Mexique

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Messagede Pïérô » 06 Nov 2014, 12:29

Communiqué de Mario González à propos de sa libération

Aux peuples du monde
Aux médias libres
À tous et à toutes les dépossédé-es et privé-es de liberté

Hier dans la nuit j’ai été libéré grâce à la toujours respectable et appréciable solidarité qui a fait trembler le despotisme et qui a aidé à ce que peu à peu la liberté trouve sa place bien qu’il nous manque encore de la déguster dans une totale plénitude, mais cela dépend de la construction du bien-être dans notre présent et de la lutte conjointe du peuple pour cette liberté à laquelle nous aspirons tant.

L’engagement, l’implication, la solidarité, le goût de ne pas respirer des airs contaminés par la misère et par l’oppression, mais des airs pleins d’amour, de respect, d’harmonie et de bien-être sont la force qui en finira avec l’exploitation de l’humanité par l’humanité, la force qui nous libérera tous et toutes de tous les types de chaînes et de grilles qui freinent notre bonheur.

Liberté pour tous et à toutes les séquestré-es par l’État !
Liberté pour Carlos, Amelie, Fallon, Fernando, Abraham et pour tous et toutes les prisonnièr-es anarchistes du monde !
Liberté pour Alvaro Sebastian Ramirez et pour les prisonniers du NOTAV !
Liberté pour tous ceux et toutes celles qui vivent enchaîné-es à cette misère brutale. De nous tous dépend l’abolition de l’exploitation et la transformation vers l’anarchisme ici et maintenant.

Anarchie, santé et révolution sociale !

Mario

http://liberonsles.wordpress.com/2014/1 ... iberation/

vidéo de Mario pendant sa libération la nuit du 31 octobre 2014.

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Re: Mexique

Messagede bipbip » 07 Nov 2014, 02:53

Le crime d’Iguala et l’insurrection qui vient

Face aux crimes de masse perpétrés par les différentes institutions politiques liées aux puissances économiques locales et globales, mafieuses et légales, « aujourd’hui, nous dit l’auteur de ce texte, dans ce Mexique si martyrisé, nous n’avons pas d’autres choix que de rompre le silence et d’inventer notre propre insurrection. »

À la suite, nous reprenons un texte récent de Raúl Zibechi qui apporte d’autres données.

Claudio Albertani


En tout cas, je tiens pour inévitable que nous (un “nous” constitué de millions de “je”),
nous intimidions ceux qui ont le pouvoir et nous menacent.
Nous n’avons pas d’autre issue que de répondre à leurs menaces par d’autres menaces
et de neutraliser ces hommes politiques qui, d’une façon totalement inconsciente,
se résignent à la catastrophe ou contribuent même activement à la préparer.

Günther Anders[*]


Le 26 septembre dernier, 43 élèves de l’École normale rurale ‟Raúl Isidro Burgos” d’Ayotzinapa, État du Guerrero, ont disparu, six personnes ont été tuées – parmi lesquelles cinq normalistes, dont l’un a été horriblement écorché – et 25 autres ont été blessées dans la ville d’Iguala. Face à un crime d’une telle dimension, la première chose que nous éprouvons est l’indignation, les tremblements d’émotion et l’impuissance. Immédiatement, les questions se posent.

Qui sont les responsables ?
L’ancien maire de Iguala, José Luis Abarca et son épouse, María de los Ángeles Pineda, présumés auteurs intellectuels du crime, aujourd’hui en fuite ?
Les policiers municipaux d’Iguala qui ont arrêté les étudiants ?
Les policiers municipaux de Cocula qui les ont aidé ?
L’armée fédérale, présente sur les lieux, qui n’est pas intervenue ?
Le groupe criminel Guerreros Unidos, lié à Abarca, qui aurait fait disparaitre les étudiants après que les policiers les leur auraient livrés ?

On parle d’un réseau de complicités. Jusqu’où va-t-il ?
Jusqu’au gouverneur déchu du Guerrero, Àngel Aguirre, qui n’a pas emprisonné Abarca quand il aurait pu le faire ?
Jusqu’au procureur général de la République, Jesús Murillo Karam, qui n’a pas agi contre l’ancien maire, malgré les plaintes répétées contre lui ?
Jusqu’au Parti de la révolution démocratique [gauche] qui a couvert à la fois Aguirre et Abarca ?
Jusqu’au secrétaire d’État à l’Intérieur, Osorio Chong, qui mène sa propre guerre contre les étudiants des écoles normales rurales ?
Jusqu’aux responsables de l’Union européenne qui, pour ne pas perdre de juteuses affaires, appuient « les efforts du gouvernement fédéral » ?

Les écoles normales rurales font partie d’un vaste projet d’éducation populaire qui a émergé lors de la Révolution mexicaine. Leur existence même est un cri de révolte contre le modèle économique en vigueur, dans lequel les jeunes paysans informés et critiques n’ont pas leur place. La SEP [ministère fédéral de l’Éducation], les bureaucrates du Syndicat national des travailleurs de l’éducation, les médias, l’establishment académique, les policiers, les juges, les journalistes et tous les grands partis politiques sont complices de ce massacre parce que, d’une façon ou d’une autre, ils ont contribué à construire l’image des écoles normales comme des foyers de guérilla et les étudiants comme des figures de la racaille.

Le crime d’Iguala n’a pas surgi tout seul. Le 12 décembre 2011, la police d’Aguirre a tué sournoisement deux étudiants de la même école normale, Jorge Herrera Alexis et Gabriel Echeverría, au cours d’une violente opération d’expulsion sur l’autoroute du Soleil. « Il fallait nettoyer la route », avait déclaré ouvertement un chef de la police. Quelques jours plus tard, le 7 janvier 2012, un camion a renversé un groupe d’élèves d’une école normale qui recueillaient de l’argent auprès des automobilistes sur la route fédérale Acapulco-Zihuatanejo. Plusieurs ont été blessés et deux sont morts. Le 24 mai dernier, Aurora Tecoluapa, étudiante de l’école normale rurale ‟Général Emiliano Zapata” d’Amilcingo, État de Morelos, a été tuée par une voiture sur l’autoroute Mexico-Oaxaca, tandis que six de ses compagnes étaient blessées.

Ce que nous vivons, c’est une guerre que l’État mexicain mène contre les jeunes, particulièrement les jeunes insoumis d’origine prolétaire. Le 2 octobre 2013, l’étudiant Mario González García a été arrêté dans la ville de Mexico alors qu’il se rendait en bus à une manifestation [**]. Autrement dit, il a été arrêté, sans avoir commis aucun délit, par le simple fait d’être un activiste connu et d’avoir participé à la lutte pour la défense des Collèges des Sciences et Lettres (CCH).

Incroyablement, Mario a été reconnu coupable et est toujours en prison, malgré qu’il n’a commis aucun délit, comme Josef K, le protagoniste du roman Le Procès de Kafka. Le 19 octobre dernier, alors que dans le pays montait l’indignation provoquée par les évènements d’Iguala, un autre jeune, Ricardo de Jésus Esparza Villegas, étudiant du Centre universitaire de Lagos, État de Jalisco, a été tué par la police de l’État dans la ville de Guanajuato, où il se rendait pour assister au Festival Cervantino.

Il serait erroné de croire que ces crimes ont à voir avec un ‟retard” supposé du Mexique. Ce sont, au contraire, des événements tout à fait modernes, ‟banals” au sens que dénonçait Hannah Arendt quand, horrifiée, elle a parlé de la banalité du mal. Un crime comme celui d’Iguala peut se produire n’importe où : en Palestine, en Syrie, en Irak, sans doute, mais aussi en France, aux États-Unis, en Italie ... La dictature de l’économie bureaucratique doit s’accompagner d’une violence permanente. Nous sommes tous des êtres collectivement prorogés avec une date de péremption ; nous ne sommes plus mortels comme individus, mais en tant que groupe dont l’existence est seulement autorisée jusqu’à nouvel ordre.

Comment expliquer la réaction (jusqu’à présent) modeste du peuple mexicain devant ces événements aussi terribles ? Il y a plus d’un demi-siècle, Günther Anders – le philosophe et activiste antinucléaire – réfléchissait de manière lucide et impitoyable sur le problème de comment le monde actuel produit des êtres déshumanisés qui ne connaissent aucun remord, ni de honte face aux crimes horribles qu’ils ont eux-mêmes commis. Nous vivons dans une nouvelle ère de totalitarisme qui transforme les humains en pièces mécaniques incapables de réactions humaines. Bien que cela soit plus infernal qu’il n’y paraisse, nous n’existons plus que comme des pièces mécaniques ou des matériaux requis pour la machine.

Et pourtant, le dernier mot n’a pas été dit. « Sous quelque angle qu’on le prenne, le présent est sans issue. Ce n’est pas la moindre de ses vertus », ont écrit il y a quelques années les auteurs anonymes d’un célèbre pamphlet, L’insurrection qui vient. Et ils ajoutaient : « La sphère de la représentation politique se clôt. De gauche à droite, c’est le même néant qui prend des poses de cador ou des airs de vierge, les mêmes têtes de gondole qui échangent leurs discours d’après les dernières trouvailles du service communication. (…) Rien de ce qui se présente n’est, de loin, à la hauteur de la situation. Dans son silence même, la population semble infiniment plus adulte que tous les pantins qui se chamaillent pour la gouverner. » Ces mots qui se rapportent à la France et au désespoir des jeunes migrants dans les ghettos des métropoles européennes, s’appliquent parfaitement à ce que nous vivons ici et maintenant. Aujourd’hui, dans ce Mexique si martyrisé, nous n’avons pas d’autres choix que de rompre le silence et d’inventer notre propre insurrection.

Claudio Albertani

Le 29 octobre 2014, Ciudad de México

[ Traduction : J.F. (OClibertaire) ]


Notes :

[*] Sur Günter Anders et ce passage de Violence oui et non. Une discussion nécessaire, voir le texte d’Osvaldo Bayer ici : http://www.cairn.info/revue-tumultes-20 ... ge-239.htm

[**] Il vient d’être libéré après plus d’un an d’incarcération : http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1603



Mexique, la faillite planifiée d’un État

par Raúl Zibechi

L’État est devenu une institution criminelle où se mélangent les narcos [trafiquants de drogues] et les hommes politiques pour contrôler la société. Un État dont la faillite a été élaborée au cours des deux dernières décennies pour éviter le plus grand cauchemar des élites : une seconde révolution mexicaine.

« Vivants ils les ont enlevés, vivants nous les voulons », crie Marie Ester Contreras, tandis que vingt poings levés approuvent le mot d’ordre sur l’estrade de l’Université Ibéroaméricaine de Puebla, lors de la réception du prix Tata Vasco au nom du collectif Forces Unies Pour Nos Disparus au Mexique (Fundem), pour son travail contre les disparitions forcées. La scène est saisissante, alors que les familles, presque toutes mères ou sœurs, ne peuvent retenir leurs pleurs et leurs larmes chaque fois qu’elles parlent en public dans ce XI Forum des Droits humains

Rien à voir avec la généalogie des disparitions que nous connaissons dans le Cône Sud. Au Mexique, il ne s’agit pas de réprimer, de faire disparaître et de torturer des militants mais de quelque chose de beaucoup plus complexe et terrible. Une mère a raconté la disparition de son fils, un ingénieur en communication qui travaillait pour IBM, séquestré par les narcos pour le forcer à construire un réseau de communications à leur service. « Cela peut être le tour de n’importe qui », remarque-t-elle, estimant que toute la société est dans le collimateur et que, par conséquent, personne ne doit ignorer cette situation.

Fundem est née en 2009, à Coahuila, et a réussi à réunir plus de 120 familles qui recherchent 423 personnes disparues, qui travaillent à leur tour avec le Réseau Vérité et Justice, qui recherche 300 migrants de l’Amérique centrale disparus en territoire mexicain.

L’ancien président Felipe Calderon a nommé cela « des dommages collatéraux », en essayant de minimiser la tragédie des disparitions. « Ce sont des êtres qui n’auraient jamais dû disparaitre », réplique Contreras.

