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Messagede Clown » 18 Sep 2008, 20:02

Mexique: 19 détenus tués dans une mutinerie réprimée par la police à Tijuana

TIJUANA (Mexique)

- Dix-neuf détenus au moins ont été tués lors d'une mutinerie violemment réprimée par la police mercredi au Mexique dans une prison de Tijuana (nord), ville frontalière des Etats-Unis, où les prisonniers s'étaient déjà révoltés dimanche, ont annoncé jeudi les autorités.

A l'issue de la mutinerie, les gardiens ont compté 19 cadavres et 12 blessés parmi les détenus dans le Pénitencier de La Mesa, a déclaré le secrétaire à la Sécurité publique de l'Etat de Basse Californie, Daniel de la Rosa Anaya.

Les policiers ont tiré en entrant dans l'établissement pénitentiaire pour rétablir l'ordre, selon M. de la Rosa.

A l'issue de la mutinerie qui a duré environ cinq heures, 250 détenus considérés comme très dangereux "ont été transférés dans divers établissements pénitentiaires de l'Etat et dans le reste du pays", a-t-il indiqué.

Le mouvement de révolte avait commencé dans le pavillon des femmes et avait gagné les quartiers des hommes, a-t-il expliqué. L'agitation s'était étendue à l'extérieur de l'établissement parmi des familles de détenus, qui attendaient l'entrée au parloir des visites, et la police avait dû intervenir pour les contenir, a-t-il ajouté.

Une première mutinerie dans la même prison, dimanche, avait fait deux morts et 20 blessés parmi les détenus, selon les autorités.

Parmi les détenus blessés, quatre l'avaient été par balles, quand les gardiens avaient ouvert le feu sur des prisonniers qui tentaient de s'évader par un trou percé dans un mur. Plusieurs policiers avaient été blessés, avait ajouté la SSP.

La veille, un détenu avait trouvé la mort lors d'une inspection des cellules. Deux gardiens, dont l'un a été arrêté, étaient soupçonnés de l'avoir tué, ce qui avait suscité une révolte parmi quelque 1.500 des 8.000 détenus du pénitencier, selon la même source.

Pendant la demi-journée qu'avait duré la mutinerie, les détenus avaient pris deux fonctionnaires en otages et partiellement incendié deux bâtiments dont ils avaient pris provisoirement le contrôle, selon la SSP.

Comme dans la majorité des prisons mexicaines, la population carcérale du pénitencier de La Mesa est très supérieure à sa capacité théorique.

(AFP / 18 septembre 2008 19h11)
Clown
 

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Messagede Nico37 » 13 Nov 2009, 20:53

Mexique : coup de force contre le mouvement ouvrier et démocratique .


Dans la nuit du 10 Octobre 2009, alors que le Mexique fêtait sa qualification pour la Coupe du monde de football, la police et l’armée ont expulsé de leurs lieux de travail les Electriciens de « Luz y Fuerza del Centro », grande entreprise publique chargée d’assurer l’entretien du secteur électrique du « Grand Mexico » et des villes alentour (plus du tiers de la distribution d’ énergie du pays). La Compagnie a été dissoute par l’Etat et 44 000 (quarante quatre mille !) ouvriers licenciés avec suspension immédiate de leur salaire. Le fonds de retraite des travailleurs affiliés au SME (Sindicato Mexicano de Electricistas) a été saisi, ainsi que le Fondo de Resistencia (fonds de grève).

Prenant prétexte du déficit et de l’endettement de l’entreprise, de son « inefficacité », le gouvernement PRI-PAN1 a brutalement décidé d’accélérer la privatisation du secteur en le livrant aux intérêts privés, essentiellement étrangers et, pour ce faire, de liquider par la force le syndicat des électriciens. En fait, la direction de l’entreprise avait délibérément laissé se creuser les déficits puisque permettant que de nombreuses sociétés nationales et étrangères ne paient plus leurs factures (dont American Express, Comercial Mexicana et bien d’autres). Avec les méthodes habituelles du clientélisme et de la corruption, certains organismes publics faisaient de même, y compris la résidence présidentielle, certains ministères, les municipalités et les Etats fédéraux.

L’opération de liquidation de Luz y Fuerza del Centro avait été soigneusement préparée par le recours à des techniciens d’une autre entreprise publique appelés en renfort ainsi qu’à des entreprises privées « pirates » pour remplacer les électriciens licenciés. Mais faute de moyens et d’ouvriers compétents, de nombreux quartiers, surtout les plus défavorisés, à Mexico et dans l’immense zone qui l’entoure, subissent quotidiennement de longues coupures de courant, suscitant manifestations et barrages de rues et de routes de la part de la population. Le risque d’une panne générale de distribution électrique est désormais envisagé.

Les « ex-travailleurs » de « Luz y Fuerza » ont aussitôt été incités à formaliser la résiliation de leur contrat de travail moyennant une « indemnisation » dépendant des années de présence dans l’entreprise. Pour ceux qui acceptaient de le faire avant mi-novembre, un « bonus » était versé à condition de renoncer à toute forme de recours contre l’Etat. Cette proposition avait évidemment pour but d’opérer d’entrée la division entre ceux qui acceptaient de liquider leur contrat et les autres.

Dans les jours qui ont suivi, devant la brutalité de ce véritable coup de force, sans précédent dans l’histoire récente du Mexique, la mobilisation s’est engagée pour aboutir, le 15 Octobre, à une énorme manifestation à Mexico et dans dix autres Etats du pays (300.000 manifestants à Mexico). De nombreuses autres corporations, notamment les enseignants se sont jointes au mouvement.

Le coup de force contre les électriciens doit être resitué dans un contexte de crise sociale et politique sans précédent. Le Mexique est aujourd’hui ravagé par la crise, avec des centaines de milliers d’ouvriers licenciés, notamment dans le secteur des « maquiladoras » (usines étrangères, surtout américaines, implantées dans le pays pour bénéficier des bas coûts de la main d’œuvre). Le Mexique, très dépendant des Etats-Unis pour ses exportations subit, ainsi, en l’amplifiant, la crise américaine. A cela, il faut ajouter la baisse importante des « remesas », contributions envoyées par les émigrés à leurs familles, elles aussi premières victimes de l’explosion du chômage américain. Ces « remesas » constituaient, après le pétrole, la plus importante source de devises pour le pays.

Au Mexique, selon les chiffres officiels, le chômage équivaudrait à 7% de la population économiquement active. Mais ce chiffre n’a guère de signification quand on sait que le seul travail informel, travail de survie non recensé, concerne plus de 20% de la population. La dégradation de la situation sociale se mesure par l’aggravation considérable de la pauvreté. Entre 2006 et 2008, plus de deux millions de mexicains sont tombés dans l’extrême pauvreté. Les pauvres au sens large concernaient déjà en 2008 plus de la moitié des 107 millions de mexicains. La hausse des prix et les baisses imposées sur les salaires réduisent chaque jour le pouvoir d’achat des salariés mais aussi de ceux qui ont obtenu le droit de percevoir les maigres « aides sociales »2 .

Malgré cela, le gouvernement Calderon vient d’imposer au Parlement, à l’issue de débats houleux, l’adoption d’un « paquete fiscal » : hausse de l’impôt sur le revenu, hausse de l’impôt sur la valeur ajoutée et nouvelles taxes sur les services, notamment le téléphone. Il s’agit là surtout de ponctionner un peu plus les restes d’une classe moyenne déjà fortement paupérisée car les plus hauts revenus, les entreprises, les commerces et les banques ne paient pratiquement pas d’impôts.

Au Mexique, la lutte engagée par les 44 000 électriciens de « Luz y Fuerza » a radicalisé l’ensemble du mouvement social. Le total discrédit politique du gouvernement Calderon, son incapacité à combattre les trafics et les exactions sanglantes des cartels de la drogue souvent liés à la police et aux politiciens locaux ont généré un énorme mécontentement dans la population et ouvert la voie à une multitude d’actions populaires et de grèves jusqu’à présent restées isolées. Mais maintenant, en dépit des efforts de certains responsables syndicaux et politiques, plus soucieux de la poursuite du « dialogue » avec le pouvoir que de la réintégration des 44 000 licenciés de « Luz y Fuerza », l’affrontement avec l’Etat devient inévitable. Sont concernés tous les secteurs en crise : les entreprises privées en grève ou occupées, les travailleurs de l’éducation revendiquant 20% d’augmentation de leurs salaires, les employés des organismes privatisés d’assurance sociale, ceux des hôpitaux mais aussi les organisations paysannes et indigènes confrontées à l’effondrement des prix agricoles et à la sécheresse.

La question à l’ordre du jour est désormais celle de la centralisation de tous ces mouvements. Une étape en ce sens a été réalisée le samedi 24 Octobre à Mexico : des délégués de centaines d’organisations sociales, venus de tout le pays, ont participé à une « Assemblée Nationale de résistance populaire » et décidé de soutenir la lutte du Syndicat des Electriciens, tout en faisant valoir leurs propres revendications. Malgré l’urgence de la situation (les 44.000 licenciés privés de salaire depuis trois semaines) et les cris répétés par la masse des participants : huelga ! huelga ! (grève ! grève !), les dirigeants du Syndicat des électriciens ont reporté à début Novembre, la décision d’une grève nationale contre le décret de liquidation de « Luz y Fuerza » et contre le « paquete fiscal ».

Au Mexique, la provocation du gouvernement contre « Luz y Fuerza » ouvre une nouvelle étape de la mobilisation populaire. La combativité et la conscience des travailleurs n’est pas en cause mais, là comme ailleurs, il leur faudra pour aboutir, contrôler et décider des formes d’organisation de leur mouvement. De fait, la défense des droits élémentaires du salariat, de la paysannerie, des chômeurs et des pauvres pose aujourd’hui la question politique du gouvernement Calderon, gouvernement brutal, cynique et corrompu, à la solde de multinationales avides de profit. C’est l’organisation même de la société qui est en cause. Le capitalisme a fait son temps. Dès à présent, dans l’action, doivent être envisagées et construites les formes d’une organisation socialiste de la société3.

Robert ROLLINAT

Mexico, le 26 Octobre 2009
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Echos du Mexique en lutte

Messagede barcelone 36 » 26 Mai 2011, 16:39

http://groupe-segui.blogspot.com/2011/0 ... lutte.html
Echos du Mexique en lutte

Entretien avec Raúl, libertaire mexicain et animateur de la radio Ke Huelga

Guillaume : Peux-tu te présenter rapidement à nos lecteurs ?

Raúl : Je suis Raúl, je suis Mexicain et de passage à Paris. Je participe à une radio libre qui s’appelle Ke Huelga [« Quelle grève ! »]. C’est une radio qui est née pendant les grèves étudiantes en 1999 et qui depuis émet sur les fréquences modulées et aussi sur Internet. Sinon, je travaille à l’Université nationale.

Guillaume : Parle-nous un peu plus de la radio Ke Huelga ? Tu disais qu’elle était née pendant un mouvement de grève, quelle était l’idée d’origine ? Pourquoi une radio libre ?

Raúl : Comme ici, voire peut-être même plus qu’ici, les grands médias, les médias « commerciaux » comme on dit, sont un monopole fermé qui n’aborde presque jamais les luttes sociales, ou alors pour les criminaliser. Donc, quand la grève a commencé, les médias l’ont crucifiée en disant que ce n’était que des fainéants, des non-étudiants qui voulaient kidnapper l’université pour des intérêts qui n’étaient pas universitaires. Tu vois, c’était une campagne assez méchante et mensongère contre la grève étudiante. Du coup, pendant les premiers jours de la grève, un groupe d’ingénieurs a décidé de monter une radio sur la fréquence modulée pour créer un espace d’expression des différentes positions et surtout pour diffuser la voix de l’assemblée générale de la grève pour faire connaître ses initiatives et ses décisions.

Guillaume : Comment s’organise et fonctionne la radio ?

