Mexique

Re: Mexique

Messagede Pïérô » 10 Jan 2015, 15:28

Parole de l’EZLN pour le 21e anniversaire du début de la guerre contre l’oubli.
Sous-commandant Insurgé Moisés. Armée Zapatiste de Libération Nationale. Mexique.

31 décembre 2014 et 1er janvier 2015.

Compañeras et compañeros proches des étudiants d’Ayotzinapa assassinés et disparus par la faute du mauvais gouvernement et de ce système capitaliste :
Compañeras et compañeros du Congrès National Indigène :
Compañeras et compañeros et compañeroas de la Sexta du Mexique et du monde :
Compañeras et compañeros Base de soutien de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale :
Compañeras et compañeros commandants et commandantes, chefs du Comité Clandestin Révolutionnaire Indigène-Commandement Général de l’EZLN :
Compañeras et compañeros miliciennes et miliciens :
Compañeras et compañeros insurgés et insurgées :
Compas :

Par ma voix parle la voix de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale.
Recevez tous, toutes et tout.e.s qui ont été et sont présents, le salut des hommes, des femmes, des enfants, des anciens et anciennes zapatistes.
Que soit bienvenu le pas, la voix, l’écoute, le regard, le cœur collectif d’en-bas et à gauche.
Nous avons comme invités d’honneur les familles de ceux qui nous manquent à Ayotzinapa, au Mexique et dans le monde.
Nous vous remercions de tout cœur de l’honneur que vous nous faites en étant présents ici aux côtés des peuples zapatistes que nous sommes.
Vos silences et vos mots nous honorent également.
Votre douleur et votre rage nous rapprochent.
Nous, les hommes et les femmes zapatistes, ne perdons pas de vue ni ne refusons l’écoute de la peine et de la colère d’Ayotzinapa que nous montrent et parlent les proches.
La peine pour les morts et les disparus. La colère pour les mauvais gouvernements qui cachent la vérité et nient la justice.
Ce que nous savons et ce dont nous nous souvenons de cette lutte d’Ayotzinapa c’est que seulement comme peuples organisés nous trouverons la vérité.
Non seulement la vérité disparue à Ayotzinapa, mais aussi toutes les vérités qui ont été séquestrées, emprisonnées et assassinées dans tous les recoins de la planète Terre.
Sur cette vérité aujourd’hui absente nous pourrons construire la justice.
Parce que nous, hommes et femmes zapatistes, nous pensons qu’il ne faut plus avoir confiance dans les mauvais gouvernements qu’il y a partout dans le monde.
Ces mauvais gouvernements qui ne servent que les grands capitalistes.
Ces mauvais gouvernements qui ne sont que les employés du capital. Les contremaîtres, les majordomes et les caporaux de la grande hacienda capitaliste.
Ces mauvais gouvernements ne feront jamais rien de bien pour les peuples.
Peu importent toutes les paroles qu’ils peuvent dirent, ces gouvernements ne commandent pas, parce que le véritable Commandeur est le capitalisme néo-libéral.
C’est pourquoi il ne faut rien croire des mauvais gouvernements.
Tout ce que nous pouvons vouloir en tant que peuples nous devons le construire entre nous.
Tout comme les proches des assassinés et disparus d’Ayotzinapa construisent leur recherche de vérité et de justice.
Tout comme vous construisez votre propre lutte.
Nous voulons dire aux pères et mères des compagnons disparus de ne pas se fatiguer de lutter et de ne pas cesser de lutter pour la vérité et la justice pour les 43.
Cette lutte des proches d’Ayotzinapa est l’exemple et l’aliment que vous nous donnez, à nous, ceux qui veulent vérité et justice sur toutes les terres de la planète.
Elle veut que nous prenions exemple sur les papas et les mamans, délaissant la maison et la famille pour travailler et rencontrer d’autres familles qui connaissent les mêmes douleurs, rages et résistances.
L’espoir n’est pas dans un homme ou une femme individuellement, comme ils nous font croire en disant « votez pour moi » ou « venez dans cette organisation parce que nous allons gagner la lutte ».
C’est comme ça qu’ils disent.
Mais, quelle lutte ? Oh, nous savons que ce que eux veulent c’est arriver au Pouvoir et après ils oublient tout et tout le monde.
C’est pour ça qu’il vaut mieux que nous prenions exemple des proches d’Ayotzinapa dans la manière de nous organiser.
Il faut construire et faire grandir des organisations dans chaque lieux où nous vivons.
Imaginons comment pourrait être une nouvelle société.
Pour ça nous devons étudier comment nous sommes dans cette société dans la quelle nous vivons.
Nous, hommes et femmes zapatistes, nous disons que nous sommes dans une société où nous sommes exploités, réprimés, méprisés et dépouillés depuis des siècles par des patrons et des leaders, et jusqu’à maintenant, à la fin de 2014 et aux débuts de 2015, la société continue comme ça.
Et depuis lors ils ont voulu nous tromper en nous disant que eux, ceux d’en-haut, sont les plus cool et que nous, nous ne servons à rien.
Que nous sommes idiots et idiotes, comme ils disent.
Qu’eux savent penser, imaginer, créer, et que nous ne sommes que les péons de ce qu’ils font.
« Qu’ils aillent se faire foutre avec ça ! » « Ça suffit ! », comme nous avons dit nous, hommes et femmes zapatistes, en 1994, et nous avons alors dû nous gouverner de manière autonome.
C’est ainsi que nous le voyons, nous, hommes et femmes zapatistes, que cet effort dans le travail et dans la lutte avec révolte et dans la résistance avec dignité des proches des compagnons étudiants disparus, c’est qu’ils nous appellent à nous organiser pour qu’il ne nous arrive pas la même chose.
Ou pour que nous sachions quoi faire avant qu’il ne nous arrive la même chose.
Ou quoi faire pour que n’arrive jamais à personne ce qui leur est arrivé par la faute de ce système dans lequel nous vivons.
Parce que les proches d’Ayotzinapas l’ont très bien expliqué. En tant que bons professeurs les proches ont expliqué que le responsable du crime est le système par l’entremise de ces contremaîtres.
Et le système a aussi ses écoles de contremaîtres, de majordomes et de caporaux, et à ces écoles appartiennent les partis politiques qui ne cherchent que responsabilités, postes, même de petits postes.
C’est là que se préparent les serviteurs des mauvais gouvernements. Là ils apprennent à voler, à tromper, à imposer, à commander.
De là, sortent ceux qui font les lois, que sont les législateurs.
De là, sortent ceux qui obligent à obéir à ces lois avec violence, que sont les grands présidents, les moyens et les petits, avec leurs armées et leurs polices.
De là, sortent ceux qui jugent et condamnent ceux qui n’obéissent pas à ces lois, que sont les juges.
Et puis bon, on voit bien que ça n’a pas d’importance que ces contremaîtres, ces majordomes et ces caporaux soient des hommes ou des femmes, ni qu’ils soient blancs, noirs, jaunes, rouges, verts, bleus, cafés, ou n’importe quelle couleur.
Leur travail à ceux d’en-haut est de ne pas nous laisser respirer, nous, ceux qui sont en-bas.
Parfois celui qui ordonne de tuer a la même couleur de peau que celui qui est tué.
Parfois l’assassin et la victime ont la même couleur et la même langue.
Et ni le calendrier ni la géographie n’ont d’importance.
Ce à quoi nous fait penser la lutte des familles et camarades d’Ayotzinapa c’est que ceux qui séquestrent, assassinent et mentent sont les mêmes.
Que celui qui prêche le mensonge ne cherchera pas la vérité.
Que celui qui impose l’injustice ne rendra pas justice.
Et c’est que nous pensons que cela ne peut pas durer ainsi et toujours, de toutes parts et à tous les niveaux.
Et c’est ce que nous enseignent les proches d’Ayotzinapa, qu’il vaut mieux que nous nous cherchions et que nous nous trouvions, nous qui souffrons de cette maladie qu’on appelle capitalisme.
Par la main des proches d’Ayotzinapa nous cherchons les disparues qu’il y a dans tous les mondes que nous sommes.
Parce que les disparues et les assassinées de chaque jour et de chaque heure et de toute part ce sont la vérité et la justice.
Par la main des proches des 43 nous comprenons qu’Ayotzinapa n’est pas dans l’état mexicain du Guerrero, mais que c’est partout dans le mode d’en-bas.
Par leur main nous comprenons que l’ennemi commun au champ et à la ville c’est le capitalisme, non seulement dans un pays mais dans le monde entier.
Mais cette guerre mondiale capitaliste trouve dans tous les recoins des gens qui se révoltent et qui résistent.
Ces gens en révolte et en résistance s’organisent selon leur propre pensée, selon leur lieux, selon leur historie, à leur manière.
Et dans leurs luttes de révolte et de résistance ils apprennent à se connaître entre eux et ils trouvent des accords pour parvenir à ce qui est voulu.
Ils se connaissent mais ne se jugent pas entre eux.
Ils n’entrent pas en compétition pour voir qui est meilleur. Ils ne se demandent pas qui en a fait le plus, qui va devant, qui est l’avant-garde, qui commande.
Ce qu’ils se demandent entre eux c’est si il existe quelque chose de bien dans ce que fait le capitalisme.
Et comme la réponse qu’ils trouvent c’est que NON il n’y a rien de bien, mais tout au contraire, qu’il nous fait souffrir mille maux, il est donc logique que nous ayons mille formes de répondre à ce mal.
C’est à dire que la question devient : comment on fait pour se révolter contre le mal ? Comment on résiste pour que ce mal du capitalisme ne détruise pas ? Comment on fait pour recommencer à construire ce qui a été détruit de façon à ce que ça ne soit pas pareil mais mieux ? Comment se relève celui qui est tombé ? Comment retrouve-t-on le disparu ? Comment se libère le prisonnier ? Comment vivent les morts ? Comment se construisent la démocratie, la justice, la liberté ?
Il n’y a pas une seule réponse. Il n’y a pas de manuel. Il n’y a pas de dogme. Il n’y a pas de credo.
Il y a de nombreuses réponses, de nombreuses manières, de nombreuses formes.
Et chacun avance en regardant ses résultats et en apprenant de sa propre lutte et d’autres luttes.
Pendant que ceux d’en-haut s’enrichissent en paies, ceux d’en-bas s’enrichissent d’expériences de lutte.
Et, frères et sœurs, nous vous disons clairement que nous, les hommes et les femmes zapatistes, nous avons appris en nous regardant et en nous écoutant, et en regardant et écoutant le monde.
Ça n’a jamais été, ce n’est pas et ce ne sera pas par un ou une individu.e que nous viendra le cadeau de la liberté, de la vérité, de la justice.
Parce que finalement, amis et ennemis, la liberté, la vérité et la justice ne sont pas des cadeaux, mais des droits qu’ils faut conquérir et défendre.
Et ce sont les collectifs qui font ça.
Nous sommes les peuples, les femmes, les hommes et les autres du champ et de la ville nous sommes ceux qui devons prendre par la main la liberté, la démocratie et la justice pour une société neuve.
Voilà ce que nous proposent les pères et mères des camarades disparus.
De mille formes nous allons devoir lutter pour conquérir cette nouvelle société. Avec différents degré d’engagement nous allons devoir participer à cette société neuve.
Nous devons tous accompagner dans la lutte les proches d’Ayotzinapa dans la recherche de la vérité et de la justice, juste et simplement parce que c’est le devoir de n’importe qui étant d’en-bas et à gauche,
Et nous disons accompagner, parce qu’il ne s’agit pas de les diriger, de les manipuler, de les utiliser, de les mépriser.
Il s’agit de lutter à leurs côtés.
Parce qu’aucun être humain honnête ne peut se réjouir de cette douleur et de cette rage, de cette injustice.
Sœurs et frères proches des absents d’Ayotzinapa :
Les zapatistes, hommes et femmes, nous vous soutenons parce que votre lutte est juste et vraie. Parce que votre lutte doit être celle de toute l’humanité.
C’est vous et personne d’autres qui avez mis le mot « Ayotzinapa » dans le vocabulaire mondial.
Vous, avec votre parole simple. Vous sans autre caudillo que votre cœur endolori et indigné.
Et ce que vous avez montré nous a donné beaucoup de force et de courage à nous les gens simples d’en-bas et à gauche.
Parce que là-bas dehors ils se dit et se crie que seules les grosses têtes savent comment, que seulement avec des leaders et des caudillos, que seulement avec des partis politiques, que seulement avec les élections.
Et ils sont là dans leur cris sans s’écouter entre eux, sans écouter la réalité.
Et alors est apparue votre douleur à vous, votre rage à vous.
Et vous nous avez alors appris que c’était et que c’est aussi notre douleur, que c’était et que c’est aussi notre rage.
C’est pour ça que nous vous avons demandé d’endosser notre représentation en ces jours du Premier Festival Mondial des Résistances et révoltes contre le Capitalisme.
Nous désirons non seulement que soit atteint le noble objectif du retour en vie de ceux qui nous manquent encore.
Nous continueront également à soutenir de nos petits forces.
Comme zapatistes nous sommes sûrs que vos absents, qui sont les nôtre aussi, lorsqu’ils seront à nouveau présent ne s’émerveilleront pas tant de voir leurs noms repris dans bien des langues et en de nombreuses géographies. Pas plus que parce que leurs visages ont parcouru le monde. Ni parce que la lutte pour leur réapparition en vie a été et est globale. Ni parce que leur absence a fait tomber le mensonge fait gouvernement et dénoncé la terreur faite système.
Oui ils s’émerveilleront, mais en se rendant compte de la stature morale de leurs proches, de vous, qui à aucun moment n’avez laissé tomer leurs noms. Et que, sans se rendre, sans se vendre, sans faillir, vous avez continué à les chercher jusqu’à les retrouver.
Alors, ce jour ou cette nuit-là, vos absents vous donneront la même accolade que celle que nous, les hommes et femmes zapatistes, nous vous donnons maintenant.
Une accolade tendre, respectueuse, d’admiration.
Et en plus, nous vous donnons 46 baisés, un pour chacun des absents :
- Abel García Hernández
