Religion. Les anarchistes et les organisations anarchistes se sont considérés à une écrasante majorité comme des athéistes militants . Étant donné l’histoire de notre mouvement, cela n’est pas surprenant. La Russie, l’Italie et l’Espagne sont le centre de la plus grande partie de son histoire . C’étaient des sociétés dominées par des religions d’état uniques complices de la classe des propriétaires fonciers. Il n’est donc pas étonnant que une grande frange de l’opposition à ces régimes obscurantistes étaient activement anticléricaux. Le mouvement anarchiste d’aujourd’hui est également né en grande partie en réaction contre les mœurs réactionnaires et conservateurs incarnés par la dénommée Droite Chrétienne. Pas étonnant que notre mouvement a conservé un discours anti-religieux.
M1 rejette ce discours parce que nous croyons qu’il est un vestige compréhensible mais non anarchiste de notre passé. En outre, nous pensons qu’il est un obstacle pour développer la présence de notre mouvement dans de nombreux secteurs de la classe ouvrière et des classes opprimées.
Les hypocrites mis de côté, les croyances spirituelles sont profondément personnelles. Les fondements de l’anarchisme sont la défense et le développement de chaque personnalité humaine et unique. L’aspect social révolutionnaire de l’anarchisme vient de la prise de conscience que le genre, l’ethnie, la classe, la sexualité et autres oppressions et exploitations font violence à la personne et doivent être combattus collectivement. Si nous liquidons l’individualité dans nos comportements collectifs, nous nous positionnons nous-mêmes sur la même pente glissante que les autoritaires.
Notre expérience démontre que des personnes répondront favorablement à nos activité et à notre organisation et iront de l’avant motivées par leurs valeurs et croyances religieuses. Beaucoup d’entre elles pensent que notre militantisme est motivé aussi par de telles croyances et sont surpris de découvrir que nous ayons des opinions athéistes . Si quelqu’un avec des opinions religieuses se joint à nous dans la lutte et est intéressé par nos visions plus larges, devrait-il être victime d’humeur sectaire ou de plaisanteries douteuses sur les croyants,Jésus, Allah, etc.? Alors que c’est leur interprétation personnelle de leur croyance religieuse qui motive leur résistance et leur sentiment de solidarité. Cela arrive dans notre mouvement bien trop souvent.
Comment on agit dans son environnement devrait être la base de nos affinités révolutionnaires. Nous n’avons que faire de la philosophie personnelle qui motive une personne ou un groupe à adopter un point de vue ou rejoindre un combat autoritairement. Nous discutons avec les gens sur des questions fondées sur des faits irréfutables (comme l’évolution) . Nous nous opposons et combattons ceux qui défendent des points de théologie (politique) réactionnaires et/ou patriarcaux. Nous résistons farouchement à la religion fondée sur l’autorité..En même temps, nous ne décourageons pas ni ne nions ces aspects de croyances personnelles qui transforment certains en révolutionnaires. Le mouvement dont nous avons besoin doit être de masse, déterminé et ouvert aux John Brown, Zapata, Dorothy Day, et Malcolm d’aujourd’hui.
Un regard en arrière sur le mouvement pour le Droits Civiques/Libération des Noirs et un examen soigneux de quelques organisations et proto-mouvements d’aujourd’hui mettent en évidence une autre leçon. Nous voyons une activité significative d’organisation basées sur la foi dans le militantisme pour la justice sociale, allant de l’ immigration jusqu’au mouvement contre la guerre, en passant par le droit du travail ou les transports en commun urbains, parmi d’autres. Ces organisations sont encore définies et limitées par leur libéralisme mais elles attirent une nouvelle couche de militants énergiques parmi lesquels des jeunes et des ouvriers grâce aux aspects sociaux et démocratiques de leurs visions politiques. Dans les années à venir, le chaudron des luttes conduira indubitablement à une radicalisation d’éléments, sinon de segments de telles organisations, de coalitions etc. Nous ne devons pas laisser se dresser d’inutiles obstacles entre nous et une telle évolution.