Raúl : Ah, ça c’est intéressant. Nous, on est des générations qui sont nées avec l’activité politique après ou avec le zapatisme. Donc, la première chose qu’on s’est dite c’est qu’on ne voulait pas de l’autorisation ou de la permission de l’État pour émettre. Car, il faut savoir que faire une émission sans autorisation légale, c’est un délit fédéral au Mexique. Il y a des gens qui sont passés en procès avec des peines lourdes pour ça : deux ans de prison et 50 000 pesos d’amende [soit 2 500 euros environ]. Mais, nous, par position de principe, on ne veut pas de la permission de l’État pour faire cette radio. Comme le mouvement indien, on considère que l’on n’a pas besoin de permis pour être libre, pour s’exprimer. Donc, on se prend la liberté et on la travaille comme la terre.
L’autre aspect intéressant de ce projet c’est l’organisation par assemblée. On n’a pas de permanents puisqu’on essaie d’éliminer la présence de l’argent au sein de la radio. Chaque individu, collectif ou groupe qui participe à la radio doit apprendre à gérer et à utiliser tous les outils de la radio. Tu dois apprendre à tout faire. C’est un aspect de l’autogestion auquel on est attaché et qu’on défend comme façon de changer la manière avec laquelle on communique avec les gens. On a une assemblée générale qui décide des affaires les plus importantes de la radio : si on doit changer du matériel, si on doit faire des changements dans la programmation, etc.
Autre aspect important à la radio : être ouvert aux gens qui luttent. C’est comme ça qu’a grandi la radio et qu’elle s’est maintenue : à travers les invitations aux gens qui sont en train de lutter et qui, de temps en temps, prennent un espace, plus ou moins long, pour parler de leurs luttes. Parfois, on a aussi « prêté » notre radio. Par exemple, pour la lutte de l’Appo [Assemblée populaire des peuples de Oaxaca], on s’enchaînait, c’est-à-dire qu’on prenait leur signal et qu’on le retransmettait à Mexico. Mais si on est ouverts, on ne l’est pour autant pas vis-à-vis des partis politiques. Pas question de parler des élections ou de faire de la propagande politique en faveur de tel ou tel candidat. Il y a aussi certaines règles de comportements : pas de propos homophobes, misogynes ou racistes. On ne fait pas non plus l’apologie de la violence.
Enfin, on n’a pas non plus de sponsor, on n’émet pas de publicité. Ce qui est une chose rare au Mexique où toutes les radios sont interrompues toutes les trois ou quatre minutes par quatre minutes de publicité ! L’argent, nous, on l’a grâce à des dons, souvent anonymes. On a aussi une approche particulière avec le matériel technique : on n’achète pas les émetteurs, mais on essaie de les fabriquer nous-mêmes, comme on a fait pendant la grève. On a les connaissances et on arrive à avoir une technologie qu’on maîtrise.

Guillaume : Quels sont les différents types d’émission que vous émettez à la Ke Huelga ?

Raúl : On a trois types d’émission. Il y a des émissions qui font une sorte de « revue » avec un espace pour les nouvelles, un autre pour la musique, un autre pour l’agenda militant et une autre pour la discussion et le débat. Ça c’est le type le plus commun chez nous. Sinon, on a aussi des émissions collectives ou individuelles qui sont plus musicales : hardcore, rap, reggae, musique des Balkans, etc. Souvent, ce sont des musiques qu’on n’entend pas sur les autres radios du pays. Et à part ces deux types d’émission, on a des projets sur des thèmes ponctuels, comme l’environnement par exemple. Sinon, moi je participe à un journal radio. On le fait tous les quatre jours et ça passe tous les matins à 8 heures et le soir vers 22 heures. On appelle ça : « communiquer la résistance ». C’est-à-dire qu’on ne parle pas de l’actualité politique nationale, mais des luttes contre le capitalisme, en faveur des travailleurs, etc.

Guillaume : Quel est l’impact populaire de la radio ?

Raúl : Ça c’est la question existentielle ! Moi je suis optimiste, mais j’ai l’impression qu’il y a énormément de personnes qui écoutent cette radio, des milliers ou peut-être même des dizaines de milliers. Elle est devenue après deux années d’émission continue une sorte de phénomène de société. Il m’est arrivé, dans l’autobus ou le métro, d’entendre des gens parler de la radio. Il y en a qui disent : « Tu sais, ces gens de la Ke Huelga, ce sont des cons, ils disent n’importe quoi, ils sont contre tout, ils n’aiment rien, ils ne proposent rien », mais il y en a d’autres qui disent : « Non, c’est formidable, il n’y a pas de publicité ! On peut y entendre de la musique qu’on n’entend nulle part ailleurs ! » On reçoit aussi de plus en plus de messages sur le répondeur qui montrent qu’il y a plein de monde qui écoute la radio. Mais c’est aussi un effet de diffusion : les gens qui luttent savent qu’il faut prendre en compte la Ke Huelga pour s’exprimer. Et puis, à cause de la répression, il y a très peu de radios libres sur la FM, on n’en compte que trois.

Guillaume : Justement, au niveau de la répression, qu’en est-il ? Avez-vous eu des problèmes ? Quelles formes prend-elle ?

Raúl : Faire de la radio libre, c’est un délit fédéral au Mexique. L’État sait où on est et qui on est, surtout que l’université où se trouve le studio a un système de vidéosurveillance. On pense donc qu’il y a une sorte de tolérance vis-à-vis de la radio, surtout parce qu’on ne fait pas de publicité. Parce que ce qui gêne le plus les propriétaires des radios commerciales c’est le fait qu’une autre station radio fasse de la publicité sans payer de taxe et sans permission. L’autre raison de cette tolérance, c’est que nos locaux sont dans l’université, et si l’État y envoie la police pour arrêter l’équipe, ça ferait un scandale national. Mais, l’État nous met des bâtons dans les roues quand même, notamment avec les interférences. Durant nos douze ans d’existence, on y a eu le droit cinq ou sept fois : il met un signal assez puissant pour brouiller notre signal. C’est plutôt ce type de répression. Mais on fait attention. Surtout que le gouvernement de Calderon a changé la loi pour durcir les peines contre les radios libres et les radios pirates (les radios qui passent des publicités sans permission, qui reçoivent de l’argent pour la pub mais qui ne payent pas de taxe [très différentes des radios libres]). Le gouvernement utilise une nouvelle loi : si tu fais une radio sans la permission de l’État, tu affectes les biens nationaux. Tu risques deux ans de prison et 50 000 pesos d’amende, ce qui est très élevé pour nous. On a des copains d’autres radios qui sont déjà passés devant les tribunaux pour cette raison. Il n’y a pas encore la sentence, c’est en cours. Sinon, il y a aussi eu des attaques contre d’autres radios, là c’est carrément la police et les militaires qui arrivent, qui encerclent la radio. Il y a des dizaines de cas comme ça. Après l’attaque, les radios recommencent leurs émissions, mais il faut racheter du matériel, etc. Mais pour l’instant, si je ne me trompe pas, il n’y a pas encore de gens en prison pour ça.

Guillaume : Changement de sujet. Qu’en est-il du mouvement zapatiste aujourd’hui en 2011 ? Quels sont ses points forts, ses limites, ce à quoi il doit faire face, etc. Comment a-t-il évolué depuis 1994 ?

Raúl : Je pense que le mouvement zapatiste a une vertu presque exclusive : le fait de développer une expérience autogestionnaire dans un territoire, à un niveau régional. Aujourd’hui, il y a une grande région qui est « gouvernée » par ce qu’on appelle les « conseils de bons gouvernements », organisés de telle sorte que ces gouvernements ne deviennent pas un autre pouvoir sur les gens et, qu’au contraire, les gens eux-mêmes puissent gouverner leurs affaires. Les communautés nomment leurs représentants qui nomment les conseils municipaux qui, une fois réunis, mettent en place les juntas [les conseils de bons gouvernements].
Il y a aussi l’accompagnement et la présence de l’armée zapatiste [EZLN, armée zapatiste de libération nationale]. Ça, il faut le dire, sans armée zapatiste, il n’y aurait pas cette expérience : elle représente une protection armée importante. Je pense que l’armée fédérale prend au sérieux le fait que les zapatistes sont armés et qu’ils n’hésiteront pas à répondre aux agressions. Je pense que, de ce fait, le zapatisme continue à être vivant et à agir. Mais il doit aussi affronter une offensive contre-insurrectionnelle très, très forte. C’est l’opération la plus pointue et la plus dure au Mexique contre la population. Il y a un véritable encerclement militaire : des milliers de soldats sont stationnés autour des communautés zapatistes. L’armée a aussi encerclé la forêt [dans laquelle se trouvent les zapatistes] en construisant des routes et des pistes d’atterrissage pour les avions, qui permettent d’établir un encerclement militaire plus performant. Auparavant, la grande forêt était difficile d’accès, l’armée ne pouvait envoyer que des troupes aéroportées, ce qui était une opération assez vulnérable. Aujourd’hui, on voit [grâce aux routes] des convois militaires qui passent très souvent.
Dans différentes régions, le gouvernement a aussi encouragé les affrontements entre les communautés zapatistes et celles non-zapatistes. C’est une stratégie dans laquelle le gouvernement fédéral et le gouvernement du Chiapas ont investi plein d’argent. Par exemple, avec les projets d’élevage de bétail : ils donnent à une communauté non-zapatiste du bétail, et cette communauté, pour nourrir ces animaux, fait pression sur les communautés zapatistes de sa région pour changer l’utilisation de la terre : ils demandent qu’une partie de la terre ne soit plus utilisée pour cultiver le maïs et autres cultures alimentaires afin de la donner au bétail. Et ça crée donc des tensions.
Le gouvernement utilise aussi des groupes paramilitaires. Du côté de Mixiton, près de San Cristobal de las Casas, il y a l’Armée de Dieu, un groupe paramilitaire qui mène une vie impossible aux habitants de Mixiton, proches de l’armée zapatiste et adhérents à l’Autre Campagne. Par exemple, ils en ont kidnappé quelques-uns, ils les ont tabassés très violemment et, après, ils les ont menacé de les brûler vivants : ils leur ont jeté de l’essence dessus. Bon, ils l’ont échappé belle, ils ne se sont pas fait tués, mais quand même… Partout, dans le Chiapas, on retrouve ces groupes encouragés par le gouvernement et qui commencent à avoir une attitude de plus en plus agressive à l’encontre des gens proches de l’armée zapatiste et de l’Autre Campagne.
L’autre aspect de la contre-insurrection du gouvernement, ce sont les projets de développement, surtout autour des agro-carburants : le gouvernement du Chiapas a favorisé des investissements pour produire des agro-carburants. Mais, à nouveau, ce sont des pressions sur la terre, car pour faire les plantations, ils ont besoin de la terre que les gens utilisent pour la culture des aliments. Enfin, il y a aussi une autre attitude du gouvernement, notamment vis-à-vis des écoles. Pendant des siècles, il n’y a pas eu d’écoles au Chiapas et ce sont les zapatistes qui ont commencé à en construire dans les communautés. Mais, maintenant, le gouvernement, dans sa stratégie contre-insurrectionnelle, installe des écoles officielles, à côté des écoles zapatistes et affirme qu’il ne reconnaîtra pas les diplômes obtenus et les études suivies dans les écoles zapatistes, pour obliger les gens à les déserter. Ils donnent même des bourses pour les étudiants.
Il y a donc tout un changement historique de l’attitude de l’État vis-à-vis de ces communautés. Et les zapatistes doivent y faire face. Mais je pense que les zapatistes sont, en ce moment, en train de se repositionner. On dit qu’il y aura des mobilisations importantes dans les prochains mois, mais on n’en sait pas plus que ça. Mais ça se sent que le zapatisme va reprendre les mobilisations de masse. Mais aucune certitude, c’est plutôt un sentiment.

Guillaume : Justement, est-ce que le mouvement zapatiste bénéficie encore d’un soutien populaire important ?