- Abelardo Vázquez Peniten
- Adán Abraján de la Cruz
- Antonio Santana Maestro
- Benjamín Ascencio Bautista
- Bernardo Flores Alcaraz
- Carlos Iván Ramírez Villarreal
- Carlos Lorenzo Hernández Muñoz
- César Manuel González Hernández
- Christian Alfonso Rodríguez Telumbre
- Christian Tomás Colón Garnica
- Cutberto Ortiz Ramos
- Dorian González Parral
- Emiliano Alen Gaspar de la Cruz.
- Everardo Rodríguez Bello
- Felipe Arnulfo Rosas
- Giovanni Galindes Guerrero
- Israel Caballero Sánchez
- Israel Jacinto Lugardo
- Jesús Jovany Rodríguez Tlatempa
- Jonás Trujillo González
- Jorge Álvarez Nava
- Jorge Aníbal Cruz Mendoza
- Jorge Antonio Tizapa Legideño
- Jorge Luis González Parral
- José Ángel Campos Cantor
- José Ángel Navarrete González
- José Eduardo Bartolo Tlatempa
- José Luis Luna Torres
- Jhosivani Guerrero de la Cruz
- Julio César López Patolzin
- Leonel Castro Abarca
- Luis Ángel Abarca Carrillo
- Luis Ángel Francisco Arzola
- Magdaleno Rubén Lauro Villegas
- Marcial Pablo Baranda
- Marco Antonio Gómez Molina
- Martín Getsemany Sánchez García
- Mauricio Ortega Valerio
- Miguel Ángel Hernández Martínez
- Miguel Ángel Mendoza Zacarías
.-Saúl Bruno García
.- Julio César Mondragón Fontes
.- Daniel Solís Gallardo
.- Julio César Ramírez Nava
.- Alexander Mora Venancio
- Compas, tous, toutes, et tout.e.s : Vous êtes ici avec nous, les frères et les sœurs des peuples originaires qui luttent dans la grande entente que l’on nomme Congrès National Indigène. Depuis plus de 500 ans nous nous sommes cherchés comme peuples originaires sur les chemins de la révolte et de la résistance, Depuis plus de 500 ans ont été la douleur et la rage et la nuit sur notre chemin. Depuis plus de 500 ans notre acharnement a été de conquérir la liberté, la vérité et la justice. Depuis plus de 18 ans nous nous sommes rencontrés en tant que Congrès National Indigène par la main de la défunte Commandante Ramona. Depuis lors nous avons essayé d’être les élèves de son savoir, de son histoire, de son acharnement. Depuis lors nous révélons, ensemble, l’avancé du funeste carrosse du capitalisme sur nos os, notre sang, notre histoire. Et nous nommons l’exploitation, la spoliation, la répression et la discrimination. Et nous nommons le crime et le criminel : le système capitaliste. Mais pas seulement, avec nos os, notre sang, notre histoire aussi, nous nommons la révolte et la résistance des peuples originaires. Avec le Congrès National Indigène nous levons la digne couleur de la terre dont nous sommes. Avec le Congrès National Indigène nous avons appris que nous devons savoir nous respecter, que nous aurons tous notre place dans nos revendications. Nous comprenons qu’en ce moment le plus urgent est la vérité et la justice pour Ayotzinapa. Aujourd’hui le plus douloureux et le plus indignant c’est que les 43 ne sont pas avec nous. Nous ne voulons pas que demain il nous arrive la même chose, c’est pour ça que nous en parlons ici dans nos peuples, nos nations, nos quartiers et tribus. Nous appelons nos peuples à ne pas permettre qu’ils continuent à nous tromper avec de misérables miettes, seulement pour nous maintenir muets et que les Commandeurs continuent à s’enrichir à nos frais. Nous unissons nos rages et nous organisons et luttons dignement sans nous vendre, sans nous rendre et sans faillir pour nos prisonniers politiques, qui pour avoir lutter contre les injustices dans lesquelles nous vivons sont en prisons. En tant que peuples originaires nous nous battons pour ce qui est notre droit, nous savons comment faire cela, ainsi que nous l’ont enseigné nos trisaïeuls qu’ils n’ont pu achever en tant qu’originaires que nous sommes de ces terres. C’est pour ça que nous existons dans tant de langues, parce qu’ils surent, nos aïeux, comment ne pas se laisser achever, maintenant c’est à notre tour. Nous devons tous dire NON aux transnationales. Dans nos peuples, nations, quartiers, tribus, nous devons tous penser à ce que nous allons faire, comment nous allons le faire, nous devons penser comment nous devons communiquer sur ce que nous font les mauvais gouvernements. Souhaitez que nous nous organisions et que nous veillions les uns sur les autres. Parce qu’ils vont vouloir nous acheter, ils vont nous offrir des miettes, ils vont nous offrir de petits postes. Ils vont chercher toutes les façons de nous diviser et de faire que nous nous battions et que nous nous tuions entre nous. Ils vont vouloir nous dominer et nous contrôler avec d’autres idées. Ils vont nous espionner et ils vont vouloir nous insuffler tous types de peurs. Et ils vont nous tendre mille pièges, de ceux qui nous feront tomber et arrêter de lutter pour notre peuple. Mais peut-être allons-nous permettre qu’ils continuent encore 520 ans à nous traiter comme leurs ordures ? Nous voulons seulement vivre en paix, sans exploitation de l’homme par l’homme, nous voulons l’égalité entre hommes et femmes, le respect de la différence, et que nous décidions ensemble de notre destin, le monde que nous voulons au champ et à la ville. Certainement sommes-nous ceux qui sauront la meilleur façon de vivre que nous voulons différente de celle qu’ils nous imposent. Nous, les hommes et les femmes zapatistes, nous voulons demander aux peuples originaires du Congrès National Indigène qu’ils embrassent les proches d’Ayotzinapa en les recevant sur leurs territoires. Nous leur demandons d’inviter leurs pas et leurs cœurs. Nous leur demandons pour eux de nous faire l’honneur de leur parole et de leur écoute. Grande est la sagesse qui habite dans les cœurs des peuples originaires, et elle grandira plus en partageant la parole de la douleur et de la rage avec ces personnes. En tant que gardiens et gardiennes que nous sommes de la terre mère, nous savons bien que notre pas est long et qu’il nécessite de la compagnie. Il y a encore tant à marcher et nous ne pouvons pas nous arrêter. Nous continuerons donc à avancer. En tant que peuples originaires nous connaissons bien la terre, nous travaillons la terre mère, vivons de ce qu’elle nous donne, sans que nous n’exploitions. Nous veillons, nous aimons et nous reposons en paix en elle. Nous sommes les gardiens et gardiennes de la terre mère. Avec elle nous pouvons tout, sans elle tout se meurt inutilement. Comme peuples originaires notre heure est venue maintenant et à jamais.
- Compañeras, compañeros et compañeroase de la Sexta nationale et internationale : Ces jours-ci, en étant là ou en n’y étant pas, a été réalisée un échange qui n’est qu’un pas de plus que nous devons faire ensemble en tant que Sexta et chacun en son propre espace de lutte, à sa façon, avec son histoire. Parfois l’histoire qui avance nous met face à quelque chose qui nous unit, sans que compte la géographie où marchent nos rêves et sans que ne compte le calendrier de notre lutte. Ayotzinapa a été un point où nous nous sommes réunis. Ça ne suffit pas. Nous travaillons, nous nous organisons et nous luttons pour nos camarades disparu.e.s et nous luttons pour nos prisonnier.e.s. Nous formons un tourbillon de vents dans le monde, pour qu’ils nous rendent nos disparus vivants. Oui nous ne formons qu’un. Nous ne sommes qu’un en tant qu’êtres humains, mais il y a quelques bêtes qui nous font disparaître, ce sont les capitalistes. Nous ne formons qu’une vague et nous enveloppons ces bêtes et nous noyons ces méchants qui nous ont fait tant de mal dans le monde. Nous comptons les uns pour les autres comme nous l’enseigne les proches d’Ayotzinapa. Sans repos comme eux, sans en profiter pour en remettre une couche pour d’autres intérêts. Compañeros et compañeras, enlevons de nos têtes le mauvais sens du mot « profiter ». Nous pensons au bon sens du mot, nous profitons de notre bien commun. Nous avons bien vu le mal que font ceux qui ont profité en nous exploitant. Et toujours ils nous font disparaître, nous torturent, nous emprisonnent. Liberté, justice, démocratie et paix est notre destinée. Il est temps maintenant que nous les pauvres du monde commencions à construire un autre monde plus juste, où nous laissions prêtes les générations qui n’ont pas permis que revienne le sauvage capitalisme néo-libéral. Nous entendons le cri des 43 camarades jeunes étudiants, qui nous disent « cherchez-nous et trouvez-nous, ne permettez pas qu’ils couvrent notre cri, nous les 43 qui sommes les mêmes que vous, qui fumes privés de notre liberté, qui voyons si vous luttez pour nous et si vous ne luttez pas, ça veut dire que vous ne lutterez pas pour ce qui va arriver d’autres aux vôtres ». Le cri des 43 camarades nous dit « aidez, accompagnez, luttez, organisez, travaillez, bougez avec nos proches, qu’on laisse seuls maintenant qu’approchent les élections, c’est ce qui fait qu’on nous oublie ». Nous ajoutons aux luttes que nous avons, la lutte pour les disparus et disparues. Nommons les absents. Signalons clairement le crime. Signalons le criminel. Les proches d’Ayotzinapa ont nourrit notre force de révolte et de résistance, ils ont ouvert nos yeux un peu plus et ont fait grandir notre digne rage. Eux sont en train de montrer un chemin et nous disent que donner leur vie ne compte pas pour eux si c’est nécessaire pour leurs disparus. Et ils nous montrent également qu’il faut nous organiser, nous tous qui avons des disparus et aussi ceux qui n’ont pas encore de disparus, mais qui vont en avoir si nous ne nous organisons pas, parce que c’est comme ça que fonctionnent les narco-gouvernements. Ils nous montrent qu’il faut lutter, que ça n’a pas d’importance si nous n’apparaissons pas dans les médias de communication à gages, ce qui compte c’est la vie et qu’il n’y ait plus de morts et de disparus. Ils nous montrent qu’il est temps de nous organiser. Qu’il est temps que nous décidons, nous, de notre destin. Comme ça, aussi simple que compliqué. Parce que ça demande organisation, travaille, lutte, révolte et résistance. Seulement avec des mouvements et des organisations, nous, ceux d’en-bas, pourrons nous défendre et nous libérer.
- Compañeras et compañeros de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale : Ce fut une année difficile. La guerre continue contre notre volonté de paix. Le Commandeur continue à vouloir tuer notre liberté. Le mensonge continue de vouloir cacher notre acharnement. Notre sang et notre mort continuent à abonder dans nos montagnes. Comme depuis un bon bout de temps, la douleur et la mort qui avant n’étaient que pour nous continuent de s’étendre à d’autres partie et touchant d’autres du champ et de la ville. L’obscurité se fait plus ample et pesante sur le monde qui touche chacun de nous. Oui nous le savions. Oui, nous le savons. C’est pour ça que nous nous sommes préparés durant des années, des décennies, des siècles. Notre regard ne porte pas seulement au plus près. Il ne porte pas seulement sur le présent, ni non plus sur notre seul sol. Nous regardons loin dans le calendrier et la géographie et ainsi nous nous pensons. Nous nous unissons à toujours plus d’autres par la douleur, mais aussi par la rage. Parce que maintenant et depuis longtemps, nous voyons que dans bien des recoins s’allument des lumières. Lumières de révolte et de résistance. Parfois petite comme la nôtre. Parfois grandes. Parfois elles tardent. Parfois seulement par une étincelle qui s’éteint rapidement. Parfois elles tiennent et tiennent, sans s’éteindre dans la mémoire. Et de toutes ces lumières on devine que le lendemain qui vient sera très différent. Oui, nous le savions il y a 21 ans, il y a 31 ans, il y a 100 ans, il y a 500 ans. Oui, nous savons que nous devons lutter chaque jour, à toute heure, en tous lieux. Oui, nous savons que nous ne nous rendrons pas, que nous ne nous vendrons pas et que nous ne faillirons pas. Oui, nous savons que manque ce qui manque.
- Compas, tous, toutes, tout.e.s : Ces prochains jours, semaines, mois, nous ferons connaître plus de nos paroles, de notre pensée sur comment nous voyons le petit monde et le grand monde. Ce seront des paroles et des pensées difficiles tant elles sont simples. Car nous voyons clairement que le monde n’est plus le même qu’il y a 100 ans, et bon même plus le même qu’il y a 20 ans. En tant que zapatistes que nous sommes, bien que petits et petites, nous pensons le monde. Nous l’étudions dans ses calendriers et ses géographies. La pensée critique est nécessaire à la lutte. Théorie disent-ils de la pensée critique. Pas la pensée fainéante, qui se conforme à ce qui existe. Pas la pensée dogmatique, qui se fait Commandeur et impose. Pas la pensée tricheuse, qui argumentent à coup de mensonges. Mais la pensée qui interroge, qui questionne, qui doute. Pas même dans les conditions les plus difficiles il ne faut abandonner l’étude et l’analyse de la réalité. L’étude et l’analyse sont aussi des armes pour la lutte. Mais ni seulement la pratique, ni seulement la théorie. La pensée qui ne lutte pas, ne fait rien de plus que du bruit. La lutte qui ne pense pas, répète les erreurs et ne se lève plus après être tombée. Et lutte et pensée s’unissent dans les guerrières et guerriers, dans la révolte et la résistance qui secouent aujourd’hui le monde bien que son bruit ne soit silencieux. Nous pensons et nous luttons, nous, les hommes et les femmes zapatistes. Nous luttons et nous pensons au sein du cœur collectif que nous sommes.
- Compañeras, compañeros, compañeroas : Il n’y a pas un unique chemin. Il n’y a pas un pas unique. Tous ceux qui luttent n’ont pas la même manière de le faire. Le marcheur n’est pas un. Les temps et les lieux sont divers et nombreuses les couleurs qui brillent en-bas et à gauche sur la terre qui souffre. Mais le destin est le même : la liberté. La Liberté. LA LIBERTÉ.
- Compañeros, compañeras, compañeroas : Sœurs et frères : 21 ans après le début de notre guerre contre l’oubli, telle est notre parole :

