Kurdistan

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Messagede bipbip » 02 Fév 2017, 21:25

Combattant volontaire au Rojava : « Une ligne antinationaliste claire »

« Il faut, je l’affirme, critiquer les erreurs et les fautes que nous commettons ici, au Rojava. Chaque révolution a ses tares. Je demande simplement à ce que l’on prenne en compte la réalité du terrain avant tout jugement puriste hâtif. »

Nous répercutons ci-dessous le journal de bord, publié sur FB, d’un militant révolutionnaire francophone au sein des YPG. Il partage ses analyses, ses critiques, et relate les temps forts de son parcours. Un indispensable témoignage humain et politique.

... http://www.alternativelibertaire.org/?C ... -au-Rojava
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Re: Kurdistan

Messagede bipbip » 05 Fév 2017, 16:08

Ronahi TV • Journal du 5 février 2017

Voici les “chroniques de la révolution kurde”, présentées par Ronahi TV. Un retour sur la quinzaine du 30 janvier au 4 février 2017. Il s’agit de l’émission régulière en langue française, que vous trouverez ici, chaque semaine.

Vous pouvez également visionner séparément les quelques vidéos incluses dans le texte complet du journal.

Vidéo complète du journal francophone et textes en français

Gros titres
• LA GRANDE MARCHE : Liberté pour Öcalan – un statut pour le Kurdistan
• ROJAVA : Un travail diplomatique
• ROJAVA : La révolution des femmes
• VERS RAQQA : Sécuriser et réorganiser les villages libérés
• BAB : Une région dévastée par les forces turques
• BAKUR-KURDISTAN DU NORD : Génocide politique
• PROCÈS EN COURS : La justice, jouet de l’exécutif
• ET DANS LES PRISONS ? : L’horreur, la torture et la mort
• KURDISTAN :Vers un nouveau congrès national
• VERS RAQQA : La troisième phase militaire est lancée




... http://www.kedistan.net/2017/02/05/rona ... rier-2017/
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Re: Kurdistan

Messagede bipbip » 08 Fév 2017, 08:45

Pourquoi peut-on parler de “Commune au Rojava”

Cet article sur le Rojava présente les questionnements politiques autour des expériences communalistes en cours au sein du confédéralisme Nord syrien. Il émane de courants de la gauche radicale.

Le siège de Kobanê par l’Etat Islamique (EI) a attiré l’attention du monde entier sur le PYD kurde (Partiya Yekïtiya Demokrat, Parti de l’union démocratique), la force dirigeante dans les régions à majorité kurde du nord de la Syrie. Le PYD nomme cette région Rojava, littéralement « pays du soleil couchant », également traduit par « Kurdistan de l’Ouest ».

Le discours du PYD, tournant autour de termes tels que la démocratie et l’égalité et insistant sur les droits des femmes, a un fort pouvoir d’attraction dans la gauche mondiale. De même, la lutte des combattants des YPG/YPG (Unités de protection du peuple, Unités de protection des femmes), organisés par le PYD contre l’EI, bénéficie d’une très large sympathie.

Des initiatives de soutien à « la révolution du Rojava » ont surgi dans divers pays. Une campagne intitulée « des armes pour le Rojava » a levé plus de 135 000 dollars en Allemagne. D’autres initiatives se sont centrées sur une aide humanitaire et un soutien politique.

Au Rojava, le PYD déclare qu’il est en train de construire une société démocratique avec des droits égaux pour les femmes, dans laquelle cohabitent différents groupes ethniques et religieux ; le pouvoir politique est censé s’y exercer à travers les structures de conseils autonomes. Le PYD affirme qu’une révolution inédite a lieu au Rojava, inspirée par la pensée de Abdullah Öcalan, le leader emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (Partiya Karkeren Kurdistan, PKK). Même après son arrestation en 1999, Öcalan est demeuré le leader politique et l’idéologue du mouvement. Pour commencer à comprendre l’expérience en cours au Rojava, ainsi que l’attitude de la gauche1à son égard, il convient de considérer l’idéologie d’Öcalan et de comparer ce à quoi elle prétend avec la réalité du terrain.2

... http://www.kedistan.net/2017/02/05/commune-rojava/
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Messagede bipbip » 09 Fév 2017, 16:47

Combattant volontaire au Rojava #08 : « Le monde des révolutionnaires est décidément petit »

« Il y a une semaine, le commandant m’a recommandé auprès d’un groupe venu faire du recrutement, la Brigade antifasciste internationale (très libertaire, donc politiquement plus proche de moi), connue aussi comme "le groupe de Marcello" ».

Nous répercutons ci-dessous le journal de bord, publié sur Facebook, d’un militant révolutionnaire francophone au sein des YPG. Il partage ses analyses, ses critiques, et relate les temps forts de son parcours. Un indispensable témoignage humain et politique.

Les intertitres et notes de bas de page sont de l’équipe web d’AL.