Pire que l’État Islamique

Un communiqué de Fundem, à l’occasion de la Troisième Marche de la Dignité célébrée en mai dernier, souligne que « selon le Ministère de l’Intérieur, jusqu’en février 2013, on dénombrait 26 121 personnes disparues », depuis que Calderon a déclaré la « guerre au trafic de stupéfiants » en 2006. En mai 2013, Christof Heyns, rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires a déclaré que le gouvernement a reconnu 102 696 homicides pendant le mandat de six ans de Calderon (une moyenne de 1 426 des victimes par mois). Mais en mars dernier, après 14 mois du gouvernement actuel de Peña Nieto, l’hebdomadaire Zeta comptabilisait 23 640 homicides (1 688 par mois).

La chaîne d’information Al Jazeera a diffusé une analyse où sont comparées les morts provoquées par l’État Islamique (EI) avec les massacres du narcotrafic mexicain. En Irak, en 2014, l’EI a mis fin à la vie de 9 000 civils, pendant que le nombre de victimes des cartels mexicains en 2013 a dépassé les 16 000 (Russia Today, 21 octobre 2014). Les cartels commettent des centaines de décapitations tous les ans. Ils ont démembré et mutilé les corps des victimes, pour ensuite les exposer afin d’effrayer la population. « Avec la même intention, les cartels attaquent aussi des enfants et des femmes, et, comme l’EI, ils publient les images de leurs crimes sur les réseaux sociaux ».

Nombre de médias ont été réduits au silence par des pots-de-vin ou des intimidations et depuis 2006 les cartels ont été responsables de l’assassinat de 57 journalistes. L’État Islamique a assassiné deux citoyens étatsuniens, dont les cas ont été largement couverts par les grands médias, mais peu savent que 293 citoyens des États-Unis ont été assassinés par les cartels mexicains entre 2007 et 2010.

La question n’est pas, ne doit pas être, qui sont les plus sanguinaires, mais pourquoi. Depuis que nous savons qu’Al Qaïda et l’État Islamique ont été créés par les services de renseignement étatsuniens, la question de savoir qui se trouve derrière le trafic de stupéfiants, mérite d’être posée.

Diverses études et travaux d’enquêtes journalistiques soulignent la fusion entre les autorités étatiques et des narcos au Mexique. La revue Proceso fait remarquer dans sa dernière édition que « depuis le premier trimestre de 2013, le gouvernement fédéral a été alerté par un groupe de parlementaires, des militants sociaux et des fonctionnaires fédéraux au sujet du degré de la pénétration du crime organisé dans les domaines de la sécurité de plusieurs municipalités du Guerrero », sans obtenir la moindre réponse (Proceso, 19 octobre 2014).

En analysant les liens existants derrière le massacre récent des étudiants d’Ayotzinapa (six morts et 43 disparus), le journaliste Luis Hernández Navarro conclut que ces faits ont « jeté la lumière sur le cloaque de la narcopolitque du Guerrero » (La Jornada, 21 octobre 2014). Y participe des membres de tous les partis, y compris du PRD, de centre-gauche, où militait le maire d’Iguala, José Luis Abarca, directement impliqué dans le massacre.

Raúl Vera fut évêque à San Cristobal de las Casas quand la hiérarchie a décidé d’écarter Samuel Ruiz de cette ville. Mais Vera a suivi le même chemin que son prédécesseur et il exerce maintenant à Saltillo, la ville de l’État de Coahuila d’où viennent plusieurs mères qui font partie de Fundem. Elles n’ont pas de local propre et se réunissent au Centre Diocésain pour les Droits humains. L’évêque et les mères travaillent cote à cote.

En 1996, Raúl Vera a dénoncé le massacre d’Acteal, dans lequel 45 indigènes tzotziles – parmi eux 16 enfants et adolescents et 20 femmes – ont été assassinés alors qu’ils priaient dans une église de la communauté, dans l’État du Chiapas. Malgré le fait que ce massacre ait été perpétré par des paramilitaires opposés à l’EZLN, le gouvernement a essayé de le présenter comme un conflit ethnique.

Contrôler la société

De par sa longue expérience, il soutient que le massacre d’Ayotzinapa, « est un petit message adressé au peuple, pour nous dire : voyez ce dont nous sommes capables », comme c’est arrivé à San Salvador Atenco en 2006, lorsque des militants du Frente de Pueblos en Defensa de la Tierra, qui participaient à L’autre Campagne zapatiste, ont été cruellement réprimés avec un bilan de deux morts, plus de 200 arrestations, dont 26 viols. Le gouverneur en charge de cette affaire n’était autre qu’Enrique Peña Nieto, l’actuel président.

Ces « messages » se répètent régulièrement dans la politique mexicaine. Le père Alejandro Solalinde, qui a participé au Forum des Droits humains, coordonne la Pastoral de Movilidad Humana Pacífico Sur de l’Épiscopat Mexicain et dirige un foyer pour les migrants qui passent par le Mexique pour se rendre aux États-Unis. Il assure qu’il a reçu l’information que les étudiants ont été brûlés vifs. Après avoir été mitraillés, les blessés ont été brûlés, comme l’ont raconté les policiers qui ont participé aux événements et « ont balancé par remords de conscience » (Proceso, 19 octobre 2014).

Si la manière d’assassiner révèle un message mafieux clair, les objectifs doivent être dévoilés, savoir vers qui s’oriente les responsables et pourquoi. La réponse vient de l’évêque Vera. Il souligne l’intime relation entre les cartels et les structures politiques, judiciaires et financières de l’État, au point qu’il est impossible de savoir où commence l’un et finit l’autre. Constater cette réalité l’amène à assurer que les dirigeants de son pays « sont le crime organisé » et que, par conséquent, « nous ne sommes pas dans une démocratie. » (Proceso, 12 octobre 2014).

Mais l’évêque dirige sa réflexion vers un point névralgique qui permet de démêler le nœud. « Le crime organisé a aidé au contrôle de la société et c’est pourquoi c’est un associé de la classe politique. Ils ont obtenu que le peuple ne s’organise pas, ne progresse pas ». Dans des termes plus ou moins identiques, c’est que le sous-commandant Marcos a signalé.

Enfin, il ne s’agit pas d’une coïncidence fortuite, mais d’une stratégie. L’un de ceux qui l’ont élaboré sur le terrain, est le général Oscar Naranjo, qui a été l’un « des architectes les plus remarquables de la narcodémocracie colombienne actuelle » sous le gouvernement d’Álvaro Uribe, comme le dénonçait, Carlos Fazio (La Jornada, 30 juin 2012). Naranjo, un protégé de la DEA et « produit d’exportation » des États-Unis d’Amérique pour la région, est devenu le conseiller du gouvernement de Peña Nieto.

Fazio souligne une information du The Washington Post où le quotidien assure que « sept mille policiers et militaires mexicains ont été entraînés par des conseillers colombiens ». Il ne faut pas avoir beaucoup d’imagination pour découvrir où a commencé à être fabriquée la faillite de l’État mexicain.

Mais il y a plus. « Le gouvernement des États-Unis a aidé plusieurs cartels à travers de l’Opération “Fast and Furious” (en français Rapide et Dangereux), pour laquelle « involontairement deux mille armes sont tombées dans les mains des narcos », rappelle la page antiwar.com. Il est possible, comme le pensent des sites consacrés à l’analyse stratégique tel le site européen dedefensa.org, que le chaos mexicain soit favorisé par la paralysie croissante de Washington et la cacophonie émise par ses divers et contradictoires services. Quoi qu’il en soit, tout indique qu’il y a là quelque chose de délibéré. Que cela puisse revenir comme un boomerang à travers sa frontière longue et poreuse, ne devrait pas non plus faire de doute.

Raul Zibechi, depuis Puebla (México)


Publié dans Brecha, Uruguay, 23 octobre 2014 et Alai-Amlatina, Équateur, le 24 octobre 2014.
Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi.
Révisé par nos soins.

http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1604
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Re: Mexique

Messagede Pïérô » 10 Nov 2014, 16:05

Manifestations violentes au Mexique après l'annonce du massacre de 43 étudiants
http://www.lemonde.fr/ameriques/article ... _3222.html
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Re: Mexique

Messagede bipbip » 14 Nov 2014, 12:06

Ayotzinapa : Le responsable est l’État !

À plus d’un mois de la disparition des 43 étudiants d’Ayotzinapa, Guerrero, les actions et les manifestations nationales et internationales continuent à crier haut et fort : « Le responsable est l’État ! », « Peña Nieto, dégage ! », « Vous les avez pris vivants, rendez-les nous vivants ! ». Lors des dernières manifestations la répression s’est de nouveau abattue sur les participants, sur les jeunes et sur les étudiants, et à l’heure actuelle on ignore le nombre exact de personnes arrêtées.

Les étudiants de l’École Normale Raúl Isidro Burgos d’Ayotzinapa ont refusé de reconnaître la version présentée par la Procure Générale de la République (PGR), selon laquelle les 43 étudiants disparus ont été probablement assassinés et brûlés.

Réunis dans la Faculté d’Économie de l’Université Nationale Autonome du Mexique (UNAM), huit étudiants de l’École Normale Raúl Isidro Burgos d’Ayotzinapa ont écouté en direct, accompagnés par des centaines d’étudiants qui remplissaient l’auditoire universitaire, la conférence de presse donnée par le procureur Jesús Murillo Karam.

Le visage défait, caché dans les mains ou bien pleurant en silence, les jeunes ont écouté l’explication du fonctionnaire sur la manière dont les 43 étudiants auraient été séquestrés, assassinés et brûlés. La stupeur, la rage et la tristesse se sont fait sentir avec beaucoup d’émotion dans l’auditoire. Le premier étudiant à prendre la parole a été Omar García, qui a souligné que les autorités auraient pu révéler l’information donnée par le procureur Murillo bien avant, « il y a dix jours », mais qu’elles ont prolongé l’attente comme s’il s’agissait d’un montage.

« La nouvelle nous ébranle, mais nous ne savons pas s’il faut la croire ou non. Tant qu’il n’y aura pas de preuve contondante du fait que les restes trouvés sont de nos camarades, nous ne nous résignerons pas à accepter de tels faits » – signalait l’étudiant, entre des applaudissements et des cris de solidarité. Il a ajouté que ses camarades et lui avaient déjà envisagé la possibilité que la mort des étudiants disparus fût annoncée, et a insisté sur le fait que la violence et l’impunité ne concernent pas seulement Ayotzinapa ou l’État de Guerrero, mais tout le Mexique. Il a posé la question : « Qu’allons-nous faire de ce pays ? Et surtout, qu’allons-nous faire contre eux ?»

« Nous sommes déterminés à parvenir à nos fins, parce que nous sommes guerrerenses (ndt : personnes originaires de l’État de Guerrero), nous sommes des paysans et nous restons inflexibles face au discours du gouvernement qui prétend tout résoudre avec ses lois, alors que cette légalité ne défend que ceux d’en haut. Merde à sa légalité ! Elle ne nous convient pas. », a-t-il dit.

Manifestation en solidarité avec les 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa

À la suite du rapport présenté par la Procure Générale de la République (PGR) en la personne du procureur Jesús Murillo Karam, selon lequel les étudiants « normalistas » disparus d’Ayotzinapa auraient été assassinés et brûlés, une manifestation a été convoquée en solidarité avec les étudiants. Partie des installations de la Procure Générale de la République (PGR), elle s’est terminée vers minuit au Zocalo, place centrale de la ville de Mexico. Tout au long de la manifestation, les participants avaient fait entendre leur colère, leur tristesse mais montré aussi leur courage et leur détermination. Arrivés au Zocalo, certains ont partiellement incendié la porte principale du Palais National. Les policiers ont chargé contre les manifestants, et l’on compte au moins deux blessés mais sans doute davantage (« Il y a un nombre indéterminé de blessés ), et un nombre encore indéterminé de détenus.

La marche a débuté vers 20h35 près de la PGR et s’est déroulée normalement jusqu’à son arrivée au Zocalo de la capitale. 15 000 personnes environ y participaient.

Durant tout le trajet, l’indignation et la tristesse étaient perceptibles, mais aussi le courage et la détermination. Les gens criaient les consignes : « ¡Fue el Estado! Le responsable est l’État », « ¡Fuera Peña! Peña dégage ! », et « ¡Vivos se los llevaron vivos los queremos! Vous les avez pris vivants, rendez-les nous vivants ! ».

