et Guernica.

C'est plus qu'une ville kurde. Elle représente maintenant une résistance incroyable, l’héroïsme, la puissance de la femme et sa lutte féroce pour la liberté, la détermination, l'espoir d'une nouvelle vie, la volonté humaine et la solidarité internationale.

La victoire appartient déjà à tous ceux et celles qui luttent pour l'humanité à Kobané et dans le monde entier.

Maxime Azadi

Vidéo realisée par la chaine de télévision kurde Med Nuce

http://www.actukurde.fr/actualites/710/ ... voque.html


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Re: Kurdistan

Messagede Pïérô » 18 Nov 2014, 02:07

Rojava (Kurdistan syrien)

« Nous avons, en substance, développé une démocratie sans État »

Interview de Saleh Muslim

Le dimanche 10 novembre, Saleh Muslim Mohamed, co-président du Parti de l’union démocratique (PYD) représentant les communautés indépendantes du Rojava (Kurdistan de Syrie) et ses branches armées, les Unités de défense du peuple (YPG) et les Unités de défense des femmes (YPJ), a visité les Pays-Bas. Muslim a parlé de la lutte du Rojava contre l’Etat islamique (ISIS) et du développement de l’autonomie démocratique au cours de la révolution du Rojava. L’artiste Jonas Staal l’a ensuite interviewé.

... http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1610
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Re: Kurdistan

Messagede Pïérô » 22 Nov 2014, 14:48

Rojava : 2 textes sur un débat toujours en cours.

Voici deux textes traduits de l’anglais sur la situation au Rojava, le Kurdistan autonome syrien, et sur l’attitude que les anarchistes devraient avoir envers le mouvement populaire (pas uniquement kurde d’ailleurs) dans cette région.

Ces deux textes sont symptomatiques du débat parfois agité qui traverse le mouvement anarchiste sur la question de la révolution en cours au Rojava, et plus globalement sur les luttes de libération nationale.

Ils sont révélateurs des méfiances, des réticences, des distances récurrentes (et parfois des renoncements honteux) ou, au contraire, des rapprochements, des solidarités, des espoirs non moins récurrents (et parfois des vaines illusions) que ce type de lutte en général et cette révolution en particulier peut susciter dans nos milieux.

Nous laissons aux lecteurs et lectrices le soin de se faire leur propre opinion comme nous nous sommes faits la nôtre… pour orienter notre action.

Ces deux textes ont été traduits à la mi-novembre 2014 par un membre du Collectif Anarchiste de Traduction et de Scannérisation de Caen (et d’ailleurs) : http://ablogm.com/cats/

Ces traductions sont librement diffusables.

http://sous-la-cendre.info/2740/revolut ... s-en-cours


Rojava : Une perspective anarcho-syndicaliste.

Une perspective anarcho-syndicaliste sur la situation politique au Rojava par un membre de la Workers’ Solidarity Alliance, un groupe anarcho-syndicaliste des USA. Publié sur le site anarchiste anglais « Libcom » le 3 novembre 2014 sous le titre « Rojava : an anarcho-syndicalist perspective » et visible ici en anglais : http://libcom.org/blog/rojava-anarcho-s ... e-18102014

« Le principal problème de la lutte de libération nationale pour la forme d’organisation anarcho-syndicaliste anti-étatique est qu’elle est de manière inhérente étatique. Défendant une forme d’État plus locale, le mouvement de libération nationale s’incline devant l’idée que l’État est une institution désirable – pas seulement dans sa forme courante. En tant que tel il a l’imperfection fondamentale, s’il rencontre le succès, de générer un nouvel État – qui peut être ou pas « pire » que l’oppresseur actuel, mais qui sera néanmoins une mécanisme oppressif ».

Solidarity Federation

« Les anarchistes refusent de participer aux fronts de libération nationale ; ils participent à des fronts de classe qui peuvent être ou pas impliqués dans des luttes de libération nationale. La lutte doit se répandre pour établir des structures sociales, politiques et économiques dans les territoires libérés, basées sur des organisations libertaires et fédéralistes ».

Alfredo Maria Bonanno


Au moment où nous publions nous parviennent des informations selon lesquelles l’État Islamique (EIIL) a été presque complètement repoussé en dehors de la ville de Kobanê, le quartier général du Parti de l’Union Démocratique (PYD en kurde), le parti syrien affilié à l’Union des Communautés du Kurdistan (KCK en kurde), leur co-président Saleh Muslim appelant ces développements la libération de Kobanê.[1] Heureusement car de tels progrès dans la région favorisent le fait que les anarcho-syndicalistes et les partisans de la révolution sociale de toutes tendances puissent commencer à discuter objectivement la situation au Kurdistan Occidental sans le réflexe émotionnel envers une population assiégée, faisant face à un désastre humanitaire.

Les anarcho-syndicalistes ne devraient pas avoir d’illusions à propos de la Révolution du Rojava. Depuis le tournant du millénaire il y a eu des informations sur un tournant municipaliste libertaire dans la lutte de libération nationale kurde inspiré par Murray Bookchin. Ce changement politique a été mené par le fondateur emprisonné et le leader idéologique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK en kurde), Abdullah Öcalan, qui découvrit Bookchin alors qu’il était en prison. Le PKK, une ancienne organisation maoïste/stalinienne, s’est tourné vers le nationalisme ethnique après la chute de l’Union Soviétique et le discrédit du « socialisme réellement existant » et ainsi un tel tournant a été favorablement accueilli par beaucoup au sein de la gauche révolutionnaire. Cependant de tels processus de transformation politique ne se traduisent pas automatiquement pas une pleine adhésion au sein d’une population quelque soit sa représentation officielle dans des partis dirigeants.

Après le début du soulèvement de masse syrien, et de la guerre civile qui en résulta, un vide du pouvoir fut créé où les forces d’Assad, chef tyrannique de l’État en Syrie, laissèrent le Kurdistan Occidental, connu sous le nom de Rojava, aux kurdes. Au début l’Armée Syrienne Libre (ASL), une force d’opposition soi-disant modérée liée à l’impérialisme occidental, attaqua les forces kurdes mais fut bientôt repoussée. Dans cette situation ouverte, le PYD et ses milices armées des Unités de Défense du Peuple (YPG en kurde) et des Unités de Défense des Femmes (YPJ) décida de mettre en œuvre sur le terrain son programme, depuis déjà longtemps mûri, d’autonomie démocratique et de confédéralisme démocratique.

Comme rapporté par le Forum Anarchiste Kurde (KAF en anglais), un groupe d’anarchistes kurdes pacifistes en exil, alors que le Printemps Arabe saisissait la Syrie, il y avait le développement d’un mouvement basiste de démocratie directe, créé par les travailleurs et le peuple au Rojava et appelé le Mouvement de la Société Démocratique (Tev-Dem en kurde). Ce fut ce mouvement qui poussa pour la mise en œuvre de « ses plans et programmes sans autres délais avant que la situation ne devienne pire ». [2] Ce programme fut très étendu et il vaut mieux citer longuement le témoignage du KAF :

« Le programme du Tev-Dem était très fédérateur, et couvrait tous les sujets de société. Beaucoup de gens du peuple, venus de différents milieux – kurde, arabe, musulman, chrétien, assyrien et yézidi – s’y sont impliqués. Son premier travail a été de mettre sur pieds toute une série de groupes, de comités et de communes partout dans les rues, les quartiers, les villages, les cantons, les petites et les grandes villes.