... http://www.alternativelibertaire.org/?C ... -Rojava-08
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Re: Kurdistan

Messagede bipbip » 12 Fév 2017, 14:34

Iran/Kurdistan : Condamnations d’opposants kurdes

En juin 2016, des affrontements armés avaient éclaté non loin du village de Ghoreh Saghl entre les guérilleros du Parti Démocratique du Kurdistan Iranien (PDKI) et les "Gardiens de la révolution" Iraniens. Sept villageois, qui ne sont pas des guérilleros mais qui étaient soupçonnés d’être lié à l’opposition, ont été arrêtés peu après : Rassoul Azizi, Mohamad Zaher Faramarzi, Yaghoub Baakram et deux frères Jalal Masrouri et Kamal Masrouri. Ils ont été torturés et interrogés pendant plus de 45 dans un centre de détention secret du Ministère des Renseignements Iranien de la ville d’Orumiyeh. Quelques semaines plus tard, Hedayat Ghaderi, originaire de la même localité était arrêté et transféré dans ce même de centre de détention secret du Ministère des Renseignements, alors qu’ils n’était même pas dans la région de Ghoreh Saghl quand se sont produits les affrontements. Il a été torturé pendant deux mois par des suspensions de son corps la tête vers le bas, des chocs électriques à l’aide de tasers, des coups de fouet et de câbles électriques sur la plante des pieds.

Les procès de ces six hommes détenus à la prison centrale d’Orumiyeh ont eu lieu le mardi 17 janvier 2017 devant "Tribunal Révolutionnaire" de la ville. Hedayat Abdullah Ghaderi a été condamné à mort, Rassoul Azizi à 25 ans de prison, Mohamad Zaher Faramarzi à 20 ans, Yaghoub Bakram à 15 ans, les frères Masrouri à 15 ans pour Jalal et 10 ans pour Kamal. Ces peines ont été confirmées il y a quelques jours.

http://www.secoursrouge.org/Iran-Kurdis ... nts-kurdes
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Messagede GUERRE DE CLASSE » 13 Fév 2017, 12:23

bipbip a écrit:Combattant volontaire au Rojava : « Une ligne antinationaliste claire »

« Il faut, je l’affirme, critiquer les erreurs et les fautes que nous commettons ici, au Rojava. Chaque révolution a ses tares. Je demande simplement à ce que l’on prenne en compte la réalité du terrain avant tout jugement puriste hâtif. »

Nous répercutons ci-dessous le journal de bord, publié sur FB, d’un militant révolutionnaire francophone au sein des YPG. Il partage ses analyses, ses critiques, et relate les temps forts de son parcours. Un indispensable témoignage humain et politique.

... http://www.alternativelibertaire.org/?C ... -au-Rojava


Chacun appréciera à leurs justes valeurs révolutionnaires les quelques citations ci-dessous extraites de "Interview du Commandant Cihan Kendal des YPG" :

« [...] Mais, alors que nous parlons de consolider une révolution, il devient clair que la politique classique des partis qui travaillent simplement dans les parlements ne fonctionne pas. Ils peuvent certes être une partie du mouvement et même une partie significative du mouvement ; quand tu essaies de construire un système alternatif, tu peux essayer de travailler dans le système existant, mais ce n’est pas suffisant ; le plus important c’est quand les gens s’organisent pour diriger la société eux-mêmes, aillent au-delà de l’État. Abdullah Ocalan a une formule pour cela – « État plus démocratie ». »


L’État plus la démocratie ? Le Rojava n’est-il pas contre l’État ?

« Oui et non. Oui, nous avons jeté Assad hors du Rojava, mais nous sommes suffisamment réalistes pour savoir que dans les circonstances politiques, économiques et militaires actuelles, nous ne sommes pas capables de tout arrêter, et nous avons un certain degré de relation avec le gouvernement syrien [d’Assad], justement parce que nous ne voulons pas créer un autre État. Nous disons que s’ils respectent les droits démocratiques des gens de cette région, qui veulent s’organiser eux-mêmes, alors pouvons aussi être une partie de l’État syrien, la partie de l’État syrien qui changera toutes les autres parties. En fait c’est notre but, d’aller d’une région autonome à une Syrie démocratique.

Quand nous parlons de la révolution, cela ne se passe pas comme nous pouvons imaginer que ce sont passées les révolutions il y a cent ou trente ans. La révolution a ses moments violents, quand nous devons mettre à bas l’État, puis nous défendre avec des armes, mais, dans le même temps, cela ressemble plus à une évolution ; la révolution accélère cette période d’évolution ; ce n’est ni l’idée anarchiste d’abolir l’entièreté de l’État immédiatement, ni l’idée communiste de prendre le contrôle de l’entièreté de l’État immédiatement. Avec le temps nous allons organiser des alternatives pour chaque partie de l’État contrôlée par le peuple, et quand elles fonctionneront, ces parties de l’État se dissoudront. »

[...]


Le Rojava est-il « une dictature du PKK » ?

« [...] Ocalan est notre philosophe et notre leader idéologique, mais il n’y a pas de PKK ici, pas de bureau ou de forces. Il y a le PKK et nous sommes les YPG. Et puis, il y a les revendications d’extrême gauche qui ont un effet aussi négatif que les rumeurs et les critiques, comme dire que nous n’avons pas de forces de police – bien sûr que nous en avons, comment pourrions nous défendre la sécurité et l’ordre nécessaire dans une société sans forces de police ? Mais alors qu’il y a notre première force de police, les Asayish, il y a aussi le HPC, la Force de Défense de la Société – ce sont des civils, votre mère, ma sœur [et ta sœur !?] – qui reçoivent un entraînement à la résolution des conflits pour les problèmes qui éclatent dans leur communauté, des querelles entre familles ou entre clans, des problèmes domestiques, mais ils ne travaillent pas dans le style Law & Order, avec des sentences et toutes ces choses. [...] »

[...]


