Nyark nyark a écrit:- il est exact que, souvent, dans les fêtes, soirées, festivals en tous genres organisés par des anars-libertaires-etc, la bouffe proposée est souvent végé, voire vegan : on se dit que les carnivores peuvent faire un effort juste un ou deux soirs et tester ce genre de nourriture. Et j'en ai entendu plus d'un(e) me dire : "eh mais c'est super bon !" quand l'association "Les tabliers volants" se charge des repas lors de soirées aux Vignoles.
Anarkismo Une internationale libertaire en construction
Les rencontres de Saint-Imier (Suisse) ont été l’occasion pour les différentes organisations membres d’Anarkismo, réseau international communiste libertaire, de se rencontrer et de mettre en place des actions communes.
Le 7 août a eu lieu une rencontre des organisations européennes d’Anarkismo. Il s’agissait de donner suite à deux précédentes rencontres à Paris en 2010 et Londres en 2011 [1]. Alternative libertaire (France), Workers solidarity Movement (Irlande), Motmakt (Norvège), Libertare Socialisten (Danemark, représenté par Motmakt), Federazione dei comunisti anarchici (Italie), l’Organisation socialiste libertaire (Suisse) et Libertare Aktion Winterthur (Suisse) ont débattu des possibilités d’agir collectivement à l’échelle européenne. Il en est ressorti la volonté d’articuler davantage le travail thématique des différentes organisations à travers la formation de groupes de travail transnationaux.
De plus, il fut décidé de lancer une campagne sur la crise, avec notamment une tournée de réunions publiques où des camarades d’Irlande et de Grèce viendraient exposer la situation de leur pays.
Groupes de travail transnationaux
Le 10 août, les délégué-e-s des organisations précédemment citées et d’un grand nombre d’organisations d’autres continents se sont retrouvées pour réfléchir au futur du réseau : Anarkismo Unión socialista libertaria (Pérou), Organización socialista libertaria (Uruguay), Federacion comunista libertaria (Chili), Federação anarquista do Rio de Janeiro (Brésil), Organização socialista libertária (Brésil), Linea anarco comunista (Argentine), Zabalaza anarchist communist Federation (Afrique du Sud), Union communiste libertaire (Québec).
Intervenir à l’échelle mondiale
Cette rencontre mondiale était une opportunité historique pour les camarades des différents continents de se retrouver et amorcer la constitution d’une internationale communiste libertaire, là où aujourd’hui Anarkismo est avant tout un réseau s’exprimant via le site internet du même nom.
Cela a permis de concrétiser l’appartenance à un même courant politique international, et de faciliter la construction d’une structure politique apte à intervenir à l’échelle mondiale. Si les débats ont d’abord porté sur la consolidation de l’activité principale du réseau, à savoir son site internet, la discussion a ensuite abordé des préoccupations politiques plus concrètes, telles que les pratiques et modes d’action des différentes organisations, et des propositions pour organiser et consolider le travail en commun : constitution de groupes de travail monothématiques internationaux et de secrétariats régionaux, notamment en Europe et Amérique du Sud.
Pour populariser le réseau, la réalisation d’une brochure présentant Anarkismo a été décidée, et la nécessité d’étendre le réseau a été débattue : l’extension de notre influence dans les pays arabes a été jugée primordiale, et la rencontre avec des camarades tunisiens venus intervenir lors de ces rencontres a été à ce titre porteuse d’espoirs.