Raúl : Non, du tout, je pense que ça a beaucoup changé. Il y a eu un coup politique très dur à encaisser après l’affrontement entre Marcos et le candidat de la social-démocratie en 2006 [Andrés Manuel López Obrador, du Parti de la révolution démocratique (PRD)]. Il y a plein de gens qui se sont éloignés des zapatistes à cause de cet affrontement qui, de mon point de vue, allait parfois un peu trop loin. Il n’avait pas besoin d’être aussi belligérant. Mais, d’un autre côté, je pense que les médias ont joué aussi un rôle important en exagérant cet affrontement. Par exemple, Marcos se déclarait ouvertement contre les trois candidats des trois grands partis au Mexique, mais la presse reflétait surtout les attaques de Marcos contre López Obrador alors même que Marcos s’adressait aux trois. Beaucoup d’intellectuels s’en sont éloignés aussi parce qu’ils ne voient pas dans le zapatisme un projet viable. Et puis, il n’y a pas la même présence du zapatisme dans les médias. Et ceux qui écrivent c’est pour en dire tout et n’importe quoi.
De plus, le mouvement de López Obrador a une forte base populaire. Dans les bidonvilles, dans la couche moyenne basse, chez les personnes du troisième âge, il y a plein de monde qui soutient López Obrador, pas par un calcul politique, mais plus pour une question affective et culturelle assez profonde. Ces gens-là voient d’un mauvais œil l’attitude de Marcos contre López Obrador.
À part ça, il y a eu quelque chose que je trouve très positif : après le retour de Marcos au Chiapas quand il sort de la scène médiatique et politique, l’Autre Campagne a réussi à faire plusieurs initiatives et à consolider une mouvance assez hétérogène qui se présente désormais comme un acteur qui compte et qui agit. Et ce n’est pas une mouvance pour prendre le pouvoir, mais plutôt pour rassembler les luttes et pour apprendre à lutter ensemble. Par exemple, autour des prisonniers, on a réussi à lancer des campagnes importantes pour leur liberté : dénonciations, blocages de routes, manifestations, etc. Et ça, c’est quelque chose qui n’existait pas avant, tout devait passer par les partis, par les hommes politiques ou les intellos. Pour la première fois dans l’histoire du pays, on a une mouvance autonome, petite mais militante et avec une orientation générale commune. Après, il faut dire aussi qu’il subsiste quand même des problèmes de sectarisme politique au sein de l’Autre Campagne, des gens qui ne peuvent pas se supporter, etc. Mais ils parviennent à travailler dans le même sens, chacun de leur côté. Au lieu de faire un seul acte politique, on en fait deux, mais on le fait. Il y a des centaines de collectifs dans tout le pays qui font des choses dans le même sens, et ça je trouve que c’est très positif.

Propos recueillis par Guillaume Goutte
le 21 avril 2011
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Re: Echos du Mexique en lutte

Messagede chaperon rouge » 29 Juin 2011, 22:27

Tiré du Blogue du Collectif Emma Goldman http://ucl-saguenay.blogspot.com
Entrevue : Cinq ans après la Commune de Oaxaca, la lutte continue
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Il y a 5 ans dans la ville de Oaxaca, au Mexique, en mai 2006, débutait la Commune de Oaxaca avec l’installation d’un campement dans la capitale et le blocage des principaux accès par des piquets de grève tenus par un syndicat d’enseignantes et enseignants.

Parti d’une grève des enseignant-e-s durement réprimée, pour laquelle la population s’est solidarisée et est descendue dans les rues, le mouvement s’est ensuite tourné contre le gouverneur réactionnaire et corrompu de l’État de Oaxaca, Ulises Ruiz.

Mais ce sont les exactions des forces de l’ordre contre la population qui ont véritablement mis le feu aux poudres. Les habitants et habitantes ont résisté plusieurs mois aux troupes gouvernementales en montant et défendant des milliers de barricades coordonnées. Dans l’État de Oaxaca auto-gouvernée par les différents peuples, le climat est saturé d’électricité révolutionnaire. Une tragique et très douloureuse série d’attaques répressives et meurtrières mettra fin au mouvement des barricades vers la fin de l’année 2006. Quoiqu’il en soit, 5 ans plus tard, la lutte continue toujours.

La police et l’armée peuvent tuer des gens, plein de gens, mais elles ne peuvent certainement pas tuer les idées.

Pour l’occasion, un témoin des événements raconte, en français, ce qu’il a vu, entendu et aussi compris il y a 5 ans dans cette émouvante capsule radiophonique de 40 minutes diffusée dans l’émission de radio anarchiste Noir les horreurs sur les ondes de REEL-Radio FM, en Outaouais, le 3 juillet 2011.

Téléchargez l’entrevue à cette adresse http://www.radio4all.net/responder.php/ ... rview2.mp3
GUERRE À LA GUERRE, À BAS TOUTES LES ARMÉES
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Mexique: Tir au pigeon.

Messagede Sid » 13 Déc 2011, 16:19

http://lechatnoiremeutier.wordpress.com/

MEXICO – Deux étudiants ont été tués lundi après des affrontements avec la police d’état et fédéraux lors d’une violente manifestation qui a bloqué une route importante dans l’État méridional de Guerrero au Mexique.

Les deux corps gisait dans une mare de sang sur la route à péage reliant la ville de Mexico avec la station du Pacifique d’Acapulco, qui se trouve dans l’État de Guerrero.

Le procureur de l’État de Guerrero a déclaré que l’un des étudiants est décédé suite à une blessure par balle et l’autre a été mortellement touché à la tête par une pierre.

Il ajoute que les étudiants protestataires ont détourné les bus et mis le feu à une station d’essence avant que la police fédérale tirent des gaz lacrymogènes sur les manifestants puis des tirs ont retenti. Il a dit que les enquêteurs vont tenter de déterminer qui a tiré les coups de feu en premier.

Le gouvernement fédéral du ministère de l’Intérieur a publié une déclaration heures après la confrontation confirmant que les deux morts et en disant qu’il les regrettait. Il a déclaré que le gouvernement allait enquêter et traduire en justice les responsables.

La ligue de défense des droits humains Tlachinollan et d’autres organisations ont condamné les meurtres dans un communiqué, les qualifiant de «brutalité policière et une utilisation irrationnelle de la force.”

Elle a déclaré qu’environ 300 étudiants du collège des enseignants d’Ayotzinapa qui ont organisé la manifestation cherche à persuader le gouvernement de l’Etat “de répondre à leurs demandes d’éducation», mais n’a pas précisé quelles étaient ces revendications.

Les groupes de droits de l’accusé la police fédérale, qui sont en charge de la protection des routes nationales, des tirs sur les manifestants. Il a déclaré d’autres manifestants ont été pourchassés, battus et blessés.

Le gouvernement de l’Etat a publié une déclaration disant qu’il “n’a jamais empêché les manifestations publiques … et encore moins limité les expressions publiques de protestation. “

Il a déclaré que le gouverneur Angel Aguirre avait «résolu la majorité» des demandes des étudiants lors des réunions précédentes et était prêt à s’engager dans un dialogue avec eux.

Les universités publiques rurales au Mexique, certaines fondées dans les années 1930 avec une philosophie socialiste, ont longtemps été un foyer d’activisme radical.

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Mexique, solidarité avec Mario López

Messagede bipbip » 09 Juil 2012, 00:05

Communiqué commun de collectifs et organisations anarchistes en solidarité avec Mario López

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"La parole comme moyen d’unir les tendances. L’action, comme moyen pour rétablir les principes dans la vie pratique.”
Práxedis G. Guerrero


La matinée du 27 juin il y a eu une explosion dans les rues Vicente Guerrero et Londres, dans le quartier du Carmen, à Coyoacán. À cet endroit le compagnon Mario Antonio López Hernández a été retrouvé avec des brûlures sur plusieurs parties du corps. Il a été amené dans une ambulance encadré par la police à l’hôpital Rubén Leñero où il a été opéré de la jambe et du bras. À aucun moment il n’a été permis à ses proches de le voir, et encore moins de recevoir les conseils d’un avocat de sa confiance pour répondre aux accusations faite à son encontre. Au contraire, des éléments de la police judiciaire du DF l’ont harcelé de questions, lui mettant la pression pour qu’il fasse sa déclaration, même lorsque le compagnon n’était pas en condition physique pour le faire car il était encore anesthésié, et aurait accepté sa participation dans d’autres actions, en particulier l’explosion qui a eu lieu des heures avant sur un DAB de la Commission Fédérale d’Électricité.

Ce fut plus d’un jour après, et grâce à la pression que plusieurs compagnons ont mise, qu’il a pu enfin être en contact avec son avocat et sa famille. La maison de la famille du compagnon a été fouillée, sans rien trouver en lien avec les accusations. Depuis le matin du jour où Mario a été trouvé les moyens de communication massifs ont publié des notes où ils présentent le compagnon comme un dangereux terroriste.

Nous avons des informations qui disent que la police essaie de relier plusieurs personnes avec les faits, en concret Felicity Ryder, dont le nom a été utilisé dans plusieurs médias de masse comme la supposée complice de Marco, arrivant même à affirmer qu’elle a été arrêtée; cependant cela n’a pas été confirmé par la PGR.

Nous dénonçons ces irrégularités, pas parce que nous croyons dans les lois et la légalité, qui ne sers qu’à soutenir ce système prédateur, mais parce que nous pensons que c’est important de ne pas nous taire devant la tentative du Gouvernement du District Fédéral et la Police Judiciaire de monter un cas médiatique contre Mario en particulier et le mouvement anarchiste en général.

Pour nous il est évident que le Gouvernement du District Fédéral essaie de fabriquer un bouc émissaire avec Mario, montant un cas en essayant de le relier avec d’autres actions et en changeant les accusations, la dernière étant « Atteinte à la paix publique », en plus de commencer une chasse d’anarchistes. La PGR s’est montré incapable de freiner l’offensive de groupes d’action anarchistes et il essaient de profiter de l’accident du compagnon pour lui donner un traitement exemplaire et ainsi transmettre un message de peur aux groupes anarchistes; en plus nous savons que la police a une liste de noms de compagnons et d’organisations sur lesquels elle est en train d’enquêter.


Nous, membres de différentes organisations et collectifs du mouvement anarchiste nous déclarons :

. Notre solidarité totale avec le compagnon Mario dans ces moments difficiles. Nous l’embrassons et lui souhaitons une récupération rapide et totale.
. Que la solidarité entre anarchistes n’est pas que des mots sur le papier, ce pour quoi nous réaliserons des activités pour parler de la situation du compagnon, et aussi pour exiger sa liberté immédiate.
. Nous exigeons la présentation de Felicity Ryder. Dans une note du 29 juin publiée par le journal Excelsior il était fait mention de son arrestation, sans que cela soit démenti ou corroboré par la PGR.
. Nous rejetons et dénonçons la grossière tentative du GDF de faire du compagnon le bouc émissaire de leur incapacité.
. Nous appelons toutes les organisations indépendantes, autonomes et anticapitalistes à être attentives devant les tentatives du GDF de lancer une chasse à l’anarchiste. Nous sommes certains que ce gouvernement rénové de « gauche » continuera la politique de persécution et judiciarisation de toute expression politique qui ne s’en tient pas à son dessein.
. Que l’inégalité sociale sur laquelle se nourrit ce système de domination et d’exploitation est beaucoup plus violente que n’importe quelle protestation, et qu’elle réalise une atteinte au droit naturel d’une vie digne, en empêchant la liberté des individus, en pillant la nature, en soumettant les peuples, en dépouillant et jetant sans cesse de nombreuses personnes dans les prisons de cette société-carcérale, pour tout ça nous continuerons à nous organiser et à construire un monde nouveau, cimenté dans la liberté, l’entraide, la solidarité et la libre entente.

Pour la liberté de Mario !

Pour l’anarchie !



Cruz Negra Anarquista de México, Federation Anarchiste de México-DF-Edo. Mex., Groupe Anarco Comuniste, Collectif Acción Libertaria, Bibliothèque Sociale Reconstruir, Federation Ecatepec Anarchiste, Centre d’Information Anarchiste, Editions Hormiga Libertaria, Espace anarcofeministe Ni Ama Ni Esclava, Libertas Anticorp, Sin Medios Productions, Regeneración Radio, Projet Ambulante Medios Libresmappy, Projet Rhabdovirus, 2HAK Hip Hop Libertaire, Escarlata Revoltoza, Centre Social Okupé Casa Naranja, Radio Molocha, Individus Acrates de la Ligue de Lutte Libertaire
http://fr.contrainfo.espiv.net/2012/07/ ... rio-lopez/
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Re: Echos du Mexique en lutte

Messagede Flo » 10 Juil 2012, 12:47

Au Mexique, les manifestations hostiles au nouveau président se poursuivent

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L'Institut fédéral électoral (IFE) mexicain a beau avoir annoncé officiellement la victoire d'Enrique Peña Nieto, dimanche, les manifestations hostiles continuent. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues tout au long du week-end dans plusieurs grandes villes mexicaines pour protester contre l'élection du candidat du PRI (Parti révolutionnaire institutionnel), qui marque pour eux le retour de la corruption et du clientélisme. Les manifestants accusent en outre Enrique Peña Nieto de ne pas avoir respecté les lois régissant la campagne électorale et d'avoir "acheté des voix".

