Le mali sur une poudrière

Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 21 Fév 2013, 11:19

Mali : «Le risque, c’est que l’on s’engage dans un combat extrêmement long»
...
« Panthère IV » c’est une opération qui est faite pour durer ?

Oui.
Au moins le temps que l’on trouve nos otages, et puis le temps d’éliminer les bandes d’Aqmi. La France a concentré beaucoup de moyens de renseignements au-dessus de cette zone. Nous avons des avions Atlantique 2, qui font de l’écoute, nous avons des satellites qui passent régulièrement au-dessus de la zone, nous avons déployé des drones Harfang. Donc, il y a une très grande concentration de moyens de renseignements. Techniques, essentiellement, mais aussi humains, avec la population locale. Son attitude sera certainement essentielle, dans la suite des événements.
...
Quels sont les principaux risques rencontrés sur une opération comme celle-là ?

Les risques, c’est que l'on s’engage dans un combat extrêmement long, dans une recherche extrêmement longue, difficile, d’adversaires un peu insaisissables, qui auraient la capacité de franchir assez facilement les frontières. Et donc, on peut s’engager sur quelque chose qui peut être très long. Je pense que c’est le risque essentiel.

Le deuxième risque c’est aussi des représailles sous forme d’actes terroristes, comme on peut le voir au nord du Cameroun, par exemple ?

Oui, ça c’est le risque global de toute cette opération, et on le savait depuis le début. C’est-à-dire qu’il était évident que nos adversaires allaient jouer de ce mode d’action indirecte, frapper des intérêts français, des ressortissants. Soit les adversaires directs que l’on affronte, comme le Mujao ou Aqmi, mais aussi d’autres organisations alliées, comme Boko Haram, qui est probablement à l’origine d’enlèvements de ce mardi.

>>>
http://www.rfi.fr/afrique/20130220-mali ... ement-long

que dit le gouvernement déjà ??
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 21 Fév 2013, 13:17

Explosion d'un véhicule près d'un camp franco-tchadien au Mali
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http://www.liberation.fr/monde/2013/02/ ... ali_883441

c'est décidément bien parti ...
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 22 Fév 2013, 13:05

Gao à nouveau sous le feu des djihadistes maliens
Les islamistes du Mujao, qui ont engagé une stratégie de guérilla, promettent de «revenir jusqu'à la libération» de la ville.

Le scénario tant redouté depuis l'attaque islamiste contre le commissariat de Gao, le 10 février dernier, s'est vérifié jeudi dans la capitale du nord du Mali. Des islamistes armés, infiltrés la nuit précédente, ont mené une attaque d'envergure contre des bâtiments publics. L'assaut confirme que le conflit dans cette partie du pays a basculé dans une guérilla urbaine.

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http://www.lefigaro.fr/international/20 ... aliens.php
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 23 Fév 2013, 10:41

Mali : 13 soldats tchadiens et 65 jihadistes tués dans le nord du pays
http://www.rfi.fr/afrique/20130223-mali ... -nord-pays
Treize soldats tchadiens ont été tués le 22 février au nord du Mali dans la région de Tessalit, non loin de la frontière algérienne. Lors de la même opération quelque 65 jihadistes ont trouvé la mort, selon l'état-major tchadien. C'est un premier coup très dur pour les Tchadiens. Les Tchadiens qui avaient perdu deux hommes déjà depuis le début de leur engagement au Mali, mais l'un lors d'un accident et l'autre était décédé de maladie.

L'état-major tchadien parle d'un « violent accrochage ». Cela s'est passé le 22 février à 11h15 dans les montagnes des Ifoghas, dans l'extrême nord du Mali, plus précisément dans le massif de Tigharghar, non loin de la frontière algérienne. Un zone composée de massifs rocheux montagneux assez difficile d'accès. Il y a des grottes sur places et les jihadistes connaissent bien le secteur.

De source militaire tchadienne, des militaires français se sont positionnés à la frontière algérienne et les éléments tchadiens, qui suivaient, ont été pris sous le feu de jihadistes. L'aviation française serait alors entrée en action. Les fins connaisseurs du désert et analystes estiment que la vraie guerre a commencé.

Le bilan est, selon l'état-major tchadien, de 65 morts parmi les combattants jihadistes et 13 tués, donc, dans ses rangs. C'est un coup dur pour l'armée tchadienne qui a déployé au total quelque 1 800 hommes dans la région de Kidal, aux cotés des forces spéciales françaises.

Général Zakaria Gobongué
Adjoint au chef d’état-major de l’armée de terre tchadienne à Ndjamena

Nous déplorons la mort de treize de nos vaillants soldats tombés au combat et cinq blessés. Le ratissage de la zone se poursuit.

Écouter (00:49)


23/02/2013 par Madjiasra Nako

De leur côté, les jihadistes multiplient leurs opérations de guérilla. C’est dans cette même région, près de Tessalit, qu'un attentat suicide a visé vendredi matin une base du MNLA. Cela s’est passé à Il Khalil. Deux véhicules piégés ont explosé. Le MNLA parle de deux morts et deux blessés dans ses rangs. Les deux kamikazes ont aussi été tués.

Selon le MNLA, c'est clair : le responsable c'est le Mujao, Mouvement pour l’unicité et le jihad dans l’Afrique de l’Ouest. « Nous sommes ciblés parce que nous coopérons avec les Français », explique un membre de la rébellion touarègue.

Calme précaire à Gao
A Gao, l'armée malienne a aussi continué de riposter ce vendredi aux jihadistes cachés sur les toits. L'armée tente de « nettoyer » la ville après les affrontements de jeudi entre infiltrés islamistes et armée malienne. Un calme précaire est à présent revenu.

Il apparaît désormais clair que les jihadistes ont une stratégie : embuscades, guérillas et commettre des attentats. Pour ces derniers, ils opèrent de deux manières : des kamikazes s’explosent à moto, comme ce fut déjà deux fois le cas à Gao, et les attentats se font également par véhicules piégés.

Jeudi dans la nuit, au nom de tous les jihadistes, le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mujao) a revendiqué les derniers attentats perpétrés contre les éléments du MNLA, alliés aux troupes françaises et tchadiennes. Les hostilités pourraient même s’étendre à d’autres capitales de l’Afrique de l’Ouest. En tout cas, le porte-parole du Mujao, Abou Walid Sarhaoui, affirme dans une déclaration que « de nouvelles zones sont favorables aux kamikazes ». Il cite nommément « Bamako, Ouagadougou et Niamey ».
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede altersocial » 23 Fév 2013, 13:59

Mali : refuser la géopolitique du «moindre mal»

Le 10 janvier dernier, l’armée française envoyait un corps expéditionnaire au Mali sous le prétexte de conjurer la percée annoncée d’une colonne de pick-up djihadiste sur la ville charnière de Mopti (à 640 km au nord de Bamako). L’émotion provoquée par les exactions de ces groupes au Nord-Mali donnait à cette opération unilatérale les allures d’une croisade humanitaire, soutenue par une bonne partie de l’opinion publique internationale et malienne. Sa base légale restait cependant très faible, compte tenu de l’illégitimité du pouvoir de Bamako qui l’a ratifiée, mais aussi de la position subordonnée de l’armée malienne et du peu d’empressement des troupes de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à lui prêter main forte. Cette réflexion vise à mieux comprendre les tenants et aboutissants de cette opération néocoloniale, contre les tenants de gauche d’une géopolitique du « moindre mal ». (Cet article est une coédition Contretemps/SolidaritéS)