Commission Internationale d’Alternative libertaire
[1] Voir respectivement AL n°193 de février 2012 et AL n°205 de mars 2011
Grande-Bretagne, Anarchist Federation, Organise ! n°79
– Instantanés de Saint-Imier :
Pensées d’un jeune camarade + L’héritage de Saint-Imier
Pensées d’un jeune camarade
Quoique investi dans mon groupe local de l’AF depuis 4 ans, je suppose qu’à 22 ans je suis du côté jeune de la pyramide d’âge des présents. Pour moi, aller au rassemblement de Saint-Imier était une occasion rêvée de prendre contact avec des camarades venant de partout dans le monde, et de situer ce que nous faisons maintenant dans un contexte global et historique. Parfois il peut être difficile de prendre du recul par rapport à la vie quotidienne, de faire le lien entre vos propres problèmes et luttes et ceux des autres ; parfois il est difficile de ne pas être englouti par un travail de forçat ou l’angoisse et la frustration de rester assis au milieu du monde du travail. Pour moi, une des choses qui me maintient est la force et la solidarité de mes amis et camarades. Quand nous nous organisons ensemble à un niveau local, national ou international, on se sent plus puissant.
Le mot qui pour moi définit le mieux Saint-Imier est le mot possibilité. Possibilité de s’organiser de manières de plus en plus efficaces, de développer simultanément notre théorie et notre pratique, de nous servir de ce que nous savons déjà faire et de l’améliorer. Bien sûr, il y a eu des tas de problèmes pendant cet événement, certains sérieux et endémiques, mais j’espère que nous saurons en tirer des leçons.
Nous en avons fait, du chemin, en 140 ans, et ce qui me passionne le plus est de voir tout ce que nous allons encore parcourir.
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L’héritage de Saint-Imier
L’article ci-dessous, écrit par Brian Morris, est le texte d’une intervention auprès du groupe de Londres de l’Anarchist Federation le 19 mai 2012
Dans la préface de mon livre sur Bakounine (1993), j’ai cité le poète Ghanéen Ayi Kwei Armah, qui écrivait « le présent est là où nous nous perdons si nous oublions notre passé et n’avons pas de vision de notre futur ». Cette phrase me vient à l’esprit alors que nous allons célébrer la fondation emblématique du mouvement anarchiste à Saint-Imier en Suisse, en septembre 2012.
Se référer au passé ne suppose pas une sorte de culte des ancêtres, pas plus qu’envisager un meilleur futur pour l’humanité ne nous impose de nous perdre dans des rêves utopiques. Les anarchistes ne devraient certainement avoir aucune gêne à célébrer les réalisations d’une génération précédente de socialistes libertaires, non pas comme des curiosités historiques mais en tant que source d’inspiration et d’idées. Je veux simplement proposer ici quelques réflexions sur le type d’anarchisme, ou de socialisme révolutionnaire, qui a émergé des luttes politiques entre membres de la Première Internationale dans les années 1870.
L’anarchisme, en tant que philosophie politique, a peut-être la pire presse possible. Il a été ignoré, déformé, ridiculisé, vilipendé, mal compris et mal interprété par des auteurs de tous les bords de la scène politique : marxistes, démocrates, conservateurs et libéraux. Théodore Roosevelt, président des Etats-Unis, a présenté l’anarchisme dans une formule célèbre comme un « crime contre l’intégralité de la race humaine » et, dans le langage courant, l’anarchie est invariablement liée au désordre, à la violence et au nihilisme. Un obstacle supplémentaire à une compréhension claire de l’anarchisme est le fait que le terme « anarchiste » a été appliqué à une grande variété de philosophies et d’individus. Ainsi Ghandi, Spencer, Tolstoï, Berdyaev, Stirner, Ayn Rand, Nietzsche, à côté de figures plus familières comme Proudhon, Bakounine et Goldman, ont tous été qualifiés d’anarchistes. Cela a conduit des critiques marxistes, comme John Molyneux, a discréditer l’ « anarchisme » comme une philosophie politique complètement incohérente tant dans sa théorie que dans sa stratégie de changement social.