VÉRITÉ ET JUSTICE POUR AYOTZINAPA !
VÉRITÉ ET JUSTICE POUR LE MEXIQUE ET LE MONDE !
QUE MEURT LA MORT QU’IMPOSE LE CAPITALISME !
QUE VIVE LA VIE QUE CRÉE LA RÉSISTANCE !
POUR L’HUMANITÉ ET CONTRE LE CAPITALISME !
RÉVOLTE ET RÉSISTANCE !

Depuis les montagnes du Sud-Est Mexicain.
Pour le Comité Clandestin Révolutionnaire Indigène-Commandement Général de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale.
Sous-commandant Insurgé Moisés.
Mexique, janvier 2015

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Re: Mexique

Messagede Pïérô » 15 Jan 2015, 02:21

Mexique : « Nous allons offrir à ces connards un 2015 qu’ils ne seront pas près d’oublier ! »

Nous sommes le 26 décembre. Trois mois se sont écoulés depuis l’attentat contre les normaliens d’Ayotzinapa*. 91 jours durant lesquels les familles et les compagnons des étudiants les ont cherchés partout, ont crié justice pour chacun d’eux et ont lutté sans relâche pour leur réapparition en vie. Durant la dernière manifestation qui a eu lieu à Mexico, dans les principales artères de la capitale, les pères et mères de famille ont convoqué une nouvelle fois le souvenir de leurs enfants.

Le Bureau du Procureur Général de la République Mexicaine a suspendu les recherches concernant les 42** étudiants encore disparus en cette fin d’année, en alléguant les vacances. Les autorités comptent de cette façon classer le cas Ayotzinapa, pariant sans doute sur la fatigue et sur la démobilisation du peuple mexicain. Mais la mobilisation pour la réapparition des 43 jeunes ne faiblit pas. Lors de la dernière manifestation on a ainsi pu voir des étudiants, des organisations sociales et d’autres de la société civile : les parents et les étudiants normaliens ne sont pas seuls. Dans cette mobilisation, il n’y a de place ni pour l’oubli, ni pour le pardon.

« Quand ils nous ont pris nos enfants, ils nous ont également pris notre peur », déclare Felipe de la Cruz, père de famille qui ouvre la manifestation. Au moment où le cortège arrive au Monument de la Révolution, des voix pleines de rage et d’indignation résonnent de partout. Ce sont les trois mois d’absence. Les parents réitèrent qu’Ayotzinapa est un berceau de dignité.

« Chaque jour les cœurs des parents pleurent, mais chaque jour la colère grandit », disent-ils. Les demandes continuent d’être claires  : « sanction pour les coupables ; destitution des pouvoirs de l’État de Guerrero ; pas d’élections en 2015 si les étudiants normaliens ne réapparaissent pas. »

« Êtes-vous disposés à vivre le cauchemar que nous avons vécu pendant trois mois ? », demandent les parents, en appelant la population qui les soutient à ne pas voter aux élections de 2015.

À Iguala [État de Guerrero], l’État a écorché un garçon et aujourd’hui, les parents disent à leur tour : « Nous allons les écorcher parce que nous allons leur enlever le pouvoir ! ». Immédiatement, les manifestants qui écoutaient avec attention s’associent à leur détermination en criant : « Peña dégage ! Peña dégage ! ».

À ce jour, le gouvernement n’a fait état d’aucun résultat certain. Emiliano Navarrete, père de l’étudiant José Ángel Navarrete, signale : « Nos enfants valent plus que n’importe quel misérable gouvernement. Nous continuerons d’exiger que nos enfants soient présentés vivants ». Don Emiliano envoie un message au gouvernement : « Ce sera Gouvernement contre peuple, sans intervention étrangère, on verra alors comment on se fout sur la gueule ».

La mère de Julio César Ramírez porte une banderole avec le visage de son fils assassiné le 26 septembre, où l’on peut lire : « Sanction aux assassins ». Les parents savent que les coupables sont là, dehors, se promenant sans la moindre vergogne. Les corrompus les protègent. Epifanio, père de famille de l’un des disparus, signale que Enrique Peña Nieto et Ángel Aguirre savent où sont les étudiants disparus. « Je suis en train de trembler de rage et non de peur, messieurs », dit-il.

Carmelita Cruz Mendoza, mère de Jorge Aníbal Cruz Mendoza prend la parole, soupire : « Quand il [Enrique Peña Nieto] s’est assis avec sa famille pour avaler un morceau de dinde, il a avalé la chair de tous les morts qu’il a ordonné d’assassiner, et le vin qu’il a bu, c’est le sang de tous les garçons assassinés ». Avant de fondre en larmes, elle envoie un message à son fils, où qu’il soit elle l’attend, ainsi que toute sa famille. Les manifestants expriment leur soutien et crient : « Vivants vous les avez pris… Vivants nous les voulons ». Carmelita demande à la population de lancer un appel à ne pas voter aux prochaines élections.

Rogelio Ortega, gouverneur de l’État de Guerrero, assure qu’il y aura des élections en 2015. Omar García, étudiant d’Ayotzinapa, fait savoir sa méfiance envers le gouvernement : il sait bien que celui-ci ne résoudra pas le problème. « Le leur demander c’est comme leur demander de se couper les veines », dit-il avant d’ajouter : « Nous devons cesser de laisser les autres faire les choses à notre place ». Il annonce la nécessité de se préparer pour 2015 de «lever le ton», puisqu’ils n’ont pas tenu en compte des formes de protestation déjà utilisées. « Nous connaissons le niveau de leur justice et nous ne la voulons pas ». Finalement Omar appelle à réaliser des assemblées pour participer à un changement de société, « un changement qui appartient à tous ». Il appelle à offrir au gouvernement une année 2015 qu’ils ne seront pas près d’oublier « Nous allons offrir à ces connards un 2015 qu’ils ne seront pas près d’oublier ! ». Une année de mobilisations. « Un 2015 qui appartiendra au peuple ».

Marquelia, un autre étudiant d’Ayotzinapa, dit à la société : « Y en a marre de tendre l’autre joue ». Il appelle à ne plus permettre d’autres assassinats, incarcérations, disparitions, et signale : « Nous avons commencé à leur faire bouffer les pissenlits par la racine ! ». Il commence le décompte, de 1 jusqu’à 43, au rythme des voix et des battements de mains.

« Bienvenue à ce qui n’a ni début ni fin. Bienvenue à cette lutte éternelle pour être meilleur jour après jour. Certains l’appellent entêtement, nous l’appelons espoir ». C’est avec ces mots-là que les étudiants d’Ayotzinapa ont commencé leur première année scolaire, a raconte Ángel. Il témoigne de la terrible nuit où les étudiants ont disparu. Pour lui, se souvenir de cette nuit du 26 septembre est une douleur immense. « Comme mes compagnons je suis mort, comme les 43 je suis porté disparu. »

« Si Abarca, si María de los Ángeles, si Ángel Aguirre, si Peña Nieto*** – qui n’est pas notre président – ont osé brûler nos compagnons, comme ils le disent, ils brûleront avec nos compagnons eux aussi » dit Angel, après avoir raconté tous les abus commis à l’aube du 26 septembre, l’usage d’armes R-15 contre les étudiants, l’inefficacité des lignes téléphoniques de sécurité, la brutalité policière et militaire.

Angel est un survivant de ce massacre mais s’il est vivant, il considère pourtant que sa vie ne lui appartient plus, qu’elle appartient désormais aux pères et mères de famille et qu’il ne s’arrêtera pas jusqu’à ce que les 43 étudiants, ses frères, soient retrouvés.

Les pères et mères de famille se retirent, en disant clairement qu’ils retournent au Guerrero pour continuer à s’organiser pour la suite, pour 2015. Ils répètent que, qu’il pleuve, qu’il tonne ou qu’il tremble, leur lutte ne faiblira, qu’ils ne s’arrêteront pas.

Les pères et mères des étudiants disparus participent au Premier Festival Mondial des Résistances et des Rébellions contre le Capitalisme, organisé par le Congrès National Indigène (CNI) et l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) du 21 décembre 2014 au 3 janvier 2015. Dans un communiqué émis depuis les montagnes du Sud-Est Mexicain par le Sous-Commandant Insurgé Moisés, le 12 décembre 2014, on peut lire : « (…) Parce qu’en fin de compte le cauchemar d’Ayotzinapa n’est ni local, ni propre aux États, ni national. Il est mondial. Parce qu’en fin de compte ce n’est pas seulement un attentat contre les jeunes, ni seulement contre les mecs. C’est une guerre pleine de guerres : la guerre contre ce qui est différent, la guerre contre les peuples natifs, la guerre contre la jeunesse, la guerre contre celui ou celle qui, par son travail, fait avancer le monde, la guerre contre les femmes. Parce qu’en fin de compte le féminicide est si ancien, si quotidien et si présent en toute idéologie, qu’il n’est que « mort naturelle » dans les dossiers. Parce qu’en fin de compte c’est une guerre qui de temps à autres prend nom dans un calendrier et une géographie quelconque : Erika Kassandra Bravo Caro : femme, travailleuse, mexicaine, 19 ans, torturée, assassinée et écorchée dans l’État mexicain « pacifié » (selon les autorités civiles, militaires et médiatiques) du Michoacan. « Un crime passionnel », diront-ils, comme on dit « victime collatérale », comme on dit « un problème local dans une municipalité du provincial État mexicain de… (mettez le nom de n’importe quelle entité fédérale) », comme on dit : « c’est un fait isolé, il faut le surmonter ». Parce qu’en fin de compte Ayotzinapa et Erika ne sont pas l’exception, mais la réaffirmation de la règle dans la guerre capitaliste : détruire l’ennemi. Parce qu’en fin de compte dans cette guerre, nous sommes tous et toutes ennemis, tout est ennemi. Parce qu’en fin de compte c’est la guerre contre tout, dans toutes ses formes et de toute part. Parce qu’en fin de compte c’est de ça qu’il s’agit, il n’a toujours été question que de ça : d’une guerre, désormais contre l’humanité. Dans cette guerre, celles et ceux d’en-bas ont rencontré chez les familles et camarades des absents d’Ayotzinapa un écho amplifié de leur histoire. Non seulement dans votre douleur et votre rage, mais surtout dans votre acharnement entêté à trouver la justice (…) ».