Peu après que l’avant-garde de la marche fut arrivée au zocalo, un groupe de personnes a commencé à jeter les barrières métalliques qui avaient été disposées pour protéger le Palais National, en faisant face aux gardes qui gardaient la porte du Palais.

Avant que la proposition ne surgît de brûler la porte, un groupe de militants avaient donné lecture d’un communiqué dans lequel ils exprimaient leur ras-le-bol face à l’impunité et à la corruption qui prédominent dans le pays. Ce communiqué exigeait, en allusion aux partis politiques et au gouvernement : « Que se vayan todos. Que tous s’en aillent ! »

Quand un plus grand nombre de personnes s’est trouvé rassemblé sur la place, certains manifestants ont commencé à déplacer les barrières métalliques en s’en servant pour cogner contre la porte principale du Palais National. Beaucoup d’autres manifestants se sont alors joints à l’action et ils ont commencé à cogner la porte pendant une heure, en utilisant les barrières métalliques comme bélier. Ils ont réussi à faire un trou dans la porte, puis ils ont lancé de l’essence et avec un briquet ils ont essayé de mettre le feu, mais depuis l’intérieur du palais des jets d’eau ont été projetés et des extincteurs ont immédiatement éteint l’incendie (…).

Peu après minuit, une trentaine de CRS ont chargé les manifestants en frappant leurs boucliers contre le sol pour disperser la foule. Les dizaines de membres de l’État Major Présidentiel ont profité de la dispersion des manifestants pour se re-déplacer en face du Palais National, remettre les barrières métalliques et surveiller l’entrée. Les manifestants ont commencé à lancer des pierres et ensuite, il y a eu des échanges de projectiles avec la police, ce qui a duré quelques minutes. Soudain, tant les CRS que les membres de l’État Major Présidentiel ont chargé les manifestants et arrêté plusieurs personnes. Dans la tentative de la police pour arrêter les manifestants et la réaction de ceux-ci pour éviter la détention, il y a eu un moment de confusion, certains manifestants appelant à la dispersion au cri de « Non à la violence ! », tandis que d’autres affirmaient que c’est de l’État que vient la violence réelle !

Pendant cette manifestation, des personnes ont été arrêtées et blessées par la police Fédérale.

Traduction et résumé par Les trois passants / Correction Valérie

Sources :
(1) Normalistas rechazan versión de la PGR; piden pruebas contundentes, 07 de noviembre 2014
http://www.jornada.unam.mx/ultimas/2014 ... -1759.html
(2) Arde la puerta principal de Palacio Nacional tras la marcha al Zócalo, 9 de noviembre de 2014
http://www.jornada.unam.mx/2014/11/09/politica/006n1pol

http://liberonsles.wordpress.com/2014/1 ... est-letat/
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Re: Mexique

Messagede bipbip » 21 Nov 2014, 13:37

La caravane d'Aytozinapa visite le Chiapas et les Zapatistes

Le Mexique s'embrase petit à petit, suite à l'affaire des 43 disparus de Ayotzinapa, dans l'état du Guerrero, où après une manifestation la police a donné au crime organisé 43 étudiants, qui au jour d'aujourd'hui sont totalement introuvable.

Une caravane de familles de disparus et d'étudiants s'est rendue au Chiapas, pour chercher des soutiens et rencontrer les zapatistes

...
. http://espoirchiapas.blogspot.mx/2014/1 ... te-le.html
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Re: Mexique

Messagede bipbip » 24 Nov 2014, 04:47

Mexico : Protesters battle riot police in Mexico City





Carte Internationale pour Ayotzinapa
Personnalités, organisations et individus d'une quinzaine de pays pour #Ayotzinapa
http://espoirchiapas.blogspot.mx/2014/1 ... .html#more

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Re: Mexique

Messagede bipbip » 27 Nov 2014, 12:00

Mexico : Liberté pour les prisonniers et les prisonnières du 20 novembre

Partout au Mexique et dans plusieurs endroits du Monde, des manifestations ont eu lieu ce 20 novembre représentant ainsi la quatrième journée nationale et internationale de mobilisation pour la présentation en vie des 43 étudiants de l’école normale d’Ayotzinapa, Guerrero, disparus depuis le 26 septembre 2014. Le Mexique vit un état de répression, d’intimidation et de criminalisation de plus en plus grandissante où le discours gouvernemental venant du président Enrique Pena Nieto, de son Armée et de ses médias vendus, rappelle le discours du Président Gustavo Díaz Ordaz (1964 à 1970) : « les forces obscures désirent déstabiliser la nation », des paroles largement connues de toute une génération mexicaine et qui furent prononcées quelques semaines avant le massacre d’étudiants à Tlatelolco en 1968.

« Il semblerait que les protestations violentes concernant les faits d’Ayotzinapa répondent à une volonté de générer « une déstabilisation, un désordre social » et « d’attenter au projet de Nation » que j’ai impulsé » (1) a signalé le président Enrique Peña Nieto, le mardi 18 novembre, deux jours avant la quatrième journée de mobilisation. En se servant des médias, comme il l’a déjà fait lors de la manifestation contre son investiture présidentielle le 1er décembre 2012, le président et son gouvernement, lancent une fois de plus une campagne de lynchage contre les « déstabilisateurs », «les infiltrés », « les encagoulés », ils lancent à nouveau une vague de répression, d’intimidation et d’arrestations. Dans ce contexte, la mobilisation populaire continue en avant en se posant de nouvelles questions sur la suite : comment mener la protestation ? quelle est l’étape suivante ? Cependant aujourd’hui comme en 1968, une chose est claire pour le peuple… le responsable est l’État, un narco-état qui est en train de s’écrouler de lui-même .

Suite à la 4e manifestation massive qui a eu lieu dans la ville de Mexico ce 20 novembre, le Réseau nationale contre la Répression et pour la Solidarité (2) – qui regroupe des dizaines d’organisations et des collectifs adhérents à la sixième déclaration lancée par les zapatistes, déclare :
Liberté aux prisonnier-e-s du 20 novembre de la ville de Mexico !

La journée d’hier, 20 novembre, nos compagnons et compagnonnes : Samantha Iraís Buendía Hernández, Óscar Iván Ramirez Sentellano, David Nava Ocampo et Humberto Nava Ocampo ont été arrêté-e-s par des CRS de la ville de Mexico et de la Police Fédérale alors qu’ils participaient aux mobilisations en solidarité avec les 43 compagnons normalistes d’Ayotzinapa, disparus par le fait de l’État mexicain et du système capitaliste.

Une « caution » a été fixée pour Samantha, Óscar, David et Humberto, qui leur permettra de retourner dans la rue. Ces compagnons participaient à la marche de protestation qui se dirigeait vers l’Aéroport de la ville de Mexico.

Très rapidement, un dispositif policier s’est déployé avec plus de 500 policiers (CRS) qui ont commencé à harceler les cortèges présents, jusqu’à les agresser physiquement. La police a lancé des pierres et a commencé à persécuter les jeunes manifestants qui se solidarisaient avec les étudiants de l’école normale d’Ayotzinapa et qui exprimaient leur mécontentement face aux crimes de l’État et du système actuel. Au milieu du siège policier, les manifestants se sont entendus pour se replier vers un lieu sûr, et c’est à ce moment là que, lâchement, les premières interpellations ont eu lieu, un jeune de 15 ans qui ne faisait pas partie de la manifestation mais habitant du quartier (La Fédéral) a été tabassé. C’est la solidarité des gens du quartier qui a empêché que plus de compagnons soient détenus, des hommes, des femmes, des travailleurs accompagnaient la sortie des manifestants qui étaient « escortés » par les CRS.

C’est avec indignation que nous avons appris que plusieurs arrestations ont eu lieu pendant la nuit, lors du déroulement de la Marche Nationale, quand à nouveau, la police Fédérale et les CRS ont dispersé la manifestation par la répression, avec des gaz lacrymogène, des coups de matraques et de boucliers, en balayant littéralement la place centrale du Zocalo, en agressant toute personne qui se trouvait en face, en laissant des personnes blessées, pratiquement inconscientes sous les coups reçus.

Nous, entant que Réseau contre la Répression et pour la Solidarité, condamnons la répression exercée contre ceux qui, hier (20 novembre), sont sortis dans la rue manifester leur rage et leur douleur, qui s’appelle Ayotzinapa et qui n’est qu’un symptôme de tout le ras le bol des personnes qui restent debout face au cauchemar qui se vit au Mexique. Nous rejetons les arguments qui cherchent à présenter les diverses formes de lutte comme des « provocateurs » ou des « infiltrés ». Les vrais responsables de la violence ne s’habillent pas en noir et ne mettent pas de capuche, les vrais responsables de la violence s’habillent avec l’uniforme bleu et vert olive, mettent des casques, utilisent des boucliers, des matraques, des balles en caoutchouc, des armes à feu, ce sont ceux qui historiquement, ont pour fonction de réprimer ceux d’en bas. Pour nous tous et toutes, la police, les armées fédérales ne sont pas « le peuple en uniforme et exploité », leurs actions ne sont pas le résultat de « provocations » mais l’exécution des ordres donnés par les patrons, par leurs maîtres, par ceux qui se trouvent à Los Pinos (ndt : équivalent à l’Élysée) dans les Congres, les Palais, dans les médias de communication commerciaux, à la bourse.

Depuis le Réseau contre la Répression, nous le disons haut et fort : les seuls infiltrés dans les mobilisations et dans les cortèges s’appellent dignité et rébellion. Nous savons que les actions menées par toute personne, collectif, groupe ou organisation sont une réponse face au pillage, à l’exploitation, au mépris, et à la répression que nous vivons tous et toutes au quotidien, la violence, elle, se nomme système capitaliste.

Nous dénonçons le fait que la détention de nos compagnons soit la seule réponse que peut donner la déliquescence d’un régime et d’un système qui se maintiennent uniquement par la force.

Nous lançons un appel à toutes et tous nos compagnons et compagnonnes adhérents à la Sexta déclaration de la forêt Lacandone, à tous les condisciples de la petite école zapatiste et à toute personne qui ressent ces offenses comme les siennes, pour que chacun selon ses moyens, ses façons, ses temps et ses espaces, réalise des actions de solidarité et de camaraderie pour dénoncer ces faits et lutter pour la liberté des compagnons et compagnonnes prisonniers.

Présentation en vie des 43 étudiants normalistes d’Ayotzinapa disparus !
Liberté pour les prisonniers et prisonnières du 20 novembre !
Contre l’État et le capitalisme !
Pour l’auto-organisation de ceux d’en-bas !
Contre le pillage et la répression : la solidarité !


Réseau contre la Répression et pour la Solidarité(RvsR)
Mexique, 21 novembre 2014.

Traduction Les trois passants et Caracol Solidario

https://liberonsles.wordpress.com/2014/ ... -novembre/


Manifestation pour Ayotzinapa (20 Novembre 2014)- un cortège de la Manifestation

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Re: Mexique

Messagede Pïérô » 29 Nov 2014, 17:45

Motion Réseau européen des syndicats alternatifs et de base
Notre douleur, notre rage
Et maintenant comment faire pour continuer à avancer dans cette nouvelle étape ?


Depuis le 26 septembre 2014, le Mexique se regarde et le monde à nouveau découvre une réalité que l’on ne peut plus cacher qui est devenue toujours plus présente et de la forme la plus terrifiante. Iguala est le lieu où le Mexique de douleur et de mort ne peut plus ignorer sa réalité, c’est le lieu qui a empli le monde entier d’indignation, c’est le lieu dans lequel le secret muet s’est converti en cri de douleur et de rage.

43 étudiants disparus, trois étudiants assassinés. Tous assassinés et disparus à Iguala, tous assassinés et disparus par l’État. Tous assassinés et disparus par le pacte d’impunité qui lie la classe politique.

Mais désormais il ne suffit plus de parler d’impunité car les institutions qui auraient dû exercer la justice non seulement ne le font pas mais se protègent elles-mêmes de leurs propres délits, en réalité nous sommes devant un système qui trouve toujours comment et qui punir de façon exemplaire et spectaculaire (coupable ou innocent) afin de pouvoir garder intacts le grand commerce de la corruption ainsi que les structures brutales du pouvoir qui maintiennent le pays entier submergé par la violence.