Mais ce n’est pas le cas, car il faut reconnaître que l’anarchisme est fondamentalement un mouvement historique et une tradition politique qui ont émergé vers 1870, principalement parmi les membres de la classe ouvrière réunis dans l’Association Internationale des Travailleurs, plus connue sous le nom de Première Internationale. Cela a produit une scission, ou « grand schisme » (selon l’expression de James Toll) à l’intérieur de l’Association. On la décrit généralement comme si elle s’était concentrée autour d’une querelle personnelle entre Karl Marx et Michel Bakounine. Mais, ainsi que Cole et d’autres l’ont souligné, ce schisme n’était pas seulement un clash de personnalités. Il impliquait deux factions à l’intérieur du mouvement socialiste, et des conceptions très différentes du socialisme, des processus du changement révolutionnaire et des conditions de la libération humaine. La faction anarchiste ne s’est pas décrite au départ sous le terme « anarchistes », mais plutôt comme des « fédéralistes » ou des « socialistes anti-autoritaires », mais ils ont fini par adopter le label de leurs opposants marxistes et se sont définis comme « communistes anarchistes ». L’anarchisme a ainsi émergé en tant que mouvement politique parmi les travailleurs d’Espagne, de France, d’Italie et de Suisse dans la foulée de la Commune de Paris. Parmi ses promoteurs les plus connus, il y avait Elisée Reclus, Francois Dumertheray, James Guillaume, Errico Malatesta, Carlo Cafiero, Jean Grave et Pierre Kropotkine. (Louise Michel était aussi également associée au mouvement, mais elle avait été déportée en Nouvelle Calédonie après la défaite de la Commune de Paris, ainsi que des milliers de communards. Elle passa six années en exil). Entre 1870 et 1930, l’anarchisme, ou socialisme révolutionnaire/libertaire, se répandit à travers le monde et donc ne fut plus du tout restreint à l’Europe. Vers la fin du 19ème siècle, il y avait bien entendu d’autres branches de l’anarchisme, mais le communisme anarchiste était certainement la tendance dominante. Il est important de noter que l’anarchisme de lutte de classe ne fut pas la création d’intellectuels, mais a émergé du militantisme de la classe ouvrière, et a exprimé une révolte contre les conditions de travail et de vie imposées par le capitalisme industriel. Les premiers écrits de Kropotkine était intitulés « Paroles d’un rebelle » (1885), d’après le périodique anarchiste suisse « Le révolté ». Kropotkine, qui joignit la Section Générale de la Première Internationale en Février 1872, décrivait l’anarchisme comme une sorte de synthèse entre le libéralisme radical, avec son accent sur la liberté de l’individu, et le socialisme ou le communisme, qui impliquait la répudiation du capitalisme et un accent sur la vie communale et l’association volontaire. Cette synthèse est bien illustrée par le fameux adage de Bakounine : « que la liberté dans socialisme n’est que privilège et injustice, et que le socialisme sans liberté n’est qu’esclavage et brutalité ».
La tendance des philosophes universitaires marxistes et des individualistes (ou égoïstes) stirnériens à fabriquer une dichotomie radicale entre l’anarchisme et le socialisme est donc, d’un point de vue conceptuel aussi bien qu’historique, très trompeuse et corrompt notre compréhension du socialisme.
L’anarchisme, ou du moins le type d’anarchisme de lutte de classes promu par les partisans de la révolution sociale à l’intérieur de la Première Internationale, peut être défini à partir de quatre principes essentiels.
Premièrement, un rejet du pouvoir d’Etat et de toute forme de hiérarchie et d’oppression ; une critique de toutes les formes de pouvoir et d’autorité qui inhibent la liberté de l’individu considéré, bien entendu, comme un être social, pas comme un ego désincarné ou une espèce d’individu abstrait et inaliénable, encore moins comme une essence bienveillante fixée. Comme l’écrivait une résolution du Congrès de Saint-Imier, la première tâche du prolétariat est la « destruction de tout pouvoir politique ».
Deuxièmement, la répudiation totale de l’économie capitaliste de marché, ainsi que de son système de salariat, propriété privée, son éthique de compétition, et l’idéologie de l’individualisme forcené. En fait les premiers anarchistes de lutte de classe étaient de fervents anti-capitalistes, qui qualifiait le système salarial d’« esclavage salarial ».