Quelles sont vos relations avec les États-Unis ?

« Si vous prenez connaissance des déclarations officielles de nos différentes institutions, le principal parti, le PYD, le Tev-Dem, le mouvement des femmes, alors vous pourrez voir que tout le monde au Rojava comprend parfaitement quels sont les intérêts américains en Syrie. Nous savons tous ce que les USA veulent et ce qu’ils ne veulent pas, et leur responsabilité dans l’existence de groupes comme Daesh et Al Nostra. Ils ont fait plus que détruire l’Irak et tout le reste, ils ont un rôle direct dans leur création, puis ils ont perdu le contrôle, et maintenant ils doivent réparer le problème qu’ils ont créé. Donc évidemment, ils veulent notre aide. Notre relation avec eux est, de nouveau, ouverte et officielle, ce n’est pas un secret – c’est tactique, pas stratégique. Ils veulent nous utiliser et nous essayons de tirer le plus possible de cette situation. Nous y sommes obligés, nous avons de nombreux ennemis et nous devons nous défendre. C’est une nécessité pratique et politique de trouver notre place dans la balance du pouvoir des « gros joueurs » qui nous entoure, parce que tous le monde à des intérêts en Syrie, donc nous essayons de défendre les intérêts du peuple. Et ce n’est pas possible quand vous dites simplement « Non, non, non ! » et commencez à combattre tous vos ennemis en même temps.

[...] les États-Unis doivent donc être vu en train de nous aider. En fait, nous les forçons, pour bâtir une position stratégique forte, à coopérer avec nous. Ils nous donnent la possibilité de rendre notre révolution plus puissante et c’est quelque chose dont nous avons besoin. La révolution, ce n’est pas quelque chose que vous pouvez défendre simplement en en parlant, vous devez donner quelque chose aux gens, vous devez les protéger, vous devez les nourrir, vous devez leur donner des infrastructures, et si vous vous isolez complètement de tous les autres, vous ne pouvez pas faire ça.

Les États-Unis voudraient nous voir comme un allié principal, mais ils savent que ce n’est pas possible ; militairement nous coopérons pour le moment, mais idéologiquement nous sommes des ennemis. Les États-Unis sont l’avant-garde du système capitaliste, et nous sommes l’avant-garde de l’alternative. Peut-être pas aujourd’hui, peut-être pas demain, mais un jour dans le futur cette situation finira par atteindre une phase critique. »
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Re: Kurdistan

Messagede bipbip » 15 Fév 2017, 08:55

Interview d'un combattant internationaliste de retour du Rojava

Le Bataillon international c'est une unité qui a été créée à l'été 2015 par des organisations communistes turques qui combattaient déjà au Rojava depuis le début de la révolution et qui avant ça participaient à la lutte de libération nationale du peuple kurde au Bakür, c'est à dire le Kurdistan qui est sous le contrôle de l'état turc.

Il a été créé sur le modèle de la brigade internationale espagnole avec pour idée de rassembler des militants et volontaires communistes, anarchistes, socialistes, des révolutionnaires de gauche qui sont sur place et qui sont venus non seulement pour combattre l'état islamique mais qui souhaitent aussi défendre l'expérience politique révolutionnaire du Rojava.

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Re: Kurdistan

Messagede Blesk » 20 Fév 2017, 16:43

« [...] Mais, alors que nous parlons de consolider une révolution, il devient clair que la politique classique des partis qui travaillent simplement dans les parlements ne fonctionne pas. Ils peuvent certes être une partie du mouvement et même une partie significative du mouvement ; quand tu essaies de construire un système alternatif, tu peux essayer de travailler dans le système existant, mais ce n’est pas suffisant ; le plus important c’est quand les gens s’organisent pour diriger la société eux-mêmes, aillent au-delà de l’État. Abdullah Ocalan a une formule pour cela – « État plus démocratie ». »


Cet interview est l’exemple même et typique de la vacuité programmatique de la dite « Révolution au Rojava » et tout particulièrement des forces, structures et organisations sociale-démocrates qui encadrent les luttes de notre classe dans la région et leur donnent une direction réformiste.

Au vu de la citation ci-dessus, il est clair que la rupture avec le parlementarisme est à tout le moins secondaire, voire même quasi inexistante puisqu’elle se limite à souligner le manque de fonctionnement de « la politique classique » sans la remettre en question dans ses principes mêmes, dans ses fondements. Non, pour « notre » Commandant, il s’agit seulement de mettre les « partis qui travaillent simplement dans les parlements » au service de la « révolution ».

Finalement, cela ne dépasse pas la vieille polémique qui éclata au sein de la social-démocratie allemande et internationale au début du 20ème siècle lorsque Rosa Luxembourg déclarait que la réforme n’était pas incompatible avec la révolution.