Pendant ces rencontres, les peuples indigènes du Mexique, les organisations nationales et internationales se sont écoutés, ont raconté leurs histoires, leurs résistances et leurs douleurs. La rage a été partagée ainsi que la solidarité… Le chemin est encore long mais la lutte est ce cheminement même, qui ne s’interrompra pas : il se poursuivra au contraire en cherchant dans les autres, en bas, de nouveaux compagnons de lutte.

Traduit et résumé par Les trois passants et Myriam/correction Valérie
___________________
*NdT : 43 étudiants de l’École Normale d’Ayotzinapa ont disparu le 26 septembre 2014.
** Le vendredi 5 décembre 2014, l’Équipe indépendante argentine d’anthropologie légale (EAAF) a informé les pères et les mères des 43 étudiants normaliens disparus qu’un fragment osseux trouvé dans la rivière de Cocula, État de Guerrero, et envoyé en Autriche pour identification, appartient à Alexander Mora Venancio, étudiant normalien de 21 ans.
*** Abarca est le maire d’Iguala et María de los Ángeles est sa femme. Tous les deux sont impliqués dans l’assassinat des 43 étudiants. Ángel Aguirre était à ce moment-là le gouverneur de l’État de Guerrero.

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Re: Mexique

Messagede bipbip » 26 Jan 2015, 13:45

Mexique : la guerre d’en haut, le cas d’Ayotzinapa parmi tant d’autres.

C’est une guerre pleine de guerres

Le 12 janvier dernier, les médias dominants mexicains signalaient avec inquiétude les prévisions données par la Banque Mondiale : « La violence en Amérique latine a déclenché les signaux d’alerte, en raison des effets qu’elle pourrait avoir sur la croissance économique dans les années à venir. Les prévisions sont mauvaises », signale la Banque (1). Ceux d’en haut s’affolent, depuis quelques semaines la presse ne fait que nous matraquer avec ces prédictions en s’inquiétant pour la croissance économique censée s’améliorer grâce aux réformes… Mais la réalité d’en bas est toute autre. Ce même 12 janvier, toujours à la recherche des 42 étudiants disparus, les parents des 43 étudiants d’Ayotzinapa et les étudiants, manifestaient devant le 27e bataillon de l’Armée Mexicaine en exigeant l’ouverture d’une enquête spécifique, claire et complète, sur l’Armée Mexicaine, pour sa participation aux faits qui ont eu lieu le 26 et le 27 septembre 2014.

Ces dernières semaines, en bas et à gauche, des centaines de personnes, collectifs, organisations indigènes, non-indigènes, nationales et internationales, convergeaient au Premier Festival Mondial des Résistances et des Rébellions contre le Capitalisme, organisé par le Congrès National Indigène (CNI) et l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN). Là, dans cet espace d’échanges, du 21 décembre au 3 janvier 2015, les rages, douleurs et résistances témoignaient, d’une part du caractère destructeur, prédateur et avide des transnationales soutenues par l’État aux dépends des territoires, villages, et des peuples, mais aussi du fait que le capitalisme s’attaque insatiablement à la résistance, la dignité, l’autonomie, la rébellion… Le capitalisme s’attaque insatiablement à tous ceux et celles qui s’opposent de façons diverses à sa logique de guerre.

Entre les participants et les invités au festival, se trouvaient les pères et mères des 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa.

Quelques jours avant le festival, le Sous-Commandant Insurgé Moisés de l’EZLN, signalait dans un long communiqué : « (…) le cauchemar d’Ayotzinapa n’est ni local, ni propre aux États, ni national. Il est mondial. Parce qu’en fin de compte ce n’est pas seulement un attentat contre les jeunes, ni seulement contre les mecs. C’est une guerre pleine de guerres : la guerre contre ce qui est différent, la guerre contre les peuples natifs, la guerre contre la jeunesse, la guerre contre celui ou celle qui, par son travail, fait avancer le monde, la guerre contre les femmes (…) Parce qu’en fin de compte c’est de ça qu’il s’agit, il n’a toujours été question que de ça : d’une guerre, désormais contre l’humanité ». (2)

Le responsable est l’État

Depuis le 26 septembre 2014, nous avons été témoins de la lutte infatigablement digne que les parents des 43 étudiants ont menée avec une grande détermination. Nous avons été également témoins du manque de sérieux et des contradictions et mensonges de la part du gouvernement mexicain sur cet affaire et de son besoin urgent d’en finir avec le cas d’Ayotzinapa.

Combien de fois, les parents ont insisté sur le fait que le Gouvernement Fédéral ne suit pas toutes les lignes d’investigation, comme celle de la participation de l’Armée Mexicaine aux événements des 26 et 27 septembre, dans ce sens, le gouvernement n’a répondu qu’avec le silence et la mascarade… mais pas qu’avec ça.

Le 12 janvier dernier, les pères et les mères de famille des 43 étudiants disparus ont été attaqués par la police militaire pendant la dispersion d’une manifestation réalisée ce jour-là devant les installations du 27e bataillon de l’Armée Mexicaine à Iguala, État de Guerrero, « Au lieu que le gouvernement donne des ordres pour la libération des 43 étudiants, il ordonne d’agresser cette manifestation des parents … Cette action que nous menons, nous les parents, nous l’avons proposée à l’Assemblée Populaire du 3 janvier, là, nous avons décidé ensemble que des manifestations devaient se faire dans les casernes militaires de tout le pays, en raison de l’implication des militaires dans la disparition des étudiants les jours du 26 et 27 septembre » a déclaré Don Melitón, père de famille (3).

Pour sa part, Omar García, membre du comité étudiant d’Ayotzinapa, a assuré : « parmi nos exigences il y a l’ouverture d’une enquête spécifique, claire et complète, contre l’Armée Mexicaine pour sa participation aux faits qui ont eu lieu le 26 et le 27 septembre 2014. Nous avons insisté durant tout ce temps sur cette demande et malgré les preuves et les évidences claires quant à la participation de l’Armée, aucune enquête spécifique n’a été ouverte, des personnes faisant partie de la société civile mexicaine ont donc décidé de soutenir les parents des 43 étudiants dans cette demande » (4).

Suite aux agressions que les parents et les étudiants d’Ayotzinapa ont subies, un communiqué du comité étudiant d’Ayotzinapa a été émis. Dans celui-ci, les parents dénoncent « l’agression lâche qu’on a subie aujourd’hui où l’État mexicain non content de la disparition et de l’assassinat de nos fils et compagnons, refuse l’ouverture d’enquêtes qui toucheraient l’Armée, et nous agresse une fois de plus » (5). Dans cette agression, les parents Mario Cesar González Contreras, Bernabé Abrajam Gaspar, María Concepción Tlatempa et les étudiants Omar García, Sergio Ochoa Campos et José Hernández Peña ont été blessés. « Ça aurait pu être pire, nous sommes conscients que se rendre dans une caserne militaire n’est pas simple, mais depuis deux mois, nous avons insisté pour qu’une enquête sur la participation de l’Armée soit ouverte, je suis témoin et d’autres encore peuvent confirmer cette version » signale Omar. (…)

« Le bras armé de l’État est l’Armée, et comme tel, elle est ce qu’il y a de plus pourri dans l’État mexicain. Tant que les structures de l’armée ne sont pas remises en cause ça ne sert à rien de changer de gouvernement, ceux qui ont le pouvoir réel au Mexique, ce sont les militaires. Si nous arrivons à démontrer le rôle de l’Armée, alors les militaires vont pointer du doigt les fonctionnaires et politiciens complices de tout ce qui a été fait. Le temps emporte toujours la vérité. Que nos compagnons soient vivants ou morts, le responsable est l’État »

…cliquez ici pour lire l’article complet : https://liberonsles.wordpress.com/2145-2/

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Re: Mexique

Messagede Pïérô » 06 Fév 2015, 03:46

Ayotzinapa, un cas d’école, normal

Le Mexique a défrayé la chronique à cause de l’attaque subie par les étudiants de l’école Normale rurale « Raùl Isidro Burgos » la nuit du 26 au 27 septembre 2014 qui s’est soldée par 6 morts, dont trois étudiants, 25 blessés dont un en coma dépassé et 43 disparus. Nous vous proposons un retour sur ces faits et quelques analyses sur leurs significations dans le Mexique actuel.

Un massacre inscrit dans une histoire

Les écoles Normales sont une des réalisations du Président Lazaro Cardenas, dans les années 30. Elles ont pour but de former des élèves indigènes pour qu’ils deviennent maîtres et ainsi développent leurs communautés. Souvent très pauvres et souvent indigènes, les élèves des écoles normales sont très politisés, actifs mais aussi très impliqués dans les développements qu’ils peuvent apporter à leurs communautés. Les écoles normales ont la particularité aussi de mélanger apprentissage théorique et pratique, en particulier agricole. Elles sont non-mixtes, femmes ou hommes. Toutes les écoles normales rurales au Mexique sont rattachées à la FECSUM, la Fédération des étudiants paysans et socialistes du Mexique, historiquement très combative. Celle d’Ayotzinapa a la particularité d’avoir toujours été peut-être encore plus politisée et active que d’autres.

Lucio Cabañas, fondateur de la guerilla du parti des pauvres (PDLP, Partido De Los Pobres), fut formé dans cette école. La guérilla de Cabañas, comme celle de Genaro Vasquez lui aussi formé dans l’école d’Ayotzinapa, a surgi dans cet Etat du Guerrero, un des plus indigènes, et donc un des plus marginalisés du Mexique. Dans les années 60-70 la lutte contre-insurrectionnelle menée par l’Etat mexicain a généré ce que l’on a appelé « la guerra sucia », la guerre sale : disparitions forcées, exécutions extra-judiciaires, tortures, etc. Cette guerre sale, comme nous l’enseigne le cas d’Ayotzinapa et contrairement aux dénégations du gouvernement, n’a certainement jamais cessé.

Les étudiants de la Normale se mobilisaient en cette fin septembre 2014 pour aller à la marche annuelle en commémoration du massacre des étudiant-e-s de la place des trois cultures (place de Tlatelolco) qui eut lieu le 2 octobre 1968, une semaine avant l’ouverture des premiers Jeux Olympiques organisés dans un pays du « tiers-monde ». [1]
En prévision de cette marche, les étudiants d Ayotzinapa s’étaient vus mandater pour la récupération de 22 autobus, pour pouvoir transporter tous les élèves des écoles normales rurales du Mexique jusqu’à la manifestation qui devait avoir lieu dans la capitale mexicaine. La récupération des bus, une pratique courante de cette école, a été empêchée par la Police Fédérale Préventive. Les étudiants ont tenté de contourner l’embargo imposé par les fédéraux. Ils ont été victimes d’une première attaque. Après avoir appelé à la rescousse d’autres élèves de l’école, une conférence de presse improvisée a été organisée pour dénoncer le premier mort. Cette prise de parole a aussi été attaquée et mitraillée. [2]
Ils sont tombés dans un piège très bien orchestré, même si celui-ci a du faire des dommages collatéraux. Dans les six morts, on compte trois personnes qui n’ont rien à voir avec l’école ou la manifestation : une mère de famille qui passait par là, et deux adolescents footballeurs, qui rentraient avec leur équipe dans un bus qui a été mitraillé.

Qui étaient les hommes en armes qui ont attaqué les étudiants ?