Troisièmement, la vision d’une société basée uniquement sur l’entr’aide et la coopération volontaire, une forme d’organisation sociale qui fournirait l’expression la plus complète de la liberté humaine et toutes les formes de vie sociale indépendantes de l’état et du capitalisme. Les anarchistes de lutte des classes croyaient ainsi en l’organisation volontaire, pas au chaos, à l’éphémère ou au laisser-faire, et il considéraient les sociétés basées sur la tribu ou la famille, mais aussi la vie sociale quotidienne dans des sociétés plus complexes comme montrant certains des principes de l’anarchie. Elisée Reclus et Kropotkine se sont tous les deux intéressés à la vie sociale des peuples tribaux, ou « sociétés sans gouvernement ».
Quatrièmement, les premiers anarchistes, comme les marxistes, se sont appropriés les aspects radicaux des Lumières : insistance sur l’importance de la raison critique et de la science empirique : rejet de tous les dogmes basés sur la tradition, le mysticisme et la révélation divine ; et une affirmation de valeurs humaines universelles comme la liberté, l’égalité et la solidarité. L’anarchisme était ainsi une forme de socialisme éthique.
Au fur et à mesure du développement du socialisme révolutionnaire, ou anarchisme, dans les 20 années suivant la Commune de Paris de 1871, il tendit à critiquer, et à se définir en relation à trois autres formes de radicalisme politique. Ceux-ci sont toujours présents et on leurs thuriféraires contemporains. Il s’agit du mutualisme, de l’individualisme radical, et du marxisme.
Bien que Kropotkine et les anarchistes de lutte de classe aient toujours reconnu que Proudhon avait exprimé des sentiments libertaires, et avait été un pionnier et une source d’inspiration dans le développement de l’anarchisme, ils ont toujours été critiques de la tradition radicale qui devaient être connue sous le nom de Mutualisme. Adoptée par beaucoup d’anarchistes individualistes américains tels que Warren, Spooner et Tucker, cette tradition prônait l’économie de marché, la propriété privée et la production de marchandise à petite échelle, toutes notions rejetées par les communistes anarchistes.
Ils étaient tout aussi critiques de l’espèce d’individualisme radical (égoïsme) exprimée par Max Stirner, considérant qu’il s’agissait d’une doctrine métaphysique coupée des réalités sociales et à la frontière du nihilisme. Kropotkine faisait remarquer qu’il n’y avait aucun sens à mettre l’accent sur la suprématie de l’« unique » dans une situation d’oppression et d’exploitation économique, et avait le sentiment que l’égoïsme strident de Stirner allait à l’encontre des sentiments d’entraide et d’égalité reconnus par la plupart des gens.
Enfin, bien sûr, depuis leur naissance, les anarchistes ont été hautement critiques envers le système politique prôné par Marx et Engels,et qui devait par la suite être connu sous le nom de social-démocratie, ou plus simplement marxisme. Dans leur célèbre « Manifeste communiste » (1846), Marx et Engels insistaient sur le fait que le parti communiste devait organiser la classe ouvrière afin d’accomplir « la conquête du pouvoir politique ».
Cela entraînerait l’établissement d’un « État ouvrier » ou « la dictature du prolétariat », sous laquelle toutes les formes de production (y compris l’agriculture), ainsi que les transports, la communication et la finance, seraient « possédés » et administrés par l’État National. Cela impliquerait, comme l’écrivaient Marx et Engels, « la centralisation du pouvoir la plus décisive entre les mains de l’autorité de l’État ». Bakounine et les anarchistes communistes ont bien sûr toujours clamé que la route parlementaire vers le socialisme conduisait au réformisme, et que la « prise du pouvoir étatique » par le parti communiste au nom de la classe ouvrière conduisait à la tyrannie et au capitalisme d’État. Et l’histoire semble leur avoir donné raison sur ces deux points.