Mais du point de vue des communistes (ainsi que des révolutionnaires qui se proclament « anarchistes » ou « socialistes »), les deux projets sont antagoniques, ils s’annihilent mutuellement, c’est-à-dire que la réforme vise à vider la révolution (ou du moins les tentatives révolutionnaires, le processus révolutionnaire) de sa substance subversive pour mieux la faire rentrer dans le rang de la paix sociale. De son côté, la révolution n’a rien à faire avec et n’a que faire des forces de la réforme ; que du contraire, elle doit les affronter directement, les empêcher de nuire à notre mouvement de subversion totale, et les détruire à tout jamais. Il en va ainsi du triomphe historique et mondial de la révolution sociale…

Enfin, l’idée ici exprimée d’aller « au-delà de l’État » (vulgairement résumé sous la formule « État plus démocratie ») manifeste indubitablement une incompréhension totale, à tout le moins, de la nature intrinsèquement capitaliste de l’État et de sa démocratie : aujourd’hui, l’État ne peut être que l’État des capitalistes et les capitalistes s’organisent inévitablement en État pour asseoir leur dictature sociale. De plus, la démocratie signifie étymologiquement le pouvoir du peuple, et ce concept de peuple n’est jamais rien d’autre que la négation idéologique et en actes de l’antagonisme de classe, de la lutte historique entre les dépositaires de la propriété privée et donc du capital d’un côté de la barricade sociale, et la classe des dépossédés de l’autre côté. La démocratie n’est historiquement jamais rien d’autre que la dictature du capital et de la classe possédante, quel que soit l’aspect formel sous lequel elle se décline : « parlementarisme », « régime autoritaire », « junte militaire », « paradis socialiste », « confédéralisme démocratique », « municipalisme », etc.
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Re: Kurdistan

Messagede bipbip » 21 Fév 2017, 09:04

Ronahi TV • Journal du 19 février 2017

Voici les “chroniques de la révolution kurde”, journal présenté par Ronahi TV chaque dimanche. Un retour sur la semaine du 12 au 18 février 2017. Il s’agit de l’émission régulière en langue française, que vous trouverez ici, chaque semaine, en partenariat avec Kedistan.

Les gros titres :
• RAQQA : Poursuite des opérations militaires – Analyses
• INVASION TURQUE DE LA SYRIE : Bombardements meurtriers à BAB – Quelles perspectives
• SUR LE PLAN DIPLOMATIQUE : ILHAM EHMED (MSD) de retour de Washington
• 15 FÉVRIER : Jour noir – Commémorations
• HEWLER : Le KDP à contre courant
• TURQUIE : Climat de guerre civile – Silence on torture !



... http://www.kedistan.net/2017/02/19/rona ... rier-2017/
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Re: Kurdistan

Messagede bipbip » 25 Fév 2017, 18:56

Économie coopérative : La voie du Rojava

Encerclé par des forces hostiles, sous-équipé en infrastructures, le Kurdistan syrien doit pourtant relever un défi de taille : produire pour nourrir sa population. Loin des utopies étatistes et de la collectivisation forcée des staliniens de jadis, l’Auto-administration du Rojava encourage la libre association des productrices et producteurs.

L’administration autogérée leur a attribué la terre. Ils produisent sans engrais chimiques et vendent des légumes, du maïs et du lait aux sociétaires de la coopérative à un prix plus bas que celui du marché. Chaque part sociale vaut cent dollars. Celui qui n’a pas cette somme peut offrir sa force de travail ou s’unir à d’autres. Quand il y a besoin, les sociétaires s’entraident en passant une journée ensemble dans les champs. « Nous planterons aussi un bois et quand le projet sera terminé nous nous lancerons dans l’agrotourisme. Nous sommes en train de réaliser notre rêve », raconte Azad, visiblement ému.

Il fait partie d’une coopérative agricole avec 5.000 autres sociétaires dans le canton de la Cizîrê au Rojava. Il y a trois ans, dans ces contrées, les coopératives n’existaient pas. Puis, une révolution a commencé au nord de la Syrie, à seulement 400 km ­d’Alep ; improbable. Et pourtant elle existe, elle grandit et alimente depuis l’espoir dans le monde entier en portant loin son horizon grâce au fait qu’elle a fait de la coexistence la clé pour rendre la communauté plus forte. La voie inexplorée du Rojava est parcourue par beaucoup de personnes diverses et disposées à apprendre et à corriger le tir chaque jour.

« Quand la révolution a commencé en 2011, nous savions que le conflit allait se transformer en une guerre entre chiites et sunnites. Nous autres avons choisi une troisième voie, celle du vivre-ensemble, raconte Haval Jalil, coprésident de Tev-Dem [1]. Notre voie est celle d’une révolution culturelle qui passe avant tout par le renforcement de la communauté. » Nous sommes à Qamislo, 200.000 habitants, capitale du canton de la Cizîrê, non loin de la Turquie.