Très bonne question. Et c’est en analysant les différentes réponses qui ont été données que l’on prend la mesure de la manipulation étatique, médiatique et politique. La vérité, dans notre modernité spectaculaire, n’existe sans doute plus.
Le massacre et le rapt des jeunes d’Ayotzinapa a eut lieu à Iguala, chef-lieu. Une des versions incrimine le maire d’Iguala, José Luis Abarca et sa femme, María de los Ángeles Pineda. María Pineda, comme nombre d’épouses de gouverneurs ou de maires dans le Mexique, était à la tête du DIF local (Desarrollo integral de la familia, développement intégral de la famille, institution publique mexicaine supposée d’aide sociale) et présentait un rapport d’activité le soir des faits dans une cérémonie qui devait lancer sa campagne électorale pour remplacer son mari à la mairie d’Iguala. Les époux ayant peur que les « agités » de la Normale viennent saboter la cérémonie auraient ordonnés à la police municipale d’arrêter les étudiants. Ce qui a été fait. Les flics locaux auraient ensuite remis les étudiants au cartel des « guerriers unis » qui les auraient incinérés dans une décharge, sur la localité de Cocula, voisine d’Iguala. Cette version ne tient pas. Loin de moi l’idée de dédouaner les crapules que sont le couple Abarca-Pineda. Par exemple, deux des frères de Maria Pineda étaient dans les guerriers unis, et on peut donc légitimement suspecter des liens entre ces personnages politiques et le cartel.

Dans le même ordre d’idée, Abarca est accusé d’avoir, en mai 2013, lui-même assassiné trois personnes impliquées dans le Front de l’Unité Populaire (FUP). Il parait donc évident que ce couple scélérat et sanguinaire soit impliqués dans la mort et la disparition des étudiants. Mais réduire les faits du 26 septembre à une crise de roitelets locaux serait exonérer l’Etat mexicain de ses responsabilités.

Impunité

Pourquoi les dénonciations des exactions de 2013 contre le maire d’Iguala, qui est de gôche soit dit en passant, sont restées lettre morte dans la bureaucratie gouvernementale ? Pourquoi la Procaduria General de la Republica (PGR, entre le parquet et le ministère de la Justice) n’a pas donné suite aux témoignages des survivants et témoins occulaires du FUP ? L’impunité dont a bénéficié le maire et son gang ne sont pas un dysfonctionnement de l’Etat ou de la démocratie, mais bien plutôt l’aboutissement de ceux-ci. Nous devons rappeler que depuis 2006, sous l’égide du précédent président, la guerre contre la drogue a totalement militarisée la société mexicaine. Cette guerre a fait plus de victimes que la guerre d’Irak, on parle de 120.000 morts, sans compter les disparus au nombre de plusieurs dizaine de milliers. « Les pertes civiles concernent l’ensemble de la population. La militarisation intensive du territoire, la corruption, l’instauration d’une justice « expéditive » – exercée de façon arbitraire par des paramilitaires et des hommes de main –, le contrôle social, la criminalisation des mouvements sociaux, des opposants politiques et des secteurs précaires de la population, semblent être non seulement les effets, mais aussi les objectifs de cette guerre. L’impunité semble par ailleurs structurelle, puisque seuls 5% des meurtres liés à cette guerre font l’objet d’une enquête par le gouvernement (La Procuraduría General). » (...) « L’armée mexicaine et la police fédérale administrent le trafic de drogue depuis des décennies, l’argent de la drogue remplit les coffres des banques mexicaines, et les profits des trafiquants sont estimés entre 30 et 60 milliards de dollars par an au Mexique, rivalisant avec ceux du pétrole. » [3]
La tradition du clientélisme et de la corruption à la mexicaine trouve son apogée dans l’établissement d’un narco-état. Mais le Mexique reste considéré comme une démocratie, et avant la tragédie de septembre, Peña Nieto, le président Johnny belle gueule du Mexique, était loué sur la scène internationale pour ses réformes économiques libérales touchant, peu ou prou, tout les secteurs (éducation, santé, énergie, transport, etc.).

L’Etat est responsable

Et même si Peña Nieto a dans un premier temps déclaré qu’Iguala était une affaire locale, la crise qui en a surgit a forcé l’Etat à réagir. Et que fait un Etat attaqué ? Il ne pense qu’à sa survie. Ainsi, en aucun cas il ne doit laisser prise à une critique ou à une attaque approfondie qui remettrait en cause son existence. Et, dans ce cas précis, il donne une version des faits avec lequel il peut vivre et, ainsi, capture la vérité. Après avoir tenté d’acheter les familles des disparus (qui dans leur dignité ont refusé), le 7 novembre, par le biais d’une conférence de presse donnée par Murillo Karam, (le PDG de la PGR, sorte de ministre de la Justice), la version officielle des faits est donnée. Et toutes les actions des différentes sphères de l’Etat seront ensuite des tentatives de faire tenir cette version. La fiction du 7 novembre est, peu ou prou, la version expliquée plus haut. En quoi est-ce une fiction ? Par exemple pour brûler 43 corps dans une décharge il faut 33 tonnes de bois ou 995 pneus (selon les études réalisées par des chercheurs de l’Université Nationale Autonome du Mexique), où les auraient-ils trouvées ? Sans compter que cette nuit-là c’était la nuit la plus pluvieuse des dernières semaines. La thèse de la décharge de Cocula vient aussi d’aveux d’ex-policiers municipaux d’Iguala et, surtout, de trois personnes des guerriers unis, mais ils ont été obtenus sous la torture. Quelle validité, donc ? Et puis cette version est bien pratique : les corps ayant été brûlés, l’ADN a été détruit et donc il ne peut y avoir de preuves. Dans tout les cas, les parents, familles et ami-e-s des disparus rejettent en bloc cette interprétation et continuent de demander la présentation en vie des disparus. Leur ligne de conduite ne change pas d’un iota, et c’est d’une dignité rare, car après la tentative d’achat, il y a eu la tentative de les intégrer pour redorer le blason quelque peu terni de Peña Nieto, lors d’une rencontre qui s’est tenue fin octobre. A la sortie, ils ont réitéré leurs demandes et le manque de confiance qu’ils avaient dans le gouvernement. Ce gouvernement dont les actes dans la recherche des corps laissent plus que douter de sa bonne volonté : refus de la PGR de prendre en considération le travail des experts argentins embauchés par les familles, refus de Peña Nieto de l’aide de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme, refus de la PGR -du moins au début- de laisser les polices communautaires [4] chercher les corps… Par contre l’Etat a accepté, sans le clamer sur les toits, la présence d’agents du FBI. Pour chercher les corps ou pour gérer, dans une optique contre-insurrectionnelle, les suites ?
Les recherches des corps, par la PGR ou par les familles et ami-e-s de disparus, ont amené à la découverte de nombreuses fosses communes, j’en ai perdu le compte mais c’est plusieurs dizaines, avec des dizaines de corps ou de restes humains. Une des surprises, et pas des moindres, c’est qu’une fois qu’on sait que ce ne sont pas les étudiants dans ces fosses, personne ou presque, ne se pose la question de savoir quels sont ces corps et comment ont-ils atterri dans ces fosses.

La lucha sigue

Peu à peu, grâce à la ligne intransigeante, claire et digne des familles et ami-e-s de disparus et du fait de l’incohérence et du mépris de l’Etat vis-à-vis de ces populations marginalisées une autre cible a commencé à apparaître : l’armée et la police fédérale comme acteurs directs de l’attaque subie. Il faut rappeler que l’Etat du Guerrero produit 60% de l’opium mexicain qui est exporté vers le nord par une voie empruntant Iguala comme porte d’entrée. Peut-on sincèrement croire que l’armée n’est pas au courant de ce juteux et important trafic et qu’elle est hors de cause ?
Dès le début, l’EPR (une des quatre guérillas présentes dans le Guerrero) a émis un communiqué disant que l’agression était le fait de l’armée dans une action de répression contre-insurrectionnelle. Rapidement aussi les survivants du mitraillage ont dénoncé l’inaction du 27ème bataillon d’infanterie d’Iguala. La caserne est à quelques centaines de mètres des lieux, le mitraillage a duré 4 heures et certains des étudiants sont venus chercher de l’aide là-bas. Les militaires n’ont rien fait. Il est à noter que le chef du 27ème bataillon mangeait les petits fours du DIF en compagnie du couple Abarca-Pineda le 26 septembre au soir.
Vu que la version officielle ne tient pas, la question de savoir qui a les capacités de « s’occuper » de 43 individus sans que personne ne s’en rende compte est apparue, avec la seule réponse possible : l’armée.
Ainsi, au début de l’année, les familles et amis des disparus ont commencé à demander des comptes à l’armée. Un général de l’Etat Major a même déclaré que depuis la guerre sale, des fours crématoires existaient dans les casernes. Assertion immédiatement démentie par la SEDENA (Secrétariat de la DEfensa Nacional, le ministère de la Défense). Toujours est-il que le 8 janvier, lors de la prise d’une radio dans la capitale de l’Etat du Guerrero, à Chilpancigo, les parents et ami-e-s des disparus ont demandé que les recherches s’étendent aux bases militaires, et que de toutes façons eux, ils allaient aller les inspecter. Le 12, une manifestation s’est rendue aux portes de la caserne du 27ème bataillon d’infanterie. Elle a tourné à l’affrontement, et des parents et/ou survivants ont été blessés. Le 13 janvier la SEGOB (SEcrétariat de GOBernación, entre premier ministre et ministère de l’Intérieur) ordonnait l’ouverture de certaines casernes aux inspections de la PGR et de la commission nationale des droits de l’homme. Cela déplait fortement, évidemment, à l’armée, surtout quand Amnesty International en rajoute une couche et demande des investigations plus larges et plus approfondies dans les casernes. L’armée ne pourra pas rester sans répondre, mais quelle sera sa réponse ?

Et maintenant ?

Le mouvement et les mobilisations, qui ne cessent pas au grand désespoir de la houppette gominée du président, arrivent aussi à un point critique. On a vu une certaine radicalisation des actions, que ce soit au Guerrero ou à Mexico city. Ceci a entraîné une répression, des personnes sont encore en prison, certains depuis plusieurs mois. Dans le Guerrero, un des axes du mouvement se développe pour empêcher la tenue des élections des mairies, du gouverneur et des députés le 7 juin prochain. [5] Dans la même veine, des tentatives d’auto-gouvernement se mettent en place avec la récupération de mairies dans près de la moitié des municipalités. La réponse de l’Etat ne s’est pas fait attendre, avec l’envoi de 1.800 flics à Chilpancigo par exemple. Le gouverneur intérimaire du Guerrero (nommé après la démission du précédent avoir couvert le maire d’Iguala) Rogelio Ortega Martinez a déclaré vers la fin janvier que la patience de l’Etat était à bout, que les actions du mouvement s’apparentaient plus à du vandalisme et qu’on allait faire respecter la loi. « On ne joue plus » en quelques sortes… Dès lors que va-t-il se passer ? La vérité pourra-t-elle être libérée des casernes militaires ? Une opération militaro-policière fera-t-elle que la vérité restera prisonnière des uniformes kakis ? Et si le mouvement n’arrive pas à quelques succès concrets, il est fort possible qu’on voit réapparaître des actions de lutte armée. Quand l’horizon est bouché, certain-e-s ne voient plus que cette possibilité. Et ce d’autant qu’il existe déjà quatre groupes armés au Guerrero. Une autre option est le renforcement des polices communautaires ou des milices d’auto-défense déjà présentes. Ces groupes, plus ou moins bien armés, ont une grande différence avec les guérillas. La guérilla, par son essence, a un commandement militaro-politique clandestin. Les polices communautaires sont, ou peuvent être, contrôlées par des assemblées populaires dont elles sont l’émanation. Quoiqu’il en soit, la tension et le pourrissement de la situation organisée par l’Etat évoque la possibilité d’actions de contre-insurrection de grande ampleur. L’Etat mexicain, mais aussi ses soutiens (Etats-Unis, OCDE, Union Européenne, etc.) ne peuvent laisser s’installer l’empêchement des élections et l’établissement d’auto-gouvernement et ainsi une remise en cause fondamentale de la démocratie.
Nous ne pouvons pas laisser seul-e-s ces populations dont la lutte digne devrait nous inspirer.


Notes

[1] On parle officiellement de plus de trois cents morts mitraillés par l’armée, d’autres sources évoquent le chiffre de 1500. Un récit détaillé dans « la nuit de Tlatelolco » de Elena Poniatowska, ed. CMDE 2014

[2] Pour un récit détaillé des faits de la nuit du 26 au 27 septembre cf : http://jefklak.org/?p=1338

[3] Tiré d’un résumé du livre de John Gibler « Mourir au Mexique. Au cœur de la guerre de la drogue » à paraître aux éd. CMDE et trouvé sur http://jefklak.org/?p=1338 ; annexe 1

[4] Les polices communautaires ont surgi au début des années 2000 dans certains villages, dans différents états. Elles viennent de la nécessité pour la population de s’organiser contre les exactions des narcos ou des polices, ou des narco-polices. Ces polices communautaires ne sont pas unifiées, peuvent être d’orientation idéologique assez différentes et peuvent avoir des manières de faire variées, mais elles ont un réel rôle dans la défense de la population.