Leur rôle a été de s’occuper de toutes les questions sociales : les problèmes des femmes, l’économie, l’environnement, l’éducation, la santé, l’entraide, les centres pour les familles des martyrs, le commerce et les affaires, les relations diplomatiques avec les pays étrangers et bien d’autres choses. Des groupes ont même été établis pour arbitrer les contentieux entre différentes personnes ou faction afin d’éviter que ces disputes n’aillent en cour à moins que ces groupes soient incapables de les résoudre.

Généralement, ces groupes se réunissent chaque semaine pour parler des problèmes auxquels les gens doivent faire face là où ils vivent. Ils ont leur propre représentant dans le conseil du village ou de la ville, nommé « maison du peuple ». […]

Ils croyaient que la révolution doit se faire depuis la base de la société et pas de haut en bas. Ce doit être une révolution aussi bien sociale, culturelle et éducative que politique. Elle doit être contre l’Etat, le pouvoir et l’autorité. Ce sont les gens dans les communautés qui doivent avoir les responsabilités décisionnelles finales. Ce sont les quatre principes du Mouvement de la Société Démocratique (Tev-Dem) ».

À d’autres époques et endroits de tels mouvements d’assemblées démocratiques et de comités à la base de la société, ouverts au peuple, ont été connu collectivement sous le nom de Conseils Ouvriers. Si ces développements sont vrais, le Tev-Dem en était presque l’accomplissement.

Toutefois, de telles informations incluaient des comptes-rendus sur la création d’une assemblée constituante en tant que corps parlementaire législatif appelée Administration d’Auto-gouvernement démocratique. Comme New Compass, un collectif d’édition bookchiniste l’a rapporté :

« Tandis que dans de nombreuses zones la population kurde a déjà des décennies d’expérience avec les concepts de libération des femmes et de liberté sociale du mouvement kurde, ici aussi il y a bien sûr également des divergences. Certains souhaitent s’organiser dans des partis classiques plutôt que dans des conseils.

Le problème a été résolu au Rojava à travers une structure duale. D’un coté un parlement est choisi, pour lequel des élections libres sous supervision internationale doivent avoir lieu aussitôt que possible. Ce parlement forme une structure parallèle aux conseils ; il forme un gouvernement de transition dans lequel tous les partis politiques et les groupes sociaux sont représentés, tandis que le système des conseils forme une sorte de parlement parallèle. La structuration et les règles de cette collaboration sont pour le moment en discussion ». [3]

Ceci, parmi d’autres questions, met à nu la réalité de la situation politique au Rojava. Il n’est pas clair si l’établissement d’un tel appareil démocratique est une poussée de la part de certains éléments ou si c’est une partie et une parcelle du confédéralisme démocratique kurde. Avec les anarchistes le monde entier est en train de regarder vers ces développements comme une sorte de lueur libertaire dans la région. La question de l’État et de la forme de gouvernance qui est en train d’être établie doit continuer à être observée étroitement. Historiquement le programme socialiste libertaire a été pour le développement d’authentiques conseils de travailleurs et de comités comme ceux originellement mis en place par le Tev-Dem, et il y a eu d’amères combats contre l’établissement de projets d’États démocratiques parlementaires, avec des votes libres, où la participation est atomisée et le pouvoir réellement détenu par des pouvoirs exécutifs placés au dessus du peuple.

S’il y a un grand espoir pour des ouvertures libertaires dans la région, c’est l’existence des mouvements des femmes. La société kurde, comme la société mondiale dans son ensemble, a été une société profondément patriarcale au point qu’Öcalan, selon son propre aveu en 1992, est probablement un violeur, ce qui est particulièrement inquiétant concernant le culte de la personnalité développé autour de lui. [4] Bien que toujours attachées à ses enseignements, les femmes kurdes, du fait de leur propre expérience au cours des dernières décennies, ont commencé à s’organiser elles-mêmes de manière autonome. Des groupes comme le Mouvement des Femmes Libres (KJB en kurde) et l’Étoile des Unités des Femmes Libres (YJA Star en kurde) appellent à une solidarité mondiale entre les mouvements des femmes contre l’État-nation patriarcal. Comme Dilar Dirik, une activiste proche des YJA Star, le décrit dans son discours sur la formation d’un « État sans État » dans une vidéo qui a largement circulé, le mouvement des femmes kurdes, à travers son expérience du patriarcat dans le mouvement de libération nationale kurde et dans la société kurde en général, en est arrivé à la conclusion que former un nouvel État national ne devait plus faire partie du projet de libération kurde, car l’État national est de manière inhérente une institution patriarcale. Cependant, bien que de nombreux anarchistes soient d’accords avec cette analyse et sont sûrement en train d’hocher la tête, Dirik dit clairement que le mouvement n’est pas en ce moment en faveur de l’abolition générale de l’ État, mais en faveur d’organiser une autonomie démocratique malgré l’État. Comme anarcho-syndicalistes c’est notre devoir et non une critique de souligner que l’État syrien, aussi bien que le reste des États-nations qui encerclent le Rojava et qui existent dans le reste du Kurdistan, ne vont pas simplement disparaître avec le développement de leur projet pour une autonomie démocratique régionale. L’État doit être activement combattu et écrasé par les masses au sein de chaque nation et c’est la mission historique pour toutes les forces de libération révolutionnaires internationalistes.

En conclusion, le développement de la démocratie représentative sociale-démocrate, le passé nationaliste ethnique et patriarcal du PKK (Saleh Muslim, le leader du PYD, a laissé entendre qu’une guerre était nécessaire pour expulser les arabes de la zone [5]), la collaboration du PYD dans un trêve avec l’ASL et les islamistes [6], le service militaire depuis juillet [7],les différents éléments cherchant le soutien des USA et de la communauté internationale sont des raisons suffisantes pour être hésitant-e-s à mettre trop d’emphase sur la direction officielle. Les lueurs d’espoir là où elles existent sont dans la résistance et l’auto-activité des masses et des mouvements de femmes. Les processus sociaux de transformation sont compliqués et souvent les conflits et les dynamiques internes y règnent. Le programme politique mis en avant pourrait bien être décentralisateur avec de fortes potentialités vers la sociale-démocratie plutôt qu’anti-étatique et social révolutionnaire. Il y a également encore beaucoup de recherches qui doivent être faites sur l’économie et l’organisation industrielle et agraire. Cela n’empêche pas les anarchistes de défendre l’auto-défense des masses et de leurs propres organisations de lutte au Rojava contre l’État Islamique, les États locaux et l’impérialisme occidental mais nous devons faire attention de ne pas sauter en applaudissant la représentation officielle du mouvement kurde au travers de ses partis traditionnellement étatiques comme le PKK et le PYD.

Vive la lutte des masses travailleuses et des femmes libres.

Avec les opprimé-e-s contre les oppresseurs-euses, toujours !

K.B.



Sources :

[1] Les frappes aériennes ont été très très réussies. Très bientôt nous annoncerons au monde la libération de Kobanê ». Saleh Muslim. http://www.demokrathaber.net/dunya/sali ... 39595.html

[2] L’expérience du Kurdistan Occidental (Kurdistan syrien) a prouvé que le peuple peut changer les choses. En anglais : http://www.anarkismo.net/article/27301 et une traduction française ici :http://rojavasolidarite.noblogs.org/ (en date du 03/11/2014).

