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Re: Arabie saoudite

MessagePosté: 17 Mar 2018, 16:16
de bipbip
La longue marche des Saoudiennes vers l’égalité
En deux ans et sous l’impulsion du palais royal, la condition des femmes a connu une vraie révolution, à commencer par l’autorisation de conduire qui entrera en vigueur en juin. Mais les résistances restent fortes.
Participer à une course à pied en plein air, assister à un concert de jazz en direct, suivre un match de football depuis les tribunes, prendre un café en terrasse : pendant des décennies, ces activités anodines sous d’autres latitudes ont été interdites aux Saoudiennes. Au nom du wahhabisme, l’interprétation de l’islam ultrarigoriste qui a rang de religion d’Etat dans le royaume, ses habitantes étaient peu ou prou bannies de l’espace public. C’est chose révolue.
... http://www.lemonde.fr/international/art ... VOqQBhH.99

En Arabie saoudite, les militantes féministes sous une chape de plomb
Riyad veut éviter l’émergence d’un mouvement structuré de défense des droits des femmes.
Le 26 septembre 2017, quelques heures après l’annonce de la levée de l’interdiction faite aux Saoudiennes de conduire, une quinzaine de militantes féministes ont reçu un appel des autorités de Riyad leur intimant de ne pas s’exprimer dans les médias sous peine de « procédures ». Cette démarche paradoxale est particulièrement révélatrice de la manière dont le prince héritier Mohammed Ben Salman, l’homme fort du royaume, dit « MBS », conçoit le processus de réformes en Arabie saoudite : comme une transformation par le haut, autoritaire, cantonnant les Saoudiens dans une position de sujets, privés de tout rôle politique.
« Le pouvoir ne veut pas que nous disions que nous avons obtenu nos droits parce que nous nous sommes battues pour cela », affirmait alors une militante de la cause des femmes. « Les dirigeants ne veulent pas que le peuple réalise que les pressions publiques peuvent apporter des changements, soutenait une autre. Ils ont trop peur qu’une fois la porte ouverte, ils n’arrivent pas à la refermer. »
... http://www.lemonde.fr/proche-orient/art ... BIWZL4S.99

Re: Arabie saoudite

MessagePosté: 31 Mai 2018, 14:48
de bipbip
Arabie saoudite : Vague d’arrestations de militantes des droits de la femme

Onze militants des droits humains dont sept défenseurs des droits de la femme ont été arrêtés mardi en Arabie Saoudite, quelques semaines avant que le royaume n’autorise les femmes à conduire. La raison de ces arrestations n’est pas claire, mais des activistes ont expliqué qu’en septembre 2017, « la cour royale avait contacté d’importants militants... et les avait avertis qu’ils ne devaient pas s’exprimer dans les médias ». Parmi les personnes détenues depuis le 15 mai figurent notamment Loujain al-Hathloul, Aziza al-Yousef et Eman al-Nafjan, trois militantes connues pour avoir combattu l’interdiction de conduire, qui doit être levée le 24 juin, et surtout la tutelle exercée par les hommes sur les femmes dans le plus grand pays du Moyen-Orient.

Sans nommer les détenus, les autorités les ont accusés d’entretenir des "contacts suspects avec des parties étrangères" et de saper "la sécurité et la stabilité" du royaume. Des médias progouvernementaux saoudiens les ont qualifiés de "traîtres". Trois des militantes arrêtées ont été libérées, Aisha al-Mana qui, âgée de 70 ans, est en mauvaise santé, Hessa al-Sheikh et Madeha al-Ajroush sans que l’on sache les conditions de ces libétations.

https://secoursrouge.org/Arabie-saoudit ... e-la-femme

Re: Arabie saoudite

MessagePosté: 08 Aoû 2018, 20:13
de bipbip
Arabie saoudite. La communauté internationale doit intervenir en faveur des défenseurs des droits humains à la suite de l'expulsion de l'ambassadeur du Canada

La communauté internationale doit intervenir en faveur des défenseurs des droits humains incarcérés en Arabie saoudite, a déclaré Amnesty International le 6 août, à la suite de l'expulsion de l'ambassadeur du Canada, qui a appelé à la libération de ces défenseurs.

« La communauté internationale doit pousser les autorités saoudiennes à mettre fin à ces mesures draconiennes et à la répression ciblant les défenseurs des droits humains dans le pays, a déclaré Samah Hadid, directrice en charge des campagnes au bureau régional Moyen-Orient d'Amnesty International.