[5] Un peu comme les élections de mi-mandat aux USA, le Mexique renouvelle sa chambre, ses gouverneurs d’Etat et ses mairies par moitié. Le Guerrero est sur la liste cette année.

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Re: Mexique

Messagede Pïérô » 15 Fév 2015, 14:19

Sur la repression du mouvement étudiant à Puebla (Mexique)

« Vous terminerez comme les 43 d’Ayotzinapa. »

Depuis la disparition de 43 étudiants de l’école rurale d’Ayotzinapa à la fin du mois, la répression contre le mouvement étudiant continue au Mexique.

Dans une politique qui vise à faire taire les fauteurs de troubles, les forces politiciennes ne reculent devant rien.

Vers 3h30 du matin, le dimanche 8 février, Des étudiants du CUEP (Collectif Universitaire pour une Éducation Populaire) entamaient leur troisième jour d’occupation du Zocalo (Place principale) de la ville de Puebla ainsi qu’un troisième jour de grève de la faim. Ce collectif manifestait pour que des accords négociés avec l’Université soient mis en place : La mise à disposition de locaux au sein du campus pour pouvoir donner des cours gratuits aux futurs entrants, dans le but de préparer l’examen d’admission ainsi que l’arrêt de la répression à l’encontre des étudiants. Car, il faut savoir que la BUAP (Université Publique de Puebla) propose des cours aux nouveaux entrants, mais à des tarifs exorbitants.

C’est donc aux alentours de 3h30 au matin du 8 Février, que firent irruption dans leur campement, alors que tous dormaient, une quarantaine de gens cagoulés, armés de couteaux, barres de fer et de battes de base-ball.

Les 23 étudiants présents, furent réveillés à coups dans les côtes et aux visages. Très vite, la panique envahit le campement, et les étudiants se dispersent dans toutes les directions possibles. Allant chercher de l’aide auprès des taxis et des bars encore ouvert. Pour éviter que ces gens n’aident les étudiants, les encagoulés attaquèrent toutes personnes susceptibles de les aider. Tout cela, sous le regard bienveillant des forces de l’ordre, présentes autour du Zocalo. C’est alors que ce « groupe de choc », arrivé pour mettre fin à cette occupation embarqua 8 des étudiants dans deux camionnettes noires, sans plaque d’immatriculation. Les deux camionnettes, se mirent alors en route vers le Nord de la ville, escortées par deux patrouilles de police.

Emmenés dans un champs, les étudiants, 5 garçons et 3 filles, furent déshabillés, passés à tabac et torturés. Lors de la torture, les étudiants racontent avoir été menacés de viol, ainsi que de terminer comme ceux d’Ayotzinapa. Ils furent porté disparus pendant 8 heures avant qu’ils soient déposés près d’un carrefour au Nord de la ville.

Les étudiants (certains mineurs) souffrent de graves lésions et durent être hospitalisés. Deux des filles séquestrées durent même retourner à l’hôpital deux jours après les faits, leur état allant de mal en pis.

Dans une logique de faire peau neuve et de tuer tout acte de rébellion, les gouvernants mexicains n’hésitent pas à terrorisés les populations.

Le Secrétaire délégué à la Sécurité Publique de l’Etat de Puebla, Facundo Rosas Rosas, n’en est pas à son coup d’essai puisque, en 2006, il occupait ce même poste dans l’Etat de Mexico, plus précisément, en charge de la ville d’Atenco.

http://sous-la-cendre.info/3040/sur-la- ... la-mexique
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Re: Mexique

Messagede Pïérô » 18 Fév 2015, 07:27

Ayotzinapa, disparition d’État

Le 26 septembre dernier, au Mexique, une atroce répression frappait les étudiants de l’école normale rurale d’Ayotzinapa. Quatre mois plus tard, 43 d’entre eux restent introuvables. Le 26 janvier 2015, des manifestations de soutien étaient organisées dans plusieurs villes du Mexique et du monde entier. Retour sur le bras de fer opposant le gouvernement mexicain au mouvement social et aux proches des disparus.

... http://www.article11.info/?Ayotzinapa-d ... ion-d-Etat
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Re: Mexique

Messagede bipbip » 20 Fév 2015, 13:21

Cherán K’eri (Mexique) : De l’autodéfense communautaire à la lutte pour l’autonomie

Cherán K’eri est une communauté mexicaine de plus de 15 000 personnes située dans l’État du Michoacán, en plein cœur de la Meseta Purépecha, un magnifique plateau recouvert de forêts de pins et de chênes. Depuis plus de trois ans, suite à un soulèvement populaire, en 2011, contre les narcotrafiquants et leurs complices du gouvernement, les habitants et habitantes mènent un combat pour l’autodétermination qui mérite d’être connu.

En comparaison avec les villes et villages alentour, dans lesquels le cartel des Caballeros Templarios règne en maître, la vie à Cherán K’eri est d’une tranquillité surprenante. De jour comme de nuit, femmes, hommes et enfants animent les rues de leur présence, le sourire aux lèvres. Ça n’a pourtant pas toujours été le cas : le calme qui domine dans la communauté ne s’est imposé qu’après des mois de lutte armée et d’organisation populaire.

Dès le début des années 2000, le crime organisé s’était implanté sur le territoire cheranense. À partir de 2008, la présence des narcotrafiquants et leur pouvoir de contrôle sur l’ensemble des activités – tant politiques qu’économiques – s’étaient considérablement renforcés. Des centaines de camions chargés de bois traversaient la ville chaque semaine, sous la protection d’hommes cagoulés et armés. Le commerce illicite du pin – une industrie juteuse – conduisait à une dévastation massive des forêts. Malgré les demandes répétées de la population, ni la police municipale, ni celle du Michoacán, ni les forces fédérales n’intervenaient. Les habitants qui tentaient de s’opposer au saccage étaient sujets à de multiples menaces, enlèvements et assassinats.

Cette situation a perduré jusqu’au moment où la population a décidé de dire « assez ». Le 15 avril 2011, un groupe essentiellement composé de femmes a décidé de bloquer les accès à la montagne, marquant ainsi le début d’un long soulèvement communautaire  [1]. N’ayant pu que constater la complicité que les différentes échelles de gouvernement entretenaient avec les narcotrafiquants, le peuple de Cherán n’a eu d’autre choix que de prendre les armes, puis de s’organiser par lui-même.

Autogouvernement

Au cours de cette lutte, les indigènes purépecha ne se sont pas seulement débarrassé-e-s des narcotrafiquants : ils ont également expulsé l’ensemble des autorités (police et partis politiques) qui protégeaient les opérations. Leur combat ne se dirige pas contre un crime organisé isolé mais contre un système dans lequel narcotrafiquants, classe politique et entreprises transnationales s’allient pour assoir leur contrôle sur les territoires et piller leurs ressources naturelles. « Nous nous sommes rendu compte de l’utilisation que font les gouvernements du narcotrafic pour atteindre la domination et le contrôle des territoires, et tout cela au service de grandes transnationales. Grâce au narco, ils soumettent les peuples auxquels appartiennent les ressources naturelles », dénonce ainsi un habitant de la communauté.

Le peuple de Cherán a donc lancé un processus d’organisation pour la défense de son droit à l’autodétermination, en s’inspirant des formes ancestrales purépecha d’autogouvernement. C’est en utilisant les savoirs du passé que les Cheranenses ont entrepris un long chemin vers la réappropriation de leur présent et de leur futur. « On dit souvent que les jeunes sont le futur, mais moi je pense qu’on n’est pas le futur mais le présent, et que le futur, ce seront nos enfants et petits-enfants, et c’est pour eux que l’on doit se battre, pour les générations à venir », précise une jeune particulièrement investie dans la lutte.

L’assemblée populaire a été réactivée, pour devenir la principale autorité de la communauté. Les habitants et habitantes se réunissent d’abord par quartiers puis amènent leurs propositions à l’assemblée générale mensuelle. Les décisions sont ensuite appliquées par différents conseils : le conseil supérieur, composé de douze anciennes et anciens, les K’eris, coordonne les actions des autres conseils et commissions. La sécurité de la municipalité est par exemple à la charge du Conseil d’honneur et de justice. La ronde communautaire, composée d’environ 90 membres, surveille les entrées de la ville et règle les problèmes internes à la communauté. Les zones rurales éloignées du centre, sur lesquelles s’étend la forêt, sont quant à elles sous la surveillance des guardabosques. Chaque jour, deux équipes de six hommes patrouillent l’ensemble du territoire en 4x4.

Il est important de noter que, pour les indigènes purépecha, la protection de la forêt est une obligation tant traditionnelle que spirituelle. C’est donc un élément crucial qui inclut aussi un énorme travail de reforestation dont on peut déjà observer les effets.

Les partis politiques sont morts

Bien que leur travail d’organisation ait déjà considérablement avancé, les habitants savent qu’ils ne sont pas à l’abri d’attaques qui pourraient remettre en cause la construction de leur autonomie. L’année qui arrive s’annonce particulièrement agitée : les élections municipales qui vont être organisées dans l’ensemble du pays risquent bien d’inciter les partis politiques à tenter de reprendre le pouvoir sur la communauté. La grande majorité de la population y est fermement opposée. Comme le déclare une femme d’une soixantaine d’année : « Ici, pour notre peuple, les partis politiques sont morts. On leur donne le pouvoir au travers des élections, mais de quoi se rend-on compte, tristement ? Qu’ils abusent du pouvoir. Et pourquoi ? Pour nous manipuler, pour nous rouler dans la farine en ne nous offrant que des miettes. Ils ne sont pas la forme appropriée, ils ne font que nous escroquer. » Un jeune homme – qui a fait partie de celles et ceux qui ont pris les armes en 2011 – explique, déterminé : « Si on me disait que les partis politiques allaient revenir, reprendre le pouvoir et changer les choses, qu’est-ce que je ferais ? Je serais le premier à me confronter à eux de nouveau et à dire “non, il n’y a pas moyen que vous reveniez”. Non aux partis, non. Mieux vaut un système populaire dans lequel tu sais qui te représente, ce qu’il fait et ne fait pas, qui il est, comment il vit. »

Télé communautaire

Les habitants et habitantes de Cherán ne manquent pas de créativité. Le 29 novembre dernier, une équipe de jeunes a inauguré, avec le soutien de l’assemblée, une nouvelle arme : une télévision communautaire. Strictement antiélectorale et antipartisane, elle a pour objectif de renforcer leur organisation, tout en valorisant la culture et les traditions locales. Dans une de ses premières productions, on peut entendre : « Le but de cette télé communautaire est de renforcer notre autonomie et notre organisation. Il n’y a pas de discrimination, aucune religion institutionnelle, pas de publicités, pas de partis politiques ni de groupes de pouvoir. »

Ce projet de communication est aussi une ouverture sur l’extérieur et une invitation à suivre leur combat de plus près, mais également à s’organiser et lutter. « Il ne suffit pas de faire des manifestations, de crier et critiquer le mauvais gouvernement, il faut s’organiser. » « C’est le peuple qui donne le pouvoir à ceux qui le détiennent, mais c’est aussi le peuple qui peut décider de le leur retirer. J’invite toute la société à en prendre conscience. Si l’on ne fait rien, ils n’arrêteront jamais de nous écraser », déclaraient ainsi tour à tour deux habitants de la communauté lors de la première transmission. Les premières productions peuvent d’ores et déjà être consultées sur Internet via la chaîne Youtube TV Cherán.

Texte et photos : Eugénie (Subversiones et Réseau Tejemedios)

Pour plus de renseignements vous pouvez écrire (en espagnol ou en français) à : tejemediosmexico@gmail.com ou tvcheran@gmail.com ou consulter le site Internet tejemedios.espora.org


[1] Sur le soulèvement, voir le documentaire “Guardabosques” (VOSTFR), Manovuelta, 2013.

http://alternativelibertaire.org/?Chera ... xique-De-l
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Re: Mexique

Messagede Pïérô » 26 Fév 2015, 12:27

Ville de Mexico : Voix depuis la prison Nord, la grève de la faim continue.

Fernando Barcenas et Abraham Cortés ont été transférés dans la zone de classification [ zone où les prisonniers sont amenés pour une période d’observation quand ils arrivent en prison ], la grève de la faim continue dans la prison Nord de la ville de Mexico.

Nous sommes informés, depuis la prison nord, que la grève de la faim initiée par la Coordination Combative de Prisonniers en Résistance continue. Les prisonniers Julio César Delgadillo et Elías Landín Bautista en sont à leur 6ème jour de grève de la faim, ils continuent à être isolés en zone d’admission et surveillés par le personnel de la prison.