[3] Autonomie Démocratique au Kurdistan : http://new-compass.net/articles/revolution-rojava

[4] Dans un livre écrit par Öcalan en 1992 et intitulé « Cozumleme, Talimat ve Perspektifler » (Analyses, Ordres et Perspectives), il déclarait : « Ces filles mentionnées. Je ne sais pas. J’ai des relations avec des centaines d’entre elles. Je m’en fout de comment les gens le comprennent. Si j’ai été proche de certaines d’entre elles, comment cela aurait-il dû être ? (…) Sur ces sujets, elles laissent de coté toutes mesures réelles et trouvent quelqu’un et elles bavardent disant « on a essayé de me faire ceci ici » ou « cela m’a été fait là » ! Ces femmes sans honte veulent à la fois donner trop et ensuite développer de telles choses. Certaines des personnes mentionnées. Bonté divine ! Elles disent « nous en avons si besoin, cela serait très bon » et ensuite ce commérage est développé (…) Je le dis de nouveau ouvertement. C’est la sorte de guerrier que je suis. J’aime beaucoup les filles. Je les apprécie beaucoup. Je les aime toutes. J’essaie de transformer chaque fille en une amante, à un niveau incroyable, au point de la passion. J’essaie de les former depuis leur physique jusqu’à leur âme, jusqu’à leurs pensées. Je vois cela en moi pour poursuivre cette tâche. Je me définis moi-même ouvertement. Si vous me trouvez dangereux, ne vous approchez pas ! ».

[5] Le leader du PYD annonce une guerre avec les colons arabes dans les zones kurdes : http://rudaw.net/english/middleeast/syria/24112013

[6] Des détails sur le développement d’une alliance entre le PYD et l’Armée Syrienne Libre et des forces islamistes incluant une scission d’Al Qaïda en Syrie.

https://now.mmedia.me/lb/en/reportsfeat ... bane-kurds

http://www.ozgurgundem.com/index.php?ha ... odule=nuce

[7] La conscription commence dans les régions kurdes de Syrie, l’évasion autre part.

http://www.wri-irg.org/node/23519



Une réponse à l’article « Rojava : Une perspective anarcho-syndicaliste ».

Article envoyé par Hüseyin Civan, un membre de DAF (Devrimci Anarşist Faaliyet), un groupe anarchiste en Turquie et publié sur le site « Libcom ».

C’est une réponse à l’article « Rojava: An Anarcho-Syndicalist Perspective » écrit par un membre de la WSA (Workers Solidarity Alliance) et plus généralement c’est une réponse aux critiques concernant la participation active de DAF à la lutte au Rojava.

Le texte original en anglais peut être trouvé ici : http://libcom.org/library/response-arti ... erspective

Les effets des révolutions sociales ne sont pas limités par le seul effet de la lutte contre les pouvoirs politiques et économiques dans la région géographique où la révolution se produit. Il est important de voir leur effet sur différentes autres régions avec les changements intellectuels et pratiques que cet effet amène. Parlant de la résistance à Kobanê, la révolution du Rojava est plus importante maintenant pour voir cet effet plus clairement.

La réaction et l’attaque de l’État et du capitalisme contre ce qui est en train de se passer au Rojava sont attendues en ce moment. Toutefois, nous devons tourner nos visages vers les débats internes au sein de l’opposition sociale en même temps. Il est nécessaire de souligner que de tels débats sont une ressource importante pour la compréhension de ce qu’est l’effet du Rojava.

Depuis le début de ce processus, les attitudes des camarades anarchistes envers la compréhension du Rojava et le soutien à la résistance ont été très importantes pour se remémorer la solidarité internationale, que nous n’avons pas l’habitude de voir d’une manière si organisée. De nouveau nous avons fait l’expérience que la solidarité est notre plus grande arme.

Cette forme de solidarité qui a été créée entre les anarchistes a inévitablement fait de la résistance à Kobanê un gros titre parmi les anarchistes tout autour du monde.

L’article « Rojava: Une perspective anarcho-syndicaliste » qui a été publié sur plusieurs sites différents est un des reflets de ce gros titre. Cette évaluation de l’article est spécialement destinée à corriger l’information à propos de la Révolution du Rojava et de la Résistance de Kobanê, au lieu de souligner les aspects positifs et négatifs de l’article et de faire une simple critique.

En considérant les différents commentaires qui peuvent se former et les différentes perspectives d’organisations anarchistes dans différentes régions géographiques ; j’ai centré la critique de l’article sur le sujet d’une évaluation incomplète de la lutte kurde pour la liberté et de la Révolution du Rojava. La critique politique contre une communauté qui est prise dans une lutte à la vie à la mort sous des conditions de guerre ne peut être faite en ignorant cette condition. Encore plus si la dite critique a certains préjugés et a été formée avec des généralisations tranchantes. Et bien sûr si un énorme mouvement populaire est évalué d’une manière dégradante…



Tout d’abord il est nécessaire de déclarer que former une relation de solidarité avec la Révolution du Rojava et la Résistance de Kobanê n’est pas une relation émotionnelle, au contraire de ce que les camarades prétendent dans « Une perspective anarcho-syndicaliste ». Parce que les organisations anarchistes ne basent pas leurs relations de solidarité sur la « sympathie ». Ces relations se forment principalement en prenant en considération une perspective politique et des stratégies planifiées pour réaliser cette perspective. Par conséquent, la solidarité et le soutien à une lutte ne sont pas loin de l’objectivité.

Dans différentes parties de l’article, la critique du PKK est censée être basée sur l’histoire du parti politique – et avec des critiques telles qu’une mise en œuvre imparfaite de la « municipalité libertaire », un état incomplet de transformation sociale et des racines nationalistes ; la condition et la perspective actuelle du Mouvement kurde est laissée sous le préjugé. En faisant tout cela le préjugé est basé sur une information incomplète, consciemment ou inconsciemment. Personne ne prétend que le Mouvement kurde pour la liberté est un mouvement anarchiste. Par conséquent, les pratiques qui sont proclamées imparfaites ou ayant des défauts devraient être évaluée en prenant en considération ce fait. D’un autre coté, un mouvement populaire qui apprécie autant la « critique de l’État et du capitalisme » ne peut être négligé par les anarchistes. Cette question ne peut être uniquement liée au « municipalisme libertaire » bookchiniste. Le mouvement a référencé de nombreux camarades différents, depuis Bakounine à Kropotkine, dans ses relations théoriques avec l’anarchisme et peut interpréter le problème de l’État avec une large perspective. Par ailleurs, réaliser cette idée mène à une pratique qui est très libertaire et non-centralisée. Je pense que ce point est très important. Cette information est basée non sur des citations tirées d’articles et de livres mais sur une observation mutuelle d’organisations politiques qui partagent un terrain de lutte commun.

La condition du Rojava n’est pas telle parce qu’Assad a quitté la région ou à cause de ses prétendus arrangements avec les pouvoirs globaux. La grande transformation sociale qui s’est produite au Rojava il y a deux ans et demi est intervenue dans une conjoncture où l’activité politique forçait le Moyen-Orient à choisir la gouvernance d’un des deux coté opposé (laïcs supporteurs de coups d’État/conservateurs démocrates). Le peuple du Rojava, lorsque le « printemps » se transforma en hiver dans la région du Moyen-Orient, ne se retrouva pas dans ces deux cotés et créa sa propre solution.

Alors que la vie a été reconstruite au Rojava, la structure non-centralisée des mécanismes sociaux qui ont été créé, l’emphase insistante sur l’absence d’État, l’organisation de relations de production-consommation-distribution d’une manière aussi éloignée que possible du capitalisme, l’auto-organisation comme garantie du processus social, les communes dans trois différents cantons façonnant leur fonctionnement avec des processus de décision indépendants sont indéniablement importantes à cette époque. Plus spécialement, comment un anarchiste peut-il nier le fait que ce processus est une expérience prometteuse pour la multiplication d’exemples similaires dans différentes régions géographiques ?

Répétons pour les camarades qui persistent à ne pas comprendre. Ceci n’est pas un effort pour prétendre que c’est un processus anarchiste. Cependant les caractéristiques anarchistes du processus au Rojava feront plaisir aux anarchistes qui luttent pour une révolution sociale. Ce plaisir est loin du romantisme qui est critiqué dans l’article, il s’agit de comprendre que nos buts politiques et nos stratégies sont applicables dans un tel système, à une telle époque.