La région du Rojava s’est déclarée autonome en 2012 et, depuis, elle expérimente une forme d’autogouvernement inspiré des principes du confédéralisme démocratique, la théorie politico-sociale qui représente l’aboutissement de trente années de luttes du mouvement de libération kurde. Le confédéralisme démocratique préconise le dépassement du modèle de ­l’État-nation par des communautés organisées sur un modèle de démocratie directe, et poursuit le projet d’une société fondée sur la coexistence des cultures et des religions diverses, l’écologie, le féminisme, l’économie sociale et l’autodéfense populaire.

Une révolution est en cours

Une expérience unique au monde, au cœur d’un Proche-Orient meurtri par la guerre, la répression brutale et les fondamentalismes. Une expérience qui peut paraître incroyable si on ne la voit pas de ses propres yeux, surtout dans le contexte de l’atroce conflit syrien.

Je n’y suis pas resté longtemps mais je peux témoigner qu’une véritable révolution est en cours. Durant les trois dernières années, l’auto-administration portée par le Tev-Dem, l’organisation qui sert de lien entre les partis kurdes syriens et les mouvements sociaux, a été impliquée dans la réorganisation des institutions et l’élaboration de nouvelles lois.

L’unité organisationnelle et décisionnelle de base de la communauté est le komin (commune). Les komin sont organisés principalement sur une base territoriale, mais il y en a aussi sur des bases féminines et ethno-confessionnelles spécifiques. Dans chaque quartier, Il y a sept ou huit komin qui élisent des représentants dans les conseils de quartiers, puis dans les conseils de ville. Dans les komin on élabore les propositions, les demandes, et on répond collectivement aux besoins de la communauté. Dans les conseils de villes, les propositions de lois de l’Auto-administration démocratique (DSA) circulent pour être améliorées. Chacun des trois cantons du Rojava – Cizîrê, Kobanê et Efrîn – a aujourd’hui une administration séparée.

Il y a juste un an, une bonne partie de ces territoires était contrôlée par Daech. Les milices YPG (mixtes) et YPJ (féminines) ont récupéré une grande partie du territoire au travers de batailles très dures. Aujourd’hui, seul le canton d’Efrîn est encore séparé du reste du Rojava par une étroite zone occupée par l’armée turque, à laquelle Daech a cédé du terrain sans opposer de résistance. Malgré cette discontinuité territoriale, l’élection du premier « gouvernement confédéral du Rojava-Syrie du nord-est » est prévue pour l’an prochain, à travers le système de démocratie directe construit ces trois dernières années.

Mais le cœur battant de la révolution kurde, c’est la stratégie de transition du modèle économique capitaliste vers un nouveau paradigme : l’économie sociale. « Nous voulons une économie constituée à 80 % de coopératives. Nous ne croyons pas à un modèle socialiste qui interdirait l’initiative privée. ­Notre idée est que chaque personne ait un rôle économique actif dans la société et que le changement arrive graduellement à travers la participation des gens », explique Haval Rachid, coprésident du département Économie. Au Kurdistan, chaque charge publique est toujours attribuée à deux représentants, un homme et une femme, qui ont la fonction de coprésidents.

Il y a trois ans de cela, les coopératives n’existaient pas dans cette partie de la Syrie à l’exception de quelques unes, isolées et mal vues car liées au régime d’Assad. Aujourd’hui, dans le canton de Cizîrê, elles sont plus de 100 et elles se multiplient à une vitesse impressionnante. Kasrik est une coopérative agricole fondée il y a quatre mois à 120 kilomètres de Qamislo dans la direction d’Alep. Aujourd’hui, elle compte plus de 5.000 sociétaires et consommateurs ou consommatrices habitant près des villes de Girê Xurma [2] et de Dirbesye. « La DSA nous a attribué 5.000 hectares de terre. Notre projet est de long terme. Dans huit ans, nous prévoyons d’arriver à produire et à transformer la majeure partie des produits agricoles et d’élevage. Déjà, nous vendons des légumes, du maïs et du lait d’un troupeau de 1.250 chèvres. Environ 8% de ce qui est produit va aux travailleurs, le reste est réinvesti dans notre projet jusqu’à ce qu’il soit abouti », nous explique Azad, un des habitants et habitantes qui se sont uni.es pour donner vie à cet ambitieux projet.

Autosuffisance alimentaire

« Nous produisons sans intrants chimiques et vendons les produits à nos sociétaires à un prix plus bas que celui du marché. Chaque part sociale vaut 100 dollars. Celui qui n’a pas l’argent peut devenir sociétaire en offrant sa force de travail en échange, ou en se joignant à d’autres personnes. Quand nous en avons besoin, les sociétaires viennent nous aider par groupes sur une journée dans les champs. Nous comptons planter aussi un bois et, quand le projet sera fini, nous nous lancerons dans l’agrotourisme. Nous sommes en train de réaliser notre rêve », poursuit Azad, visiblement ému.

Les coopératives agricoles sont les seules qui ont un soutien direct de la DSA. À cause de l’embargo et des très faibles ressources économiques, les contributions sont minimes mais symboliquement nécessaires pour marquer l’importance de l’autosuffisance alimentaire. Beaucoup de coopératives sont encouragées par le mouvement des femmes Kongra Star, qui en a déjà formé une cinquantaine. Il s’agit pour la plupart de coopératives à petite échelle : agriculture, élevage, artisanat, restauration, transformation alimentaire.