« Au lieu de réformer sa politique en matière de droits humains, le gouvernement saoudien a choisi de riposter avec des mesures punitives face aux critiques. Les États ayant une influence significative sur l'Arabie saoudite, tels que les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, gardent le silence depuis trop longtemps.

« Le monde ne peut pas continuer de détourner les yeux pendant que se poursuit en Arabie saoudite cette persécution incessante visant les défenseurs des droits humains. Il est grand temps que d'autres gouvernements rejoignent le Canada pour accentuer les pressions exercées sur l'Arabie saoudite afin qu'elle libère tous les prisonniers d'opinion immédiatement et sans condition, et afin que cesse la répression de la liberté d'expression dans le pays. »

... https://www.amnesty.org/fr/latest/news/ ... -expelled/

Re: Arabie saoudite

MessagePosté: 23 Aoû 2018, 17:50
de bipbip
La militante saoudienne Israa al-Ghomgham risque la décapitation

Pendant que le dissident Raif Badawi attend le fouet qui tombe chaque vendredi, Israa al-Ghomgham, elle, guette le sabre du coupe-tête le plus déchaîné de la péninsule arabique. Le procureur général a réclamé l’exécution de cette jeune activiste, jugée lundi 6 août par le tribunal criminel spécial au même titre que les terroristes. Son époux Moussa al-Hashem, de même que quatre autres Saoudiens, devrait subir le même sort. Si la sentence est confirmée lors de la prochaine comparution le 28 octobre, et ratifiée par le roi Salmane ben Abdelaziz al-Saoud, Israa al-Ghomgham deviendra à 29 ans, la première femme arrêtée et mise à mort par le régime conservateur pour avoir défendu les droits de l’homme.

Israa et son mari sont détenus dans les geôles du royaume sunnite depuis le 5 décembre 2015. Ils avaient été interpellés ce jour-là par les forces de l’ordre saoudiennes au cours d’un raid, précise le site Middle East Eye, et accusés d’avoir participé à l’organisation de plusieurs manifestations pour la libération de prisonniers politiques, dans la région chiite de Qatif, lors du Printemps arabe.

... https://www.anti-k.org/2018/08/23/la-mi ... apitation/

Re: Arabie saoudite

MessagePosté: 28 Aoû 2018, 20:52
de bipbip
Arabie saoudite : 48 personnes décapitées depuis le début de l'année 2018

L'Arabie saoudite a exécuté 48 personnes lors des quatre premiers mois de l'année, la moitié pour des affaires de drogue, a indiqué Human Rights Watch (HRW). Le royaume compte l'un des taux d'exécutions les plus élevés au monde.

C’est un macabre décompte. Selon l’ONG Human Rights Watch (HRW), 48 personnes ont été exécutées en Arabie saoudite depuis le début de l'année, dont la moitié pour des affaires de drogue sans violence.

"Beaucoup plus de gens condamnés pour des affaires de drogue demeurent dans les couloirs de la mort à la suite de condamnations par le système judiciaire pénal", écrit l'ONG basée à New York dans un rapport publié mercredi 25 avril. "C'est déjà terrible que l'Arabie saoudite exécute autant de gens, mais en plus nombre d'entre eux n'ont pas commis de crimes violents", déplore notamment Sarah Leah Whitson, responsable Moyen-Orient et Afrique Nord à HRW.

L'Arabie saoudite a procédé à une série de réformes l'année dernière, mais les organisations internationales de défense des droits de l'Homme lui demandent d'en faire plus et de modifier la façon dont sont traités les défenseurs des droits de l'Homme, d'arrêter les exécutions et d'annuler son système de mise sous tutelle des femmes. Des experts tirent régulièrement la sonnette d'alarme sur le manque d'équité des procès dans ce pays. Les autorités invoquent elles la dissuasion pour justifier la peine de mort.

Le recours aux décapitations

Le royaume compte l'un des taux d'exécutions les plus élevés au monde. Il est régi par une version rigoriste de la charia, la loi islamique, et applique la peine capitale dans des affaires de terrorisme, de meurtre, de viol, de vol à main armée et de trafic de drogue.

En 2017, près de 150 personnes ont été exécutées dans le royaume, qui a recours aux décapitations à l'aide d'un sabre pour les mises à mort.

... https://www.france24.com/fr/20180426-ar ... capitation

Re: Arabie saoudite

MessagePosté: 01 Sep 2018, 17:13
de bipbip
La dérive inquiétante du prince saoudien Mohammed Ben Salmane

Que reste-t-il des signes d’ouverture affichés par Mohammed Ben Salmane ? Dans ce royaume ultra-conservateur, les décapitations s’accélèrent et des militants des droits de l’homme sont jetés en prison.