Personne ne peut prétendre que les pratiques d’un peuple sans État sont négatives pour les anarchistes qui luttent pour une révolution sociale. De telles pratiques dans différentes régions géographiques peuvent se développer dans leurs conditions authentiques Prétendre que ces luttes authentiques ne sont pas adéquates avec les principes anarchistes et réduire leur importance, c’est exhiber une compréhension de l’anarchisme qui repose sur une arrogance théorique manquant de pratique. Une autre chose dans l’article qui vaut d’être soulignée, c’est l’authenticité de ses références. Il est intéressant de référencer les expressions d’un groupe en ligne juste parce qu’ils ont les mots Kurdistan et anarchistes dans leur nom. Ce n’est pas à propos du fait que les expressions des camarades soient vraies ou fausses. Le fait politique que le groupe base ses expressions là dessus est une question problématique, alors qu’il ne montre aucune activité politique dans la région du Kurdistan tandis qu’il critique théoriquement le Mouvement kurde pour la liberté à un niveau pratique.

Tandis que le mouvement des femmes au Kurdistan est directement relié avec le mouvement pour la liberté, des commentaires qui prétendent que le mouvement des femmes est à part de cette entièreté, ou même contre elle, altèrent l’information. C’est un défaut de logique de critiquer le mouvement comme patriarcal alors qu’on met l’emphase sur l’importance du mouvement des femmes dans la lutte. Qui plus est, le défaut de logique continue lorsqu’on prétend qu’Öcalan est un violeur en confirmant cela avec des citations provenant de sites web étatiques de contre-propagande. Un autre exemple de références est à propos des « kurdes voulant une guerre pour expulser les arabes ». Quand vous prélevez une cerise dans un discours sans prendre en compte son contexte, vous pouvez l’utiliser pour soutenir un contexte à vous. Il est clair que le sujet de l’information référencée est à propos des colons manœuvré-e-s par Assad pour changer la structure démographique de la région en vue de ses objectifs d’assimilation. Comme les colons israélien-ne-s.

On peut inventer des causes quand on essaye d’être sur-méfiant-e. Toutefois, il est important de questionner la relation entre ces causes et les faits actuels. C’est une erreur d’essayer de définir le Mouvement kurde pour la liberté comme un mouvement nationaliste. Cette définition et les autres négligent la transformation du mouvement et prétendent que l’ancienne structure politique de celui-ci continue. Une perspective qui n’a pas de connaissances des pratiques de processus et a seulement des articles critiques comme source d’information est extrêmement problématique. Parce qu’une part massive de ces critiques sont formulées par des mentalités étatiques et leurs extensions. Une critique saine peut être faite en observant et en faisant l’expérience des pratiques politiques. Toute critique qui manque d’une vision géographique régionale et de caractère pratique porte en elle le danger de tomber dans l’orientalisme.



Nous parlions auparavant à propos du processus au Rojava et du fait que le mouvement n’est pas anarchiste. Une autre chose qui manque c’est l’évaluation de la lutte pour la liberté du peuple kurde à part du fait qu’ils et elles ont lutté pendant des siècles dans la région mésopotamienne. Celles et ceux qui se détournent de la vérité par correction idéologique et dévalue une lutte populaire de plusieurs siècles trahissent leurs responsabilités révolutionnaires et devraient faire attention au front sur lequel ils et elles sont en train de se placer.

Percevoir les classes dans une vision superficielle et essayer d’interpréter les luttes sociales juste comme des luttes économiques, c’est créer une hiérarchie entre les luttes des opprimé-e-s. Un point de vue anarchiste qui limite les opprimé-e-s aux travailleurs-euses et néglige les autres relations de pouvoir contredit l’histoire du mouvement anarchiste. L’histoire révolutionnaire de l’anarchisme est pleine des luttes économiques, politiques et sociales des opprimé-e-s. Négliger l’effet du mouvement sur les mouvements populaires pour la liberté depuis l’Europe jusqu’à l’Extrême Orient asiatique à différents siècles, exclure l’apport pratique de cet effet aux luttes de classes en Amérique du Sud c’est ignorer la structure intégrée du mouvement anarchiste.

Nous ne sommes pas des diseurs-euses de bonne aventure. Nous ne pouvons pas savoir ce qui arrivera au Rojava dans un mois ou un an. Nous ne pouvons pas savoir si cette transformation sociale, qui ne nous donne pas seulement de l’espoir en tant que révolutionnaires qui luttent dans une région géographique proche mais qui nourrit également notre combat dans la région où nous luttons, ira vers un futur positif ou négatif. Mais nous sommes des anarchistes révolutionnaires. Nous ne pouvons pas seulement nous asseoir de coté, regarder ce qui se passe et commenter, nous prenons part aux luttes sociales et agissons pour une révolution anarchiste.

Vive la Révolution du Rojava !

Vive la Résistance de Kobanê !

Vive l’Anarchisme Révolutionnaire !

Hüseyin Civan
(de l’organisation anarchiste turc DAF)

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Re: Kurdistan

Messagede Pïérô » 26 Nov 2014, 01:38

Suite

Un point de vue anarcho-communiste sur le soutien à la lutte du Kurdistan syrien

Texte trouvé sur le site anarkismo.net, mis en ligne sur ce site le 1er novembre 2014 et traduit fin novembre 2014 par un membre du Collectif Anarchiste de Traduction et de Scannérisation de Caen (et d’ailleurs) : http://ablogm.com/cats/

C’est une réponse au texte « Rojava : an anarcho-syndicalist perspective ». Il s’inscrit dans la lignée d’une première réponse à cet article faite par un camarade anarchiste turc. Le texte « Rojava : an anarcho-syndicalist perspective » et cette première réponse d’un camarade de Devrimci Anarşist Faaliyet ont également été traduits en français et sont disponibles ici : http://sous-la-cendre.info/2740/revolut ... s-en-cours

Toutes ces traductions sont librement diffusables et nous espérons qu’elles alimenteront l’inévitable, nécessaire et légitime débat en cours sur le soutien, ou non, aux luttes de libération nationale en général et sur le soutien à la révolution au Kurdistan syrien en particulier.

http://sous-la-cendre.info/2763/2763

Une réponse anarchiste-communiste à « Rojava : une perspective anarcho-syndicaliste ».

Ce texte est une réponse à l’article « Rojava : une perspective anarcho-syndicaliste » écrit par « K.B. » et qui a été récemment publié sur le site web « Ideas and Action » de la Workers Solidarity Alliance (WSA, Alliance de Solidarité des Travailleurs) basée en Amérique du Nord. Dans l’article il y a une attaque contre la révolution du Rojava (le Kurdistan syrien) au Moyen-Orient, un évènement dans lequel le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK en Kurde) a joué un rôle clé. Cette réponse n’est pas publiée de mauvaise foi ou avec de mauvaises intentions envers la personne qui a écrit l’article ou envers son organisation mais, bien plutôt, afin de clarifier et de partager notre pensée concernant la question du soutien anarchiste à la fois aux mouvements de libération nationale et à ce qui, pour nous, est une lutte très importante et inspirante qui se déroule au Moyen-Orient. L’objectif est d’avoir un débat franc et amical qui nous emmène tous et toutes de l’avant.


LE CONTEXTE POUR UN SOUTIEN CRITIQUE.