Pour appréhender un phénomène aussi complexe que le soulèvement touareg au Nord-Mali, de même que l’essor de l’islam politique et le rôle joué par les groupe djihadistes armés dans cette région, il importe de prendre de la distance par rapport aux compte-rendu émotionnels de la grande presse, qui réduit chaque événement à son apparence immédiate, contribuant à le rendre proprement insaisissable. Je commencerai donc par brosser un tableau social du Mali, dominé par la misère, de larges poches de famine, et la montée des inégalités sociales et régionales, dans un contexte marqué par la libéralisation économique et l’ouverture aux capitaux étrangers, sous la pression d’une succession de plans d’ajustement structurel, depuis la seconde moitié des années 1980. Ensuite, je reviendrai sur l’histoire des soulèvements touaregs, de la résistance à la colonisation française à la lutte contre les politiques centralisatrices et répressives du Mali indépendant. Enfin, je tenterai d’analyser le jeu spécifique de certains acteurs comme les investisseurs internationaux, les djihadistes étrangers et les trafiquants du Sahel. Je conclurai ce tour d’horizon en justifiant le refus de tout soutien à l’intervention militaire française.



Misère, inégalités et famines

En 2011, le PNUD classait le Mali en 175e position sur 187 pays en termes de développement humain. Les données les plus récentes indiquent que les femmes donnent naissance en moyenne à 6,5 enfants vivants, dont un sur 6 décède avant l’âge de 5 ans (la moitié de ceux qui survivent souffrent d’un retard de croissance) ; la mortalité maternelle concerne un accouchement sur 200 ; neuf ménages sur 10 ne disposent pas de l’électricité, 19 sur 20 ne jouissent d’aucun système d’évacuation des eaux usées1 ; les trois quarts des Malien-nes de plus de 7 ans n’ont reçu aucune instruction scolaire, etc. Et si les institutions internationales veulent faire état de quelques progrès au cours de cette dernière décennie, elles concèdent qu’ils se heurtent à une croissance ininterrompue des inégalités sociales – et régionales (les ménages de Gao, de Tombouctou ou de Kidal, dans le nord, dépensent moins de la moitié de ceux de Bamako) – et du nombre absolu de pauvres.

Pour les populations rurales, affectées par des disettes récurrentes, le « manque de nourriture » est perçu aujourd’hui comme le problème n° 1. Ainsi, au printemps dernier, 13 à 15 millions de Sahélien-ne-s étaient frappé-e-s par la faim, dont 3,5 à 4 millions de Malien-ne-s2. Curieux destin pour les descendant-e-s d’un grand empire africain du Moyen-Âge, que les Peuls avaient surnommés « Mali » – qui signifie « porter chance ». Il est vrai qu’entre-temps, ses habitant-e-s ont subi l’intensification brutale de la traite négrière au profit des économies atlantiques euro-américaines, puis la colonisation française, dont les méthodes terroristes méritent d’être rappelées. Vigné d’Octon a ainsi laissé ce récit de la prise de Sikasso (au sud-est de Bamako) : « Tout est pris ou tué. Tous les captifs, 4000 environ, rassemblés en troupeau. […] Chaque Européen a reçu une femme de son choix […] On fait au retour des étapes de 40 kilomètres avec ces captifs. Les enfants et tous ceux qui sont fatigués sont tués à coups de crosse et de baïonnettes »3.

Sur ces territoires, la mort omniprésente n’est pas que le fait de la conquête, elle imprègne le quotidien des « indigènes » au gré de la spoliation des terres, du travail forcé, des châtiments corporels, du viol des femmes, de la réduction des cultures vivrières au profit des monocultures d’exportation (le coton au Mali), de la ponction fiscale asphyxiante (en numéraire, dès 1908), des innombrables humiliations... Franz Fanon en a dressé ce portrait : « le colonisé, pareil en cela aux hommes des pays sous-développés ou aux déshérités de toutes les régions du monde, perçoit la vie non comme épanouissement ou développement d’une fécondité essentielle, mais comme lutte permanente contre une mort atmosphérique. Cette mort à bout touchant, est matérialisée par la famine endémique, le chômage, la morbidité importante, le complexe d'infériorité et l'absence de portes sur l'avenir »4.

Après les indépendances, très contrôlées par l’ancienne métropole, qui peut compter sur la collaboration des élites locales5, cet héritage conduira à de nouvelles famines, et ceci dès la fin des années 606. De 1960 à 1968, le Mali indépendant de Modibo Keïta avait usé d’une phraséologie développementaliste, mais sans rompre avec les grandes lignes du compromis néocolonial. Samir Amin a d’ailleurs bien montré, il y a quarante ans, la vacuité de cette expérience, qu’il n’hésitait pas à traiter de « farce ». Sa banqueroute, marquée notamment par le retour dans la zone franc, précédera d’un an et demi le coup d’Etat militaire de Moussa Traoré et l’installation d’une dictature policière qui va durer 23 ans, dès novembre 19687.

Cette dernière sera renversée en mars 1991, suite à d’importantes mobilisations syndicales (dès janvier), puis de la jeunesse, dont la répression fera plusieurs centaines de morts. Ce mouvement populaire donnera d’abord le pouvoir à un secteur dissident de l’armée, dirigé par Amadou Toumani Touré, qui le remettra immédiatement aux civils. Pourtant, la nouvelle administration du président Alpha Oumar Konaré, portée à la tête de l’Etat par un mouvement social protestataire, va être amenée à poursuivre la même politique de réduction des dépenses publiques, de privatisation des ressources et d’augmentation des recettes d’exportation. La dette extérieure héritée de la dictature permet en effet à la France, au FMI et à la Banque africaine de développement, d’imposer à Bamako la poursuite d’ajustements structurels socialement régressifs, que l’on va bientôt renommer sans rire « cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté »8.



Les Touaregs : une rébellion sans fin

Les Touaregs sont peut-être 2,0-2,5 millions à peupler le Sahara central et les bordures du Sahel. Ils vivent majoritairement au Niger et au Mali, et de façon plus marginale au Burkina Faso, en Algérie et en Libye. Ils parlent une langue berbère et s’apparentent aux populations de l’Afrique du Nord avant la conquête arabe. Leur sédentarisation, leur paupérisation, leur fixation dans les quartiers les plus misérables des villes, mais aussi leur acculturation, sont des tendances générales à l’échelle régionale, favorisant la formation d’un foyer de révolte endémique dans les vastes territoires qui séparent le Maghreb de la Françafrique. En réalité, le fait touareg est en lui même un révélateur de l’architecture politique arbitraire de l’Afrique occidentale postcoloniale, dont atteste notamment le tracé des frontières entre Etats.

Au Mali, plus spécifiquement, il est extrêmement difficile de mesurer le poids démographique de ce peuple. Selon les sources les plus crédibles, ils seraient 500 000 à 800 000, soit 3 à 5% des 16 millions de d’habitant-e-s de cet Etat. Dans les trois régions du Nord, ils représenteraient cependant un tiers et peut-être la moitié d’une population estimée à moins de 1,5 million d’âmes. Cependant, contrairement aux autres habitant-e-s du pays, dont les couches les plus défavorisées se concentrent dans les zones rurales, les Touaregs les plus pauvres vivent en ville, notamment à Tombouctou, Gao ou Kidal, mais aussi à Bamako. Cette particularité pourrait contribuer à expliquer l’influence croissante parmi eux de groupes politiques salafistes, comme Ansar Dine, qui ont su tirer parti des ressentiments provoqués par un tel « déclassement ».