Lorin est une coopérative qui prépare des conserves en utilisant des produits de saison. « Nous avons commencé il y a six mois. Nous préparons des conserves pour les vendre dans la communauté et au marché. Au début, nos maris n’approuvaient pas mais après ils ont compris. ­L’unique capital que nous avons est celui qui est entre nos mains et nous voulons l’utiliser pour participer », explique Sozda, une des nouvelles travailleuses sociétaires. « Nous avons aussi pour projet de créer une coopérative agricole pour cultiver directement les légumes que nous transformons. »

Havgartin, 26.000 sociétaires

Les coopératives naissent de différentes façons : à l’initiative des mouvements sociaux, des gens, des komin (à qui il est demandé d’en former au moins une), ou par transmission. Dans ce domaine, le rôle le plus actif est joué par Havgartin, la plus grande coopérative de la région qui compte 26.000 sociétaires.

« L’idée est née il y a un an dans le village de Zargan, pendant la crise du sucre. Nous étions sous embargo et les commerçants capitalistes spéculaient sur les prix des produits de base. C’est alors qu’est née l’idée de former une coopérative pour acheter du sucre et le revendre à un prix inférieur à celui du marché. Du sucre, nous sommes passés à beaucoup d’autres produits de première nécessité en proposant à tous les komin d’adhérer, dans chaque ville du canton. Au début, la coopérative agissait seulement comme grossiste, maintenant nous distribuons aussi les produits des autres coopératives et nous investissons 5% des profits dans la création de nouvelles coopératives. Huit coopératives supplémentaires sont nées dans le sillage de Havgartin », explique Zafer, membre du conseil d’administration. « Notre objectif final est de soustraire le marché au contrôle des commerçants et des grossistes qui ne socialisent pas les profits pour la communauté. Pour y parvenir, nous voulons aussi créer une banque pour promouvoir la constitution de nouvelles coopératives. »

Deux choses retiennent fortement notre attention dans ce processus absolument unique : la vitesse avec laquelle la société est en train de se réorganiser à partir d’un modèle jusqu’ici inexploré, et la capacité des gens à apprendre, à échanger et à corriger le tir si besoin. « Nous sommes en train d’expérimenter un nouveau chemin, nous cherchons à apprendre des erreurs que nous faisons chaque jour. Nous n’avons pas les réponses à toutes les demandes. Nous voudrions par exemple connaître davantage les expériences de coopératives dans d’autres pays et les bonnes idées qui peuvent être utiles à notre processus », conclut Zafer tout en nous servant un autre thé, pendant qu’à la télévision défilent, sans interruption, les images de la guerre, avec son atroce brutalité et ses inextricables contradictions.

X. Haval (Dinamopress.it, décembre 2016), traduit par Rémi (AL Lorient)


[1] Le Mouvement de la société démocratique (Tev-Dem, pour Tevgera Civaka Demokratîk), impulsé en 2011, orchestre les nombreux comités et conseils locaux qui structurent l’autogouvernement du Rojava.

[2] Tell Tamer, en arabe.

http://www.alternativelibertaire.org/?E ... La-voie-du
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Re: Kurdistan

Messagede bipbip » 03 Mar 2017, 23:12

Jinwar, village de femmes au Rojava

Allez, je vous emmène au Rojava, dans le canton de Cizîrê, près de la ville Amûdê, pour vous présenter un projet (Jinwar), qui peut vous paraître comme une utopie mais qui, là, devient une initiative concrète.

Eh oui, il se passe des choses au Rojava ! Et bien que la guerre qui le menace et qu’il mène contre le féodalisme djihadiste et la volonté éradicatrice du régime turc occupe toute la place et guide souvent l’information, cela reste une terre d’émancipation, où chacunE expérimente des utopies créatrices de futur.

Nous sommes à Jinwar, le village de femmes. Il s’agit d’une initiative où la femme est à la fois sujet et verbe.

Dans l’interview de Bekir Avcı, publiée en décembre sur Gazete Karınca, dont vous trouverez des extraits ci-dessous, Heval Rumet apporte des précisions sur Jinwar. Rumet est membre de l’Académie de Jinéologie.

Jinéologie ?

Pour celles et ceux pour qui ne connaissent pas le terme voici une petite explication : On y trouve tout de suite avec jin, femme en kurde, un rapprochement, entre gyné, femme en grec et jiyan, vie en kurde. Et logos en grec veut dire parole, raison.

La jinéologie est un concept lancé par les femmes kurdes, pour toutes les femmes… Elles proposent une nouvelle vision de la vie en société, par la mobilisation de tous les instants, mais aussi par la réflexion théorique. Elles pensent qu’une science au féminin est donc indispensable pour la libération des femmes. Elles, qui revendiquent d’être à l’origine des civilisations démocratiques, sont entrées en résistance face aux forces qu’elles jugent incapables d’améliorer la condition des femmes et de répondre aux problèmes rencontrés par les femmes au quotidien. Elles visent à la fois le patriarcat et la société capitaliste qui s’en accommode si bien et l’a a bien des égards renforcé.