Le PKK et ses projets ont attiré l’attention pas seulement sur la révolution du Rojava – où une part substantielle du programme du PKK est en train d’être appliqué. Le PKK a également attiré l’attention mondiale avec sa bataille héroïque contre les forces meurtrières et ultra-droitière de « l’État Islamique » (État Islamique en Irak et au Levant, EIIL), particulièrement dans des combats en Syrie.

Le PKK se dressait originellement pour un État marxiste indépendant pour le peuple kurde qui devait être créé par des moyens comme la lutte armée. Au cours des 10 dernières années, toutefois, le PKK a significativement changé ce projet, en adoptant les éléments centraux du « confédéralisme démocratique » – une approche dérivée de la pensée tardive de l’écrivain Murray Bookchin, influencé par l’anarchisme. En 2005, le leader emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, disait :

« Le confédéralisme démocratique du Kurdistan n’est pas un système Étatique, c’est un système démocratique d’un peuple sans État… Il tire son pouvoir du peuple et adopte des mesures pour atteindre l’autosuffisance dans tous les champs y compris l’économie[1].

La question des relations des anarchistes et des syndicalistes envers des mouvements comme le PKK –mouvements qui ne sont pas explicitement, ou même complètement anarchiste – est matière à controverse. Une partie substantielle du mouvement anarchiste, particulièrement le vaste réseau plateformiste et spécifiste autour d’Anarkismo.net, a soutenu le PKK, bien que de manière critique.


LOGIQUE DE SOUTIEN

En résumé de notre orientation générale, nous soutenons les luttes contre l’oppression en principe et cela inclut des luttes contre l’oppression nationale et raciale.

Concrètement, cela signifie se placer aux cotés des gens en lutte contre l’oppression et défendre leur droit à choisir des approches avec lesquelles nous pouvons ne pas être en accord. Dans le cas des luttes de libération nationale, cela signifie que nous défendons le droit des peuples colonisés à résister et à vaincre la répression impérialiste des projets de libération par le moyen de formes politico-économiques, tels que des États démocratiques libéraux ou socialistes indépendants, qui nous le voyons échoueront finalement à émanciper les prolétaires et les paysans. C’est une question de principes : s’opposer à l’oppression et se placer aux cotés des opprimé-e-s. Par conséquent, nous ne prenons pas une position « puriste » qui semble être neutre mais qui, en pratique, met les oppreseurs-euses et les oppimé-e-s sur le même plan néfaste.

Cela ne doit pas, cependant, être mal compris et signifier un chèque en blanc pour toute position ou action ou courant engagé dans de tels luttes ; nous n’acceptons pas la position qui refuse de faire toute critique ou de prendre toute position indépendante, sur la base que seul-e-s les « opprimé-e-s » peuvent décider, ou sur le fait que la « solidarité » implique le silence. Évidemment seul-e-s les opprimé-e-s peuvent décider mais ils et elles ne sont pas homogènes politiquement ou socialement et toutes les luttes sont contestées de manière interne et imparfaites. La solidarité est une affaire d’assistance teintée de camaraderie, elle n’a pas pour objet de fermer le dialogue ou d’excuser des erreurs.

En termes concrets, nous ne soutenons pas tout courant organisé dans les luttes contre l’oppression. Plus un courant organisé est proche de nos positions, plus nous le soutenons et montrons de la solidarité ; et en même temps, il y a certaines positions politiques qui sont simplement inacceptables. En termes de stratégie et de tactiques, il y a une échelle mobile et cela signifie que nous donnons, en pratique, la priorité à des relations avec certains groupes par rapport à d’autres et que nous n’établissons délibérément pas de relations du tout avec d’autres.

De plus, tandis que nous montrons de la solidarité, et que nous fournissons une aide concrète, nous ne « liquidons » pas notre politique ou notre programme, en devenant des supporters-rices inconditionnel-le-s ou des organisations de donateurs-rices. Notre objectif est simplement de s’aligner aux cotés des luttes contre l’oppression, avec également le but d’influencer ces luttes. Seul l’anarcho-communisme offre les conditions pour une reconstruction des sociétés humaines qui rendra possible une résolution complète des nombreux maux sociaux, y compris de nombreux types d’oppression.

Par conséquent, dans notre solidarité, nous nous engageons en politique en tant que force indépendante qui cherche une certaine influence. L’engagement est une question de stratégie, ses formes précises dépendent du contexte et sont, par conséquent, des questions de tactiques. Mais centralement, dans notre engagement, nous conservons notre indépendance politique et critique, et nous n’abandonnons pas nos principes (stratégie et tactiques). Concrètement, il y a des questions pratiques autour desquelles nous pouvons coopérer directement avec des courants organisés spécifiques et offrir notre solidarité (même si c’est seulement au niveau de l’élévation de la conscience), ensuite il y a de nombreuses luttes au sein des luttes des opprimé-e-s, dans lesquelles nous pouvons prendre parti ; mais nous avons à tout moment pour objectif de proposer, et de faire gagner en influence, nos méthodes, nos buts et projets.

Nous résumerons les applications concrètes de cette approche au cas du Rojava dans la conclusion mais, pour l’instant, brièvement : dans le combat contre l’État Islamique et contre l’oppression nationale des kurdes, le réseau Anarkismo.net s’aligne avec les combattant-e-s contre ces forces. Deuxièmement, le rapprochement partiel du PKK avec l’anarchisme donne une base additionnelle pour le soutien : avec toutes ses limitations, le projet du PKK est un de ceux qui, à certains égards, s’aligne avec les idéaux anarchistes. Il est loin de la constitution d’un régime autoritaire de haut en bas à la manière, par exemple, de l’Armée Rouge de Mao. À ce propos, le soutien critique envers le PKK est similaire au soutien critique que de nombreux-ses anarchistes ont envers les zapatistes (EZLN) au Mexique. La question n’est pas de savoir si le PKK est à 100% anarchiste – il ne l’est certainement pas – mais plutôt si le PKK combat du bon coté et, deuxièmement, s’il y a des éléments du programme du PKK que les anarchistes peuvent soutenir volontiers.

En bref, cette approche envers le soutien et la solidarité – et même les alliances – ne procède pas depuis la position que les anarchistes peuvent seulement et jamais s’engager qu’avec des forces qui sont purement et sans ambiguïtés anarchistes. Bien plutôt, la logique est que les anarchistes se dressent avec les opprimé-e-s contre les oppresseurs-euses – sans renoncer à leurs différences avec d’autres courants. Et la logique est également que les anarchistes devraient s’engager avec des mouvements qui sont, si ce n’est complètement anarchistes, au moins de certaines manières plus proches de nos objectifs.

La politique est une situation confuse, basée sur le débat, le conflit et le compromis. Ce n’est la question d’attendre des mouvements parfaits ou des moments parfaits mais celle d’essayer de naviguer – encore une fois sans liquider notre politique – dans une réalité plus compliquée, marquée par des gains partiels et des luttes confuses.


L’ARGUMENT RÉPUDIANT LE SOUTIEN

Par contraste, l’article dans « Ideas and Action » prend une autre posture. Il décrit le PKK sous la pire lumière possible, comme « autoritaire », « patriarcal » et « ethno-nationaliste » et va jusqu’à soulever de sérieuses accusations contre Öcalan. Les conclusions politiques dessinées par l’auteur « K.B. » sont claires : les anarchistes devraient se distancier de la révolution du Rojava et du PKK.