Depuis la fin du 19e siècle, les Touaregs offrent une résistance farouche à la France. En janvier 1895, ils infligent une défaite cuisante au colonel Bonnier, qui trouve la mort devant Tombouctou avec sont état-major, avant que le colonel Joffre ne reprenne l’offensive coloniale avec succès. Petit à petit, les métropolitains « parviennent » à occuper l’Azawad, brisant tout foyer de résistance au moyen de représailles sanguinaires. Dès 1903, ils soumettent la principale confédération de tribus, avant qu’elle ne reprenne le flambeau de la révolte au cours de la Première Guerre mondiale (1916-1917). Cet ultime soulèvement généralisé est sanctionné par un véritable massacre. Dès lors, toute insubordination est cruellement réprimée. En 1954, le régime colonial promène ainsi la tête d’Alla ag Albacher dans les rues de Boureissa pour montrer le sort qu’il réserve à ceux qui osent s’opposer à l’autorité française.

Au lendemain de l’indépendance, la révolte touarègue fait cependant rage à nouveau, en 1962-1964. Elle sera brutalement écrasée par le pouvoir centralisateur de Modibo Keïta, qui n’hésite pas à commander le bombardement des populations civiles de l’Adrar des Iforas et le mitraillage de leur cheptel, obligeant même leurs enfants à chanter en bambara.

Les hostilités reprendront de 1990 à 1995 (on parle de 5000 victimes), suscitant une nouvelle vague de répression, mais aussi l’explosion de conflits inter-ethniques et la formation de milices d’auto-défense parmi les Songhaïs. Pourtant, cette nouvelle éruption n’est pas comparable à celle des années 60, dans la mesure où elle implique bon nombre de rapatriés de Libye et d’Algérie, qui s’étaient enrôlés dans la Légion islamique de Kadhafi (dissoute en 1987) ou dans le Front Polisario, poussés par les famines des années 70 et 80. De retour au pays, ils ont recruté des jeunes sans emploi et formé des groupes mobiles, équipés de 4 x 4 et d’armes légères, pour harceler des symboles de l’Etat central ou des sites stratégiques (mines d’uranium d’Arlit au Niger). Pourtant, faute d’enracinement social et de ciment idéologique, ils ne parviennent pas à surmonter leurs divisions tribales et régionales. En 1996, ils finissent par accepter de déposer les armes en échange d’un plan de réinsertion de leurs combattants et du retrait de l’armée du Nord-Mali. Ce résultat politique sera conforté socialement par un recul provisoire de la sécheresse et une hausse des prix du bétail.

Arguant du non respect de ces accords, le soulèvement touareg reprend cependant en 2006-2008, provisoirement endigué par un effort de médiation algérienne. Il coïncide avec une nouvelle exacerbation des inégalités sociales et régionales. Des développements analogues se produisent d’ailleurs au Niger, en 2007-2009, marqués par l’enlèvement de quatre employés de l’entreprise française Areva (juin 2008), libérés quelques semaines plus tard. Ils se concluront par la médiation de la Libye, alors très proche de Paris… Les hostilités reprendront au Nord-Mali en janvier 2012, à la faveur d’une terrible sécheresse, mais aussi d’un nouvel afflux d’armes et de mercenaires, mis sur la touche suite à l’effondrement du régime de Kadhafi. Si les combattants touaregs ont pu d’abord paraître moins divisés entre eux que dans les années 90, avec la formation, du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), c’était sans compter sur les succès du front salafiste Ansar Dine (Défenseurs de la religion), mené par Iyad ag Ghali, l’un des principaux chefs du soulèvement des années 90. A noter que l’homogénéité même de ces deux forces est faible, comme l’ont montré la relative dilution du MNLA et la scission plus récente d’Ansar Dine.



Course aux ressources naturelles

Les capitaux étrangers s’intéressent de plus en plus à l’Afrique subsaharienne qui, loin d’être un sous-continent délaissé par la mondialisation, suscite un intérêt croissant dans les domaines agricole, minier et énergétique. Au Mali, le Conseil présidentiel pour l’investissement (CPI), fondé en 2003, comprend des représentants de nombreuses multinationales – Anglogold, Barclays, Coca-Cola, etc. –, et associe le FMI et la Banque mondiale à ses réunions. Par ailleurs, l’Agence malienne de promotion des investissements (API), créée en 2005, note que les flux des capitaux étrangers sont encouragés sans restriction (y compris le rapatriement des dividendes et des produits des ventes et liquidations). Dans le domaine foncier, l’API affirme que 2,5 millions d’hectares de terres arables sont disponibles aux investisseurs9, en grande majorité étrangers, notamment pour produire des agro-carburants, alors que le pays n’en compte en tout que 4,7 millions, et que la surexploitation des sols conduit à leur dégradation et désertification accélérées10.

Dans le domaine minier, le sous-sol du Mali contient beaucoup plus de ressources que celles mises en exploitation. Sa production d’or fait la fortune de l’Anglogold sud-africaine et place le pays en 16e position mondiale (2009). Pourtant, les conditions de travail y sont déplorables (en particulier pour les enfants de moins de 15 ans) et les risques qu’elle fait courir à l’environnement ne justifient en aucun cas ses retombées économiques, qui servent pour l’essentiel à assurer les revenus de quelques rentiers locaux (20% du capital sont en mains maliennes), de même que le service de la dette extérieure. L’exploitation d’autres gisements – pierres semi-précieuses, bauxite, uranium, etc. – sont encore largement du domaine de la prospective.

De gros espoirs portent sur l’extraction futur du pétrole dans le nord du pays, en particulier dans le basin de Taoudeni, mais le forage, l’exploitation et le transport des hydrocarbures posent encore des problèmes techniques, logistiques et financiers insolubles, sans parler des questions de sécurité. Si des intérêts énergétiques sont directement impliqués dans l’intervention militaire française au Mali, ce sont ceux liés à l’exploitation des gisements d’uranium d’Arlit au Niger (4e producteur mondial) par la société Areva, à 300 km à l’est de la frontière de la région malienne de Kidal. On rappellera que plus du tiers du combustible consommé par les centrales nucléaires hexagonales viennent de ce pays, et qu’Areva vient de signer un accord pour l’exploitation du bassin d’Imouraren (2e réserve au monde), à 80 km au sud d’Arlit, dont elle détient près de 60% du capital, et où une première tranche d’investissements de 1,2 milliard d’euros est déjà programmée.



Djihadistes et trafiquants

La situation sur le terrain est compliquée par la montée en puissance de deux types d’acteurs, qui se confondent largement, tout en se disputant l’espace du Sahel : 1. Les djihadistes étrangers issus du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) – dissidence du Groupe islamiste armé algérien (GIA) – qui se revendiquent d’al-Qaïda, dont une fraction rivale, le Mouvement pour l’unité et le djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) s’intéresse plus spécifiquement à l’Afrique subsaharienne ; 2. Les trafiquants en tous genres, en particulier de cocaïne et d’héroïne, et leurs relais locaux. Evidemment, les sources de financement et les complicités politiques de ces deux types d’acteurs sont beaucoup plus importantes et plus diversifiées que celles dont disposent les rebelles touaregs.