Au Mexique ce n’est pas le système qui est corrompu, c’est la corruption qui est le système. Ce n’est pas qu’il y ait de plus en plus de vides de l’État, mais que ce qui apparaît comme des vides est en réalité plein de la nouvelle mutation de l’État mexicain : le Narco-Etat.

Le couple Abarca est une terrifiante démonstration du lien entre gouvernement et crime organisé, mais le pire c’est que ce n’est pas le seul ou la pire des preuves, c’est précisément la démonstration de ce que sont devenues les institutions du Mexique. A Iguala, les 43 étudiants de Ayotzinapa sont également la terrible évidence de ce que les actions du Narco-État sont contre insurrectionnelles, qu’elles cherchent la criminalisation des luttes, qu’elles recherchent le contrôle à travers la terreur, qu’elles recherchent le génocide de l’espoir.

Dans ce Mexique brisé, sécurité signifie vivre terrorisé entouré de militaires et policiers, surveillés en permanence. Dans ce Mexique brisé, les appareils des droits de l’homme sont utilisés pour garantir aux véritables agresseurs d’échapper à la justice et qu’ils puissent continuer à agresser.

Dans ce Mexique brisé, l’ex-maire d’Iguala, José Luis Abarca, est accusé de nombreux délits, mais pas de celui qui entraînerait la reconnaissance de la responsabilité de l’État, celui de disparition forcée.

Dans ce Mexique brisé, María de los Angeles Pineda est maintenue aux arrêts pendant 40 jours et Noemi Berrument Rodriguez, protectrice du couple accusé, est laissée en liberté, alors que ceux qui s’opposent au système, ceux qui défendent la terre, ceux qui exigent justice, ceux qui se solidarisent avec les familles des 43 étudiants disparus par l’État, ceux qui éclatent d’indignation, sont immédiatement emprisonnés.

Dans ce Mexique brisé le pouvoir se scandalise lorsque quelqu’un brûle une porte en bois, tandis que pour les centaines de milliers de morts, les centaines de milliers de disparus, les centaines de milliers de déplacés, n’existent que des montages médiatiques, de longs procès bureaucratiques, de fausses condoléance et jamais justice n’est faite.

Le message qu’il y a derrière la façon dont tout à été fait à Iguala, derrière les milliers de morts et de disparus dans tout le Mexique, c’est qu’aucune vie n’a de valeur, et qu’à partir de ces « nouvelles institutions » la façon de gouverner est désormais la mort.

Pour toutes ces raisons, après que le monde a espéré une réponse sur la localisation des 43 normaliens disparus à partir d’une enquête rigoureuse, il est indignant et douloureux que les enquêteurs démontrent non seulement leur incompétence mais également leur impressionnant manque de respect minimum dû aux familles des victimes et à travers elles à toute la société, car en réalité leur unique but est celui de faire dévier les enquêtes afin d’occulter la vérité.

L’indignation a grandi, a débordé les places, croissant semaine après semaine. Les manifestations, les actions, les grèves, démontrent que malgré les mensonges, les montages, les calomnies et les tromperies de la part du « Gouvernement mexicain » toujours absent lorsqu’il s’agit de donner des réponses, le peuple mexicain et d’autres parties du monde, ont fait leur le slogan « Vivants ils les ont pris, vivants nous les voulons !

Dans de nombreux endroits aussi bien au Mexique qu’à l’extérieur du pays des étapes importantes sont franchies passant rapidement à de nouveaux cris qui résonnent/
 Nous ne vous croyons pas,
 C’est un coup de l’État
 C’est bon, j’en ai marre
 Nous sommes tous Ayotzinapa.

A Iguala est devenue visible la logique politique qui a fait que dans notre pays 180 milles morts nous font mal et que nous continuons d’attendre plus de 20 milles disparus.

Aujourd’hui nous rejoignons la rage active des pères et des mères des étudiants disparus, aujourd’hui nous leur disons que nous attendons que les 43 reviennent, que nous ne croyons pas à la farce avec laquelle ils prétendent fermer le dossier de cette indignation et de rage globale. Ayotzinapa est le début de quelque chose, qui grandit dans les salles de classe et dans les rues.

Ces dernières semaines un mouvement qui clairement identifie qui ils sont est en train de naître, dans ce nouveau processus la peur est en train de reculer, il devient impossible de rester simple spectateur et la possibilité de se demander :
Que faire pour que notre énergie sociale parvienne à ouvrir une voie qui permette à la société, depuis le bas, d’imposer au gouvernement la vérité avec toutes ses conséquences ? Comment faire pour continuer à avancer dans cette nouvelle étape ?

Ayotzinapa ne fait pas seulement mal au Mexique mais c’est le monde entier qui a mal

Réseau européen des syndicats alternatifs et de base
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Re: Mexique

Messagede bipbip » 02 Déc 2014, 03:38

MEXIQUE : violente répression et criminalisation des mobilisations
https://rebellyon.info/11-personnes-det ... nt-ce.html

MEXICO : Des nouvelles des prisonniers, liberté à tous et à toutes! 1er décembre 2014.
https://liberonsles.wordpress.com/2014/ ... mbre-2014/
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Re: Mexique

Messagede bipbip » 05 Déc 2014, 02:39

Iguala, Mexique : Crime d’État, Crime de classe.

Traduction de l’article « Iguala: Crímen de Estado, Crímen de Clase » http://gkillcity.com/articulos/el-mirad ... imen-clase par Oscar de Pablo :

« L’ordre règne à Berlin », disait Rosa Luxembourg trempée d’un amère sarcasme, tout juste avant d’être assassinée au cours de la répression de l’insurrection ouvrière dans l’Allemagne de 1919. C’était le même type d’ordre qui nécessitait d’être sauvé à tout prix le 26 septembre 2014 à Iguala, dans l’état mexicain du Guerrero. Ce jour-là, avait lieu une célébration officielle où le maire de la municipalité et sa femme étaient présents. Mais la célébration était menacée par 80 étudiants et étudiantes de l’Escuela Normal (École Normale) d’une localité à proximité, Ayotzinapa. Ils et elles se rendaient là pour faire de l’activisme politique et la police les a attaqué brutalement sous les ordres de la municipalité. Il s’agit d’un événement qui a attiré l’attention de toute la planète sur le Mexique. Le jour suivant, la presse locale célébrait la répression avec un article intitulé « Finalement, l’ordre est restauré » (Por fin se pone orden). Durant les jours qui ont suivi, l’image de cette couverture médiatique a été republiée à travers les médias nationaux, accompagnée de d’autres images qui vous glaceraient le sang. C’était la représentation graphique de ce qui, dans l’État du Guerrero, correspond au mot « ordre ».

Les agents ont tiré sur l’autobus dans lequel les normalistas voyageaient. Mais les balles ont également atteint – par erreur – l’autobus d’une équipe de soccer. Le conducteur et un joueur de 14 ans sont morts. Un passant, Blanca Montiel, est tombé durant les coups de feu. Le matin du samedi le 27, 20 jeunes gens ont été blessé-e-s et 5 sont mort-e-s. Des survivant-e-s, 44 ont été arrêté-e-s, ou pour dire plus juste, kidnappé-e-s. Parmi eux et elles se trouvaient Julio Cesar Mondragón, qui fut horriblement torturé le jour suivant jusqu’à ce qu’il meurt : ils lui ont pelé la peau de la figure. On raconte que cela est arrivé parce qu’il avait craché sur l’un de ses kidnappeurs. Les 43 restant-e-s n’ont pas réapparu et le gouvernement fédéral affirme qu’ils et elles sont mort-e-s.

Le 26 septembre, les normalistas étaient à Iguala pour collecter des fonds pour financer un voyage dans la ville de Mexico et prendre part à une manifestation annuelle le 2 octobre, la date du massacre de Tlatelolco en 1968. Le gouvernement avait alors massacré 500 étudiants et étudiantes qui manifestaient. Leurs revendications consistaient principalement en la fin des coupures dans l’éducation publique. À l’Escuela Normal d’Ayotzinapa, les futur-e-s professeur-e-s ruraux (normalistas) ne sont pas gêné-e-s de leurs racines paysannes/rurales, ni ne cachent leurs affiliations politiques. Ils et elles n’étudient pas seulement pour enseigner, mais surtout pour comprendre les réalités sociales qu’ils et elles auront à confronter quand ils et elles seront professeur-e-s. Ils et elles sont aussi pauvres que leurs futur-e-s élèves et pour survivre, ont besoin de combiner les maigres bourses du gouvernement avec beaucoup d’heures de travail, parce que l’école est, en même temps, une ferme collective. S’ils et elles acceptent ces conditions, ce n’est pas en raison d’une quête de bénéfices et d’avancements personnels, mais pour aider « le peuple », dont ils et elles se considèrent les fils et les filles. Ils et elles sont membres de la Fédération des Étudiant-e-s Paysan-ne-s Socialistes. Leur école est agrémentée des portraits de Marx, d’Engels, de Lénine, ainsi que de leaders de la guérilla au Mexique dans les années 70 : Genaro Vásquez et Lucio Cabañas, deux enseignants ruraux formés à la même école.

Le porte-parole du gouvernement, les partis de droite et les médias de masse ont toujours accolés à eux et elles l’image d’émeutiers, de subversifs et de criminels. Et pas seulement à eux et elles. L’année dernière, une manifestation des professeur-e-s ruraux dans la capitale du pays a attiré une campagne de haine sans précédent; explicitement classiste et implicitement raciste. Dans ces conditions, la répression violente est devenue un « risque de la profession » pour les normalistas. En décembre 2011, deux parmi eux et elles ont été assassiné-e-s par la police d’État durant des manifestations à Chilpancingo (la capitale de l’état du Guerrero), quelque chose qui n’a pratiquement soulevé aucun scandale.

Autant le gouvernement que la presse (nationale et internationale) présentent le Massacre d’Iguala comme un épisode de la longue « narco-guerre », qui a dévasté le Mexique dans les sept dernières années. La collaboration potentielle du crime organisé avec la police d’Iguala dans cette attaque a contribué à jeter un ombre sur la nature politique spécifique de ce crime. Le gouvernement fédéral a déclaré son indignation et a jeté le blâme sur le palier local de gouvernement. Les policiers qui ont participé et leurs partenaires civils ont été arrêtés par les forces fédérales. Le président de la municipalité, José Luis Abarca, a eu à prendre la fuite avant d’être capturé quelques semaines plus tard, loin de la ville. Sa responsabilité dans plusieurs autres actes de violence politique a été petit à petit rendue publique, ainsi que les liens familiaux de sa femme, Angeles Pineda, avec le puissant cartel de Beltrán Leyva. Dans le désordre des différents paliers de gouvernement, des partis impliqués et des cartels de la drogue, il ressort quelque chose de très clair, qui peut même se résumer en trois mots : FUE EL ESTADO (C’était l’État). Ce n’est pas simplement dire que les auteurs du crime étaient la police, qui a simplement obéi aux ordres de sa chaîne de commande, mais que leur motivation était la motivation d’État par excellence : la défense de l’ordre social établi à travers la répression des dissidents et dissidentes.

À une conférence de presse, le 7 novembre, le Procureur Général, Jesús Murillo Karam, a nié que l’État mexicain avait quelque responsabilité que ce soit dans les actions du gouvernement de la municipalité. Toutefois, il a directement et spontanément admis que si l’armée fédérale avait été présente, les militaires auraient contribué à leur répression plutôt que de les protéger. Leur job comme militaire c’est de porter assistance à l’« autorité constituée ».

Le Mexique étant un pays présidentiel et centraliste, l’homme qui – dans la forme et dans les faits – commande les forces armées de tout le territoire national est le président de la République. Aujourd’hui, cette position est tenue par Enrique Peña Nieto, du PRI. Par conséquent, les pères et mères des victimes, après avoir rencontré Peña Nieto, l’ont déclaré responsable du sort de leurs enfants plutôt que de lui accorder le traditionnel « respect à sa fonction ».