Ainsi, c’est en partie un jugement selon lequel le PKK et son projet ne sont ni contre l’oppression ni en aucune manière compatibles avec les buts anarchistes. Mais il tend à suivre une plus vaste ligne de raisonnement dans un secteur du mouvement anarchiste qui congédie de manière routinière tout ce qui n’est pas purement anarchiste et qui, en pratique, se confine lui-même dans l’engagement avec d’autres anarchistes. Si cette approche est correcte dans le fait de souligner les dangers d’un soutien non critique à des mouvements non anarchistes, elle répond d’une manière telle qu’elle se coupe elle-même de la possibilité de s’engager dans un quelconque mouvement et de prendre la moindre position réellement concrète sur les luttes les plus immédiates – en faveur de slogans généraux et d’appels qui n’ont pas beaucoup d’application concrète.


L’USAGE DE LA PREUVE

De manière regrettable, beaucoup des affirmations faites par « K.B. » ne dérivent pas d’un engagement équilibré envers les preuves. Tandis que l’auteur est extrêmement sceptique sur les déclarations du PKK, il ou elle est beaucoup plus crédule quand les témoignages dépeignent le PKK sous une pauvre lumière. L’exemple le plus notable est l’assertion qu’Öcalan est un « violeur ». Un examen plus poussé des sources utilisées révèle seulement des liens vers un site web ultranationaliste turc hostile au PKK – et un livre attaquant Öcalan. Même si l’auteur de ce livre ne fournit aucune preuve à part ce qu’il admet être des « rumeurs » sans confirmation.

C’est honnêtement une manière malheureuse d’argumenter – en parcourant internet à la recherche d’affirmations infondées et diffamatoires provenant de sources douteuses et en les acceptant de manière non critique. Sur d’autres points, également, le rédacteur ou la rédactrice « K.B. » fait des déclarations qui n’ont pas de bases factuelles. Le PKK et ses structures alliées sont strictement présentés comme « ethno-différentialistes ». Le nationalisme est une idéologie tendant vers une unité multiclassiste et une société de classe : dans ces phases marxistes et maintenant confédéralistes démocratiques, le PKK ne rentra jamais vraiment dans ce moule.

Si le terme « ethno-nationaliste » est utilisé pour signifier que le PKK est strictement, exclusivement, kurde, cela ne collera pas non plus avec ce qui est en train de prendre place au Rojava. Le Rojava n’est pas seulement une question de libération des kurdes : « K.B. » cite même une déclaration du Forum des Anarchistes Kurdes (KAF en anglais), dans l’article lui-même, qui montre clairement que le Mouvement de la Société Démocratique (Tev-Dem en kurde) au Rojava comporte l’implication de nombreuses personnes « avec des arrière-plans différents, y compris des kurdes, des arabes, des musulmans, des chrétiens, des assyriens et des yézidis »[2].

Ainsi, ce n’est en aucune manière le PKK étroit, et même xénophobe, que « K.B. » souhaite exposer –mais qu’en fait il présente sous un faux jour. Au contraire, cependant, Öcalan et d’autres militant-e-s du PKK[3] présentent le confédéralisme démocratique comme une part de la libération de tous les peuples du Moyen-Orient – et pas seulement les kurdes – et en sont venu-e-s à rejeter fortement le nationalisme lui-même.


METTANT DE COTÉ CERTAINS FAITS

L’auteur « K.B. » souhaite également présenter le PKK d’une manière ou d’une autre comme un mouvement « patriarcal » (c’est-à-dire dominé par les hommes). La preuve principale qui est donnée est le rôle prédominant des hommes dans les positions de direction. Mais il y a plus important dans la position d’un mouvement sur la libération des femmes qu’un décompte des têtes. Malgré le fait d’opérer dans un contexte dans lequel la subordination des femmes est activement promue par de nombreuses forces – et pas seulement par l’État Islamique – le PKK a néanmoins activement promu l’égalité pour les femmes dans ses forces armées, ses structures et son idéologie. Invoquer que la revendication pour la libération des femmes doive être portée par une sorte de mouvement des femmes « autonome » est abstrait, car un tel mouvement n’existe pas, et c’est aussi trompeur dans la mesure où la seule force qui est en train de combattre pour la libération des femmes au Rojava, c’est le PKK.

Le PKK fit œuvre de pionnier pour la libération des femmes au Kurdistan et c’est un fait que ces zones où le PKK n’a pas une présence majeure sont très patriarcales, tandis que celles où le PKK a une présence ne le sont pas. Il n’y a pas de coïncidence. C’est parce que le PKK voit la domination des femmes comme étroitement liée à d’autres formes d’exploitation et d’oppression et croit que la lutte contre l’oppression des femmes doit, par conséquent, être au cœur de toute lutte progressiste – dans ce cas pour la libération des kurdes et, finalement, des classes populaires du Moyen-Orient.

« K.B. » souligne ensuite que le PKK était à l’origine marxiste-léniniste, ou au moins influencé par cette approche dans les années 1970 et 1980. Cela peut effectivement être le cas, mais une question qui doit être posée c’est si c’est encore actuellement le cas. Les zapatistes venaient également d’une approche maoïste ; Michel Bakounine lui-même était à l’origine un nationaliste slave. Le passé n’est pas toujours un bon guide pour le présent, spécialement quand d’autres aspects du passé sont ignorés.

Les gens et les organisations changent politiquement et ce n’est pas ce qu’ils et elles étaient qui est pertinent : c’est ce qu’ils et elles disent et font maintenant qui compte. Le PKK a également changé de nombreuses manières, cela aussi fait partie de son passé. Le PKK a critiqué son passé, essayant de changer sa politique et, dans ces critiques[4] ils sont parfois brutalement honnêtes à propos de leurs propres défauts passés. Cela est très prometteur et montre une maturité politique.

Combien de mouvements – y compris les anarchistes – réfléchissent honnêtement sur ce qui ne va pas ou n’allait pas avec eux et utilisent cela pour s’améliorer ? Ainsi, alors que le PKK n’était pas parfait, et ne l’est toujours pas, ils et elles ont réfléchi et changé – cela n’amène rien de montrer qu’ils et elles étaient marxistes-léninistes il y a trente ans, comme si rien n’avait changé.


DIFFÉRENCES DE MÉTHODES ENTRE LES DEUX LIGNES

C’est en invoquant une revendication en faveur d’un mouvement des femmes, nouveau et autonome, au Rojava que « K.B. » révèle une partie importante de sa méthodologie. Les situations ne sont pas approchées telles qu’elles sont par le ou la militant-e, elles sont approchées comme le ou la militant-e aimerait qu’elles soient, ce qui signifie habituellement un schéma complètement abstrait de revendications et de programmes. Ainsi, sans égard pour les résultats de l’actuel PKK, sans égard pour le contexte, sans égard même pour ce que les femmes font dans le PKK et au Rojava, il y a une réponse déjà prête : former un mouvement de type X. Cela ne colle pas avec les réalités complexes, et cela rend très difficile le fait d’accrocher cette réalité, quand toutes les réponses existent avant que tout accrochage n’ait lieu.

À un autre niveau, la méthodologie se révèle également elle-même : si quelque chose n’est pas purement anarchiste, c’est considéré au-delà du soutien. Le problème est que les plus grands mouvements aujourd’hui ne sont pas anarchistes, ou purement anarchistes. Dire que les anarchistes ne peuvent jamais travailler avec d’autres courants – nationalistes, marxistes-léninistes, progressistes etc. – signifie simplement que les anarchistes ne s’engageront avec personne, à part d’autres anarchistes.

Mais comme la plupart des gens ne sont pas – que nous le voulions ou non – anarchistes, cela signifie que les anarchistes s’isoleront eux-mêmes et qu’ils et elles le feront avec fierté. Cela ne résout pas, mais au contraire aggrave, l’isolement des anarchistes. Cela coupe les audiences et une potentielle influence anarchiste.


ALIGNEMENTS DANS DES BATAILLES CONCRÈTES

Un troisième problème est celui de prendre parti dans des batailles clés. Toutes les batailles ne requièrent pas que les anarchistes prennent parti, mais certaines oui.