1. L’essor des groupes djihadistes au Sahel résulte de leur double défaite, en Afghanistan et en Algérie, mais aussi de leur affaiblissement relatif au Pakistan. Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) est ainsi réputé depuis quelques années avoir établi le nouveau centre mondial de ses activités terroristes dans les pays africains, entre le 12e et le 20e degré de latitude nord, du Soudan à la Mauritanie. Les forces se revendiquant d’AQMI, dont il est difficile de mesurer les effectifs, se sont formées dans le prolongement de l’annulation de la victoire électorale du Front islamique du salut (FIS) par l’armée algérienne, en 1992, qui précède la répression implacable du Groupe islamique armé (GIA), dont une dissidence cherchera à sortir du cul-de-sac algérien en fondant le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), en 1998, qui se lie au djihadisme international dans la première moitié des années 2000, avant de prendre le nom d’AQMI en 2007.

Bien malin qui peut évaluer aujourd’hui les effectifs et le fonctionnement de cette nébuleuse éclatée, tiraillée par divers parrains occultes, mais aussi au gré de divers trafics lucratifs, dont les prises d’otages et demandes de rançon11. Il est cependant raisonnable de la distinguer d’un islam politique d’obédience salafiste, disposant d’une certaine implantation populaire, comme Ansar Dine au Nord-Mali. Ce dernier tente plutôt d’exploiter à son profit la paupérisation endémique, accentuée par les traitements de choc des institutions financières internationales – soutenues par les puissances occidentales –, mis en œuvre par les autorités néocoloniales de Bamako. Il vise ainsi à élargir son audience pour établir un nouveau régime fondé sur son interprétation de la charia.

C’est en invoquant la menace du terrorisme, que les Etats-Unis ont décidé d’accroître leur intervention militaire en Afrique, mettant sur pied en 2007 un nouveau commandement continental (Africom). Celui-ci multiplie les efforts de collaboration – exercices communs, formation de cadres, etc. – avec les armées africaines, notamment au Mali, dans le cadre du « Partenariat transsaharien contre le terrorisme ». En réalité, ce déploiement renforcé vise plus fondamentalement à sécuriser les approvisionnements US en pétrole (et autres matières premières) par le Golfe de Guinée, et à se positionner plus fortement pour faire face à la compétition croissante de la Chine.

2. L’importance des trafics actuels de drogue (cocaïne et héroïne) et de cigarettes de contrefaçon, mais aussi d’immigrant-e-s clandestins transitant par le Sahel vers l’Afrique du Nord et l’Europe, reste l’objet de conjectures, même s’il semble établi qu’ils ont connu une progression au cours de ces dernières années. Ainsi, en novembre 2009, un vieux boeing 727 modèle cargo – l’un des seuls gros jets à pouvoir atterrir sur des pistes sommairement aménagées – a été découvert dans le désert malien, à 200 km au nord de Gao. En provenance d’Amérique du Sud, il devait approvisionner en cocaïne les marchés français (via l’Algérie) et espagnol (via le Maroc).

Les groupes djihadistes se financent grâce aux enlèvements d’otages et aux nombreux trafics auxquels ils s’adonnent, qui stimulent en retour celui des armes. C’est ainsi que Mokhtar Belmokhtar, planificateur présumé de la prise d’otages d’In Amenas en Algérie, était aussi connu sous le surnom de « Mr Marlboro ». Dans de telles conditions, plus d’un observateur – de Tariq Ramadan aux porte-paroles de l’armée française – a pu mettre en doute les objectifs religieux de ces groupes. Pour ma part, je ne vois pas au nom de quoi il faudrait opposer la foi à l’appât du gain et à la terreur, même s’il est évident que le salafisme à vocation populaire est régi par d’autres dynamiques sociales que le djihadisme d’Al-Qaïda.

Un tel imbroglio a favorisé récemment l’essor de nombreuses théories du complot, qui croient deviner derrière la multiplication des groupes islamistes armés au Sahel, mais aussi des trafics de tous genres, la promotion des intérêts des Etats-Unis, voire de l’Allemagne, qui rêveraient de la formation d’un émirat sahélien indépendant, riche en matière premières et docile, séparé des Etats françafricains du Mali et du Niger. C’est ainsi au nom du « moindre mal » présumé de la domination française sur l’ensemble de cette région, que Samir Amin a justifié, le 23 janvier dernier, à la surprise de nombre de ses partisans, son soutien à l’opération Serval au Mali12.



Les véritables objectifs de Serval

Moins de quatre semaines après le début de l’intervention militaire hexagonale, son succès paraît complet : la prise des principales villes du Nord a été rapide et un seul militaire français y a trouvé la mort ; les pertes civiles et les destructions au sol restent inconnues, vu le black-out médiatique imposé par Paris ; les djihadistes se sont évaporés, fuyant semble-t-il les combats ; les responsables maliens ont accueilli les troupes de l’ancienne métropole en libératrices avec un soutien populaire indiscutable ; les représailles perpétrées par l’armée malienne ou les milices d’auto-défense communautaires n’ont pas réussi à entacher le succès de Paris, dont le moindre des miracles n’est pas d’avoir conféré à François Hollande une stature quasi-gaullienne – selon Le Parisien, l’Opération Serval est approuvée par 75% des sondé-e-s.

Le succès apparent de cette guerre éclair pose cependant une question : n’avait-on pas à dessein surestimé la puissance de feu de ces djihadistes « aguerris » et « lourdement armés », qui ont pris la fuite devant quelque 2000 soldats français13 ? Paris ne s’est-il pas payé le luxe de tenir l’armée malienne totalement à l’écart des engagements les plus délicats, comme la prise de Kidal, investie sans combats ? Comment dès lors accréditer l’idée que ces combattants islamistes étaient sur le point de foncer sur la ville charnière de Mopti, au centre du pays, pour s’emparer de Bamako, une capitale de 2 millions d’habitant-e-s qui leur est violemment hostile ? Si le pouvoir malien était réputé incapable d’une telle riposte, c’est qu’il ne disposait donc d’aucun soutien populaire, et qu’il aurait fallu en changer. Or, la France, déjà défiée par le putsch avorté du capitaine Sanogo, en mars 2012, ne disposait dans l’immédiat d’aucune carte de rechange. Son engagement, préparé sur le terrain par l’Opération Sabre14, dès le mois de septembre, va lui laisser le temps de préparer une « alternative démocratique », sanctionnée par des élections en bonne et due forme.

Ceux qui promettaient un bourbier afghan à Paris et relevaient avantageusement la prudence affichée par Washington et Berlin en seront pour leurs frais. En revanche, les autorités maliennes et régionales – par le truchement de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA) – vont devoir payer leur dette en combattant les unités djihadistes repliées dans les sables et les montagnes de l’Azawad. Des bruits insistants courent aussi quant à l’installation prochaine d’une base française à Mopti : « Ce n’est pas un hasard, note un commentateur sénégalais, si le bâtiment de la Marine (le porte-hélicoptères Dixmude) a appareillé de la rade de Toulon vers Dakar, avec un chargement aussi volumineux que cinq TGV »15. Une telle base, proche du Nord-Mali et à portée aérienne des gisements d’uranium d’Arlit, et surtout d’Imuraren, emportés de haute lutte par Areva contre ses concurrents chinois, compléterait celles de N’Djaména, Abéché (au Tchad) et Djibouti sur la frontière saharo-sahélienne.