Sale temps pour les Droits de l’homme - et de la femme - en Arabie Saoudite. Le royaume wahhabite n’a certes jamais eu la réputation d’être la terre bénie de la démocratie. Depuis des décennies on y pratique la décapitation en public des condamnés et la Muttawa, la police religieuse, a toujours fait respecter les mœurs austères du royaume à grands coups de bâtons.

Mais depuis le début de l’année le régime dirigé d’une main de fer par Mohammed Ben Salmane - désigné prince héritier en juin 2017 - a imprimé un tournant de plus en plus autoritaire sur sa population. Selon les ONG internationales, 48 décapitations auraient été exécutées de janvier à avril 2018 et 58 personnes se trouveraient a actuellement dans le couloir de la mort.
Peine de mort requise contre des militants des droits de l’Homme

Les condamnations visent de plus en plus souvent des militants et des militantes des droits de l’Homme comme Israa Al-Ghomgham, une dissidente chiite dont le procureur du royaume a récemment requis la peine de mort à son encontre. Son « crime » ?Avoir fait de la publicité sur des manifestations hostiles au régime dans la Province orientale.

Le jugement sera rendu fin octobre, mais l’inquiétude grandit. « Israa et quatre autres personnes font aujourd’hui face à la pire peine possible et ce, pour leur engagement dans des manifestations antigouvernementales », déplore Samah Hadid, directrice Moyen Orient d’Amnesty International.

Arrêtées dans la même vague, des féministes saoudiennes sont également détenues depuis plus de cent jours. « Je connais très bien l’une d’elle, Iman al Nafjan, que j’avais fait témoigner dans mon livre (1). C’est une jeune femme charmante, mère d’un enfant de deux ans, qui s’est simplement battue pour la cause des femmes, notamment pour qu’on ne leur interdise plus de conduire une voiture », raconte la journaliste Clarence Rodriguez, longtemps correspondante en Arabie Saoudite.

Ces derniers mois, le prince Ben Salmane a donc envoyé des signes pour le moins contradictoires. Après avoir prêché un islam éclairé et la modernisation du royaume (en accordant notamment le droit de conduire aux femmes et en ouvrant des salles de cinéma), après avoir aussi fait les yeux doux aux investisseurs du monde entier, le jeune prince a aussi montré un visage assez effrayant.

... http://www.leparisien.fr/international/ ... 869945.php

Re: Arabie saoudite

MessagePosté: 18 Oct 2018, 20:47
de bipbip
Turquie
Jamal Khashoggi: Un audio donne des détails sordides sur l'assassinat

Des médias avaient auparavant rapporté l'existence d'enregistrements audio et vidéo prouvant que le journaliste avait été "interrogé, torturé puis tué".

AFFAIRE KHASHOGGI - Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi a été torturé avant d'être "décapité" dans le consulat de son pays à Istanbul, a affirmé mercredi 17 octobre le quotidien turc Yeni Safak qui dit avoir eu accès à un enregistrement sonore des faits.

L'éditorialiste critique de Ryad s'est rendu au consulat le 2 octobre pour des démarches administratives en vue de son mariage. Il n'a pas été vu depuis.

Affirmant avoir eu accès à des enregistrements sonores de ce qui s'est déroulé ensuite, Yeni Safak explique que Jamal Khashoggi a été torturé au cours d'un interrogatoire par des agents saoudiens. Il a ensuite été "décapité", selon le quotidien progouvernemental, qui ne précise pas comment il a eu accès à ces enregistrements.

Des responsables turcs ont accusé Ryad d'avoir fait assassiner le journaliste par une équipe spécialement envoyée sur place, mais les autorités saoudiennes ont démenti.

... https://www.huffingtonpost.fr/2018/10/1 ... _23564016/

Re: Arabie saoudite

MessagePosté: 26 Oct 2018, 19:28
de bipbip
un assassinat trop visible

Arabie Saoudite : un assassinat trop visible chez un ami des USA et de la France

La mort d’un journaliste très connu dans le monde arabe et occidental, travaillant au Washington Post, ne pouvait pas passer inaperçue. La disparition de Khashoggi a fait la « Une » des médias dans le monde, y compris de la presse turque très informée des avancées de l’enquête policière. Une manière peut-être pour Erdogan de se payer le luxe d’apparaître comme un défenseur des libertés, lui qui n’hésite pas à jeter dans les prisons de Turquie les journalistes qui le dérangent…

Régime ultra-répressif

L’affaire prenant de l’ampleur, la monarchie saoudienne a dû, vendredi dernier, reconnaitre la mort du journaliste dans le consulat, prétextant une bagarre. Avec un commando de quinze personnes venues spécialement d’Arabie saoudite pour cette rixe ?