Quelles que soient les limitations des forces qui menèrent la lutte anti-apartheid, par exemple, elles étaient progressistes comparées au régime de l’apartheid ; c’étaient des mouvements qui se battaient contre un système oppressif monstrueux et qui, malgré toutes leurs limites, étaient en ce sens infiniment préférables à ce système. Dans de tels combats, les anarchistes ne peuvent sûrement pas rester neutres, comme s’il n’y avait pas de différences du tout entre les forces d’opposition populaires, comme les syndicats et les mouvements issus des communautés, et le régime d’apartheid. Avoir suggéré autre chose aurait trahi un sérieux manque de perspective.

De même, considérerons la situation du PKK et de ses structures alliées : depuis le début, dans toutes ses incarnations, le PKK a combattu contre la sévère oppression nationale des kurdes en Irak, Iran, Syrie et Turquie. Les kurdes des classes populaires sont opprimé-e-s en tant que travailleurs-euses et paysan-ne-s, mais en tant que kurdes ils et elles font face à une oppression additionnelle. Le combat contre cette oppression est progressiste et est sûrement un combat important que tout-e anarchiste peut soutenir.

Cela ne signifie pas la possibilité d’encaisser des chèques en blanc pour le PKK ; cela signifie simplement que même si le PKK etc. était ethno-nationaliste, mais combattait pour la fin de l’oppression nationale, les anarchistes devraient et pourraient encore soutenir ce combat – de manière critique, bien sûr – simplement parce que les kurdes sont opprimé-e-s en tant que peuple et que les anarchistes s’opposent à toutes les formes d’oppression. Dans la mesure où le PKK est devenu plus proche de l’anarchisme, le terrain pour un soutien critique de ce dernier est plus étendu.

En fait, alors que nous ne pensons pas que les anarchistes doivent poser des conditions pour leur soutien à des luttes populaires pour la libération nationale, il faut également noter que le PKK a, en plus de son rejet du nationalisme, également rejeté l’État – en déclarant clairement que « l’État-nation ne peut jamais être une solution »[5] – et voit la libération des femmes comme étant irrévocablement liée à l’abolition de l’État.

Ces dimensions disparaissent complètement dans l’article de « K.B. » : le PKK émerge comme aussi scélérat et sinistre que n’importe quel autre régime ; c’est presque comme si l’« ethno-nationalisme » kurde est une invention, plutôt qu’une réponse – aussi problématique soit-elle – à l’oppression kurde. Et pour emmener les choses plus loin, l’auteur découvre ensuite dans le PKK seulement des défauts et rien qui soit digne de soutien.


SOUTIEN CRITIQUE (NON AVEUGLE)

Rien de cela ne signifie soutenir aveuglément le PKK. Nous ne sommes pas d’accord avec le purisme de l’article de « K.B. » mais nous n’allons pas à l’autre extrême, en liquidant notre politique. Nous sommes d’accord que les anarchistes ne devraient pas liquider notre politique derrière toute force non anarchiste – en devenant des meneurs-euses de ban et des soutiens aveugles, ou en taisant nos critiques ou en mettant la clé sous la porte de nos activités indépendantes. Toutefois, alors que « K.B. » cherche à faire cela en isolant les anarchistes des autres forces, nous cherchons à faire cela en s’engageant, en tant que courant indépendant, avec d’autres forces.

Cela signifie clarifier nos propres points de vue, pousser en avant notre propre projet et rechercher notre propre influence. Une telle influence ne peut provenir d’un isolement puriste, elle ne peut pas venir non plus d’un soutien inconditionnel liquidationniste. Cela entraîne un engagement critique : nous sommes avec le PKK et la révolution du Rojava contre les forces de l’État Islamique, de la Turquie et de l’impérialisme occidental, mais nous ne sommes pas non plus un auxiliaire du PKK.

Par conséquent, malgré nos désaccords avec la position de « K.B. », nous sommes en fait d’accord sur le fait qu’il y a des points qu’il ou elle soulève qui valent vraiment la peine d’être évoqués.

« K.B. » note qu’il y a des structures et des projets parallèles – et potentiellement rivaux – au Rojava et une contestation autour de celles et ceux-ci. D’après certains comptes-rendus – y compris un document qui forme basiquement la Constitution du Rojava[6] – il y a deux types de systèmes/structures en place basés sur ce qui semble être des idées divergentes qui courent concurremment. Une structure est un type de parlement représentatif avec quelque chose qui s’apparente à un cabinet ; l’autre étant une sorte de confédéralisme démocratique basé sur des assemblées, des conseils et des communes. Là apparaît également une possibilité de tension se levant entre ces deux types de systèmes allant aussi de l’avant, si le Rojava survit.

Ainsi il y a une faction dans la politique du Rojava, y compris dans la direction du Parti de l’Union Démocratique (PYD en kurde, le parti-frère du PKK en Syrie), qui veut ce qui équivaut à une structure d’État – plutôt que la vision plus radicale du PKK. En pratique ils et elles sont en train de mettre en œuvre une démocratie représentative basée sur un parlement, avec les droits humains de base, où un exécutif aura beaucoup de pouvoir, mais tactiquement ils et elles ne peuvent pas l’appeler un État car il apparaît que l’idée du confédéralisme démocratique est largement partagé en tant qu’idéal parmi de nombreux-ses kurdes.

Mais il est encore possible que le Rojava devienne un système basé sur le confédéralisme démocratique parce que les assemblées, les conseils et les communes existent (et parce que clairement il y a également des gens qui veulent cela). Donc il ne nous semble pas que nous devrions fermer nos yeux sur le fait que de telles tensions et des résultats possiblement conflictuels existent et existeront en tant que tels au sein de toute révolution. Qui gagnera la haute main si le Rojava survit est cependant une question ouverte et dépend de quelles forces prennent la main au cours du processus, si elles ne sont pas balayées par l’État Islamique ou les peshmergas (les unités armées du Gouvernement Régional du Kurdistan irakien).


CONCLUSION

Le meilleur résultat dans le monde serait une révolution anarchiste globale. Mais les puissantes forces requises n’existent pas actuellement ; et elles n’en viendront pas à exister si les anarchistes persistent à vouloir garder leurs mains trop propres, en échouant à s’engager dans les moments et mouvements réels du monde.

De manière plus réaliste, le meilleur résultat dans le monde réel du Rojava serait la victoire du confédéralisme démocratique, ouvrant des espaces pour des changements plus profonds et inspirant les rebelles ailleurs. Le second serait un État dirigé par le PYD, et le troisième meilleur serait une victoire du Gouvernement Régional du Kurdistan (KRG) qui est à la droite à la fois du PKK et du PYD. Le KRG est un État avec tous ses attributs (bien que non reconnu internationalement) et qui est corrompu et ouvertement autoritaire. À la pire extrémité du spectre il y aurait la victoire du dictateur syrien, Assad, et le pire résultat serait la victoire de l’État Islamique.

Il n’y a pas de réel challenger anarchiste dans cette bataille, et pas de perspectives pour un pôle d’attraction anarchiste tant que les anarchistes ne s’engagent pas avec des forces comme le PKK. Les anarchistes kurdes et turcs-ques se sont impliqué-e-s et, d’une manière plus modeste, des groupes liés au réseau Anarkismo.net l’ont fait aussi.