Par contraste avec l’« action politique » -engagement dans le pouvoir étatique, dont les anarchistes ont toujours senti qu’il était en relation symbiotique avec le capitalisme-, les premiers anarchistes ont prôné l’« action directe ». Elle pouvait s’exprimer via l’insurrectionnisme, l’anarcho-syndicalisme, ou la politique sur une base communautaire. Ces derniers temps, l’anarchisme de luttes de classes, tel qu’il était prôné et pratiqué par les générations précédentes d’anarchistes communistes, a été déclarée « obsolète », ou « démodée », ou dénoncée comme du « gauchisme » par des anarchistes contemporains, notamment ceux bien au chaud dans leur université. On nous dit qu’à la fin du 20ème siècle, un « nouvel » anarchisme a fait surface, un anarchisme « post-gauche ». Celui-ci semble consister en un pastiche assez ésotérique de plusieurs tendances politiques, à savoir : anarcho-primitivisme, l’anarcho-capitalisme de Rothbard et Ayn Rand, le « terrorisme poétique » issu de Nietzsche et de l’avant-garde, adopté avec ferveur par Hakim Bey, l’individualisme radical (égoïsme) des dévots contemporains de Max Stirner, et le soi-disant « post-anarchisme » issu des écrits de mandarins universitaires tels que Derrida, Lyotard, Foucault et Deleuze. Il n’y a rien de neuf ni d’original dans ces divers courants de pensée, et l’idée que les anarchistes du temps passé aient été en faveur de la modernité, ou du modernisme, est très perverse. En effet, les « anciens » anarchistes, les socialistes libertaires, ont complètement répudié trois composants essentiels de la prétendue « modernité » : l’Etat démocratique, l’économie capitaliste de marché, et l’individu « abstrait » de la philosophie bourgeoise.
C’est pourquoi nous devons continuer de nous réclamer de l’héritage du communisme anarchiste, tel qu’il fut formulé pour la première fois il y a longtemps au congrès de Saint-Imier, et rendre cet héritage en phase avec les luttes sociales et politiques contemporaines.
Traduction par Fédération Anarchiste
[SOURCE : http://www.afed.org.uk/org/org79.pdf]
http://www.c-g-a.org/?q=content/140-ans ... t-imier-le140 ans après les premières rencontres de l'Internationale anti-autoritaire à Saint-Imier, le combat des femmes anarchistes ne s'étiole pas !
Du 08 au 12 août 2012 s'est tenue à Saint-Imier (Jura Bernois, CH) une rencontre internationale des libertaires1. Il s'agissait en fait d'une commémoration de la première internationale anti-autoritaire qui fut organisée en 1872 en réponse à l'internationale de Marx2. Beaucoup des débats et événements organisés cet été à Saint-Imier ont permis de poser des états des lieux ou d'affirmer des positions. Pour autant, des espaces traitant de la lutte en France et dans le monde ont aussi existé, nous y avons échangé sur notre volonté de nous organiser, de peser sur la société dans laquelle nous vivons et d'élaborer des stratégies en conséquence.
De toutes ces journées, le lieu d'élaboration régulier et privilégié a été les tables rondes anarcha-féministes. Voyant émerger toute une série de réalisations et de projets, elles ont été une des réussites politiques d'envergure de ces rencontres. Les deux premières sessions des tables rondes ont été mixtes, les trois dernières furent des assemblées non-mixtes. Le besoin des anarchaféministes de se réunir en non-mixité a été une demande dès le premier jour et ce sont ces assemblées non-mixtes qui ont permis l'émergence de constructions politiques internationales. Tout au long de ces journées, les femmes anarchistes ont réaffirmé que le patriarcat, système politique où les hommes dominent, devait être attaqué en priorité.
Les assemblées ont permis d'aborder un certain nombre de thématiques sans pour autant avoir la possibilité de les mener au bout. Parmi elles, ont été évoqués la domination et rapports sociaux de sexe, les violences sexistes en milieu militant ou comment soutenir les victimes de la violence et comment combattre ces violences, les espaces à créer pour l'échange d'expériences, la nécessité de la formation politique pour nourrir nos pratiques, la nécessité de créer partout des collectifs locaux, les femmes et la crise, le soutien aux luttes féministes et LGBT...