Quelque 18 000 personnes ont manifesté à Mexico, samedi, plusieurs milliers à Monterrey, grande ville du nord-est du Mexique, et également à Guadalajara, dans l'ouest du pays. Partout, les slogans étaient les mêmes : "Non au retour du PRI, Peña Nieto dehors !", "La démocratie est morte", "Ils peuvent couper les fleurs, pas le printemps".

A Mexico, certains manifestants arboraient le masque des Anonymous, d'autres portaient sur la tête une boîte faisant office de poste de télévision pour protester contre Televisa, la plus grande chaîne de langue hispanique, qu'ils accusent de partialité. "Nous voulons la démocratie, pas des feuilletons", proclamait également une pancarte, en référence à Angelica Rivera, la femme de Peña Nieto, qui est une actrice populaire de telenovela.

YO SOY 132, LA CONTESTATION À VISAGE DÉCOUVERT


Dans la foule, beaucoup de jeunes, mais également des organisations syndicales et des étudiants, se revendiquent du mouvement "Yo soy 132", accusé par le PRI d'être à l'initiative des actions de contestation.



"Yo soy 132" ("Je suis le 132e") est né le 11 mai dernier, alors que Enrique Peña Nieto, alors en campagne, se rend à l'université ibéro-américaine, une école privée de Mexico. Le favori des sondages, qui est venu pour séduire la jeunesse de la classe moyenne, est accueilli par des étudiants en colère qui lui lancent des chaussures et crient "Fuera, fuera" ("dehors, dehors").

Le candidat, forcé d'interrompre son discours, part sous les huées. Les images de l'incident se répandent sur les réseaux sociaux, et l'équipe de campagne de Peña Nieto tente alors de minimiser l'événement, accusant les agitateurs de ne pas être des étudiants, mais des personnes payées par l'opposition pour perturber le meeting. Relayées par les chaînes de télévision locales, ces accusations poussent 131 étudiants à mettre en ligne une vidéo où ils témoignent à visage découvert en donnant leur nom et leur numéro d'étudiants.

DISTRIBUTIONS DE BONS D'ACHAT

"Dans la foulée, se crée le mouvement baptisé 'Yo soy 132', un mouvement hostile au système, qui dénonce les grands médias et notamment la chaîne Televisa, qui a ouvertement fait campagne pour le candidat du PRI", explique George Couffignal, directeur de l'Institut des hautes études de l'Amérique latine. "Pour cette élection, l'opposition était organisée : des milliers d'observateurs ont surveillé les bureaux de vote. Les manifestants ne contestent pas la légalité du scrutin, mais plutôt le nom respect des lois électorales et accusent le PRI d'avoir acheté des voix".

Le parti, qui a gouverné le Mexique sans discontinuer de 1929 à 2000, aurait notamment distribué des millions de bons d'achat valables dans la chaîne de supermarchés Soriana et dépensé environ 49,09 millions de dollars pour ses frais électoraux, un montant largement supérieur au seuil légal (21,7 millions de dollars).

Lire : "Pourquoi l'alternance au Mexique a profité au PRI"

Andres Manuel Lopez Obrador, surnommé "AMLO", qui a, selon les résultats officiels, recueilli 31,6 % des voix contre 38,2 % pour Enrique Peña Nieto, a d'ailleurs annoncé dimanche qu'il contesterait devant le tribunal électoral le résultat de l'élection. Le candidat de gauche et ancien maire de Mexico tente de récupérer le mouvement de contestation, mais les leaders de Yo soy 132 ont rappelé qu'ils resteraient une force politique "indépendante et critique".

En 2006, Lopez Obrador avait déjà dénoncé une fraude dans le scrutin présidentiel, perdu par 0,56 % de différence avec l'actuel président sortant, Felipe Calderon. Ses partisans avaient bloqué pendant plus de six semaines le centre de la capitale.

Pour George Couffignal, spécialiste des mouvements politiques au Mexique, "la déception des jeunes est grande car ils ont l'impression qu'avec ce nouveau président, c'est le retour d'un parti connu pour 'ses petits arrangements' à la limite de la légalité. Mais la contestation ne va pas prendre de l'ampleur. Soit l'opposition arrive à prouver que les règles électorales n'ont pas été respectées et arrive à faire invalider l'élection, ce qui est peu probable. Soit le résultat est entériné, et la contestation s'éteindra peu à peu." En décembre, Peña Nieto, qui a été gouverneur de l'Etat de Mexico entre 2005 et 2011, devrait alors prendre de facto le pouvoir, succédant au conservateur Felipe Calderon.

>> Lire également : "Mexique : violence et pauvreté, les deux défis d'Enrique Peña Nieto"

Anne-Gaëlle Rico

http://www.lemonde.fr/ameriques/article ... eto&xtcr=1
"La société à venir n'a pas d'autre choix que de reprendre et de développer les projets d'autogestion qui ont fondé sur l'autonomie des individus une quête d'harmonie où le bonheur de tous serait solidaire du bonheur de chacun". R. Vaneigem
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Re: Echos du Mexique en lutte

Messagede indignados » 12 Juil 2012, 10:54

communiqué Association Espoir Chiapas : http://l-indigne.skyrock.com/3101831843 ... iapas.html


Bonjour,




.communiqué : communiqué Association Espoir Chiapas

Avant tout, recevez nos salutations depuis Paris et depuis le Chiapas, Mexique! Nous vous envoyons un message vidéo de la part des compagn-e-on-s de la Société Civile Las Abejas, qui nous avait été envoyé par leur biais à notre grande surprise, pour se solidariser avec le Forum Européen des Grands Projets Imposés Inutiles, mais aussi avec les luttes européènnes du NO TAV, et de l'aéroport de Notre Dame des Landes.

Ces derniers ont insisté pour envoyer ce message aux compagn-e-on-s qui luttent en Europe, pour construire des ponts entre ceux qui luttent pour défendre leur territoire et leur terre. Du coup nous nous excusons de l'effet de surprise et de ne pas savoir vraiment qui contacter pour diffuser ce message, mais nous comptons sur vous pour nous aider à le faire

La vidéo est donc visible sur youtube a partir de cette adresse :

Téléchargeable en bonne qualité a partir de celle ci :

Las Abejas nous ont aussi envoyé un communiqué fort intéressant et impactant à joindre avec la vidéo, nous venons tout juste de terminer la traduction Merci de nous aider à diffuser!

Nous restons à votre entière disposition pour plus d'information,Solidairement

Association Espoir Chiapas / Asociacion Esperanza Chiapas

199 avenue Pierre Broselette, 92120 Montrouge

Site: espoirchiapas.blogspot.com



Contact France - Contacto Francia

Solène: 06 08 63 35 66

Contact Chiapas - Contacto Chiapas

espoirchiapas@msn.com, 967 130 1129



Histoires de guérillas (Zapatistes ...) - Vidéo Dailymotion 1H00)



Voici un documentaire retracant l'histoire des guerillas sud américaines au cours du 20e siècle. Partant du debut au mexique, avec 'emiliano zapata, pour finir par les zapatistes actuel, le mouvement des sans terre dirigé par le sous comandant marcos. Un meme slogan: "Terre et liberté!"
Le film aborde egalement les cas de cuba, du nicaragua, du perou, de la colombie, du salvador, des sandinistes et des théoriciens de la liberation excomuniés par le vatican ...



Du Béarn au Chiapas ( 31 min)

Le documentaire "Du Béarn au Chiapas, le miroir de l'éducation" a été réalisé par Nicolas Loustalot dans le cadre du projet Lutopia (lutte par et pour l'utopie) dont le but était de construire un pont en forme de miroir entre deux mondes qui s'ignorent, à savoir le Béarn et une communauté zapatiste au Chiapas...





festival zapatiste "la Digne Rage"- Mexique / 2009



Retrouve les discours du festival traduits en Français sur le site du comité de soutien aux indiens du Chiapas en lutte : http://cspcl.ouvaton.org/



Témoignage d'un paysan déraciné - Mexique/Chiapas ( 12 min)

#

zoom sur une situation commune à de nombreux paysans d'Amérique Latine.



Oaxaca, histoire d'une insurrection ( 16 min)

Bien que les médias traditionnels ne laissent filtrer aucune information, voici ce qui se passe depuis quelques mois à Oaxaca ..

Révoltes à Oaxaca Mexique 1/8, part 2/8 , part 3/8 ,part 4/8, part 5/8 , part 6/8 , part 7/8 , part 8/8 ,

partie 2/8 : Suite de l’introduction et premier film, durée 19.59 minutes
Réunion publique de la Fédération Anarchiste de rennes du 23/01/2007 sur l'insurrection populaire de la région d'Oaxaca, région du Mexique. (Eté 2006 à nos jours). L'Etat mexicain a brisé par la répression cette tentative d'instaurer une société égalitaire et solidaire. Un compagnon du CSPCL Marc Tomsin revenait mi-novembre 2006 de Oaxaca. Il nous a fait le plaisir de son témoignage.
4 films ont été projetés qui témoignent de ce vaste mouvement.



Oaxaca 1er mai 2 novembre

Evenements du 1er mai au 2 novembre à Oaxaca, ville du mexique ou une revolte populaire est partie d'une greve de profs pour arriver à une ville en etat de siege.



Oaxaca résiste

L'état d'Oaxaca (Mexique) connait depuis mai-juin dernier une situation quasi-insurectionnelle. La répression lancé par l'état contre les 70 000 instituteurs en grève occupant la ville à déclenché début Juin une véritable révolte populaire. En deux heures la population avait chassé de la ville les 3000 policiers envoyé par le gouverneur de l'état Ulises Ruiz et repris le contrôle de la capitale de l'Etat.


Keny Arkana > Autre Monde Possible ( extrait de 15 min), Un autre monde est possible ( durée 60 min), [Le Monde diplomatique - edición chilena], Presentación "Otro Chile es posible" (1 ( 34 min), La Lutte Mapuche au Chili ( television Frances " France 24 ") , La batalla de Chile 2 El golpe de estado 1/9 : documental bastante completo en muchos aspectos de la politica, dirigido por Patricio Guzmán






Voir Présentation du blog - anarkia:
Bienvenue dans Anarkia. Mon blog a pour but d’expliquer la crise permanente » du capitalisme, ces dérives, les enjeux d’hier et de demain

Sur Indigné Révolté :
rencontre avec Jaime Huenchullan, porte-parole mapuche de la communauté autonome de Temucuicui , Lettre ouverte de Jaime Huenchullan Cayul depuis la prison de Victoria , L'agriculture de la faim , L'éducation victime de la crise mondiale , Malédiction ! -Antoine de Ravignan , Enjeux alimentaire, spéculation et chute tendanciel du taux de profit , risque systémque et capital fictif , ce soir Le chagrin et la pitié , La peste brune relève la tète dans cette Grèce en crise terminale. Y a–t-il quelqu'un pour l'arrêter ?...

Sur citoyenactif :
Rio + 20 - Sommet des peuples - Lettre d'info n°1 : citoyen actif, Colombie : peuples indigènes en résistance / : citoyen actif, L'art D'ignorer les Pauvres : citoyen actif, Solidarité avec Cajamarca - Pérou : citoyen actif, PROJECTION-DÉBAT - citoyen actif - La une des Blogs, PROJECTION-DÉBAT - citoyen actif - La une des Blogs, Le Capital - travail : citoyen actif, Lobby Planet : citoyen actif,
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Re: Echos du Mexique en lutte

Messagede bipbip » 08 Sep 2012, 17:32

Déclaration du CNI (Congrès National Indigène - Mexique)

Déclaration du CNI
(via CSPCL http://cspcl.ouvaton.org/)

À l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) À tous les indigènes du Mexique et du monde, À la société civile nationale et internationale À la Zesta Internationale Aux organisations et aux membres de La Otra Campaña Aux organisations solidaires du Mexique et du monde.

Nous nous manifestons pour partager le Cœur de nos Peuples, Nations, Tribus et Quartiers, et en tant que membres du Congrès national indigène nous avons décidé d’un commun accord de faire connaître notre Parole et notre Pensée, après avoir travaillé lors des réunions tenues les 10, 25 et 26 août 2012, dans le District fédéral de ce pays qui est le notre, le Mexique.