Le nationaliste Parti pour la Révolution Démocratique (PRD) a également sa part de responsabilité dans cette affaire. Cette option électorale est considérée par médias de masse comme « la gauche ». Et, dans ses rangs, on retrouve le président de la municipalité d’Igual (Abarca) et le gouverneur de l’État du Guerrero, Àngel Aguirre, qui a dû démissionner étant donné les preuves de sa proximité avec Abarca. Ces circonstances, loin d’obscurcir la nature politique du crime, la simplifie d’une certaine façon : les différences entre les partis politiques sont devenues sans importance en comparaison avec la différence abyssale qui les sépare tous des mouvements sociaux, plus spécialement de la jeunesse.

Le pouvoir est tellement éloigné du peuple que les profonds signes de rejet qui se manifestent ne sont pas seulement contre les deux partis mentionnés (le PRI et le PRD), mais aussi contre un troisième parti, le Partido Acción Nacional (PAN). Le PAN n’a pas été directement impliqué dans le massacre d’Iguala, mais il était au pouvoir lorsque la militarisation du Mexique a commencé, il y a moins de dix ans. À l’époque, le président Felipe Calderón (2006-2012), souhaitant légitimer sa position après de très douteuses élections. Il avait lancé une guerre frontale contre les narcotrafiquants. Pour ce faire, il avait donné les fonctions de la police à l’armée et avait brisé certaines alliances et pactes qui avaient jusque là permis aux citoyens et citoyennes de vivre dans une paix relative.

Ces jours-ci, les camarades des normalistas disparu-e-s et les militants et militantes du syndicat enseignant du Guerrero ont incendié à deux reprises le bâtiment du gouvernement local. Ils et elles ont également volé la nourriture dans les supermarchés pour la partager avec la population de Chilpancingo et ont occupé l’aéroport d’Acapulco durant trois heures. Dans le reste du pays, des grèves étudiantes ont éclaté, chaque fois plus longtemps, et une manifestation dans la capitale de Mexico est passée proche d’incendier la porte de l’emblématique Palais National, les quartiers généraux du gouvernement fédéral.

Ces actions ont eu pour effet de dissiper le consensus de consternation qui dominait la société mexicaine dans les jours qui ont suivi la disparition des étudiants et étudiantes. Alors que les manifestations se radicalisent, ceux et celles qui s’outragent seulement en mots se séparent et se dissocient de ceux et celles qui s’outragent en posant des actes. De plus en plus, les actions les plus fortes sont attribuées à des « infiltrateurs ». Cela ouvre encore davantage de brèche dans la solidarité.

Assez souvent, des opinions sont publiées dans lequel on retrouve la violence des agresseurs mise en adéquation avec la résistance des victimes – on accorde davantage de valeur aux objets détruits dans les manifestations qu’aux vies détruites par la répression. Lorsqu’est survenue la tentative de bruler la porte du Palais National, l’officier public et le jeune leader du PRI, Luis Adrían Ramírez, a exprimé clairement ce que les autres n’exprimaient qu’entre les lignes. Dans les réseaux sociaux, il a affirmé que le gouvernement ne devrait pas s’arrêter à « l’idée de préserver les droits humains de bestiaux qui ne méritent pas de vivre… et aujourd’hui plus que jamais, j’appelle au retour de quelqu’un comme Mr. Gustavo Díaz Ordaz », faisant ici référence au président associé à la répression du mouvement étudiant en 1968. La fille d’un leader d’une organisation du PRI a illustré en 7 mots les profondes motivations de cette violence en écrivant sur Facebook : « Pas étonnant qu’ils les brulent… NACOS ». « Naco », à Mexico, est un mot utilisé pour parler des pauvres et des autochtones.

Les mêmes mots qui étaient utilisés envers les normalistas avant qu’ils et elles disparaissent – émeutiers/émeutières, délinquant-e-s, vandales – sont utilisés aujourd’hui dans les mass médias contre ceux et celles qui manifestent pour dénoncer leur disparition. La solidarité devient plus difficile entre les intellectuel-le-s alors qu’elle devient plus nécessaire. Toutefois, tandis que plusieurs porte-paroles, journalistes, experts en tout genre, écrivains et académicien-ne-s se dissocient de la violence dans les manifestations, plus de travailleurs et travailleuses se joignent à la base des manifestations. Plusieurs syndicats importants ont formellement joint les manifestations. Les gens normalement apathiques, ou même conservateurs, défendent les actions que les « leaders d’opinion » dénoncent. La coiffeuse commence à me raconter ses problèmes économiques et termine avec « les gars du Guerrero ». Le chauffeur de taxi, après avoir été bloqué plusieurs heures dans le trafic parce qu’une rue était bloquée, explique que « c’est pour les gars » et garde un silence respectueux. Deux femmes assises près de moi au cinéma se sentent offensées par une publicité gouvernementale et crient « nous n’avons pas payé pour se faire mentir ».

Alors, encore, comme toujours durant les huit dernières années, des mexicains et mexicaines sont mort-e-s. Pourquoi est-ce ce cas qui a déclenché les manifestations? Peut-être parce que ce n’était pas des mexicains moyens et mexicaines moyennes. C’était des jeunes gens qui se battaient pour les pauvres et aspiraient à éduquer les gens pauvres. Ils et elles n’ont pas été tué-e-s par accident, pour avoir refusé de payer une rançon, ni même pour avoir été à la mauvaise place au mauvais moment. Ni même pour avoir appartenu à un cartel rival. Ils et elles ont été tué-e-s parce qu’ils et elles rejetaient le pouvoir de l’État dans les enjeux éducatifs et sociaux. À la fin, tout le Mexique le sait. Pendant ce temps, se répand l’intuition que la police des riches a tué les enfants des pauvres, pour avoir voulu défendre les pauvres. Tous les pauvres.

Oscar de Pablo

- Traduction du Blogue du Collectif Emma Goldman

http://ucl-saguenay.blogspot.co.il/2014 ... me-de.html
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Re: Mexique

Messagede bipbip » 08 Déc 2014, 02:16

GOUVERNER PAR LA MORT
Récit détaillé de la tuerie d’Iguala au Mexique
Par John Gibler
Traduction par Marion Gary et Liuvan
revue par Paulin Dardel et Alexandre Sanchez
+ 2 annexes :
1/ La guerre de la drogue
2/ Chronologie exhaustive d’Ayotzinapa

Télécharger l’article en PDF : http://jefklak.org/wordpress/wp-content ... efKlak.pdf

http://jefklak.org/?p=1338
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Re: Mexique

Messagede bipbip » 09 Déc 2014, 14:06

MEXICO – 1er décembre, un cri collectif : Peña Nieto démission !

Coûte que coûte, nous allons retrouver les 43 étudiants – disent les parents des étudiants disparus.

La manifestation


Hier, 1er décembre 2014, les rues des 30 états du Mexique ont été à nouveau inondées par une marée humaine qui, plus déterminée que jamais, exigeait la présentation en vie des 43 étudiants disparus depuis le 26 septembre dernier, au cri de « Peña Nieto tu n’es pas Ayotzinapa ! ». Des hommes, des femmes, des enfants, des familles, des jeunes, des étudiants accompagnaient une fois de plus la rage des parents des étudiants disparus, qui encore une fois ont pris la parole au milieu de la foule pour crier haut et fort : Peña Nieto tu n’es pas Ayotzinapa, tu n’es pas le peuple ! Tu ne nous représentes pas ! Vous les avez pris vivants, rendez-les nous vivants ! Peña Nieto démission !

Malgré la répression, les violences policières, les arrestations des 5, 6, 15, 20 et 28 novembre et celles de ce 1er décembre ; malgré les coups de matraques et les persécutions ; malgré le discours menaçant du gouvernement, le peuple mexicain est sorti dans la rue, sans avoir peur.

Après la manifestation qui est partie du Zocalo jusqu’au carrefour de l’Ange de l’indépendance à Mexico, un piquet de protestation s’est mis en place pour annoncer la prochaine action : « La prise populaire de la Ville de Mexico, qui aura lieu le samedi prochain 6 décembre 2014».

Sur l’estrade se trouvaient huit des 43 parents des étudiants disparus, lors que les drapeaux mexicains absentes de couleur s’érigent et noir entre les manifestants, Clemente, le père de Cristian Alfonso Rodríguez a pris la parole les larmes aux yeux, et a dit : « Cela fait une semaine de plus, nous allons vous trouver demain ou après-demain, nous vous attendons de retour à la maison. Parce que vivants vous avez été pris et vivants nous vous voulons ! »

« Malheureux soient les peuples où la jeunesse ne fasse pas trembler le monde et où les étudiants restent soumis face au tyran » – a dit un étudiant d’Ayotzinapa en demandant la démission d’Enrique Peña Nieto, les manifestants répétant derrière lui en criant « ¡Fuera Peña! Peña dégage ! »

L’étudiant a repris et a demandé : « dans quel pays vivons-nous ? Après avoir eu des réunions avec le procureur Murillo Karam, le secrétaire de l’intérieur Osorio Chong et le président Enrique Peña Nieto aucun résultat ne nous a été donné sur le sort des 43 étudiants. Il faut un changement profond dans les institutions liées à la délinquance organisée (…) Dans tout le pays il y a un grand nombre d’assassinats, des disparitions, des mères qui souffrent pour leurs enfants ; les parents des étudiants disparus souffrent à chaque moment : quand ils mangent et qu’ils ne savent pas si leurs enfants ont déjà mangé, quand ils boivent de l’eau et qu’ils ne savent pas si leurs enfants ont de quoi boire, quand ils se reposent et qu’ils ne savent pas si leurs enfants sont en train d’être torturés avec leurs visages mutilés ».- a-t-il signalé.

Aujourd’hui, 30 états mexicains qui en ont assez se sont mobilisés – disent les parents des 43 étudiants disparus, avec rage et tristesse….ils n’arrêteront que lorsqu’ils les auront retrouvés.

Et pendant ce temps, que se passe t-il- au Guerrero ?

Depuis le 26 septembre, les actions n’ont pas cessé dans l’état de Guerrero, divers secteurs de la population, des organisations étudiantes entre autres, ont occupé des lieux gouvernementaux et pris des installations appartenant à l’État, bloqué des autoroutes, organisé des piquets de protestations, événements, marches et manifestations. Depuis la fin d’octobre 2014, l’Assemblée Nationale Populaire instaurée dans l’École Normale Rurale d’Ayotzinapa, école des 43 étudiants disparus, a décidé d’occuper le plus grand nombre possible de conseils municipaux (ayuntamientos) comme mesure de pression pour que le gouvernement présente les 43 étudiants disparus en vie et pour exiger justice pour ses compagnons assassinés. Comme exemple de la nouvelle étape de lutte dans laquelle se trouve le mouvement social au Guerrero, les 28, 29 et 30 novembre, à partir de la prise des conseils municipaux, s’est initiée la construction des premiers Conseils Municipaux Populaires ; ce sont 5 conseils qui ont été créés – et au fil du temps d’autres vont certainement s’ajouter. Les conseils créés sont ceux de Tlapa de Comonfort, Acapulco, San Luis Acatlán, Ayutla de los Libres et Tecoanapa, couvrant ainsi les zones de la Costa Chica, Montaña et la zone centrale. Ces conseils municipaux populaires, selon Agustín Flores Vázquez, étudiant de cette école : s’organisent « par la même autonomie du peuple », cette étape est en construction mais pour les étudiants il s’agit d’un nouveau départ, d’une nouvelle étape dans la lutte.