L’article de « K.B. » souffre du fait qu’il est écrit dans une sorte de vide. Il est écrit comme si une sorte d’anarchisme pur est la seule chose qui peut être soutenue ce qui – en prenant en considération le fait que toute société anarchiste est dans le meilleur des cas une perspective très distante et qu’elle devra être forgée et façonnée dans la réalité de la lutte et quelle peut différer de certaines manières par rapport à la vision idéale – est une vue séparée de la réalité. Ainsi l’article est écrit en étant basé sur ce qui existe dans la tête de l’auteur et non sur ce qui est en train d’arriver dans la réalité – qui est ce avec quoi nous devons nous confronter en tant qu’anarchistes et révolutionnaires sociaux si nous voulons que nous et nos idées suscitions le moindre intérêt dans les luttes populaires progressistes.

Dans les circonstances actuelles où l’État Islamique essaye d’envahir Kobanê, même si le confédéralisme démocratique est vaincu au Rojava de manière interne par des éléments du PYD et leur mise en œuvre d’un État, cet État (d’après ce que nous avons lu sur le PYD) sera meilleur que les autres options qui sont de réelles possibilités, étant soit l’État Islamique, soit Assad ou le KRG.

Si elle était appliquée, par exemple, à l’Afrique du Sud et à l’apartheid, la position sur le Rojava présenté par l’article de « K.B. » reviendrait à dire quelque chose comme « Nous ne soutenons pas l’UDF, le FOSATU, le COSATU[7] et définitivement pas l’ANC parce qu’ils ne sont pas anarchistes » et cela aurait revenu à dire « Qui s’en fout vraiment si l’État d’apartheid gagne parce qu’il n’y a pas de lutte pour l’anarchisme ».

La position présentée dans l’article est ainsi pleine de défauts et séparée de la réalité. Bien que cela puisse paraître radical sur le papier, sa faiblesse est qu’elle présuppose l’existence d’un sujet parfaitement libertaire et révolutionnaire et qu’elle conditionne tout soutien aux mouvements populaires sur cette non entité au lieu de reconnaître que la classe ouvrière actuellement existante – et ses mouvements – est pleine de contradictions et que les anarchistes ont besoin de la rencontrer où qu’elle soit si nos idées et pratiques doivent avoir le moindre intérêt.

La lutte pour la libération nationale des kurdes devrait être soutenue comme une question de principe car ils et elles sont un peuple opprimé et, même s’ils et elles n’accomplissent pas le confédéralisme démocratique, un État dirigé par le PYD serait encore un certain gain (comme 1994 le fut en Afrique du Sud[8]) parce que les autres résultats possibles sont horribles.

Naturellement, la lutte pour la libération kurde, si elle n’est pas accompagnée par une reconstruction massive de l’économie et de la vie sociale sur la base de l’autogestion des travailleurs et du contrôle communautaire, mènera à une situation de libération nationale et de genre incomplètes pour les masses kurdes si les inégalités économiques et sociales ne sont pas résolues en même temps que celles du pouvoir politique.

Une telle solution strictement politique (c’est-à-dire si les modèles parlementaires triomphaient sur le confédéralisme démocratique) pourrait donner naissance à une nouvelle élite kurde. Quelque chose qui peut être comparé à la transition démocratique qui s’est produite en Afrique du Sud en 1994 et, bien que pas idéal, cela constituerait une avancée massive pour la classe ouvrière kurde – juste comme cela a été pour la classe ouvrière sud-africaine.

Nous sommes d’accord avec « K.B » sur le fait que c’est précisément dans l’auto-activité des masses à la base et dans celle des femmes du PKK et de ses structures alliées que résident les aspects les plus prometteurs de la lutte en direction d’une libération complète. Toutefois, ce serait une erreur de rejeter ou de refuser un soutien à des organisations comme le PKK sur la base qu’elles sont imparfaites. Bien sûr qu’elles le sont. Ce n’est pas la question. La question est si les anarchistes s’alignent aux cotés – et essayent d’influencer – les mouvements et luttes dans l’actuel monde réel, comme une question de principe (parce que ces luttes sont justes), comme une question de politique pratique (parce que sans engagement, les anarchistes resteront isolé-e-s) et comme une question d’analyse (qui s’accroche aux situations, plutôt que de les marteler pour les faire entrer dans des schémas pré-établis).

C’est là que réside finalement la différence profonde entre les deux lignes – la nôtre et celle de « K.B. ». Nous rejetons les notions qui insistent sur le fait que les anarchistes ne doivent jamais soutenir des luttes de libération nationale – ou alors seulement sous certaines conditions – tandis que nous rendons également clair le fait que nous rejetons simultanément le nationalisme. Ce qui est nécessaire, par conséquent, pour assurer la pleine libération nationale et de classe des masses kurdes et pour se garder de l’ascension d’une élite kurde oppressive, qui s’opposerait à la pleine libération de la classe ouvrière kurde sous le déguisement d’étroits intérêts nationalistes, c’est une lutte centrée sur la classe ouvrière kurde – sur un programme de la classe ouvrière – contre l’oppression nationale, le capitalisme, l’État et l’oppression des femmes, simultanément. Le programme de confédéralisme démocratique du PKK, pour nous, représente des pas en avant vers un tel programme. Cela n’est pas suffisant mais c’est un début sur lequel nous pouvons nous engager.

En résumé, en appliquant notre approche générale, nous pouvons dire de la bataille pour le Rojava : nous soutenons la lutte pour la libération nationale des kurdes, y compris le droit d’exister pour le mouvement de libération nationale ; deuxièmement nous nous opposons à la répression et aux menaces mises en œuvre par des forces allant de l’État Islamique, à l’Irak, la Syrie, la Turquie et leurs alliés orientaux ; notre soutien va, sur une échelle mobile, vers les anarchistes et syndicalistes kurdes en haut, suivis par le PKK, ensuite le PYD et nous traçons une ligne face au KRG ; en termes pratiques, nous nous offrons une solidarité (même si elle est juste verbale) et coopérons autour d’une série de questions concrètes, la plus immédiate étant la bataille pour arrêter l’État Islamique d’extrême droite et défendre la révolution du Rojava ; au sein de cette révolution nous nous alignons au coté du modèle de confédéralisme démocratique du PKK contre l’approche plus étatique des modèles du PYD, et même lorsque nous faisons cela, avec en tout temps l’objectif de proposer nos méthodes, buts et projets et de les faire gagner en influence : nous sommes avec le PKK contre le KRG, mais nous sommes pour la révolution anarchiste avant tout.



[1] http://www.freemedialibrary.com/index.p ... _Kurdistan

[2] http://www.anarkismo.net/article/27301

[3] https://www.youtube.com/watch?v=pRsw5s28jxY

[4] http://www.pkkonline.com/en/index.php?s ... &artID=204

[5] http://www.pkkonline.com/en/index.php?sys=articles Voir spécialement les articles sur « Democratic Modernity: Era of Woman’s Revolution”; “Killing the dominant male”; “Capitalism and Women”; “Women’s situation in the Kurdish society”; “The Nation-State Can Never Be a Solution”; “Briefly On Socialism”; ‘The Kurdistan Woman’s Liberation Movement’; and of course “Democratic Confereralism” .

[6] http://civiroglu.net/the-constitution-o ... a-cantons/

[7] L’United Democratic Front était une organisation politique anti-apartheid crée en 1983 et issue de l’alliance d’environ 400 groupes et associations civiques, d’étudiant-e-s, de travailleurs-euses. La FOSATU était une organisation syndicale non-raciale et démocratique créée en 1979 et elle fusionna avec d’autres syndicats en 1985 pour créer le COSATU qui reste aujourd’hui la principale confédération syndicale d’Afrique du Sud et qui a participé activement à la lutte contre l’apartheid. Note Du Traducteur.

[8] C’est en 1994 qu’on lieu les premières élections inter-raciales en Afrique du Sud àprès la chute du régime d’Apartheid. NDT.

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