Considérant :
Que les grandes entreprises transnationales, les organismes financiers nationaux et internationaux et les Mauvais Gouvernements de l’État mexicain continuent leur guerre d’extermination, de destruction et de mort envers tous ceux qui luttent pour la vie, le travail, la paix, et la culture du respect ;
Que les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire qui existent au Mexique se sont unis pour justifier les humiliations, les vols, les assassinats, les emprisonnements, l’exploitation, les spoliations envers les peuples originaires du Mexique et la majorité de la population ;
Que les politiques et les actions des mauvais gouvernements de la Fédération, des États et des municipalités n’ont réussi qu’à renforcer le crime organisé et à accentuer la nette faiblesse d’un système économique, politique et social qui laisse dans la pauvreté la majorité des Mexicains, au profit d’un petit nombre de chefs d’entreprise exploiteurs et de politiciens qui changent de parti en fonction de leurs intérêts particuliers, ce qui affecte l’ensemble de la population travailleuse, les non salariés, les paysans, les jeunes, les femmes et les enfants ;
Que la mort, la spoliation et l’exploitation signifient de grands profits pour les puissants et leurs laquais qui appliquent les politiques néolibérales du capitalisme ;
Que nous, les indigènes du Mexique, les pauvres, les ignorés de toujours, nous sommes prêts à vivre notre vie pour démontrer qu’un autre monde est possible, beaucoup plus humain que celui en vigueur, c’est pour cette raison que nous avons décidé de faire connaître la déclaration suivante :

DÉCLARATION

Premièrement. – Nous continuerons à construire et à défendre l’autonomie, l’autodétermination et la reconstitution intégrale de nos territoires, le soin de la nature et de nos sites sacrés, ainsi que de notre culture, de la terre, de l’eau, des déserts et des montagnes. Nous continuerons à lutter jusqu’à obtenir la Justice, la Démocratie et la Paix que nous méritons tous, nous les Mexicains.

Deuxièmement. – Après avoir écouté la parole qui signale les luttes et les résistances qu’il y a sur tout le territoire mexicain contre cette guerre d’extermination, nous cherchons à faire fraterniser nos luttes et nous sommes décidés à unir nos cœurs et nos mains pour que se construise la paix. Nous soutenons toutes les luttes justes au Mexique et dans le monde, et en particulier les suivantes :

a) celle que mène la Tribu Yaqui pour éviter d’être dépouillée de son eau par la construction de l’aqueduc du barrage du Novillo, de la part des gouvernements de la Fédération et de l’État de Sonora et de grands chefs d’entreprise comme Carlos Slim. La spoliation continue bien qu’ils aient gagné des jugements et des mesures de protection. Nous exigeons l’arrêt immédiat de la construction de l’aqueduc et le châtiment de ceux qui attentent contre l’existence de la Tribu Yaqui en prétendant la dépouiller de son eau.

b) Celle des frères wixárikas, qui sont unis dans le Conseil Régional Wixárika, qui regroupe les villages de Cuexcomatitlán, Teponuajuaxtlan et la Communauté autonome de Bancos de San Hipólito, qui défendent la vie, les lieux sacrés et leur culture contre les entreprises minières du grand capital.

c) La communauté indigène coca de Mezcala exige le châtiment du groupe paramilitaire que dirige le patron envahisseur Guillermo Moreno Ibarra, qui intimide, provoque, divise et menace les membres de cette communauté. Nous exigeons le respect des décisions prises par les Assemblées communales, et nous ne permettrons pas qu’on criminalise leur lutte pour la conservation de la terre et du territoire. Nous exigeons que restent libres de toute charge pénale les frères comuneros de Mezcala qui ont été accusés de manière injuste par les puissants, avec l’aide des gouvernements de l’État de Jalisco et de la municipalité, dans un jugement totalement irrégulier qui dure depuis plus d’un an.

d) La communauté mazahua de San Antonio Pueblo Nuevo de San José del Rincón, État de Mexico, qui exige la reconnaissance et le respect de ses 1846 hectares de terre communale dont les mauvais gouvernements veulent la dépouiller, de même qu’ils prétendent les transformer en terre d’ejido, premier pas vers leur privatisation [1]. Ils signalent également que quelques membres de leur communauté qui sont arrivés à la ville de Mexico depuis les années 1950-55 par besoin d’avoir une vie meilleure subissent aujourd’hui la répression, le racisme, l’humiliation, de la part des autorités du Gouvernement du District Fédéral et de ceux qui n’ont pas tenu l’engagement signé dès 1997 pour le réordonnancement de la voie publique, dans lequel il avait été convenu du replacement sur un lieu artisanal.

e) Le village purhépecha de Cherán a actuellement trois demandes de base : la Justice, la Sécurité, et la Reconstitution de son territoire. Il exige le respect de ses propres formes d’auto-organisation et de ses institutions politiques de la part des gouvernements de la Fédération et de l’État du Michoacán. Il exige aussi une enquête et le châtiment des coupables des disparitions, enlèvements, torture et assassinats des frères comuneros. Nous exigeons le démantèlement du crime organisé qui a dévasté la forêt, et qui affecte la vie et la liberté du peuple purhépecha.

f) Le village amuzgo de Xochistlahuaca, dans l’État du Guerrero, perpétue la pratique d’appliquer ses connaissances pour défendre la terre mère et ses coutumes ancestrales, de même que sa langue maternelle. Ils le font notamment au travers de leur radio communautaire connue à l’échelle nationale et internationale, Radio Ñomndaa La Parole de l’Eau. Nous exigeons qu’ils soient respectés et qu’il n’y ait pas de harcèlement contre ce village et sa radio.

g) L’ejido chol de Tila, dans la zone nord du Chiapas, exige le respect de sa terre et de son territoire car ils sont contre la spoliation de 130 hectares que veut leur infliger le Gouvernement du Chiapas qui, au travers de l’expropriation, prétend leur enlever ce qu’il y a de plus sacré pour les peuples et qui est la terre mère. Nous exigeons que la Cour suprême de justice (SCJN) résolve en leur faveur la demande 259/82 qu’ils ont déposée, et dont le verdict devrait tomber le 3 ou le 4 septembre. Le village de Tila n’est pas prêt à se laisser voler.

h) Les communautés de San Francisco Xochicuautla, Huitizizilapan de la commune de Lerma, et Ayotuxco, de la commune de Huixquilucan, regroupées dans le Front des Peuples indigènes pour la défense de la Terre Mère de la région Otomí Mexica (État de Mexico) exigent le respect de leur autonomie et le droit ancestral à leur territoire. Elles dénoncent les violations de leurs droits, la menace et l’intimidation qu’elles subissent parce qu’on veut les dépouiller de leurs ressources naturelles et de leur territoire avec la construction du projet routier Toluca-Naucalpan.

i) La lutte que mènent les peuples Ikoots et Binnizá dans la région de l’Isthme de Tehuantepec, dans l’État d’Oaxaca, contre l’entreprise éolienne Mareña Renovables qui est à la tête de la spoliation de terre et territoire avec la prétention de construire le parc éolien appelé « San Dionisio e Ismeño ». Nous rendons responsable le grand capital dirigé par l’entreprise Mareña Renovables et le Fonds d’infrastructure Macquaire, entre autres, des conflits qui dériveraient de leur volonté de pénétrer sur ces territoires contre la volonté des peuples.

j) Les villages situés au sud et à l’ouest de la ville de Mexico (District fédéral), sont contre la construction du projet routier baptisé Arco Sur, parce qu’il porte atteinte à leurs terres et territoires. Ce projet est considéré comme un sous-produit du Projet National d’ Infrastructure qu’ils rejettent catégoriquement. Ils dénoncent les menaces et les actions qui dérivent de l’application de l’ALENA par les grandes firmes multinationales.

k) La communauté de San José del Progreso (Oaxaca), regroupée dans la Coordination des villages unis de la vallée d’Ocotlán s’oppose au projet minier qui fait partie des concessions accordées par le gouvernement fédéral aux multinationales, dans ce cas à l’entreprise canadienne Fortuna Silver Mines et Minera Cuzcatlán, et qui laisse déjà pour cette année un solde de deux compañeros tués et trois autres blessés parmi les opposants à la spoliation et à la pollution des projets à ciel ouverts.

l) La communauté zapotèque de San Isidro Aloapam dans la Sierra de Juárez, demande la liberté du comunero Pablo López Alavez, qui est membre du Conseil indigène populaire d’Oaxaca Ricardo Flores Magón (CIPO-RFM) et qui se trouve incarcéré à la prison de Villa de Etla (Oaxaca) pour avoir défendu la forêt et les terres contre les pilleurs de bois et les militaires qui résident dans la commune de San Miguel Aloapam.

m) Nous exigeons des gouvernements de la Fédération et de l’État du Guerrero le respect des villages et communautés qui sont regroupés autour de la Coordination régionale des autorités communautaires de La Montaña et Costa Chica et de leur police communautaire, CRAC-PC. Également l’arrêt du harcèlement et des accusations mensongères contre leurs autorités, élues en Assemblées. Tout cela dans le but d’affaiblir l’organisation de nos peuples, de fomenter la division entre les communautés pour appuyer les grandes entreprises transnationales, au premier rang desquelles les compagnies minières.

Troisièmement. – Nous saluons avec plaisir la prochaine réunion du Congrès national indigène de la Région Nord-ouest du Mexique, qui aura lieu les 31 août, 1er et 2 septembre de l’année en cours, en Basse Californie, et à laquelle convoquent les sœurs et frères des peuples, nations et tribus de cette région, parmi lesquels se trouvent les Kumiai, les Cucapá, les Yaquis et les Mayo. Nous appelons les Peuples, Nations, Tribus et Quartiers à faire tout leur possible pour assister à cette importante réunion du CNI. Nous nous joignons aussi à l’invitation que nous lancent les frères de la Tribu Yaqui à réaliser sur leur territoire une réunion les 12 et 13 octobre de l’année en cours.

Quatrièmement. – Nous dénonçons les agressions que subissent constamment les Conseils de bon gouvernement et les bases de soutien de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), de la part des gouvernements de la Fédération, de l’État et des municipalités, ainsi que des membres de partis politiques comme le PRI, le PVEM et le PRD, et des organisations paramilitaires comme l’Organisation régionale des caféiculteurs d’Ocosingo (ORCAO). Nous appelons les hommes et les femmes du monde entier à trouver le chemin pour être aux côtés des communautés zapatistes et leur apporter leur soutien dans la lutte qu’ils livrent contre la politique néolibérale qui cherche à les opposer sur le territoire libéré depuis qu’ils ont récupéré les terres en 1994. Nous exigeons la liberté de notre frère Alberto Patishtán, injustement emprisonné depuis des années.

Cinquièmement. – Devant la situation que vit notre pays, pleine d’insécurité, d’agressions constantes, de harcèlement, de menaces, de disparitions, d’enlèvements et de meurtres de nos frères et sœurs sur tout le territoire mexicain, nous avons décidé de nous déclarer en Session permanente, dans le but de donner une réponse rapide et ainsi d’éviter l’impunité, l’injustice, et surtout de rester vigilants pour vivre en paix, en toute tranquillité à l’intérieur de nos communautés.

Sixièmement. – Nous revendiquons une nouvelle fois les Accords de San Andrés comme notre Constitution pour atteindre l’autonomie, la libre autodétermination de nos peuples et la reconstitution intégrale des Peuples indigènes de notre pays, le Mexique.

Septièmement. – Nous invitons la communauté nationale et internationale, les hommes et les femmes, les jeunes, les vieillards, à garder leur cœur sain afin de se joindre aux actions de soutien pour la défense de notre culture, de notre terre et nos territoires, de nos lieux sacrés, de nos aliments et plantes, de notre lutte pacifique, et pour ne pas permettre que les politiques néolibérales nous détruisent.

Jamais plus un Mexique sans nous

Congrès National Indigène, Ville de Mexico (District fédéral), le 30 août 2012.

[1] Il existe dans la loi mexicaine deux sortes de terre collective : celle des communautés indigènes, la terre communale, est intouchable ; celle des ejidos, communautés paysannes pas forcément indiennes, peut en revanche être morcelée et vendue par lots — chaque membre pouvant réclamer « sa part » — depuis la réforme de l’article 27 de la Constitution imposée par le président Salinas de Gortari en 1992. NdT.