Une approche non-sectaire et à plusieurs niveaux de l’organisation : Nous sommes pour la création de fédérations anarchistes/antiautoritaires de dimension régionale, nationale, continentale et même mondiale. De telles fédérations doivent avoir un caractère de masse et capable de s’impliquer dans et influer sur la gauche au sens large, en plus d’élaborer et de lancer des campagnes et projets anarchistes indépendants.
Les contours et la nature de ce futur mouvement plus large ne peut que faire l’objet de spéculations.
Nous pouvons être certains qu’il englobera des organisations sociales distinctes issues de préoccupations communautaires et sectorielles variées. Quelques organisations seront éphémères mais d’autres seront plus permanentes et de nature potentiellement radicales. De nouveaux courants avec des idées antiautoritaires apparaitront sans aucun doute dans et autour de ces organisations. Les anarchistes doivent y être présents et contribuer à de tels développements en plus de construire des projets indépendants .
A l’intérieur de ces larges mouvements, nous serons confrontés (avec les nouveaux courants) aux forces déterminées à dominer ces mouvements. Les libéraux – parfois encouragés et poussés par, mais plus généralement alliés avec, la gauche plus traditionnelle et même des organisations "révolutionnaires" auto-proclamées - essaieront d’isoler et de neutraliser les éléments et les actions les plus radicaux .
L’objectif des libéraux est de subordonner la gauche de la société à la stratégie conservatrice pro-capitaliste de cooptation et de réformes du gouvernement (au sens le plus limité du terme) dans une tentative pour stabiliser le système existant en supprimant ou en remaniant quelques structures existantes de domination et d’exploitation.
Dans le combat contre un mouvement social encore plus agressif de droite, ils auront du mal à trouver des moyens efficaces pour s’opposer et diviser politiquement cette dure réalité. Leur timidité et leurs méthodes étatistes pourraient plutôt conduire à des résultats néfastes et tragiques.
Avec des ennemis à droite et à gauche, la gauche antiautoritaire aura besoin de s’organiser. Les futures grandes luttes se joueront sur des plans régionaux, nationaux et mondiaux Le mouvement anarchiste devra développer des formes organisationnelles pour se coordonner sur tous ces niveaux . Cela est indéniable tout comme le fait de la nécessité de fortes bases populaires locales.
Toute coordination/fédération anarchiste nord-américaine réelle et implantée régionalement ne peut se rassembler efficacement qu’à travers une courbe croissante de politisation, de luttes et de travail d’organisation pour la survie/solidarité. Le mode d’association politique et organisationnelle de telles groupements sera conçu et modelé à travers les luttes. Il est cependant crucial que la discussion et les premiers pas débutent ici et maintenant.
Nous sommes pour un front commun et pour l’action et l’aide mutuelle de tous les courants antiautoritaires et an&anarchistes. Cela nous importe peu que les personnes ou groupes qui se proposent partagent le même intérêt pour développer la tradition anarchiste ou qu’ils soient plutôt motivés dans leur approche égalitaire-libertaire par des opinions religieuses, écologiques ou politiques différentes.
Nous sommes pour un engagement simple et clair envers a) une société libre, décentralisée et basée sur la coopération à travers une rupture radicale avec le système b) une action directe de masse indépendante de tout milieu politique institutionnel et c) une collaboration volontaire des individus groupes, organisations sociales et sectorielles qui tracent leur voie au moyen de délibérations respectueuses envers tous et exécutées de manière à ce que tous avancent ensemble sans laisser quiconque derrière.
Nous soutenons les efforts fédératifs d’une riche variété de groupes. En plus d’organisations régionales et nationales constituées autour de programmes et de théories sociaux et politiques spécifiques, nous recherchons la création de liens avec des campagnes en cours, des cliniques, des cuisines, des projets antifascistes, des ouvriers autonomes, des centres de quartiers, des clubs artistiques ou sportifs, des groupements syndicaux, des comités de travailleurs indépendants et des syndicats radicaux, pour citer quelques -uns d’entre eux.