Le solde de la répression policière

Depuis le commencement des manifestations pour la présentation en vie des 43 étudiants, la police a été présente. Si elle n’était pas nombreuse dans les cortèges tout au début, elle a frappé fort depuis le 5 novembre dernier où au moins 10 personnes ont été arrêtées puis relâchées sous caution. Luis Fernando Sotelo, compagnon adhérent à la Sixième déclaration de la Forêt Lacandone attend lui toujours son procès . À partir de la manifestation du 5 novembre la pression est montée d’un cran, les médias se sont mis à paniquer, à diffamer et à étiqueter certains manifestants comme « infiltrés », « encagoulés », « déstabilisateurs »…l’ambiance s’est alourdie ; le 15 novembre, de façon complètement arbitraire deux étudiants et militants, Jacqueline Santana et Bryan Reyes, ont été arrêtés pour le délit de vol à un agent fédéral, délit fabriqué de toute pièce. L’arrestation de Bryan n’est pas due au hasard car il fut également arrêté arbitrairement le 1er décembre 2012 pendant la manifestation contre l’investiture présidentielle de Peña Nieto. Mais l’arbitraire ne s’arrête pas là : ce 22 novembre une sentence à de la prison ferme leur a été dictée ; le 20 novembre au moins 30 personnes ont été arrêtées, 15 ont été libérées et se trouvent sous contrôle judiciaire, 11 autres ont été arrêtées et transférées dans des prisons de haute sécurité. Ce fut grâce à la pression nationale et internationale qu’elles ont été relâchées neuf jours plus tard ; le 28 novembre Sandino Bucio Dovalí, également étudiant, a été enlevé par la police et accusé d’avoir participé aux actions « délictueuses » menés pendant la manifestation du 20 novembre, après des mobilisations Sandino a été relâché. Mais la répression et la persécution se poursuivent, plusieurs journaux nationaux ont déclenché un lynchage médiatique en publiant de façon mensongère une série de listes d’activistes anarchistes et proches du mouvement anarchiste, et en les accusant de tous les maux. Parmi les personnes mentionnées se trouvent notre compagnon anarchiste Mario Gonzalez, libéré le 31 octobre, ainsi que sa compagne. Plusieurs communiqués ont été diffusées pour faire face à ce lynchage médiatique.

Pour ce qui est de personnes arrêtées ce 1er décembre, l’information reste confuse, mais au moins trois personnes ont été arrêtées, nous sommes dans l’attente de plus d’informations.

La lutte continue…..

Par Les trois passants
Correction Myriam.

http://liberonsles.wordpress.com/2014/1 ... demission/
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Re: Mexique

Messagede Pïérô » 13 Déc 2014, 15:09

Dans le Mexique d’Ayotzinapa : quand le monde d’en-haut s’effondre, écouter les voix d’en-bas

« Vous avez entendu ?
C’est le bruit de leur monde qui s’écroule,
c’est celui du nôtre qui resurgit. »
Communiqué de l’EZLN, 21 décembre 2012.

Depuis deux mois, la situation au Mexique — où les massacres, les disparitions forcées et la violence massive de la supposée « guerre contre le narco » n’ont pourtant rien d’inédit — est devenue littéralement intenable. L’atrocité d’Iguala est connue de tous. Dans la nuit du 26 au 27 septembre dernier, les policiers de la troisième ville de l’État du Guerrero tirent en rafales sur plusieurs autobus transportant des étudiants de l’école normale rurale d’Ayotzinapa (et, dans la confusion, sur un autre où voyageait une équipe de football juvénile), faisant de nombreux blessés graves et tuant six jeunes gens — l’un d’eux retrouvé torturé, les yeux et la peau du visage arrachés —, tandis qu’une seconde attaque, perpétrée au moment où les survivants tentaient d’informer des journalistes locaux, mène à la disparition de quarante-trois étudiants, conduits au poste de police, jetés dans des camionnettes officielles, puis remis aux sicaires du cartel Guerreros Unidos, sans qu’on sache, de manière absolument certaine, ce qu’ils sont devenus depuis. Le tout ordonné par José Luis Abarca, le maire de la ville, semble-t-il parce qu’il craignait que les étudiants ne viennent perturber les festivités devant marquer le lancement de la campagne municipale de son épouse, par ailleurs réputée être la principale opératrice des Guerreros Unidos à Iguala. Plongeant à cœur blessé dans l’horreur de la nuit d’Iguala, des millions de Mexicains se retrouvent immergés dans une douleur et une colère qui ne s’apaisent pas.

Depuis, pas un jour ne passe sans apporter d’autres nouvelles qui amplifient encore le gouffre sans fond qu’Iguala a commencé à révéler aux yeux de tous. En cherchant les étudiants, des dizaines de fosses sont découvertes. Ce ne sont pas les étudiants, mais qui alors ? Au fil des semaines, Mexico se transforme en un immense cimetière clandestin. À chaque matin, la même litanie : Seigneur procureur, donnez-nous notre fosse quotidienne... Pas un jour de trêve, pour penser que les choses pourraient « rentrer dans l’ordre ». Il n’y a plus d’ordre qui tienne.

Quelques fragments de ce calendrier maudit :



- 22 novembre (juste pour se distraire un peu) : on apprend le limogeage du général en charge de la sécurité du président de la République, second dans la hiérarchie de l’état-major présidentiel, lequel, au moment où les portes du Palais national étaient en feu, est sorti en apparent état d’ébriété, affrontant seul les manifestants et agressant des journalistes présents (Proceso, 22 novembre 2014).

- 26 novembre : les médias évoquent un enlèvement massif de trente et un collégiens à Cocula, en plein jour, sur la place centrale de cette bourgade limitrophe d’Iguala, réalisée par des hommes fortement armés, circulant dans des véhicules de la police municipale. Le directeur du collège affirme n’avoir rien remarqué. Les faits ne sont, à ce jour, ni confirmés ni infirmés, mais, à cette occasion, on apprend que deux autres enlèvements massifs ont bien eu lieu à Cocula : quatorze jeunes en mars 2013, dix-sept autres en juillet 2013, probablement utilisés comme esclaves dans les plantations de marijuana et de pavot (qui ont dupliqué leur extension dans la région au cours des dernières années). Tout cela sans susciter de réaction de la part des autorités.

- 26 novembre encore : le Secretario de Gobernación (ministre en charge de la sécurité et de la politique intérieures) indique que quarante mille policiers ont échoué aux « tests de confiance » réalisés au niveau national et reconnaît qu’ils sont toujours en service alors qu’ils auraient dû être limogés. Il y a donc quarante mille dangers publics en uniforme dans le pays.

- 28 novembre : un étudiant est « séquestré » à la sortie de l’Université nationale autonome du Mexique, embarqué dans une voiture particulière, avec force violence et sans explication. On le frappe et on le menace, pistolet sur la tempe, de le violer, de le faire disparaître comme ceux d’Ayotzinapa. Il se retrouve à la Direction spéciale des enquêtes sur la délinquance organisée, puis est relâché, une vidéo de son arrestation ayant été diffusée immédiatement.

- 28 novembre encore : des militaires armés font irruption dans l’Université autonome de Coahuila, cherchant à identifier les étudiants et enseignants ayant participé à la manifestation du 20 novembre. Le commandement de la XIe Région militaire doit reconnaître qu’il s’agit d’une « erreur », commise par un officier de rang intermédiaire « ayant agi de sa propre initiative ».

- 29 novembre : onze corps décapités sont retrouvés sur le bord d’une route, dans l’État du Guerrero (le lendemain, cinq autres calcinés).

...

On se débat ainsi, chaque jour, entre le comble de l’horreur, voué à être dépassé le lendemain, et la sensation de l’indignité, de l’aberration permanente, de l’insupportable. Absurdité d’un monde qui à force d’être retourné n’a plus ni envers ni endroit. Où plus rien, ou presque, ne tient debout.



Pas d’autre issue alors que de changer de calendrier et de géographie. Le 15 novembre, dans le caracol d’Oventic, a eu lieu une rencontre entre l’EZLN et les parents des étudiants assassinés et disparus d’Ayotzinapa, qui ont formé trois caravanes pour sillonner le pays. Prévenus de leur arrivée quelques heures auparavant, deux mille zapatistes des environs s’étaient rassemblés pour les accueillir, en compagnie du sous-commandant Moisés et du commandant Tacho. Tous étaient là pour les recevoir, les bras ouverts, « avec tout leur cœur, pour écouter leur douleur et leur colère ». Il ne devrait pas être exagéré d’affirmer que cette rencontre est d’une grande importance. Cela ressort des fortes paroles prononcées par Moisés, au nom du commandement général de l’EZLN. Cela ressort des paroles des parents et des étudiants d’Ayotzinapa, en particulier lors d’une conférence de presse au cours de laquelle ils ont pris soin de préciser : « C’est nous qui avons voulu cette rencontre, non eux. »

Ce qui donne sens à la rencontre d’Oventic, c’est d’abord l’écoute. Moisés l’a répété : les zapatistes étaient là pour écouter les parents d’Ayotzinapa, leur douleur et leur colère. Les écouter vraiment, elles et eux, sans se laisser distraire par d’autres paroles, qui parfois recouvrent les leurs, par tant d’autres actes qui se multiplient dans le Mexique surchauffé de ses dernières semaines, par d’autres slogans que certains profèrent avec des intentions parfois partisanes. Rien qu’elles et eux, avec leurs exigences « simples et claires » : l’apparition en vie de tous les disparus, le châtiment de tous les coupables à quelque niveau que ce soit, les mesures nécessaires pour qu’une telle horreur ne se répète jamais. Écouter vraiment, cet art si difficile à apprendre, qui suppose de s’ouvrir et de faire une place à ce que l’autre tente de dire, sans le traduire immédiatement dans nos propres catégories où le ramener à notre propre point de vue. Les zapatistes étaient là pour écouter. Les parents d’Ayotzinapa se sont sentis écoutés, entendus, compris : « Ils nous ont écoutés avec attention et ont embrassé notre colère. »

Écouter, c’est parfois aussi se reconnaître. Les zapatistes ont expliqué qu’ils comprenaient la douleur et la colère des parents, parce qu’ils la connaissaient. Ils l’avaient manifesté, le 8 octobre, lors de leur marche à San Cristóbal de Las Casas, silencieuse et éloquente : « Votre douleur est notre douleur », « Nôtre est votre colère », répétaient leurs pancartes. Ils l’avaient montré, le 22 octobre, en allumant, comme ailleurs dans le pays, des milliers de bougies dans des centaines de villages, où personne d’autre qu’eux ne pouvaient le voir. Les zapatistes se reconnaissent dans la douleur et la colère des parents et des étudiants d’Ayotzinapa, parce qu’ils ont aussi leurs morts et leurs disparus. La douleur et la rage contenue par la dignité, c’est ce qu’ils ont éprouvé bien des fois et tout particulièrement le 2 mai dernier, lorsque le compañero et maestro Galeano, a été assassiné à La Realidad.

À Oventic, le 15 novembre, les parents d’Ayotzinapa et les zapatistes se sont reconnus chacun dans le miroir de l’autre, qui est différent mais semblable dans sa douleur et sa colère. Cela a été une vraie rencontre entre les douleurs d’en-bas, une embrassade véritable entre les dignités d’en-bas. Non pas une « alliance » ou un « pacte », comme l’ont dit certains médias, prompts à transcrire l’événement dans le pauvre vocabulaire des intrigues de pouvoir et des stratégies politiciennes. Juste la possibilité d’éprouver un lien véritable fait de présence sensible, de dignités qui se reconnaissent, de compréhension fondée sur l’écoute et la confiance. C’est tout. Et c’est énorme.



On peut alors reprendre, à la lumière de cette rencontre, l’effort pour comprendre ce qui se passe actuellement au Mexique. Le sous-commandant Moisés l’a souligné : « C’est vous, les parents et les compagnons des étudiants morts et disparus qui, par la force de votre douleur, de cette douleur convertie en rage digne et noble, qui avez fait en sorte que beaucoup, au Mexique et dans le monde, se réveillent, s’interrogent, posent des questions. » Non que l’horreur d’Iguala ait révélé des choses inédites, car l’ampleur de la corruption, la pénétration des organisations criminelles dans les structures de l’État, l’étendue de l’impunité sont de notoriété publique. La liste des massacres est longue, d’Aguas Blancas à San Fernando, en passant par Acteal, et le bilan de la supposée « guerre contre le narco » lancée par Felipe Calderón tristement connu : plus de cent mille morts et de vingt mille disparus. Certes, à Iguala, la terreur a-t-elle été particulièrement massive et accentuée, la fusion entre les autorités politiques, les forces de police et la délinquance organisée plus évidente encore qu’à l’accoutumée et l’identification avec les étudiants, victimes de l’agression, plus intimement ressentie (en partie aussi parce qu’elle est venue raviver le souvenir d’un autre massacre, celui du 2 octobre 1968, sur la place de Tlatelolco). Mais ce qui a largement contribué à faire la différence, c’est la détermination, l’entièreté, la solidarité organisée de la communauté formée par les parents et les étudiants d’Ayotzinapa, qui ont su entretenir au fil des semaines et faire croître, en même temps que leur parole, la mobilisation dans tout le pays (interviews, marches, actions presque quotidiennes dans le Guerrero, coordination nationale, caravanes, etc.).