Traduit par el Viejo
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Re: Echos du Mexique en lutte

Messagede K.O.A.L.A » 24 Sep 2012, 18:25

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¡ Duro Compañer@s ! Oaxaca 2006 : Récits d’une insurrection mexicaine

Pauline Rosen-Cros, ¡ Duro Compañer@s ! Oaxaca 2006 : Récits d’une insurrection mexicaine, tahin-party, oct 2010, 368p., ISBN 978-2-912631-19-0, 7 euros

Quand Pauline Rosen-Cros sort de la gare d’Oaxaca le 14 juin 2006 au petit matin, c’est pour une visite touristique du Mexique... Mais au premier coin de rue, elle tombe au milieu d’un affrontement entre les enseignants en grève et la police d’Oaxaca. La bataille tourne rapidement à l’avantage des profs, aidés par la population du centre-ville, et l’Assemblée Populaire des Peuples d’Oaxaca (APPO) est créée quelques jours plus tard. Elle sera l’institution qui (auto)gérera la ville d’Oaxaca pendant les six mois que durent l’insurrection.

Cette première rencontre motivera l’écriture d’un livre sur l’insurrection d’Oaxaca (Mexique) où l’auteure a principalement résidé entre 2007 et 2010, participant à la vie politique locale et menant un travail de recherche sur l’année 2006.

Pauline Rosen-Cros, 25 ans, licenciée de sciences politiques à l’Université Lyon 2, a participé à l’écriture collective du livre Le CPE est mort, pas la précarité (2007), en écrivant parallèlement des articles sur le site d’informations rebellyon.info. Depuis 2007, elle a principalement habité à Oaxaca.

À l’occasion de la sortie du livre "¡Duro Compañer@s ! Oaxaca 2006 : récits d’une insurrection mexicaine", de Pauline Rosen-Cros, aux éditions tahin party, en librairie le 13 octobre 2010, une tournée de présentation parcourra plusieurs villes de France, de Suisse et de Belgique.



Lire en ligne : http://tahin-party.org/textes/Oaxaca-2006.pdf
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Re: Echos du Mexique en lutte

Messagede K.O.A.L.A » 28 Sep 2012, 20:44

Retours sur la rébellion zapatiste : enjeux, limites et portée

Interview de Bernard Duterme (directeur du CETRI - Centre tricontinental, www.cetri.be)

Parmi les résistances actuelles au système mondial moribond, le cas des Zapatistes du Mexique est sans doute la plus proche de la mouvance libertaire. Dans leurs revendications tout d’abord, mais également et surtout dans leur fonctionnement, combinant démocratie directe et apprentissage sur le terrain. Bien que certains succès soient indéniables, la situation des insurgés du Chiapas illustre également les difficultés que peut rencontrer un mouvement populaire intransigeant, en particulier dans le contexte de mondialisation qui prévaut actuellement. Plus de 15 ans après leur soulèvement, il est utile de faire un bilan de la rébellion. Pour tirer des leçons mais également pour faire connaître leur combat, trop souvent oublié, même dans les milieux progressistes.

Pourriez-vous nous rappeler brièvement ce qu’est, ce qu’a été la rébellion zapatiste du Chiapas, ses origines et ses principales revendications ?

Le 1er janvier 1994, des milliers d’Indiens mayas, faiblement armés et le visage souvent recouvert d’un passe-montagne, se sont emparés de quatre localités importantes de l’État du Chiapas, dans le sud du Mexique, à la frontière avec le Guatemala. Les insurgés se sont fait appeler « zapatistes », du nom d’Emiliano Zapata, l’une des grandes figures de la Révolution mexicaine du début du 20e siècle. Leurs revendications ? La justice, le respect et la dignité ; la fin de 500 ans de discrimination culturelle, économique et politique à l’égard des indigènes mexicains ; mais aussi, la démocratisation du Mexique et la lutte pour une autre mondialisation. Les communiqués du porte-parole de la rébellion, le « sous-commandant » Marcos – l’un des rares membres non indigènes de la rébellion –, ont bien vite fait le tour du monde. Universitaire urbain, Marcos a émigré au Chiapas dix ans plus tôt, en 1984, avec la ferme intention, à la mode de Che Guevara, d’y « allumer » la révolution. Lui et ses camarades ne seront toutefois pas les seuls à « travailler » aux côtés des Mayas tzotziles, tzeltales, tojolabales, choles de la région. Les animateurs sociaux de l’Eglise catholique de l’évêque de San Cristobal de Las Casas, Samuel Ruiz (décédé cet hiver 2011), sont aussi à l’œuvre dans les villages indigènes, depuis de nombreuses années. Forts de ces influences multiples mais contrecarrés dans leurs projets d’émancipation par l’autoritarisme de l’élite locale et par les conséquences de la libéralisation du système économique mexicain, la chute du prix du café, la réforme constitutionnelle de 1992 qui casse tout espoir de réforme agraire, etc., d’importants secteurs de la population indigène du Chiapas vont entrer en rébellion, le jour même de l’entrée en vigueur des Accords de Libre-Echange Nord-Américain (ALENA) qui ouvrent les frontières du Mexique aux États-Unis et au Canada... Mais le coup d’éclat de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) du 1er janvier 1994 fera long feu. Lourdement réprimés, les Indiens insurgés vont rapidement se replier et réintégrer leurs villages. Commencera alors un long processus de militarisation de la région par les autorités, de mobilisation pacifique des zapatistes et de négociation erratique...

Quelle est la situation actuelle de la rébellion zapatiste ?

D’une certaine façon, on peut dire que le statu quo prévaut toujours. Statu quo dans le rapport de force avec les autorités gouvernementales depuis que les zapatistes se sont sentis trahis (dès 1996 et plus encore en 2001 au terme de leur marche sur Mexico) par la non-application des « accords de San Andres », les seuls accords signés à ce jour entre le gouvernement mexicain et les commandants rebelles et qui portaient sur la reconnaissance des « droits et cultures indigènes ». Les autres thèmes prévus par les négociations n’ont même jamais pu être entamés. Ils étaient censés porter sur les dimensions plus politiques (démocratisation) et socioéconomiques (redistribution) des revendications zapatistes... Sur le terrain, la stratégie de pourrissement de la situation, privilégiée par les gouvernements successifs depuis près de quinze ans, a peu varié. En marge d’une certaine indifférence, d’un laisser faire apparent à l’égard des expériences d’« autonomie de fait » dans lesquelles les bases d’appui de l’EZLN – des centaines de communautés, des dizaines de milliers d’indigènes répartis sur des fragments plus ou moins importants d’un territoire de la taille de la Belgique – se sont résolument engagées (surtout depuis 2003 et la création des cinq « Conseils de bon gouvernement » rebelles)..., en marge donc d’une acceptation passive de façade du « fait » zapatiste par les autorités, la militarisation de la région est toujours une réalité (une centaine de postes de l’armée fédérale quadrillent les zones rebelles), ainsi d’ailleurs que sa paramilitarisation (« parrainage » de groupes indigènes anti-zapatistes) qui, ajoutée au harcèlement, à l’exacerbation des tensions et des divisions au sein des villages par un traitement public clairement différencié, tend à miner et à saper la très difficile construction de l’émancipation zapatiste. A la vulnérabilité sociale et militaire des rebelles, est intimement liée bien sûr leur vulnérabilité économique (refus de toute « aide » de l’Etat, dépendance à l’égard de la solidarité internationale, faiblesses des alternatives hors marché…), ainsi que le relatif isolement politique dont l’EZLN souffre au sein des gauches mexicaines... Isolement consécutif, entre autres, à certaines postures politiques prises par le sous-commandant Marcos sur la scène nationale, perçues comme « intransigeantes » ou « inconséquentes » aux yeux de ses alliés d’hier[1]. Bref, statu quo, pourrissement, vulnérabilité... la situation concrète n’invite pas à l’optimisme. Pour autant, cette rébellion recèle aussi d’importants atouts qu’on ne peut oublier ou sous-estimer. Son bilan positif reste considérable.

Justement, quels sont les points forts de l’EZLN ? Quelle est aujourd’hui la portée politique et historique de ce mouvement ?

Les zapatistes gardent le mérite d’avoir donné vie, à partir de leur ancrage local, à un idéal éthique et politique désormais universel : l’articulation de l’agenda de la redistribution à celui de la reconnaissance. En prenant les armes d’abord, pacifiquement ensuite, au gré des circonstances, des rapports de force et de l’adaptation de leurs propres stratégies. « Nous voulons être égaux parce que différents », répètent ses commandants sous leur cagoule devenue le symbole incongru d’une affirmation identitaire. Insurgés pour « la démocratie, la liberté et la justice », ils ne seront certes pas parvenus à refonder la Constitution, à décoloniser les institutions, à démocratiser véritablement le pays, mais ils auront doté les luttes paysannes et indigènes pour la dignité d’une visibilité et d’une portée inédites. Et ils entendent continuer à peser sur les choix de société, dans un Mexique bloqué politiquement et grand ouvert aux vents dominants de l’économie globalisée. Le zapatisme participe ainsi pleinement de ces mouvements indiens qui, en Amérique latine, en Bolivie et ailleurs, de la base au sommet, font la preuve – fragile – que la mobilisation pour la reconnaissance des diversités n’implique pas nécessairement crispation identitaire ou « clash des civilisations » et qu’elle peut aller de pair avec la lutte pour la justice sociale et l’Etat de droit. Ces dernières années, du fin fond du Chiapas, la rébellion zapatiste s’est inscrite plus clairement qu’auparavant dans l’anticapitalisme (et plus seulement dans la dénonciation du néolibéralisme) et a désormais donné rendez-vous à ses « zapatisants », « en bas à gauche »...

Certains auteurs ont comparé la rébellion zapatiste à diverses expériences libertaires (de la révolution espagnole ou russe notamment) entrées elles aussi dans l’histoire des luttes. Cette comparaison est-elle pertinente ?

C’est un fait qu’on retrouve dans le « cocktail » zapatiste – qui est aussi un « mix » actualisé d’influences idéologiques parfois concurrentes – une certaine « saveur » libertaire... parmi d’autres donc... et plus ou moins accentuée selon les circonstances. C’est dans la pratique politique expérimentée dans les communautés autonomes et argumentée dans les textes du sous-commandant Marcos qu’elle est la plus apparente. Elle est rejet de toute forme de dogmatisme et d’avant-gardisme, d’imposition ou de confiscation du pouvoir, d’abandon de souveraineté dans des structures partisanes en surplomb. Elle s’organise dans la rotation incessante et la révocabilité immédiate de tous les mandats, de toutes les « charges » qu’à tour de rôle les délégués indigènes – hommes et femmes – acceptent d’assumer bénévolement au sein des cinq « Conseils de bon gouvernement », des cinq « Caracoles », où l’on gère l’autonomie éducative, sanitaire et, autant que faire se peut, productive et commerciale (café, artisanat...) des communautés. Pour Marcos, c’est le même refus de l’aliénation, de la hiérarchisation, de la distanciation, de la séparation des registres... qui se joue dans la radicalité démocratique de l’expérience zapatiste et qui irrigue ses écrits poético-humoristico-politiques[2]. Cela étant, l’originalité du zapatisme réside, me semble-t-il, moins dans l’actualisation d’un quelconque logiciel libertaire épuré (les Indiens zapatistes assument par exemple leur fort patriotisme mexicain !), que dans l’articulation de registres divers, puisés dans l’histoire des luttes, ancienne ou plus récente. Car si la rébellion du Chiapas s’est effectivement fait connaître par le « renouveau » de ses formes d’organisation (démocratiques, horizontales, réticulaires…), de son répertoire d’actions (symboliques, médiatiques, expressives…), de ses valeurs (dignité, diversité…), de ses revendications (autonomie, reconnaissance…), de son rapport au politique (contre-pouvoir civil…) et des identités mobilisées (culturelles, sexuelles…), un examen attentif de l’épaisseur du réel, au-delà du discours de Marcos, suffit à mesurer combien les conduites « verticalistes » et autoritaires, les modes d’expression classiques, les aspirations égalitaires à la redistribution des richesses, les revendications strictement socioéconomiques, l’obsession du pouvoir de l’Etat et les identités de classe sont demeurées prégnantes dans le mouvement, avec plus ou moins d’intensité, il est vrai, selon les périodes[3]. Quel rôle joue exactement le sous-commandant Marcos dans cette dynamique plurielle ?