Malgré les difficultés matérielles (traductions, photocopies...), les tables rondes ont tenu bon et ont permis d'élaborer les projets suivants :
- L'organisation d'un « safer space » sur les campings de Saint-Imier, afin d'accueillir les personnes souhaitant se mettre à l'abri des agressions sexistes durant les rencontres ;
- La rédaction d'un texte ironique concernant la teneur prétendument « féministe et/ou proféministe » des rencontres internationales anarchistes de Saint-Imier, à vocation d'être lu à plusieurs voix lors de la séance de clôture des rencontres. L'objectif était de se servir de la forme humoristique pour dénoncer toutes les catégories de problèmes rencontrées lors de ces rencontres : distinction genrée des prises de parole (mise en place du signe G de la main – v. encadré) , situations de violence sur les campings, place du féminisme dans la programmation des rencontres...
- La constitution d'une liste mail, fermée dans un premier temps (jusqu'à fin 2012), puis ouverte sur cooptation, dans le but de construire un blog anarchaféministe international. La mise en place de cette liste a été annoncée pour octobre 2012 ;
- La perspective de rencontres anarchaféministes internationales dans deux ans. À cette fin, nous avons rédigé un appel à vocation international (v. encadré) ;
- et enfin perspective d'élaboration d'une charte, non aboutie lors des rencontres.
La liste mail est aujourd'hui en ligne. Elle représente notre premier outil collectif et nous l'espérons le premier de beaucoup d'autres. Même si les femmes ne sont pas les seules exploitées dans une société inégalitaire et patriarcale, elles le sont en premier lieu, et les organisations anarchistes n'échappent pas à la société dans laquelle elles évoluent. C’est pourquoi, lors des rencontres internationales anarchaféministes du 2 mai 1992, il est apparu urgent « de revenir à une analyse de la domination et du rapport sexué »3. Cette analyse semble tout aussi urgente en 2012. « Il s'agit pour les femmes anarchistes de se réapproprier un espace et une expression anarchistes dont elles ont trop longtemps été privées. Ce n'est que justice. Nous, anarchaféministes, devons nous en donner les moyens. Écrire, prendre la parole, occuper l'espace partout et par tous les moyens à notre portée. Exister. Revendiquer notre droit à l'autonomie. Nous libérer sans attendre que l'on nous y autorise. Nous auto-organiser et ne pas lâcher prise »4.
Texte d'appel international
« Pendant les rencontres internationales de St Imier, plusieurs assemblées anarchaféministes se sont tenues. Elles ont affirmé plusieurs nécessités :
- La création de solidarités directes entre celles qui sont socialisées et ou qui s'identifient comme femmes ;
- La nécessité de créer des espaces non-mixtes pour s'organiser ;
- L'importance de notre autoformation et de notre autodéfense.
Afin de nous libérer de la domination patriarcale et de toutes les autres formes de domination, nous, assemblée anarchaféministe, appelons à l’organisation d'un réseau international et d'une rencontre d'anarchaféministes de tous les pays.
L'assemblée anarchaféministe réunie à Saint-Imier le 12 août 2012 »
Le signe G
La lettre G représente le mot « genre » (ou « gender » en anglais) : une notion qui permet d'analyser la distinction entre les sexes comme étant une construction sociale hiérarchique, et ainsi de remettre en question cette construction des différences attribuées aux hommes et aux femmes. Ce signe de la main, brandi silencieusement lors des débats ou tables rondes, a permis de rendre visibles des situations sexistes dans les prises de parole ou dans la gestion des prises de parole.
Maud (Groupe de Lyon), Aurore et Marie (Groupe de Lille), Julie et Louise (Groupe de la région parisienne), Anne (Groupe de Montpellier)
1 http://www.anarchisme2012.ch/
2 http://www.panarchy.org/jura/saintimier.html
3 http://chroniques-rebelles.info/spip.php?article235
4 http://www.c-g-a.org/?q=content/pour-un ... afeministe
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