S’ils osent se comporter ainsi avec un journaliste devenu opposant, mais longtemps au service des princes saoudiens, issu d’une grande famille du pays, et connu en Occident, on imagine le traitement réservé aux autres victimes du régime. Un exemple parmi d’autres : Israa al-Ghomgham, une opposante au régime, ayant participé aux manifestations de 2011 contre les discriminations dont sont victimes les Chiites, passe en procès la semaine prochaine et risque une exécution publique, à l’instar de cinq autres détenus. L’Arabie saoudite est un pays dans lequel une simple accusation de vol, surtout lorsque le coupable est un de ces nombreux immigrés venus des pays pauvres de la région pour chercher du boulot, peut entraîner une décapitation. Une accusation d’« insulte » à l’islam peut quant à elle valoir une condamnation à 10 ans de prison et 1 000 coups de fouet.

Une monarchie saoudienne intouchable ?

Peu discrète, l’affaire a suscité une chaîne de réactions et de justifications de la part des dirigeants des grandes puissances, qui pouvaient difficilement, en tout cas en parole, faire comme si de rien n’était.

Macron a préféré d’abord attendre que « toute la lumière » soit faite – ou plutôt, d’attendre de voir si la nouvelle serait enterrée ; il a fini par condamner l’atteinte à la liberté d’expression, avant que les confirmations des Saoudiens ne contraignent Le Drian a déclaré sans plaisanter que « la France condamne ce meurtre ». Trump a aussi joué la girouette, en appelant d’abord à la prudence, puis en se sentant un peu obligé de qualifier l’événement de « très mauvais », avant de finalement affirmer que les « aveux » du royaume était « crédibles » et un « bon premier pas ». Pour ajouter dans la foulée : « Nous avons 450 milliards de dollars [de contrats avec l’Arabie saoudite], dont 110 milliards de commandes militaires. […] Ce n’est pas constructif pour nous d’annuler une commande comme celle-là ».

Complicités occidentales

L’arrestation, à la suite des révélations du régime, de 18 Saoudiens liés à l’affaire, et le limogeage de proches du prince héritier par son père, le roi d’Arabie saoudite, n’est qu’un petit coup de balai sur les marches du palais pour rejeter la faute sur des subalternes. De la démission forcée d’Hariri au Liban, sous la pression du régime de Riyad, à la sanglante guerre au Yémen, qui a déjà fait quelque 10 000 mortEs et plus d’un million de déplacéEs, et désormais cet assassinat en Turquie, la monarchie saoudienne se sent les mains libres. Encore plus avec le choix de Trump de s’appuyer sur elle pour son bras de fer avec l’Iran. Pour Trump, les enjeux sont, en effet, bien plus importants que les seuls juteux contrats d’armement. Il a besoin des Saoudiens pour relayer sa politique au Moyen-Orient et si nécessaire jouer le rôle de gendarme régional. Mais du côté des dirigeants européens, Macron en tête, les déclarations gênées sur un assassinat trop visible cachent mal leur réelle complicité avec la dictature saoudienne. Pétrole et marché d’armes obligent.

Mathilda Nallot


https://npa2009.org/actualite/internati ... a-et-de-la

Re: Arabie saoudite

MessagePosté: 27 Oct 2018, 18:08
de bipbip
Arabie saoudite : le royaume doit répondre de ses actes concernant la répression des voix dissidentes, le meurtre d’un journaliste et les arrestations systématiques de défenseur·e·s des droits des femmes

FIDH

En vertu de notre droit fondamental à exprimer nos opinions, libres de toute répression, nous, les organisations de la société civile soussignées, appelons la communauté internationale, en particulier les Nations unies, les institutions multilatérales et régionales ainsi que les gouvernements démocratiques attachés à la liberté d’expression, à demander immédiatement des comptes à l’Arabie saoudite concernant les graves violations des droits humains dont le pays s’est rendu responsable. Le meurtre du journaliste saoudien Jamal Ahmad Khashoggi au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul le 2 octobre n’est qu’un exemple parmi tant d’autres violations flagrantes et systématiques des droits humains commises par les autorités saoudiennes à l’intérieur et à l’extérieur du pays. À l’approche de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes le 2 novembre, nous relayons avec force les appels en faveur de l’ouverture d’une enquête indépendante concernant le meurtre de Khashoggi afin de traduire les responsables en justice.