Officiellement, Marcos est chef de l’EZLN (en tant qu’armée...) et porte-parole de la rébellion, donc « sous-commandant » répondant aux ordres et orientations des « commandants » exclusivement indigènes qui composent le CCRI (Comité Clandestin Révolutionnaire Indigène), l’instance de direction de l’EZLN... Dans les faits, son rôle aura été sans doute bien moins central que ne l’ont établi les autorités mexicaines et une certaine couverture médiatique, mais probablement nettement plus déterminant que ce que lui-même a essayé de nous dire à de multiples reprises, avec plus ou moins de mauvaise fois. Il n’aura été ni le grand manipulateur des indigènes ni leur simple porte-parole. « A l’insu de son plein gré », oserait-on dire, son personnage de « médiateur » génial, tantôt grave tantôt ironique, entre le monde indigène maya et l’extérieur a joué à plein dans l’écho, dans le retentissement international du zapatisme et, au-delà, dans cette idée d’« indéfinition » politique du mouvement (« le chemin se fait en marchant, en questionnant ») qu’il a su cultiver et qui lui a valu tant de sympathie dans sa quête d’« un monde où il y aurait de la place pour de nombreux mondes ». C’est, du reste, ces leitmotivs qui ont encore servi de toile de fond aux nouveaux textes fleuves écrits par le sous-commandant à l’occasion de la dernière (en date) grande rencontre internationale organisée par les zapatistes en 2009 dans le Chiapas, le « Festival de la Digne Rage ».

[1] . Lire B. Duterme, « Passés de mode, les zapatistes... », Le Monde diplomatique, octobre 2009. [2] Lire Sous-commandant Marcos et Jérôme Baschet, Saisons de la Digne Rage, Paris, Flammarion, 2009. [3] Lire Marc Saint-Upéry et Bernard Duterme, « El zapatismo como movimiento social », Entre Voces, n°5 – 2006 (http://bibliotecavirtual.clacso.org.ar/ ... trevo5.pdf).


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Re: Echos du Mexique en lutte

Messagede Pïérô » 07 Déc 2012, 08:44

Communiqué de la Croix Noire Anarchiste Mexicaine
suite aux déclarations du Gouvernement du District Fédéral


Mexique, District Fédéral, 3 décembre 2012

Ces derniers jours, suite aux événements qui se sont déroulés lors des manifestations du 1er décembre envers l'investiture du Président Enrique Peña Nieto -au cours desquelles les forces de l'ordre, autant les fédérales que celles du District Fédéral , ont réprimé brutalement les manifestants- des fonctionnaires du Gouvernement du Dsitrict Fédéral, parmi lesquels se trouvent le chef de gouvernement du DF et le procureur de la capitale , ont déclaré que les responsables des affrontements étaient des groupes anarchistes.

A ce sujet, nous voulons déclarer :
La Croix Noire Anarchiste Mexicaine est une initiative libertaire. Nos actions ont pour but de développer la solidarité aux prisonniers (que ce soit pour les prisonniers de droit commun ou ceux détenus pour leurs idées et actions anarchistes), de les accompagner dans leurs processus juridiques, de diffuser leurs lettres et de réaliser des actions sur leur situation: Nous réalisons des ateliers anti- répressifs, promouvons l'auto-organisation dans nos quartiers et nos communautés, tout comme la connaissance de stratégies de défense légale, avec l'idée selon laquelle la répression est un mécanisme inhérent au Capital et à l'Etat. Répression qu'ils n'hésitent pas à utiliser pour maintenir la domination et l'exploitation grâce auxquelles se maintient notre système. Nous diffusons également des idées et des réflexions anticarcérales, impulsant le débat sur le caractère de contrôle social que revêt la prison, et sur sa fonction qui est de maintenir le système capitaliste.

Nos efforts s'orientent donc vers ces tâches, lesquelles ont toujours eu un caractère public. Toutes les activités que nous organisons, et celles auxquelles nous participons, sont convoquées depuis notre page Internet ou par courrier électronique, en plus d'être signées. Dans les médias de masse, il a été mentionné qu'entre les détenu(e)s se trouvaient des personnes appartenant a des groupes anarchistes. Face à ces affirmations, il est nécessaire de déclarer qu'aucune des personnes détenues n'appartient à la Croix Noire Anarchiste Méxicaine. Cependant, nous manifestons notre absolue solidarité envers toutes les personnes détenues et nous exigeons leur libération immédiate.

Nous voyons dans ces déclarations, à travers lesquelles ils tentent de nous désigner comme les auteurs des événements qui se sont déroulés pendant les manifestations, qu'elles font partie d'une campagne de criminalisation et de persécution à l'encontre de groupes et d'individus anarchistes et libertaires. Marcelo Ebrard , à travers sa gestion comme Secrétaire de la Sécurité publique de la Ville, s'est caractérisé en montrant du doigt et en criminalisant les groupes anarchistes. Ainsi, cette campagne diffamatoire ne nous surprend pas et nous voyons en ces signalements une revanche à l'encontre du travail que nous menons, principalement celui en solidarité avec les jeunes anarchistes que le gouvernement du District Fédéral a enfermé dans ses prisons ces dernières années.

Nous avons apporté notre solidarité, à différents cas de prisonniers politiques au niveau national, et nous avons réalisé plusieurs dénonciations mettant en évidence le caractère intrinsèquement répressif du gouvernement du District Fédéral, lequel utilise ses lois à sa guise afin de créer et de monter de toute pièce des accusations en des processus remplis d'irrégularités.

Nous dénonçons que cette campagne persécutrice, initiée en 2003, et qui s'est exercée notamment à travers des “signalements” de groupes anarchistes après la manifestation du 2 octobre et qui s'est accentuée au cours de l'an dernier (sans même mentionner que ces jours derniers a par exemple circulé une convocation apocryphe), continuera avec l'administration de Miguel Ángel Mancera , qui lui non plus n'a pas hésité à faire des déclarations inculpant des groupes anarchistes qui militent dans “la Ville du Désespoir”.

Ce qui s'est passé le 1er décembre est le produit du mécontentement social. L'investiture d'Enrique Peña Nieto n'en est seulement qu'une partie. Nous ne pouvons ignorer qu'il existe une indignation grandissante face au climat social, économique et politique actuel, au sein duquel la concentration du Pouvoir en un groupe réduit de personnes et d'entreprises est en train de causer de graves conséquences sociales pour l'immense majorité des gens. La police, fédérale et locale, a fait don de son habituelle brutalité contre tous les manifestants et contre tout ce qui était sur son passage, faisant des détentions arbitraires et indistinctes. Cela, ajouté à la nouvelle des camarades blessés aux alentours de San Lázaro, a déchaîné de plus belle la haine des manifestants.

C'est elle la première violence et face à elle, il sera toujours légitime de nous organiser. Les vrais terroristes sont ceux qui, par leur action ou leur silence complice, ont soumis ce pays à guerre insensée, remplissant les villes de peur et de mort, persécutant et criminalisant la pauvreté et assassinant celui qui s'organise et qui ose faire face.

A travers ce communiqué, nous dénonçons donc la campagne grandissante de criminalisation à l'encontre de la protestation sociale, et en particulier à l'encontre des groupes et individus anarchistes. Nous en accusons le Gouvernement du District Fédéral. Nous exigeons la liberté immédiate de toutes les personnes détenues.

A bas les murs des prisons !
Liberté pour tous et toutes !

Croix Noire Anarchiste Méxicaine

http://www.anarkismo.net/article/24441
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Re: Echos du Mexique en lutte

Messagede Pïérô » 08 Déc 2012, 16:00

Déclaration de l'Alliance Anarchiste Révolutionnaire

Position de l'Alliance Anarchiste Révolutionnaire sur les événements du 1er décembre

Aux organisations sociales
Aux médias
A la classe ouvrière en général

Le 1er décembre 2012 a eut lieu la cérémonie de la démocratie bourgeoise qui concluait officiellement la sanglante administration de Felipe Calderón, qui transmet ainsi la charge présidentielle au criminel Enrique Peña Nieto. En réalité il s'agit de la continuité d'un modèle politique et économique prédateur qui continuera a dégrader les conditions d'existence de la classe ouvrière, pour continuer à assurer les intérêts des grandes capitales. La cérémonie a eut lieu au milieu d'un déploiement excessif de forces de sécurité incluant une collaboration des organes de renseignements de l'Etat Majeur Présidentiel avec la Police Fédérale Préventive et divers corporations de la sécurité de la capitale. Les actions qui se sont déroulées dans un premier temps, comme celle de la flagrante agression contre la communauté environnante en violant son espace de transition et d'activités quotidiennes, dérivant du blocus de sécurité et des barrages policiers ont rencontré dès le début le rejet explicite aussi bien du voisinage que d'amples secteurs de la société. le déploiement excessif des forces de sécurités que nous comprenons comme une provocation claire de l'administration fédérale entrante en direction de l'ensemble de la population, afin de signifier dès son commencement la manière dont sera propagé l'incertitude, la terreur et la violence.

Tel est le cadre dans lequel des milliers de personnes et de nombreuses organisations sociales de tout le pays se sont rassemblés à proximité du Palais Législatif de San Lazaro pour protester contre l'acte de possession de Enrique Peña Nieto. Les attaques de la police ne se sont pas faites attendre, en jetant des gaz lacrymogènes et des balles caoutchouc qui visaient directement les manifestants, causant des dommages graves et irréversibles aux compagnons. ces agressions augmentèrent la tension, la rage, le sentiment d’impuissance et le mécontentement généralisé. C'est devant ces attaques que les secteurs sociaux ont commencé à user de la légitime défense. Ces tactiques d'auto-défense, qui répondirent à l'assaut policier avec son usage de la force disproportionné, comme les actions de sabotages qui eurent lieu, ne furent à aucun moment préméditées par les anarchistes ou quelque autre organisation. Ces actions rendent comptent de la frustration de divers secteurs face au désespoir qui prime dans la classe ouvrière qui voit ses conditions sans cesse paupérisées.

Nous reconnaissons les actions de sabotages et la confrontation directe contre les forces policières comme moyens légitimes de défense qui se développèrent durant de la manifestation de manière spontanée. Elles furent un recours employé par l'ensemble des organisations convoquées et également déployées par les personnes qui passe habituellement par la place, également désespérées par les condition d'existence qui poussent à l'agonie. Nous remarquons que les déclarations du Gouvernement du District Fédéral qui accusent ouvertement le mouvement anarchiste en général et certaines organisations en particulier ne correspondent pas à la manière dont se sont déroulés les faits. Il s'agit clairement d'une stratégie pour semer la désorganisation, la désarticulation du mouvement social et le mécontentement en ascendance visible, et d'un autre côté de criminaliser le mouvement anarchiste.

La conjoncture actuelle que nous traversons se présente à chaque fois en augmentant les tensions et antagonismes de classes. La crise généralisée du Capital qui fait reposer ses coûts sur le prolétariat, a rencontré des démonstrations de rejet tout autour de la planète. Le panorama national caractérisé par une recrudescence de signes de violence de l'Etat et du crime organisé, la négation des droits concédés par la démocratie bourgeoise dans son discours, tend à se montrer chaque fois plus hostile pour les familles de travailleurs. Le jeu d’échec du pouvoir continue de se mouvoir pour continuer à perpétuer les privilèges des élites économiques. La signature récente du "Pacte Pour le Mexique" par les sbires du pouvoir est une démonstration claire que l'administration entrante s'est positionnée pour mener jusqu'à ses ultimes conséquences le modèle néo-libéral actuel. Ce "pacte" trace les réformes structurelles qui permettront de plonger le prolétariat dans un état ​​de vulnérabilité totale.

Le retour du PRI au pouvoir exécutif avec Peña Nieto en tête était un mouvement nécessaire à la profondisation des reformes structurelles. Les antécédent criminels de l'actuel titulaire de l’exécutif avec la boucherie qu'il a ordonné à San Salvador Atenco, la vague croissante de féminicides, la place des groupes du crime organisé dans l'état qu'il gouvernait, tout comme les cas de corruptions documentés et d'enrichissement de membres de son cabinet (il suffit de parler d'Osorio Chong titulaire du gouvernement, qui a également permit aux Zetas d'agir en toute impunité quand il était gouverneur de l'Etat d'Hidalgo), sont des signes claires que l'administration utilisera les recours les plus néfastes pour mener à bien son projet de mort. Dans ce plan sont également alarmantes les initiatives de réforme de la loi de sécurité publique qui prétendent attribuer une capacité majeure à l'Etat pour liquider les moindres signes d'opposition politique que ce soit. Ce que nous interprétons comme un signe clair de provocation contre la société en général et le mouvement social et les groupes anarchistes en particulier. Cette question doit être considérée avec la plus grande précaution afin d'être préparés face à l'assaut de l'état assassin qui se montre clairement. Des actions responsables et conséquentes des secteurs actifs du prolétariat doivent pointer vers le déploiement d'une tactique et d'une stratégie qui nous permettra de réaliser comme une victoire immédiate la chute du régime du PRI avec tous ses alliés politiques PAN et le PRD.