D’autre part, nous avons été informés que les compagnons Fernando Bárcenas et Abraham Cortés ont été transférés à la zone d’Observation et de Classification, de même que le prisonnier Bryan Reyes. Les compagnons se portent bien, mais nous ignorons ce qui va leur arriver.

Nous continuerons à diffuser les informations au fur et à mesure que les nouvelles nous parviennent.

Pour la liberté de tous et de toutes !

Cruz Negra Anarquista México [ Croix Noire Anarchiste de Mexico- CNA-Mx ]

Source http://www.abajolosmuros.org/index.php/ ... orio-norte

Note de CNA-Mexico : Nous diffusons ce communiqué qui nous a été envoyé par les compagnons prisonniers de la prison Nord de la ville de Mexico (Reclusorio Preventivo Norte). Jusqu’ici, nous savons que la Coordination Combative de Prisonniers en Résistance est formée par des prisonniers des différentes zones de cette prison. Une des premières actions lancée a été la grève de la faim échelonnée qui a été initiée le 12 février par deux prisonniers : Julio César Nuñez Delgadillo et Elías Landín Bautista. Ceux-ci ont été isolés du reste de la population carcérale, dans des cellules de la zone d’admission.


Communiqué de la Coordination Combative de Prisonniers en Résistance (C.C.P.R)

Aux rebelles de la lutte sociale
Au peuple en général

( Prison Nord de la ville de Mexico, 16 février 2015 ).

La société est un contrat qui repose sur la peur, sur la peur de l’exclusion, la peur de la justice, la peur de la police, la peur de l’autorité…

Et celui qui transgresse les normes sera sanctionné de manière exemplaire pour maintenir l’état de choc, tentant de terroriser les individus dans le seul but de maintenir leur domination en même temps que l’exploitation économique.

Mais nous devons nous demander…est-ce-que la justice existe ? Qu’est-ce que la faute ?

Du point de vue religieux, la culpabilité est nécessaire pour maintenir la soumission de l’individu face au régime autoritaire qui réprime depuis un absolu (dans ce cas, Dieu), qui soumet l’individu au joug de l’oppression, de la rigueur morale, du mensonge existentiel.

Une caractéristique particulière de l’homme moderne comme être historique dans un espace temporel est sans aucun doute le désintéressement envers tout, qui le pousse à chercher les manières d’éviter de faire face à sa réalité.

L’angoisse générée par le fait de comprendre et d’assimiler la liberté provoque la peur, peur de la finitude de son existence, peur de choisir, peur de la responsabilité qu’implique être libre.

La hiérarchie qui le modèle, le réduit à l’esclavage et le condamne à une vie banale et sans aucun sens, car en signant le contrat social, par le seul fait d’acquérir un état civil ou une nationalité, l’individu accepte sa sentence qui l’oblige à vivre attaché aux chaînes de l’autorité en échange de quelques « garanties », « droits » et lois qui entravent et mutilent sa liberté, la restreignent, la conditionnent …

C’est pour cela que des institutions diverses et variées existent. Le travail réel d’une institution est d’annihiler toute trace de conscience et de liberté qui pourrait avoir existé dans l’esprit de l’individu.

Avec l’institutionnalisation commence le projet de domestication : la famille, l’école, les tribunaux, la prison … toutes ces institutions fidèles et impliquées dans la reproduction et le soutien au système social administré par une élite privilégiée, qui se présente de manière hypocrite avec la promesse d’une « vie digne », d’un travail salarié, avec l’utopie de la démocratie et un mensonge appelé « paix sociale » qui implique un endormissement, une vie enchaînée mais avec la possibilité de choisir la couleur de ses chaînes.

Et alors … : que faire ? Quand l’idée virtuelle de la légalité se trouve dépassée par le besoin et la détresse, par l’expérience quotidienne du conflit avec les lois d’exclusion, par la réalité inévitable qui est vécue dans les rues des grandes villes et dans les campagnes ; la réalité à laquelle nous appartenons, nous les opprimé-e-s, et à laquelle nous faisons face jour après jour….

Il est facile de prononcer le mot faim, mais ce n’est pas la même chose de la sentir, et dans des conditions contraires et devant la pétrification de l’appareil dominant l’illégalité est pratiquée et assimilée comme forme de vie et de survie. Et après être entré dans celle-ci, afin de chercher des alternatives à un système en décadence, tu te rends compte qu’existent des voies distinctes qui démasquent le mensonge d’une société et d’un État pacifiques composés de citoyens honorables …

Et voilà que tu découvres que la corruption est la voie de l’illégalité que l’état propose comme alternative pour ceux qui vivent la pauvreté … Avec la promotion de la délinquance et la permissivité pour sortir du paramètre légal en complicité régulière avec l’autorité, son silence, son appui, en échange d’un gain monétaire. Les droits sont à la vente et une lutte précaire commence pour les acquérir et générer un état de privilèges et de bien-être, un mensonge similaire à un anesthésique social, qui fait que l’individu se concentre sur la compétitivité, en oubliant qu’il s’est subordonné en acceptant de devenir un simple outil de production, qui l’attache à l’esclavage perpétuel, en effet il a ainsi été formé. Ils lui ont appris à être un rebelle incomplet, à piétiner ceux de sa classe opprimée et à tolérer la violence de ceux d’en haut. Ils lui ont appris à être soumis à l’autorité. L’individu est converti en animal dressé qui veillera aux intérêts de son maître et les défendra quand cela lui sera demandé.

De cette façon, la corruption qui perpétue le système, ne peut pas être une voie de lutte et encore moins dans la prison, puisque bien qu’apparemment elle « casse les schémas », au fond, elle ne fait rien de plus que de répéter les cycles du système et par conséquent aide à sa croissance et à son renforcement.

Cependant, il existe encore des rebelles, qui font face à l’obscurité des institutions, sans aucun médiateur, en n’obéissant à personne qu’à eux-même et en se rebellant d’une manière consciente face aux racines des problèmes.

Et c’est pour tout ceci que nous avons décidé de créer et de partager des moments de lutte dans un espace commun, où se retrouvent les esprits les plus libres et les moins soumis. Organisés par affinité, nous déclarant libres à chaque instant et en tout lieu, nous avons décidé d’agir et de rejeter l’idée même de toute forme d’autorité. Nous nous inscrivons en un front combatif et direct, dans la lutte anti-autoritaire, avec la même détermination que dans les rues, nous la continuons et la faisons nôtre ici dans notre vie quotidienne en prison.

Aujourd’hui nous choisissons notre camp en ne reconnaissant plus les autorités pénitentiaires, en les assimilant à nos ennemis immédiats dans cette étape de guerre où nous sommes à notre tour prisonniers.

Pour la liberté de tous et toutes les individus et les êtres vivants !

Contre la répression, l’isolement et les mauvais traitements à l’intérieur des prisons.

Coordinación Combativa de Presos en Resistencia (C.C.P.R)

Coordination Combative de Prisonniers en Résistance (C.C.P.R)


Traduit par Les trois passants et Caracol Solidario/ correction Myriam

Ville de Mexico, diffusé par la croix noire anarchiste de Mexico

https://liberonsles.wordpress.com/2015/ ... ison-nord/
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Re: Mexique

Messagede Pïérô » 08 Mar 2015, 02:00

Radio Zinzine
Los pedregales, un caillou dans la chaussure de Mexico
Los pedregales est un quartier du sud de Mexico city, dans l'arrondissement de Coyoacan, près de l'université, la UNAM. Ce quartier est issu de luttes populaires et en particulier d'une occupation de terre qui a commencé dans les années '70. Nous commençons cette émission avec Lucia et Rodrigo, deux jeunes étudiants impliqués dans la vie et les luttes du quartier, qui nous retracent l'histoire et l'actualité des Pedregales. Ensuite nous écoutons Doña Fili, figure historique du quartier et de ses luttes. Le discours de Doña Fili a été enregistré à la fin d'une manifestation, le 17 décembre 2014, quand le quartier se solidarisait et accueillait les parents des disparus d'Ayotzinapa.
à écouter : http://www.zinzine.domainepublic.net/in ... hp&id=2823
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Re: Mexique

Messagede Pïérô » 14 Mar 2015, 16:08

Situation actuelle de Carlos López, Fallon Roullier, Amelie Trudeu
Le 28 février 2015, la Croix Noire Anarchiste de Mexico qui suit de près et accompagne les trois compagnons anarchistes arrêtés depuis plus d’un an déjà, nous a fait parvenir le message suivant :
Nous en profitons pour partager avec vous quelques nouvelles. Hier, Amélie, Fallon et Carlos ont reçu la notification de non-lieu s’agissant du délit fédéral pour les dommages dont ils-elles étaient accusé-e-s. La sentence de 2 ans et 7 mois pour les délits locaux d’attaque à la paix publique et dommages ont été confirmés. (1)
... https://liberonsles.wordpress.com/2015/ ... ie-trudeu/


[Mexico] Voix depuis la prison Nord : Abraham Cortés
Lettre d’Abraham Cortés Ávila
C’est un nouveau jour de lutte, un nouveau jour de résistance, un nouveau jour pour élever la voix, un nouveau jour avec le poing levé, un nouveau jour pour rendre visible l’injustice des institutions, institutions créées pour exercer la répression et l’exploitation, institutions qui tentent de faire taire, de pervertir et détruire la population. Cela fait 16 mois que je suis séquestré dans cette institution, au départ j’étais dans le quartier d’arrivée, à présent je suis dans la zone de la population dite tranquille, bien qu’ils aient essayé de magouiller pour nous envoyer dans le quartier dangereux, comme quand ils nous ont déplacés dans le Centre d’observation et de Classification, où ils nous ont assignés dans une zone dangereuse, un quartier disciplinaire pour la population dite normale.
... https://liberonsles.wordpress.com/2015/ ... am-cortes/


Carlos Lopez : La Liberté n’arrive pas par hasard, elle se construit.
La Liberté n’arrive pas par hasard, elle se construit.
Texte de Carlos Lopez.
Prison Oriente, DF. (Reclusorio Oriente, DF)
J’entends l’État comme une entité régulatrice des privilèges qui servent les intérêts d’une classe politico-économique, comme un fidèle laquais du capital techno-industriel et de toutes les formes de manipulation sociale qui en découlent. Il n’est pas difficile de comprendre qu’il se sert du châtiment imposé à tout individu qui se rebelle face à ses lois et à ses règles de contrôle, puisqu’il dispose parmi tout son ample éventail de possibilités répugnantes, du système juridique pénitentiaire.
... https://liberonsles.wordpress.com/2015/ ... los-lopez/
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Re: Mexique

Messagede Pïérô » 15 Mar 2015, 06:08

Luis Fernando Sotelo, liberté !
Qui est Luis Fernando Sotelo ?
Luis Fernando Sotelo Zambrano est étudiant et adhérent à la « Sexta », la Sixième Déclaration de la forêt lacandone lancée par les zapatistes. Il a été incarcéré à la suite d’une action à la Cité Universitaire de la ville de Mexico, dans le contexte de la Journée Globale en solidarité avec Ayotzinapa, le 5 novembre 2014.
Le 10 novembre 2014, le juge lui a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’attaques à la paix publique, d’attaques aux voies de communications et dégradations. Cela signifie que le compagnon sera sujet à un procès judiciaire qu’il devra affronter enfermé dans la prison préventive Sud de la ville de Mexico, car ce type de délit ne permet pas la liberté sous caution.
... https://liberonsles.wordpress.com/2015/ ... o-liberte/



Voix depuis la prison Nord de Mexico : Fernando Bárcenas Castillo
Aux compagnons rebelles
Au peuple en général
Avant tout, un salut fraternel, plein de santé et d’anarchie, une embrassade combative pleine de passion active, d’une tendresse subversive. Aujourd’hui s’ouvre un nouveau panorama, et bien que l’horizon ne soit pas clair, nous devons affronter avec audace et avec valeur tout ce qui pourrait arriver.
Ce sont des temps difficiles de lutte et de guerre sociale, l’heure est venue de forger un nouveau monde, puisque les circonstances sont propices pour la révolution sociale ; nous savons que nous sommes condamnés à vivre la cupidité immonde de ces mêmes privilégiés qui ont opté pour la domination et la conspiration pour maintenir la gouvernabilité et la soumission des majorités.
... https://liberonsles.wordpress.com/2015/ ... -castillo/
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Re: Mexique

Messagede bipbip » 17 Mar 2015, 02:15

Mexique: Les parents des 43 étudiants disparus se rendent aux États-Unis

Les parents des 43 étudiants mexicains disparus en septembre se rendent aux États-Unis pour appeler leurs compatriotes expatriés à boycotter les élections locales qui se tiennent au Mexique en juin, a annoncé un porte-parole des parents.