La nature étendue d’une telle alliance ne peut que contribuer à sa vitalité et à son caractère innovant. Les groupes spécifiques sur le plan programmatique sont susceptibles d’apporter des enseignements utiles tirés du passé et du présent du mouvement anarchiste international. Ceci grâce aux connaissances, expériences et relations accumulées par leurs membres. Les projets militants de différents milieux spécifiques contribuent à une plus grande ouverture vers l’extérieur et à un ensemble de compétences beaucoup plus diversifié.
Nous devons être constamment attentifs à préserver et approfondir la nature antiautoritaire de nos organisations. Les pressions au nom de l’efficacité, la délégation de tâches, les degrés inégaux d’éducation, d’expérience et de savoir-faire sont toutes problématiques mais inévitables. Les tentatives pour y remédier ne peuvent pas être seulement structurelles. Les questions politiques concernant l’idéologie, l’instrumentalisation et les valeurs sont des questions clefs.
Dans le proche avenir, First of May définit sa raison d’être et ses tâches comme suit : 1. Défendre et développer les idées présentées dans ce document. Dialoguer et débattre sur ces questions et autres concernant la stratégie révolutionnaires avec des groupes et individus.
2. S’impliquer systématiquement dans des actions d’éducation et d’agitation populaires anarchistes, en mettant en avant plus particulièrement ses aspects les plus radicaux .
3. Aider nos membres et amis à approfondir à la fois leur travail au sein des classes ouvrières et de leur mouvement. Autant que faire se peut à travers notre engagement actuel dans notre travail de
(semi) masse .
4. de renforcer la compréhension et les liens entre les antiautoritaires sur le plan local et régional. Nous sommes pour l’organisation de cercles/réseaux sur des bases programmatiques et structurelles minimalistes pour accroitre la prise de conscience quant à chaque projet et mener des actions sociales et d’éducation occasionnelles conjointes .
Développer au fil du temps des présences plus visibles et coordonnées des anarchistes et antiautoritaires dans les rassemblements et actions touchant des couches plus larges de la population
5. Continuer à nous investir dans la Class Struggle Anarchist Conference (CSAC)
(1) tout en préconisant un débat politique et stratégique plus ciblé et plus approfondi et une meilleure coordination d’actions concrètes
La création au sein de la CSAC du Inter-Organizational Labor Working Group, la rencontre à la Labor Notes Conference qui a suivi en 2010 ,et le débat au sujet d’une publication représentent des premiers pas importants. Il y a une importante marge de manœuvre et de potentiel dans le développement d’une présence anarchiste au sein du mouvement ouvrier, pour attirer de nouveaux éléments extérieurs à la CSAC et pour renforcer notre travail actuel ponctuel par son intermédiaire.
Nous encourageons la formation d’autres groupes de travail dans d’autres différents domaines de luttes. Nous sommes intéressés pour échanger dès maintenant avec des personnes quant à la créations de tels groupes de travail antifasciste et anti -Empire/militarisme et sommes ouverts à d’autres chemin faisant. Des groupes de travail collaboratifs avec une vitrine et des activités publiques renforceront notre mouvement commun.
First of May Anarchist Alliance
Janvier 2011
(1) Lire à ce sujet sur Anarkismo
http://www.anarkismo.net/article/14863A Reportback From the Class Struggle Anarchist Conference
First of May Anarchist Alliance
http://m1aa.org/Révolution . Bulletin publié par M1
http://m1aa.org/wp-content/uploads/2012/04/Revolution_Mayday-2012.pdfPour complément d’infos
Une critique de la Fédération Anarchiste
Une nouvelle organisation anarchiste aux États-Unis, la First of May Anarchist Alliance
http://www.federation-anarchiste.org/spip.php?article1041Alternative Libertaire
États-Unis : M1 au pays des capitaux, des libertaires chez l’oncle Sam
http://www.alternativelibertaire.org/spip.php?article4643