L'anarchisme en tant que théorie et pratique révolutionnaires qui surgit dans un contexte historique spécifique du développement de la lutte de classes, reprend les intérêts authentiques du prolétariat jusqu'à son émancipation du capital et de sa dictature généralisée dans tous les aspects de l'existence. Nous ne sommes pas surpris de voir que d'amples secteurs de la population s'identifient avec ses principes généraux. L'Etat et la presse bourgeoise avec son appareil idéologique prétendent réduire l'anarchisme uniquement au désordre généralisé, le présentant à un tel niveau d'abstraction et d’ambiguïté qu'ils le délégitiment tel qu'il est: une théorie révolutionnaire authentique avec des principes politiques bien définis ainsi qu'une tactique et une stratégie concrètes.

Ainsi ils trouvent dans le mouvement anarchiste le bouc-émissaire idéal, auquel on peut attribuer l'origine des épisodes insurrectionnels, mésestimant et réduisant les manifestations de mécontentement de la classe ouvrière à de simples actes de vandalismes provenants de groupes isolés. En ultime instance on trouve les conditions concrètes d'exploitation et de violence qui maintiennent la classe ouvrière, celles qui se trouvent au fond des actions déployées ce premier décembre.

L’Alliance Anarchiste Révolutionnaire dénonce l'usage disproportionné de la force étatique, qui va des détentions arbitraires de plus d'une centaine de manifestants en allant jusqu'à appréhender des personnes qui ne faisaient que passer par là, sans remettre en cause l'usage de la violence.

Nous manifestons notre rejet total de l'opération déployée par le gouvernement de la Capitale, avec comme principal responsable, le criminel Marcelo Ebard, qui dans ses discours ne cesse de faire appel à l'équité et au respect des droits humains.

Nous signalons que le recours à la violence contre les manifestations légitimes du peuple s'est caractérisé indistinctement de la part des partis PRI, PAN et PRD, qui représentent le panorama actuel, chose très préoccupante pour les organisations qui constituent une opposition réelle.

Ainsi même nous exposons que les organisations Coordination Etudiante Anarchiste, Bloque Noir México et L’Appel de la Liberté (toutes trois membres de l'Alliance Anarchiste Révolutionnaire) et la Croix Noire Anarchiste, sont des groupes politiques qui depuis leurs revendications embrassent la théorie et la pratique anarchistes dans leur totalité, c'est à dire qu'à partir respectivement des luttes étudiantes, de la diffusion et de la propagande, et de la solidarité avec les prisonniers, elles apportent à la critique et à la lutte anarchistes, et avec ceci à la lutte révolutionnaire en général et que ceci va plus loin que la conjoncture actuel ou un jour de manifestation.

Le mouvement anarchiste organisé et sérieux au Mexique, est un projet embryonnaire qui à travers de quelques groupes et individus qui se revendiquent comme tel, ont rencontré dans cette posture les tactiques et propositions politiques nécessaires pour transformer la réalité en vigueur. Sans doute, le mouvement anarchiste tel quel, même si il croît, ne détient pas la capacité pour articuler, organiser ou conspirer une manifestation de l'envergure du 1er décembre et nous disons à nouveau que ce fût le prolétariat mexicain dans un exercice légitime de son auto-défense qui a manifesté énergiquement son mécontentement avec le retour du PRI et ce que cela représente.

Nous exigeons :

1. La libération immédiate et inconditionnelle des prisonniers.

2. L'arrêt des persécutions contre le compagnon José Uriel Sandoval Diaz, étudiant de l'UACM qui est en ce moment à l'Hôpital Général après la perte de son œil occasionné par une balle en caoutchouc et que la police n'arrête pas d'accuser avec la menace de la détention. Ainsi même nous exigeons l’indemnisation des coûts immédiats et futurs.

3. L'arrêt de la fabrication de montages contre des groupes anarchistes maintenant une activité militante, tout comme la persécution et la satanisation médiatique qui se fait de l'anarchisme et des ses sympathisants en général.

Nous rendons responsables et dénonçons le Gouvernement Fédéral et celui de la capitale pour quelque tentative de détention que ce soit, enquête préliminaire, tenue de procès-verbaux ou tout autre action judiciaire contre des groupes ou individus anarchistes et reconnaissons ces tentatives comme une revanche politique afin de nous utiliser comme boucs émissaires.

La violence quotidienne à laquelle nous sommes soumis sous la dictature du Capital et de son organe de défense l'Etat (qui réduit nos conditions à la misère et au pourrissement, persécutant l'opposition politique avec les actes les plus vils qui distinguent l'appareil d'Etat: torture, prison, disparitions forcées, etc.), n'est en rien comparable aux signes de rage et de frustration que des secteurs conscients du prolétariat déploient comme tactique. Nous disons à partir de ce moment, que les anarchistes comme entité endogène du prolétariat nous embrassons et revendiquons les manifestations dignes du mécontentement du peuple, contribuant à ce que celles-ci croissent qualitativement.

Pour l'anarchie.
Pour l'émancipation totale du prolétariat.

Alianza Anarquista Revolucionaria conformada por los grupos :
Bloque Negro, Colectivo Autónomo Magonista, Coordinadora Estudiantil Anarquista, Escarlata Revoltosa, Grupo Anarco Comunista, Grupo Bandera Negra, Juventud Libertaria, La llama de la libertad

Traduction, Comité Editorial d'Anarkismo.net
http://www.anarkismo.net/article/24450
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Re: Echos du Mexique en lutte

Messagede barcelone 36 » 10 Déc 2012, 19:37

http://www.federation-anarchiste.org/sp ... rticle1099
Mexique - Communiqué de soutien aux victimes et aux personnes détenues suite à l’investiture d’Enrique Peña Nieto

dimanche 9 décembre 2012
[photos ci-dessous]

Mexique - Communiqué de soutien aux victimes et aux personnes détenues suite à l’investiture d’Enrique Peña Nieto

Dimanche 9 décembre 2012,

Le 1er décembre, les forces de l’ordre, municipales et fédérales, faisant usage de balles en caoutchouc, tirées à bout portant, et de grenades lacrymogènes, ont provoqué des dizaines de blessés, dont au moins deux sont dans un état grave. Les habitants de Mexico sont descendus dans la rue pour protester contre l’investiture du nouveau président mexicain, Enrique Peña Nieto. Ils ont été confrontés, dès l’aube, à une répression policière exceptionnelle. Ex-gouverneur de l’Etat de Mexico, Enrique Peña Nieto est notamment responsable de la répression et des violences policières commises à San Salvador de Atenco, en 2006, lors des manifestations contre un projet d’aéroport. Son élection frauduleuse de juillet dernier annonçait le retour au pouvoir du PRI (Parti révolutionnaire institutionnel), qui a gouverné le Mexique pendant soixante-dix ans jusqu’en 1989, dans la corruption et la violence.

Les droits à la liberté d’expression et à la liberté de manifester dans l’espace public sont des droits fondamentaux de la population lorsque le mal-être social doit s’exprimer. Des barrières et des murs métalliques ont été dressés sur le parcours permettant d’accéder au Zocalo (place principale de Mexico). La mani­fes­ta­tion, com­po­sée d’étudiants, de pro­fes­seurs, de mères au foyer, d’ouvriers et d’anar­chis­tes a été harcelée par 6 000 policiers anti-émeute déployés aux abords du palais législatif de San Lázaro. Ces mesures disproportionnées ont provoqué la colère populaire car perçues comme une entrave à leur libre circulation.

Au ras-le-bol légitime de toute une population qui doit affronter chaque jour la pauvreté et la corruption, le nouveau pouvoir a donc répondu par des agressions d’une grande brutalité et des arrestations massives, et des actes de tortures durant les gardes à vue. 67 personnes sont toujours emprisonnées et encourent des peines allant de dix à trente ans de prison pour délit d’« attaque à la paix publique et à la stabilité de l’Etat ». Les lésions causées par les forces du désordre, dont la perte d’un œil chez un des blessés et une blessure grave à la tête chez un autre, sont dues aux tirs de balles de caou­tchouc, dont l’usage est inter­dit au Mexique, et qui, selon les recomman­da­tions de l’ONU, ne doi­vent pas être tirées à moins de 30 mètres. Des personnes simplement de passage dans les zones d’affrontements et ne participant pas aux manifestations ont également été arrêtées de manière arbitraire. Le but est de diviser, de terroriser, de décourager et d’écraser toute forme de résistance sociale.

Comble de l’hypocrisie et du cynisme, le « maire » de la capitale, Marcelo Ebrard, veut maintenant stigmatiser les anarchistes en les rendant responsables des affrontements, alors qu’ils se défendaient au côté de la population. Des organisations comme la Coordination étudiante anarchiste, Yosoy132 et Cruza Negra Anarquista, ouvertement opposées à toute forme de criminalisation de la contestation sociale et de la jeunesse, deviennent les boucs émissaires désignés par le gouvernement fédéral. La campagne de persécution et de diffamation à l’encontre des groupes et individus anarchistes et libertaires n’est pas nouvelle, mais elle s’accentue fortement, relayée par les mass médias complices de cette élection frauduleuse. Pour rappel, 300 anar­chis­tes furent encerclés par la police pen­dant deux heures lors de leur rassemblement au monument de la Révolution le 1er mai der­nier.

La Fédération anarchiste exprime toute sa solidarité envers les victimes des sévices commis par les sbires du pouvoir et est aux côtés de tous ceux et celles qui luttent contre l’Etat et sa violence, au Mexique comme ailleurs.

Libération immédiate des personnes détenues et abandon des charges contre elles !

Relations internationales de la Fédération Anarchiste

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Re: Echos du Mexique en lutte

Messagede bipbip » 18 Déc 2012, 02:12

Communiqué d'Alternative Libertaire

Halte à la répression contre nos camarades du Conseil Indigène Populaire d’Oaxaca – « Ricardo Flores Magon » !

Alternative Libertaire exprime son soutien au Conseil Indigène Populaire d’Oaxaca « Ricardo Flores Magon » (CIPO-RFM) qui se trouve menacé une fois de plus par la politique du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), fraichement revenu au pouvoir, de répression et de criminalisation du mouvement social mexicain. Avec le prétexte de la récente apparition de l’Armée Populaire Magoniste de Libération Nationale, un groupe armé qui se dit magoniste (courant libertaire mexicain), et du respect de la « loi », et alors même que le PRI n’a pas hésité à violer la loi pour revenir au pouvoir (financement de la campagne, achat de votes, collusion avec les médias), le nouveau gouvernement souhaite discréditer et réprimer toute initiative et mouvement populaires, qu’ils soient étudiant, indigène ou libertaire.

Après la répression brutale du mouvement #132 (lancé par des étudiant-e-s au printemps pour s’opposer au retour du PRI et réclamer plus de démocratie et de transparence) lors de la mobilisation du 1er décembre contre la prise de fonction d’Enrique Peña Nieto, ce serait au tour du CIPO-RFM de subir la violence politique dont l’état mexicain est si friand. En effet, des informations préoccupantes nous sont arrivées d’Oaxaca sur les préparations d’une opération policière et paramilitaire contre la maison communautaire du CIPO dans la banlieue de la ville d’Oaxaca. Cette opération serait faussement justifiée par l’influence du CIPO sur le mouvement #132 et sa participation au nouveau groupe guerrillero magoniste, allégations totalement erronées.

Le CIPO-RFM, organisation « amie » d’Alternative Libertaire, est une organisation indigène, libertaire et magoniste pacifique, indépendante de tout groupe armée ou parti politique, qui ne « dirige » aucun mouvement mais soutient toute initiative pacifique de résistance, comme le mouvement #132. Le CIPO-RFM a déjà subi bien assez de répression pour son combat pour la justice, l’autonomie des peuples indigènes d’Oaxaca et la défense des Droits de l’Homme et des Peuples Indigènes. Nous dénonçons tout nouvel acte répressif contre cette organisation, et appelons à la solidarité internationale pour garantir la sécurité de nos camarades mexicains.

Alternative libertaire le 17 décembre 2012
http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle5099
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