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Re: Kurdistan

Messagede bipbip » 09 Mar 2017, 16:20

Interrogations autour du Kurdistan dans “Chroniques rebelles”

Nous vous avions présenté récemment le livre de Pierre Bance “Un autre futur pour le Kurdistan ?” . L’auteur et Frank Mintz des éditions Noir et Rouge étaient les invités de l’émission Chroniques Rebelles, le 18 février 2017 sur Radio Libertaire.

Voilà une émission sans jargon ni langue de bois. Une suite de questionnements politiques à propos du Kurdistan, et principalement sur le processus en cours au Rojava. Prenez le temps d’écoute, vous ne le regretterez pas. Le choix musical qui accompagne les échanges vous ravira tout autant.

Vous n’y trouverez pas de discours idéologique rassurant, mais plutôt des interrogations et des essais de réponse sur ce que le mouvement kurde tente concrètement et pratiquement de proposer en matière d’institutions humaines, pour la coexistence de différents peuples sur un même territoire. Bien au delà, ces propositions sont une remise en cause radicale du patriarcat, et une prise de conscience en matière d’écologie sociale, tout autant que du dogme sacro-saint d’Etat-nation. Rien de bien nouveau finalement, puisque de la Commune de Paris en passant par la révolution espagnole, et des processus en Amérique Latine, ces mêmes questions se sont posées par le passé. Seulement là, 4 millions d’humains, au Nord de la Syrie, tentent une nouvelle fois sous nos yeux d’imposer des réponses, malgré la guerre et un environnement international contraire.

Ne pas s’y pencher et continuer à ressasser de sempiternels débats “théoriques” et historiques, alors qu’un processus politique nous invite à ouvrir les yeux et sortir de nos certitudes, serait vouloir rester dans le noir de la démoralisation, alors que “le vent qui se lève”, incite à s’aérer l’esprit.

En tous cas, à Kedistan, on a aimé et apprécié… Et si vous n’êtes pas encore convaincus et préférez la lecture, vous pouvez toujours trouver votre bonheur ICI.

... http://www.kedistan.net/2017/03/04/kurd ... -rebelles/
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Re: Kurdistan

Messagede bipbip » 17 Mar 2017, 19:29

Combattant volontaire au Rojava #09 : Sur le front, à 30 km de Raqqa

« Après une lutte acharnée non pas contre Daech mais contre Facebook pour récupérer mon compte, me revoilà. » Rendez-vous pour un Periscope interactif le vendredi 17 mars 2017 à 20h heure française.

Nous répercutons ci-dessous le journal de bord, publié sur Facebook, d’un militant révolutionnaire francophone au sein des YPG. Il partage ses analyses, ses critiques, et relate les temps forts de son parcours. Un indispensable témoignage humain et politique.

... http://www.alternativelibertaire.org/?C ... -Rojava-09
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Re: Kurdistan

Messagede bipbip » 18 Mar 2017, 17:45

Irak : la sale besogne des peshmergas contre la gauche kurde

Erdogan a le bras long, et tout est bon pour étrangler le Kurdistan. Après que son armée a envahi le nord de la Syrie, son allié Massoud Barzani met la pression sur le Sinjar, jusque là défendu par les milices de la gauche kurde.

Le 3 mars, 500 peshmergas, les soldats du Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) ont attaqué la ville de Khanasor, dans la région hautement symbolique du Sinjar, en Irak [1]. On a dénombré plusieurs morts et blessés. L’attaque a été repoussée, mais la vigilance reste de mise.

Rappelons que le Sinjar est le foyer des Yézidis, une minorité religieuse considérée comme « satanique » par les djihadistes de Daech. A l’été 2014, les peshmergas qui tenaient la région s’étaient enfuis devant l’avancée de Daech, abandonnant les populations yézidies au sort que leur promettait les djihadistes : l’extermination pour les hommes, l’esclavage pour les femmes. La population yézidie n’avait dû son salut qu’à la contre-offensive spectaculaire menée par les combattantes et les combattants du PKK et des YPG-YPJ, qui avaient stoppé Daech et sécurisé le mont Sinjar.

Par la suite, la gauche kurde a encouragé l’auto-organisation des Yézidis, qui se sont dotés de leurs propres unités d’autodéfense, armés et entraînés par le PKK : les YBŞ (hommes et femmes) et les YJŞ (femmes).

Ce sont les YBŞ qui ont repoussé l’attaque des peshmergas, et en ont capturé plusieurs

Enclaves rouges en Irak

Avec Maxmûr [2] ou les monts Qandil, le Sinjar constitue un des points d’appui de la gauche kurde en Irak, contrariant fort les pouvoirs en place à Bagdad, à Ankara et à Erbil, la capitale du GRK où règne Massoud Barzani, un potentat dans l’orbite d’Erdogan. En janvier, un rapprochement entre les présidents turc et irakien a ouvert la voie à cette tentative de reprise en main du Sinjar [3].

On voit aujourd’hui le résultat.

Triste spectacle que ces peshmergas, encensés l’an passé dans un film de BHL [4], qui tirent sur leurs rivaux de gauche, alors qu’à quelques dizaines de kilomètres de là, Daech poursuit ses exactions.