Cette affaire n’est qu’une illustration des nombreuses violations de droits humains commises par l’Arabie saoudite. La liste compte également des arrestations généralisées de défenseur·e·s des droits humains, dont des journalistes, des universitaires et des défenseur·e·s des droits des femmes ; une répression interne ; la potentielle utilisation de la peine de mort sur les manifestants ; ainsi que les actes commis au Yémen par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et qui pourraient constituer des crimes internationaux, selon les conclusions du rapport du Groupe d’experts éminents de l’ONU. Ainsi, nos organisations encouragent vivement l’Assemblée générale des Nations unies à suspendre l’Arabie saoudite du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, conformément au paragraphe 8 de la résolution 60/251 de l’Assemblée générale.

L’Arabie saoudite n’a jamais été un modèle de tolérance et de respect des droits humains, mais l’arrivée du prince héritier Mohammed Ben Salman et la mise en place de son plan économique (Vision 2030) ainsi que l’autorisation donnée aux femmes de conduire, laissaient entrevoir un assouplissement des restrictions des droits des femmes, de la liberté d’expression et de la liberté de réunion. Cependant, quelques temps avant que l’interdiction de conduire ait été levée en juin, des défenseur·e·s des droits humains ont reçu des appels les incitant à garder le silence. Par la suite, les autorités saoudiennes ont arrêté plusieurs défenseur·e·s des droits des femmes qui avaient milité contre l’interdiction de conduire. Jusqu’à aujourd’hui, toute forme de contestation continue à être réprimée.

Jamal Ahmad Khashoggi avait décrié les arrestations des défenseur·e·s des droits humains ainsi que les projets de réforme du prince héritier, et avait choisi de s’exiler aux États-Unis. Le 2 octobre 2018, il s’était rendu au consulat saoudien d’Istanbul avec sa fiancée pour procéder à des démarches administratives, mais il n’en est jamais ressorti. Les représentants turcs ont affirmé avoir des preuves de son assassinat au sein du consulat, mais le royaume ne l’a reconnu que plus de deux semaines après.

Ce n’est que le 20 octobre, soit deux jours plus tard, que le procureur général d’Arabie saoudite a dévoilé les conclusions de l’enquête affirmant que Jamal Ahmad Khashoggi était bel et bien décédé. Selon cette version, le journaliste aurait été tué lors d’une « rixe à coups de poings » dans l’enceinte du consulat. Par la suite, 18 citoyens saoudiens ont été arrêtés et plusieurs hauts responsables ont été destitués par décret royal, dont Saoud Al-Qahtani, un conseiller proche de la cour, et Ahmed Al-Assiri, directeur adjoint de l’agence de renseignement. Le procureur général a poursuivi l’enquête, mais le corps du journaliste n’a pas été retrouvé.

Au vu des affirmations contradictoires des autorités saoudiennes, il est essentiel qu’une enquête internationale et indépendante soit menée.

Le 18 octobre, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Human Rights Watch, Amnesty International et Reporters sans frontières (RSF) ont exhorté la Turquie à demander au Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres de diligenter une enquête des Nations unies concernant les allégations d’exécution extrajudiciaire de Jamal Ahmad Khashoggi.

Quelques jours avant, le 15 octobre, David Kaye, Rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d’expression, ainsi que Agnès Callamard, Rapporteuse spéciale des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, ont demandé à ce que soit menée « une enquête indépendante afin de rendre des conclusions crédibles et fournir la base de mesures punitives claires, telles que la possible expulsion de personnel diplomatique, la suspension d’organes de l’ONU (comme le Conseil des droits de l’Homme), des interdictions de voyager, des sanctions économiques, des réparations et la possibilité d’ouvrir des procès dans des pays tiers. »

Rappelons que le 27 septembre, l’Arabie saoudite s’était ralliée au consensus du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies lors de l’adoption de sa nouvelle résolution sur la sécurité des journalistes (A/HRC/Res/39/6). Cette résolution appelle à « veiller à ce que les responsabilités soient établies en diligentant promptement une enquête impartiale, approfondie, indépendante et efficace chaque fois que sont rapportés des actes de violence, des menaces et des attaques visant des journalistes et d’autres professionnels des médias se trouvant dans une zone relevant de leur juridiction, à traduire en justice les auteurs de telles infractions, y compris ceux qui les ordonnent, les planifient, s’en font les complices ou les dissimulent » et elle « [d]emande instamment la libération immédiate et sans condition des journalistes et autres professionnels des médias qui ont été arrêtés ou placés en détention arbitrairement ».