Animés par leur douloureuse espérance et leur colère lucide, les parents et étudiants, non seulement suscitent la solidarité et l’empathie qu’exprime le cri jailli du cœur meurtri de centaines de milliers de personnes : « Vous n’êtes pas seuls ! » Par leur dignité si entière et leur implacable fermeté, ils ont aussi la puissance de dissoudre les apparences du jeu institutionnel. Or, si les institutions se retrouvent aussi nues que le roi, il n’en reste pas grand-chose. Deux moments ont été, à cet égard, particulièrement impressionnants. Le 29 octobre, les parents ont été reçus par le président de la République, dans sa résidence officielle, comme ils l’avaient exigé. Un rituel à haut risque, auquel de plus expérimentés qu’eux ont laissé bien des plumes. Soit que les autorités tentent d’étouffer une énergie trop revendicatrice par quelque aumône (celles du Guerrero avaient d’emblée tenté la manœuvre au prix de 6 000 euros par enfant assassiné ou disparu), soit simplement qu’elles profitent du cérémoniel institutionnel pour mettre leurs interlocuteurs en position d’infériorité et s’attribuer le beau rôle de qui consent, accorde, résout. Mais les parents d’Ayotzinapa n’ont rien cédé. Avec l’aplomb de leur simplicité et la force dévastatrice de leur douleur, ils ont su réduire à rien la pompe des lieux du pouvoir et ramener les hautes autorités de l’État à leur misère et à leur insignifiance. Interpellant sans crainte et réitérant leur absence de confiance, ils ont fait fi de tout formalisme, refusant finalement, à la surprise consternée de l’armada de ministres présents, de quitter la résidence présidentielle tant que son occupant n’aurait pas apposé sa signature au bas des engagements exigés.

Le 7 novembre, ce fut la grande conférence de presse du procureur de la République. Un fort montage destiné à frapper les esprits de sidération face à l’abjection, pour faire admettre l’hypothèse, jusqu’aujourd’hui non confirmée, d’un bûcher qui durant quatorze heures aurait permis aux sicaires de réduire en cendre les corps d’une quarantaine d’étudiants. Le procureur pensait pouvoir considérer que sa tâche était achevée, et le travail bien fait. Pour beaucoup, sa présentation pouvait avoir quelque apparence de plausibilité. Las, les parents se sont obstinés à récuser cette version des faits. Ils en ont souligné les incohérences. Ils ont rappelé qu’elle n’est fondée que sur des aveux, dont on sait combien les autorités mexicaines sont habiles à les fabriquer. Pour eux, tant qu’il n’y aura pas de preuves irréfutables du contraire, leurs enfants seront vivants. Ils n’ont cessé de répéter que d’autres lignes d’enquête devaient être prises en compte, exigeant la poursuite de la recherche des jeunes gens en vie. Ainsi, le cri « Vivants, ils les ont pris ; vivants, nous les voulons » a continué à résonner dans tout le Mexique. La « science » déployée par le procureur est restée sans prise ; la parole populaire a eu plus de force et l’a vaincue.

Que disent donc les parents d’Ayotzinapa aux autorités ? Tout simplement ceci : « Nous ne vous croyons pas ; nous ne croyons rien de ce que vous dites. » Cela ne concerne pas uniquement l’explication officielle des faits ni le seul procureur, dont il est avéré qu’il disposait, au moins depuis le mois d’avril, d’informations détaillées sur les agissements criminels du maire d’Iguala, de sorte qu’une action décidée contre celui-ci aurait permis d’éviter l’horreur du 26 septembre. La portée de l’énoncé est absolument générale : les institutions ne bénéficient d’aucune confiance. Et il ne s’agit plus seulement d’un sentiment vague, ressenti de longue date par beaucoup ; c’est désormais une parole explicite, publique, portée partout où vont les parents d’Ayotzinapa, et c’est une parole que des millions actualisent et prononcent avec eux et à travers eux. Ainsi, il suffit d’écouter vraiment la parole des parents pour entendre ce qui est en jeu dans le Mexique d’aujourd’hui.

Il y a un autre ingrédient encore : le révélateur qu’est l’horreur d’Iguala se combine avec l’affaire de l’invraisemblable « Maison blanche », construite et habitée par le couple présidentiel quoique enregistrée au nom d’une entreprise de travaux publics ayant bénéficié de dizaines de milliards de pesos de contrats durant les mandats d’Enrique Peña Nieto, comme gouverneur de l’État de Mexico puis comme président. Au lieu de se dissiper, les soupçons de conflit d’intérêt et de corruption ont été encore renforcés par la décision de se séparer de ladite maison, supposément en cours d’acquisition par la première dame, et par l’annulation en catastrophe, et diplomatiquement fort délicate, d’un mégacontrat pour la construction d’une ligne de TGV impliquant l’entreprise en question, aux côtés d’une société d’État chinoise. Au-delà des implications judiciaires qu’elle devrait avoir, cette affaire rappelle avec une clarté qui n’a jamais été aussi aveuglante l’existence de deux Mexique. Celui d’en-bas, qui résiste à la dépossession et qui, avec les parents d’Ayotzinapa — simples paysans, ainsi qu’ils se présentent eux-mêmes — pleure ses morts et cherche ses enfants disparus. Et celui d’en-haut, dont le président et son actrice d’épouse sont devenus la parfaite incarnation, avec leur maison style Holliday Inn à 7 millions de dollars, pour ne rien dire des autres demeures déclarées par Peña Nieto ou des appartements d’Angelica, dont l’un à Miami (estimé à 3 millions de dollars). Elle viendra alors devant les caméras, croyant faire pleurer dans les chaumières en jouant l’offensée, la femme honnête que l’on se permet de soupçonner et à qui l’on ose demander des comptes (mais aussitôt ridiculisée sur les réseaux sociaux, son intervention étant rebaptisée « la dernière telenovela Nous les riches, vous les prolos »). Elle expliquera au bon peuple avoir travaillé dur toute sa vie, afin de constituer un patrimoine pour ses enfants, oh oui si dur que, pour la seule année 2010, Televisa — la chaîne dont on dit qu’elle a « fait » président son mari — lui a versé 88 millions de pesos (7 millions de dollars), non sans lui faire don, de surcroît, d’une autre maison d’une valeur de 26 millions de pesos. Arrêtons ! C’est plus qu’il n’en faut pour signifier l’essence du pouvoir : la parfaite collusion des fonctions politiques, des milieux d’affaires et des grands médias. Certes, il semble encore manquer l’ingrédient du négoce illicite. Mais ce lien-là est suffisamment incarné par le maire d’Iguala qui, il y a deux mois encore, avait beaucoup d’amis haut placés et devait être donné en exemple d’une magnifique ascension sociale. Vue d’en-bas, l’obscénité est absolue. Entre les deux Mexique, l’écart est abyssal. N’est-ce pas alors ce qui peut encore rester de la nation qui vole en éclats, construction imaginaire pulvérisée par cette étrangeté radicale entre deux mondes, dont il devient patent qu’ils n’ont strictement rien en commun ?

Y a-t-il alors, ces temps-ci, au moins une institution qui se sauve du désastre ? Sûrement pas les partis, tous impliqués, à commencer par celui qui se prétendait de gauche, le Parti de la révolution démocratique, sous les couleurs duquel ont été élus le maire d’Iguala et le gouverneur du Guerrero (à ce jour unique fonctionnaire de haut rang à avoir été contraint à la démission), et dont l’implosion a été encore accélérée par la démission de Cuauhtémoc Cardenas, son fondateur et « leader moral ». Sûrement pas la justice, à commencer par la Cour suprême, dont les magistrats ont dû considérer que leurs plus récentes décisions, comme la libération des paramilitaires impliqués dans le massacre d’Acteal et le rejet d’une consultation populaire sur la réforme énergétique, méritaient récompense et n’ont pas hésiter à faire passer leurs salaires au-dessus de la barre des 500 000 pesos par mois, ce qui leur permet de percevoir à peu près en un jour ce que le salaire minimum permet de gagner en un an. Sûrement pas l’armée, au prise avec le scandale de Tlatlaya, où, en juin dernier, vingt-deux personnes ont été exécutés par des soldats, non pas durant un affrontement comme voulait le faire croire la version officielle, mais après qu’elles se sont rendues, comme l’a montré une enquête journalistique tardivement confirmée par la Commission nationale des droits de l’homme. De plus, une armée qui est amenée à déclarer que ses officiers intermédiaires agissent de leur propre initiative est-elle encore une armée ?



Ainsi, ce qui se révèle dans le présent contexte, c’est une véritable dissolution des institutions étatiques, dont la fermeté des parents d’Ayotzinapa est comme le vecteur. Le sol de la crédibilité et de la légitimité se dérobe sous les pieds de tous ceux qui incarnent les institutions. Le pouvoir est encore là, mais il apparaît sans fondement. La question est alors la suivante : que se passe-t-il lorsque les policiers, les juges, les hommes politiques sont vus tout bonnement comme des criminels et des voleurs, ou à tout le moins des menteurs et des incapables ? « Quand c’est le représentant du droit, politique, policier, juge, qui est passé dans le camp du crime et qui sert l’injustice », ainsi que le note un sociologue qui ne passe pas pour un agent de la déstabilisation révolutionnaire (Alain Touraine) ? Quand on ne parvient plus à distinguer l’État des mafias, comme le titre un journal qui ne passe pas pour une feuille de propagande militante (Le Monde) ?

C’est alors le moment d’un choix. Il y a ceux qui optent pour la politique d’en-haut et considèrent qu’il faut restaurer la crédibilité des institutions et refonder l’État de droit. Et il y a ceux qui pensent qu’une autre conception du politique est possible, et que, pour cela, il faut regarder en-bas. Les parents d’Ayotzinapa l’ont dit avec force à San Cristóbal de Las Casas : « Ceux dont on n’a plus besoin, ce sont les autorités gouvernementales et les institutions de l’État qui ont démontré une incompétence, une corruption et une impunité totales. Pour nous, ils ne servent plus à rien. » Et ils en tirent les conséquences, décidant de se livrer à une enquête indépendante et de prendre en main eux-mêmes la recherche de leurs enfants, quitte à se risquer dans des zones contrôlées par les narcos, où la police fédérale avoue ne pas oser s’aventurer. Quitte à s’armer pour le faire.

Si l’on ne croit plus dans les autorités, si elles sont en cours de dissolution, alors il s’agit de « faire par nous-mêmes », comme l’a exprimé l’un des étudiants rescapés de la nuit du 26 septembre, précisant que l’enjeu était bien plus profond que de savoir si Peña Nieto allait partir ou non. Faire par soi-même, c’est ce que les habitants du Guerrero entraînés dans la lutte par l’abjection d’Iguala tentent maintenant de mettre en œuvre. Le 29 novembre, cinq conseils municipaux populaires ont été mis en place, notamment à Acapulco, et une vingtaine d’autres devraient suivre. Une telle initiative peut s’appuyer sur une expérience importante dans l’État du Guerrero où ce qu’on appelle la « Police communautaire », notamment au sein de la Coordination régionale des autorités communautaires, a depuis près de vingt ans permis de protéger les régions concernées des trafiquants de drogue mais aussi de mettre en place des instances de justice et des formes d’organisation autonomes.

Nous gouverner nous-mêmes ? Comme l’ont dit les zapatistes, le 15 novembre à Oventic, « la transformation réelle ne sera pas un changement de gouvernement ; mais de relation, dans laquelle le peuple commande et le gouvernement obéit ». Il s’agit par-là de transformer radicalement la nature des tâches de gouvernement et la manière de les réaliser. Mais — et c’est sans doute ce que le « faire par nous-mêmes » exprime de manière particulièrement ample — la question des formes de gouvernement ne saurait être dissociée du fait, essentiel, qu’il s’agit d’organiser les formes de vie qui sont les nôtres, celles des communautés, celles qui permettent à tous de mener une vie digne.