Menace turque sur Manbij

L’attaque du Sinjar éclate alors que l’armée turque et ses supplétifs islamistes de l’Armée syrienne libre (ASL) se sont emparés de la ville d’Al-Bab le 27 février, après plusieurs mois de combats contre Daech. A présent, les troupes d’Erdogan visent la ville de Manbij, tenue par les Forces démocratiques syriennes (FDS, coalition arabo-kurde). Pour déjouer cette menace, les FDS ont préféré reculer de plusieurs kilomètres, laissant les troupes de Bachar el Assad se glisser entre elles et les troupes turques. Russes et Américains ont avalisé ce tour de passe-passe pour limiter les affrontements.

Et le fait est là. Al-Bab, Manbij, Sinjar : en plusieurs endroits, l’État turc et ses alliés démontrent que Daech n’est, pour eux, qu’un adversaire secondaire. Leur objectif premier est d’éradiquer la gauche kurde et d’étrangler ce symbole démocratique et anticolonialiste que constitue le Rojava/Fédération Démocratique du Nord de la Syrie [5].

Guillaume (AL Montreuil), Étienne (AL 92), le 9 mars 2017


[1] « Clashes stop between Rojava Peshmerga, PKK affiliate fighters in Sinjar », sur Kurdistan24.net http://www.kurdistan24.net/en/news/ad77 ... -in-Sinjar.

[2] Lire « À Maxmur, l’autogestion est un sport de combat », Alternative libertaire, janvier 2017 http://www.alternativelibertaire.org/?K ... A-Maxmur-l.

[3] Allan Kaval, « Ankara et Bagdad renouent le dialogue sur le dos du PKK », Le Monde, 9 janvier 2017 http://abonnes.lemonde.fr/moyen-orient- ... jar&xtcr=4.

[4] Bernard-Henri Lévy, Peshmergas, 2016.

[5] La Fédération Démocratique du Nord de la Syrie http://www.rojavafrance.fr/news/une-fed ... es-peuples englobe l’ensemble des populations libérées par les FDS, qu’elles soient arabes, kurdes, arméniennes, syriaques, musulmanes, chrétiennes...

http://www.alternativelibertaire.org/?I ... esogne-des
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Re: Kurdistan

Messagede bipbip » 05 Avr 2017, 14:31

Politique de la terre brûlée au Kurdistan

Les villes et campagnes kurdes voient le pouvoir central dégager l’horizon, lui qui désire voir plus loin, plus grand. Dans sa quête de grandeur, il ne s’embarrasse pas de l’Histoire, bouleverse les modes de vie ancestraux et modifie les équilibres démographiques du Kurdistan. Tous les moyens sont bons pour arracher les Kurdes à leur passé, à une terre qu’ils aiment tant.

Dans les zones urbaines kurdes où l’insurrection a été écrasée par l’armée et ses supplétifs, l’occasion était trop belle de faire entrer toutes ces populations déconnectées de la réalité dans le béton armé de la modernité. Les dommages occasionnés par les combats en ont appelé d’autres, le pouvoir n’a pas pu s’arrêter en si bon chemin. A travers le Kurdistan, il a rangé ses tanks et sorti ses pelleteuses, du quartier de Sur (Diyarbakır) à Yüksekova en passant par les tristement célèbres Şırnak et Silopi.

Partout cette volonté philanthropique de rendre moins fastidieux le quotidien, plus droite les rues tortueuses, plus neufs les quartiers anciens. Mais avant de reconstruire il faut finir de détruire, tâche dans laquelle il faut bien l’avouer, le gouvernement d’Ankara fait preuve d’une certaine virtuosité. Il entretient le flou autour de ses réelles intentions et ses administrateurs sont le relais d’une énième politique d’assimilation où les Kurdes sont sans cesse mis sous pression.

A Sur, les murs et les barrières coupent une rue en deux sans crier gare et interdisent d’aller plus loin. Ils marquent le début d’un nouvel espace où, depuis un an, rien d’humain ne subsiste. Seul le bruit mécanique et répétitif des engins de démolition rappelle une quelconque présence de l’homme. Difficile de parler de couvre-feux dans des quartiers qui n’en sont plus, il s’agit plutôt d’un huis-clos. Le spectacle est désolant et il vaut mieux dissimuler au regard ce que l’homme sait faire de plus écœurant : détruire lui-même son propre patrimoine, sa propre Histoire.

Pour des dizaines de milliers d’habitants, cette Histoire qui courait depuis plus de trente siècles s’est achevé brusquement. Chassés de chez eux, ils ont été sommés d’arracher leurs racines et de partir avec sous le bras, quelque part, ailleurs, là où ils ont pu. Le gouvernement a détruit leurs toits jusqu’aux fondations, souvenirs et vies anéantis sous les coups de pioches et de pelleteuses. Bientôt, « de nouvelles maisons bien plus belles que les anciennes seront offertes à nos concitoyens » a claironné le Premier ministre, sans que cela n’apaise les douleurs. On ne sait pas qui en bénéficiera et surtout, il est des choses qui ne se remplace pas. Les rumeurs de gentrification, d’installation de populations non-locales et de bâtiments voués aux forces de sécurité se portent bien à Diyarbakır comme ailleurs.

... http://www.kedistan.net/2017/04/03/poli ... kurdistan/
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