Jamal Ahmad Khashoggi avait travaillé pour le Washington Post et El Watan et était directeur de la chaîne d’information Al Arab News Channel en 2015, qui a fermé peu après sa première diffusion. Il avait quitté l’Arabie saoudite en 2017 alors que les arrestations de journalistes, écrivain·e·s, défenseur·e·s des droits humains et activistes s’intensifiaient. Dans son dernier article publié dans le Washington Post, il critiquait la condamnation à cinq ans d’emprisonnement du journaliste Saleh Al-Shehi en février 2018. Ce dernier n’est pas le seul à avoir subi une telle condamnation : depuis septembre 2017, ce sont plus de 15 journalistes et blogueursqui ont été arrêtés dans le royaume, portant à 29 le nombre d’entre eux détenus selon RSF. Par ailleurs, une centaine de défenseur·e·sdes droits humains et potentiellement des milliers d’activistes purgent une peine de prison selon le GHCR (sigle anglais de Centre du Golfe pour les droits humains) et d’autres organisations saoudiennes dont ALQST. Au cours des dernières années, de nombreuses personnes détenues avaient ouvertement critiqué les projets de réforme du plan Vision 2030 en mettant en avant le fait qu’autoriser les femmes à conduire ne leur suffirait pas à atteindre l’égalité économique avec les hommes.

Récemment, l’éminent économiste Essam Al-Zamel a également fait les frais de cette vague de répression. Cet homme d’affaires était connu pour ses écrits concernant la nécessité d’une véritable réforme économique. Le 1er octobre 2018, la Cour criminelle spéciale tenait une session secrète au cours de laquelle le procureur général a accusé Essam Al-Zamel d’avoir enfreint la loi anti-cybercriminalité en « mobilisant ses abonnés sur les réseaux sociaux », où il donnait un avis critique concernant le plan Vision 2030 et où il était suivi par un million d’abonnés. Essam Al-Zamel avait été arrêté le 12 septembre 2017 en même temps que de nombreux autres défenseurs et partisans d’une réforme.

La vague de répression sans précédent de défenseures des droits humains a débuté en janvier 2018 avec l’arrestation de Noha Al-Balawi en raison de son activisme en ligne en faveur de campagnes pour les droits des femmes (telles que la campagne #Right2Drive) ou contre le système de tutelle masculine (#IAmMyOwnGuardian). Le 10 novembre 2017, la Cour criminelle spéciale avait condamné Naimah Al-Matrod à six ans d’emprisonnement pour son activisme en ligne.

Cette vague d’arrestations a continué après la session du Conseil des droits de l’Homme de mars et la publication des recommandations à l’égard de l’Arabie saoudite du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes des Nations unies. Le 15 mai de cette année, Loujain Al-Hathloul a été enlevée aux Émirats arabes unis et emmenée de force en Arabie Saoudite. Plus tard, deux autres défenseures étaient arrêtées : Eman Al-Nafjan, fondatrice et rédactrice du blog Saudiwoman qui s’était levée contre l’interdiction de conduire, et Aziza Al-Yousef, une défenseure des droits des femmes reconnue.
Le mois de mai 2018 avait également vu l’arrestation d’Aisha Al-Manae, Hessa Al-Sehikh et Madeha Al-Ajroush, qui avaient participé au tout premier mouvement de contestation exigeant la levée de l’interdiction de conduire en 1990, ainsi que Walaa Al-Shubbar, une jeune activiste réputée pour avoir milité contre le système de tutelle masculine. Ces femmes sont toutes des universitaires et des professionnelles qui luttent pour les droits des femmes et qui soutiennent les survivantes de violence à caractère sexiste. Bien qu’elles aient toutes été libérées, il semblerait que ces quatre défenseures fassent toujours l’objet de plusieurs accusations.

Le 6 juin 2018, la journaliste, éditrice, productrice et défenseure des droits humains Nouf Abdulaziz a été arrêtée après une perquisition à son domicile. Mayya Al-Zahrani a par la suite publié une lettre de Nouf Abdulaziz avant d’être elle-même arrêtée le 9 juin pour cet acte.