Expliquant la formation des conseils municipaux populaires, l’un de ses promoteurs indique : « La politique n’est pas l’affaire de quelques-uns. Nous disons un non clair et net à la politique liée à l’État. Il y a un autre type de politique que nous pouvons appliquer nous-mêmes, la politique d’en-bas, celle des gens ordinaires » (La Jornada, 1er décembre 2014). Et cela, ajoute-t-il, répond à une impérative nécessité que chaque parent, chaque étudiant d’Ayotzinapa peut résumer de façon extrêmement simple : que jamais ne se reproduise ce qui s’est passé le 26 septembre, à Iguala.



Ce que les zapatistes avaient exprimé le 21 décembre 2012, le « jour de la fin du monde », semble trouver toute sa pertinence aujourd’hui. Il s’agit d’écouter le sens du moment que nous vivons, quand le monde du pouvoir se délite, tandis que le monde d’en-bas resurgit. Il dépend de nous d’entendre et de faire résonner la force de ce moment, de ne pas permettre que le monde d’en-haut, en s’effondrant, étouffe et détruise ce qui, en-bas, veut naître et grandir.

Le Pouvoir a fait disparaître les étudiants ; maintenant, c’est à lui de disparaître.

1er décembre 2014
Jérôme Baschet

http://www.lavoiedujaguar.net/Dans-le-M ... napa-quand


Message diffusé par les étudiants de l’école normale rurale Raúl Isidro Burgos d’Ayotzinapa le 6 décembre 2014

« Compañeros, à tous ceux qui nous ont appuyés, je suis Alexander Mora Venancio. À travers cette voix, je m’adresse à vous. Je suis l’un des 43 qui, le 26 septembre, sont tombés aux mains du narcogouvernement. Aujourd’hui, 6 décembre, les experts argentins ont confirmé à mon père que l’un des fragments d’os qui ont été retrouvés m’appartient.

Je me sens fier de vous, qui avez fait entendre ma voix, la colère et mon esprit libertaire. Ne laissez pas mon père seul avec sa peine. Pour lui, je signifie pratiquement tout, l’espérance, la fierté, son effort, son travail et sa dignité.

Je t’invite à redoubler l’intensité de ta lutte. Que ma mort ne soit pas en vain. Prends la meilleure décision mais ne m’oublie pas. Rectifie si c’est possible, mais ne pardonne pas. Ceci est mon message.

Frères, hasta la victoria. »

Source : page facebook
Escuela Normal Rural Raúl Isidro Burgos https://es-la.facebook.com/Normal.Ayotzinapa.Gro

http://www.lavoiedujaguar.net/Message-d ... -etudiants
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Re: Mexique

Messagede bipbip » 20 Déc 2014, 15:40

Festival mondial des résistances et des rébellions contre le capitalisme (du 21 déc. au 3 janv.)

l'EZLN (Armée zapatiste de libération nationale) et CNI (Congrès national indigène fondé à Mexico en octobre 1996) invitent au Festival Mondial des Résistances et rebellions contre le capitalisme

"Là où ceux d'en haut détruisent, ceux d'en bas nous reconstruisons"

"Nous sommes venus pour partager nos sentiments et douleurs que nous a fait ce système néolibéral. Mais pas seulement. C'est aussi sur que nous sommes venus partager les valeureuses connaissances, expériences de lutte, d'organisation, défis face aux capitalistes envahisseurs et néolibéraux qui ont causé dans de dommages." (EZLN, aout 2014)



Aux soeurs et frères de la Sixième Nationale et Internationale,

Réunis nos peuples dans le partage des Peuples Zapatistes et le Congrès National Indigène "David Ruiz Garcia", nous parlons de nos douleurs, nos paroles et expériences de lutte, rebelle et résistante.

Ensemble nous savons que dans nos rebellions sont nos "NON" aux politiques de destruction que fait le capitalisme dans tout le monde. Et nous savons que dans nos résistances se trouvent les graines du monde que nous voulons.

Ces rebellions et résistances ne sont pas seulement des peuples originaires du Mexique. Elles se trouvent aussi dans les pas des peuples originaires de tout le continent et dans tous les coins de la planète ou les individu-e-s, groupes, collectifs, et organisation, non seulement disent "NON" à la destruction mais aussi construisent quelque chose de nouveau.

Dans cette échange qui nous le savons a été possible en grande partie grâce au soutien des frères et soeurs de la Sixième Nationale et Internationale, nous confirmons que notre terre Mère, donneuse de toute la vie dans la planète est en danger, et avec elle l'humanité entière, nous voyons que c'est le capitalisme néolibéral qui provoque beaucoup de douleur, beaucoup de destruction et beaucoup de mort, que c'est lui qui nous expulse, exploite, méprise et réprime.

Dans la défense de la terre mère, dans la lutte pour l'humanité et contre le néolibéralisme il n'y a pas de petite lutte.

Fères et soeurs de la Sexta nationale et internationale, parceque nous savons que ce capitalisme sauvage et de mort n'est pas invincible, comme vous nous l'enseignez déjà, en plus de l'expérience zapatiste, les rébellions et résistances qui fleurissent dans toute la planète, et que vos douleurs sont nos douleurs et que vos luttes sont nos luttes, et que vos rêves son nos rêves, nous voulons partager avec vous les paroles, les expériences, les chemins et la décision commune qu'il est possible un monde où entrent beaucoup de mondes. Nous allons concrétiser les pas pour réussir ce rêve, il est nécessaire de partager entre nous, savoir que nous pensons, nous écouter pour savoir comment sont nos luttes, pour connaitre nos rebellions et apprendre de nos résistances.

Les peuples, tribus, et nations nous avons pris un accord dans cette assemblée de réaliser ensemble avec vous, le "Premier Festival Mondial des Résistances et des Rebellions contre le Capitalisme" avec pour thème "Là où ceux d'en haut détruisent, ceux d'en bas reconstruisons".

Notre partage dans ce « Premier Festival mondial des résistances et rébellions contre le capitalisme » se fera entre les peuples zapatistes, les peuples, tribus, nations et barrios du Congrès national indigène, les peuples originaires du continent, et les peuples, collectifs et individus adhérents de la Sexta nationale et internationale du monde entier.

Nous, peuples qui sommes de maïs, nous serons, dans ce partage avec vous, comme la milpa qui fleurit, pour renforcer nos résistances et protéger notre mère terre sur ce nouveau chemin que nous voulons partager.

Depuis La Realidad zapatiste, août 2014
Pour la reconstruction intégrale de nos peuples

Plus jamais un Mexique sans nous

Congrès national indigène
Armée zapatiste de libération nationale

Ainsi que les individus, groupes, collectifs, organisations de la Sexta dans le monde entier qui se joignent à cet appel.



Invitación al Festival mundial de las resistencias y las rebeldías :




Image


PROGRAMME DU PREMIER FESTIVAL MONDIAL DES RESISTANCES ET DES REBELLIONS CONTRE LE CAPITALISME PROGRAMME GENERAL

INNAUGURATION, COMMUNAUTE DE SAN FRANCISCO XOCHICUAUTLA, MUNICIPALITE DE LERMA, ETAT DE MÉXICO.

Samedi 20 décembre 2014 :
• 16:00 hrs. Début des inscriptions et réception des délégué-e-s.

Dimanche 21 décembre 2014 :
• 8:00 hrs. Continuation des inscription et petit déjeuner.
• 13:00-14:00 hrs. Déjeuner.
• 14:00-16:00 hrs. Evènement d’inauguration du Premier Festival Mondial des Résistances et des Rébellions contre le Capitalisme.
• 16:00-21:00 hrs. Evènement culturel.

Note :
• 18:00 hrs. Sortie des délégué-e-s pour Amilcingo.
• 21:00 hrs. Arrivée à Amilcingo et début des inscriptions des délégué-e-s pour ce lieu de l’échange.


PREMIERS ECHANGES A SAN FRANCISCO XOCHICUAUTLA Y AMILCINGO.

San Francisco Xochicuautla, Municipalité de Lerma, Etat de México.

Lundi 22 de décembre 2014 :
• 8:00 hrs. Petit déjeuner.
• 9:00 hrs. Début des travaux d’échange.
• 14:00-15:00 hrs. Déjeuner.
• 15:00 hrs. Continuation des travaux de l’échange.
• 19:00 hrs. Diner.

Mardi 23 décembre 2014 :
• 8:00 hrs. Petit déjeuner.
• 9:00 hrs. Début des travaux de l’échange.
• 14:00-15:00 hrs. Déjeuner.
• 15:00 hrs. Continuation des travaux de l’échange.
• 19:00 hrs. Fermeture des travaux de l’échange.
• 19:30 hrs. Diner.

Amilcingo, Municipalité de Temoac, Morelos.

Lundi 22 de décembre 2014 :
• 8:00 hrs. Petit déjeuner.
• 9:00 hrs. Bienvenue de la part des compañeros de Amilcingo.
• 9:30 hrs. Début des travaux d’échange.
• 14:00-15:00 hrs. Déjeuner.
• 15:00 hrs. Continuation des travaux de l’échange.
• 19:00 hrs. Diner.

Martes 23 de diciembre de 2014 :
• 8:00 hrs. Petit déjeuner.
• 9:00 hrs. Début des travaux de l’échange.
• 14:00-15:00 hrs. Déjeuner.
• 15:00 hrs. Continuation des travaux de l’échange.
• 19:00 hrs. Fermeture des travaux de l’échange.
• 19:30 hrs. Diner.


GRAND FESTIVAL CULTUREL AU DISTRITO FEDERAL, 24, 25 ET 26 DECEMBRE 2014. Lienzo Charro, Cabeza de Juárez. Av. Guelatao, No 50, Colonia Álvaro Obregón. Delegación Iztapalapa

Note :
• 27 décembre 2014. Sortie des délégué-e-s du CNI et de la Sexta pour Candelaria, Campeche.


TROISIEME ECHANGE. MONCLOVA, MUNICIPALITE DE CANDELARIA, CAMPECHE.

Samedi 27 de décembre de 2014 :
•16:00 hrs. Début des inscriptions des délégué-e-s à Monclova.

Dimanche 28 décembre 2014 :
• 7:00 hrs. Petit déjeuner.
• 9:00 hrs. Bienvenue de la part des compañeros de la Penínsule.
• 9:30 hrs. Début des travaux de l’échange.
• 12:00 hrs. Pause et pozol.
• 12:30 hrs. Continuation des travaux de l’échange.
• 16:00-17:00 hrs. Déjeuner.
• 17:00 hrs. Continuation des travaux de l’échange.
• 20:00 hrs. Fermeture.

Lunes 29 de diciembre de 2014 :
• 7:00 hrs. Desayuno.
• 9:00 hrs. Début des travaux de l’échange.
• 12:00 hrs. Pause et pozol.
• 12:30 hrs. Continuation des travaux de l’échange.
• 16:00-17:00 hrs. Déjeuner.
• 17:00 hrs. Continuation des travaux de l’échange.
• 20:00 hrs. Fermeture.

Note :
Mardi 30 décembre 2014 sortie des délégué-e-s du CNI et de la Sexta pour Oventic.

FETE DE LA REBELLION ET DE LA RESISTANCE ANTICAPITALISTE DANS LE CARACOL D’ OVENTIC, CHIAPAS.
31 décembre 2014 et premier janvier 2015.

PLEINIERE DE CONCLUSIONS, ACCORDS, ET DECLARATIONS, CIDECI SAN CRISTÓBAL DE LAS CASAS, CHIAPAS.

2 janvier 2015 :
• Résumé des rapporteurs de chaque échange
• Propositions qui en découlent.

3 janvier 2015 :
• Accords et travaux
• Déclarations.

FERMETURE.

http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2014 ... pitalisme/

http://lavoiedujaguar.net/Invitation-au ... ondial-des


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Re: Mexique

Messagede Pïérô » 04 Jan 2015, 04:33

La rencontre de ceux d'en bas, correspondance anarchiste depuis le festival des résistance
Articles, photos, vidéos :
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