En même temps, Paris va sans doute maintenir une force d’intervention lourdement armée à Bamako afin d’assurer une transition politique à ses conditions face aux secteurs rétifs de l’armée malienne. Il se pourrait d’ailleurs bien qu’elle comporte un degré d’autonomie limité pour les Touaregs, ce qui expliquerait que les unités spéciales chargées d’investir Kidal aient tenu l’armée malienne à l’écart, et que la DGSE (services secrets), déjà en contact avec le MNLA, ait activement œuvré à scissionner le mouvement salafiste Ansar Dine. Il semble en effet que son porte-parole, Mohamed Ag Arib, longtemps immigré en France, et connu du Quai d’Orsay, ait joué un rôle clé dans la mise sur pied du tout nouveau Mouvement islamique de l’Azawad (MIA).

La bourgeoisie française a remporté une bataille significative en Afrique de l’Ouest, au moins pour le moment, non seulement aux dépens de ses concurrents occidentaux, mais surtout des peuples africains, qui vont être exposés à une nouvelle étape de l’agenda néolibéral que Paris soutient sans réserve. Pour y faire face, il est grand temps que la gauche et les mouvements sociaux maliens, africains et internationaux cessent une fois pour toute de penser en termes de géopolitique du « moindre mal » pour renouer avec une analyse de classe internationaliste.

1. Rapport de février 2006 sur la pauvreté au Mali (2001) du gouvernement malien et du PNUD.
2. Fred Lauener (Caritas-Suisse), « Sahel : Les prix grimpent, la pluie manque et la famine s’installe », 28 mars 2012 (www.cath.ch).
3. Cité par Jean Suret-Canale, L’Afrique noire, t. 1, Paris, Editions sociales, 1964.
4. « Médecine et colonialisme », in : Sociologie d’une révolution. L’An V de la révolution algérienne, Paris, Maspero, 1972.
5. Le futur président ivoirien Houphouët-Boigny semble avoir utilisé pour la première fois le terme « Françafrique », auquel il donnait une connotation positive.
6. Sur les mécanismes de base hérités de la colonisation, voir : Comité information Sahel, Qui se nourrit de la famine en Afrique ?, Paris, Maspero, 1974.
7. L’Afrique de l’Ouest bloquée, Paris, Minuit, 1973. Rétrospectivement, dans son plaidoyer actuel en faveur de l’intervention militaire française, il donne une appréciation plus positive de l’expérience de Modibo Keïta, évoquant même « des avancées en faveur du progrès économique et social [du Mali] comme de son affirmation indépendante et de l’unité de ses composantes ethniques » (23 janvier 2013).
8. Howard W. French témoigne de ce sabotage de l’expérience démocratique malienne dans A Continent for the Taking. The Tragedy and Hope of Africa, New York, Vintage Books, 2004.
9. En particulier sur les terres irriguées de l’Office du Niger, un héritage de la colonisation.
10. The Oakland Institute, Comprendre les investissements fonciers en Afrique. Rapport : Mali, 2011 (http://www.oaklandinstitute.org).
11. Un nombre croissant d’observateurs doutent de l’existence d’une structure centralisée répondant au sigle AQMI (voir notamment Mehdi Tage, « Vulnérabilités et facteurs d’insécurité au Sahel », Enjeux ouest-africains, n°1, août 2010).
12. On pourra lire la prise de position de Samir Amin, et sa critique pertinente par Paul Martial, sur le site www.europe-solidaire.org.
13. Le 13 janvier, Philippe Duval montrait déjà que le péril islamiste avait été grossièrement surestimé (www.tamoudre.org).
14. Depuis deux ans, la France avait déployé des forces spéciales, des hélicoptères et un arsenal significatif au Burkina Faso et en Mauritanie, dispositif renforcé en septembre dernier dans le cadre de l’Opération Sabre.
15. B. J. Ndiaye, « Mali : à quoi sert Serval ? », 2 février 2012 (www.nettali.net).

date:
08/02/2013 - 10:43
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 24 Fév 2013, 11:02

Mali : de nouveaux combats dans le Nord entre les Touaregs du MNLA et le groupe armé du MAA, près de Tessalit
De nouveaux combats ont opposé le 23 février les rebelles touaregs du MNLA et un groupe armé à In-Khalil, localité proche de Tessalit et de la frontière algérienne dans le nord du Mali. Le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA, autonomiste) a affirmé avoir lancé une attaque contre le groupe touareg pour venger des exactions commises contre les Arabes dans la zone. Le MNLA dément, et accuse le Mujao. Selon RFI, l'aviation francaise est intervenue à In-Khalil, elle aurait ouvert le feu sur l'un des véhicules des assaillants.
...
Bientôt des drones américains au Niger
...
Les drones, pour le moment, ne seront pas armés, et effectueront uniquement des missions de surveillance. Mais Washington n’exclut pas de les équiper pour des missions létales si la guérilla s’étend.

>>>
http://www.rfi.fr/afrique/20130224-mali ... s-tessalit

Mali: ce que l'on sait des affrontements entre Touaregs et groupes armés à Il Khalil
>>>
http://www.rfi.fr/afrique/20130223-mali ... d-hollande
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 24 Fév 2013, 14:10

>>>

Les drones Predator entrent en action au Mali
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2 ... _3212.html
De nouveaux combats ont opposé, samedi 23 février, des rebelles touareg alliés aux forces françaises et un groupe armé dans le nord du Mali, où la traque des djihadistes se poursuit dans le massif des Ifoghas, avec l'appui désormais des redoutables drones américains "Predators".
Des combattants du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg) ont affronté dans la matinée les hommes d'un groupe armé à In-Khalil, localité proche de Tessalit et de la frontière avec l'Algérie. Une source sécuritaire malienne a évoqué "des combattants arabes" affrontant le MNLA, sans plus de détails. Le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA, autonomiste, créé en mars 2012), affirme de son côté avoir attaqué samedi vers 4 heures locales le MNLA en représailles à des violences contre des Arabes dans la zone.

Le MNLA assure que les assaillants sont des "terroristes" menés par Omar Ould Hamaha, du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un des groupes islamistes ayant occupé le nord du Mali en 2012 et qui a revendiqué un attentat-suicide commis vendredi à In-Khalil contre le MNLA.

Lourdes pertes dans les rangs tchadiens
In-Khalil est à plus de 175 km au nord de Kidal. Les forces françaises ont repris fin janvier le contrôle de l'aéroport de Kidal avec quelque 1 800 soldats, qui sécurisent la ville, contrôlée depuis peu par des islamistes se disant "modérés" et le MNLA qui y refuse la présence de soldats maliens mais assure collaborer avec la France.

La région de Kidal abrite aussi l'Adrar des Ifoghas, zone montagneuse entre Tessalit et Kidal-ville (1 500 km de Bamako) considérée par certains Touareg comme leur berceau et où se sont réfugiés de nombreux islamistes armés liés à Al-Qaïda traqués par l'armée française. Un légionnaire français avait été tué cette semaine lors d'une opération dans cette région montagneuse des Ifoghas, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tessalit. Le Tchad a annoncé vendredi soir y avoir tué 65 djihadistes, mais avoir aussi enregistré 13 morts dans ses rangs. Il s'agit des pertes connus les plus lourdes subies par les forces soutenant le Mali.