Quelques jours plus tard, le 27 juin 2018, c’était au tour d’Hatoon Al-Fassi d’être arrêtée. Cette universitaire reconnue et professeure associée d’histoire à l’Université du Roi-Saoud militait depuis longtemps pour que les femmes aient le droit de participer aux élections municipales et obtiennent le droit de conduire. Elle a été l’une des premières femmes à prendre le volant le jour de la levée de l’interdiction, le 24 juin 2018.
Les Procédures spéciales des Nations unies ont appelé à la libération des défenseur·e·s des droits des femmes à deux reprises au cours du mois de juin de cette année. Le 27 juin, neuf experts indépendants des Nations unies ont soutenu que : « En contraste frappant avec ce moment de libération pour les femmes saoudiennes, des défenseurs des droits des femmes ont été arrêtés et détenus dans tout le pays, ce qui est vraiment inquiétant et peut-être une meilleure indication de l’approche gouvernementale en matière de droits des femmes ». Ils ont également affirmé que les défenseures des droits humains « sont confrontées à la stigmatisation, non seulement en raison de leur travail en tant que défenseurs des droits humains, mais aussi en raison de la discrimination fondée sur le genre ».

Les arrestations de défenseures n’ont pas pris fin pour autant. Le 30 juillet 2018, Samar Badawi et Nassima Al-Sadah ont à leur tour été arrêtées et placées à l’isolement dans une prison contrôlée par la Presidency of State Security, un nouvel appareil de sécurité mis en place par le roi Salman le 20 juillet 2017. Le frère de Samar Badawi, Raif Badawi, purge actuellement une peine de dix ans de prison pour son militantisme en ligne, tandis que son ex-mari Waleed Abu Al-Khair purge une peine de 15 ans de prison. Abdullah Al-Hamid et Mohammad Fahad Al-Qahtani, membres fondateurs de l’Association saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA) ont reçu avec Abu Al-Khair le prix Right Livelihood en septembre 2018. À ce jour, ils restent néanmoins tous derrière les barreaux.

Les proches d’autres défenseur·e·s des droits humains ont également été arrêtés. Amal Al-Harbi, l’épouse de l’activiste renommé Fowzan Al-Harbi, a été arrêtée par les services de sécurité le 30 juillet 2018 alors qu’elle se trouvait à Jeddah, sur la côte, avec ses enfants. Son mari, membre lui aussi de l’ACPRA, se trouve également en prison. Il est inquiétant de constater qu’en octobre, des interdictions de voyager ont été imposées aux familles de plusieurs défenseur·e·s des droits des femmes, dont Aziza Al-Yousef, Loujain Al-Hathloul and Eman Al-Nafjan.

De manière toute aussi préoccupante, le procureur général a requis la peine de mort lors d’un procès à la Cour criminelle spéciale le 6 août 2018 à l’encontre d’Israa Al-Ghomgam. Cette dernière avait été arrêtée avec son mari Mousa Al-Hashim pour avoir participé à des manifestations pacifique à Al-Qatif. Elle a été accusée au titre de l’article 6 de la loi anti-cybercriminalité de 2007 en raison de son activité sur les réseaux sociaux, ainsi que d’autres infractions relatives aux manifestations. Si sa condamnation à mort est confirmée, elle sera la première femme à subir la peine de mort à cause de son activisme. La prochaine audience aura lieu le 28 octobre 2018.

La Cour criminelle spéciale a été mise en place en 2008 pour juger les actes de terrorisme. Elle a cependant principalement servi à poursuivre les défenseur·e·s des droits humains et les personnes critiques à l’égard du gouvernement, afin de garder le contrôle sur la société civile.

Le 12 octobre, les experts des Nations unies ont de nouveau appelé les autorités à libérer tous les défenseur·e·s des droits humains en Arabie saoudite. Ils ont exprimé leurs vives inquiétudes concernant le procès d’Israa Al-Ghomgam, en affirmant que « les mesures servant à combattre le terrorisme ne doivent en aucun cas être utilisées pour empêcher ou entraver les travaux des défenseurs des droits humains. » De toute évidence, les autorités saoudiennes n’ont pas pris en compte les recommandations des procédures spéciales, ce qui pose la question de la pertinence de la participation du royaume au Conseil des droits de l’Homme.