.... http://www.lapresse.ca/international/et ... s-unis.php
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Re: Mexique

Messagede bipbip » 27 Mar 2015, 15:01

Mexique : Trois prisonniers anarchistes libérés

Les prisonniers anarchistes Carlos, Amélie et Fallon ont été libérés 13 mars. Amélie et Fallon ont été transférés directement à une prison de l’immigration pour être expulsé vers le Canada. Ils avaient ont été condamnés pour une attaque au cocktails Molotov contre un concessionnaire Nissan et le Ministère de la Communication et des Transports à Mexico.

http://www.secoursrouge.org/Mexique-Trois-prisonniers

Image


Finalement, après avoir été acquittés le 27 février 2015 de l’accusation du parquet fédéral pour le délit de dommages sous forme d’incendies et en payant une caution pour la sentence de 2 ans et 7 mois pour les délits d’attaque à la paix publique et de dommages, les compagnon-ne-s Amélie Trudeau et Fallon Roullier ainsi que Carlos Lopez « Chivo » ont été placés en « liberté sous caution » le 13 mars.

Parce qu’elles sont de nationalité canadienne, les compagnonnes Amélie et Fallon ont été emmenées directement à une station de l’Institut National de Migration, une prison pour ceux qui n’ont pas les papiers nécessaires pour passer les frontières imposées par les États et le Capital. Une prison dans laquelle passent des centaines de personnes en attente d’une décision sur leur situation pour le fait de ne pas avoir de papiers. Une prison comme toutes les prisons, dans laquelle règnent la maltraitance, les humiliations, le harcèlement, l’insalubrité, etc. Elles sont restées plusieurs jours dans cet endroit. À cause des conditions du lieu –visites restreintes et peu d’informations– la situation des compagnonnes était peu claire, jusqu’à ce qu’elle furent déportées dans leur lieu d’origine le 23 mars.

Si plusieurs jours sont passés depuis la sortie de prison des compagnon-ne-s, il nous paraît important de diffuser cette information pour actualiser la situation de nos compagnons emprisonnés.

Le fait d’avoir été acquittés d’une des accusations, pour nous, plus que nous parler d’innocence ou de culpabilité, cela nous indique que l’État a mal monté son théâtre répressif et qu’à cause de cela il a fini par s’écrouler, comme cela s’est produit avec l’accusation de Terrorisme qu’ils ont eu pendant 40 jours et pour laquelle ils ont été au Centre National d’Arraigos.

Nous pensons que peut-être que pour le prochain coup répressif l’Etat visera mieux, c’est pourquoi nous appelons à réaliser un exercice constant de réflexion sur nos pratiques de sécurité, ainsi qu’à être préparé-e-s, car nous sommes sûrs que la campagne anti-anarchistes de l’État mexicain continuera.

Cela nous remplit de joie que nos compagnon-ne-s soient de nouveau dans la rue !
Même si les prisonnier-e-s nous manquent !
Liberté pour Fernando Bárcenas, Abraham Cortés et Luis Fernando Sotelo !
À bas les murs de toutes les prisons !

Croix Noire Anarchiste Mexico

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Re: Mexique

Messagede Pïérô » 05 Avr 2015, 13:32

[Mexico] Une lettre pour Sotelo

Dernièrement, une campagne de solidarité a été lancée par le Réseau contre la Répression et pour la solidarité [qui regroupe des organisations, collectifs et individus adhérents à la Sexta au Mexique]. Celui-ci appelle à poursuivre des actions solidaires pour notre compagnon. Dans ce cadre, une campagne graphique pour sa liberté a été lancée en février au niveau national. Pendant le mois de mars, le Réseau contre la Répression a lancée une campagne contre l’isolement.

... https://liberonsles.wordpress.com/2015/ ... do-sotelo/
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Re: Mexique

Messagede bipbip » 07 Avr 2015, 13:48

CARAVANA 43, LES PROCHES DES 43 ETUDIANTS DISPARUS D’AYOTZINAPA SE DEPLACENT AU USA

Tout le monde a entendu parler des 43 étudiants de l’école Normale d’Ayotzinapa ( Mexique) disparus le 26 septembre 2014 dans la ville d’Iguala.

Au Mexique cet évènement est la goutte d’eau qui a engendré un des mouvements sociaux les plus important depuis la révolution mexicaine. Le peuple est dans la rue jours après jours depuis 6 mois pour demander le retour des 43 étudiants sains et saufs.

L’ampleur de ce mouvement est internationale, les parents des disparus, leurs proches et camarades de classe ne cessent de se déplacer à la rencontre de la société civile et de diverses organisations afin de demander justice. Trois caravanes parcourent actuellement les Etats Unis d’Amerique pour expliquer ce qui s’est réellement passé le 26 septembre 2014 et recevoir le soutien du peuple américain.

C’est à San Diego, Californie, que nous avons eu la chance de rencontrer une de ces trois CARAVANA43, celle qui parcoure l’ouest des Etats Unis d’Amérique.


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RETOUR SUR LES FAITS

Les écoles Normales sont les écoles publiques où sont formés les futurs professeurs des zones rurales paysannes. Elles sont l’héritage de la révolution mexicaine. L’enseignement, la nourriture, le logement, les uniformes y sont gratuits permettant aux classes sociales les plus pauvres d’avoir accès à une formation d’instituteur et de professeur. Ces écoles ont vus leur nombre diminuer les dernières années. La réforme éducative impulsée par l’actuel président Enrique Pena Nieto vise a privatiser les écoles mexicaines ce qui est une énième attaque envers la gratuité de l’enseignement. Les écoles normales se sont donc mobilisées pour proteger leurs futurs.

Angel Neri de la Cruz, étudiant de deuxième année à l’école normale d’Ayotzinapa et survivant des évènements du 26 septembre nous explique le foctionnement collectif et horizontale des groupements d’étudiants, sans chefs, sans leader, avec des représentants qui tournent a tour de rôle. Il n’y a pas de partis politiques au seins de ces groupements.

Angel nous parle ensuite du déroulement des évènements qui ont aboutis aux disparitions. Le 26 septembre 5 bus d’étudiants de l’école Normale d’Ayotzinapa se rendent à la ville d’Iguala. Suite à l’impossibilité de se rendre jusqu’au terminus d’autobus à cause du blocage d’une route, les véhicules se séparent. Le chauffeur de l’un d’eux conduit le bus jusqu'à la station centrale d’autobus, en sort et y enferme à l’intérieur une poignée d’étudiants. Contactés par leurs camarades enfermés les étudiants présents à proximité se regroupents et vont à leurs secours. Tous ensembles ils s’échappent du terminus à bord de 3 bus et se retrouvent en plein centre ville d’Iguala, ville qu’ils ne connaissent pas.

Un des bus est arrêté par la police. Les occupants des autres véhicules décident de descendre et d’aller aider leurs camarades. Angel nous raconte alors “ nous avons courus vers le bus qui venait d’être arreté par la police. C’est à ce moment que la personne derrière moi tombe au sol, une balle en pleine tête. Nous crions aux autres “ ils ont tué un étudiant”. La police a alors commencée a tirer sur les étudiants et les bus.” Angel passe rapidement sur les détails morbides et nous dresse le bilan de cette soirée: 3 morts par balle, 25 bléssés et 43 disparus…

Cela fait 6 mois que les survivants de cette nuit et les familles cherchent les 43.

Pour lui, le seul crime commit cette journée est celui d’avoir voulu défendre la gratuité de l’éducation, d’avoir voulu défendre leurs villages, leurs communautés paysannes et indigènes. “ nous défendons le droits à l’éducation pour nous les pauvres”.

ET DEPUIS

La parole passe à Blanca Luz Nava Vélez, mère de Jorge Alvarez Nava porté disparu, à Estanislao Mendoza Chocolate, père de Miguel Ángel Mendoza Zacarías porté disparu et à Cruz Bautista oncle de Benjamin, Ascencio Bautista porté disparu.

Depuis 6 mois ils n’ont cessés de chercher leurs enfants, demandant au gouvernement mexicain de prendre ses responsabilités. Le gouvernement, dont les forces policières sont à l’origine des disparitions et des meurtres, se retrouve face au mur. Avec l’aide des médias de masse, dont Televisa et TV azteca, de fausses versions des faits sont amplement diffusés au peuple mexicain. Les familles nous mettent bien en garde sur le rôle des medias de masse.

Selon la version officielle, des corps ont été brulé dans une déchetterie prêt d’Iguala puis les cendres jetées dans le fleuve San Juan. Ce serait des narco-trafiquants, les Guerreros Unidos, les responsables de ces actes. Seulement il y a un “hic”, personne des parents et des proches des victimes ne croient à cette version. Il savent que les narcotrafiquants sont l'excuse qui couvrent toutes les exactions commisent par leur gouvernement.

Des parents, dont Estanialao, se rendent sur place. Ce sont pour la plupart des paysans qui connaisent bien leur terre. Il constatent alors que les traces laissées par le feu ne correspondent pas à un feu ayant permit la crémation de corps humains. Un labo indépendant argentin, “el Equipo Argentino de Antropología Forense (EAAF)” dément aussi la version officielle et affirme que les reste retrouvés ne correpondent pas aux étudiants disparus.

Le gouvernement ment et la société civile se rend bien compte du rôle joué par la police dans ces évènements. Estanislao nous souligne que chaque étudiant possédait un telephone lors des faits. “ Des relevés GPS ont été demandé aux compagnies téléphonique mais le gouvernement fait blocage pour que nous n’y aillons pas accès.”

Les parents, les proches, les étudiants normaliste d’Ayotzinapa ainsi que la société civile mexicaine et internationale demandent et exigent du gouvernement mexicain la vérite et le retour des 43 étudiants sains et saufs.

LA RESPONSABILITE DES ETATS UNIS D’AMERIQUE

La parole arrive a Josimar de la Cruz. Il interpelle les personnes présentes. “ les Etas Unis se disent être le pays le plus puissant du monde et nous voulons, avec vous, faire pression sur votre gouvernement afin qu’il se mobilise et exige la vérité à Enrique Pena Nieto et son gouvernement”.

Il nous parle ensuite du plan Merida. Dans la soit disante guerre contre le Narcotrafique ( qui a fait plus de mort que la révolution mexicaine et les diverses coups d’Etats d’Amerique centrale cela dit en passant), les Etats Unis d’Amérique et le Mexique ont signé un accord, le plan Merida, autorisant la présence de forces armées américaines sur le territoire mexicain et permettant l’acheminement de nombreuses armes.

Dans les fait ce plan Merida a soutenue la répression exercée par le pouvoir envers les populations locales, a permis l’expropriation de milliers de paysans et indigènes, a permis l’armement de nombreux groupes paramilitaires, ironiquement au main des narco-trafiquants et tout cela pour faciliter l’implantation de companies trans-nationales (en partie Americaines et Européennes) sur le territoire mexicain.

Les participants de la caravana43 demandent au gouvernement américain l’abolition du plan Merida. Ils nous expliquent qu’une partie des impôts payés par les citoyens américains sert a financer ce plan merida et ainsi contribue directement aux atrocités perpetuées.

SOLIDARITE INTERNATIONALE

La Caravana43 lance un appel a solidarité internationale afin que partout dans le monde les peuples fassent pressions sur leurs gouvernements pour le retour des 43 étudiants sains et saufs.

Lorsqu’un étudiant du city college de San Diego demande a son homologue mexicain “ et moi en tant qu’étudiant américain qu’est ce que je peux faire?” Angel lui répond que tout le monde peut se tenir informé et peut diffuser autour de soi, tout le monde peut organiser des évènements, des manifestations, des pétitions, faire des dons sur le site de caravana43,…, mais surtout chaque personne doit utiliser sa créativité afin de trouver les moyens de lutter qui correspondent à notre époque et aux contextes de chaque pays et de chaque environnement social.

La caravana43 se solidarise avec toute personne qui subit la répression policière, peu importe le pays, avec toute personne qui lutte contre les grandes corporation et le systeme néoliberal. Avant de terminer Angel nous dit “ aux Etats Unis comme au Mexique et dans d’autres pays les gouvernements nous tuent pour le simple fait de dire non, pour le simple fait d’avoir la peau d’une autre couleur et avant tout, pour le simple fait d’être pauvre et dire YA BASTA”

La conférence de presse s’est suivie d’une marche en direction du bâtiment du Congrès de San Diego où plusieurs centaines de manifestant demandèrent haut et fort

“ Ils les ont enlevés vivants, vivant nous les voulons!!!”

Pour plus d’information ou pour faire un don veuillez visiter le site internet http://www.caravana43.com/ ou le facebook https://www.facebook.com/Caravana43



https://nantes.indymedia.org/articles/31334
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