Les drones Predators en soutien

Image

Les troupes françaises, maliennes et africaines bénéficient désormais sur le champ de bataille du soutien de drones américains Predators. Les Etats-Unis ont déployé plusieurs de ces redoutables engins au Niger voisin, sur une base de Niamey, d'où ils décolleront pour effectuer des vols de reconnaissance sur le Nord malien, a annoncé vendredi un responsable américain.

Ces drones ne ne feront pas usage des missiles dont ils sont équipés, mais seront seulement utilisés pour espionner les combattants islamistes au Mali, selon Washington. Au total, une centaine de personnels militaires américains seront déployés au Niger pour l'intervention de ces drones.

Menaces d'attentats du Mujao
A 350 km au sud-ouest de Kidal, Gao, la plus grande ville du nord du Mali, l'armée malienne poursuivait des opérations de "ratissage" samedi, au lendemain de combats avec des islamistes infiltrés. Vendredi, des soldats maliens avaient combattu les jihadistes à l'arme lourde - notamment contre la mairie de Gao, où s'étaient retranchés certains d'entre eux portant des ceintures explosives - avec l'appui de l'armée française.

Le Mujao, qui a annoncé récemment avoir envoyé des combattants à Gao, a réitéré samedi ses menaces d'attaques dans le Nord malien et évoqué des attentats programmés par les djihadistes à Bamako, mais aussi Ouagadougou et Niamey, capitales du Burkina Faso et du Niger voisins dont des troupes participent à la force africaine déployée au Mali.

Risques d'enlèvements au Bénin
Après l'enlèvement mardi dans l'extrême-nord du Cameroun d'une famille de sept français, dont quatre enfants, la France a mis en garde contre des risques d'attentat ou d'enlèvement au Bénin, où l'engagement français au Mali est "susceptible d'avoir des répercussions" sur la sécurité des ressortissants français.

Lire : Paris met en garde contre des risques d'attentats ou d'enlèvements au Bénin

réactions (17)

bientot toute l'afrique ? et apres ?
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede DjurDjura » 24 Fév 2013, 18:54

Urgent: Le MNLA repousse violement une attaque des nouveaux terroristes du MAA à Ine-Khalil


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Détails Créé le samedi 23 février 2013 15:05 Écrit par Toumast Press
La coalition terroriste ayant été désorganisée par l'opération Serval de la France, une partie des narcotrafiquants a rejoint le fantomatique MAA (Mouvement des Arabes de l'Azawad) qui était jusqu'alors ignoré par tous.

Le MNLA ayant repris Ine-Khalil, ville frontalière de l'Algérie et carrefour de tous les trafics entre les deux pays, les terroristes et les narcotrafiquants se retrouvaient empêcher de pouvoir faire leur trafic illicites et leur réception de troupes terroristes à travers l'Algérie.

C'est ainsi qu'hier dans la journée, deux kamikazes ont essayé d'opérer à Ine-Khalil. Le premier fut tué par un tireur d'élite du MNLA pendant que le deuxième arrivait à faire exploser sa voiture remplie de bombe près d'un poste du MNLA.
Trois combattants du MNLA perdront la vie dans cet attentat auquel ils ne s'attendaient pas.

Non revendiqué officiellement, cet attentat est l'œuvre des nouveaux djihadistes du MAA (Mouvement des Arabes de l'Azawad) recruté par les barons du narco-terrorisme comme nouvelle façade pour ne pas subir les attaques de la coalition internationale.
Croyant avoir déstabilisé les positions du MNLA à Ine-Khalil, les terroristes du MAA ont tenté de reprendre la ville d'Ine-Khalil ce matin en menant une offensive sur plusieurs points de la ville.
Très rapidement, les hommes du Capitaine Intahalamte Ag Acheikh, Commandant de zone du MNLA à Ine-Khalil, ont repoussés violement les djihadistes du MAA qui n'ont eu d'autre choix que de fuir du terrain de combat.
Le MNLA ne fait état d'aucune perte alors que les terroristes du MAA ont perdus des véhicules et des combattants qui ont été fait prisonnier par le MNLA.
Dans nos prochaines éditions, nous reviendrons en détail sur ses affrontements.


La rédaction de Toumast Press
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 25 Fév 2013, 10:04

Exclusivité RFI: quand le numéro un d'Aqmi prenait la plume pour fixer un cap au Mali
RFI et Libération ont découvert à Tombouctou la feuille de route d’Aqmi pour le Mali. Ce document intégral - une première - fait 79 pages, datées du 20 juillet 2012, soit quatre mois après la conquête du Nord par des groupes jihadistes. Son auteur ? Le chef d’Aqmi, Abdel Malek Droukdel. Ce vade mecum en six chapitres était destiné aux dirigeants d’Aqmi et d’Ansar Dine.

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http://www.rfi.fr/afrique/20130224-mali ... tombouctou

Mali: les affrontements entre MNLA et MAA inquiètent
Au Mali, sur le front, de nouveaux bombardements français ont eu lieu ce dimanche 24 février non loin de In-Khalil où des affrontements ont eu lieu tout au long du week-end. Le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA, autonomiste) avait affirmé avoir lancé une attaque en représailles à des violences contre des Arabes dans la zone. Le MNLA, lui, assurait que les assaillants sont des « terroristes » menés entre autres par des chefs du Mujao. La tension reste vive donc dans le secteur et à Bamako, ce qui inquiète de plus en plus.
Image

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http://www.rfi.fr/afrique/20130225-mali ... -in-khalil

Le Tchad revoit à la hausse le bilan des affrontements au nord du Mali
l’Etat-major tchadien a donné le 24 février le bilan définitif des affrontements qui ont opposé vendredi ses troupes engagées au nord du Mali aux jihadistes près de la frontière algérienne. Un bilan lourd -il s'est alourdi de 13 à 23 morts, que le Tchad qui se prépare à enterrer avec les honneurs. Côté jihadistes, l'état-major tchadien avance plus de 90 morts.

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http://www.rfi.fr/afrique/20130225-le-t ... -nord-mali
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 26 Fév 2013, 14:35

Des militaires maliens "fautifs" rappelés du front
fr info
Un responsable de la communication de l'armée malienne a annoncé lundi soir à la télévision publique ORTM que des militaires "fautifs" ont été rappelés du nord du Mali. Des soldats maliens ont été accusés d'exactions dans le cadre de la guerre en cours contre les jihadistes.

Le capitaine Traoré, de la Direction de l'information publique des armées, s'exprimait lundi soir dans un programme quotidien de l'ORTM, la télévision publique, intitulé "Sur la ligne de front". L'émission, diffusée en soirée était consacré à l'actualité de la guerre au Mali.

Rappel des "éléments fautifs"

Lorsque le présentateur a interrogé le responsable de l'armée malienne sur les accusations d'exactions sur des civils portées contre des soldats maliens à Tombouctou (nord-ouest) et des images diffusées par "certains médias internationaux" sur ce sujet, il a répondu : "Effectivement, c'est vrai, mais le chef d'état-major général a pris des dispositions", puis a annoncé le rappel des "éléments fautifs".

"Des éléments ont manqué de tact dans certaines situations, et le chef d'état-major général a pris des dispositions, il a rappelé les éléments fautifs et qui seront mis à la disposition des autorités judiciaires." (le capitaine Modibo Naman Traoré)

Le capitaine malien n'a pas fourni plus de détails à ce sujet : ni sur l'éventuelle enquête ayant permis d'identifier les présumés auteurs d'exactions, ni ce qui leur est exactement reproché, ni leur nombre, ni d'indication de dates.