Un grand nombre de défenseur·e·s des droits humains arrêté·e·s cette année ont été détenu·e·s au secret sans accès à leurs familles ou leurs avocats. Certain·e·s ont été fiché·e·s comme traîtres et ont fait l’objet de campagnes de diffamation dans les médias officiels, augmentant ainsi la probabilité de se voir infliger une longue peine de prison. Plutôt que de garantir un environnement sûr et propice aux défenseur·e·s des droits humains au moment d’entreprendre des réformes économiques planifiées, les autorités saoudiennes ont préféré intensifier la répression contre toute voix dissidente.

Nos organisations appellent de nouveau la communauté internationale à faire en sorte que l’Arabie saoudite réponde de ses actes afin que les violations des droits humains ne restent pas impunies.
Nous exhortons la communauté internationale, et en particulier les Nations unies, à :
- prendre les mesures nécessaires pour qu’une enquête internationale, impartiale, rapide, approfondie, indépendante et efficace soit diligentée concernant le meurtre du journaliste Jamal Ahmad Khashoggi ;
- s’assurer que l’Arabie saoudite réponde de ses actes concernant le meurtre de Jamal Ahmad Khashoggi et pour ses violations systématiques des droits humains ;
- convoquer une session spéciale du Conseil des droits de l’Homme pour traiter de la question de la récente vague d’arrestations et d’attaques contre des journalistes, des défenseur·e·s des droits humains et des voix dissidentes en Arabie saoudite ;
- prendre des mesures à l’Assemblée générale des Nations unies pour suspendre l’Arabie saoudite du Conseil des droits de l’Homme ; et
- demander à l’Arabie saoudite d’appliquer les recommandations listées ci-dessous.

Nous exhortons les autorités d’Arabie saoudite à :
- restituer le corps de Jamal Ahmad Khashoggi et inviter des experts internationaux et indépendants à enquêter sur les conditions de son assassinat, coopérer avec les différents mécanismes des Nations unies, et faire en sorte que les responsables de sa mort et ceux qui l’ont ordonnée soient traduits en justice ;
- annuler toutes les condamnations et abandonner immédiatement toutes les charges pesant sur les défenseur·e·s des droits humains, en particulier les personnes luttant pour l’égalité des sexes ;
- libérer immédiatement et sans condition tous les défenseur·e·s des droits humains, écrivain·e·s, journalistes et prisonnier·e·s de conscience détenu·e·s en Arabie saoudite en raison de leur travail pacifique et légitime pour la promotion et la protection des droits humains, en particulier les droits des femmes ;
- instaurer un moratoire sur la peine de mort, en particulier lorsque celle-ci est utilisée comme peine pour des crimes liés à l’exercice du droit à la liberté de conscience, d’expression et de réunion pacifique ;
- garantir en toute circonstance que les défenseur·e·s des droits humains et les journalistes puissent réaliser leurs activités liées aux droits humains et à l’intérêt public sans crainte des représailles ;
- appliquer immédiatement les recommandations du Groupe d’experts éminents de l’ONU sur le Yémen ;
- ratifier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et modifier toutes les lois nationales limitant les droits à la liberté d’expression et de réunion et association pacifiques pour les rendre conformes aux normes internationales en matière de droits humains.


https://www.fidh.org/fr/regions/maghreb ... cernant-la

Re: Arabie saoudite

MessagePosté: 18 Nov 2018, 23:23
de Lila
Arabie Saoudite: L'exécution d'une domestique indonésienne provoque l'indignation

Une sanction "regrettable" pour l'Indonésie qui n'a pas été informée de l'exécution de sa ressortissante.

DRAME - L’Arabie saoudite, qui n’en finit pas de ternir son image et froisser ses relations avec la communauté internationale, nage à nouveau en eaux troubles. Quelques jours après l’assassinat du journaliste critique du pouvoir, Jamal Khashoggi, une domestique indonésienne a été exécutée par les autorités saoudiennes pour avoir tué son agresseur. Une sanction violente dénoncée par l’Indonésie, qui n’avait pas été informée au préalable de l’exécution de sa ressortissante et qui s’indigne de sa disparition.

à lire : https://www.huffpostmaghreb.com/entry/a ... 67a87be709

Re: Arabie saoudite

MessagePosté: 25 Nov 2018, 17:34
de bipbip
Tortures et harcèlement sexuel sur des militants saoudiens

Quelques semaines après l’assassinat de Jamal Kashoggi, le royaume de Riyad fait encore parler de lui. Plusieurs défenseurs des droits humains saoudiens, dont des femmes, ont été torturés et harcelés sexuellement lors d’interrogatoires dans la prison de Dhabban.

... https://www.amnesty.fr/peine-de-mort-et ... -saoudiens