Exactions contre les Touaregs et les Arabes

Depuis janvier, des opérations militaires sont menées par le Mali, appuyé par la France et plusieurs États africains, pour chasser des groupes armés liés à Al-Qaïda, qui ont occupé le nord du pays pendant près de dix mois entre 2012 et 2013, y commettant de nombreuses exactions au nom de la charia, la loi islamique.

Selon plusieurs témoins et des ONG de défense des droits de l'Homme, ces opérations militaires se sont accompagnées d'exactions de la part de soldats maliens contre des personnes accusées d'avoir collaboré avec les islamistes armés, particulièrement au sein de communautés de Maliens à la peau claire, dont les Touareg et les Arabes.

Bilan des affrontements

Le capitaine Modibo Naman Traoré a par ailleurs donné un bilan des affrontements ayant opposé samedi la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et un groupe armé, le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) près de In-Khalil, dans la région de Kidal (nord-est), proche de la frontière algérienne.

Le MNLA a enregistré "quinze morts et dix véhicules calcinés, les Arabes déplorent en revanche sept morts et deux véhicules calcinés", a affirmé le capitaine Traoré.
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 27 Fév 2013, 10:12

Mali: attentat-suicide à la voiture piégée à Kidal
Un attentat-suicide à la voiture piégée a secoué le 26 février Kidal, ville de l'extrême nord-est du Mali où sont présentes des troupes françaises. La rébellion touarègue du MNLA, Mouvement national de libération de l'Azawad ainsi que les islamistes du MIA, Mouvement islamique de l’Azawad, présents eux aussi à Kidal, affirment tous deux avoir été visés. Il y aurait eu entre 4 et 7 morts selon les sources.

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http://www.rfi.fr/afrique/20130227-mali ... egee-kidal

Mali: l'action politique à la peine
La traque des jihadistes au nord du Mali se poursuit. Mais si sur le terrain militaire les activités ne fléchissent pas, à Bamako, en revanche, les actions politiques semblent moins visibles. Qu'en est-il de la feuille de route, du dialogue inter-malien et de la préparation des futures élections générales ? En un mot, que fait le gouvernement ?

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http://www.rfi.fr/afrique/20130226-mali ... go-cissoko
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 27 Fév 2013, 13:50

Mali : ces « centaines de morts » jihadistes que personne n’a vues
Une chose est sûre : à chaque fois que des morts sont reconnus au Mali par la coalition franco-africaine, celle-ci annonce simultanément le double, le triple, voire le quintuple de victimes dans les rangs jihadistes. Mais qui les a vus, tous ces cadavres ? Où sont-ils diable passés ?

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http://blogs.rue89.com/yeti-voyageur/20 ... ues-229731
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 28 Fév 2013, 13:05

Quand le Mali était la pépinière à décoration des officiers médiocres
...
De fait, la vie humaine comptait peu pour celui qui sera plus tard à l’origine de l’emploi massif des soldats africains lors de la Première Guerre mondiale, et se taillera une solide réputation de « boucher des Noirs » en les faisant massacrer par milliers au Chemin des Dames en 1917.
...

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http://www.rue89.com/2013/02/27/quand-l ... res-240091
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede ivo » 01 Mar 2013, 13:01

Dans les roches de l'Adrar de Tigharghâr, une bataille cruciale est engagée
Comment combattre efficacement des groupuscules en mouvement presque permanent, camouflés dans le paysage, évitant de communiquer autrement que par messagers, de se regrouper pour servir de cible ou de faire chauffer trop de moteurs à la fois pour échapper aux détections thermiques ? Ces tactiques pesaient jusqu'à présent sur le futur de l'opération française Serval, menacée de dilution à l'échelle d'un territoire plus vaste que l'Hexagone. Mais l'Adrar de Tigharghâr a peut-être servi de capitale informelle à cette armée des ombres islamistes. C'est là que se joue la seconde phase, cruciale, de la guerre au Mali, menée par des troupes françaises et tchadiennes, avec l'aide de certains Touareg.

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http://www.lemonde.fr/afrique/article/2 ... _3212.html
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Re: LE MALI SUR UNE POUDRIERE

Messagede DjurDjura » 01 Mar 2013, 18:30

Mali : la politique de la canonnière n’est pas une solution


jeudi 28 février 2013




Lors d’une réunion du Conseil de sécurité, le représentant permanent de la France a confirmé la présence sur le terrain, aux côtés des 4 000 militaires français, de 5 800 soldats africains de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali) et de 2 500 soldats tchadiens. [...] Des soldats maliens sont accusés d’exactions contre les populations arabe et touareg, souvent considérées dans le nord du pays comme favorables aux islamistes. [...] "Au fond, le plus difficile sera de reconstruire un Mali démocratique et réconcilié", a reconnu l’ambassadeur français. [1]...

Ci-dessous une déclaration reprise du site Internationalistes 13



La politique de la canonnière n’est pas une solution

Depuis le 10 janvier 2013, la France est entrée en guerre au Mali. La propagande du gouvernement français, tend aujourd’hui à légitimer par tous les moyens cette nouvelle intervention militaire française sur le sol africain et son rôle de "gendarme de l’Afrique" dans ses anciennes colonies africaines. Il est de notre devoir en tant qu’anticolonialistes et partisans de la solidarité internationale des peuples de faire toute la lumière sur l’opération Serval.

1°) Sur la base de quel mandat cette guerre a-t-elle été déclenchée ?

Cette intervention directe a été décidée dans l’ombre, sans consultation préalable du Parlement et ne s’inscrit pas dans le cadre des résolutions de l’ONU contrairement à ce que tente de nous faire croire le gouvernement. Une fois de plus, la France joue le rôle de gendarme de l’Afrique, en s‘appuyant sur la présence permanente de son armée dans la région. C’est le dispositif Epervier, en place au Tchad depuis 1986 alors qu’il était supposé provisoire, qui est mobilisé. À travers l’opération baptisée Serval, ce sont donc les liens que Paris entretient avec des dictatures, celles entre autres, d’Idriss Déby et de Blaise Compaoré, qui se trouvent une nouvelle fois renforcés.

2°) Comment en est on arrivé là ?

Le prétexte de cette intervention militaire française est la lutte contre les groupes armés maffieux et djihadistes qui contrôlent une partie du territoire malien. Ces groupes fanatiques font régner la terreur dans les zones qu’ils contrôlent et nous n’avons aucune indulgence pour eux. Il faut les stopper. Cependant leur présence et la facilité avec laquelle ils se sont déployés, traduisent deux faits majeurs :
• L’existence de profonds problèmes sociaux, économiques et politiques, que les régimes au pouvoir au Mali, sous contrôle de la France, n’ont pas résolus, quand ils ne les ont pas aggravés par leur gestion du pays. Au Mali, un régime corrompu s’est plié aux injonctions du libéralisme économique et s’est montré inopérant à assumer les responsabilités de l’Etat en matière sociale, éducative et de sécurité. Les revendications portées par une partie de la population touareg n’ont jamais trouvé de réponse satisfaisante depuis le temps des « indépendances ».

En 1984 la Françafrique impose au Mali son retour au Franc CFA. Le 11 janvier 1994, la dévaluation de 50 % de cette monnaie imposée par la France à ces pays va considérablement aggraver leur situation économique. L’étranglement financier des Plans d’Ajustement Structurels imposés par le FMI et la Banque mondiale, a contribué au démantèlement de l’Etat malien. La dette et son remboursement continuent d’être les instruments d’une paupérisation des populations.
• L’intervention militaire franco-britannique en Libye dont les conséquences furent la dissémination d’armes dans la région et le reflux au Mali de milliers de mercenaires a engendré le chaos et l’occupation du Nord du Mal par ces groupes armés.

C’est dire qu’une solution militaire, a fortiori, une intervention militaire étrangère, ne résout aucun de ces problèmes, bien au contraire.

3°) La France, sous couvert de l’aide au peuple malien, défend au Sahel ses intérêts privés stratégiques

Le Sahel est une région de matières premières riches et encore largement inexploitées.
La France y a des intérêts stratégiques : pétrole, uranium, ressources énormes en eau souterraine, terres cultivables, or, fer, bauxite…

Tout cela est convoité par les multinationales françaises, qataries, américaines… Sans oublier la plate-forme aéroportuaire de Tessalit (près de Kidal), utile pour surveiller et contrôler toute la région du Sahel, la Méditerranée, la mer Rouge. Cinq bassins de gaz et de pétroles recèlent un potentiel important.

La Mauritanie a elle aussi des richesses pétrolières non encore exploitées. Présent dans ces pays, Total y multiplie les opérations d’exploration. Le Niger revêt un aspect stratégique pour le nucléaire français puisqu’Areva y exploite ses mines d’uranium, provoquant en même temps un désastre écologique de très grande ampleur, dont les populations locales sont les premières victimes.

4°) La Françafrique , ce n’est pas fini !

La France, malgré toutes les déclarations vertueuses sur « la fin de la Françafrique », conduit une fois de plus une opération dans son précarré traditionnel.
Depuis la « décolonisation », c’est la 53ème intervention de l’armée française sur le continent dont on peut apprécier les résultats . Elle peut se déployer tout simplement parce qu’elle dispose de bases militaires dans cinq pays de la région. Nous devons en terminer avec cette fonction de gendarme autoproclamé de l’Afrique. L’intervention militaire et la guerre par procuration renforcent la dépendance des pays africains.
Ce choix permet à la France de maintenir son influence géopolitique dans la région, et de préserver des intérêts privés face aux différents appétits d’autres acteurs économiques internationaux. La crise malienne et cette nouvelle intervention militaire française en Afrique révèlent l’échec de 50 années de "coopération" avec l’Afrique : armées incapables de protéger leurs populations, chefs d’Etat médiateurs de crises, eux-mêmes putschistes, accords de défense et bases militaires qui ont perpétué la domination de la France sur ses anciennes colonies.

Ces événements appellent une fois de plus à une remise en cause de l’ensemble du cadre des relations franco-africaines. La Françafrique ce n’est pas fini. Constituée autour de l’Etat major, des entreprises françaises et de l’Elysée, liées à des dictateurs corrompus et à des réseaux parallèles et maffieux, la Françafrique contribue à piller les ressources naturelles des pays francophones par la corruption, la manipulation et la guerre, en toute impunité. Elle permet à des chefs d’Etat de se maintenir au pouvoir, contre les aspirations des peuples à prendre leur avenir en mains.

5°) Le remède est à terme pire que le mal : les conséquences de l’intervention militaire sont dévastatrices :

Avec un objectif politique aussi flou et malléable que « la lutte contre le terrorisme », une telle guerre peut être sans fin : initialement présentée comme une nécessité défensive, l’opération Serval a déjà basculé dans une phase offensive et est désormais annoncée pour une durée indéterminée.

Le bilan accablant des récents antécédents français en Afrique annonce pourtant l’échec programmé de cette aventure : Les interventions de 2011 en Côte d’Ivoire et en Libye ont en effet débouché sur des situations internes explosives, aujourd’hui passées sous silence.

Cette fois encore, l’opération militaire risque de laisser place à des comportements de revanche violents contre la population du nord du Mali, notamment des exactions contre les populations arabe et touareg, dont l’armée française pourrait bien se rendre complice au nom de la lutte contre le terrorisme.

Cette logique de guerre risque même de déstabiliser le Sahel tout entier, par la dissémination des groupes armés et la présence de troupes étrangères offrant le prétexte idéal à de nouvelles prises d’otages et à la mobilisation de nouveaux djihadistes, parmi la population locale ou en provenance d’autres régions du monde.

La rhétorique belliciste de la guerre contre le terrorisme, de l’Irak à l’Afghanistan renforce le djihadisme et l’idéologie de la guerre de civilisation, sans rien résoudre sur le terrain. Cette rhétorique est d’autant plus dangereuse qu’elle favorise le renforcement des courants djihadistes notamment en Tunisie et en Libye.

6°) La France doit balayer devant sa porte :

Elle est muette sur le rôle des Etats du Golfe qui soutiennent financièrement les djihadistes qui ont attaqué le Mali. Mais elle parle « affaires » avec le Qatar et coopère militairement avec l’Arabie Saoudite.

La guerre au Mali aggrave une situation catastrophique. Avant même l’intervention militaire française, plus de 150 000 personnes se sont réfugiées dans les pays voisins, plus de 230 000 ont été déplacées à l’intérieur du pays, selon le HCR.

La France, de la colonisation à l’intervention en Libye, a une responsabilité particulière dans la situation actuelle. Elle ne peut s’exonérer de ses responsabilités vis à vis des souffrances du peuple malien. Elle doit appliquer pour les immigrés maliens avec ou sans papiers, un devoir d’hospitalité, qui doit se traduire par :
• un moratoire sur les expulsions de Maliens, en situation administrative irrégulière, vers leur pays d’origine et une régularisation à titre exceptionnel et humanitaire comme cela est prévu dans les textes en raison de l’état de guerre

.
• la suppression de l’exigence de visas pour les Maliens voulant venir en France.

7°) Pour une solution politique basée sur la souveraineté du peuple malien

La reconquête de la souveraineté territoriale du pays doit aller de pair avec la reconquête par le peuple malien de sa souveraineté dans le cadre d’un processus national constituant , sans ingérence des grandes puissances. La France doit respecter la souveraineté des pays du Sahel sur leurs ressources naturelles. Ces derniers mois, la France n’a en rien contribué à l’émergence d’une solution politique discutée par l’ensemble des Maliens et de nature à favoriser un consensus, préalable à une réorganisation rapide des forces de sécurité. Aujourd’hui, la présence de soldats français jusque dans Bamako représente une pression importante sur les autorités maliennes en état de grande faiblesse. Une solution politique passe donc nécessairement par le retrait des troupes françaises. C’est aux Maliens qu’il revient de dessiner l’avenir de leur pays.

Paris, le 10 février 2013

Premiers signataires :

Survie, Sortir du colonialisme, Afaspa, Cedetim, FASTI – fédération des associations de solidarité avec les travailleurs-euse-s immigré-e-s, Fondation Frantz fanon, Front Uni de l’Immigration et des Quartiers Populaires ( FUIQP) NPA, Parti de Gauche (membre du Front de gauche), Gauche Anticapitaliste (membre du Front de gauche), PCOF (membre du Front de Gauche), PCM, Mouvman Antikoloniyalis Réniyoné (M.A.R), Union des Populations du Cameroun (UPC- Section France), SADI (Mali), Attac Gabon.



Notes

[1] Le Monde, le 28 févvrier 2013 à 14h10 : http://www.lemonde.fr/afrique/artic....

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